Théorie de l'attachement

La partie consacrée à la Santé dans sa globalité. Principalement la psychologie, psychologie sociale, la psychiatrie, les troubles de l'humeur, de la personnalité, les handicaps, l'autisme...
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Théorie de l'attachement

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En phase de recherche personnelle pour mieux me débrouiller avec mes émotions, je commence à m'intéresser à la théorie de l'attachement. En parcourant le forum, je l'ai trouvée mentionnée à plusieurs reprises mais pas creusée. Elle concerne le bébé et l'enfant, mais s'applique également à l'adulte dont permet de comprendre le fonctionnement. Cette théorie s'avère parfois utile en thérapie. Je précise que la théorie de l'attachement n'est pas liée à la douance. Mais comme les "doués" se posent beaucoup de questions, ils font partie des personnes qui vont s'interroger sur eux-mêmes et creuser tout seul ou avec de l'aide. Aborder cette théorie peut être utile, en tout cas pour moi elle l'est :)

J'ai découvert l'existence de cette théorie dans le sujet de présentation de Supernova où Traum a apporté des éléments bibliographiques sur la question : viewtopic.php?f=9&t=10732&p=323013&hili ... nt#p323013. Traum a ainsi nommé les travaux d'Antoine Guédeney qui prolongent ceux de John Bowlby, notamment les ouvrages L'attachement : approche théorique et L'attachement : approche clinique, co-écrits avec sa femme Nicole Guédeney.

J'ai trouvé une émission de France Inter sur la théorie de l'attachement. Elle présente les deux ouvrages de Christine Genet et Estelle Wallon : un ouvrage destiné aux professionnels Psychothérapie de l'attachement et un ouvrage de vulgarisation Ça sert à quoi, des parents ?. Elles ont créé une consultation parent-enfant basée sur la théorie de l'attachement. Voici le lien vers l'émission : https://www.franceinter.fr/personnes/ch ... nGoT5pfmIM (le discours est coupé par une intervention sur les océans, mais cela reprend ensuite).

Il y a quelques jours, j'ai trouvé la captation d'une intervention de Nicole Guédeney sur la théorie de l'attachement : https://www.youtube.com/watch?v=8RfVJdY2DFo. Elle est intéressante à écouter.

Je me suis fait un document Word de prises de notes, que j'ai agencées ensuite sous la forme d'un texte rédigé. J'ai un peu complété en piochant sur cette page https://philosciences.com/philosophie-e ... ent-bowlby.
Une petite base pour commencer à creuser cette théorie, avant de recevoir le premier des ouvrages des époux Guédeney, que j'ai commandé aujourd'hui ! Je vous livre donc ce que j'ai ressorti de cette conférence pour engager la discussion avec ceux qui sont intéressés :)


Cette théorie fut élaborée par John Bowlby et Mary Ainsworth entre les années 1960 et 1980. Elle s’appuie sur des principes découverts en éthologie (lois de développement du vivant) et en psychanalyse (l’inconscient) et constitue une révolution scientifique dans le domaine de la psychologie. Le système d’attachement fait partie des systèmes motivationnels que Bowlby a explicités et qui contribuent à la survie de l’espèce. Ces systèmes reposent sur la recherche de réponses à des besoins et ils entrainent chez le bébé, l’enfant et l’adulte des comportements pour répondre à ces besoins. Ces systèmes sont : système exploratoire, système affiliatif, système d'attachement, système peur-angoisse. C’est une théorie basée sur l’observation des comportements : elle permet d’expliquer les chaines de comportements d’un enfant à partir d’un comportement-stimulus de la figure d’attachement. [elle est utilisée en psychologie clinique, c’est-à-dire par un psychologue qui fonde son diagnostic sur l’observation et l’interrogation du patient (>klinikê tekhnê, grec ancien, médecine exercée près du lit du malade)]. En France, cette théorie est très mal connue (la conférence date de 2007) alors qu’elle est en plein développement ailleurs où elle a fait évoluer les pratiques dans la petite enfance, dans la conception de la psychologie adulte, de la psychiatrie adulte. La conférence se limite à la petite enfance (jusqu’à 18 mois).

L’attachement est l’une des dimensions de la relation parent-bébé, parmi d’autres dimensions. [C’est aussi l’une des dimensions de la relation entre deux adultes]. Dans cette théorie, le terme « attachement » ne signifie pas « aimer quelqu’un », mais désigne le lien qui se crée entre le bébé et l’adulte pour répondre au besoin de sécurité du bébé, la recherche de proximité physique ou mentale avec une figure censée lui apporter la sécurité. C’est « un équilibre entre les comportements d’attachement envers les figures parentales et les comportements d’exploration du milieu.» (Bowlby J., Attachement et perte, Paris, PUF, 1978). La forme que prend cet attachement dès le plus jeune âge aura des conséquences tout au long de sa vie.

Le bébé est un être vulnérable, très souvent en situation de danger, de détresse. Il est biologiquement (génétiquement) programmé pour rechercher la proximité d’un ou plusieurs adultes près de lui lorsqu’il est en situation d’alarme. Ce comportement est vrai tout au long de la vie. Cette recherche de proximité en cas de détresse est appelée « lien d’attachement ». Dès qu’il y a une détresse, le besoin de sécurité se déclenche pour apaiser la détresse. Pour obtenir une réponse de sécurité, le système d’alarme du bébé s’active, cela enclenche son mouvement d’attachement, c’est automatique, instinctif. Cette recherche d’attachement s’exprime par un répertoire de comportements (comportements physiques et mentaux comme les pensées) tels que les pleurs, le regard intense, le sourire qui attire. Ces comportements sont destinés à être perçus par la figure d’attachement, ils constituent pour cette dernière des stimuli. A ces stimuli, la figure répond par plusieurs choses. L’une des réponses est le rapprochement physique : la figure arrive près du bébé ou reste près du bébé. Quand l’enfant peut marcher, il va s’approcher de l’adulte pour rétablir lui-même la proximité physique. Ou le bébé s’accroche au cou du parent pour maintenir la proximité. Ou l’enfant va nommer la personne : « papa », « maman » … L’adolescent ou l’adulte va utiliser l’appel téléphonique à l’adulte, ou le simple fait de penser à la figure d’attachement. Cette proximité déclenche un apaisement, un réconfort plus ou moins immédiat selon la gravité de la détresse et le contexte. La réponse peut aussi être l’expression du visage que l’on présente à l’enfant. La théorie de l’attachement est une théorie des besoins émotionnels des bébés. C’est ce qui explique qu’un enfant qui s’est fait très mal va immédiatement faire baisser son niveau de pleurs (même s’ils restent, car il a tout de même mal) quand la figure d’attachement arrive ou quand il sait que la figure d’attachement n’a pas pour habitude de ne pas venir dans de telles situations. Et la manière de l’enfant d’exprimer son besoin varie en fonction des circonstances : s’il est fatigué, cela sera plus intense.

La figure d’attachement peut être un parent, ceux qui élèvent l’enfant durant les 9 premiers mois (le père ne peut pas être une figure d’attachement véritable car notre société ne lui permet pas d’être près de l’enfant suffisamment longtemps). Le bébé hiérarchise ces figures d’attachement. Il y a celle dont il attend le plus la sécurité, qui va lui en donner le plus, c’est celle qui s’est occupé le plus souvent, le plus durablement pendant les premiers mois. Cela ne veut pas dire qu’il l’aime plus. Parmi toutes ses figures d’attachement, quand elles sont présentes, le bébé ira vers la figure d’attachement principale en cas d’alarme, instinctivement sans réfléchir, car il y a danger. Mais le bébé ira vers une figure d’attachement secondaire si la figure principale est absente et que la figure secondaire est là avec une figure étrangère.

La réponse de la figure d’attachement, la protection du bébé, la consolation, le soutien, en fournissant des solutions au problème, en aidant l’enfant ou la personne en situation de fragilité à trouver ses solutions s’appelle le « caregiving ». Le parent peut le faire de façon prévisible et cohérente, de manière adéquate, et s’il s’est trompé (cela arrive dans 50% des cas) il peut corriger (en explicitant face au bébé « ah, je me suis trompée, ce n’était pas ça qu’il fallait faire »), et il peut le faire même sous condition de stress. La sensibilité parentale, c’est la capacité du parent à percevoir et à interpréter les signaux verbaux et non verbaux de l’enfant de manière correcte et à y répondre rapidement et adéquatement. Il s’agit d’abord d’accepter qu’un bébé ait des besoins de sécurité et qu’il les manifeste par un lien d’attachement (tous les parents n’acceptent pas l’idée que leur enfant puisse pleurer ou être triste), c’est accepter d’y répondre. C’est soutenir l’exploration (promouvoir la coopération, aider l’enfant à développer des solutions aux problèmes avec le parent ou sans quand c’est facile, mais pas à la place de l’enfant), c’est l’aider à réguler les émotions, l’aider sans intrusion et respecter son timing. C’est très difficile. C’est un idéal : après une journée de travail avec grève, on n’apporte pas le même caregiving que le week-end !

La perception des signaux. Quand un bébé est heureux, on répond en général avec l’accordage affectif (avoir la même expression du visage réjouie que lui, la même intonation de voix). Quand le bébé pleure, si on répond avec de l’accordage affectif, le sentiment de sécurité ne nait pas chez le bébé. L’accordage affectif fait peur à l’enfant qui n’y voit pas un état secure. L’adulte, de lui-même répond plutôt par le mirroring : son visage exprime la tristesse, l’intonation de la voix est une prosodie de tristesse, mais il a ralenti le rythme, et ça change tout. Le mirroring manifeste la compréhension de l’état de l’enfant, mais avec la maîtrise de l’adulte et c’est rassurant. L’enfant comprend qu’il est possible de contenir ses émotions négatives pour qu’elles ne le désorganisent pas.

La mentalisation. L’adulte réfléchit à ce qui peut se passer dans la tête du bébé : l’espèce humaine ne répond pas au comportement de quelqu’un, mais aux intentions comportement de quelqu’un. Il se demande : qu’est-ce qui fait pleurer mon bébé, qu’est-ce qui fait pleurer un bébé, qu’est-ce qui m’aurait fait pleurer quand j’étais bébé. C’est la mentalisation. Le parent transmet ce processus à l’enfant et entraine chez lui le développement de ses capacités de mentalisation. Quand on répond aux besoins émotionnels du bébé, on l’entraine à réaliser que les émotions sont des signaux de communication, que le comportement correspond à des états mentaux, émotionnels et que nous pouvons les partager. Au-delà d’une certaine intensité, le bébé tout seul ne peut pas réguler ses émotions négatives (tristesse, peur, colère). On le comprend bien : en tant qu’adulte, il est naturellement plus facile d’exprimer/maîtriser une émotion positive qu’une émotion négative. Pour un enfant c’est encore plus dur. Le parent doit expliciter les émotions du bébé, les raisons de ces émotions et les solutions possibles verbalement. C’est le plus difficile mais c’est là que le bébé apprend ce qu’il ressent, apprend les causes de ces ressentis et les solutions possibles. A ce moment-là, l’enfant retrouve le contrôle. Et le parent a le droit de se tromper dans sa réaction, dans ce cas s’il verbalise cette erreur et rectifie les choses, c’est très rassurant pour l’enfant car finalement la réponse est adéquate et humaine. L’enfant expérimente alors une expérience importante : j’ai un impact sur l’autre, l’autre en prend conscience, je vois ce qui marche et ne marche pas et j’adapte. C’est une expérience d’intégration et de souplesse. 60% des bébés ont un lien sécure à 12 mois avec la figure d’attachement principale, qui équilibre attachement et exploration. Si tout continue comme cela, c’est une bonne prédiction pour la suite : capacité d’autonomie, confiance en soi, sentiment de compétence, empathie et compétence sociale.

On dit que les conditions de sécurité sont réunies pour le bébé quand il fait l’expérience répétée de réponses adéquates par les figures d’attachement à ses besoins d’attachement, quand il y a continuité des figures d’attachement (parents présents, pas de mode de garde avec des personnes différentes trop souvent), avec une prévisibilité des réactions des figures d’attachement, une cohérence et une fiabilité des figures d’attachement, des séparations spatiales limitées entre l’enfant et les figures d’attachement en fonction de l’âge de l’enfant. Tout cela est nécessaire pour que l’enfant constitue des figures d’attachement dans lesquelles il ait confiance. Les réponses que le bébé reçoit à ses demandes/besoins constituent progressivement sa future grille de lecture du monde et de ses relations aux autres. Cette grille de lecture consiste en un système de représentations (façon de comprendre les autres et le monde, le sens que l’enfant donne à ce qu’il perçoit des autres et du monde), qui conditionnera ses comportements futurs avec les autres et avec les événements. Ces représentations : progressivement, le bébé construit un modèle des autres et de soi en situation de détresse. Si on lui a répondu à chaque fois qu’il avait besoin d’aide, d’une manière où il se sente compris et stimulé dans l’autonomie, il va développer plusieurs certitudes : la confiance dans l’autre en cas de problème, le sentiment de valeur personnelle au regard de l’autre, même en situation de détresse, le sentiment qu’on a une action sur l’autre. L’attachement sert la protection, la régulation psychophysiologique, facilite le développement des compétences personnelles, le socle de développement de l’intersubjectivité et de la mentalisation (interprétation émotionnelle et cognitive des expériences sociales et non sociales, développement du langage, acquisition du sens de soi et des autres). La sécurité est un tremplin pour affronter les challenges et les crises et la base pour négocier les conflits et les problèmes d’autorité.

Le bébé construit alors le modèle du sécure : « Cela ne va pas. J’ai le droit de ressentir que cela ne va pas, je vaux la peine d’aller mieux, je peux supporter de rechercher pourquoi je souffre, il existe à l’extérieur des personnes qui pourront supporter de me voir allant mal ou vulnérable ou dans le besoin de réconfort ou d’aide, sans indifférence ni rejet ni rétorsion. Ce sera moins difficile si j’ai cette aide pour explorer pourquoi je vais mal et pour trouver des solutions. »

Mu par le principe de survie de l’espèce, tout adulte (figure d’attachement) est censé pouvoir répondre de manière adéquate aux besoins de sécurité du bébé. Mais tous les adultes ne le font pas, car ils ne le peuvent pas. Tous les parents ne peuvent pas percevoir un signal de détresse, ne peuvent pas répondre au signal de détresse. Tous les parents ne parviennent pas à contenir et à partager (transmettre à mon enfant que je sens ce qu’il ressent, mais que je n’en suis pas submergé, que je peux continuer de penser à ce qui va aider mon enfant). C’est toute la complexité de la transmission transgénérationnelle de l’attachement. Pour répondre, s’il y a plein de stress contextuel, que le parent a des problèmes par ailleurs, que beaucoup de personnes autour demandent de l’attachement à une seule personne, que le parent voit son système d’attachement activé (quand il y a des fantômes ou des revenants), il se peut que le caregiving du parent ne puisse pas être opérationnel. Des éléments autres que génétiques viennent perturber, entraver le déroulement instinctif de la réponse. Et il ne s’agit pas d’une mauvaise volonté de l’adulte. En thérapie, il faut travailler sur cet élément qui entrave. Cet élément qui entrave l’adulte est le résultat d’un processus d’adaptation de l’adulte à son environnement immédiat ou passé : en fonction de choses dont il n’a souvent pas conscience, il fait un choix pour répondre au bébé du mieux qu’il peut dans les circonstances du moment. Il est donc inutile de culpabiliser le parent. On peut aimer son enfant et ne pas savoir répondre à ses besoins d’attachement. Un exemple : une femme est venue voir la conférencière et lui dit qu’elle frappe son enfant avec un chausson. Le geste est déplacé, fort. Mais elle explique qu’elle-même était frappée dans son enfance par un ceinturon et que cela faisait très mal : elle a choisi le chausson parce que c’est plus doux. Cela en dit long sur le chemin qu’elle a parcouru, même s’il en reste à parcourir. De la même manière, la conférencière parle de l’écart, dans notre société actuelle, entre le fait que l’on théorise beaucoup sur l’enfance, mais qu’institutionnellement on répond très mal aux besoins des bébés : on ne donne pas une continuité relationnelle suffisante qui respecte les besoins et rythmes des bébés (on soutient peu les jeunes parents, notamment concernant le congé après l’accouchement).

Donc l’environnement ne répond parfois pas de manière adéquate à l’expression des besoins d’attachement de l’enfant. On évoquera ici les situations et états non pathologiques. L’enfant est protégé, la réponse de la figure d’attachement ne suscite pas de peur, mais elle ne répond pas aux besoins de l’attachement. L’enfant est obligé de s’adapter (ce n’est pas pathologique, c’est de l’adaptation, c’est problématique si c’est constant et que cela altère la construction de l’enfant) : quand l’attachement se déclenche, il ne peut pas l’éteindre seul, et sans la réponse adéquate l’enfant développe des stratégies adaptatives. Deux stratégies : l’enfant prend sur lui pour répondre à ses propres besoins, l’enfant peut maximiser les chances que l’environnement réponde en s’exprimant très fort. A partir de là, deux modèles de fonctionnement peuvent se construire chez l’enfant :
- La stratégie évitante. Pour avoir la proximité (réponse de sécurité qu’il recherche), l’enfant décide de ne plus exprimer les émotions négatives (qui ne réussissent pas à faire venir la figure d’attachement ou qui ne provoquent pas de réponse adéquate) et de n’exprimer que des émotions positives (qui réussissent à faire venir la figure d’attachement ou déclenche une réponse rassurante). Le risque est que l’enfant n’apprenne pas à percevoir en lui ce qui est négatif, car ce qui négatif est nié. La réaction de l’adulte a mis l’enfant dans une telle situation qu’il n’a comme stratégie possible que de dire « ça n’existe pas ». Le problème, c’est que le corps diffère du mental : le mental refuse de percevoir le négatif, mais le corps manifeste des indices de stress parfois élevés. L’enfant manifeste de l’autonomie, mais ce n’est pas bon pour la lecture des émotions intimes. Le modèle de l’évitant : « Je ne ressens jamais de tristesse, je cherche à me débrouiller par moi-même car je ne peux pas compter sur l’autre, je porte mon attention sur tout ce qui m’éloigne de la perception de ma détresse, je ne demande jamais rien, je ne compte que sur moi-même ».
- La stratégie de la résistance/ambivalence : l’environnement répond aux besoins d’attachement, mais de façon imprévisible. Les parents ne sont pas toujours disponibles. Le bébé met donc la sirène d’alarme en hauteur : il maximise les signaux pour obtenir l’attention de la figure d’attachement. De plus, comme il garde rancune des moments où le parent n’a pas répondu, il y a de la colère dans sa demande. Et c’est une explosion d’émotion de toute part car le parent ne parvient pas à éteindre l’alarme amplifiée. Cette insécurité de l’attachement limite les potentialités de développement optimal, sans être un trouble. Le modèle résistant/ambivalent : « Je ne sais jamais si je peux compter sur les autres : ils sont tellement imprévisibles et décevants, je me sens tellement dans le besoin des autres et tellement en colère contre eux, de ce qu’ils m’infligent comme déception, je me concentre seulement sur la manière dont je peux attirer leur attention mais je n’ai plus de disponibilité pour explorer et je sais que je ne peux rien faire par moi-même ».

Le système de l’attachement est lié au système d’exploration : le bébé a besoin d’aide (attachement) quand les choses ne vont pas bien, mais quand tout va bien il a envie d’explorer le monde. La curiosité aide l’enfant à comprendre son environnement, et c’est un des systèmes motivationnels capital pour sa survie car ça développe son sentiment de compétence. Ce système se développe à partir de 6-9 mois. Quand le bébé découvre la marche, il s’oriente vers l’exploration du monde, il contrôle la proximité avec la figure d’attachement (il peut être parfois collant !). Mais en même temps, ce bébé qui explore se place en situation de danger. Il y a tension entre exploration et attachement : l’attachement va l’aider régulièrement à le rassurer et à aller plus loin dans l’exploration. Le bébé est un explorateur intrépide, mais prudent. Au-delà d’une certaine distance, il revient parce qu’il est trop loin de sa figure d’attachement. Entre 9 et 12 mois, le bébé constitue le phénomène de « base de sécurité » avec chacune de ses figures d’attachement (espace de sécurité à partir duquel il part explorer le monde) : il se maintient à proximité d’elle pour avoir confort et soutien, tout en s’éloignant de plus en plus. L’attachement n’interfère pas avec l’exploration, il la stimule. La confiance dans la disponibilité de la figure d’attachement est un tremplin pour affronter des challenges, c’est le développement d’une vraie autonomie. La vraie autonomie, c’est savoir ce qu’on peut faire tout seul et c’est savoir quand on a besoin d’aide.

La forme que prend l’attachement est juste un facteur de risque parmi d’autres facteurs de risque accroit la possible naissance d’une psychopathologie. Dans un trouble du comportement, tous les facteurs qui jouent sont : attachement insécure, adversité dans la famille, attitude parentale éducative inefficace ou inadéquate, caractéristiques tempéramentales atypiques chez l’enfant. La relation au caregiver impacte probablement le développement du cerveau, elle sert à l’autorégulation du stress notamment, et donc du comportement. Mais tous les enfants qui ont un lien insécure ne développent pas des troubles du comportement.
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PataboulPascalita

Invité

Re: Théorie de l'attachement

Message par Invité »

Naviguant sur le forum hier soir, je me suis intéressée à la notion de faux-self. J'ai bien compris qu'il fallait distinguer le faux-self normal et le faux-self anormal. Cette notion est liée à la théorie de l'attachement, mais peut-être qu'elle n'est pas née avec cette théorie (je ne suis pas suffisamment experte pour le dire). Elle n'est pas une spécificité propre à la douance non plus (si j'ai bien compris, si vous me dites que je me trompe, je corrigerai ce poste). Par contre, il semble que de nombreux "doués" questionnent cette notion.

J'avais déjà rencontré ce terme, il me fait toucher du doigt quelque chose, mais pour savoir quoi exactement je me suis mise en quête.

Un sujet du forum porte particulièrement sur cette notion : viewtopic.php?f=53&t=1030&hilit=faux+self. On y fait d'ailleurs un lien avec la théorie de l'attachement dans un poste de Grabote qui propose un résumé de l'interview de Marie Anna Morand "Des clés pour sortir du faux-self quand on est surdoué" dans le cadre du congrès virtuel de la douance 2018 : viewtopic.php?p=280278#p280278. Un autre poste aborde le lien entre théorie de l'attachement et faux-self anormal, toujours de Grabote, sur le premier congrès de la douance où a eu lieu une conférence de Y.Wiart sur la théorie de l'attachement et le faux-self : viewtopic.php?p=279284#p279284. Grabote renvoie vers un compte-rendu de cette conférence (http://adulte-surdoue.fr/viewtopic.php? ... ttachement) mais je n'y ai pas accès, je ne peux pas le lire. Enfin, Livingston rapporte le contenu du congrès virtuel de 2016, avec notamment une intervention de Yvane WIART (peut-être celle dont parle Grabote) sur John Bowbly et la théorie de l'attachement, dans laquelle elle mentionnait Winnicott pour la notion de faux-self : viewtopic.php?p=232282#p232282. Donald Woods Winnicott est l'un des penseurs de la théorie de l'attachement. Enfin, j'ai découvert le poste de Tournelune qui rapporte un extrait de Wikipédia pour expliquer la différence entre faux-self normal et faux-self anormal (viewtopic.php?p=22295#p22295) :

"D.W. Winnicott distingue cinq degrés d'organisation du faux self :
À l'extrême, c'est le faux self que l'on prend pour la personne, le vrai self inapparent restant dissimulé. Cependant, il manque au faux self « ...quelque chose d'essentiel. » (Ibid., p. 121.). Socialement la personne est ressentie comme fausse.
Le faux self protège le vrai self qui reste virtuel. C'est « ...l'exemple le plus clair d'une maladie clinique organisée dans un but positif : la préservation de l'individu en dépit des conditions anormales de l'environnement. » (Ibid.).
Plus proche de la santé, le faux self prend en charge la recherche des conditions qui permettront au vrai self de « recouvrer son bien » (Ibid.). Son bien: c.à.d. son identité propre.
Encore plus proche de la santé, le faux self « ...s'établit sur la base d'identifications... »(Ibid.).
Chez une personne en bonne santé, le faux self est constitué de ce qui organise « ...une attitude sociale polie, de bonnes manières et une certaine réserve. » (Ibid.). C'est cette politesse qui permet la vie en Société."

Ces éléments sur le forum me permettent de comprendre que la théorie de l'attachement utilise la notion de faux-self, mais pas de comprendre la place de cette notion dans la théorie de l'attachement.

Je suis donc allée fureter sur le web du côté de Winnicott et ai trouvé cet article d’Isabelle Levert : http://www.la-psychologie.com/relation_ ... risson.htm. Il explique la théorie de l'attachement selon Winnicott et on y découvre de quelle façon le faux-self devient anormal. Évidemment, cet article est un résumé, c'est très condensé, donc partiel. De plus, je ne suis pas certaine que l'origine de la forme anormale du faux-self puisse être uniquement imputée aux causes évoquées dans l'article d'Isabelle Levert. Mais disons que c'est un début de recherche pour moi. Je me suis fait une petite fiche sur cet article, je vous la livre.


Donald Woods Winnicott était pédiatre avant de devenir psychanalyste. Il a réfléchi aux processus de maturation de l'enfant et le rôle essentiel qu’y joue la relation parent-enfant. Voici quelques uns de ses concepts majeurs. [j’ai remplacé « mère » par « parent », c'est mon côté égalitariste]

Tout être humain a, inscrit en lui, un déroulement naturel de maturation, qui se construit selon des processus innés. Dans la petite enfance, la relation avec le parent permet ou non le libre déroulement de ces processus de maturation, qui permettent la structuration du moi, le développement affectif, la constitution du self.
Au tout début, le nouveau-né est dans une situation de dépendance absolue vis-à-vis de l'entourage. Le parent y répond par la préoccupation maternelle primaire, c'est-à-dire une capacité à s'identifier à l'enfant pour le comprendre. Au cours de cette période, il est littéralement en résonance avec les besoins du bébé. Il éprouve une irrépressible nécessité de les satisfaire. La détresse de son enfant lui est intolérable. Le nourrisson et son parent forment une dyade. [forte proximité, sinon fusion]

Winnicott identifie trois fonctions maternelles [parentales], indispensables pour le développement harmonieux de l'enfant :
- l'object-presenting (la présentation de l'objet) : le parent, en étant là, présent au bon moment, permet à l'enfant de lui attribuer une existence réelle mais aussi d'éprouver l'illusion qu'il crée l'objet. Il fait l'expérience de l'omnipotence, autrement dit de la toute-puissance.
- le holding (le fait de tenir, de contenir, de façon figurée) : le parent qui soutient l'enfant par ses soins, sa protection, ses bercements, etc. a un rôle de pare-excitation, c'est-à-dire qu'elle lui permet de tempérer des excitations dont l'intensité trop importante dépasserait ses capacités d'y faire face. Cette fonction est fondamentale dans l'intégration du moi qui trouve ainsi, couplée avec le développement sensori-moteur, des repères simples et stables, qui apprend à reconnaître ce que l'enfant ressent (la faim, le froid, l'inconfort de la couche mouillée, etc.). De l'intégration du moi dérive le sentiment du "je suis".
- le handling (la manipulation physique du bébé) : les soins prodigués à l'enfant participent à ce qu'il puisse se constituer une intériorité et des limites corporelles. Par exemple, le contact de l'eau chaude sur sa peau au cours du bain lui permet de sentir la surface de son corps, l'habillage l'aide à se figurer comme ayant un tronc, deux bras, deux jambes, etc. Cette fonction intervient dans la personnalisation.
= Grâce au holding et au handling, la psyché s'installe dans le soma, l'enfant acquiert le sentiment d'habiter son corps.

Petit à petit, la dépendance devient moins radicale. Le parent « suffisamment bon » (expression de Winnicot, la formulation me hérisse un peu, mais c'est la sienne donc il faut bien la donner) est celui qui est capable de suivre les possibilités de son enfant à faire face à la frustration, d’être ni trop longtemps absent, ni trop possessif ou envahissant. Le passage d'une adaptation parfaite aux besoins de l'enfant à une moindre adaptation s'effectue progressivement ce qui permet au nourrisson de quitter l'état de fusion sans passer par des angoisses insupportables dues à la perte brutale du holding et du handling mais également d'associer ses sentiments de colère à l'absence de la mère et de maintenir en lui une représentation de celle-ci.

Le parent insuffisamment bon peut l'être de diverses manières. Par exemple, une empathie excessive et prolongée au-delà du nécessaire empêche l'enfant de se différencier de son parent, de ressentir le manque et par là invalide l'émergence du désir. Ensuite, la substitution des besoins du parent à ceux de l'enfant peut le contraindre à s'y soumettre, l'interprétation des besoins de l'enfant en fonction des siens peut le forcer à développer un faux-self ou à devenir le psychiatre de son parent (Frenczi). Ce cas se rencontre notamment quand la dépression du parent prend trop de place et qu'il n'est plus réceptif aux besoins de son enfant, trop happée par sa propre souffrance. Répondre régulièrement aux besoins de l'enfant de façon chaotique, désordonnée ou imprévisible est vécue comme une ingérence ou une négligence mais confère également à la construction du monde de l'enfant un caractère morcelé. Ces trois exemples ne sont malheureusement pas exhaustifs. Tous constituent des carences graves qui entraînent un blocage ou une distorsion du développement des fonctions du moi (instance régulatrice médiane au sein de la personnalité, selon Freud). Les conséquences les moins néfastes seront des symptômes névrotiques : obsessions, phobies, troubles psychosomatiques, .... avec pour défense principale le refoulement. Les répercussions les plus désastreuses seront du côté psychotique, tel qu'une organisation schizoïde de la personnalité (manque d'intérêt pour les relations sociales), où la recherche de l'isolement est constituée en guise de défense contre l'effondrement, crainte née à la suite des angoisses indicibles d'annihilation, de morcellement, de ne pas cesser de tomber, de ne pas ressentir son corps, etc. ou tel que la formation d'un faux-self, c’est-à-dire d'une personnalité de surface qui confère au sujet un sentiment d'irréalité, un caractère caméléon, hyper adaptable, sans consistance véritable.

Le concept de self (Hartmann, 1950) désigne la représentation de la personne entière incluant le corps et l'organisation mentale. Du self découle le sentiment d'une existence individuelle autonome, la perception que les exigences pulsionnelles proviennent de soi et non pas de l'environnement, la différenciation moi/non-moi. Winnicott distingue le vrai self du faux-self, tous les deux présents chez tout être humain mais dans des proportions variées. Le premier comprend ce qui provient seulement du moi. Une figuration est donnée par les gestes spontanés. Il correspond à la partie de la personne qui se construit à partir de ses tendances innées. Il s'édifie dans les relations avec les objets subjectifs (mère, sein,...) par la communication silencieuse (être seul en présence de) et la continuité d'être quand le parent transmet à son enfant sa fiabilité. Le second, le faux-self est celui que l'éducation oblige à acquérir pour entretenir des relations civilisées - "Si tu es comme ci, tu seras un gentil garçon"... - ou qui se met en place face à des carences de l'objet parental auxquelles le nourrisson est forcé de se soumettre sous peine de le détériorer plus encore. Winnicott a mis en évidence que les défaillances de l'environnement provoquent un clivage (une coupure, une scission) entre le vrai self, qui reste caché, à l'abri et qui ne s'exprime plus, et le faux-self, apparent, qui prend de plus en plus le dessus jusqu'à se confondre avec le sujet. Le travail en psychothérapie aura pour objectif de remettre en route les processus de maturation.

La dépendance relative correspond à l'adaptation de l'enfant à la défaillance progressive du parent. L'enfant devient capable de se représenter son parent comme extérieur à lui et de garder son souvenir vivant en lui le laps de temps de son absence. Toutefois, cette réalité extérieure n'est pas encore unifiée. Il y a le parent qui apporte l'affection et le parent qui le frustre, contre lequel il est parfois en colère. Ce n'est que petit à petit qu'il intègre que ces deux aspects du parent appartiennent à la même personne. Cette compréhension est alors assortie d'angoisse parce qu'il craint que son agressivité n’ait détruit son parent et ensuite, d'un désir de réparation pour peu que le parent n'ait pas cédé à son caprice. Que le parent soit fiable est d'une grande importance. En effet, la répétition d'expériences apaisantes (après la crise, l'enfant retrouve son parent) amène l'enfant à la certitude qu'il ne perd pas son parent, que le lien est indestructible et à l'intérioriser (les bons objets internes dont parle la psychanalyse).
L'objet transitionnel, communément dénommé "doudou", représente à la fois un substitut du sein maternel tout en n'étant pas le sein - paradoxe qu'il ne faut pas chercher à résoudre, nous dit Winnicott. Son pouvoir "magique" procède de l'illusion de l'absence de conflit intérieur, de l'investissement particulier que l'enfant y met. Ce symbolisme trouvé-créé par l'enfant lui permet d'opérer la transition entre l'illusion primaire de ne former qu'un avec son parent (le principe de plaisir) et la perception objective qu'ils sont deux êtres distincts (le principe de réalité). Il participe donc à la désillusion progressive et à la constitution de l'autonomie. Il est une aide dans le processus d'individuation/séparation. L'enfant y recourt principalement en l'absence du parent pour se sécuriser. L'objet transitionnel est la première possession de l'enfant. L'existence de cet objet signe l'entrée et l'accès à l'aire transitionnelle qui est une aire située entre le subjectif et l'objectif, une aire d'illusion, un espace potentiel où l'enfant développe sa capacité de créer, d'imaginer, d'inventer, de concevoir un objet et d'instituer avec lui une relation. Le jeu est un phénomène transitionnel (cf. l'article "L'amour dans la parentalité").

L'article donne notamment une bibliographie dont j'ai ressorti ces deux ouvrages qui me semblent les plus liés à la notion de faux-self que les autres :
WINNICOTT, D.-W., (1965), Processus de maturation chez l’enfant. Paris, Payot, 1989.
WINNICOTT, D.-W., (1971), Jeu et réalité. Mayenne, Gallimard, 1999.
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Re: Théorie de l'attachement

Message par O'Rêve »

Pour compléter, quelques liens relatifs à la biologie-neurobiologie de l'attachement :

https://lesprosdelapetiteenfance.fr/vie ... e-tous-les
https://www.societe-neuroendocrinologie ... ent-social
https://www.cairn.info/revue-cahiers-cr ... age-83.htm
https://chmpsy.com/2019/05/02/la-neurob ... nt-humain/
https://www.gynger.fr/autisme-dyspraxie ... osciences/
https://www.franceculture.fr/emissions/ ... ines-revue

Je rajoute aussi cette définition de l'attachement : L’attachement, c’est la description de l’ensemble des comportements qui ont pour objet la recherche et le maintien de la proximité avec une personne signifiante. (Au cours de l'enfance, cette stratégie relationnelle aurait pour effet de sécuriser et dynamiser un petit). (Il me semble qu'elle provient de Boris Cyrulnik. Biologie de l’attachement-Sciences Psy n°2)

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Re: Théorie de l'attachement

Message par Invité »

C'est super, merci pour ces liens !

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Re: Théorie de l'attachement

Message par TourneLune »

A savoir que Boris Cyrulnik est plutôt mal considéré par la clique Franck Ramus et Nicolas Gauvrit....

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Re: Théorie de l'attachement

Message par Invité »

Est-ce que tu sais ce qui les oppose ? Sur quels aspects (méthodo, de fond ...) ? Cela me permettra de lire l'entretien avec Boris Cyrulnik avec du recul ...

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Re: Théorie de l'attachement

Message par TourneLune »

Alors j'avais vu ça sur sa page facebook au cours d'échanges divers, je ne trouve pas de source explicite. Grosso modo, ils avaient l'air de dire que c'était de la soupe et du blabla à visée médiatique. Mais y a bcp de choses qu'ils n'aiment pas :lol:

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Re: Théorie de l'attachement

Message par Invité »

Ok, bon ... Je ne connais ni les uns ni les autres, alors difficile de savoir si l'entretien sera de la soupe ou simplement de la vulgarisation. Mais merci en tout cas, je vais du coup aller fureter un peu pour en apprendre un peu sur ce Boris Cyrulnik et son positionnement parmi les psy. Je connaissais son nom, mais pas du tout de quoi il parle.

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Re: Théorie de l'attachement

Message par TourneLune »

Beaucoup d'autres personnes considèrent que ce qu'il dit est intéressant.

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Traum
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Re: Théorie de l'attachement

Message par Traum »

Pour faire court sur Boris Cyrulnik, figure très médiatique, assez clivante aussi : il est essentiellement connu pour ses travaux sur la résilience. Parmi ses ouvrages, on compte : Les vilains petits canards, Les nourritures affectives, Un merveilleux malheur. Il est renommé pour être le « pape de la résilience », sauf que la notion de résilience n'a pas attendu B. Cyrulnik pour exister.
Odile Fillod avait écrit un billet fortement critique au sujet des travaux et compétences de Boris Cyrulnik : « Cyrulnik : stop ou encore ? », avec une première partie et une deuxième partie.
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Re: Théorie de l'attachement

Message par O'Rêve »

Merci [mention]Traum[/mention] ! Ces billets sont très intéressants. Ils nous permettent de relativiser et de questionner les personnalités et leurs propos surmédiatisés et apportent de la mesure à ce qu'on pourrait croire un peu trop rapidement comme acquis/reconnu/vérité.

Invité

Re: Théorie de l'attachement

Message par Invité »

Excellents articles, merci [mention]Traum[/mention].

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Re: Théorie de l'attachement

Message par Invité »

Merci [mention]Traum[/mention] , je vais lire ça avant de me lancer dans les articles proposés par [mention]O'Rêve[/mention] :)
[mention]O'Rêve[/mention]

Ça y est, j'ai pu prendre un peu de temps pour parcourir les liens que tu as mis. Je me suis rendue compte qu'ils traitent tous du lien entre la biologie et l'attachement entre humains, au sens de "affection, de sentiment, de relation affective".

Or la théorie de l'attachement traite plutôt de l'attachement au sens de "lien de l'enfant vers le parent qui permet lui apporter une sécurisation émotionnelle sans forcément recherche d'affection". Donc, ce n'est pas la même chose. Dans la théorie de l'attachement, on ne parle pas de lien physique ou affectif, mais de régulation des émotions.

yokainoshima
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Re: Théorie de l'attachement

Message par yokainoshima »

Pour apporter de quoi mouliner, enceinte j'avais lu un livre super, écrit par un neurologue américain je crois, sur la maturation cérébrale. Je suis malheureusement incapable de me rappeler du titre ou de l'auteur. C'est très instructif d'imprimer ce que peux ou ne peux pas faire un cerveau d'enfant. De comprendre aussi l'impact des cris par exemple sur le niveau de stress d'un enfant.

Ce que ça m'a apportée, comme maman, c'est d'essayer de regarder mon enfant différemment, surtout quand je suis fatiguée ou que mes propres émotions m'emportent. Et je m'appuie sur ce que j'en ai retenu pour m'adresser à mon fils, quand je sens qu'il est empêtré dans ses émotions ou que je l'ai été et que j'ai mal géré une situation. Ca m'aide aussi à reprendre ou conserver ma place de maman devant un petit bonhomme qui peut avoir un discours d'une maturité incroyable, me rappeler que malgré ça, il reste un être en pleine maturation et incapable de gérer comme un adulte.

Cette notion de théorie de l'attachement, je l'avais effleurée, mais elle m'avait flippée: elle met une sacrée pression sur le parent. En s'observant, on voit aussi nos travers, mà où l'on glisse facilement, ce que notre propre éducation fait ressortir en hypervigilance.

Je suis retournée m'y plonger depuis ma séparation, la reconstruction de notre "unité familiale".

C'est marrant, parce qu'instinctivement, mon fils et moi avons mis en place des petits rituels de "connexion". L'un d'eux perdure depuis sa naissance, partie d'une situation de déconnade pure, il nous lie et nous est vraiment unique.

Je suis peut être hors sujet, mais je fais aussi le lien avec la mise en place de formes de communication non verbales. Pareil, avec ptit yoka, nos 2 hypersensibilités s'égosillent parfois en même temps. Alors on essaie de mettre en place une autre façon de s'atteindre l'un l'autre, pour maintenir le lien quand il est en train de devenir compliqué.

J'ai du mal à comprendre la distinction [mention]Papyrus[/mention] entre la régulation des émotions et le lien physique. Pour moi l'un et l'autre sont imbriqués. Le lien physique me permet de réguler des émotions, notamment quand les émotions ne sont plus verbalisables, le physique prend le relai parfois. Ou en tout cas, j'essaie de développer ça avec mon fils, justement pour maintenir le lien, toujours, même dans ses tempêtes ou les miennes.

Invité

Re: Théorie de l'attachement

Message par Invité »

[mention]yokainoshima[/mention] En fait, ce n'est pas moi qui fait cette distinction, mais Nicole Guédeney.

La proximité, le contact physique et l'attachement affectif ont un rôle dans la régulation des hormones liées aux émotions, mais ce n'est pas suffisant pour apprendre à l'enfant à auto-réguler ses émotions. Pour apporter l'apaisement hormonal nécessaire en situation d'insécurité émotionnelle, le contact physique est nécessaire, mais il régule sur l'instant, il n'amène pas à décrypter la situation pour que l'enfant sache que dans une prochaine situation similaire il pourra s'auto-réguler, même sans contact physique.

Pour t'expliquer la distinction entre attachement-affection (dans lequel on met aussi plus largement toute interaction humaine, tout lien social) et attachement-sécurisation émotionnelle, je vais m'appuyer sur un passage de la conférence. Les deux types d'attachements se juxtaposent, se confondent parfois, mais pas forcément. D'abord, dans le cadre de la théorie de l'attachement, l'attachement-sécurisation n'est qu'une partie de l'attachement-affection que l'enfant porte à son parent. Ensuite, il peut trouver dans un adulte une forme de figure d'attachement-sécurisation, même si elle ne fait pas partie de la famille, même s'il a une affection limitée avec cette personne. C'est la même chose adulte : quand on a un gros souci, on se tourne soit vers une figure d'attachement-sécurisation, soit vers une figure d'attachement-affection, soit vers une figure qui rassemble les deux formes d'attachement. Par exemple, on appelle au téléphone une tante qu'on ne voit que très peu, mais que l'on sait capable de nous aider à faire le tri, mais on n'appellera qu'en second notre père qui ne sera pas capable de nous aider à faire le tri.
Un parent peut être débordant d'amour pour son enfant, mais ne pas savoir comment être une figure d'attachement-sécurisation pour lui. C'est-à-dire que même s'il essaie, et même s'il le prend dans ses bras, il n'arrivera pas à l'aider à réguler son sentiment d'insécurité émotionnelle.

C'est peut-être difficile à comprendre quand on n'a pas vécu cette différenciation. Pour moi, ça me parle car je la vis : l'un de mes parents, qui pourtant m'aime beaucoup et que j'aime beaucoup, ne parvient jamais à m'aider à gérer mes émotions les plus profondes. Et je me rends compte que c'est comme ça depuis longtemps, ce dont je n'avais pas conscience. Cette personne va même faire l'inverse de la sécurisation, elle attise la mauvaise gestion de mes émotions en m'envoyant malgré elle des messages contradictoires. Ce n'est pas intentionnel de sa part, c'est juste qu'elle ne sait pas comment faire. Elle en arrive même à nier ce que je ressens, à nier mes interrogations, parce qu'elle ne peut pas m'apporter son aide.
Je ne sais pas si j'ai été plus claire pour toi ?

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Re: Théorie de l'attachement

Message par O'Rêve »

J’ai repensé dernièrement à Hubert Montagner qui a proposé de distinguer cinq compétences socles (l’attention visuelle soutenue, l’élan à l’interaction, les comportements affiliatifs, l’imitation, et l’organisation structurée et ciblée du geste) qui , selon lui, permettent de prendre en compte de façon combinée le développement individuel, les processus d’attachement et les régulations comportementales, dès la naissance et tout au long de la petite enfance.
Il détaille ces aspects dans ce document

http://probo.free.fr/textes_amis/attach ... tagner.pdf
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Re: Théorie de l'attachement

Message par Invité »

[mention]O'Rêve[/mention] Je vais regarder ça, c'est intéressant de prendre connaissance d'une théorie liée à la théorie de l'attachement mais qui s'en détache sur certains aspects.
J'ai reçu le tome 1 du livre des époux Guédeney : je vais ficher quelques chapitres et j'espère les mettre dans ce fil ...

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Re: Théorie de l'attachement

Message par caquette »

Bonjour à tous,
Pour ceux qui veulent approfondir sur le faux-self, il y a "Penser la crise, l'émergence du soi" de Danièle Zucker, ouvrage assez difficile à lire, plutôt destiné aux praticiens mais que je suis en train de lire, et qui apporte des pistes de réflexion intéressantes sur le faux-self.
Je trouve toutefois que les mères s'en prennent plein la figure, des mères qui parfois aiment leurs enfants mais "mal" en quelque sorte...
"C'est l'incertitude qui nous charme. Tout devient merveilleux dans la brume"O. Wilde

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Re: Théorie de l'attachement

Message par Invité »

Merci [mention]caquette[/mention] !
Je crois que c'est un biais qui arrive, avec la théorie de l'attachement, de porter l'attention sur les mères alors que la théorie concerne tout adulte qui a en charge des enfants. Un autre biais que vous soulignez est la culpabilisation de ces personnes : il ne faut pas oublier que le comportement d'une personne s'inscrit dans une chaine générationnelle, sociétale et personnelle. Prendre sa part de responsabilité en ce qui concerne son propre comportement est une chose (notamment la responsabilité d'être conscient de son comportement et la volonté de l'améliorer), mais culpabiliser en est une autre. Je préfère la première, plus constructive.

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