Haut potentiel et négativité

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carine
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Re: Haut potentiel et négativité

Message par carine »

Bonjour,


Je vais poster ici bien que ce ne soit pas exactement en accord avec le sujet mais en partie qd même...
Je n'ai pas trouvé d'autres sujets sur le thème qui m'intéresse et je n'ai pas osé en créer un et le titre colle.


Bref, je m'explique :

J'ai un ami qui est HP et qui est toujours pessimiste, toujours déprimé... Ce qui me ronge c'est qu'il ne cherche pas à sortir de cet état, comme si c'était une fatalité. Ou me répond qu'il n'a pas envie de creuser dans son passé.

1. Par rapport à mes lectures sur le sujet, j'ai gardé en mémoire que les HP cherchent toujours à aider l'autre (cf. Gde empathie), mais ne cherche-t-il pas forcément à s'aider?
2. il se pense HP (n'a pas fait le test) mais refuse de consulter un psy spécialisé n'en voyant pas l'utilité.

Pour ma part, le questionnement sur le fait d'être HP m'a apporté beaucoup de réponses alors je ne comprends pas pourquoi il ne creuse pas plus de ce côté (il a juste lu TIPEH et des articles sur internet).

Pour résumé, mes interrogations sont :
- Est-ce que vous-même ou des personnes de votre entourage se laissent dans l'état de déprime? Si oui, avez-vous une explication, un raisonnement à m'apporter qui puisse m'aider à comprendre? (Etant très empathique, ça m'énerve de ne pouvoir apporter mon aide et de voir l'autre ne pas comprendre ma démarche....)

- Avez-vous cherché à consulter pour vous faire aider ou préférez-vous faire par vous-même même si proches vous sentent dans une impasse?

Je ne sais pas si je suis très claire....

Merci
Bonne journée :ensoleillé:

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W4x
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Re: Haut potentiel et négativité

Message par W4x »

Il me semble qu'une bonne partie de la réponse se trouve déjà dans ton message... ;) Je m'explique : si ton ami ne va pas bien et ne semble pas plus intéressé que ça par la douance, ce n'est peut-être pas le bon angle d'approche. Par ailleurs tu dis qu'il est HP mais rien n'est moins sûr, en tous cas ce n'est pas en premier lieu sur sa propension au pessimisme que je me baserais pour dire qu'il l'est peut-être.
S'il a un mal-être existentiel et qu'il ne veut pas "creuser" dans son passé, c'est qu'il doit avoir ses raisons. Tu peux l'aider s'il le souhaite à comprendre pourquoi il ne veut pas, mais de prime abord le lien avec la douance me semble dispensable.

La dépression (qui est une affection plus grave que la déprime), peut amener les gens à se replier totalement sur soi, au point d'avoir besoin d'une aide extérieure, d'un facteur déclencheur pour entamer des démarches et s'en sortir. Vu de l'extérieur ça peut sembler incompréhensible mais en dépression on n'a envie de rien, certains ressentis sont complètement inhibés au point de se laisser enfermer complètement dans cet état.
Mais ce n'est pas automatique, cela dépend des forces de caractère, si la personne est familière ou non avec de genre d'épisodes etc. Dans tous les cas la bienveillance d'un ou plusieurs proches n'est jamais inutile.
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Za
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Re: Haut potentiel et négativité

Message par Za »

+1... SI les gens déprimés "se laissent" dans l'état de déprime, c'est tout bonnement parce qu'ils y sont... la dépression ôte justement les capacités d'en sortir. Sinon ce serait facile :(
J'ai vécu ça plusieurs fois avec des proches, et malheureusement c'est seulement quand ils vont mieux qu'ils retrouvent la force de sortir du trou. Donc c'est là qu'ils ont besoin de l'appui des autres, pas pour leur dire "si tu faisais ci ou ça" ou leur chercher des solutions (ce qui peut même les enfoncer encore plus parfois), mais juste pour être là et les soutenir. Affronter, un petit peu, leur tempête avec eux.

Pour moi aussi, c'est parfois très dur à accepter, j'ai l'impression de "ne rien faire" alors que je suis de nature à toujours réagir, chercher des solutions... Mais voilà, parfois il faut juste recevoir et écouter, prendre soin, être bienveillant, pour que la personne puisse enfin trouver des débuts de solutions elle-même. Je me le répète tout le temps pour éviter cette erreur (qui m'est trop habituelle) : tes solutions ne sont pas celles des autres...
Hors-sujet
Au fait, l'empathie n'entraîne pas forcément le désir d'aider les autres (les psychopathes sont empathiques), mais c'est un autre sujet.
J'ai mis mon képi dans la cage
et je suis sorti avec l'oiseau sur la tête...
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carine
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Re: Haut potentiel et négativité

Message par carine »

Merci à vous 2 pour la réponse!

Qqs précisions : je ne me basais pas sur son état "dépressif" pour faire l'hypothèse qu'il est HP. Il se pense HP et je peux le penser aussi par rapport à bcp d'autres facteurs qui n'apportent rien dans ma question (perfectionnisme, mode de pensé... bref les caractéristiques qu'on connaît), j'ai dû mal présenter mon post... :think:

Voici un extrait du livre TIPEH dans lequel je me retrouve totalement :
Le sentiment d’autrui
Quand on dispose d’une empathie surdéveloppée, il est difficile de ressentir les émotions des autres sans intervenir. Le surdoué aura souvent du mal à ne pas tenter d’apporter son éclairage, son soutien, sa compréhension. Il veut aider, car lui pense savoir quoi faire, comment faire, tant est précise sa compréhension intime de l’autre. Alors l’adulte surdoué devient souvent celui auquel on se confie car il semble tellement comprendre au plus profond de l’autre. Sa capacité à intégrer dans son analyse du problème, de la situation, de multiples paramètres rend son avis précieux, ses conseils recherchés. Mais confident, l’adulte surdoué absorbe toutes les émotions de l’autre. Il en souffre lui-même au plus profond de sa chair. Les émotions de l’autre deviennent les siennes. Il doit renforcer son système de protection pour rester en équilibre et ne pas être emporté par ce torrent émotionnel. Ce qui peut conduire, dans une attitude symétriquement opposée, à une distance que le surdoué va mettre avec les autres pour ne pas être envahi par tant d’émotions. Non qu’il se désintéresse de leurs souffrances. Bien au contraire, il se sent trop concerné. Trop proche de ce que vit l’autre, son impuissance à l’aider, à le sortir de ses difficultés, l’éloigne. Tenter de bloquer au maximum toute réceptivité émotionnelle pour ne plus ressentir. Une forme de survie… Jamais un manque de compassion.
Et, en restant prudente sur ce que j'avance, cela m'a amené 2 fois à mettre fin à une relation car je ne supportais plus ce sentiment de ne rien pouvoir faire pour l'autre, ce sentiment d'inutilité et l'impression que l'autre ne veut rien faire.
Et, dans les 2 cas, mes ex ont entrepris une thérapie à la suite de la rupture me disant que ça avait été l'élément déclencheur... mais je m'égare encore du sujet...
Avec cet ami en question j'en arrive de nouveau à prendre mes distances, car son immobilisme m'énerve (ce n'est pas le bon terme mais je ne sais lequel choisir), les émotions sont insupportable, j'en fais des insomnies, je retourne le problème dans tous les sens, bref, je n'arrive pas à comprendre...

Cela m'amène à une autre question : comment arriver à se détacher de ses émotions pour continuer à aider/écouter mon ami?
Dans le cas d'une relation, comment est-ce possible de rester sans se perdre totalement... ?

Merci

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Léo
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Re: Haut potentiel et négativité

Message par Léo »

C'est bien difficile de répondre à cette question de façon nette et tranchée... mais je comprends très bien, je crois, ce que tu veux dire concernant ton "énervement" . Une chose semble néanmoins revenir souvent : on ne peut pas changer l'autre... tu me diras que cela est peu nuancé et qu'il y a des exemples prouvant le contraire... Quelqu'un qui semble ne pas vouloir s'en sortir et qui souffrirait de dépression doit être vu comme tel avec sa maladie en fait. La dépression est lourde, très lourde et je te dirais que tu ne peux agir au delà d'un certain seuil. Être là quand tu peux, c'est sans doute le mieux à faire et essayer de ne pas juger tant que faire se peut aussi. Dans une relation intime, c'est difficile, très difficile à vivre... je peux juste te dire que dans ma vie, je ne sais pas trop comment, j'ai fini par prendre une certaine distance vis à vis de certains traits pessimistes et dépressifs en face de moi... d'une part parce-que moi-même je peux être lourde à vivre parfois et d 'autre part, simplement parce que j'en ai eu marre. Tout n'est pas réglé et tout ne se règle pas comme ça dans une relation, amicale ou amoureuse mais penser un peu plus à soi, pour de vrai, ça permet parfois de mieux envisager l'autre. Tu as le droit d'être agacée et personne ne peut prétendre (enfin, j'en sais rien) pouvoir tout supporter même avec un dépressif en souffrance.

Une déprime passagère ou un pessimisme récurrent n'étant pas forcément une dépression... à toi de voir ce que tu aurais besoin de lui dire et si ça t'agace trop, peut-être être franche mais délicate et prendre un peu de distance. Il avance à son rythme et s'il ne souhaite pas, pour l'instant se poser les mêmes questions que toi, peut-être ne pas insister au risque de provoquer l'effet inverse.

Il y a des degrés à évaluer peu compatibles avec les émotions parfois, c'est vrai mais il se peut qu'il y ait un phénomène d'usure aussi si on attend trop de l'autre. Aussi dit-on qu'il est important de comprendre sa propre implication lorsqu'on souhaite aider l'autre. Il y a l'empathie, bien sûr, la générosité aussi mais pas que... on entretient certaines choses qui nous échappent.

Reste bienveillante tant que c'est sincère et bon pour toi et ton ami et pense à toi :)
"Soudain, la jeune fille, le plus tranquillement du monde, entreprit de se curer le nez avec les doigts." Witold Gombrowicz

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Lo_Husk
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Re: Haut potentiel et négativité

Message par Lo_Husk »

Salut à tous, pour ma part je souhaite revenir sur la réponse d'Arwyn, que je comprends parfaitement :
Je pense que la difficulté vient aussi de la différence que chacun met (ou ne met pas) entre pessimisme et lucidité/réalisme.

Pour ma part, notamment au boulot, j'ai plutôt une image de pessimiste alors que de mon point du vue c'est plus du réalisme exacerbée qu'autre chose. C'est à dire que mes collègues ne voyant parfois guère plus loin que le bout de leur nez sont dans l'ignorance des conséquences néfastes (à moyen ou long terme) de certaines décisions.
Et là, je rejoins Bradeck dans le fait que souvent, tu es obligé de pointer tous les trucs négatifs d'où ta magnifique image de pessimiste.
C'est bien vite oublier toutes les fois où j'ai pointé les aspects positifs des galères dans lesquelles nous étions. Mais étant donné que les aspects positifs sont là (moment présent) alors que les conséquences néfastes ne le sont pas encore (pas encore arrivées) et nécessitent un effort d'imagination (de projection ? J'ai pas le mot exact, ça m'agace...), hop, image de pessimiste :rock:

J'ajouterai également que cet arbitrage entre pessimisme et réalisme vient aussi de la personne qui perçoit les remarques faites.

Et pour finir sur mon nombril, je ressens profondément mon coté optimiste (dans le sens où je me fais confiance pour sortir de bon nombre de galères et que ça ira) alors que cette image de pessimiste me colle à la peau, au moins dans mon boulot.
Je vis cela au travail en ce moment, et il n'y a rien de plus frustrant que d'énoncer un problème et que l'on nous renvoi notre négativisme dans la tête, nous faisant en plus culpabiliser, alors que pour ma part j'attends surtout que la personne en face se pose deux secondes, réfléchisse et ensuite me dise si j'ai tord ou non. Mais quand on me dit "tu es trop négative", non seulement on rejette mon point de vue qui pourrait être révélateur de beaucoup de choses, mais en plus je n'ai rien à répondre face à ça... alors je me retrouve sous le joug du silence, et l'autre prend le dessus sur moi (c'est mon ressenti). Et pourtant j'ai été celle qui défendait corps et âme l'entreprise lorsqu'on me disait qu'elle n'était pas faîte pour moi... et me retrouver face à cette situation de non-écoute ne me donne pas envie d'être positive, mais renforce mon côté négatif. Puisque c'est comme si l'on niait ce que je comprend, ce que je ressens, ce que je vis.

A ça s'ajoute la peur de la frontière entre le positivisme et avoir des oeillères. j'ai peur que l'on m'utilise si je refuse de mettre en avant ce qui pourrait être améliorer. Parce que je ne fais pas que critiquer pour critiquer, je critique pour que chacun prenne conscience que ça pourrait être mieux. Alors je passe pour une casse pied révolutionnaire qui doit s'habituer au fait que c'est comme ça et pis c'est tout...

Malgré tout, je me force à être positive car si j'ai bien compris que l'on n'écoute pas les gens qui râlent sans cesse, et que ça n'aide pas l'équipe (qui est bien négative ce qui ne m'aide pas) à aller mieux. et puis c'est un beau travail à faire. Je suis d'accord avec le fait que si l'on peut pointer du doigt tous les détails négatifs, nous pouvons pointer du doigt tous les détails positifs. ceci dit, faut-il encore qu'ils soient vu. Car autant ce qui ne va pas, c'est embêtant, mais ce qui va, c'est normal. Et ça... c'est chiant.

Enfin voilà, moi ça me fait tourner en bourrique en ce moment.

Biz
J'avais envie de parler des surdoués sur Youtube... je me suis lancé :
Tu Penses Trop : une chronique "hors norme"

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Re: Haut potentiel et négativité

Message par hazy »

Ce décalage, de percevoir différemment une situation, ou les conséquences d'une situation, on le retrouve ailleurs, je crois.

Souvent, en cas de grosse tuile, j'ai tendance à souligner le coté comique de la situation, voire à me marrer un peu.

Les gens sont mécontents souvent, mais en dialoguant un peu, ils admettent que s'ils étaient témoins de la situation, dans un film par exemple, ils rigoleraient, un peu.

Pour le pessimisme, c'est un peu pareil. On peut voir une conséquence potentielle à une situation, souvent plusieurs potentialités, et les exprimer de manière "neutre", un peu comme on pense à voix haute..

Après, d'expérience :x , il y a une autre facette: être négatif, de manière excessive ou usante pour l'entourage, c'est aussi une manière d'avoir raison.

D'utiliser sa capacité à anticiper, en bien comme en mal, pour avoir le dernier mot.

Là, argumenter sur la chose elle même est contre productif. le négativiste ramène le débat sur un point "fictionnel", qui, au fond, ne le dérange pas.

J'dis ça, j'ai grandit hein, j'ai arrêté. :nesaitpas:

Bref, je ne fais aucune généralités, je ne projette pas sur les autres membres, mais je trouve que résumer le débat à négativité / positivisme est un peu restreint. C'est pourquoi j'ai amené le comique dans le débat.

On a peut être une tendance à dire les choses, ou à être conscient de ce qu'on pense, ou à percevoir plus de nos pensées, qui peut se combiner avec les autres facteurs de notre psychologies, et aboutir, dans certaines situations, à ce que la douance incite certains à exprimer les potentialités ( négatives/positives/comiques) qu'ils ont perçues d'une manière socialement inappropriée...

Si le douance peut, peut-être, favoriser la perceptions des facettes (négatives et autres) d'une situation ou personne, en tirer des conclusions négativité / douance est à mon avis réducteur.

Ce que je crois, pour revenir à l'origine du post, c'est que la négativité n'est que l'expression du déséquilibre, pas la cause.
La matière n'est qu'une conséquence.

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