Conformisme chez certains haut potentiels

Cette section est ouverte à tous les membres : elle doit permettre un partage d'expériences autour des problématiques liées à la découverte de la douance.
Répondre
Ayame
Messages : 27
Inscription : jeu. 7 mai 2015 10:31
Profil : Bilan +
Test : WISC
Âge : 27

Conformisme chez certains haut potentiels

Message par Ayame »

Bonjour :)

Ces derniers temps, une question concernant les haut potentiels me taraude l'esprit : il s'agit de l'attitude conformiste que peuvent exprimer certains.
Vous savez, l'enfant surdoué très bon élève, dont les professeurs sont satisfaits et qui s’extasient devant les capacités hors-norme de celui-ci, celui qui ne rencontre aucun problème de comportement etc... Il est soucieux de ce que les adultes attendent de lui et se conforme à la structure et au système scolaire. C'est le genre d'élèves décrits ici :
http://www.enfantsprecoces.info/l-enfant-brillant/

Dans ce résumé, il est mentionné que "l'élève brillant", de par son attitude très conformiste, peut ne pas avoir accès à des capacités créatrices qui lui sont pourtant inhérentes. Il ne développe pas entièrement son potentiel (dont on peut supposer qu'il est développé uniquement dans un cadre scolaire), ses talents ne s'expriment pas, ils restent enfouis en lui-même... bref son individualité est "sacrifiée" au profit de l'harmonie du groupe et de ce que les autres attendent de lui.

Faisant moi-même partie de ce profil, je trouve cette description frustrante. Elle me correspond bien, cependant je me demande pourquoi certains surdoués préfèrent faire une croix sur leur particularité, sur leur créativité dans le but de satisfaire l'entourage. Pourquoi choisir les autres et pas soi-même en somme. Et puis ce qui fait la différence entre ce type d'élèves et ceux ne parvenant pas à s'intégrer au système scolaire.
Une plus grande sensibilité pour les premiers à l'harmonie dans les relations combinée avec une compréhension affinée des attentes des adultes et de la manière d'y répondre?
Un grand besoin d'authenticité chez les seconds et une meilleure écoute de leur personnalité, leurs sentiments, leurs avis personnels?
Le conformisme des "enfants brillants" est-il un organe qui s'est greffé à leur personnalité initiale créatrice et subversive, ou une vraie préférence psychologique "de base"? Ce même conformisme peut-il être rapproché de celui des filles pour qui il est connu qu'elles se plient plus facilement que les garçons à la norme, et pour qui les exigences de la société sont plus fortes?

Et puis finalement, après avoir fait ce constat, après avoir réalisé que l'on accordait trop d'importance aux exigences de la société au point que notre particularité ne s'exprime pas, comment la retrouver, lui redonner sa place initiale, la cultiver, et la faire s'épanouir de façon optimale?
Être un surdoué épanoui et accompli implique-t-il de vivre à la marge de la société ?

Que de questions... :whew:

Les débats sont ouverts !
Ces utilisateurs ont remercié l’auteur Ayame pour son message :
Okeanikor

Avatar de l’utilisateur
Kayeza
Galette de Riz
Messages : 4720
Inscription : mar. 25 oct. 2011 17:46
Présentation : [url=http://adulte-surdoue.fr/presentations/vert-calme-maintenant-t915.html]C'est qui, déjà ? [/url]
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Localisation : ... et à l'oeil !
Âge : 45
Contact :

Ancien Membre de l'équipe

Re: Conformisme chez certains haut potentiels

Message par Kayeza »

Bonne(s) question(s) ! Certaines ont déjà été abordées ici et là sur le forum, sous une forme ou une autre.

Mon avis tout personnel est que cela dépend beaucoup du parcours de vie de chacun. Si le conformisme (ou une certaine dose d'icelui) est très valorisé chez les parents, l'enfant aura peut-être tendance à s'y plier aussi. À moins qu'il ne porte en lui des graines de "rebelle", peut-être arrosées par une tante "spéciale" ou une rencontre déclic... Enfin bref, je pense qu'il y a autant de situations différentes que d'individus et qu'il est hasardeux de faire des généralités. Même en regardant sa propre situation de près, pas dit qu'on arrive à en démêler tous les pourquois...

D'où la pertinence de ta dernière question :
Ayame a écrit : Et puis finalement, après avoir fait ce constat, après avoir réalisé que l'on accordait trop d'importance aux exigences de la société au point que notre particularité ne s'exprime pas, comment la retrouver, lui redonner sa place initiale, la cultiver, et la faire s'épanouir de façon optimale?
Cette particularité, comme tu dis, est toujours là, elle est juste un peu difficile d'accès. Il y a plein de façons de retrouver le chemin jusqu'à elle. Ça peut passer par une thérapie, une nouvelle activité, l'écoute de ses rêves d'enfant (cette semaine, je reçois la harpe en location que j'ai commandée ; ça faisait plus de 20 ans que j'en rêvais...), que sais-je encore. De la même façon que ta situation est unique, ton chemin l'est aussi. Tu peux t'entourer de personnes bienveillantes et de bon conseil (et même, je te le conseille ;) ) mais le chemin, c'est à toi de le parcourir.

Quant à ta toute dernière question, va voir les sujets du type "surdoué et heureux", ici même :)
"Our life is not our own - from womb to tomb we are bound to others." Cloud Atlas

Avatar de l’utilisateur
Chacoucas
Messages : 1110
Inscription : jeu. 26 mars 2015 09:12
Profil : En questionnement
Test : NON

Re: Conformisme chez certains haut potentiels

Message par Chacoucas »

Avis personnel à prendre comme tel, et à nuancer avec toutes les formes de créativité potentielles:

30

Pour ce qui est de la "différence" entre les deux profils je miserais sur les relations à l' environnement. Plus on constate d' absurdités/disharmonies/hypocrisies/irrationnalités (à savoir identifier un décalage entre ce qu' on apprend et le réel) dans les apprentissages, qu' ils soient sociaux, scolaires ou autre, plus on se trouve confronté à faire des choix individuels et perdre foi en les figures d' autorité. Typiquement on va choisir une personne/cause/valeur à défendre (choix le plus simple à faire puisqu' il faut en faire un mais qu' on est très jeune et sans suffisamment de références pour une vision globale), et développer une sorte de fidélité à ceci. Plus tard on risque aussi de l' abandonner et les choix/l'identité deviennent plus complexes.

30

Avis personnel en tout cas. Donc le conformiste a pu développer une confiance en l' institution, couronnée de réussite. Il 'n en faut pas plus. Celui qui n' a pas pu risque de devoir cristalliser ses angoisses d' une manière ou d'une autre, l' art est tout indiqué, et il "devient créatif". Il suffit de dessiner et qu' on te dise "oh tu es un artiste" pour que ça reste comme une suggestion hypnotique, facilitant l' identification à la personnalité créative plus tard.

30

Tout dépend aussi de comment chaque trait d' identité a été vécu.

30

Le "retrouver" ben c'est simple au fond : ne faire confiance qu' à soi et ses pérégrinations mentales, et tracer des traits sur une feuille, des notes sur un disque, des formes dans de la matière, ou créer une forme moins habituelle de création artistique... Ca satisfait le besoin d' harmonie qui n' est pas ressenti socialement. Le besoin d'esthétisme aussi. Chercher dans son imagination un "mieux" à ce qui nous bloque, ou une "forme" à ce qu' on perçoit.

30

Rilke disait à Kappus que si il pouvait envisager de ne pas écrire, alors il ferait mieux de ne pas vouloir être poète. Ca montre l' aspect "fataliste" de la démarche, elle n' est pas forcément vécue - dans son fonctionnement basique - comme un don, un avantage, une illumination ou toutes les formes sublimées que les mythes donnent aux artistes (ou eux même dans leur oeuvre).

30

Après comme disait Giono "faut arrêter de faire de l' écriture un truc douloureux, enfin, c'est merveilleux, plaisant de se plonger dans un univers et de l' écrire peu à peu". Certes. Dramatisons pas l' art c'est juste le seul mode de vie et d' expression que je connaisse qui me fasse parfois me sentir un peu en paix avec l' univers. Mais j' ai jamais accepté de me dire "artiste" avant de faire le tour de mes capacités et de réaliser que la question n' était pas de savoir si j' en étais un ou pas. Juste que j' avais pas d' autre choix.

30

A savoir je pensais qu' au fond je pouvais tout faire. Ben non en fait. Justement, j' aurais peut être pu, mais ça ne fonctionne pas aussi bien que ça pourrait. Le seul truc que je possède dès lors c'est cette liberté de faire un truc à moi, selon mes idées. Aussi minable que ça puisse paraître. Dès lors ça devient un échec personnel, gérable et améliorable par soi même, et on n' a plus à se poser la question de savoir si c'est notre faute ou pas de l' avoir raté. Ca ne dépend que de soi et du temps qu' on y applique.

30

Y' a t' il besoin d' être seul etc... j' espère bien que non, déjà être content de soi pour un truc aussi ridicule soit il ça rend moins exigent et plus pacifiste avec les autres je trouve. Et puis il y a toutes les nuances de l' arc en ciel à travers la singularité des relations, lieux, situations etc.. Dans tous les cas ce besoin d' être un peu seul avec soi pour se rééquilibrer qui semble être présent chez tous à divers niveaux... Ca passe très bien derrière "activité créatrice" comme excuse ^^
Ces utilisateurs ont remercié l’auteur Chacoucas pour son message :
altima

Syl
Messages : 6
Inscription : lun. 16 mars 2015 01:26
Profil : En questionnement
Test : NON

Re: Conformisme chez certains haut potentiels

Message par Syl »

Coucou. En plein débat là dessus moi aussi, notamment par rapport à mon couple. Je ressens chez mon compagnon une hyper adaptabilité au système bien qu'il le critique aussi. Bref comme si il ne savait pas sur quel pied danser.
Pour ma part, je sens bien comment dans mes premières années, j'ai cherché à bien m'adapter, me conformer. Et je crois effectivement que nous sommes forcément conditionnés par notre environnement familial : issue d'une famille d'immigrés d'afrique noire où le mot d'ordre était de bien s'intégrer, ne pas faire de vagues et bien parler français ;-). Du coup, pas de langue maternelle pour nous raconter des histoires le soir, j'ai grandi uniquement à coup de Blanche Neige et Cendrillon : difficile de s'identifier à ça quand on a les chevus crépus ;-).
Et y' a un moment où tout pète effectivement car je crois qu'il est vraiment difficile de maintenir cette pression, voire imposssible. C'est comme dans un instinct de survie. Pour ma part, c'est une rencontre qui m'a fait passer de l'autre côté. J'ai tout plaqué pour partir vivre en forêt, dans les tropiques. Me reconnecter à la nature, à des rythmes plus naturels a fait que petit à petit, les choses ont pu émerger et se mettre en place, avec des hauts et des bas bien sûr.
Et quelques années après, ma grossesse et l'accouchement de mon enfant m'ont juste convaincus que je devais à tout prix faire confiance à mes intuitions. Qu'il était vital de ne pas se conformer à la masse si je sentais que cela représentait un danger ne serait-ce que pour mon intégrité.
Et enfin, un accompagnement avec une thérapeute car c'est vrai, il y a des moments vraiment pas évidents. Cet accompagnement me permet de rattrapper mon fil quand je suis en plein doute.
C'est un parcours initiatique où je dois en permanence être à l'écoute des signes car le chemin facile est là et ces fichues conformités s'amusent à rallonger le parcours. Et c'est bon de sentir qu'on est sur le bon chemin, qu'on rencontre les bonnes personnes au bon moment, que notre cerveau peut enfin se libérer de douloureuses tergiversations car nous sommes avec des gens qui nous comprennent rapidement, facilement, comme une évidence. Je crois que je n'ai jamais autant aimer le verbe "comprendre".
Je suis tomber dernièrement sur cette phrase de Nietzsche : "lorsque l'homme approche du but, il ne marche plus, il danse."
Mes premiers pas de danse arrivent, un peu hasardeux mais ils sont bien là. J'espère que tu vas oser trouver ta danse et enfin la danser.

Ayame
Messages : 27
Inscription : jeu. 7 mai 2015 10:31
Profil : Bilan +
Test : WISC
Âge : 27

Re: Conformisme chez certains haut potentiels

Message par Ayame »

Je vous remercie à tous pour vos réponses ! :ensoleillé:
Kayeza a écrit :Si le conformisme (ou une certaine dose d'icelui) est très valorisé chez les parents, l'enfant aura peut-être tendance à s'y plier aussi. À moins qu'il ne porte en lui des graines de "rebelle", peut-être arrosées par une tante "spéciale" ou une rencontre déclic... Enfin bref, je pense qu'il y a autant de situations différentes que d'individus et qu'il est hasardeux de faire des généralités. Même en regardant sa propre situation de près, pas dit qu'on arrive à en démêler tous les pourquois...
Syl a écrit :Pour ma part, je sens bien comment dans mes premières années, j'ai cherché à bien m'adapter, me conformer. Et je crois effectivement que nous sommes forcément conditionnés par notre environnement familial : issue d'une famille d'immigrés d'afrique noire où le mot d'ordre était de bien s'intégrer, ne pas faire de vagues et bien parler français ;-). Du coup, pas de langue maternelle pour nous raconter des histoires le soir, j'ai grandi uniquement à coup de Blanche Neige et Cendrillon : difficile de s'identifier à ça quand on a les chevus crépus ;-)
Effectivement, l'éducation peut expliquer beaucoup de choses (pourquoi je m'attends à des explications compliquées ?? :D ). Le surdoué (l'enfant) qui se conforme aura grandi dans une famille où la fidélité au groupe et les normes sociales auront été particulièrement mises en valeur. C'est d'ailleurs probablement ce qui a dû se passer dans mon propre cas. Étant également issue d'une famille d'immigrés d'Afrique noire, comme toi Syl, mes parents ont également dû accorder beaucoup de place dans l'éducation à l'obéissance aux règles (sans que je m'en rende compte, cherchez l'erreur :blonde: ) mais pas de la manière dont tes parents l'ont fait. Au contraire, mes parents sont plus accès sur la transmission de l'héritage de la culture d'origine, mais dans cette même culture d'origine, le groupe est très important. Il était donc important de ne pas faire de vague, ne pas faire de choses trop originales, ou qui seraient répréhensibles (en tout cas, j'ai dû le sentir ainsi), à la maison comme à l'école.

En tout cas vos parcours m'inspirent bien :) :clap:
Bon courage dans l'apprentissage de la harpe Kayeza ;) (d'ailleurs je me dis que ce serait cool d'acheter le piano que j'aimerais tant, reprendre les cours de théâtre abandonnés en primaire, et puis me mettre enfin au sport de combat et au tennis depuis le temps que j'y pense... mais entre mes parents et mon budget... )

Quant aux activités artistiques Chacoucas, je me suis déjà mise au dessin ;) ... mais depuis 3 semaines seulement :P
Depuis je passe mon temps à m'imaginer des œuvres que je pourrais bien réaliser, des sujets d'actualité à illustrer, mais à ce stade embryonnaire, la technique manque cruellement :P
Chacoucas a écrit :Le "retrouver" ben c'est simple au fond : ne faire confiance qu' à soi et ses pérégrinations mentales, et tracer des traits sur une feuille, des notes sur un disque, des formes dans de la matière, ou créer une forme moins habituelle de création artistique... Ca satisfait le besoin d' harmonie qui n' est pas ressenti socialement. Le besoin d'esthétisme aussi. Chercher dans son imagination un "mieux" à ce qui nous bloque, ou une "forme" à ce qu' on perçoit.
Ça peut sembler débile mais c'est ça qui fait peur au fond : faire confiance en ses "pérégrinations mentales". Je crois que c'est la plus grande crainte dont on a à se défaire quand on s'est rendu compte qu'il ne fallait peut-être pas autant suivre le système. La crainte de faire autrement, de choquer, provoquer, s'affirmer... Enfin, ce n'est que mon ressenti personnel.
D'ailleurs, tu pratiques une activité artistique Chacoucas ?

Avatar de l’utilisateur
Azore
Messages : 108
Inscription : sam. 8 mars 2014 21:42
Présentation : http://adulte-surdoue.fr/presentations/ ... t4727.html
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Âge : 38

Re: Conformisme chez certains haut potentiels

Message par Azore »

Merci pour ce message, Syl, qui me touche beaucoup par sa sensibilité et sa finesse.

Le conformisme est une chose que j'ai personnellement vécue toute ma vie et qui me fait encore souffrir. Pourquoi ? Parce que je me suis toujours sentie en révolte, mais que j'ai rarement pu la vivre. Aussi parce que ma sœur cadette était la révolte incarnée et qu'en comparaison, je me suis toujours sentie "faible", "molle", "nulle", quoi ! Pour mes parents, ma sœur était celle qui avait des facilités, qui n'avait pas besoin de travailler, qui était douée en tout, qui était l'artiste, alors que moi, j'étais celle qui réussissait par le travail, qui était lente, qui était scolaire. Aujourd'hui que j'ai du recul sur la question, je me rends compte que c'est parce que je n'ai jamais pu supporter la désapprobation de mes parents, et par extension, celle des autres en général. Cela est lié, je pense, à des événements vécus dans l'enfance qui me bloquent encore aujourd'hui. Pour moi, c'est fortement lié à la peur d'être abandonnée. Cette peur-là est tellement puissante qu'elle m'empêche de m'affirmer pleinement. De plus, je ne me souviens pas avoir jamais reçu de compliments de la part de mes parents. Pour vous donner un exemple récent précis, quand j'ai annoncé à mon père que je faisais partie des 1% les plus intelligents, il m'a répondu : "Ah ! Donc tu n'as pas répondu bon à toutes les questions ?" No comment...

J'ai déjà avancé mais le chemin est encore long. En effet, tant que j'étais dans le commerce, il ne pouvait rien m'arriver puisque je me fichais de réussir ou pas dans ce domaine. Mais j'ai décidé de me confronter à ce pour quoi je suis faite : enseigner le français. Et là, je me suis tellement cassé les dents au début ! Je n'avais tellement pas confiance en moi que ça a été un véritable fiasco avec une de mes classes qui est vraiment difficile. Comment s'affirmer face à trente gamins qui n'ont pas envie d'être là quand on a tellement peur de ne pas être appréciée, de ne pas être à la hauteur, de faire des bêtises ? C'est très difficile, tellement difficile que j'ai failli arrêter alors que c'est ce que j'ai toujours voulu faire et que j'avais fait énormément de sacrifices pour faire ce métier : reprise d'études pendant trois ans, emprunt, etc. C'est grâce à la thérapie que j'ai faite avec un médecin initié à la méthode du docteur Vittoz que j'ai réussi à prendre confiance en moi et à commencer doucement à me détacher de ce conformisme.

Il me semble que l'impossibilité de se rebeller quand on est différent est une source de grande souffrance, parce qu'on ne peut jamais être véritablement soi, se réaliser et affronter les autres. Il faut vraiment apprendre à s'affranchir du regard des autres, mais je pense que ça ne tombe pas du ciel et qu'il faut se faire accompagner pour y parvenir.
Ces utilisateurs ont remercié l’auteur Azore pour son message :
anoia
Azore
"Créer, c'est vivre deux fois." Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe.

Avatar de l’utilisateur
Chacoucas
Messages : 1110
Inscription : jeu. 26 mars 2015 09:12
Profil : En questionnement
Test : NON

Re: Conformisme chez certains haut potentiels

Message par Chacoucas »

Intéressant ta conclusion, Azore. C' est à se demander du coup si le profil rebelle/en demi échec n' est finalement pas "chanceux" par rapport au profil conformiste (je pensais chez les hp mais en fait probablement pour tous). J' y penserai.

Ayame pour les activités, disons que j'en ai testé une petite quantité et que j'en ai gardées quelques unes ^^... (écriture, peinture, musique, surtout)

Avatar de l’utilisateur
Azore
Messages : 108
Inscription : sam. 8 mars 2014 21:42
Présentation : http://adulte-surdoue.fr/presentations/ ... t4727.html
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Âge : 38

Re: Conformisme chez certains haut potentiels

Message par Azore »

Chacoucas a écrit :C' est à se demander du coup si le profil rebelle/en demi échec n' est finalement pas "chanceux" par rapport au profil conformiste.
Je crois que c'est au cas par cas. En effet, j'ai beau avoir souffert de la manière dont nos parents nous ont enfermées dans des rôles, ma sœur et moi, je ne peux pas oublier qu'aujourd'hui, j'ai réussi mon CAPES haut la main, j'ai un boulot qui me passionne, un compagnon qui me soutient comme jamais je n'ai été soutenue, qui m'aime comme jamais je n'ai été aimée, tandis que ma sœur ne s'est jamais relevée de son échec scolaire en cinquième, qu'elle est actuellement serveuse dans un petit bar de Quimper alors qu'elle avait tout pour réussir avec brio.

Le conformisme du surdoué est difficile à vivre, mais il lui permet souvent de ne pas "dérailler" et se prendre un platane en cours de route. Une fois qu'il a bon an mal an franchi toutes les étapes difficiles (adolescence + études + couple + boulot) grâce à sa suradaptabilité naturelle, il peut travailler à se découvrir lui-même et à prendre confiance en lui sans que ses choix ne le mettent en danger. Ça fait discours de vieux bourgeois, ce que je dis, mais quand je vois où en est ma sœur, la fille prodigue, la fille prodige aujourd'hui, j'ai clairement le sentiment d'être une survivante. Ce sentiment est très fort aussi parce que la souffrance que j'ai vécue à cause de mon décalage et de mon incapacité à l'assumer m'a poussée à picoler énormément pendant mes études et mes quelques années en entreprise : c'était ma manière à moi de dire ma révolte. Mais personne ne s'en est offusqué. Heureusement, j'ai rencontré quelqu'un comme moi, quelqu'un qui vivait la même révolte la nuit dans les bars et dans la littérature, heureusement, nous nous sommes pris la main et nous nous sommes sauvés (dans tous les sens du terme).

Mon conformisme était tel que même dans l'écriture, je ne me retrouvais pas, au début, hormis quelques fulgurances qui me faisaient encore croire à mon talent. Moi qui avais toujours cru être écrivain dans l'âme, j'étais désespérée de tant de fadeur. Eh puis, il y a eu le test. A partir de ce moment-là, je n'ai plus réfléchi, j'ai juste écrit, et c'était bon, savoureux. La révolte était là, dans l'écriture. C'est alors que j'ai pleinement réalisé à quel point mon conformisme n'était qu'une façade, une protection contre le monde, et que j'avais beaucoup de colère à vomir et à étaler avec les doigts sur la bêtise environnante. Oh, comme la haine peut être belle quand elle se sèche à l'air de la poésie ! Je me suis nourrie de toutes les absurdités et j'ai ri. Aujourd'hui, j'ai parfois du mal à ne pas faire le pitre devant mes élèves tellement le monde est drôle quand c'est moi qui le regarde. Mais bon, il ne faut pas non plus passer pour une hurluberlue auprès des élèves et de leurs parents... Vous avez dit conformisme ?
Azore
"Créer, c'est vivre deux fois." Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe.

Avatar de l’utilisateur
Chacoucas
Messages : 1110
Inscription : jeu. 26 mars 2015 09:12
Profil : En questionnement
Test : NON

Re: Conformisme chez certains haut potentiels

Message par Chacoucas »

Je vois ce que tu veux dire Azore. Niveau "échouage social" j' ai flirté entre l' adaptabilité et le refus quasi tripal (néologisme: qui vient des tripes). J' ai finalement échoué (jusqu' ici...), avec une bonne partie de choix plus ou moins assumés dans cette direction, et finalement eu un coup de joker extrêmement ironique pour enfoncer le clou.
Mais comme je disais il y a eu pas mal de choix aussi, d' expériences montrant que "non, je peux pas m'adapter à ça" "ni à ça" sous couvert de considérations philosophico-éthiques en général. La vérité c'est que comme tout le monde, deux ou trois évènements plus simples je serais ptêtre dans une autre optique, mais dans le fond il serait resté un "désaccord" je pense.
J' ai une grande soeur, prof de français aussi (j' ai du m' inspirer d' elle), qui m' a toujours considéré comme plus doué et talentueux qu' elle. Elle a sa famille, 2 enfants, travaille de manière un peu obsessionnelle, enfin, un modèle d' intégration dans un sens, mais pas heureuse pour autant. Pas de vie sociale, pas d' amis etc... aucune impression de liberté à part dédier son temps à ses enfants. Je ne considère pas qu' il y ait un "mieux" dans ce qu'on vit d' une manière globale. Elle non plus je pense.
Là où je posais l'idée de "chance" c'est que l'inadapté n'a rien à perdre à être inadapté. Et qu'à priori, si on regarde vraiment profondément je ne sais pas trop si on peut posséder quoi que ce soit. Donc au final moins de poids pour l'inadapté.
Après, difficile d' en parler, je me considère pas comme adapté. En même temps j'ai eu des occasions de redresser la barre (bah j' ai aussi été à la fac etc... sauf que par contre j'ai jamais voulu être prof; eu l' occasion une fois d'avoir un salaire qui fasse oublier les besoins... j'aurais pu me battre pour le garder, j'ai pas essayé). Et au fond je ne sais pas trop où me situer, ni gérer toutes les émotions/envies/dépits. Mais en tout cas dans la case "pas ma faute, chui pas adapté" (je parle pas de douance dans mon cas mais ça pourrait très bien être un critère comme un autre) je me sens pas plus mal que je ne l' ai été. :)

Peut être à mettre en lien avec ce fantasme adolescent "si j' étais aussi bête que lui ou elle je serais enfin heureux". Mais à priori ça marche pas. (sans jugement de valeur... je parle de mots que j'ai déjà entendu pas mal de fois de bouches tierces). Et quand je vois la vie intégrée de personnes que j'estime... Je le vois aussi. Ce que j' estime ce n'est pas leur adaptation, elle reste neutre. Je peux envier des aspects, mais pas l' ensemble (l' envie comme motivation positive). Mais bon ça devient très personnel et lié au vécu et ressenti ici ^^

En passant ça fait plaisir de voir une passionnée, quand tu as commencé à parler d' écriture ton style a cassé le barrage :) Difficile de résister hein? ;)

Loupiote
Messages : 106
Inscription : mer. 12 mars 2014 16:11
Présentation : http://adulte-surdoue.fr/presentations/ ... t4740.html
Profil : Bilan -
Test : WAIS
Localisation : Marseille
Âge : 43

Re: Conformisme chez certains haut potentiels

Message par Loupiote »

Après de nombreux débats sur le sujet du confomismr avec mon compagnon, je me suis rendue compte d'1 chose.

Lui est 1 rebelle né. Il fait exactement ce qui lui semble juste et bon pour lui. Mais il ne se perçoit oas comme a rebelle. Pour lui, ce sont les autres qui lui cherchent des problèmes là où il ne devrait pas y en avoir puisqu'il agit toujours selon son propre bien.

Pour ma part, je me souvient parfaitement du jour où, au CP, j'ai analysé le comportement d'1 "élément perturbateur" en classe et que je me suis dit que pour vivre heureux, il fallait se conformer à la volonté de l'asulte. Donc pour moi, c'était 1 choix purement délibéré que j'ai fait à 5 ans et dont je n'arrive toujours pas à me défaire.

J'étais donc brillante, je m'enfermais dans ma chambre en faisant croire que je travaillais, et j'ai laissé tomber mes ambitions de peinture et écriture puisque mes parents trouvaient ça ridicule.

A l'asolescence, je pensais pouvoir vivre 2 vies. 1 vie officielle de conformiste hors pair, puis 1 vie officieuse, seule, dans laquelle je laissais libre cours à mes envies. J'ai fini par péter les plombs lorsqu'1 évènement tragique est survenu dans ma vie.

Aujourd'hui il m'est toujours aussi difficile d'assumer des choix différents de la "bormalité". Et ce dut extrêmement douloureux quand je suis devenue mère. Envie d'élever mon fils selon mes propres envies, souvent de manière différente des autres car les conseils qu'on donne aux mamans sont parfois irrationnels, mais 1 si grabde sifficulté à les assumer que ça me rendait malade !

Et au boulot, n'en parlons pas !

Donc voilà, pour faire court.

Mon confomisme me pourrit la vie. Je crois que cette analyse que je me souviens avoir faite à 5 ans est le fruit d'1 trop grande sensibilité. Impressionnée par les réactions négatives des adultes, j'ai pensé ne pas pouvoir les supporter et j'ai décidé de m'en préserver.

Je me suis auto-détruite à petit feu en dait, sans le savoir et dans l'émerveillement de tout le monde pour qui j'étais parfaite.

Après je ne sais pas s'il y a 1 lien avec la douance puisque mon test était négatif.

Okeanikor
Messages : 26
Inscription : mar. 23 nov. 2021 15:20
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Âge : 40

Re: Conformisme chez certains haut potentiels

Message par Okeanikor »

Cela fait 3 mois que je pense être surdoué et 3 semaines que je suis détecté. Je procède progressivement à mon introspection avec cette nouvelle information.
J'ai écrit ce qui suit sans avoir lu sur le sujet du conformisme. Je suis tombé sur ce topic en cherchant un endroit où poser mes mots.

Durant mon bilan de compétences, je dois m'interroger sur ce qui me plaît réellement...
Cette porte s'ouvre pour moi sur un grand vide : je ne sais plus ce que j'aime... Il y a bien sûr des moments de cuisine, de balade, de complicité... que j'affectionne particulièrement. Mais pourquoi, pourquoi cette question reste sans réponse ?
Suite à la revue de ma vie sous l'angle de la douance, il me semble avoir fait des choix conformistes dans le sens où j'ai collé aux attentes de mon environnement. Je pense m'être mis sous clés. Mais la pression à l'intérieur de ces murs est devenue trop forte. (Tout le monde porte un masque de sociabilité mais certains sont plus lourds à porter que d'autres.) Dans sa capsule, l'esprit bouillonne, toujours attentif.
Cette situation est pour moi une source de grande frustration et d'épuisement. "Frustré de ne pouvoir être moi-même et épuisé d'être un autre." Cela dure depuis des années mais une soupape de sécurité s'activent que j'appel : l'effet tunnel.  Attention : quand la vapeur s'échappe mieux vaut ne pas être à côté.
Pour résumer : le hamster lorgne l'extérieur de sa roue et s'il est intéressé par quelques choses, le besoin de faire, de construire quelques choses... deviennent insoutenables! Plus rien d'autre ne compte. L'esprit est tendu vers l'objectif, il n'y a plus de possibilité de communiquer avec l'extérieur. Tout ce qui est entre lui et son but est une gêne et sera traité avec froideur, rejet, colère, mépris ou tout simplement de l'ignorance.
Voici un exemple :
Je jouais à faire un château de sable avec mes enfants. Les plans d'un château se sont dessinés dans ma tête... , je terminerai mon immense pâté de sable sans avoir mangé ni échangé aucun mot avec quiconque quatre heures durant, je me rends compte qu'une dizaine de gamins regardent avec envie le nouveau jouet sorti de terre.
Le pire, c'est qu'il n'en résulte aucune satisfaction. Non Non Non!!!! Il ne reste que de la solitude, de la culpabilité, de l'amertume et le sentiment d'avoir pété un boulon.
Alors on rentre dans sa capsule et on s'en mure encore plus solidement qu'avant. Et le cycle suivant risque d'être encore pire.
Maintenant, j'attends la prochaine entrée de tunnel avec la ferme intention de tempérer, de profiter et si possible de partager!!!
Peut-être que je prendrai moi-même l'initiative d'en creuser un!!!!
"Rien n'est impossible, tout est improbable"

Répondre