"Troubles"

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Animal
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"Troubles"

Message par Animal »

Partant de mon expérience personnelle en la matière, ainsi que de la constatation que les troubles associés à la "douance" (je préfère le terme "intelligence", plus relatif à mon sens, et l'utiliserai sans doute préférentiellement dans mon développement) sont assez récurrents pour mériter bien des études, m'est venue une réflexion qui me semble cohérente, quoique encore un peu partielle à mon goût. Qu'importe, je vous la livre, incomplétude et imperfection pouvant la rendre plus succincte que mes habituels développements (et donc moins rébarbative), et sans doute plus ouverte à des point de vue différents, corrections et contradictions assurément enrichissantes. Il se peut même que je me trompe dans les grandes largeurs, auquel cas cela m'apporterait des pistes plus sensées, tout en permettant, je l'espère, aux participant(e)s et lecteurs/lectrices d'y trouver des points intéressants.

Je vais essayer de vous expliquer au mieux l'enchaînement de mes pensées.

Ce que je connais des tests de Q.I. me semble leur trouver comme point commun (voire comme définition) un calcul de l'aptitude à décoder des problèmes de complexités croissantes en un temps limité. Ce qui détermine cette complexité est un degré de nuances plus ou moins fines, plus ou moins évidentes. Le's individus ayant les plus hauts taux de réussite sont donc ceux qui sont le plus attentifs, le plus réceptifs, à de fines nuances. Parallèlement à cela, on trouve chez ces sujets les sensibilités les plus vives (nommées à tort à mon sens "hypersensibilités"), les réactions émotionnelles les plus intenses. Le lien me semble évident, entre la capacité à percevoir de fines nuances, et l'hypersensibilité. Cette capacité peut à mon sens être vue comme une forme de "passion pour", voire "d'amour de" la nuance, liée sans doute aussi à la sensation d'un réel trouble environnemental, difficile à vivre, qui nécessite un travail ardu de décryptage, dans le but d'y trouver un positionnement personnel plus confortable, bref de s'y adapter (peut-être simplement pour y survivre, au départ).

Mais il s'agit de comprendre un monde qui pose problème par sa rudesse, cette dernière étant justement le fruit d'un manque cruel de nuance d'esprit de la part de la majorité. Ce qui est le plus commun, le plus partagé, oriente sûrement les mouvements, l'histoire des groupes humains. Il va de soi que les groupes motivés par les idées et visions les moins nuancées portent en eux plus de risques de réactions violentes face aux difficultés, que les communautés les plus réfléchies. Et pour cause ; moins on peut comprendre la complexité des causes de divers dangers, plus les réactions à ces derniers seront irrationnelles.

Ainsi, les surdoués qui tentent de comprendre la réalité du monde, des interactions humaines (pour s'y adapter, s'y intégrer), se heurtent immanquablement au mur de la limite moyenne de capacité de nuance... qui produit la violence du monde. Le développement de cette capacité, loin de permettre une intégration plus aisée, porte en elle le risque évident de l'isolement, de la mise à l'écart, par les difficultés de communication qu'elle engendre automatiquement avec les "semblables".

Selon moi, les "troubles", les difficultés rencontrées par les gens les plus intelligents, ne sont pas liés à leur intelligence, mais bien plutôt aux limites d'une moyenne commune qui produit manifestement les troubles de l'humanité toute entière, les guerres et toutes les violences, qui marquent le manque cruel de nuance dans la relation à l'environnement, aux autres, au monde. La capacité à se remettre en question dépendant du recul dont est capable l'individu sur sa propre condition, sur sa situation, l'individu intelligent aura naturellement tendance, dans le but de s'adapter à ce monde de brutes, à chercher en lui-même ce qui cloche, le commun semblant s'accommoder plus aisément que lui des malheureuses circonstances auxquelles il participe sans trop se poser de questions.

L'origine de la "douance" ne me semble guère importante, à part pour tenter de se délester du poids d'un sentiment de culpabilité issu de la fâcheuse tendance à se remettre aisément en question, dans un monde où semble régner le pouvoir brutal de ceux qui se remettent justement le moins en question. Je pense a contrario que la souffrance des plus sensibles devrait remettre à juste titre l'abrutissement général en question. Mes remises en question personnelles ne m'ont vraiment permis d'avancer qu'à partir du moment où j'ai pu accepter l'idée de devoir évoluer dans un monde de dingues. Bien sûr, j'ai encore eu ensuite des perturbations émotionnelles face à la brutalité de mes congénères, mais j'ai alors commencé à trouver des moyens de préserver un relatif équilibre en me tenant à distance des sources de nuisance dont je pouvais me passer, comme la télévision par exemple. Je crois que ce qui m'a aussi permis de tenir, auparavant, c'est de développer des mécanismes de défense dissuasifs, dont principalement une agressivité verbale et psychologique consistant essentiellement à mettre brutalement qui tentait d'en imposer face à ses incohérences et motivations égocentriques voire malsaines, par quelque bon mot qui avait de surcroît l'heur de m'attirer les suffrages des spectateurs. En effet, on veut rarement en imposer pour de nobles desseins, mais généralement pour s'affirmer et briller en société au dépens d'autrui.
Mais bien sûr, m'adapter à un monde malade ne m'a pas aidé à me sentir vraiment mieux dans ma peau...

Pardon pour cette parenthèse personnelle dans ce tâtonnant début de brouillon d'intuition, mais je me dis qu'il est possible qu'il permette aussi d'éclairer le chemin qui m'amène là. C'est un peu aussi cette relative efficacité relationnelle qui me fait penser que je n'ai pas tout à fait tort dans ma vision de l'origine du trouble qui anime les soit-disant hypersensibles que d'aucuns d'entre nous sont sûrement. J'accepterais plus volontiers le terme "hypersensible" si la sensibilité moyenne des hommes ne générait pas tant d'horreurs et de misères endurées par les plus faibles. La sensibilité à l'injustice me semble naturelle. Si elle était plus partagée, je crois que le sort de l'humanité ne pourrait que s'arranger. Pour moi, ce sont clairement les gens "normaux" qui sont "hypo-sensibles"...

Bien sûr, les êtres les plus sensibles n'en restent pas moins les plus en difficulté, mais je ne crois pas judicieux de relier, voire d'imputer leur trouble à leurs facultés, quand bien même ces troubles peuvent logiquement engendrer des sentiments de mal-être nuisant à leur équilibre, perturbant l'esprit jusqu'à lui faire parfois adopter des stratégies malheureuses. Certes, une fois de mauvais plis installés, une remise en question peut s'avérer nécessaire, mais pas au-delà du raisonnable. Et en tout état de cause, il me semble profondément déraisonnable de voir un problème personnel dans la difficulté à s'adapter à un monde de fous.

Aussi, s'il me semble utile de travailler à retrouver un équilibre intérieur quand les perturbations récurrentes occasionnées par un environnement humain peu ou prou inconscient ont pu installer des mécanismes nuisibles, ne serait-il pas judicieux de bien faire la part des choses, en évitant d'aller plus avant dans la remise en question personnelle, que jusqu'au point où manifestement, le problème de l'adaptation ressort clairement de l'inconscience du monde, quand bien même on ne peut rien y faire, ou si peu ?

Bon, pour un résumé succinct, on a vu mieux, désolé... :1cache:

P.S. : Si j'ai posté au mauvais endroit, où que mon développement trouverait mieux sa place dans un fil déjà existant que je n'aurais pas vu, aucun problème pour le déplacer. Je l'adapterai volontiers si nécessaire. Mes excuses pour le travail occasionné, le cas échéant.
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madeleine
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Re: "Troubles"

Message par madeleine »

Animal a écrit : Et en tout état de cause, il me semble profondément déraisonnable de voir un problème personnel dans la difficulté à s'adapter à un monde de fous.
certains regardent la vase au fond de l'étang,
d'autres contemplent la fleur de lotus à la surface de l'eau,
il s'agit d'un choix


Le Dalaï Lama

:-)

C'est vraiment la seule chose qu'on peut changer, en définitive : la manière dont on regarde, et la manière dont on agit, parfois. Le travail d'une vie.
J'avais essayé de te répondre plus en détail, mais finalement il n'est resté que ça, je n'ai jamais trouvé une autre façon d'avancer vers ma place dans ce monde.
Mais peut-être n'ai-je pas compris ce que tu cherches à démontrer :think:
le chemin est long et la pente est rude, oui, mais le mieux, c'est le chemin, parce que l'arrivée, c'est la même pour tout le monde... Aooouuuh yeaah...
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Re: "Troubles"

Message par Grabote »

madeleine a écrit :d'autres contemplent la fleur de lotus à la surface de l'eau,
Et la" grande sensibilité" permet de s'extasier devant toutes ses nuances, de se délecter de son parfum, de rêver au son du bruissement de ses feuilles ... de la contempler intensément et d'oublier un moment la vase du monRde humain. ;)

Avant j'habitais en ville.À la fin, il n'était pas rare que je pleure dans la rue, saturée par la souffrance que je sentais autour de moi.
Aujourd'hui, quand je sors, je me régénère dans un paysage mille fois parcouru.
Ma sensibilité amplifiée, c'est aussi un don pour ressentir la joie d'être simplement là, entre la terre et le ciel, avec les arbres et les oiseaux ... :ensoleillé:
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Re: "Troubles"

Message par frankb2000 »

Je suis d'accord avec le fait que les difficultés relationnelles que rencontrent beaucoup de surdoués ( mais pas tous ou plutôt, pas avec tout le monde ), d'ailleurs au terme "surdoué" je préfère HPI, sont en très grande partie dûes à l'incompréhension des autres, voire dans certains cas, la jalousie ou l'envie. Je pourrais en témoigner avec des dizaines d'exemples personnels, mais je ne pense pas que cela soit nécessaire, beaucoup de monde ici doit savoir de quoi je parle.
Quand un surdoué ne sait pas qu'il l'est, ne ressent son malaise qu'à travers des impressions diffuses, et finalement oscille entre "ça doit être moi le problème puisque je rencontre souvent les mêmes difficultés avec des gens différents" et "je ne peux pas me comporter autrement, je ne fais de tort à personne, je ne sais pas pourquoi j'ai ces difficultés mais je ne vois pas non plus ce que je pourrais changer". Nous avons tous connu ces états d'âme je suppose, alors certains veulent vraiment se battre et finissent chez un psy, d'autres s'enferment dans une "timidité" qui fleurte avec l'autisme, et quelques cas dévient vers des chemins plus sombres.
Moi personnellement j'ai fini chez un psy, 7 ans d'analyse, j'ai compris certaines des raisons ( mais pas toutes ) de mon malaise permanent, en particulier cette haute sensibilité et une intelligence différente de celle des autres, et notamment de celle des gens avec qui j'avais des difficultés.
Le temps a passé, bien sûr on n'est jamais irréprochable, j'ai donc étudié mon comportement à la loupe, et j'ai modifié les comportements qui pouvaient légitimement m'être reprochés, et d'ailleurs, d'une part je n'ai aucune difficulté à les reconnaître - parce que je ne nuis jamais aux autres sciemment- et d'autre part, je me sens beaucoup mieux aprés avoir identifié le problème et modifié mon comportement. Et je continue avec cette philosohie.
Ça a largement réduit les conflits, sans pour autant les éliminer. Sauf qu'aujourd'hui, quand on me fait des reproches, ce sont toujours les mêmes :
"je suis solitaire, je me mets à part, je ne me mélange pas aux autres" ( en fait si mais je choisis qui et j'y vais pas à pas ) = je suis donc prétentieux....
"je ne dis pas les choses clairement " ( evidemment puisque si je les dis je vais toucher pile le point qui fâche, donc j'y vais soit en douceur, soit pas du tout ) = je suis donc hypocrite et sournois....
"je suis toujours dans les extrèmes, je m'attache à des détails sans importance" ( le tout n'étant que la somme des détails, je sourie toujours au "sans importance") = je suis un chieur, je surveille tout, je cherche la petite bête ( alors que c'est la petite bête qui s'impose à moi ;-) ),
et je passe sur les reproches que j'ai entendus mille fois sur le fait que : je vais trop vite ( parfois : donc je dois "tricher c'est pas possible"), je suis insolent ( quand je rectifie une erreur de mes supérieurs, ça déplait beaucoup, mais si je ne la rectifie pas, on me le reprochera aussi parce qu'on supposera que "bien sûr" je l'avais sûrement vue ), etc.

Bref, apres avoir fait mon introspection et changé ce qui devait l'être, pour le reste je reste qui je suis et je laisse les autres me reprocher tout ce qu'ils veulent me reprocher, ce ne seront toujours et encore que des impressions, des sentiments, ma personnalité, mes goûts, que sais-je encore, tant que personne ne me reproche des faits mais seulement des impressions, et que je n'ai pas envie de changer de comportement parce que c'est ce que je suis, alors je sais que je suis sans doute dans le vrai et ceux qui se plaigent, dans l'interprétation, donc sans doute dans l'erreur.

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Re: "Troubles"

Message par Animal »

Hors-sujet
Punaise, je finissais de vous répondre et mon ordi a planté, je suis contrarié contrarié. Grrrrrrr... tant pis, je recommence, espérant ne rien oublier.
Merci pour vos réponses :-) .
Mon sujet était trouble, en fait. :1cache:

Je m'interrogeais, donc, sur les limites d'une introspection ou remise en question judicieuse, me disant qu'il serait sans doute bien de tenter de "baliser" un peu mieux le travail à faire pour gagner en équilibre, histoire de gagner du temps, en résumé. Ayant moi-même passé une grande partie de ma vie à chercher des moyens efficaces d'avancer, je me disais que, peut-être, il devait être possible de faire un premier tri, pour éviter des voies infructueuses cruellement chronophages. J'ai pensé aussi, sans l'aborder directement, que les capacités à "décrypter", "décoder" (je ne trouve pas de terme plus approprié), pourraient sans doute être utilisées au sujet de l'esprit humain en général, bien que les sources vraiment fiables de décryptage en la matière (les plus efficaces, "justes", donc) me semblent assez rares, voire noyées dans une foule de solutions moyennes, voire médiocres.
madeleine a écrit :C'est vraiment la seule chose qu'on peut changer, en définitive : la manière dont on regarde, et la manière dont on agit, parfois. Le travail d'une vie.
Oui. Mais on ne commence à vraiment savoir vivre qu'après ce (long) travail sur soi, et la vie, c'est du temps...
Merci pour la citation du Dalaï Lama, je reconnais que là j'étais plutôt focalisé sur la vase, me demandant comment permettre à la fleur de lotus de s'épanouir plus facilement. Voilà qui m'éclaire sur ma motivation à écrire. :-)
madeleine a écrit :Mais peut-être n'ai-je pas compris ce que tu cherches à démontrer
Mon mode d'expression est sans doute trop démonstratif. Je cherchais à amener un questionnement que je sens monter en moi, sur la possibilité d'un cadre de recherche personnelle plus simple, plus adapté aux besoins des surdoués, qui respecterait leur sensibilité tout en regardant le monde auquel il faut s'adapter tel qu'il est.
Grabote a écrit :Ma sensibilité amplifiée, c'est aussi un don pour ressentir la joie d'être simplement là, entre la terre et le ciel, avec les arbres et les oiseaux ...
Tout à fait, je partage. :ensoleillé:
Ceci dit, que ne doit-on traverser comme difficultés avant d'en arriver à apprécier vraiment cela, parfois !
La vie en ville est assurément un enfer pour les personnes sensibles. La campagne dans laquelle j'ai grandi présentait quand même un contraste immense entre la beauté de la nature, et l'insensibilité (voire la méchanceté) des hommes. Seul dans les bois, à quelques pas du village, j'ai toujours ressenti cette joie. Mais au retour, l'ambiance était souvent pesante, pas très rassurante...

La fleur de lotus peut ravir l'esprit, mais quand on doit grandir dans un environnement (familial, social) plutôt "vaseux", il est parfois difficile de garder l'esprit contemplatif. Ceci n'est pas une plainte, mais la constatation d'une difficulté que j'imagine partagée, et qui peut allonger considérablement le chemin vers une "maturité équilibrée". Et c'est ce chemin, que j'imagine possible d'éclairer, pour tous ceux qui rament encore. Il m'aura fallu du temps, malgré la volonté et les efforts, pour commencer à voir le bout du tunnel, et je commence juste à entrevoir la possibilité d'une vie réellement épanouie, en fait. Je crois qu'il est possible que le monde nous envoie du bonheur quand l'esprit suit la bonne direction, toute la difficulté résidant dans le fait de la trouver auparavant. C'est là la question que je souhaitais aborder, en partant des troubles dans lesquels sont encore pris nombre d'entre nous.
frankb2000 a écrit :Nous avons tous connu ces états d'âme je suppose, alors certains veulent vraiment se battre et finissent chez un psy, d'autres s'enferment dans une "timidité" qui fleurte avec l'autisme, et quelques cas dévient vers des chemins plus sombres.
Hélas, oui, pour ces derniers. Mais tout en voulant se battre, avec la meilleure volonté, il peut arriver en même temps que les chemins plus sombres s'imposent malgré tout pour surnager, voire survivre. La chance de trouver un psy efficace m'a personnellement demandé une longue persévérance. Trop longue à mon goût, peut-être. La vie, c'est du temps, et comme le dit Madeleine, elle peut être prise par un travail qui n'offre la possibilité d'un vrai savoir-vivre que bien des années après l'avoir commencé.
frankb2000 a écrit :Bref, apres avoir fait mon introspection et changé ce qui devait l'être, pour le reste je reste qui je suis et je laisse les autres me reprocher tout ce qu'ils veulent me reprocher, ce ne seront toujours et encore que des impressions, des sentiments, ma personnalité, mes goûts, que sais-je encore, tant que personne ne me reproche des faits mais seulement des impressions, et que je n'ai pas envie de changer de comportement parce que c'est ce que je suis, alors je sais que je suis sans doute dans le vrai et ceux qui se plaigent, dans l'interprétation, donc sans doute dans l'erreur.
Cette façon d'aborder les choses est pour moi le fruit d'une maturité comportant une certaine assurance. Et c'est justement le temps nécessaire à cette maturation que j'imagine possible de réduire raisonnablement.

En fait, ma question serait peut-être : "Comment avancer sans perdre trop de temps ? Serait-il possible de produire une sorte de "guide pour surdoués" qui faciliterait la tâche ?" Sans prétendre donner des solutions aux troubles psy les plus profondément inscrits, bien sûr, mais en considérant ce que nous connaissons des difficultés à s'adapter, en présentant ce qui nous a réellement permis d'avancer, voire en mettant en garde contre des voies peu ou pas efficaces ?
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Re: "Troubles"

Message par Grabote »

Animal a écrit :en présentant ce qui nous a réellement permis d'avancer, voire en mettant en garde contre des voies peu ou pas efficaces ?
Ce que j'ai trouvé peu ou pas efficace (je préfère terminer avec le positif :ensoleillé: ):

La drogue, légale et illégale, même si ça peut aider ponctuellement.

Faire semblant, essayer de m'adapter. Je peux le faire et ça se voit pas (quand on est hypo-sensible ;) ) mais c'est juste pas tenable sur le long terme, même sur le moyen ...

Les psychothérapies que j'ai mené pendant plusieurs années.
D'abord avec une psychiatre (remboursée par la sécu) puis avec une psychothérapeute formée à "l'écoute active centrée sur la personne" de Carl Rogers, avec quelques autres aussi, moins longtemps psychiatre et psychologue hommes.
Ils sont TOUS passé à coté de deux éléments très importants dans mon tableau : le déni d'une agression subit à l'adolescence et, ben , ce qui fait que je suis ici.
Avec elles j'ai pu vider mon sac de mots et d'analyses, mais franchement, tant qu'il n'y avait que ma tête, ben, j'ai tourné en rond. C'est quand j'ai mis mon corps en mouvement que j'ai commencé à ... avancer :D
Je dirais pas que ça m'a servi à rien, ça m'a servi de soupape de sécurité, mais ça m'a pas aidé à
Animal a écrit :à entrevoir la possibilité d'une vie réellement épanouie
Ce qui m'a réellement permis d'avancer : suivre mon élan intérieur même lorsqu'il paraît impossible, irréaliste, déraisonnable ...

Déménager et créer une façon de vivre de plus en plus en accord avec moi même.
Le monde est vaste et (presque) tout est possible. Alors, plutôt que de chercher à m'adapter à un environnement toxique (familial, professionnel, social, physique ...) j'ai cherché, à tâtons, un ailleurs et un ... autrement.

Pratiquer le "mouvement sensoriel"* a été (et est toujours) un outil majeur de (re)connexion à moi-même, de connaissance et d'écoute de moi-même. Il me permet de me dégager peu à peu de l'emprise du passé, de choisir de porter mon attention sur le moment présent puis d'élaborer continuellement ce que j'appelle une intention générale pour l'avenir.

Oser aller vers les personnes qui m'attirent, même lorsque cela paraît impossible, irréaliste, déraisonnable ...
Je suis très souvent surprise par les chemins par lesquels les choses arrivent. De nombreuses avancées de ma vie sont liées à des rencontres et à la tournure improbable qu'elles ont prises.

Est ce que ça m'aurait fait gagner du temps de lire ça plus jeune ? Mystère...
Le diag, je pense que oui, très certainement.

Une douce pensée pour les trop nombreux
frankb2000 a écrit :quelques cas qui dévient vers des chemins plus sombres.
* le mouvement sensoriel, c'est une pratique issue de la Fasciathérapie ou Somato-psycho-pédagogie (et oui il fallait l'inventer ;-) qui ressemble au Tai chi : mouvement codifié, lenteur, répétition ...
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Re: "Troubles"

Message par Animal »

Grabote a écrit :D'abord avec une psychiatre (remboursée par la sécu) puis avec une psychothérapeute formée à "l'écoute active centrée sur la personne" de Carl Rogers, avec quelques autres aussi, moins longtemps psychiatre et psychologue hommes.
Ils sont TOUS passé à coté de deux éléments très importants dans mon tableau : le déni d'une agression subit à l'adolescence et, ben , ce qui fait que je suis ici.
Avec elles j'ai pu vider mon sac de mots et d'analyses, mais franchement, tant qu'il n'y avait que ma tête, ben, j'ai tourné en rond. C'est quand j'ai mis mon corps en mouvement que j'ai commencé à ... avancer
Je dirais pas que ça m'a servi à rien, ça m'a servi de soupape de sécurité
Je suis aussi passé par divers psys, analyste, thérapeute... et je suis bien d'accord sur le simple effet "soupape de sécurité".
Je suis néanmoins un peu surpris par le peu d'efficacité de l'ACP ("approche centrée sur la personne"), bien que cette qualité d'écoute ne m'ait été vraiment utile qu'alliée au Focusing, qui justement permet de travailler grâce au ressenti corporel, le corps étant le lieu où s'exprime l'émotion. C'est cette méthode thérapeutique qui m'a personnellement permis de réellement avancer vers un mieux-être durable. Honnêtement, j'ai trouvé ça magique.
Grabote a écrit :le mouvement sensoriel, c'est une pratique issue de la Fasciathérapie ou Somato-psycho-pédagogie (et oui il fallait l'inventer ;-) qui ressemble au Tai chi : mouvement codifié, lenteur, répétition ...
J'ai fait une année de Taï Chi, j'ai bien aimé. Merci, je ne connaissais pas le mouvement sensoriel, je vais me renseigner.
Grabote a écrit :Ce qui m'a réellement permis d'avancer : suivre mon élan intérieur même lorsqu'il paraît impossible, irréaliste, déraisonnable ...
[...]
Oser aller vers les personnes qui m'attirent, même lorsque cela paraît impossible, irréaliste, déraisonnable ...
Je suis très souvent surprise par les chemins par lesquels les choses arrivent. De nombreuses avancées de ma vie sont liées à des rencontres et à la tournure improbable qu'elles ont prises.
Voilà qui me parle, ô combien !
En lisant cela, je me rends compte qu'effectivement, c'est en suivant mon élan intérieur qu'arrivent par d'improbables chemins des choses qui me donnent vraiment la sensation de vivre.

Peut-être s'agit-il d'apprendre à se faire confiance, pour commencer, en cessant de
Grabote a écrit :Faire semblant, essayer de m'adapter. Je peux le faire et ça se voit pas (quand on est hypo-sensible ) mais c'est juste pas tenable sur le long terme, même sur le moyen ...
Il y a sans doute là une clé importante, pour pouvoir aller dans le "bon sens", c'est-à-dire suivre ce qui nous parle vraiment. Dans le fond, il s'agit d'aller progressivement vers un meilleur accord avec soi-même, une écoute, un respect de ce qui nous anime vraiment, sans lequel la confusion risque bel et bien de s'accroître...
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Re: "Troubles"

Message par Grabote »

Animal a écrit :Je suis néanmoins un peu surpris par le peu d'efficacité de l'ACP ("approche centrée sur la personne")
C'est malgré tout "l'école" que j'ai le plus apprécié.
J'ai lu il y a quelque temps une étude sur l' efficacité des différentes écoles psycho-thérapeutiques .
Ce que j'en ai retenu en conclusion, c'est qu'au delà des différences de méthodes, ce qui compte vraiment c'est la qualité de ce qui se passe dans la relation entre deux personnes uniques. ;)
Donc, mon conseil à celles et ceux qui s'engagent dans une psychothérapie : changez de thérapeute jusqu'à que vous sentiez que là, il se passe vraiment quelque chose .
Et quand on est hp, un psy hp, ça me paraît aujourd'hui indispensable. :D
Je crois bien que c'est ce qui m'a manqué à l'époque .
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Re: "Troubles"

Message par rawlings »

Après avoir lu attentivement vos posts deux fois (mon cerveau grippé ne m'aide pas en ce moment ;) ), j'ai toujours un sentiment de flou quant à la thématique abordée.

Une première remarque basée sur une simple observation, tous les répondants étant quadra (désolé Franck2000, j'ai arrondi ton age de 2 ans, je te prépare gentiment :D ), il m'apparait que le traitement de cette question requiert une certaine expérience de la vie, le parcours d'un certain cheminement.

J'ai l'impression que ce temps nécessaire correspond à la distinction entre ce qui relève de soi (personnalité, mode de fonctionnement propre...) et de notre interaction avec le monde. Pour savoir jusqu'où se remettre en question, encore faut-il connaitre ce qui nous constitue, ce que nous modifions / sacrifions pour interagir avec le "monde" et enfin en faire une mesure juste pour en mesurer l'intérêt.

Je crois que c'est cela le chemin dont parle Animal. Je ne vois pas clairement de moyen de généraliser cette connaissance, tant elle me parait personnelle par nature. Je pense également qu'elle se construit à un tempo particulier (question d'acceptabilité ?).

Pour repartir du premier post d'Animal, je ne me suis jamais reconnu dans la caractéristique d'hypersensibilité. Si je devais me définir, je dirais même que je pense être hypo-sensible. Pour autant, en replaçant l'argumentation sur un plan strictement intellectuel, je me retrouve exactement dans la même situation. L'absence de perception de la nuance par l'environnement m'a fait douté jusqu'à son existence (interrogation sur ma santé d'esprit, mais finalement tout va bien merci ;) ).

Au final, je crois que nous ne partageons pas simplement la même réalité subjectivement (ce qui est vrai pour tout un chacun), il y a un temps d'adaptation pour mesurer l'écart entre soi et le monde au niveau de cette perception.

En ce qui me concerne, je suis simplement au début de ce chemin, je découvre que les autres sont différents, ce qui me conforte dans ma "singularité" (moins besoin de me remettre en question puisque je n'ai pas "tort"). Alors effectivement, dans le cas de la douance, je pense que le diagnostic permet de comprendre cette différence, de l'objectiver et de s'appuyer dessus.

Si vous arrivez néanmoins à faire émerger une méthode synthétique et généralisable, je suis preneur :rofl: (et au passage je vous conseille de la breveter !).

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Re: "Troubles"

Message par Mei Citron »

Animal a écrit :Qu'importe, je vous la livre, incomplétude et imperfection pouvant la rendre plus succincte que mes habituels développements (et donc moins rébarbative), et sans doute plus ouverte à des point de vue différents, corrections et contradictions assurément enrichissantes.
Je m'y attelle donc.

Je voudrais ajouter une autre facette de la discussion suite à ce qui a été dit jusqu'ici.

En parlant d'injustice ressentie et de sensibilité vive, ou exacerbée, je vais aborder ça d'un point de vue plus pragmatique : le point de vue de ceux/celles qui s'engagent politiquement (bouarf ça tombe comme un gâteau fourré à la crème quand on a le ventre archi-plein) vers un idéal de justice/équité. Je pense "politiquement" dans le sens citoyen-civique, par lequel on fait partie d'associations, on marche dans des manifestations, on fait de la communication, et dans le sens militant.

Je pose quelques postulats (je suis persuadée sans preuve documentée mais je suis ouverte au débat) :
Beaucoup de personnes non HP ne voient pas ou n'acceptent pas de nuances mais sont très sensibles à une forme de justice. Beaucoup également voient/acceptent l'existence de nuances, dans un éventail plus ou moins grand.
Je pars aussi du postulat qu'un HP n'est pas forcément assoiffé de justice.
Des HP peuvent ne pas voir certaines nuances tant qu'ils/elles n'y sont pas confronté-e-s par les faits ou par les discussions, les relations et ce par une éducation et un environnement qui n'aboutissent pas à une émergence de ces points de vue nuancés.
L'accumulation de connaissances dans un domaine sujet aux polémiques peut déboucher à l'élaboration d'opinions nuancées dans ce domaine.

Par expérience, les personnes HP et non-HP sont potentiellement égales dans le sentiment d'engagement et les HP ne semblent pas être les seul-e-s hypersensibles engagé-e-s (j'ai lu dans divers travaux la confirmation que l'hypersensibilité n'était pas exclusive aux HP). Et HP ou pas, on peut être engagé dans des causes qui prônent une justice équitable.

Pour que les choses changent, il faut un grand groupe revendicateur, il faut du manichéisme, une révolte sous forme pacifique ou belliqueuse, une opinion arrêtée et forte qui fait office de substrat à la communication ; des conférences aux relais de paroles, de la manifestation urbaine au bataillon. Une opinion arrêtée et forte permet de s'opposer à la norme générale, il faut être "buté" (ou être dans un état temporairement buté) dans ses convictions, être inébranlable, stoïque face au courant normatif.

Un-e HP, même aux opinions nuancées, peut se ranger du côté des revendicateurs-trices, manifester, agir activement, et donc faire violence, car il/elle aura - je prétends - saisi le fonctionnement de la foule humaine (dissonance cognitive, effet de masse) : porter une opinion forte et répétée pour qu'elle soit entendue.

Je prétends compte tenu des événements historiques et de leurs mécaniques vis-à-vis des revendications de la classe ouvrière, de l'abolition de l'esclavage (notamment des Noirs), des revendications de la communauté noire (avec entre autres Malcom X et les Black Panthers), des revendications féministes pour les droits civiques des femmes et des revendications des homosexuel-le-s.
Et nous sommes arrivés à plus de justice, plus d'équité à la sortie de ces mouvements socio-politiques, même s'il reste encore des choses à améliorer et pas uniquement en Occident (surtout pas uniquement).
On parle désormais aussi des droits des animaux mais d'un point de vue anthrocentrique (j'en parlerai dans un autre topic dans ce thème). A distinguer d'anthropomorphisme.

D'un côté, les pensées nuancées sont importantes dans le sens où elles prennent en compte les intérêts opposés et sont nécessaires dans le sens où elles établissent un lieu d'entente par la compréhension des besoins et motivations des partis opposés. Mais d'un autre côté et dans une certaine mesure, les pensées nuancées sont aussi celles qui placent ni dans un camp ni dans un autre. Or la passivité vis-à-vis des camps est souvent synonyme de silence et ce silence cautionne généralement l'injustice étant donné que cette injustice est la norme.
Il m'est donc venu à l'esprit, écrit au début, qu'un-e HP n'est pas forcément assoiffé de justice, mais conçoit les choses différemment à sa manière. Ou alors rumine constamment. Et ce, tout comme une personne non-HP.

Certaines personnes sont dans un état de combativité quel que soit leur âge et qu'importe à partir de quand et cet état est presque une composante majeure de leur personnalité (je n'exclus pas que pour d'autres ça n'est pas une composante majeure). Ces personnalités sont celles qui agissent pour espérer changer des facettes du monde - certaines réussissent au prix de sacrifices -, HP ou pas, et ce sont des personnalités qui ne trouvent de sens à leur vie qu'en étant en perpétuelle confrontation pour atteindre un idéal, en rébellion systémique et systématique.
Il y a également la notion d'ennui (un des ennemis de l'humain) qui rentre en jeu, le fait d'agir pour un idéal permet aisément de chasser l'ennui, mais c'est un sujet qui a trait à la philosophie.
Animal a écrit :Le's individus ayant les plus hauts taux de réussite sont donc ceux qui sont le plus attentifs, le plus réceptifs, à de fines nuances.
-> Que veux-tu dire par "réussite" ? Réussite scolaire ou - compte tenu de la perception de nuances issue d'une accumulation d'informations/connaissances préalablement triées - réussite personnelle et ponctuelle ? Réussite dans sa rébellion ?

Parfois, c'est justement cette sensibilité vive ou hypersensibilité qui nous donne la pulsion d'agir concrètement, au-delà de la "passion pour les nuances". Là où certain-e-s (personnes non-HP et même HP car il se peut que celles-ci ne soient pas encore exposées à des données - plus ou moins solides - de comparaison) s'arrêtent à des extrêmes ou des opinions arrêtées sans assez de nuances et agissent, d'autres perçoivent les nuances les plus larges et vont au-delà des nuances pour agir concrètement. Et au-delà de celles-ci, il y a ce que j'appelle le noyau dur de la révolte, la cause "purifiée" de tout débris (propagande, influences internes et externes, etc): le distillat cristallisé.
Et cet état d'esprit (et le discours) ne souffre d'aucune faille pour la personne en rébellion.
Animal a écrit :il s'agit de comprendre un monde qui pose problème par sa rudesse, cette dernière étant justement le fruit d'un manque cruel de nuance d'esprit de la part de la majorité. Ce qui est le plus commun, le plus partagé, oriente sûrement les mouvements, l'histoire des groupes humains.
Ne serait-ce pas plutôt cette grande capacité de nuances qui fait qu'on ne veuille concrètement rien changer au final et qu'on s'adapte volontairement ou involontairement à la majorité ? Et si cette majorité disséminait justement des personnes qui ont autant de pensées nuancées que les personnes minoritaires et revendicatrices ?

Toutefois, j'irais au-delà de mes pensées nuancées. (Petite phrase plus bas en gras)
Animal a écrit :Selon moi, les "troubles", les difficultés rencontrées par les gens les plus intelligents, ne sont pas liés à leur intelligence, mais bien plutôt aux limites d'une moyenne commune qui produit manifestement les troubles de l'humanité toute entière, les guerres et toutes les violences, qui marquent le manque cruel de nuance dans la relation à l'environnement, aux autres, au monde. La capacité à se remettre en question dépendant du recul dont est capable l'individu sur sa propre condition, sur sa situation, l'individu intelligent aura naturellement tendance, dans le but de s'adapter à ce monde de brutes, à chercher en lui-même ce qui cloche, le commun semblant s'accommoder plus aisément que lui des malheureuses circonstances auxquelles il participe sans trop se poser de questions.
Je pense qu'on peut aussi bien remettre en question l'ordre établi par sa propre violence (pléonasme, soit dit en passant) que se remettre soi-même en question de manière successive ou dans le même temps et ce, dans divers buts incluant l'adaptation, le souci de se faire comprendre, choisir le meilleur moyen d'agir en fonction de [...] ou au détriment de [...], etc.

On agirait avant, pendant et après la perception de plus de nuances et on agirait différemment selon l'étape de cheminement dans laquelle on se trouve.

Certes on veut rarement en imposer pour de nobles desseins (imposer pour s'affirmer et briller en société au dépens d'autrui) mais certain-e-s exposent et imposent malgré eux/elles d'une autre manière ; il y a des réalités difficiles à accepter, non vécues mais qui forcent la réflexion, que ces personnes là exposent. Et ces réalités exposées deviennent des visions d'une réalité violentes et imposées à l'auditoire, une réflexion imposée, une remise en question imposée.
Faire violence non pas physiquement mais structurellement.
Vas-tu donc développer des mécanismes de défense dissuasifs face à une personne qui, sensible ou HP, t'expose des réalités crues et argumentées à souhait qui remettent en question ta position dans l'univers ?

Je conclurais mon pavé par ceci :
Animal a écrit :La sensibilité à l'injustice me semble naturelle.
"In the end, human beings are not entirely guilty - they did not start history. Nor are they wholly innocent - they continue it."
Albert Camus, feat. Mei Chrys

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savonnette
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Re: "Troubles"

Message par savonnette »

A propos de la gestion des différences et de l'injustice ambiante, un auteur donnait comme conseil d'essayer de mettre à profit sensibilité et empathie pour comprendre le point de vue, la personnalité, la vérité propre à chaque "ennemi".

L'idée c'est un peu que chaque difficulté dans les relations à autrui peut être transformé en l'opportunité de comprendre un point de vue différent, d'élaborer une stratégie pour y faire face, rediriger le débat, et au passage s'enrichir ! Le tout sans violence.

Réflexion plus personnelle : tant que cette approche est dans un but bienveillant c'est bien, le travers c'est qu'avec de mauvaises intentions ça fait furieusement penser à de la perversion (mais c'est un autre sujet).

Puis dit comme ça ça a l'air beau, un peu philo de comptoir, mais depuis quelque temps j'essaie et ça marche pas si mal.

(l'auteur en question : Valérie Foussier)

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