À quand remonte votre sentiment de décalage, de différence...

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Nyx
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par Nyx »

Ouah on est plusieurs en fait
C'est marrant de voir qu'on est plusieurs à avoir vécu ça ^^
doodle a écrit :Pareil aussi.
Non mais c'est fou !

Sauf que moi je me rends bien compte que je suis devenu adulte. Et encore heureux en étant papa. Mais je crois que je sais encore bien comprendre les deux. Je suis bilingue, si on veut.
Je pense que quand on devient parent on est obligés de devenir adulte quelque part, parce que même si on comprend les enfants, on est le parent de quelqu'un. Et je pense que c'est cool pour ta fille, parce que même si tu ne la comprends pas toujours (pas encore), tu comprends quand même qu'elle essaye de dire quelque chose et ne t'inquiète pas, ça va justement la pousser à développer son vocabulaire, pour arriver à se faire comprendre. Et je pense que bientôt la barrière de la langue va passer et là tu pourra comprendre de mieux en mieux ce qu'elle veut dire.
Enfin j'imagine en tout cas. Tu es un cas intéressant : je me suis toujours demandée comment je serais en tant que parent. Moi, ou quelqu'un d'autre parce que je ne savais pas que d'autres avaient mon "super-pouvoir" ^^
Je me disais que peut être le fait d'être bien compris par ses parents va pousser l'enfant à développer sa pensée, se sentir soutenu etc. Alors j'espère que ça t'arrivera, pas juste pour confirmer ma théorie, mais parce que ça doit être génial de sentir que ton enfant se sent compris et peut continuer s'exprimer :)
Je n'aurai pas d'enfants avant un moment alors c'est intéressant de voir quelqu'un qui a un peu la même histoire dans le rôle du papa.
Avec mon père je jouais à faire des maths quand j'étais petite, je me souviens une fois il m'avait appris à compter de 5 en 5, je ne sais plus quel age j'avais, j'étais à la maternelle je crois, et il a appelé ma mère pour lui montrer, il était tout content et ma mère nous a regardés d'un air amusé "mais qu'est-ce qu'il fait faire à notre fille?". Mais c'était le seul sujet où on s'entendait, et quand le jeu que j'aimais bien s'est transformé en devoirs pour l'école tournés de façon compliquée qui m'a valu quelques mauvaises notes, notre seul sujet d'entente s'est transformé en conflit. Depuis, on ne s'est plus vraiment parlés...
Kliban a écrit : C'est comme si je perdais ma consistance d'adulte, je crois. Je pourrais faire les mêmes conneries sans y penser. Alors il y a un bout de moi qui reste très "il faut préserver la structure voulue par les parents" (surtout quand ce sont les enfants de mon frère, qui a certaines façons de faire quant à l'éducation de ses fils) et une autre du genre "oh et si on se mettait de la peinture plein les mains et qu'on allait faire des dessins avec sur les murs de la chambre des parents ?"
Moi aussi c'est exactement ça, pendant un instant je suis dans l'univers de l'enfant, et à ce moment là je vois le parent avec des yeux d'enfants avant de me rappeler que je suis du mauvais côté. Un peu difficile à expliquer, mais je considère les enfants comme notre égal, et je n'aime pas voir les adultes les rabaisser en leur parlant comme à des débiles. Enfin ça m'est égal en fait, mais je n'arrive pas à entrer dans le jeu des adultes "ah la la les enfants, ils font n'importe quoi", quand je vois ça je me dis "ah ces adultes qui ne comprennent rien...". Mais je me tais et je fais semblant d'être une adulte parce que c'est à ça que je ressemble :p

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Tipiak
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par Tipiak »

Hors-sujet
Quelques messages précédents font diverger la discussion vers les souvenirs d'enfance, le décalage et l'incompréhension parent-enfant. Cette discussion se poursuit ici : Décalage, imcompréhension des adultes : souvenirs d'enfance, afin de ne pas altérer ce sujet-ci.
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Elaïs
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par Elaïs »

Puis-je tout de même répondre si je dis que je ne me souviens pas de quand date mon sentiment de décalage?

Rien que de vous lire me fait me sentir en décalage d'ailleurs :)

Je n'ai que très peu de souvenirs d'enfance, mon psy m'a demandé une fois quelle petite fille j'étais.pioufff, mystère: Je me suis rendue compte que je n'en savais rien.

Je crois que j'ai tout le temps du me sentir décalée mais je me disais que tout le monde ressentais cela, du coup, si tout le monde ressent le décalage, alors, je ne suis pas décalée!. Vous voyez ce que je veux dire ? :)

Bref, je crois que je peux tout de même dire que dès la première année de maternelle, je me suis sentie décalée, sauf que je ne m'en souviens plus, et tire cette conclusion du fait que ma mère m'a racontée que j'ai fais une dépréssion lors de mon entrée à l'école.

PS: mon fils me demande toujours pourquoi aussi, j'avais mis cela sur le compte de l'âge. Depuis que je sais pour moi, c'est vrai que j'entends "Comment "à la place de pourquoi et du coup, j'adapte.

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Tipiak
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par Tipiak »

Elaïs a écrit :Puis-je tout de même répondre si je dis que je ne me souviens pas de quand date mon sentiment de décalage?

Rien que de vous lire me fait me sentir en décalage d'ailleurs :)

[...]

Je crois que j'ai tout le temps du me sentir décalée mais je me disais que tout le monde ressentais cela, du coup, si tout le monde ressent le décalage, alors, je ne suis pas décalée!. Vous voyez ce que je veux dire ? :)

[...]
Bien sûr que tu peux répondre! :) y'a plein de gens qui n'ont pas donné de date précise avec le jour et l'heure et qui évoquent un "depuis toujours" :)

Quant au décalage, même ici en lisant les autres qui sont censés être plus proche de soi que le reste de la population... Ben écoute, si ça peut te rassurer, je l'ai ressenti aussi. (Et vécu comme un échec, mais bref, revenons à nos bergères..) Mais je me suis dit comme toi que tout le monde devait être dans ce cas, donc en résumé personne... Quelle importance au fond? Pourquoi ne pas se concentrer sur ce qui nous rends heureux?

Ce décalage existe, autant en faire une force et une richesse. Pleins de gens sont capables de s'adapter et d'avoir le sens de l'humour, alors le décalage n'est pas si grave...

Depuis toujours d'ailleurs, l'essentiel de mon humour se base là-dessus. Déjà enfant, je m'amusais en amusant les autres en faisant des trucs originaux, inattendus. Ce rôle de clown rendait mon décalage prévisible et acceptable, au point que je n'ai vraiment mis le doigts dessus qu'à l'adolescence, même si j'en avais une conscience vague auparavant.
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Sauvageonne
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par Sauvageonne »

Bonjour,
Je suis très touchée par vos témoignages...
Travaillant avec des personnes psychotiques, j'ai eu une formation sur le décalage:
Pourquoi disent-ils un pull pas bleu pour parler d'un pull vert?
Comment se décaler pour améliorer la communication entre eux et nous.

J'ai cru être la seule a comprendre le concept, les autres personnes demandaient plusieurs fois la définition et des exemples au formateur. Le décalage me suis même en formation dis-donc!
Et moi là dedans: Pourquoi j'arrive a me "décaler" volontairement pour soigner une personne souffrant de schizophrénie alors que je n'arrive pas à me "recaler" dans ma vie?

Maternelle:pas de souvenir...
Primaire: en avance sur la lecture mais sans plus, le version sociale prends plus d'intérêt et de forme après le CP.(le détail, mes parents détectent une oreille musicale chez moi)
Je fabrique des posters/exposés (à mon initiative alors que les autres ne le font pas) qui seront affichés en classe pour aide/mémoire aux autres élèves. Je suis en classe à double niveau et je réussi les exercices du niveau supérieur. Je me fais agressée par mes camarades pendant la recréation.
Je change d'école, on me surnomme l'intello, on se moque, on ne m'aime pas. Si j'avais pu, j'aurais bousillé mes notes pour m'intégrer mais la pression de mes parents était trop forte. Rejetée par les autres je me réfugie à la danse ou j'excelle.
Collège: je réussi le concours pour intégrer les classes études en danse. Je suis première en tout. Pas d'amies, moqueries, douleur, je ne comprends pas pourquoi. Je me fais remarquer par certains profs (anglais, espagnol, arts plastique) qui me trouvent différentes mais sans aller plus loin. Je fais une maquette sur la Finlande qui sera exposée au CDI, elle est magnifique, c'est pour un exposé, j'adore les exposés! J'adore l'histoire et le grec ancien, les dinausores, la biologie, les fossiles, pierres et minéraux... La seule a ne pas s'emmerder au musée. Je vais au club de lecture et d'échecs . Biensûr j'obtiens mon brevet haut la main.
Lycée: rien ne va plus avec mes parents et le système scolaire, je n'arrive pas à faire le choix d'orientation qui me correspond, j'ai peur de me planter. Je me révolte et je frôle l'échec scolaire. Je rebondis grâce à la danse et décroche mon bac technique de danse à 18ans.

Ensuite je fais une ellipse pour vous expliquer mon décalage à l'école d'infirmière. Les étudiantes me menaçaient si je posais des questions en cours. Sur une centaine de personnes les seules amies que j'avais profitaient de ma gentillesse pour que je les fasse réviser, mais je ne pouvais compter sur elles. Je n'allait pas aux cours pour travailler la musique et passer mes diplômes au conservatoire. En stage j'en savais trop, hautaine et pas à ma place d'étudiante, mes notes étaient moyennes. Une des rares à ne pas avoir de rattrapages, je foire mon diplôme sur mon mémoire trop lucide, pas assez langue de bois. Bref je m'écroule. Grace à certaines personnes bienveillantes (mes parents, je me représente au De et l'obtiens) ouf!

Au boulot je m'ennuie, je suis parano avec mes collègues, mes conversations sont banales pour faire plaisir. Je profite de mes congés pour faire des formations. Je suis super active pour oublier que je n'ai pas d'amis. Je suis en train de monter mon entreprise et reprends des études en parallèle en janvier. Je suis anti-télé. Je n'aime pas ne rien faire, c'est usant.
Mais en soirée je parle trop trop mais trop. Je n'a sais pas comment faire pour arrêter ça car les réactions sont violentes.

Merci de m'avoir lue

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Tipiak
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par Tipiak »

j'ai trouvé ça passionnant :)

Et quelque part, ton parcours me fait envie, même si on comprend bien qu'il y a des aspects dont tu aurais pu te passer...

j'ai l'impression que ce qui domine est ton incompréhension des réactions des autres, ça n'a pas du être facile. Et c'est peut-être un peu un cercle vicieux : décalage-incompréhension des autres-solitude-investissement des centres d'intérêt-majoration du décalage-....

D'un autre côté, être seul c'est être libre, et l'indépendance est une force, parfois pesante, mais une force quand même.
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Raphaël
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par Raphaël »

Je suis né à Libreville, Gabon, Afrique Équatorialle, un pays sans hiver, ni automne, ni printemps...

Ma mère, métisse de père blanc inconnu, a fuit la Guinée Équatorialle et la dictature de Macias Nguema avec ma grande demi-soeur sous le bras. À Libreville elle a rencontré mon père, un français qui travaillait dans la construction. J'étais un enfant choyé par ma mère et ma grande sœur, mon père travaillait beaucoup.

Je n'ai que très peu de souvenirs de ce temps là, quelques scènes, quelques photographies mentales, rien de solide. Je sais juste que le jardin d'enfant ça ne me réussissait pas, et que j'en revenais épuisé. Avec du recul, je pense que la présence de tous ces machins qui braillent qui courent et qui crient dans tous les sens ne me convenait pas du tout. J'étais quelqu'un de prudent, de calme et d'introverti, je jouais sans rien casser, très appliqué à créer des scénarios semblables à ce qui passait à la TV (X-Or, Musclor, ce genre de choses). La preuve en est, je n'ai presque pas de cicatrices datant de l'enfance! (Ce qui, au pays de l'été éternel, est un tour de force!)

Puis ma mère a quitté mon père, et celui-ci est retourné en France. Ma mère disait de moi que j'avais l'air de tout savoir, ce qui, pour quelqu'un qui n'a fait que deux ans d'école et pour qui le français est sa quatrième langue n'a rien de très surprenant. Ce décalage n'aidait pas, ma mère ne comprenait rien de ce qui pouvait bien se passer à l'école...

L'apprentissage de la lecture fut pour moi une aubaine formidable! L'occasion de découvrir plein de nouvelles histoires et de nouveaux univers. Contes, légendes, mythologies, puis Jules Vernes, et ensuite une glissade vers la science-fiction, l'héroïc fantasy et l'horreur fantastique. À l'école primaire j'avais un faible pour les gros volumes à couverture rigide, c'était très utile pour frapper les malheureux qui osaient interrompre ma lecture. Quant à l'école, si je comprenais tout de suite, c'était tant mieux, sinon c'était tant pis. Les cours étaient longs, chiants, inintéressants, je voulais revenir à mon bouquin ou à ma console de jeu. Fatalement, j'ai redoublé quelque classes... Je m'animais parfois quand le sujet m'intéresse, "capable du meilleur comme du pire".

Quelques copains un peu plus brillants et charismatiques que les autres savaient me faire sortir de mon mutisme et discuter avec moi. Une fois la communication engagée je deviens une vraie pipelette! Quelques amis ont pu partager certains de mes passe-temps, les jeux-vidéos ou le dessin quelques temps, avec de passer à autre chose.

À 14 ans, la révolution, je découvre en même temps les jeux de rôles et les guitares saturées, hard-rock/métal. Deux frangins de 18 et 22 ans me prennent sous leur aile, je pille leur bibliothèque, apprends à jouer aux échecs, deviens fan de Metallica. Et surtout, les univers fictionnels prennent une dimension supplémentaire car je peux dorénavant les parcourir en groupe!

S'ensuivent des dépressions, l'âge adulte approche, des décisions d'orientation, je ne vois que désillusions et obscurité. Je me sais incapable de suivre des études longues, incapable de faire un travail répétitif, et j'ai tout à fait raison. La situation empire, on m'envoie en France. Je me trouve des groupes de copains geeks :geek: et métalleux :rock: , et avec eux je me sens mieux, à défaut de me sentir bien. Je m'amuse, partage mes passions, crée des personnages, des univers, les anime comme quand j'étais petit enfant, les poils les potos et la bière en plus.

Les rôlistes sont des gens à la fois curieux et cultivés qui allient le goût des histoires (côté littéraire) à celui des systèmes de jeu (côté mathématique) et je suis absolument certain que c'est une population regroupant un nombre important de surdoués (de même, je pense que l'amour de la musique Métal est plus courant chez les 2% que chez les 98%).

Ayant foiré 10 ans de tentatives d'études, et me retrouvant dans une dépression sans précédent, ma mère me rappelle à Libreville où je travaille dans son restaurant depuis bientôt deux ans. Dire que je suis en décalage est en deçà de la réalité. J'ai un mille-feuille de degrés de décalage, je suis carrément dans une autre dimension! Pas de rôlistes ici, les geeks sont sous-alimentés en culture, limitant leur curiosité qu'à quelques canaux. Le gros de la population est homophobe et pour le retour de la peine de mort (abolie en 2011). Les librairies sont maigres et odieusement chères. Les métalleux inexistants, et les musiques locales me fatiguent quand elles ne me hérissent pas le poil. J'ai retrouvé mon introversion, mon écran est ma fenêtre sur ce que j'aime et me fait vivre...

Voilà, je fais donc partie de ceux qui se sentent en décalage depuis toujours, mais pas d'avec tout le monde. Ceux qui partagent mes goûts et mes passions sont mes frères, et ce même si certains sont plus lents à réfléchir que moi et que d'autres de mes amis (entre 4 et 6 surdoués à Rouen à vue de nez). Les autres ce sont des gens que je côtoie de façon plus ou moins heureuse. Mais s'ils ne partagent pas une de mes passions, ils ne sauront jamais qui je suis vraiment...
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Sauvageonne
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par Sauvageonne »

Tipiak a écrit :j'ai trouvé ça passionnant :)

Et quelque part, ton parcours me fait envie, même si on comprend bien qu'il y a des aspects dont tu aurais pu te passer...

j'ai l'impression que ce qui domine est ton incompréhension des réactions des autres, ça n'a pas du être facile. Et c'est peut-être un peu un cercle vicieux : décalage-incompréhension des autres-solitude-investissement des centres d'intérêt-majoration du décalage-....

D'un autre côté, être seul c'est être libre, et l'indépendance est une force, parfois pesante, mais une force quand même.
Ce qui m'a sauvée c'est d'avoir trouvé un mari qui me soutenait et me comprenait, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans lui!hihi!

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Aluan
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par Aluan »

Tu as de la chance, Sauvageonne, d'avoir un mari qui te soutient. Le mien s'est moqué de moi lorsque je lui ai parlé de ma recherche autour de la surdouance... enfin bref.

Pour ma part, mon sentiment de décalage remonte à l'école maternelle: Je ne m'intéressais pas du tout aux jeux des autres enfants, et plus tard à leurs sujets de conversation. Je faisais tout de même semblant de m'y intéresser histoire d'avoir une vie sociale.

Plus précisément, je me souviens de quelques anecdotes en particulier qui m'ont marquées:

1) J'étais au collège, j'avais 11 ans. En cours de français nous devions préparer un exposé oral sur une oeuvre tirée au sort. J'étais tombée sur Les caractères de La Bruyère. A la fin de mon exposé, le professeur me donne ma note: 16/20. Il me dit que c'était très bien mais qu'il m'avait enlevé deux points car je n'avais pas adapté ma façon de parler au public à qui je m'adressais. Mon langage était trop soutenu pour un public collégien. Pardon? Mais qui suis-je moi, sinon une collégienne? Le fait de perdre deux points pour cette raison que je ne comprenais pas m'a bien marqué sur le coup.

2) Toujours au collège, à 13 ans, le professeur de français (un autre) avait organisé des débats argumentatifs autour de sujets tirés au sort. Je suis tombée sur le sujet "Pour ou contre la guerre en Irak", et devait défendre la thèse "pour". J'ai remporté le débat. Le cours d'après, je suis arrivée en retard en classe. Avant d'entrer, la porte étant entrouverte, je pouvais entendre le professeur en train de discuter avec ses élèves... sur moi. Il leur expliquait que ma façon de m'exprimer n'était pas bizarre mais simplement plus adulte, et que ce n'était pas à moi de changer mon niveau de langage mais à eux d'essayer d'améliorer le leur. Ce petit débat en classe autour de ma façon de parler, alors qu'à mes yeux je m'exprimais le plus normalement possible, m'a encore une fois surpris et mis mal à l'aise.

Ceci dit j'ai trouvé une explication logique qui a vite dissipé mon malaise:
- Je parle "comme dans un livre" (pour reprendre les mots de mes camarades) car je lis énormément
- Je lis énormément car les autres occupations ont aucun intérêt
- Les autres occupations ont aucun intérêt car de toute façon je n'ai pas le droit de m'y intéresser (interdiction parentale de regarder la TV, d'écouter la radio, de sortir avec des garçons, de sortir tout court etc.) comme je n'ai pas le droit de m'y intéresser, je m'auto-persuade qu'ils n'ont aucun intérêt.

Conclusion: Ce décalage est tout à fait logique et explicable, je suis une fille normale avec une éducation bizarre.

Et voilà, l'explication du décalage était là, et d'ailleurs c'est celle que j'ai gardé jusqu'à ce que le soupçon du HP s'incruste dans mon introspection. Les tests diront ce qu'il en est.
(A noter qu'aujourd'hui adulte je m'exprime tout à fait normalement par rapport aux autres adultes.)

Autre petite anecdote:

3) Toujours au collège, en histoire-géo. Le cours ne devait pas m'intéresser outre mesure car j'étais en pleine conversation avec ma voisine deux rangs plus en avant. Soudain la professeur me pose LA question qui tue: "Répète-moi ce que je viens de dire ?!!" Sur le coup, blanc total... puis d'un coup, tout me vient, c'était un cours sur l'OTAN, les différentes organisations internationales etc. et je me souvenais de tout ce qu'elle avait dit alors que je n'avais rien écouté. Je lui ai tout débité, dates comprises. J'étais bien fière de moi surtout lorsque j'ai vu sa mine dépitée "bon...bien... évite quand même de discuter pendant mon cours". A la fin de la classe, la prof me retient et me demande: "Tu parlais bien à Jennifer tout à l'heure?" "Ben... oui" "Et pourtant tu as bien retenu ce que j'ai dis?" "Ben... oui" "Comment as-tu fais?" "Ben...je sais pas, c'est mon subconscient qui a du enregistrer !" Logique.

Voilà, voilà :mrgreen:
"Yes, I'm alone, but I'm alone and free"

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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par Sauvageonne »

Oh je me reconnais ! C'est vrai que ça met mal à l'aise. Moi je culpabilisais surtout de trouver ça valorisant...

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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par Kliban »

Wow Raphael.

A nos histoires, peu en commun.
Mais à la mienne appartient que la tienne me touche
plus que je ne saurais te dire - ce qui te fait la jambe belle, assurément.

Signe de reconnaissance, de loin.

Getting mute - émotion, tout ça.
► Afficher le texte
De main gauche à main droite, le flux des savoirs - en mes nuits, le règne du sans-sommeil - en mon coeur, ah, if only!, le sans-pourquoi des roses.

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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par Louise »

A vrai dire, j'aimerais bien qu'on pose cette question à des gens ailleurs sur la courbe de Gauss. Je me demande dans quelle mesure c'est pas à peu près tout le monde qui se sent/s'est senti différent ou décalé.

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altima
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par altima »

Louise a écrit :A vrai dire, j'aimerais bien qu'on pose cette question à des gens ailleurs sur la courbe de Gauss. Je me demande dans quelle mesure c'est pas à peu près tout le monde qui se sent/s'est senti différent ou décalé.
Pareil, je pense que ça doit faire partie d'un phénomène psychologique/inconscient normal, que tout le monde ressent.
A mon avis, le décalage pose surtout problème dans sa fréquence et son intensité, le fameux "trop" du surdoué.
J'imagine que vous comme moi, vous vous êtes entendu répondre à votre malaise que "oh mais moi aussi, parfois je me sens pas bien, pas comme les autres, c'est pas grave blablablaaaaa". :roll:
Tout est question de dosage.
Sur la perception qu'on pense que les autres ont de soi, le décalage etc, je suppose qu'il y a ici des gens calés sur la question qui sauront donner des réponses. :)

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Calypso
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par Calypso »

A mon tour,

Décalage depuis toujours, ou en tout cas depuis mes premiers souvenirs.
- Décalage dès la maternelle, sachant lire, écrire, compter à 4 ans, forcément on n'a pas la même vision des choses que ses petits camarades.
- En CP, gros ennui, j'étais dans une petite école avec plusieurs niveaux dans la même classe, alors je suivais les cours des CE1 que je comprenais plus vite qu'eux, je me suis vite abstenue de participer, vu leurs regards furieux quand je savais avant eux.
Le reste du primaire, normal et agréable, considérée comme une bonne élève avec des bonnes notes, et de bons rapports avec les autres, même si j'étais un peu "madame je sais tout" mes camarades me le pardonnaient bien, pas de rejet.
- Au collège, c'est pas les cours qui me posaient problème, mais le relationnel par contre est devenu compliqué. J'ai réellement commencé à connaitre l'ennui, le décalage dans les intérêts, les questionnements, les problématiques. Début de mal-être, de névroses, mais élève correcte, bonne élève encore même.
- Au lycée c'est le cataclysme, rien ne va plus, je vais mal, plus aucun effort en cours et avec les autres c'est une catastrophe. Je ne comprends plus rien, je ne contrôle plus mes émotions qu'on me reproche. Je tente tout, le mimétisme, mais ça sonne faux. L'hyper-contrôle mais on me considère comme insensible. Les conversations m'ennuient, je décroche systématiquement ce qui énerve beaucoup. Mon humour dérange (trop noir). Mes troubles (alimentaire, phobie, relationnel, rapport à mon corps...) s'accentuent devenant invivables. Je suis considérée comme "bizarre".
- Auxbeaux arts : du mieux, je rencontre des personnes avec qui je peux communiquer, qui me comprennent, ne me jugent pas. Un soulagement. Le décalage est ceci dit plus prononcé avec les autres du fait de la filière (c'est normal que tu sois bizarre, t'es une artiste). Pratique et libérateur d'un côté, cet a priori, mais si on veut être pris au sérieux, on oublie.
- Aujourd'hui : secrétaire dans un hôpital, j'ai pas les "bonnes" pensées, le "bon" humour, les "bonnes" réactions. Mais mon relationnel est bien meilleur, je ne suis plus en souffrance. J'assume peut être d'avantage mon côté "pas normal" et j'en joue, ça aide je pense. Mais j'aimerais comprendre quand même ce serait plus commode que de croire qu'on a un "pet au casque".
Louise a écrit :Pareil, je pense que ça doit faire partie d'un phénomène psychologique/inconscient normal, que tout le monde ressent.
A mon avis, le décalage pose surtout problème dans sa fréquence et son intensité, le fameux "trop" du surdoué.
Oui je pense aussi que c'est une question de dosage et que tout le monde se sent un peu différent mais il y a aussi la bonne et la mauvaise foi. Parce quand on nous balance sans arrêt du "t'es pas normale", "t'es bizarre" et que quand on essaye de faire comprendre qu'on a du mal à comprendre, qu'on se sent seul, etc, j'ai généralement du "bah oui comme tout le monde!" on a envie de dire "ben faut savoir, je suis normale ou anormale, décide toi quoi"

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Sauvageonne
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par Sauvageonne »

Alors je vois que l'idée des classes à l'école en rose t'amuse, si ça devient une légende de base je serai fière d'avoir lancée l'idée haha
Sinon je me pose la question du lien entre décalage et discrimination, je m'explique :
Il ne faut surtout pas dire qu'on est surdoué au risque de passer pour discriminant vis à vis des 98 autres pourcents de la population, par contre on se doit d'accepter d'en prendre plein la g****** parcequ'on ne réagi pas pareil, va plus vite, pose trop de questions, est super émotif et j'en passe. On constate qu'on dérange par notre fonctionnement alors on se dit qu'on est en décalage . En fait je me pose la question de l'intolérance de ceux que ça dérange voire de la discrimination envers les surdoués qui crée le sentiment de décalage.

Je ne sais pas si je suis bien claire.

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Calypso
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par Calypso »

Ben le décalage vient d'abord à mon sens du fonctionnement différent.
Ceci dit c'est clair que le comportement des gens qui nous entourent est le réel déterminant.
Par exemple t'es dans un groupe d'amis, y a des incompréhensions et des problèmes de communication dus à cette différence. Après tu ne vas en prendre dans la gueule que si ces amis te font sentir cette différence, te la renvoient et n'essaye pas de comprendre. S'ils sont ouverts et s'intéressent à toi, ils vont au moins faire l'effort, ça ne résout pas réellement le problème de l'incompréhension mais ça enlève au moins le rejet, et cette discrimination dont tu parles.

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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par Sauvageonne »

Il faut que je creuse la question car le schéma est souvent le suivant:
-réaction décalée
-rejet des autres
-acceptation de la différence de certains plus ouverts d'esprit
-paranoïa de ma part qui garde en mémoire la violence du rejet

Suis-je une éternelle insatisfaite ou quoi?
Ceci dit ton explication se tient! Il faut que je revoie ma copie

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Calypso
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par Calypso »

Ouai enfin je suis moi même une éternelle insatisfaite.
Mais récemment j'ai remarqué qu'en effet, même sans être complètement comprise, avoir des personnes ouvertes, qui s'intéressent, essayent de comprendre, c'est déjà énorme. Le décalage c'est pas tant la différence en elle même en fin de compte, c'est plutôt l'incompréhension au final.
Et avoir des personnes qui acceptent nos différences, ça encourage les discussions, et confiance aidant on peut s'expliquer et comprendre des choses sur soi au passage en plus, du coup on est mieux compris.
Mais ça demande de l'énergie et de pas se planter de personnes et de moment sinon ...

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W4x
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par W4x »

Je ne saisis pas trop le lien avec l'insatisfaction... une attente par rapport aux autres?
Sauvageonne a écrit :Il faut que je creuse la question car le schéma est souvent le suivant:
-réaction décalée
-rejet des autres
-acceptation de la différence de certains plus ouverts d'esprit
-paranoïa de ma part qui garde en mémoire la violence du rejet
Souvent mais pas exclusivement, quoique cela semble être le schéma majoritaire par ici. D'ailleurs c'est transposable aux personnes situées à l'opposé de la courbe.
Personne d'autre n'a pensé pendant longtemps que c'étaient les autres qui étaient décalés? J'ai l'idée que ce peut être le cas tant que l'on se sent bien avec ça, que l'on ne subit pas de rejet ou d'échec, et que le questionnement s'inverse et se retourne vers soi dès que ça commence à aller mal.
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pixelvois
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par pixelvois »

Quand j'ai ouvert ce topic-question ( presque deux ans :1cache: ), mes interrogations autour de la douance étaient toutes fraîches : à peine testé, et contre toutes ( mes ) attentes qui plus est ^^... Et je continue de lire les interventions de chacun avec intérêt même si ce questionnement est devenu caduque pour moi depuis : j'ai pu assez rapidement constater que dans l'ensemble nous avions à peu près tous traversé les mêmes impressions de décalage. Ressenti ou réel, la question du départ ne s'y attachait pas particulièrement, et c'est pour cela que dans le titre j'avais évoqué le « sentiment de ». Or, en effet, dans ce sens, il peut potentiellement concerner tout le monde, quel que soit sa position sur l'échelle de Gauss. Pourtant, le titre sous-entend aussi que ce ressentit est durable, pour ne pas dire systématique, et profond, ce qui n'est peut-être pas le cas de ceux qui ne sont pas aux extrêmes de la courbe ( tu as raison Louise : ça vaudrait le coup de poser une question approchante à un panel plus large; mais où et dans quel cadre ? )...
Calypso a écrit :Le décalage c'est pas tant la différence en elle même en fin de compte, c'est plutôt l'incompréhension au final.
Je ne suis pas sûr : on s'arrange nécessairement pour évoluer tôt ou tard au sein de groupes de personnes, qui sans nous enlever nos différences, partagent suffisamment de point communs pour permettre la compréhension au moins sur certains plans, et ainsi la possibilité de tolérance là où subsistent des décalages avérés... Le fait même de se sentir décalé, différent, marginal, peu ou prou rejeté, pouvant ( cela a été le cas pour moi ), être le support d'une première reconnaissance... L'incompréhension, comme les différences, il en restera toujours ^^ !
W4x a écrit :Personne d'autre n'a pensé pendant longtemps que c'étaient les autres qui étaient décalés? J'ai l'idée que ce peut être le cas tant que l'on se sent bien avec ça, que l'on ne subit pas de rejet ou d'échec, et que le questionnement s'inverse et se retourne vers soi dès que ça commence à aller mal.

Bonnet blanc, et blanc bonnet :P
« sentiment de décalage » introduit une nuance face à « sentiment d'être décalé », où le sujet reste relatif : que ce soit moi qui me sente décalé, ou que je pense que les autres sont décalés ( en réalité, il me semble impossible de déterminer l'un plus que l'autre objectivement ), le « sentiment de décalage » est bien là ( à défaut de pouvoir affirmer que le décalage existe bel et bien )...

En revanche, il est fort possible que si l'on va bien, on ait beaucoup moins ce sentiment qui s'exprime, ce questionnement qui se pose. Sinon, le fait d'appliquer le décalage à soi ou aux autres me semblerait beaucoup plus lié à une histoire de confiance en soi : j'en manque, c'est donc moi qui ne suis pas normal, différent, décalé; j'en ai largement, c'est donc les autres qui ne sont pas conformes :P ... Bref : globalement la population surdouée ayant pour caractéristique le doute, entraînant une certaine forme d'humilité, il m'apparaît assez logique que généralement nous imputions à nous même ce décalage plutôt qu'aux autres :wasntme:
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Aluan
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par Aluan »

Je me rends compte en lisant vos messages que beaucoup ont souffert de rejet lié à ce sentiment de décalage. Je reviens donc un peu sur le lien entre rejet - souffrance et sentiment de décalage.

De mon côté, on me faisait bien sentir que j'avais une personnalité "originale", mais en jonglant à travers mes différents "costumes" de personnalités différentes, en construisant un mur autour de mes émotions, et en usant de manipulation (oui, j'ai presque honte, mais c'est l'instinct de survie) je n'ai pas tellement souffert du rejet au final... la solitude est réellement venue après, lors de mes études, car je n'arrivais plus à user de ces stratagèmes.

J'avais aussi cette conviction a priori paradoxale d'être à la fois différente mais tout à fait normale: J'ai grandi avec un retard de croissance de deux-trois ans. J'étais donc très petite pour mon âge, toute maigre, et pas du tout développée physiquement (pas facile à vivre lorsque toutes tes camarades ont déjà un corps de femme) Le pédiatre m'avait expliqué que j'allais grandir, mais plus tard que les autres. Je voyais mon décalage mental de la même façon: J'ai grandi "trop vite" dans ma tête, mais bientôt mes camarades allaient me rattraper, et je pourrai alors tout partager avec eux, ça allait être trop cool ! Donc j'avais réellement l'idée que ce mal-être n'allait être que provisoire. Je pense que ces réflexions m'ont conforté dans l'idée que j'étais normale, que j'avais juste grandi en avance dans ma tête, comme il est possible de grandir en retard dans son corps...

-> Ce décalage, est-ce que vous l'imputiez à votre personnalité, votre intelligence, qui serait "bizarre", ou est-ce que comme moi vous pensiez à un décalage ponctuel et banal, facilement explicable?
-> La souffrance liée à ce sentiment de décalage, était-elle présente de part ses conséquences directes (peur du rejet des autres, sentiment d’incompréhension, de solitude, etc.) ou plutôt par le fait que vous vous sentiez "bizarre" dans votre individualité, personnalité? (et donc peur de soi, sentiment d'insécurité etc.)

Je ne sais pas si ce que j'ai écris est clair, j'espère que vous verrez où je veux en venir...
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par Mlle Rose »

Si on se met à développer ça ici, ça va faire un gros HS. Il faut chercher si le sujet n'a pas déjà été abordé (il me semble que si mais je peux me tromper) ou alors en créer un.
Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. E. de la Boétie
NB : Je ne réponds pas aux questions perso en mp, je manque cruellement de temps pour ça et déteste répondre aux gens à l'arrache. Donc... merci d'éviter :f:

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Aluan
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par Aluan »

Oups :oops: Entschuldigung !
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par FeverDream »

Ça fait toujours du bien de lire ce genre de témoignages. Merci pour le topic!

Pour ma part, le sentiment de différence/décalage remonte aussi loin que je m'en souvienne, c'est à dire, je crois, la maternelle.

Déjà, je n'ai jamais compris pourquoi on nous forçait à dormir. J'étais incapable de le faire, et je m'ennuyais, je ne comprenais pas. J'observais tout le monde dormir tranquillement et je me sentais coupable de ne pas en faire autant, comme une règle à laquelle je désobéis.
Ensuite, j'étais toujours seule à la récréation (maternelle ou CP, la limite devient flou pour moi). J'étais assise par terre à observer les autres enfants. Je n'arrivais pas à m'intéresser à leur jeux, je ne comprenais pas pourquoi il trouvait ça amusant. Mais ce n'était pas que je les méprisais, ces enfants, c'est que je ne me comprenais pas moi-même, je ne savais pas pourquoi je n'arrivai pas à faire comme eux, pourquoi je n'avais pas d'ami.
De même, j'avais, je pense, une très bonne capacité d'analyse car je pouvais anticiper des évènements, je comprenais des choses que les autres (pas même ma famille), ne comprenaient.

Du coup je me suis faites deux théories sur ma différence, sur mon décalage, parce que je voulais trouver une réponse (faut voir à quel point ça me hantait). La première consistait à, ce que j'ai lu plus tard dans la philosophie, au solipsisme: je suis la seule réalité et le monde extérieur est une représentation. Mais j'imaginais aussi que d'autres personnes étaient dans mon cas et avaient leur propre monde, leur propre représentation. Leur monde serait alors complètement différent du mien. La deuxième, c'était que j'étais un ange envoyé secrètement par Dieu (vive l'imagination), et que pour cette raison, les autres ne pouvaient pas reconnaître ma singularité, que je ne pouvais pas être comme les autres, et j'imaginais alors que, peut-être, d'autres anges secrets vivaient quelque part dans le monde. Ces théories me soulageaient en quelque sorte, je me sentais moins seule.

Sinon effectivement j'ai senti cette différence tout au long de ma vie jusqu'à aujourd'hui. La goutte d'eau qui a fait débordé le vase étant au lycée, lorsque j'avais la désagréable sensation d'être la seule personne lucide sur la situation (sans narcissisme) et que tous les autres étaient lobotomisés, comme le personnage d'un livre qui se rend compte qu'il n'est pas libre et qui regarde ses compères se faire manipuler. J'ai craqué, je me suis levée en plein cours, et je n'ai plus jamais remis les pieds dans une école (phobie scolaire). Pour le moment.

saliaskim
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par saliaskim »

Ce topic fait du bien à lire.

Je pense aussi que tout le monde se sent en décalage un jour ou l'autre, HQI ou non. Mais que ce n'est pas le même type de décalage. Pour ma part je le ressens presque tous les jours: je dois faire un effort pour m'adapter à mes collègues, qui n'arrivent pas à suivre mes idées dans les concepts par exemple. Je dois faire un effort dans mon expression orale parce que j'ai tendance à sauter des mots ou des idées ou des notions qui me semblent claires. Le côté vicieux c'est que je remarque que j'ai tendance à ralentir le rythme pour me mettre dans la moyenne. Je prends du retard sur mes dossiers en traînant au café, que je rattrape en quelques heures sur un coup de collier. Je sors des présentations qui me paraissent moyennes, et qui semblent complètes à mes supérieurs...
Avant ma psychothérapie j'avais tendance à me mettre en colère rapidement à cause de la frustration de ne pas être compris. Je devais parler avec des mots qui sont lents à exprimer, quand mes idées coulent sans contrainte. Pendant ces colères je me regardais moi-même, comme si j'étais posé sur mon épaule.
J'ai beaucoup d'exemples sur tout mon parcours scolaire. Par exemple au collège, une amie vient me voir, j'étais calme, assis sur un banc quand mes copains chahutaient. Elle me demande "pourquoi t'es pas comme les autres ?", de la façon la plus sincère qui puisse. Cette phrase m'a toujours suivi depuis

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