À quand remonte votre sentiment de décalage, de différence...

Cette section est ouverte à tous les membres : elle doit permettre un partage d'expériences autour des problématiques liées à la découverte de la douance.
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Scott Yoon
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Scott Yoon »

Bonjour, je viens mettre mon petit grain de sel mais rassurez-vous ça pique pas !
Moi ça fait seulement deux semaines que j'ai compris qui j'étais, par hasard j'ai écouté une conférence de Monique de Kermadec sur Youtube ( je cherchais à comprendre autre chose ) et puis sa description on aurait cru qu'elle me connaissait. Alors j'ai approfondi parce que ça fait six décennies que je cherche pourquoi j'ai des soucis rerlationnels tout en étant très pratiquable et avec d'immenses ressources créatives, plein de compétences dans tous les domaines artistiques, depuis toujours, de façon " naturelle ". ( Evidemment par exemple la musique j'ai étudié chaque instrument longuement ) " Il n'y a pas de secret : il faut travailler même si on a des facilités.
Enfin bref, sinon mon sentiment de décalage remonte à 62 ans, quand j'ai commencé à me sentir mal à l'aise avec ma soeur, ou plutôt l'inverse, car j'avais des jeux, à deux ans, de réflexion, et elle aimait surtout le chahut et hurler et sauter partout et moi elle m'emmerdait, ma soeur, ça s'est accentué au fil des années, elle m'a détesté depuis toujours et pourtant je suis très gentil. Donc pour répondre à la question : ça fait plus de soixante ans que j'ai le sentiment de différence, et en plus c'était criant que j'étais pas comme les autres mais je me suis toujours trouvé normal, sauf que j'ai jamais pu être accepté dans aucun groupe en tous cas pas longtemps et je ne claque pas la porte comme ça par lubie, juste parce que je " sens " qu'on ne m'apprécie pas et en plus on me rogne les ailes. Voilà.

carpediem636
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par carpediem636 »

Bonjour tout le monde

La découverte de mon côté n'a pas été directe mais plutôt définie par ma maitresse de petite section maternelle.

Cette dame qui, je m'en souviens encore, avait en permanence un énorme chignon qui l'année durant a maintenu le mystère sur la réelle longueur de ses cheveux, s'évertuait à expliquer aux enfants de ma classe que les bébés naissaient dans des choux et des roses selon qu'ils étaient garçons ou filles... Moi, avec l'innocence de mes 3 ans, je lui ai rétorqué qu'elle disait n'importe quoi et j'ai tenté une explication qui m'a valu la convocation de mes parents (furieux) à qui la maitresse a dit approximativement (c'était il y a 42 ans, j'ai un peu oublié les termes exacts) : "votre enfant connaît beaucoup trop de choses pour son age, elle traumatise les autres enfants (rien que ça :o ) il va falloir lui apprendre à se taire ! "
Autant dire que ça n'a pas fonctionné immédiatement, j'ai récolté des "bavarde trop" sur mes carnets de notes jusqu'en CM2 :D
2 ans plus tard, en fin de grande section maternelle, la maitresse avait suggéré à mes parents de me faire sauter le CP parce que je savais déjà lire et faire tout ce qu'on attendait d'une enfant de CP, mais je n'ai pas voulu, je me sentais déjà trop différente des enfants de mon age, je ne pensais pas mieux m'en sortir avec des enfants plus âgés.
J'ai eu la chance d'avoir une enseignante merveilleuse en CP (Me Poirette) qui a très vite compris mon fonctionnement et qui m'a confié "l'organisation de la bibliothèque" dans laquelle j'avais le droit de me réfugier dès que j'avais fini mes exercices, c'est à dire très rapidement après la distribution. Ce fut une année de bonheur pour moi.
Les années suivantes ont été un peu plus compliquées personnellement mais l'école reste pour moi le lieu des bons souvenirs :)
Par contre l'entrée au collège...dur dur le décalage, bonjour les années caméléons ! :)

Bonne journée et joyeuses fêtes à tous

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carine
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par carine »

Bonjour,

je ne me souviens pas vraiment de mes années à l'école maternelle ou primaire... je crois, que je ne me sentais pas vraiment différente à l'époque, j'avais un petit groupe d'amis durant toutes ces années.
Au collège, époque qui coïncide avec un long moment de déprime suite au décès d'un bébé dans ma famille proche, je me suis refermée sur moi-même et mise à la musique. De là, j'ai expliqué ma différence par le fait d'être musicienne "classique" et donc avec d'autres centres d'intérêts que les enfants du même âge. J'aimais me sentir différente, ça ne m'a pas vraiment posé de problème, même si je garde de mauvais souvenirs de mes années collèges.
J'ai changé de ville pour le lycée, voulant rester seule, dans mon coin, sans personne qui viennent m'embêter...
Finalement, dans un lycée avec beaucoup de musiciens et d'artistes (théâtre, dessin...) : être différent était normal !
Les années fac se sont bien passées, on me trouvait parfois bizarre mais j'étais bien intégrée, j'étais en couple, je ne me posais pas de questions, j'étudiais...
Depuis 22 ans, je me demande toujours quel est mon problème... mais trouve mille explications à ma différence et je me suis réfugiée dans le voyage et des déménagements réguliers pour cacher mes différences... A chaque fois de nouveaux amis, des excuses pour la famille (besoin de voyage)... mais je prends conscience que je fuis toujours qqch... Après plusieurs années avec les mêmes amis, je m'ennuie, je me lasse et j'ai besoin de changements! Et mes meilleurs amis, restent de très bons amis, justement car je ne les vois que rarement et donc nous avons toujours beaucoup de choses à dire...
On dit de moi que je suis qqn de compliqué et en même temps, je crois que mes aventures fascinent les autres.

En résumé, mon seul sentiment de décalage ressenti comme négatif c'est celui d'être incapable d'accepter la routine et donc de me poser ou même d'avoir une relation de couple stable... et je commence à en avoir envie. Jusque là, je voulais profiter et voyager avant de me poser et je ne me posais aucune question. aujourd'hui je me rends compte qu'en réalité je suis incapable de faire "comme tout le monde"...

Bon dimanche !

Demosthene
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Demosthene »

Je crois avoir vécu toute ma vie avec un sentiment de décalage. J'ai cherché à compenser, ça n'a pas bien fonctionné. Alors, et sur le conseil d une psychologue, j'ai cherché à être davantage en accord avec moi même, à gagner en cohérence : cela a mieux fonctionné du point de vue du regard d' autrui. Par contre je n'ai pas réussi à canaliser le sentiment de décalage. Qui ne s'est pas senti très seul au milieu d'un rassemblement "d'amis" ? Si n'a jamais eu, ou su vaincre cette impression de vide en étant avec les autres? Qui, enfin, ne s'est pas Senti immensément soulagé en se retrouvant enfin seule ? Ce que je cherche, c'est comment en finir avec ce comportement.

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Za
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Za »

Mais si tu admets toi-même que cela arrive à tout le monde, pourquoi vouloir "en finir" ?... N'est-ce pas une base de travail un peu extrême ?...
J'ai mis mon képi dans la cage
et je suis sorti avec l'oiseau sur la tête...
J. Prévert

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carine
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par carine »

Demosthene a écrit :Je crois avoir vécu toute ma vie avec un sentiment de décalage. J'ai cherché à compenser, ça n'a pas bien fonctionné. Alors, et sur le conseil d une psychologue, j'ai cherché à être davantage en accord avec moi même, à gagner en cohérence : cela a mieux fonctionné du point de vue du regard d' autrui. Par contre je n'ai pas réussi à canaliser le sentiment de décalage. Qui ne s'est pas senti très seul au milieu d'un rassemblement "d'amis" ? Si n'a jamais eu, ou su vaincre cette impression de vide en étant avec les autres? Qui, enfin, ne s'est pas Senti immensément soulagé en se retrouvant enfin seule ? Ce que je cherche, c'est comment en finir avec ce comportement.

Bonjour,

Pour ma part, je réagis souvent comme ça, mais avant la connaissance de la douance, cela ne me posait pas réellement de problème... En fait, je pensais que tout le monde ressentais ça.... je partais dans mes pensées en attendant la fin de la soirée... Je me disais juste que c'était leur conversation qui ne m'intéressait pas et n'avais aucun problème à décrocher pour penser. Ou je mettais ça sur le compte de la fatigue.. |-) AU vu de la douance, maintenant je comprends pourquoi je n'aime pas voir mes amis trop souvent.... en espaçant les rencontres, on a plus de choses à se raconter et c'est intéressant.... Je sais donc, que c'est inutile que je me force à les voir plus souvent (j'ai d'ailleurs toujours eu peur de rentrer en métropole, car les relations avec ma famille se passent beaucoup mieux en les voyant 2 fois/An, maintenant je sais pourquoi!)

Je ne sais pas si tu peux "en finir avec ce comportement"... tu peux trouver les solutions qui te conviennent : les voir moins souvent, rester moins longtemps, expliquer qu'être en société te fatigue et que tu aimes ta tranquillité... changer de pièce 5' pour prendre l'air... penser aux choses qui t'intéressent pour ne pas avoir le sentiment de perdre ton temps... et ne pas te forcer à y aller quand tu n'en as pas envie...
Qqs pistes... il doit y en avoir d'autres...
Bonne journée

Différente
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Différente »

Demosthene a écrit :Je crois avoir vécu toute ma vie avec un sentiment de décalage. J'ai cherché à compenser, ça n'a pas bien fonctionné. Alors, et sur le conseil d une psychologue, j'ai cherché à être davantage en accord avec moi même, à gagner en cohérence : cela a mieux fonctionné du point de vue du regard d' autrui. Par contre je n'ai pas réussi à canaliser le sentiment de décalage.
J'ai toujours vécu avec ce sentiment de décalage mais je n'ai jamais cherché à le compenser. J'ai toujours essayé de m'écouter, d'être en accord avec moi même, en commençant par prendre en main mes études et ma vie professionnelle depuis le lycée. Oui j'aurai pu être médecin mais ce n'est pas ce que j'avais envie de faire. Alors j'ai étudié les animaux, les végétaux en long, en large et en travers puis j'ai fait de l'ingénierie chimique et alimentaire pour terminer sur l'environnement. Je suis passée par quatre facultés différentes, j'ai découvert quatre villes différentes et quatre univers différents. J'ai savouré toutes ces connaissances que l'on m'a apporté !

Vivre MA vie avec mes convictions et mes valeurs, c'est ce qui me permet de canaliser ce décalage. Ajoute à cela le sport, ma bouffée d'oxygène. Lorsque je ressens ce décalage ça se traduit souvent par de l'énervement, envers les autres, envers le monde, qui monte en moi et que je garde parce que souvent je me tais et ne dis rien. Toute cette énergie je la relâche dans le sport, et HEUREUSEMENT. Non seulement, ça me décompresse, je libère tout, ça me vide le corps et l'esprit, mais souvent ça me permet de dépasser mes limites, c'est tout gagner. Il faut trouver des activités, des passions, dans lesquelles se réfugier.
Demosthene a écrit :Qui ne s'est pas senti très seul au milieu d'un rassemblement "d'amis" ? Si n'a jamais eu, ou su vaincre cette impression de vide en étant avec les autres?
Seule oui, très seule non, pas avec mes amis. Ils sont peu nombreux mais "bien choisis" si je peux me permettre de parler ainsi. Je leur fais confiance, ce sont des personnes avec qui je partage beaucoup de choses (sont-ils HP ? pour certains c'est possible). Et j'ai des connaissances, qui ne savent rien sur moi, je ne me confie jamais a eux, c'est ma façon de me protéger et de garder le contrôle, ça n'empêche pas que je passe d'agréables moments avec eux.
Demosthene a écrit :Qui, enfin, ne s'est pas Senti immensément soulagé en se retrouvant enfin seule ?
J'aime la solitude mais j'ai besoin des autres et j'espère trouver quelqu'un avec qui partager ma vie. Je me suis fait violence à 25ans en me lançant dans un sport collectif, je ne regrette rien.
Demosthene a écrit :Ce que je cherche, c'est comment en finir avec ce comportement.
Dans mon cas, c'est répondre à mes besoins qui me permet de trouver un équilibre. J'ai besoin de vivre MA vie donc je suis mes envies, mes valeurs, mes convictions et je me bâts pour obtenir ce que je veux. Ce n'est pas tous les jours facile, mais ainsi est la vie. J'ai besoin de me surpasser alors je me lance constamment des défis et j'ai plein de projets en tête (par exemple, je songe acheter une maison où l'intérieur et l'extérieur sont à refaire, ça occupera mes soirées et mes weekends lorsque je serais professionnellement stable). J'ai besoin de libérer la colère liée au décalage que je ressens alors je fais du sport, etc.

Bon courage.
HQI-TSA

« Je me heurte parfois à une telle incompréhension de la part de mes contemporains qu'un épouvantable doute m'étreint : suis-je bien de cette planète ? Et si oui, cela ne prouve-t-il pas qu'eux sont d'ailleurs ? » - Pierre Desproges

Demosthene
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Demosthene »

Hors-sujet
Hélas, j'ai réalisé ce que vous mentionnez :
- je vous peu mon entourage, familiale ou amicale,
- j'ai fait du sport en compétition (triathlon et marathon) durant de nombreuses années
- j'ai changé plusieurs fois d'activités, que ce soit loisir ou pro, au gré de mes appétits et de mes exigences de réalisation personnelle
- j'ai cultivé plusieurs réseau associatif ou professionnel, sachant que c'était mon maillon faible

Au final, je comprends que j'ai juste essayé de compenser, de donner le change, de satisfaire aux divers engagements que je dois satisfaire ... et au final, je constate que je ne n'ai rien résolu.

Choupinne
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Choupinne »

Pour moi c'est plus ou moins tout les jours en continu pendant ma formation en informatique. Quand on a le droit à un exercice, je le fait, ça marche, et je sors la tête de mon ordi pour voir les autres (qui sont loin d'être cons, on est tous ingénieurs) qui galèrent sur tout un tas de problèmes que j'ai résolu facilement.

Dans les projets en groupe, quasi systématiquement je m'occupe de ma partie, puis vais aider les autres à faire la leur.

Rien de bien grave, je ne me plaint pas, et personne ne me fait chier avec ça (j'essaie de rester aussi discret que possible, et me la ramène jamais quand ça a trait à mes "facilités"). Mais j'ai quand même une espèce de gêne en permanence quand je vois les autres buter sur des concepts qui me paraissent presque évident. Mon seul moyen de balayer cette gêne, c'est de me dire que après tout j'ai pas choisi, et j'ai bien morflé a cause des effets secondaires de la ###sempiternelle allégorie de l'hippocampe écervelé###. J'essaie autant que possible d'en faire quelque chose de bien, et d'aider les autres, pour me "racheter" quelque part ?

Et puis, aujourd'hui, la cerise sur le gâteau (qui m'a fait beaucoup rire :') ), les évaluations individuelles : je me retrouve avec la pire note en travail. Motif : "tu as du potentiel, mais tu pourrais faire encore mieux". Ben oui, ça fait déjà plusieurs semaines que je ne me cache même plus devant le formateur quand je fais du tétris ^^'

C'est l'histoire de ma vie, des profs qui se désolent parce qu'en bossant je pourrais faire plus. Ben ouais, peut-être, mais pourquoi faire ? Entre 12 de moyenne, et 16 de moyenne avec une heure de jeu en moins le soir, j'aime autant avoir juste ce qu'il faut pour avoir mon diplôme ! Certains disent "branleur", mais non, je place juste mes efforts la ou ils sont utiles !
"Il me fallait une bonne citation à mettre en signature, mais j'ai rien trouvé de sympa..."
- Choupinne

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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Bulle d'o »

Amusant ce topic, je ne le connaissais pas. Amusant aussi, car "décalée", je ne me suis pas sentie avant environ une trentaine d'année et pourtant :

j'ai été une enfant seule en primaire (et première de la classe sur toute cette période donc ça met "seul"), une ado singulière, une jeune adulte qui dérangeait les autres et à qui on pouvait le renvoyer pleine poire mais.....

...malgré cela, ça n'est que quand j'ai été sure de mon expérience professionnelle et d'une certaine qualité de mon exercice, que j'ai commencé à me dire que "peut-être, étais-je "décalée".
Pourquoi? car avant, être zarb, ça me paraissait normal et je me disais qu'un jour moi aussi, je deviendrais "à l'aise", je pensais juste être "maladroite"/"better me in progress".

:)
"Je ne communique pas mes jugements, je ne suis pas un donneur de leçons, l'observation du monde ne suscite chez moi qu'un dialogue intérieur, un interminable dialogue avec moi-même."

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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par yokainoshima »

C'est marrant parce qu'à y réfléchir, je ne suis pas sure que je me sente moi en décalage. Je me contente de ... vivre. En revanche, ma façon d'être on me l'a souvent renvoyée à la figure et pas toujours en bien. J'ai souvent eu l'étiquette de la rebelle, solitaire, revêche, introvertie etc.

Ces derniers temps j'essaie de comprendre le pourquoi de certaines réactions et je vais d'étonnement en étonnement.

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albavega
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par albavega »

Pour moi, je pense que le déclic a eu lieu entre 12 et 15 ans. Je n'étais pas un bon élève ,hormis en arts plastique, analyse de texte ,lecture et rédaction. Mais je me rendais compte que j'arrivais à analyser des textes qui était souvent vu comme "pas de mon âge''. Je me posais des questions sur l'histoire tel qu'on nous l'enseignait, et mes questions ne trouvaient pas leur réponse.


Au final, le décalage aussi bien dans ma façon de penser que dans ma façon d'être avec les gens de mon âge se faisait de plus en plus sentir. Par conséquent, afin d'éviter l'isolement, j'avais l'impression de devoir me mettre à leur ''niveau''. Je rigolais bien, mais je m'ennuyais ferme et personnes autour de moi ne comprenais que je puisse lire Spinoza,Nietzsche ou m'intéresse à Goya ou Miro.


Ce qui a achevé de faire penser aux autres que j'étais un mec stupide, c'est que j'ai raté mon brevet et mon parcours scolaire fut chaotique alors qu'eux suivait un cursus normal et sans accidents.


Hors, vers mes 17 ans, j'ai rencontré celle qui est devenu mon épouse et donc son père . Un homme avec un niveau de connaissances que je n'avais jamais vu et je me suis rendu compte que j'arrivais à suivre sa conversation , à argumenté face à lui. J'ai aussi rencontré un autre homme qui m'a appris et expliqué aussi d'autre chose sur lesquelles je me questionnais. Tout cela m'a prouver que je n'étais pas plus bête que les autres ,mais que ma façon de penser et de réfléchir était juste différente.
La vie est un souffle, alors profite de chaque vent...

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Modafinil
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Modafinil »

En ce qui me concerne, c'est plus 1 sentiment de différence qu'un sentiment de décalage.
J'ai peu de souvenirs d'enfance, mais je sais que je me suis toujours sentie différente. Je l'ai longtemps mal vécu, parce-que les autres se sont toujours appliqués à bien me faire comprendre que je n'étais pas comme eux (les enfants peuvent être cruels c'est comme ça). C'est sans doute à l'origine de ma misanthropie.
Cela dit, je n'étais pas une enfant solitaire puisque j'avais des amis : j'ai eu la chance de rencontrer d'autres enfants "différents" selon les critères du collectif, et aussi des "normaux" (toujours selon ces mêmes critères) qui n'ont pas eu peur du jugement de la meute (c'est comme ça que je vois "les gens').
J'ai été une enfant très sociable, devenue de plus en plus "sauvage" en grandissant (ça c'est le terme utilisé par mes parents) pour finalement être cet adulte que je pense serein et équilibré mais qui est incapable de comprendre et de faire face à la meute.
J'ai compris et accepté les raisons de cette "différence" (narcolepsie et hp), c'est 1 fait : je suis comme ça et je ne vois pas pourquoi je devrais faire semblant d'être ordinaire (comprendre "normal") alors que je suis extra-ordinaire (en dehors de la norme). Quelques consensus cependant : dire bonjour même si je ne le pense pas (j'ai d'ailleurs trouvé d'autres façons polies de saluer sans être hypocrite), dire aurevoir, dire merci... Et puis sourire quand il faut, regarder les gens dans les yeux quand ils me parlent (alors que je pense à tout autre chose pour ne pas m'endormir), etc.
Alors j'ai quelques surnoms amusants qui reflètent assez bien la façon dont je suis perçue par la meute (Dr House, Pti Larousse, IBM, Forest, et même Saylormoon ou Marie-Foufelle que seuls les chtis peuvent comprendre). Mais je me surprends parfois à les revendiquer car enfin si je n'en fais clairement pas partie, je suis reconnue par elle telle que je suis.
Et pour mon fils, qui a 14 ans aujourd'hui, le déclic a été le bilan Wisc vers 8-10 ans. Il a pu mettre une explication face à son malaise vis-à-vis des autres et il a trouvé ses propres solutions (après divers essais infructueux voire catastrophiques). Et lui n'a qu'un seul surnom pour l'instant : 42 (que j'ai compris très récemment).
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Petitsmartin »

Et bien moi ce sont plus les autres qui me font remarquer ma « différence ». Le nombre de proches qui m’ont dit une fois que l’on se connaissait bien « au départ je te trouvais très hautaine, finalement tu es quelqu’un de simple »
Mouais je n’ai pas l’impression de prendre les gens de haut, bien au contraire j’ai un énorme manque de confiance en moi. Mais force est de constater que c’est l’image que je dois renvoyer car on me la sortie à plusieurs reprises.

Après si on parle de mon enfance/jeunesse, ma mère ayant eu deux cancers, j’ai mûri un peu plus vite que la moyenne, ce qui fait que je n’avais pas forcément les mêmes délires que les personnes de mon âge.
Enfin en conclusion malgré l’énergie dépensée à essayer d’être comme les autres, c’est loupé.

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Chris De Nice
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Chris De Nice »

Je n'ai jamais ressenti un décalage, du moins quelque chose d'identifiable sous ce terme.
Un sentiment d'extériorité, très éthéré oui, une sensation indéfinissable, d'inconfort oui aussi, mais me sentir décalé, différent, jamais.
J'ai lu ici ailleurs des choses correspondant très exactement à ce que je vivais (aujourd'hui, après le diag récent, tout est totalement bousculé, je ne vis plus cela, je ne sais pas ce que je vis à vrai dire- trop frais sans doute), comme le fait d'être spectateur au beau milieu de mes amis (qui n'en sont plus d'ailleurs, le vide s'est propagé à une vitesse folle... j'abuse des parenthèses c'est une horreur), d'être là sans l'être, d'être parfois de trop, de ne pas pouvoir rentrer dans la ritournelle.
Je vivais ça seulement comme si j'étais trop peu intéressant pour les autres ou trop rabat-joie avec mes questions existentielles qui faisaient chier tout le monde. Un sentiment constant tout au long de ma vie.
Pourtant, avec la relecture, les signes ne manquaient pas. Mais je n'ai rien vu, rien capté, je pensais être normal (au sens de la norme), à trop vouloir l'être sans doute.
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Une seule personne m'a pointé un peu cette différence (pour le coup avant que je sache vraiment moi-même), mon responsable de service, en me disant ceci quelques mois avant le diag : "il y a un truc génial avec toi, que je n'ai jamais vu chez les autres, c'est que lorsqu'on discute avec toi, on a l'impression qu'il n'y a aucune limite". C'était juste après une énorme engueulade entre nous qui a bien failli me coûter mon job (encore une fois).
Des fois, il se passe de choses très cool, il suffit juste de les choper au vol. Il m'est avis que je dois aussi avoir des problèmes psychomoteurs.
"Je ponce donc j'essuie"
Didier Ducarton, ébéniste.

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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par wallcreeper »

Depuis le temps que je scrute ce topic du haut de mon arête, il est grand temps d'y fourrer un bec !
Oisillon comme volatile cherchant à être adulte, j'ai toujours eu ce sentiment, aussi loin que peuvent remonter mes souvenirs et le complément apporté par mes parents qui ont été tant en maternelle qu'en primaire majoritairement mes enseignants. L'oisillon des premiers temps était timide, emprunté, jusque qualifié de "dans les jupons de sa mère" sur son livret scolaire en fin de primaire. Les jeux de groupes souvent évités, les jeux de performance encore plus (sauf quand il fallait se creuser les méninges), et je papillonnais d'un groupe à un autre sans m'y intégrer, ne comprenant pas le dénigrement et les railleries des garçons lorsque je jouais à l'élastique avec les filles, le désintérêt général pour cette colonie de gendarmes au pied du tilleul.
Pas de vrais relations, il a fallu attendre la rencontre de 2 copains hors de l'école, de 3 ans mes ainés.
Un calvaire de sortir de ma petite zone de confort, là où les sorties scolaires et autres anniversaires étaient justes tolérables, l'oiseau perdait fiévreusement ses plumes à chaque perspective de voyage même accompagné de ses enseignants de parents, de devoir composer avec les autres loin de ses habitudes.
Collège et lycée accentuent cette sensation, celle de n'appartenir à aucun groupe, seul le ramage et les gentilles pitreries me sauvent de l'ennui et surtout de la solitude. Trop peu d'intérêts communs avec ceux qui m'entourent, impossible de partager autre chose que ce qu'il semble convenir de dire à cet âge, l'oiseau étant déjà une espèce spécialisée n'ayant d'attrait que pour la lecture, la politique et surtout la nature... Un petit cercle se créé malgré tout au fil des années de lycée, de ceux pour lesquels on ne peut avoir de doute quant à leurs capacités et partageant débats et échanges enflammés.
L'être du sexe opposé est un mystère pour moi, de cette incapacité à aborder, aucune capacité à gazouiller, le chant nuptial n'est pas mon fort.
La faculté se fit comme une traversée du désert, cette étape essentielle dans la migration d'avec soi même, sans mimétisme, avec seule bouée réelle un copain naturaliste en reprise d'études lors de la licence. Les seuls échanges avec mes professeurs de prédilection me passionnaient plus que mes collègues de promo, alors que les soirées étudiantes étaient soigneusement esquivées (en bio, on n'avait l'avantage de peu se soucier de ça :blond: ). Week-ends et vacances étaient réservés à ma passion, entre monts et étangs en journée avec mon pote ornitho, puis scrutant le ciel d'été comme hiver la nuit. Le début de ma vie professionnelle a été du même acabit.

Si l'oiseau jette un oeil sur la vie qu'il a survolée, il s'est toujours senti en décalage, pas à l'écart mis à part celui qu'il se créait mais car ses centres d'intérêts divergeaient, mais acceptant et épousant sa singularité. En ai-je souffert ? Parfois oui, où je me demandais comment faire pour me comporter comme ceux qui seraient mes semblables, trouver ce plaisir facile de certains aspects de la vie, me fondre dans la masse de ce tout le monde. Mais en fait non, je n'en ai pas envie, pourquoi chercher à être un autre que soi, et on m'accepte tel que je suis... Ou pas ! Je pense avoir trouvé cet équilibre tant dans mon mode de vie que mon travail, me laissant le choix de ne pas me conformer, dans mon champ fourmillant de vie, et maitrisant les moments où je n'ai pas le choix, quand je dois en vendre le fruit...
Regardez-les passer ! Eux, ce sont les sauvages. Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts, Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages. J. Richepin

Bakura
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Bakura »

Le plus compliqué pour ma part c'est d'avoir constamment ce sentiment de décalage, de savoir qu'il y a quelque chose, mais ne pas savoir d'où ça vient. Mentalement ça joue vraiment des tours, on m'a toujours fait part que j'étais un peu différent, à ne jamais avoir les mêmes réactions que les autres, d'avoir une façon d'exprimer mes émotions un peu différente, le fait de rationaliser un peu tout à l'extrême, de paraître froid voire sans émotion, mais de ressentir les émotions des autres mais ne pas les comprendre. Et surtout, mon honnêteté souvent prit pour de la méchanceté.

En maternelle je savais déjà que j'étais différent, mais quand on est jeune en général on ne cherche pas à approfondir la chose, jusqu'à l'âge de 18 ans je pensais que tout le monde fonctionnait comme ça, après plusieurs dépressions, coupage de ponts avec ma famille et mes amis, je saturais, pensant être étrange, fou voire vraiment "dérangé". Je ne comprenais pas pourquoi les autres s'énervaient quand je leur donnais des conseils, quand je leur parlais avec honnêteté car je suis incapable de mentir, pourquoi ils avaient autant d’ego et avaient tant de difficultés à parler de leurs échecs ou défauts. En tant qu'enfant c'est horrible de n'avoir aucun repère et de ne as avoir de sentiments d'appartenances envers qui que ce soit. De s'éduquer et s'aider littéralement seul car les autres ne comprennent pas qu'on a des besoins différents, le besoin d'être seul de temps en temps pour se recharger, sans bruit, juste avec soi-même, le fait de refuser la discussion car on est épuisé. Les autres ne comprennent pas en général.

On devrait faire plus d'effort pour s'intégrer car on n'essaie pas, mais plus on essaie, plus on s'oublie, moins nous savons qui nous sommes (faux-self). On nous impose de s'adapter, c'est ce qu'on fait constamment alors que c'est nous qui avons besoin le plus de souplesse des autres.

Certains éprouvaient de la "jalousie", que je ne comprends pas,. Soi-disant j'aurais des facilités (les professeur(e)s étaient souvent en colère contre moi car j'avais l'air de faire le stricte minimum, le fameux touriste :D ) et que je réussirais tout ce que j'entreprends, que j'ai l'air arrogant voire défiant car je prendrais plaisir (selon eux) à remettre tout en question et à aller à contre-courant. De ne pas m'intéresser à leur discussion, de ne parler que quand je trouve que c'est nécessaire, n'aimant pas parler juste pour parler. Pourtant j'ai toujours été très ouvert d'esprit, très gentil, bienveillant, à l'écoute et à faire passer les autres avant moi.

Une amie faisait du dessin depuis enfant, j'aime les défis et elle aime les défis et pour rigoler je lui ai lancé un défi "si tu me laisses une semaine, je pourrais te rattraper". Je n'avais jamais dessiné avant ça et j'avais même honte de mes compétences de dessin que je pensais vraiment médiocres, je pensais dessiner comme un pied. Au final deux jours plus tard je reviens la voir et je l'ai vu dans son regard qu'elle était vraiment très en colère et dégoûtée, elle m'a dit "mais comment ça se fait que t'arrives à dessiner mieux que moi alors que t'as jamais pris de cours et que je fais ça depuis que je suis toute petite ? J'ai travaillé comme une dingue pour en arriver là et toi en deux jours tu me montres ça ?".

C'est vraiment arrivé en étude supérieure que j'ai eu le déclic, que ce soit au niveau des résultats ou de la façon d'être. J'avais des notes légèrement en deçà des autres, ils se moquaient de moi pour 1 ou 2 points de différences. J'me suis rendu compte cette année (deux ans pour réaliser ça pour vous montrer à quel point j'étais naïf), que les autres travaillaient énormément chez eux et qu'ils trichaient à tous les contrôles/partiels. Sauf que (ce n'est pas une fierté) je n'aime pas travailler et je ne trichais pas (fierté ça xD).

Après avoir assisté à des conférences sur ce qu'est un ###Charcutier-zingueur en reprise d’études ### et l'autisme en particulier, après m'être documenté comme un fou à en même oublier l'école. Après avoir écouté des témoignages, sans m'en rendre compte j'étais en larme, j'avais enfin trouvé ce qu'il me manquait, c'était une évidence pour moi ça ne pouvait pas être autre chose. Ce sentiment de libération intense, et cette colère contre tout le monde, une énorme colère car ils ont toujours minimiser ce que je disais/ressentais. Une colère parce qu'au final je ne suis pas fou et stupide, une colère car j'ai le droit d'être comme je suis et de m'accepter. J'ai le droit d'être DIFFÉRENT.

Comme toi Wallcreeper, je suis incapable de comprendre, le sexe opposé est un total mystère pour moi, je commence à me dire que je suis trop rationnel et que ça doit faire fuir ou que c'est totalement incompatible avec certaines femmes qui ont TENDANCE (attention les généralités!!) à plus développer le côté émotionnel que logique (l'un n'empêche pas l'autre évidemment). On me demande souvent des conseils car je vais droit au but, une amie m'avait parlé de ses soucis, je lui ai donc proposé des solutions concrètes. Plusieurs jours après, mon amie me dit qu'elle n'a finalement pas fait ce que je lui ai suggérais mais que j'avais raison selon elle. Mais elle se plaignait toujours de la situation, comme si elle ne cherchait pas à régler le problème mais plus à avoir quelqu'un à qui se confier, juste se confier. J'ai souvent constaté cela avec mes amies tout le long de ma vie (du haut de mes 20 ans :P ), elles ne demandent jamais des solutions mais elles veulent juste une oreille pour se confier. Je ne comprends pas ce mode de fonctionnement, si tu as un problème règle-le et ne le laisse pas traîner..
Comment distinguer le vrai du faux ?

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Brunehilde
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Brunehilde »

Je prends enfin le temps de poster ici, j'ai lu l'intégralité du post et je remercie vivement tous les collaborateurs. C'est riche de détails ;)

Je vais scinder mon message en deux, partie perso et partie reflexion, attention je me mets en mode "gros pavé"!
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Partie "reflexion globale" maintenant :

Je pense qu'il faut déjà différencier le sentiment de différence et le sentiment de décalage. Ce dernier me semble être plus péjoratif, en tout cas dans les témoignages de ce post. La différence bon, c'est là mais c'est pas hyper grave, par contre le décalage me semble plus source de solitude ou d'émotions négatives. C'est ce "plancher de verre" qui nous empêche de vivre les choses de la même manière que les autres.
Prenons les quolibets/insultes/blagues lourdes et/ou méchantes : je ne comprends pas pourquoi ça fait rire les gens, surtout quand c'est répétitif. Ça me parait débile en fait. Peut-être que c'est comme l'apprentissage d'une matière : pas la peine de répéter douze fois, j'ai compris la première fois, ça m'a fait rigoler, au pire je rigole un deuxième coup, après je trouve juste ça con. En fait 80% du temps je rigole en mode fake pour ne pas blesser les gens.
Et je ne parle même pas de ceux qui insistent car ils croient que je n'ai pas compris, genre en m'attrapant le bras pour être sûrs que je rigole... :violent:

Je me demande aussi si le fait d'avoir une meilleure mémoire ne nous permet pas justement de mieux comprendre les autres, quand je suis face à ma fille je me souviens de comment j'étais et de ce que je voulais enfant, et je me rends compte que beaucoup d'adultes semblent ne pas le savoir, ou ne plus s'en rappeler. En fait ils ne pensent pas à se mettre à leur place, ils sont en "monovision" en quelque sorte. Moi j'ai l'impression de pouvoir ré-enfiler mon habit de 5ans, douze ans ou 20 ans sans souci...
D'ailleurs le sentiment d'avoir tous les âges est courant chez moi, je parais moins, quand je parle j'ai l'air d'être plus, je peux m'entendre avec des personnes de tous les âges, rien à foutre... peu importe finalement de voir le nombre de bougies augmenter car la singularité de notre esprit est toujours là, la mémoire encore est vive sur les autres périodes de notre vie et nous permet en quelque sorte de les revivre.
Le côté "j'ai tel âge mon dieu" semble me glisser dessus, la vingtaine, le quart de siècle, la trentaine-que-t'es-plus-jeune, la quarantaine-que-tu-es-vieux-ça-y-est ? Rien à péter, et se dire qu'à telle période "charnière" il se passe ça ou ça, bof... Mon vécu et mes expériences sont bien plus importantes que le chiffre ;)

Comme l'a très bien souligné Louise, le rôle de l'environnement social est prépondérant, si la famille proche ne donne pas le soutien nécessaire et/ou la compréhension nécessaire pour résister face aux conventions sociales, je pense qu'on ne peut pas développer une bonne confiance en soi, et on se retrouve avec cette attitude paradoxale : on se "la pète" quand on dit ce qu'on pense même si c'est vrai, des fois même on se la pète vraiment tellement on en a marre qu'on ne nous écoute pas, on récolte une image de "vantard", or à l'intérieur on a aucune confiance en soi.

D'ailleurs c'est vrai pour toutes les personnes qui ont des problèmes de confiance en eux, ils se donnent une image à l'inverse de ce qu'ils sont, mais sans vraiment que leur entourage y croie.

Là où s'est plus compliqué pour nous c'est que les capacités sont quand même réelles et font quand même naître des jalousies, je pense que ça amplifie le phénomène, que ça le fait monter en épingle plus vite chez les autres, et que ça nous déstabilise encore plus :
1- j'ai des capacités :cheers:
2- oui mais ça énerve les autres :?
3- oui mais quand même j'ai raison :angel:
4- j'ai raison tu vas m'écouter oui ??? :tronco:
5- tant pis je fais comme eux j'exagère mes compétences comme ça ils vont m'écouter :roll:
6- bon là en fait ils me regardent encore pire qu'avant... :(

Les gens acceptent mal qu'on vante des qualités réelles (à mon avis un problème très français). Déjà qu'on les a, on va pas leur jeter à la figure en plus ! Et quand on exprime notre manque de confiance, le fameux " non mais en fait j'ai tout foiré", c'est pris pour de la fausse modestie de mauvais goût (alors qu'on le pense vraiment car on est focalisé sur nos défauts et on comprend pas qu'on détonne).

Et on se retrouve avec la fameuse "sous-périorité" développé par pixelvois ici

Et puis la pression sociale s’accentue avec le temps, quand on est adulte le regard des autres est moins souple, quand on est jeune certains se disent juste "il/elle va grandir et perdre ses manies débiles", mais vu qu'on reste hors-norme ça irrite juste de plus en plus (comme un pull en laine qui continue à gratter après 40 lavages, le sagouin!)
Oui parce que généralement rentrer dans les codes sociaux c'est pas trop ça, même si on fait semblant, surtout quand on a envie d'insulter tout le monde espèce de petit #{[[{|[|`-°+907!!!@@@!! :swear: => ah mince désolée j'ai oublié que j'étais une fille et que je dois pas dire d'insultes, c'est bien connu c'est plus joli dans la bouche des garçons !

En plus de l'environnement familial le fait de rencontrer des personnes similaires doit avoir une influence considérable. Si on est seul on pense assez vite qu'on n'est "pas normal" ou "cassé", dès le moment où en rencontre un autre ça peut TOUT changer, ça peut être un vrai pilier de vie ! :rock:

Il y a aussi ce besoin d'être seul, de rentrer dans sa bulle après des activités sociales, car trop de bruit ou d'agitation, peut-être parce que le cerveau a besoin de nourriture (de ce côté-là le mien est ogresque), peut-être parce que les autres ont tendance à nous ennuyer. Un livre c'est tellement mieux... :lire4:
Et plus le temps passe plus les conversation/sujets débiles nous lassent, perso ma patience s'effrite de jour en jour... Les conversations au bureau, franchement c'est tellement de temps perdu... J'ai l'impression d'être en mode veille tout du long. :help:

Aujourd'hui je réflèchis à une reconversion professionnelle dans le but d'avoir un métier plus intéressant et mieux payé, mais surtout d'essayer de trouver une entreprise plus riche en conversations intéressantes, advienne que pourra...
Pourquoi se préoccuper des chevaux à rayures quand on peut chevaucher des loups !
:guitare

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Nounours
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Re: À quand remonte votre sentiment de décalage, de différence...

Message par Nounours »

Je vais répondre ici, car étonnamment, c'est une question que l'on m'a posé deux fois dernièrement.
La première, c'est une connaissance HPI qui me l'a posée quand j'ai commencé à lui parler de mes doutes vis-à-vis de moi sur ce sujet. La seule question qu'il m'a posé d'ailleurs, le reste de la discussion, c'est moi qui cherchais des réponses.
Et la seconde, c'est la psy chez qui je vais aller faire le test. Je ne sais plus comment la question est venue, mais je crois qu'elle voulait me la poser depuis le début de la séance, attendant le bon moment.

Voici donc ma réponse : depuis aussi longtemps que je me souvienne en fait
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pivenlys
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Re: À quand remonte votre sentiment de décalage, de différence...

Message par pivenlys »

Sentiment de décalage dès l'enfance... Je dirais même que c'était à ce moment là qu'il était le plus fort et qu'il me faisait le plus de mal. Je n'avais pas les moyens de comprendre la différence à ce moment-là et j'ai traduit ça en "on ne m'aime pas", "je ne suis pas digne d'être aimée", "je suis étrange".

Ensuite, au niveau de l'adolescence, je subissais les "oh l'intello là" parce que je m'en sortais bien scolairement et le sentiment de décalage avec la majorité était toujours présent. Heureusement, j'ai trouvé quelques amis avec qui je ne ressentais pas ce décalage, ce qui m'a pas mal sauvé (contrairement au primaire où je me sentais vraiment seule).

Ensuite, au lycée et pendant les études supérieures, j'ai étouffé ce que j'étais en créant un personnage dans lequel je me suis perdue. J'essayais de faire taire ce sentiment de décalage mais il me revenait en pleine face lors de soirées (sauf s'il y avait de l'alcool à disposition).

Maintenant, je le sens toujours dans le milieu professionnel mais dans ma vie privée je choisis des personnes avec qui je ne le sens pas (ou a minima très ouvertes d'esprit si je le sens)...

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Douteur
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Re: À quand remonte votre sentiment de décalage, de différence...

Message par Douteur »

Il est bien beau, aisé et confortable de lire dans l'ombre, sans se mouiller.

Cependant, cela me semble dommage, je profite bien de vos récits, il est donc "normal" de témoigner à mon tour.

Alors je me lance.

À quand remonte votre sentiment de décalage, de différence…?

Pour moa, depuis à peu près toujours, enfin depuis mes premiers souvenirs.
Il faut dire que mon entourage, proche ou lointain me l'a toujours profondément fait ressentir.
Les "tu ne peux pas faire comme tout le monde?"
"Mais ce n'est pas comme ça"
"C'est impossible" (je réussissais et réussi encore contre toute attente, parfois cet impossible)
"Il faut toujours que tu cherches la petite bête"
"T'es vraiment casse c..."
"Toi qui sais tout" (pardon?)
"toi la tête"
"Tu verras quand tu seras à l'armée, tu feras ce qu'on te dit de faire sans broncher" (et bien non)
"tu verras quand ta femme te diras...etc" (ben pas marié, tout de même en couple depuis près de quinze ans, avec hauts et bas, comme tout le monde j'imagine)
Toutes ces petites phrases je les ai subies toutes ma vie, à présent avec plus de recul, mais c'est vraiment pénible.
Le sentiment de décalage a pour ma part était le plus violent durant ma tumultueuse adolescence.
Le faux self, que je porte actuellement, ou une certaine prise de conscience, me rendent tout cela bien bien plus supportable à présent.
J'ai appris à ne pas me distinguer de l'idiot en me taisant, parfois je n'y arrive pas et j'explose. :honte:
Mais bon, c'est encore pénible.

herademonsnug
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Re: À quand remonte votre sentiment de décalage, de différence...

Message par herademonsnug »

Moi je me sens "dans ma bulle" depuis toute petite. Fille unique jusqu'à mes 12 ans, je jouait seule et souvent avec des trucs dans ma tête ce qui ne m'a pas aidé à me sentir normale lol
A l'école, c'était pareil. J'essayais de me faire des amis pour être comme tout le monde mais soit je me demandais "mais qu'est-ce que je fais là ??" soit je m'attirais les foudres des "leaders" qui finissaient par entreprendre des trucs tordus pour me sortir du groupe. L'impression de déranger souvent...

Bref mes bons souvenirs se situent plutôt du côté des chevaux à qui je racontais ma vie en tête à tête après avoir sauté la porte du box et avec qui je m'endormais des fois.

Ce sentiment de décalage ne m'a jamais quitté et je me suis adaptée tant bien que mal pour me fondre dans la masse tout en ayant clairement une étiquette de "rebelle" à longueur de temps soit parce que j'étais à contre-courant, soit parce que je défendais celui que tout le monde s'amusait à malmener etc... et cela aussi bien dans ma famille qu'avec des personnes extérieures.

Et je vous avoue (les habitudes ont la vie dure) :$ que même ici, pour le moment en tout cas, car je suis jeune recrue, je me sens en décalage, prête à me faire éjecter :think:

Depuis toujours la musique est mon exutoire, ah oui ça c'est vraiment LE truc qui me fait du bien
Et depuis 9 ans maintenant, je me sens quand même moins seule car on fonctionne de la même manière avec mon mini moi :inlove:

Halflife
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Re: À quand remonte votre sentiment de décalage, de différence...

Message par Halflife »

Bonjour, je viens participer, afin de me reconnaître aussi. Je m excuse d avance, ma participation pourra vous sembler lapidaire, mais je suis sur mobile donc...
Alors mon sentiment de difference a commencé dès lors que j ai entamé des démarches de recherche sur moi même, par le biais de mon fils qui a été dépisté voilà bientôt 6 ans. L histoire est relativement classique, entretien avec une psy pour mon fils, sentiment de malaise, de déjà vu... Suite à cela un long cheminement, personnel et memoriel.
Et là, l explosion, les souvenirs qui s imbriquent.
L enfance, un peu particulière et difficile (pas envie de développer ici), toujours en décalage avec les autres, isolé dans la cour, ne comprenant pas forcément tous les codes d une cour de récréation.
Le collège, extrêmement difficile, trop de personnes, pas de volonté du corps enseignant d aller au fond des choses. L angoisse des résultats, angoisse induite par une pression familiale quant aux résultats. Le début des maux de ventre à répétion. Dès la 5eme, la vie scolaire m oriente vers de la sophrologie relaxation, comme d autres élèves présentant des difficultés (relationnelles, troubles dys...). Mais toujours cette difficulté à m intégrer, malgré une rencontre précieuse.
Fin du collège, orientation imposée par mes parents dans une structure militaire pour le lycée. La carapace se met en place, malgré un décalage flagrant (forte appétence pour les livre et la solitude, très mal perçus par l institution militaire).
Après un bac ES obtenu avec mention, à l encontre des annonces de mon entourage et de mes enseignants, qui au vu de mon investissement avaient parié sur un échec cuisant, direction la fac de droit. Et là, échec cuisant. Des opinions ignobles, un apprentissage abetissant, bref un carnage. Je n ai tenu que 6 mois, avant de retourner dans le giron militaire (je ne connaissais que cela, et n avais que mon bac en poche).
Je vous passe les moqueries sur le fait d avoir toujours des livres dans son sac, le refus d acceptation des "initiations" diverses et variées...
Au fil des années, jusqu'à ce que mon fils soit dépisté, j ai conçu une carapace, et mis toutes mes pensées, doutes, différences dans des boîtes psychologiques.
Voilà, donc pour mon exemple très personnel, mon sentiment de décalage ressenti de façon claire remonte au moment du test de mon fils, mais après travail sur moi même, est beaucoup plus ancien.
J espère avoir été clair, et pas trop hors sujet!!!

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Mlle Rose
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Re: À quand remonte votre sentiment de décalage, de différence...

Message par Mlle Rose »

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Je relis le topic du coup, je me rends compte que j'ai jamais trop rien dit (mais n'en ai jamais pensé moins).
Le décalage je m'en souviens aussi loin que mes souvenirs portent.
Pas forcément avec les autres gamins de ma famille ; je vivais avec mon frère et ma sœur, dans la même grande maison que mes cousins, chaque famille son étage, quartier général dans l'appart de Mamie au RDC, et notre bande était plutôt du même moule. Fastoche.
Mais avec les autres là.... pouerf. Je pigeais vraiment rien à ce qu'ils faisaient ni à ce que j'étais censée faire avec eux.

En primaire, je squattais dans un coin de la cour en m'inventant plein d'histoires, et ça m'allait très bien de rester solo à parler dans ma tête. Vraiment je kiffais sauf quand il faisait froid. J'ai un peu tout eu à cette époque : les yeux compatissants en mode "oh la pauvre elle est toujours toute seule", les ballons dans la gueule en mode "vasi wesh fais pas ta princesse", les instits en mission spéciale "socialisation" me forçant à jouer à des jeux relous genre 1,2,3 soleil ("mais si tu vas finir par aimer ! " - non), une instit un peu plus affûtée que la moyenne qui me laissait squatter le coin lecture au lieu de sortir en récré...
L'école c'était juste un moment où j'attendais de rentrer chez moi sauf l'année où il avait mon amoureux, celui avec qui je faisais compète de premier de la classe.

Au collège ça a commencé à merdoyer un peu plus sévère. L'appareil dentaire, les lunettes, les bonnes notes, les jupes plissées et cols en dentelle (on peut attaquer ses parents en justice je pense pour des trucs comme ça).... dans un collège de zone (j'étions dans un quartier plutôt chaud chaud, donc pas du tout raccord question jupes plissées)... il a bien fallu que je m'adapte parce que j'en avais plein le dos de finir enfermée dans les chiottes ou dans les poubelles. J'ai appris à me battre, à fumer, et à la quinzième jupe plissée défoncée j'ai pu commencer à avoir le droit de choisir mes fringues. On m'a foutu la paix. Cela dit je ne savais toujours pas bien où ça allait cette histoire.

Au lycée le sentiment de décalage a fini par se barrer. J'avais une bande. Les exclus de toutes les classes. J'ai eu mon pass pour y entrer le jour où j'ai envoyé chier Philippe, le bogoss de la classe qui voulait m'emmener boire un verre au bar branché du coin (mais surtout me pécho, probablement), bogoss mais néanmoins con à bêcher de la flotte... j'ai pas pu, j'ai fait un refus d'obstacle. Le "vasi fais pas ta princesse" est revenu. J'ai castagné. On m'a re-foutu la paix. J'ai intégré la bande. Notre bar à nous. Nos pichets de blanc pomme en intercours. Notre babyfoot. Les jeux de rôle. La musique et les pétards.
Alors les autres je m'en foutais un peu. J'étais décalée, mais c'était surtout me disais-je parce que j'étais une fille dans une bande de mecs. La différence était donc palpable (si je puis dire :glasses: ), manifeste et visible, et du coup c'était pas un problème.
J'ai vécu ma meilleure vie là. Un peu comme avec vous quand on se voit.

Puis c'est revenu.
Fac de droit (aussi), puis bar d'en face de la fac de droit parce que non, décemment, je ne pouvais pas renouer avec les jupes plissées.
École d'orthophonie. 70 meufs, 2 mecs. Mon enfer sur terre. Les cancans et petits coups de p... par derrière, les aprèms shopping (j'y suis allée qu'une fois faut pas pousser mémé). Heureusement qu'il y avait ma pote Maurice sinon je suis pas sûre que je serais allée au bout.
Mariage... les courses du samedi après midi au centre commercial (la cafète à midi avant sinon c'est pas complet), les barbeucs du dimanche avec les mecs d'un côté à tourner la viande, boire des bières, jouer aux boules et les meufs sur le canap à se montrer leurs photos de mariage et celles de leurs gosses....... :zeus: la grosse teuf quoi.
A cet époque le papa docteur de mon mari a pensé que j'allais mal, il m'a mise sous médocs. Pi tout le monde a pensé que j'allais vachement mieux. Quand je passais devant la glace j'avais cependant toujours ce truc qui revenait de quand j'étais petite : "mais purée qu'est-ce que tu fous là en fait ?", sans me reconnaître.

Un jour, jeune maman j'ai été convoquée à l'école. Le premier jour de petite section en fait. Mon fils était paraît-il inadapté. Hem.
Psy, dépistage et tout le bordel pour lui. Puis sous l'impulsion de la psy dépistage pour moi.
Première personne qui m'a dit que j'étais normale.
De fil en aiguille j'ai cherché d'autres personnes normales comme moi.
J'ai laissé tomber le mariage, les photos de gosse et les centres commerciaux le samedi.
J'ai appris à aimer pour de vrai. Et à m'aimer pour de vrai. Je sais plus bien dans quel ordre.

Maintenant ça fait 12 ans. Et je me sens plus décalée nulle part. Avec les gens normaux comme moi et avec les autres. Toutes ces facettes que j'ai développées pour m'adapter sont devenues des forces et sont devenues différentes facettes de moi plus que des masques.
J'apprécie désormais d'être un caméléon à partir du moment où quelquefois, le plus souvent possible, je peux laisser toutes ces facettes-là exister ensemble et me montrer telle que je suis, une sorte d'assemblage hétéroclite, mais pas si bancal qu'on pourrait croire.
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.
Ces utilisateurs ont remercié l’auteur Mlle Rose pour son message :
Zelmoed
Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. E. de la Boétie
NB : Je ne réponds pas aux questions perso en mp, je manque cruellement de temps pour ça et déteste répondre aux gens à l'arrache. Donc... merci d'éviter :f:

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Re: À quand remonte votre sentiment de décalage, de différence...

Message par Zelmoed »

J'ai passé les 50 ans, et autant d'années à essayer de me fondre dans la masse (analyser-reproduire-rater-adapter), sous l'oeil goguenard de ma famille dont le mode opératoire est "jugement-destruction", encore maintenant (et je suis la plus jeune...). En classe, j'étais la solitaire-la fille à part (parents divorcés dans les années 70, ça n'a rien à voir avec ce qui se passe maintenant, j'étais marquée au fer blanc partout où j'allais), performante sans efforts mais dans mon monde, tout en gardant un oeil sur les autres. J'espérais que je passerais sous le radar. Mon mantra, c'était "mon cerveau sera ce qui me sauvera". Ce qui m'a finalement amenée à traverser la vie avec la tête au ras de l'eau (parfois au-dessus, souvent au-dessous... encore maintenant j'ai cette impression). J'ai chuté en lycée parce que j'avais mieux à faire, nous étions 3 très différentes des autres et à plein d'égards. Ensuite... j'ai repris le camouflage et passé 25 ans de ma vie à avoir une vie normale (couple, enfants, vie professionnelle quasi-conformes), tout en me sentant mal et avec des relations sociales très difficiles (le groupe voyait des choses que je laissais échapper).
J'ai fait un énorme travail il y a 7 ans quand je suis tombée malade et que je n'avais plus la force de m'adapter, et parce que mes enfants ont fait leur vie. Je me trouvais face à moi-même... plusieurs secousses telluriques plus tard, dont le retour de confinement qui m'a fait prendre conscience de l'énergie que je déployais pour m'adapter et de l'horreur de ce masque et donc de ma différence (quelle qu'elle soit...), j'ai fini par voir une psy avec qui on ouvre les boîtes, et c'est une vie de boîtes qu'il y a :
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il y a un mois je cherchais ma tribu, mais finalement ça n'a plus de sens... je cherche juste le milieu où je serai acceptée et enfin en sécurité et dans la construction, pas dans la destruction de moi, peu importe si c'est ma planète ou celle d'à côté... en attendant la fin...

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