Caméléons

[cyrano421]

Bonjour,

J'ai fait quelques recherches à propos de personnalités "caméléons" ces derniers temps, c-à-d des personnes dont le comportement change en fonction du milieu dans lequel elles se trouvent. Le cas des caméléons HPI a l'air relativement particulier, quelqu'un en saurait-il plus et pourrait-il m'aiguiller vers des articles qui en discuteraient ?

Merci d'avance !

[Holi]

Je ne sais pas vraiment ce que tu entends par personnalités "caméléons", s'agit-il de personnes qui ont développé un faux-self ?
Si c'est bien ça, tu trouveras des fils sur ce sujet dans le forum, par exemple celui là :
viewtopic.php?f=53&t=1030

PS : nous évitons d'utiliser des abréviations et autres raccourcis.

[cyrano421]

Merci. Mais je n'ai pas l'impression que ce à quoi je pensais ressemble vraiment à un faux-self. Je pense plutôt à la capacité de certains à s'adapter à chaque interlocuteur de manière à lui ressembler, changeant à chaque changement d'interlocuteur, et essayant tant bien que mal de trouver un juste milieu dans les groupes. Cela ressemble à un faux-self dans le sens qu'il s'agit d'un mécanisme de défense, sans être un véritable faux-self dans le sens qu'il n'y a pas d'ancrage dans une personnalité précise.

[Pascalita]

Je vois ce que tu veux dire, et je pense savoir faire ça - mais je pense aussi que nous sommes nombreux à savoir faire ça : il en est fait mention dans beaucoup de présentations, et même dans beaucoup de sujets divers, mais je ne suis pas sûre qu'il y ait vraiment un fil dédié.

Je reviens quand j'ai plus de temps.

[Invité]

Je vois ce que tu veux dire, et je pense savoir faire ça - mais je pense aussi que nous sommes nombreux à savoir faire ça

Pareil : c'est quelque chose que je sais très bien faire. Je ne m'en donne pas toujours la peine mais quand c'est nécessaire, je n'hésite pas, c'est commode. Woody Allen avait caricaturé ce trait jusqu'à l'absurde dans un de ses films les plus drôles et les plus amers, Zelig (qui traite sans doute de la condition humaine beaucoup plus que d'une pathologie comme on l'a parfois prétendu) : mais je pense que sous une forme modérée, c'est assez courant.

[Pascalita]

Pardon, @cyrano421, j'ai mis un peu de temps à revenir.

Je ne sais pas du tout si cette aptitude à s'adapter aux autres, ou à un groupe, est différente chez les hpi que chez d'autres, donc je ne pourrai pas te répondre sur ce point, ni sur d'éventuels articles qui en parleraient.

Pour moi, je définis ça comme une capacité à coller à mes interlocuteurs : à employer leur vocabulaire, leurs manières (leur manière d'être aussi), à m'intéresser à leurs centres d'intérêt et à en parler avec eux. Ce n'est effectivement pas un faux-self, et je ne crois pas non plus que ce soit un mécanisme de défense - ou bien ça l'a été dans des périodes où j'en avais besoin, pour ne pas dénoter dans le groupe ; ça, c'est possible, très possible (et c'est peut-être comme ça que j'ai appris à le faire). Par contre, ça a été inconscient, et je ne peux pas affirmer que ça s'est bien construit comme ça.

Quand je le pratique maintenant, je dirais que c'est une mise sur la même longueur d'ondes que l'autre ; c'est centré sur l'écoute, l'intérêt pour ce qui intéresse l'autre, et c'est parfois très imprégné du désir d'apprendre de l'autre (je pense que c'est une caractéristique qui était absente du mécanisme quand j'étais adolescente). C'est en fait une manière d'être tournée vers l'autre qui fait que celui-ci se sent à l'aise et en confiance (parce qu'écouté avec attention et sincérité), et qui me permet aussi de le laisser prendre à sa charge la discussion, ou la relation ; et ça, c'est bien pratique quand on n'est pas à l'aise dans ces choses-là - d'autant plus que pour plein de gens, pouvoir parler d'eux est une aubaine (pour plein de raisons aussi). Coup double donc : je ne m'expose pas et je les laisse prendre la place qu'ils souhaitent. Ce n'est cependant pas la seule motivation : ça devient la principale avec certaines personnes quand je sais que rien ne se construira et qu'il s'agit juste de rester à un niveau superficiel de relation, mais à la base, il y a vraiment un intérêt pour les autres. Et je peux parfaitement m'intéresser à ce qui les intéresse, et c'est sans hypocrisie aucune : au contraire, ça m'enrichit.

Effectivement il n'y a pas d'ancrage dans la personnalité des autres ; et je dirais que ce n'est pas non plus un trait de personnalité chez moi, dans le sens où ça n'influe pas sur mon identité, ma définition de qui je suis. C'est plus une aptitude, qui se déclenche certes quasi comme un automatisme, mais qui reste à un niveau superficiel. En dessous, il y a moi. Mais ce moi, je ne l'expose que quand je sens qu'il y a correspondance, soit après un certain temps (sauf cas exceptionnels), et souvent par petits bouts.

C'est bizarre, je reviens à cette idée de mécanisme de défense, parce que ce que je viens d'écrire va vraiment dans ce sens-là. Et pourtant... Il y aurait moyen de ne pas s'exposer sans pour autant jouer les caméléons...
Donc disons une capacité qui peut entre autres me servir à me protéger.

(J'espère que ce n'est pas trop brouillon, j'ai écrit vite.)

[Calvinethobbes]

Pour ma part, je verrai ce comportement de "caméléon" comme un moyen permettant de rentrer en communication avec des personnes de profils variés. Cela rejoint un peu le propos de Pascalita, mais sans forcément être nécessairement centré sur les intérêts de l'autre (qui correspondent rarement aux miens, par exemple). Ce serait plutôt un mécanisme de sociabilisation, qui permettrait de se rendre "acceptable", de se fondre aussi un peu dans un groupe par mimétisme social...Et je pense qu'il y a aussi une dimension protectrice, qui évite de trop s'investir peut-être, de se prendre le risque de ne pas être compris ou accepté car trop dissonant par rapport au référentiel de l'Autre...
Je trouve ce mécanisme assez coûteux en énergie, d'ailleurs, parce qu'il demande une adaptation permanente à la situation sociale qui provoque sa mise en oeuvre...

[Gail]

J'ai l'impression que ce concept de caméléon recouvre 2 cas de figure.

D'un côté, il y a cette aptitude à mimétiser volontairement les autres dont parle @Pascalita . Cela implique d'avoir une capacité à repérer rapidement les codes de l'individu ou du groupe en face et à les appliquer (ça s'apparente probablement à l'intelligence interpersonnelle ). C'est utile pour se protéger en se fondant dans la masse ou pour amener l'autre à faire confiance ( avec de bonnes ou de mauvaises intentions)

D'un autre côté, il y a un mimétisme inconscient, de protection. On est différentes personnes en fonction des personnes présentes et on ne sait pas exactement qui on est vraiment.
Je suis dans ce cas là et je vois ça comme un faux-self caméléon ou en miroir (un faux self à facettes pour faire chic )
J'en ai pris conscience parce que je suis en difficulté dès que mes univers se rencontrent, le summum du genre étant mon mariage (heureusement qu'on est déguisé et bien occupé ce jour-là )

Je pense qu'on peut rapprocher ça aussi du concept d'hyperempathe qu'utilise Gérard Apfeldorfer, avec des personnes tellement orientées vers les autres qu'ils oublient comment ressentir et être soi-même. Ça finit par donner une impression de vide intérieur qu'il faut combler par l'hyperactivité, la nourriture ou l'abus de substances en tout genre.

[Brunehilde]

C'est marrant, ce sujet me parle car ça me rappelle un mécanisme que j'avais repéré chez moi vers 15 ans.

Ayant déménagé 3 fois en l'espace de 6 ans, à chaque fois en traversant la France, j'ai développé -probablement inconsciemment- un mimétisme de langage, d'attitudes et de comportements pour m'adapter aux interlocuteurs d'une région à l'autre.

Vers 15 ans donc, j'ai déménagé pour la troisième fois, et un an après je suis retournée une semaine dans la région où j'habitais juste avant, en vacances chez une amie. Les deux régions ayant des accents fort différents je me suis alors aperçue que j'avais repris l'accent de mon ancienne région en à peu près 30 secondes, dès que j'ai parlé avec des gens de là-bas donc.
J'ai commencé à comprendre à ce moment que j'utilisais des capacités pour me fondre dans la masse. Je me suis définie alors comme un caméléon du langage et quand on me demandait d'où je venais je répondais "de partout et de nulle part"... Et généralement personne ne devinait.

Bon à l'époque j'ai pensé que tout le monde aurait fait pareil dans la même situation, juste un effet des déménagements donc.
Avec le temps et le recul je n'en suis plus si sûre. Je connais aussi beaucoup de gens qui ne perdent jamais leur accent (même jeunes), ou qui ne semblent pas le moins du monde préoccupés par le fait de ressembler à leurs interlocuteurs, même superficiellement.
Après est-ce dû à la douance ? Mouais. Peut-être la mémoire et l'organisation interne bien foutue aident au processus, mais il faut aussi une certaine empathie, et une raison d'enclencher le processus. Vouloir à tout pris s'intégrer a sûrement un effet dessus. Le faux-self dans ce cas pourrait être vu comme une exagération du phénomène, qui remplacerait alors en grande partie la personalité.

[Invité]

Les deux régions ayant des accents fort différents je me suis alors aperçue que j'avais repris l'accent de mon ancienne région en à peu près 30 secondes, dès que j'ai parlé avec des gens de là-bas donc.

C'est la même chose chez moi. Je suis née à Marseille et je vis, depuis des années, à Paris. Personne ne devinerait jamais mes origines provençales lorsque je suis en Ile-de-France. Mais dès que je mets un pied dans les Bouches-du-Rhône, je parle instantanément avec l'accent de Fernand Charpin.
Je ne crois pas qu'il y ait de rapport avec la douance ni avec une quelconque qualité particulière ; éventuellement avec le fait d'avoir une bonne oreille, et encore... Peut-être. C'est drôle en tout cas.

[Miss souris]

Je suis une éponge à accent. Je prends régulièrement l'accent de la personne avec qui je parle...Au point que mon mari joue à deviner avec qui je suis au téléphone en fonction de l'accent que j'ai. Et ce qui fait que j'ai déjà dit "ma cheur" à une bonne sœur portugaise.
Et c'est très souvent que les gens trouvent que je n'ai pas d'accent. Chez moi, rien de tout cela n'est volontaire.