Gestion des passions envahissantes

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Chuchumuchu
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Re: Gestion des passions envahissantes

Message par Chuchumuchu »

[mention]Fu[/mention] [mention]yokainoshima[/mention] [mention]Judith[/mention] Peut-être qu'une parenthèse aurait été bienvenue ? Genre : "Gestion des passions (et IS / IR)" pour Intérêts spé. ou restreints. Ou alors "Gestion des passions envahissantes" ? Parce que sinon les autistes risquent peut-être de passer à côté.
Je ne prétends ni à l’exhaustivité, ni à une parfaite objectivité, deux qualités qui dans mon métier relèvent de l’illusion et du vœu pieux. — (Michel de Pracontal, L’imposture scientifique en dix leçons, Seuil, 2005, page 17)

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Fu
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Re: Gestion des passions envahissantes

Message par Fu »

[mention]Chuchumuchu[/mention], tu as raison, c’est mieux avec « envahissantes », je l’ajoute. :)

Invité

Re: Gestion des passions envahissantes

Message par Invité »

Merci [mention]Fu[/mention] pour le changement de titre.

Je rebondis sur une réponse qui m'a paru intéressante
Jean-Louis a écrit : mer. 10 juin 2020 10:39 En fait j’essaye de lutter contre la multiplicité. Je pars régulièrement dans un nouveau truc et je laisse plus ou moins tomber l’ancien. J’aimerai vraiment me concentrer pour me perfectionner. L’idée serait de se limiter à 3 passions: le jardin, la bière, la menuiserie.
C'est mentionné dans d'autres réponses, la prolifération des passions peut poser problème et conduire à de la frustration, lorsqu'une nouvelle passion empêche d'en approfondir d'autres autant qu'on le souhaiterait. Les sujets d'étude se chevauchent en quelque sorte et doivent conduire à des sacrifices : néanmoins, j'ai observé que personnellement, j'arrive à étouffer une passion problématique avec une autre, en effectuant une sorte de sélection mentale. Lorsque j'ai entrepris de renoncer à ma passion pour les génocides, qui devenait trop pathogène, je l'ai mal vécu mais c'est la décision de reprendre la collecte de plantes sauvages pour mon herbier qui m'a sauvée du marasme. J'ai décidé de créer un herbier suffisamment vaste et élaboré pour qu'il mérite d'intégrer un jour les collections d'un musée ( :honte: pourquoi manquer d'ambition? :huhu: ). J'y travaille toujours et c'est une grande source de satisfaction -et je rêve moins de fosses communes.

On peut donc hiérarchiser et sélectionner les passions, soit pour se débarrasser de certaines, soit pour atteindre dans d'autres un niveau de compétence élevé. Si je réfléchis pour ma part à celles que j'aimerais vraiment garder (je laisse hors-sujet les passions qui structurent profondément la vie, dont il a été question avec [mention]O'Rêve[/mention] dans une autre partie du forum, car elles me paraissent un peu à part) j'aboutis à la liste suivante : je garderais à coup sûr la botanique amateur et Disney en l'élargissant à d'autres types de productions pour la jeunesse. Je conserverais aussi une passion "noire", pas par masochisme mais pour les limites que ce type de focalisation permet de poser à l'angoisse existentielle en la circonscrivant : ce serait sans doute les films d'horreur.

Avez-vous aussi parfois ce type de démarche de gestion de vos passions, pour les limiter ou les rationaliser?

Chuchumuchu
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Re: Gestion des passions envahissantes

Message par Chuchumuchu »

[mention]Judith[/mention] Personnellement non : mes intérêts spécifiques me mènent par le bout du nez. Ils me gèrent plus que je ne les gère. Je n'ai pas l'impression de pouvoir choisir un thème plutôt qu'un autre. Après, je ne sais plus si c'est toi ou quelqu'un.e d'autre qui a dit ça, mais certains intérêts sont plus stables et plus discrets que d'autres. La lecture par exemple est un champ tellement vaste que je m'y sens moins contrainte, moins enfermée. Il y a des périodes où je lis beaucoup et d'autres où je lis peu. J'ai aussi un intérêt "diffus" (ça rend bien l'idée, comme s'il y avait des intérêts "bruts" et des intérêts "dilués") pour l'esprit critique, les biais cognitifs, la zététique. Ce sont en quelque sorte des passions transversales qu'il est facile de contenter car elles ont automatiquement de la matière à compulser dans la vie courante. Ça les rend plus rassurantes, un peu comme des fauves dont on sait qu'iels sont repu.e.s. La cohabitation est plus simple, moins violente et exigeante. Après, cet aspect passionnel et incontrôlable fait aussi le charme de certains intérêts spécifiques, mais bon, ça peut devenir épuisant et nocif. Pour revenir à l'exemple des fauves, tu dois toujours faire gaffe à pas te faire bouffer la main en nourrissant le fauve ^^'.
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nemo
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Re: Gestion des passions envahissantes

Message par nemo »

Judith a écrit : ven. 12 juin 2020 07:24 C'est mentionné dans d'autres réponses, la prolifération des passions peut poser problème et conduire à de la frustration
Je ne pensais pas participer au sujet ne me sentant pas concerné mais sur ces aspects là je le suis nettement. A part deux fils rouges que sont la création et le sport (ou plutot le corps...) je me suis longtemps épuisé en papillonnage. C'est en général brutal et intense, je ne pense qu'à ça quand bien même je fais autre chose. Ça peut durer de quelques jours à quelques semaine en fonction du domaine et en général je bascule vers autre chose à l'apparition des premières difficultés ou à l'arrivé du premier plateau dans la courbe d'apprentissage. C'est toujours très lié à l'émotionnel. L'enthousiasme de la découverte et de la progression puis la lassitude et le découragement. Et enfin, une sorte de dépression face à l’éternel constat de mon incapacité à travailler pour élever mon niveau.
Même au sein de mes deux fils rouges j'ai des variations que j'ai du mal à contenir. Dans le sport je peux être focalisé quelques semaines sur par exemple mon shoot au basket, puis ma souplesse, puis la force, puis l'endurance, etc, etc... Comme mon rapport au sport est lié au rapport au corps humain, ça peut m'emmener vers l'anatomie et la physiologie. L'anatomie est un pont vers la création, dans laquelle je suis passé par le dessin, la musique, la peinture, la photo, l'écriture, le bricolage, la couture, etc. Dans la sculpture ou j'ai le plus réussi à contenir ma dispersion j'ai lutté des mois pour finir une série parce que j'avais trop d'idées en tête à abandonner pour y parvenir. Ce fût une lutte en soi.
Bref pour répondre à la question
Judit a écrit :Avez-vous aussi parfois ce type de démarche de gestion de vos passions, pour les limiter ou les rationaliser?"
Non pas du tout. Je ne gère rien, je subis et mon estime de moi suit à peu près les mêmes variations. J'aimerais avoir eu une passion dévorante et évidente qui me voit devenir expert en un domaine.

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baptiste
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Re: Gestion des passions envahissantes

Message par baptiste »

Les passions dévorantes sont un peu différentes chez moi.

Elles sont souvent spécifiques mais limitées dans le temps, en général je les abandonne quand je commence à avoir des résultats satisfaisants, par exemple l'escalade :

J'ai découvert ce sport à l'occasion d'une initiation gratuite et j'ai très vite accroché. Très rapidement c'est devenu envahissant, je ne faisais plus que ça. J'allais grimper le soir après le boulot (il reste 20minutes de jour je peut encore faire une voie) je ne lisais que des choses liées à cela, quand le temps était trop mauvais je faisais de l'entraînement physique (Et hop les tractions sur un seul doigt) ou je revisais les manips chez moi)
Ah un moment c'est devenu limité dangereux pour moi, parce que je voulais perdre du poid pour gagner en agilité (alors que je fais à peine 50kg tout mouillé).

J'ai passé un temps fou à me documenter et dépensé un fric monstre pour réunir le meilleur matos.

Et puis un jour la voie la plus dure du coin est devenue abordable pour moi, et quasiment du jour au lendemain j'ai perdu quasiment tout intérêt.

J'ai pas grimpé depuis des années, mes mousquetons et ma corde sont devenus des laissés pour chien et le matos prend la poussière dans un grenier.

Ça a été valable pour tout mes passions.

A côté de ça j'ai des centres d'intérêt qui perdurent mais restent raisonnables, je me documente dessus quand je peut mais je sais faire d'autres choses à côté. Quelques exemples : l'évolution du matériel militaire, la seconde guerre mondiale, tout ce qui a trait à la nature...
A cause de mon mode de vie mon accès internet est sporadique donc pas de panique

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Re: Gestion des passions envahissantes

Message par O'Rêve »

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Invité

Re: Gestion des passions envahissantes

Message par Invité »

Ah, c'est un aspect des passions particulièrement surprenant, [mention]O'Rêve[/mention] que les passions sensorielles. J'en ai pas mal pour ma part (les rosaces, les rinceaux, certaines structures végétales, les fragrances de roses, des phrases musicales, etc.). En général elles ne me dérangent pas, au contraire, car j'ai appris à les utiliser pour traverser des moments difficiles -attentes trop longues, crises de douleurs. Mais elles ont l'inconvénient de couper énormément de la réalité du moment et parfois d'isoler, c'est vrai.

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Pascalita
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Re: Gestion des passions envahissantes

Message par Pascalita »

Ah, les passions musicales qui font qu'on écoute le même morceau en boucle (éventuellement juste pour une phrase, une seule) pendant des mois, ça compte aussi ?
Je suis peut-être quand même concernée alors... :^)

Invité

Re: Gestion des passions envahissantes

Message par Invité »

Pascalita a écrit : ven. 12 juin 2020 17:56 Ah, les passions musicales qui font qu'on écoute le même morceau en boucle (éventuellement juste pour une phrase, une seule) pendant des mois, ça compte aussi ?
Je suis peut-être quand même concernée alors...
Je pense que les fascinations pour des phrases musicales peut être qualifié de "passion envahissante", oui, ça me paraît entrer dans le cadre.
Hors-sujet
Mais je reprécise bien, car je subodore encore des inquiétudes :$ , que des passions envahissantes ne sont pas en soi pathologiques. Certains formes très particulières sont des symptômes de troubles mentaux, c'est vrai (dont les fameux intérêts spécifiques des autistes), mais dans la plupart des cas, écouter de la musique en boucle ou brasser sa propre bière n'est le symptôme de rien de particulier.

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Re: Gestion des passions envahissantes

Message par Chuchumuchu »

J'ai trouvé un article qui a l'air assez complet sur les intérêts spécifiques. Il aborde la question de la même manière que la vidéo d'Alistair précédemment postée. Il souligne que comme souvent au sein de l'autisme, ces comportements sont très variés, on ne développe pas obligatoirement une expertise sur le sujet. Parfois c'est un intérêt très large, parfois c'est très spécifique. Parfois ça dure longtemps, parfois non. Parmi les miens j'ai seulement cité les deux plus longs, mais j'ai eu des intérêts plus ponctuels.

Comme le dit l'article posté par Yokai dans le topic "Douance et traits autistiques", on dit souvent qu'il y a "autant d'autismes que d'autistes" et ce n'est pas pour rien. Il n'y a pas une bonne façon d'être autiste.

Et plus largement, pour celleux qui ne se sentent pas spécialement autistes ça vaut aussi : il n'y a pas une seule façon d'être ou de s'intéresser.

Edit petite précision
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Bulle d'o
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Re: Gestion des passions envahissantes

Message par Bulle d'o »

oh là; là..... mais en vous lisant, je mets un autre mot à mes mots.... Pour moi, je suis "obsessionnelle" et je fais "une fixette sur....".

Par contre, aucune gêne sociale et souvent, je n'en parle que peu car ça n'intéresse que moi. J'ai un compagnon compréhensif qui attend que ça passe, ça se tasse.

Mais je n'aurais jamais identifié ça comme une "passion envahissante qu'il fallait gérer..." et pour cause, je crois que mon fil rouge est "le vivant". Des gens, leurs modes de fonctionnement individuel, leurs modes de fonctionnements groupaux, leurs interactions, leurs retours, leurs ancrages dans l'histoire, chez moi, ça s'est très vite appelé "mon boulot!". Donc ça a toujours été valorisé car "très investie, la bulle! pas mal!", ou "arf, encore un travailleur social". Fin de l'histoire, sauf que ça me prend toute ma vie. Parfois porté sur une personne, parfois sur un ami, parfois sur un groupe, parfois sur un groupe dans mon boulot, parfois les enfants, leurs fonctionnements, parfois les gens du bout du monde (souvent les gens du bout du monde.... mais ça aussi, ça marche bien dans mon métier). Pour l'autre vivant, j'ai fait, ben un autre métier, té! Je suis passée fleuriste et je n'y connaissais quasiment rien et puis m'est revenue la lecture des heures des détails de champignons, la capacité à chercher les liens entre les familles pour comprendre comment poussent celles-ci, comment se reproduit celle-là, dans quel biotope vit elle, où puis je la rencontrer en vacances.... "attends, arrête toi là, je crois que c'est celle que je cherchais, non, mais juste 5 minutes....".... Et ça ne choque personne. ça ne m'envahit pas. Manger a souvent été accessoire, je suis pro de la malbouffe pour mettre de l'essence dans le corps et ça repart. Je garde toujours au cas où des petites tomates à croquer ou du concombre et la feta pour l'équilibre nécessaire. Et je dors peu donc ça va. Je peux me faire des nuits d'obsessions (une par semaine). Mais j'apprends lentement. Et j'ai beaucoup de temps pour moi.

Et le troisième vivant : les animaux, là, c'est par touche. Toujours lu sur les races de nos animaux domestiques, mais bon.... J'ai cru que tout le monde qui aimait les animaux faisait ça.... Ben, en fait, apparemment non. En ce moment, je me passionne pour mon propre nouvel animal, ce qui fait que des fois, je fais comme avec les plantes, je regarde son implantation de pattes, d'oreilles, de longueur de patte, de couleur à définir, le mesure au garrot.... Et l'éduque en même temps à la manipulation de fait. Il miauloute doucement car il comprend pas et je lui dis "attends, je regarde....". Mais quand j'étais petite, j'avais aussi une passion pour les gendarmes (insectes) que j'ai observé 4 ans évoluer, je les disséquais et les observais au microscope en plus. Je les regarde encore de temps en temps (je les dissèque plus....). Et tout ça, n'a jamais semblé étrange en fait autour de moi. J'ai appris à faire "hinhin" sur une discussion avec mes plus proches, pendant que ma tête déroule mes questions que je regarde le soir, ou que je résous toute seule. Seuls mes enfants et mon compagnon me captent et disent "ok, t'es pas branchée". Pour mes enfants, je décroche, pour mon compagnon, il décroche :) ... et revient plus tard.

Je suis obsessionnelle, je vis comme ça. Quand on me dit "t'es étrange mais j'aime bien", je comprends à peine ce dont on me parle. Je crois que depuis toute petite, j'ai une part seule où je m'en fous royalement! Peut-être est-ce moins intense que ce que vous décrivez? Ou peut-être est-ce car ça ne me concerne que moi et que j'invite pas les autres là-dedans? on est voisins, on se dit bonjour mais on s'envahit pas.

Je me retrouve beaucoup dans ce que dit [mention]Judith[/mention] quand elle n'aime pas un truc impératif à faire. Je le boulime si je veux pouvoir réussir à m'y mettre, ce qui fait que je ponds des rapports des fois sur des trucs très loin de mon champ et c'est super bien accueilli (surtout en ce moment). J'ai un côté "too much" où je me dis souvent avec les amis "n'oublie par leurs places", ce qui me sauve et me socialise.

en gros, c'est de ça dont vous parlez?
"Je ne communique pas mes jugements, je ne suis pas un donneur de leçons, l'observation du monde ne suscite chez moi qu'un dialogue intérieur, un interminable dialogue avec moi-même."

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Invité

Re: Gestion des passions envahissantes

Message par Invité »

Bulle d'o a écrit : ven. 12 juin 2020 23:06 en gros, c'est de ça dont vous parlez?
Précisément, tu es en plein dans le sujet. :)

Pour revenir sur la question de la transformation d'une passion en expertise, pour m'en tenir à mon propre cas, le passage ne s'est effectué que dans deux domaines : la philologie et la philosophie. Pour le reste, j'ai des connaissances, parfois très volumineuses, mais elles ne sont ni systématiques, ni à jour, ni problématisées selon une approche scientifiquement valide, donc ça reste du domaine de l'amateurisme échevelé.
Je pense que c'est le coût psychique de la transformation qui m'a empêchée de franchir le pas sur certains sujets, comme la botanique. Il y fallait trop de boulot, trop de rigueur pour affronter les difficultés, j'ai calé. Je me souviens d'avoir envisagé une reconversion professionnelle dans ce domaine autour de la trentaine, à un moment où je m'ennuyais terriblement dans mon métier, mais j'ai renoncé. Si je l'avais fait, j'aurais choisi comme spécialité la génétique végétale : j'ai eu de la chance car un de mes cousins est chercheur dans ce domaine, donc je profite en partie de ses connaissances et ma frustration s'en est trouvée atténuée.

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Pascalita
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Re: Gestion des passions envahissantes

Message par Pascalita »

Judith, pour moi, c'est plutôt qu'il ne me semblait pas que j'avais des passions envahissantes - même pas de passions du tout, en fait.
Tout comme Bulle, je ne me sens pas envahie - enfin, c'est plus complexe... Je peux me sentir envahie, mais je ne juge pas que ce soit envahissant. :think: :roll: :1cache:

Mais tu fais bien de repréciser quand même. :)

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Re: Gestion des passions envahissantes

Message par Missmerteuil »

Bonsoir, je poste dans ce sujet pour obtenir des conseils (en espérant poster dans le bon sujet)
Depuis que je suis la psychiatre et que j'apprends à gérer mon attention mon estime de soi revient petit à petit et avec cela l'envie de faire dix mille trucs en même temps. Auparavant je me sabotais quand j'avais envie de faire quelque chose et trouvais des excuses bidons inconsciemment (tu es nulle, oh faut faire la vaisselle, les gens autour de toi ne vont pas aimer etc etc) En ce moment cela revient moins.
Des choses que j'ai envie de faire depuis des années reviennent et je commence à plonger dedans:
- Je reprends gout au dessin d'imagination et à la modélisation 3D
- J'ai failli m'acheter une basse car je rêve d'apprendre à en jouer depuis des années, je vais attendre les soldes ;
- Je me suis inscrite à une appli de japonais pour m'entraîner aux kanjis et enrichir du vocabulaire de façon plus régulière.

Afin d'apprendre plus vite, j'ai décidé de m'y prendre comme à l'époque où j'étais étudiante et me faire des fiches de notes (Ma méthode consiste à faire des fiches synthétiques ou organisées à la façon d'une histoire afin de rendre la chose plus ludique)
En même temps, je m'en veux de ne pas pouvoir me focaliser sur une chose à la fois;
En même temps, je veux améliorer mon organisation pour faciliter mon apprentissage.

Pouvez-vous me raconter vos expériences lorsque l'on gère des multipassions et/ou comment organiser son apprentissage de façon optimale? Merci d'avance (désolée si je ne suis pas assez explicite je complèterai)

Invité

Re: Gestion des passions envahissantes

Message par Invité »

Missmerteuil a écrit : lun. 7 déc. 2020 21:35 Pouvez-vous me raconter vos expériences lorsque l'on gère des multipassions et/ou comment organiser son apprentissage de façon optimale?
Pour ce qui est de la gestion de passions multiples, voire foisonnantes, personnellement je recours à la contrainte horaire, avec des plages de relâchement, histoire ne pas devenir un robot sans âme. :D Autrement dit, j'organise mes semaines en réservant des plages de temps strictes aux passions du moment : la difficulté consiste principalement dans les périodes de transition entre les moments d'apnée en plongée profonde dans un sujet et les moments réservés à des éléments moins intenses de l'existence, et à la gestion optimale de la quantité d'énergie disponible pour combiner une marotte et les nécessités de la vie quotidienne (travail, vie familiale, etc.).

Par exemple : en ce moment c'est l'étude du Talmud qui semble être l'élément dominant de mes centres d'intérêt, à la fois parce que le groupe où je pratique est excellent, et que le texte étudié est difficile et fascinant. C'est une passion qui requiert beaucoup de disponibilité mentale, et il me faut en garder pour mon travail qui en nécessite également. J'ai donc un emploi du temps rigide : une soirée par semaine est entièrement réservée à l'étude en groupe , de 9h à minuit, et les autres jours, j'étudie une heure, ni plus ni moins. Je garde une autre passion un peu différente en parallèle (le dessin botanique), elle aussi calée sur des heures limitées. Je congédie fermement les autres centres d'intérêt qui voudraient trop s'imposer. C'est frustrant mais nécessaire à ma survie et à celle de mon entourage. :honte:

Pour l'organisation de l'apprentissage, j'ai recours, dans tous les cas, à des cahiers dédiés où je note le maximum d'informations sous la forme la plus succincte et compacte possible : un peu comme des fiches d'étudiant mais en plus élaboré. Ma mémoire aime les cartes mentales complexes et les listes et je construit donc les pages de mes cahiers en fonction de ces impératifs.
Pour la mémorisation, je procède par page : une fois un feuillet construit, je le reprends plusieurs fois (par la copie puis mentalement, avec puis sans modèle) jusqu'à ce que tout son contenu soit passé dans ma mémoire.

J'espère que ma réponse t'est un peu utile, n'hésite pas à relancer.

Missmerteuil
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Re: Gestion des passions envahissantes

Message par Missmerteuil »

Bonsoir Judith, merci beaucoup pour ta réponse!
Pour l'instant je note dans un cahier au pif mes pensées et annotations et je vais essayer de les synthétiser sur mes fiches à partir de cette semaine! Structurer mon emploi du temps peut-être un objectif intéressant oui, ça m'évitera d'être submergée trop vite ^^ ou de changer de sujet d'étude par frustration XD Si je galère je viendrai demander de l'aide ^^

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Tortue
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Re: Gestion des passions envahissantes

Message par Tortue »

J'ai des passions un peu envahissantes, mais qui restent en général dans des proportions raisonnables. Simplement, il me faut prendre garde d'ennuyer mes interlocuteurs avec ces sujets.

Au tout début de l'adolescence, c'était le foot. Je ne regardais aucun match, n'ayant pas d'abonnement télévisé : c'était avant tout une passion onomastique. J'achetais des revues, je consultais la composition des équipes, je retenais, en plus des noms, les dates et lieux de naissance, les tailles et poids des joueurs. C'était une manie d'état-civil : ces joueurs n'avaient aucune existence incarnée pour moi, j'ignorais à quoi ils ressemblaient et ne me posais même pas la question. Puis j'ai eu accès à des revues de bonne qualité sur le sujet et je me suis intéressé à la culture et à l'histoire du foot. Mais je ne voyais aucun match en dehors des compétitions internationales tous les deux ans.

Puis, vers quinze ans, ça a été le rap. Le plaisir d'explorer un nouveau continent artistique, vous le connaissez tous, je ne vous fais pas un dessin. Comme dans le cas du foot, j'ai acheté beaucoup de revues, et bien sûr j'ai écouté tout ce que j'ai pu. Cette exploration méticuleuse mais un peu désordonnée est devenue ma manière habituelle d'aborder les sujets qui m'intéressent.

Depuis la fin de l'adolescence, il y a la littérature, qui par chance pour moi est une passion socialement acceptable. Un peu plus étrange, j'ai le goût d'acheter des livres, le rêve d'une bibliothèque universelle. Je passe un temps fou à consulter les catalogue des éditeurs, à ausculter les librairies des villes où je me trouve. Lorsque j'arrive dans une ville que je ne connais pas, je la découvre par ses librairies. J'achète une quantité de livres invraisemblable, bien plus que je ne saurais en lire. C'est une manie coûteuse et difficile à contenir.

Plus récemment m'est venu le goût des journaux personnels et autres cahiers, carnets, recueils de pensées, etc., quel qu'en soit l'auteur, du grand écrivain au diariste du dimanche, en passant par les artistes et scientifiques de toutes disciplines. J'en fais collection, je tiens mon propre journal et j'en parle volontiers avec mes amis.

De temps en temps, je suis pris d'un désir impérieux de jouer aux échecs et d'en lire : dans ces périodes qui durent en général quelques semaines ou quelques mois, je joue intensément, puis compulsivement (et je joue de moins en moins bien). À un moment, je sens qu'il vaut mieux que je m'arrête.

Enfin, celle-ci, que j'ai découverte l'an dernier : la série de romans Fantômas, par Souvestre et Allain, dont je parle à tout bout de champ à tout ami qui a le malheur de croiser mon chemin (sans parler de ma famille qui n'en peut plus).

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Re: Gestion des passions envahissantes

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Re: Gestion des passions envahissantes

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