Automutilation intellectuelle : des effets irréversibles ?

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Yayahouette
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Re: Automutilation intellectuelle : des effets irréversibles ?

Message par Yayahouette »

Je suis toute fraiche dans la problématique des HP, mais ce sujet résonne très fort car c'est une des chose qui m'a bouleversé avec le test. Quand on se sent différent, et que les autres nous le renvoient également, bah on s'adapte. On se sur-adapte même. Alors du faux self qui autorise parfois des moments de liberté, à la castration qui pousse à détruire ce que les autres rejettent de nous, la frontière est mince.

Il y a je crois des livres qui permettent de travailler sur ce point. Le problème n'est pas le QI puisque le test valide la chose. Nous ne perdons donc pas notre intelligence avec un faux self. Par contre, nous perdons une chose qui est tout autant essentielle: notre capacité à être. Parce que justement, cette intelligence nous permet de fabriquer des barricades et des masques pour être acceptés, elle fonctionne bien. Il faut être sacrément doué pour se travestir en naîf quand tout en nous est capable de lire les choses avec justesse et maturité.

Là où ça se joue alors dans cette auto mutilation, c'est plus en une faculté à se faire confiance. A lâcher le frein à main sur ce qu'on sent au plus profond. A l'assumer, sans avoir besoin de se costumer pour passer inaperçu. C'est une sacré reprise de son territoire intime.

Il me semble que le livre de Julia Cameron: "Libérez votre créativité" pourrait être une piste assez intéressante pour se réaproprier ce que l'on est et qu'on a écrabouillé (pour être aimé, pour survivre, etc....). Il se décompose en 12 étapes, comme pour les thérapies de dépendance. Et il se propose, par le biais de divers petits exercices quotidiens, de nous faire évacuer les chagrins et les colères dues à nos sur adaptations. On revisite son histoire, les remarques assassines qui nous ont forgées, nos croyances, et au final, on reprend un contact puissant avec soi même.
Disons que c'est une piste parmi d'autres.

Sinon, la personne qui m'a fait passer le test m'a proposé des exercices via le net pour rebooster certaines choses dans mon cerveau. (j'ai un écart de 48 point entre mon QI et ma mémoire, ce qui est un peu bizarre). Elle semble dire qu'en 6 mois les choses sont résolues, et que la particularité des HP est d'avoir une telle souplesse neuronale que finalement, ils "réparent" très vite leurs capacités cérébrales s'ils y bossent. Donc tous les espoirs sont permis!!!!!

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Enuma
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Re: Automutilation intellectuelle : des effets irréversibles ?

Message par Enuma »

C'est un sujet très intéressant et j'avoue que je me posais la question depuis plusieurs années me concernant. Je ne sais pas si c'est vraiment exactement la même chose par rapport à ce que je ressens.

J'ai toujours eu l'impression d’être en décalage avec les autres personnes de mon age. En même temps, je n'ai pas été en échec scolaire pour autant, même si en secondaire, je n'ai pas particulièrement brillé. C'est plus au niveau social que ça me handicapait (et me handicape en un peu il faut bien l'avouer).

Je me suis rendue compte que c'est plutôt via des épisodes qu'on peut qualifier de douloureux (sans pour autant qu'il agisse de moments dramatiques, je suis bien consciente que beaucoup de personnes vivent des choses particulièrement terribles et ce n'est pas mon cas). Malgré cela, j'ai eu l'impression de me prendre régulièrement des coups et on dirait que j'ai forgé une sorte de carapace entraînant une diminution de mes capacités intellectuelles.

Avant, j'adorais réfléchir, pousser mes pensées le plus loin possible. Parfois ça frôlait la clairvoyance car je m'amusais à déterminer l'espace des possibles. Avant j'avais une excellente mémoire, justement parfois trop bonne. Avant j'aimais les problèmes complexes.

Maintenant, j'ai l'impression de fuir si je dois raisonner sur des sujets qui me touchent. Et pour ceux qui ne me touchent pas, je m'en désintéresse tellement que je ne veux même pas débattre. J'ai des pans de souvenirs entiers qui sont comme dans une boite noire fermée à clé. Je sais qu'ils sont là, il suffit que je fasse un effort. C'est un peu comme si je ne voulais plus me heurter à aucune difficulté. J'ai l'impression que j'ai creusé une vide énorme et parfois je me demande si j'aime encore quelque chose. Avant j'avais des passions et des marottes. Maintenant, c'est comme si j'étais paralysée quand je veux me remettre à faire quelque chose qui avant m'enthousiasmait. Un genre de procrastination démultipliée.
Je ne me sens pourtant pas malheureuse. Et je suis bien occupée avec les enfants. C'est peut être d'ailleurs ça qui me permet de ne pas trop me rendre compte de l'étendu des dégâts.

Parfois j'essaye de re-dérouler le fil de ma vie et j'essaye de voir les croisées de chemin par lesquelles je suis passée pour envisager comment l'histoire aurait pu être différente si j'avais pris d'autres décisions ou eu d'autres actions. Paradoxalement, je ne regrette pas vraiment. Ou alors c'est un effet secondaire de mon manque de souvenirs.

Enfin bref, ce n'est pas très clair dans ma tête et je me demande ce qu'il faudrait pour que tout ça se décoince.

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