Relation de couple et faux self

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Haki
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Re: Relation de couple et faux self

Message par Haki »

Est-ce que vous avez fabriqué une personnalité en faux-self ? Est-ce votre conjoint qui a construit une personnalité en faux-self ? Quelles difficultés cela occasionne-t-il dans votre couple ? Vous en êtes vous « sortis ? » Avez-vous des pistes ? Le diagnostic de douance et la prise de conscience d’un faux-self a-t-il apporté une amélioration à vos relations ?
Ceci ne va être qu'un pur témoignage :

J'ai été en relation avec un jeune homme, pendant très peu de temps certes (3-4 mois), mais il s'est passé suffisamment de choses pour pouvoir donner mon témoignage.

Mon copain de l'époque s'était érigé un magnifique faux-self : très égocentré, il aimait capter l'attention en public, être le clown de service, être populaire, et il l'était. Seulement personne ne le connaissait en profondeur, juste en surface et quelque part c'est ce qu'il était : d'apparence superficielle. Je dis d'apparence, car superficiel, il ne l'était pas du tout.

Seulement, à la maison c'était différent. On se voyait H24 et il était clairement pas le même, plus calme, plus ouvert, plus "intéressant" pour moi une fois qu'il enlevait sa coquille. Il était surdoué lui aussi, savait faire énormément de choses (arts, sports...) et on pouvait avoir de magnifiques échanges intellectuels. De plus il avait une confiance en lui en béton (en apparence encore une fois).
A contrario, j'étais une fille calme, posée, pas hyper sociable, pas non plus obsédée par mon image ou ma popularité. J'avais toujours appris à être seule, donc le rester ne me dérangeait pas. Etrange de voir à quel point ça a collé entre nous de manière aussi passionnelle (aussi courte que fût notre relation) alors que d'apparence nous étions si opposés.

Lui était l'un des garçons les plus populaires de sa boîte, en soirée dès qu'il arrivait, il avait droit à une ola de la part des invités, toujours en soirée, il allait de groupe en groupe, parler à des gens sans s'arrêter, comme un papillon de fleur en fleur. C'est un jeune homme très dans le contrôle de lui-même, qui ne veut laisser transparaître aucune émotion négative. Ca se voit dans son art, ses peintures très léchées. Très maniaque, il n'aime pas le désordre, ce qui est sale. Il n'aime pas l'imperfection.
Ce qui était étonnant, c'est qu'à côté de cette hygiène de vie impeccable, de ce masque portée en permanence, il y avait des indices qui montraient clairement qu'au fond son corps et son mental ne suivaient pas : maux de ventre inexplicables et constants, impossibilité de digérer correctement (au point qu'il se sous-alimente parfois ou saute des repas), sommeil agité, frustration sur les gens (car incapable d'être honnête avec eux), coupure de la pensée.

Et on vivait H24 tous les deux dans son appartement, ce qui demandait davantage de contrôle sur lui-même pour ne pas se trahir, pour apparaître sous son meilleur jour devant moi.

Le problème qui s'est posé c'est qu'étant surdouée moi-même, j'ai cette tendance à analyser, à essayer de comprendre ce qui m'entoure, quitte parfois à pousser le bouchon un peu trop loin...

Ca ne faisait que 3 mois qu'on était ensemble quand un jour nous avons eu une conversation où je lui ai dit qu'il portait un masque, que c'était une barrière pour se protéger... Ce n'était pas du tout un reproche, juste une constatation. Ca ne lui a pas plu. J'avais touché pile poil là où ça faisait mal.
Du jour au lendemain, à l'issue de cette conversation qui n'était même pas une dispute, il a préféré partir, disant qu'on avait besoin de temps, qu'on était allé trop vite, qu'on était trop différents (alors que 1 mois auparavant, il disait l'inverse), qu'on devait essayer d'être ami pour voir si ça pouvait fonctionner, qu'on ne se connaissait pas... (ou peut-être justement que je le connaissais trop.)

Ca s'est passé en Novembre dernier. Je savais ce qu'était le faux-self à l'époque et j'étais persuadée que je pouvais éventuellement l'aider. Ca me brisait le coeur de voir quelqu'un mettre autant d'énergie pour être aimé par la masse.
Ca me brisait le coeur de voir que pour ne pas montrer ses mauvaises émotions, il en était venu à faire des blagues, a rire et faire semblant que tout allait bien le jour où il a appris au travail que sa mère était morte accidentellement.

Son faux-self et mon penchant à tout analyser et être honnête ont je pense contribué à détruire le couple que nous commencions à bâtir et qui était si enrichissant pour moi (c'était la première fois que je tombais sur quelqu'un qui me correspondait autant).
Je m'en veux quelque part encore d'avoir cherché à le cerner trop vite, 9 mois après la rupture, même si lui a ses tords.

J'ai ensuite vu une psy spécialisée dans la douance à qui j'ai parlé de cette histoire. Elle a la même analyse que moi : faux-self +++. La seule barrière qu'il s'était érigé et qui avait tenu pendant des années depuis son enfance, qu'il croyait indestructible a réussi à se fendre par une nana qui débarque dans son environnement et qui le connait mieux en seulement 3 mois que ses amis qui le connaissent depuis 9 ans (et dont certains affirment ne pas le connaître du tout). En plus, étant très dans le contrôle de lui-même et de ce qui l'entoure, ça lui a fait peur. Ses émotions intenses pour moi ont dû en plus le perturber.

Bref cocktail explosif... Je n'ai pas trouvé de solution, vu que ce jeune homme a préféré fuir sans me donner d'alternative autre que celle de "prendre nos distances, voir si on est ami et pourquoi pas plus tard...

Cependant la relation post-rupture m'a montré une tout autre facette de lui : celui qu'il renvoie à tout le monde. Je n'avais plus accès à sa part la plus intime, sa sensibilité... Tout ce qu'il était devenu par la suite (car on continuait de se fréquenter en tant que "pote") était juste une coquille vide qui sourit en permanence... ou qui décide d'être froid et distant pour je ne sais quelle raison.

Son faux-self ayant repris le dessus, c'est comme s'il était devenu un étranger complet, comme si celui que j'avais aimé était mort. Ca doit paraître ridicule d'être autant attachée à une relation de seulement 3 mois, mais croyez-moi, cette relation m'a plus apporté en 3 mois que toutes mes autres relations de plusieurs ans, donc dur d'en faire le deuil...

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O'Rêve
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Re: Relation de couple et faux self

Message par O'Rêve »

Bon, mon message ne va pas être très encourageant, mais la période me semble assez propice pour partager la suite…

Je ne sais pas si cela relève de nos personnalités en « faux self », et si finalement nous nous sommes reconnus et choisis en reconnaissant nos fonctionnements en faux-self, mais toujours est-il que nous avons maintenant compris que notre mode de relation est une relation qu’on peut qualifier de "symbiotique" (notion d’analyse transactionnelle)

Et actuellement, malgré le fait que nous avons repéré tous les deux ce mécanisme, nous n'arrivons pas à en sortir.
Je reprends quelques points lus sur le net, pour expliquer plus en détail ce qui se joue dans notre couple. Grosso modo, une relation symbiotique est une relation au sein de laquelle l'un prend en charge l'autre, au détriment de ses propres besoins, tandis que l'autre renonce à utiliser sa capacité de jugement, de raisonnement, de décision.
La demande symbiotique est un appel, une plainte ou une remarque, dans laquelle aucune demande n'est réellement formulée. Le demandeur symbiotique attend de son interlocuteur une compréhension, un partage émotionnel ou une action, sans pour autant le formuler clairement.
En écho, la réponse symbiotique consiste à deviner ce que l'autre veut dire (achever sa phrase, par exemple) ou manifester une émotion (non réellement ressentie mais pressentie comme pertinente), ou faire pour l'autre quelque chose en abandonnant ses propres priorités, comme un réflexe, sans vraiment en décider ainsi.
Nous sommes co-responsables de cette situation. A savoir, chaque fois que j'apporte une réponse symbiotique à une demande symbiotique, j'entretiens le mécanisme (et inversement).
Un comportement passif peut être une invitation symbiotique (je n'agis pas; agissez à ma place). La passivité est un ensemble de comportements dont la raison d’être pourrait se résumer ainsi : « Comment puis-je m’y prendre pour ne pas résoudre ce problème ? (mais, ce n’est pas une question consciente)
On distingue quatre comportements passifs.
1. L’abstention : la personne est passive au sens premier. Elle ne fait rien.
2. La suradaptation : la personne fait quelque chose, mais l’action ici n’a pas pour objectif de résoudre le problème mais de faire ce qu’elle imagine que l’autre attend d’elle.
3. L’agitation : la personne « s’agite », elle est nerveuse, ne tient pas en place : elle manifeste souvent sa présence par des bruits parasites.
4. La violence ou « l’incapacitation » : la personne devient violente et blesse l’autre ou soi-même (incapacitation : anglicisme qui a pour ambition de faire passer l’idée d’incapacité).
Toutes ces situations sont des situations que nous avons vécu et que nous continuons à vivre au quotidien. C’est un système relationnel bien ancré (on a toujours fonctionné ainsi) et je perds espoir que nous allons trouver une solution pour aller vers le changement.
Il y a eu une grosse grosse crise il y a quelques semaines. Après les thérapies individuelles (pour chacun), la thérapie de groupe (pour mon conjoint, entamée il y a tout juste un mois), c’est la thérapie de couple qui semble se profiler comme dernière possibilité pour évoluer vers un autre mode relationnel.
J'ai conscience que j'ai eu besoin de fonctionner symbiotiquement et que je m'en suis contentée pendant de nombreuses années, d’où la difficulté au changement. La difficulté pour le moment, c'est que je ne réponds plus à ses demandes symbiotiques. Mais il le vit très mal et me perçois comme indifférente. Du coup les demandes symbiotiques et la passivité sont encore accentuées. Je ne sais pas combien de temps je vais encore réussir à tenir, à l’attendre. Récemment, face au manque, je suis passée à deux doigts de l’infidélité. Mais dans ma tête l’histoire avec mon conjoint n’étant pas clôturée et j’ai été dans l’impossibilité d’avancer et de me projeter dans cette histoire qui s’est développée à coté. J’ai préféré contrôler, pour mon histoire pouvoir la clôturer avant éventuellement de commencer un après avec un autre…
Voila, j’en ai ras le bol en ce moment. Tout ça pour dire que le faux self ça fout la merde (excusez pour le mot) partout : dans le couple, dans les relations, dans l’engagement pro….Ben là oui ras le bol du faux self…comme d’autres, je passe par la période où j’ai les boules d’avoir été diagnostiquée si tardivement…tout me semble si lent à se décanter et à tous niveaux…Malgré tout l’espoir je l’ai. C’est juste que c’est pas simple du tout en ce moment.

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Grabote
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Re: Relation de couple et faux self

Message par Grabote »

J'ai "attendu" des années en me disant "ça va s'arranger" et puis finalement "ça" a changé après que je sois partie.
Des fois, y'a des changements qu'on peut pas faire ensemble, c'est triste mais c'est comme ça.
O'Rêve, n'oublie pas que le temps passe et qu'on a qu'une vie ... (enfin c'est mon point de vue et il n'engage que moi ^^)
L'essentiel est sans cesse menacé par l'insignifiant. René char

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O'Rêve
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Re: Relation de couple et faux self

Message par O'Rêve »

Oui, ça fait écho à une phrase de ma psy : "Attention à l'espoir!"
Et ça me renvoie aussi à un article "L'ombre de l'espoir" dans le livre HOPE, le grand livre de l'espoir.
"Nous devons parfois renoncer pour avancer".
"Un espoir mal placé peut être aussi dommageable qu'un manque d'espoir total".
"Nous devons être capables d'espérer à la fois avec frénésie et rigueur"

Au fond de moi, la thérapie de couple, c'est le dernier espoir...et nous savons tous les deux que l'enjeu n'est pas forcément d'ensemble continuer, mais de nous accompagner vers l'après (ensemble ou pas).

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