La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

l'Humanité, L'Existence, la Métaphysique, la Guerre, la Religion, le Bien, le Mal, la Morale, le Monde, l'Etre, le Non-Etre... Pourquoi, Comment, Qui, Que, Quoi, Dont, Où...?
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Bulle d'o
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La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par Bulle d'o »

Pour ne pas réaliser un sujet dans une présentation (ô pardon), je lance ici le débat sur ce thème.

Je reprends quelques éléments d'interrogations ayant menés à cela.

Pour résumer : (échange : Bulle d'o, Enufsed, Swinn)
B.O. : "Moi qui n'ai pas un temps inouï depuis mon test, j'arrive pas à en voir le côté "réel" de cette "fameuse intelligence" , sentant toujours bien des gens plus "perspicaces", "pertinents" et en définitive "intelligents" que je ne me sens être.
Par contre, je relativise en regardant le fait qu'on m'ait pointé mon "perfectionnisme". Et ainsi donc cela explique en partie pourquoi je reste dans une recherche de "toujours plus"."

Serait-ce là finalement le fléau de l'intelligence, ne pas pouvoir se reconnaître du fait du "trop"... Le mieux étant l'ennemi du bien?

E. : "je crois que c'est l'écueil fondamental de l'interprétation de ce test, nous cherchons par un réflexe aussi vieux que notre linguistique à cristalliser la douance en un animal qu'on appelle le surdoué.
Rien que la notion de "pertinence" : on peut la comprendre dans le sens d'une compétence, souvent en vertu d'une connaissance et d'une maîtrise préalables. Et à l'inverse on sacralise de plus en plus "l'impertinence" comme signe d'intelligence, le surdoué serait celui qui sort du cadre, le fameux qui propose des solutions auxquelles personne n'avait pensé, une sorte de singe qui saute sur les branches de son fameux arbre mental chercher la banane de la connaissance.

D'ailleurs pour synthétiser tes propos, ne pourrait-on pas dire qu'être intelligent c'est avoir la perspicacité de reconnaître qu'en général on n'est pas pertinent ?"


S. : "Je ne suis pas sûr que la culture rend pertinent, cela peut rendre savant. Je pense qu’il y a plus important que la culture en soi : la capacité d’archivage et l’aptitude au traitement de l’information que tu possèdes.
Pour ma part, moi qui ne suis absolument pas cultivé au niveau universitaire, encyclopédique, populaire....le peu d’infos que je possède je le possède bien et je sais bien l’utiliser. En ce sens, je n’ai pas beaucoup de réponses ni de pertinence comme tu le dis à donner de belles réponses, mais au moins, le peu que je connais en plus d’un tout petit peu d’intelligence me permet de poser les bonnes questions, ce qui je trouve n’est pas si mal."

E. : "La pertinence comme la perspicacité sont des appréciations éminemment subjectives. On y met tellement de soi dans ces jugements. Ce ne sont pas des mesures de l'intelligence. Ce qui importe alors c'est de savoir ce que l'expression "je le/la trouve (plus) pertinent (que moi)" dit de nous quand nous l'utilisons.
Pour la culture je rejoins Swinn : avoir réponse à tout ne signifie pas qu'on sache en faire quelque chose."

La culture rend elle donc savant ou pertinent? Est ce lié à sa propre objectivité?

B.O. : "Je sais bien que tout ça est subjectif mais mon sentiment d'imposture est là, pas du côté du HP. Mais depuis longtemps, alors que j'ai un bagage universitaire, que je sais explorer tant de choses en partant d'un détail et en apportant une analyse assez juste sur le vivant : de la plante à l'animal-homme et ben, je me sens "con" car j'ai une culture que je trouve pauvre!
Après, tout ce que je lis, je le retiens, pas dans du par coeur mais parce que ça fait sens et du coup, plus je lis, plus je deviens cultivée et plus, surtout, je suis à même de m'en servir comme d'une boîte à outil mais, je lis peu.

Mais avec ce perfectionnisme : Jamais satisfaite. Constamment l'impression de devoir faire plus!
Jamais réussi à être pleinement confiante et ça a des incidences sur beaucoup de choses dont "toucher le plafond de verre de l'autre" (voire de vair) en contexte de travail."

Ce qui reviendrait à dire que la perspicacité et la pertinence serait aussi un construit dans le lien à l'autre, outre le regard subjectif sur soi? Et le perfectionnisme pourrait il flouter cela?


E. : "Le sujet mériterait peut-être un topic même si on est au croisement de plein de problématiques. La question de la pertinence n'est pas bien-sûr que liée à l'histoire de culture générale ou de regard sur soi.
ça m'est revenu ce matin, en voyant des étudiants de ma promo parler sur le groupe whatsapp de leurs devoirs qui semblaient être riches d'un gros travail et d'une recherche poussée. Pourtant, l'an passé mes résultats étaient meilleurs que les leurs, et en suivant leurs propos je repère des choses qui me choquent dans leur compréhension des sujets, limite hors-sujet ou parfois péchant par excès de fourre-tout. Et là je me dis qu'il y a problème de pertinence alors que visiblement le travail documentaire en amont est considérable et supérieur au mien."

Donc, si je résume,
La pertinence et la perspicacité est- elle en lien avec l'intelligence?
La connaissance, la culture (dans le sens générale) et le savoir sont ils constitutifs de cette pertinence?
L'impertinence serait-elle un des traits observés qualifiant l'intelligence singulière des "doués"?
La question de pertinence et de perspicacité est -elle toujours liée à la subjectivité que l'on met dessus?
Et enfin, le perfectionnisme comme trait d'exploration du savoir et de la connaissance, allié à l'utilisation de l'intelligence, peut il apparaître comme un frein dans l'exposé qui en est fait dans un contexte social? (dont le travail par sa codification sociale imposée...)

Si vous voulez rebondir sur tout cela.... à votre bon cœur....
"Je ne communique pas mes jugements, je ne suis pas un donneur de leçons, l'observation du monde ne suscite chez moi qu'un dialogue intérieur, un interminable dialogue avec moi-même."

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enufsed
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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par enufsed »

Préalablement à toute discussion il y a nécessité de se mettre d'accord sur les termes. Nous ne pouvons certes pas nous lancer dans des analyses lexicales complexes mais ici le sujet convoque beaucoup de concepts : connaissance, pertinence, culture, perspicacité.
Souvent le problème naît du hiatus inexprimé entre les interlocuteurs, nous entamons une discussion alors que nous ne sommes pas d'accord sur les concepts manipulés.

Je considère ici synonymes connaissance et savoir. Culture générale est une forme de connaissance (c'est-à-dire domaine qui concerne le vrai et dont les assertions possèdent des valeurs de vérité : infirmation / vérification des énoncés) mais dans le sens commun d'une connaissance plus versatile et superficielle : on connaît les rois de France sans pour autant être en mesure de produire un discours solide sur la monarchie française et la construction de la nation etc. etc.
Perspicacité : je pense à Sherlock Homes ou l'inspecteur Maigret. La capacité de proposer une réponse juste sans avoir en sa possession les éléments de connaissance nécessaire (ce qui la rapproche de l'intuition)
Pertinence : fournir la bonne proposition dans le cadre d'une problématique complexe. J'y vois une forme d'efficacité intellectuelle.
impertinence : n'est pas antinomique avec pertinence, mais c'est plutôt la capacité à faire des pas de côté, fournir des propositions hors des limites qui peuvent s'avérer pertinentes.
Perfectionnisme : désir ou inclination à épuiser tous les aspects d'un sujet pour ne pas produire des énoncés faux, hors de propos ou n'ayant pas de pertinence. On pourrait considérer une opposition entre perfectionnisme et pragmatisme / perfectionnisme et dilettantisme sans pour autant établir de synonymie entre dilettantisme et pragmatisme (non je ne fais pas de politique !)

Do we have a deal ?

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Bulle d'o
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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par Bulle d'o »

Deal!
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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par Fish »

Sur la notion d'efficience, un travail conséquent n'est pas forcément synonyme de pertinence. Mon expérience personnelle en entreprise me suggère que ça peut même être l'inverse: des gens compensent le manque de maîtrise d’un sujet par un travail acharné bien que totalement inutile. L'idée est plutôt de se défausser en disant "si jamais ça merde à la fin (ce qui est possible vu que le sujet n'est pas maîtrisé), on ne pourra pas dire que j'ai rien foutu". Le volume de travail n'est pas destiné à acquérir des connaissances ou des méthodes, seulement à maintenir une image de bosseur auprès des collègues ou de la hiérarchie.

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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par Jahroo »

enufsed a écrit : dim. 10 mars 2019 20:15 impertinence : n'est pas antinomique avec pertinence, mais c'est plutôt la capacité à faire des pas de côté, fournir des propositions hors des limites qui peuvent s'avérer pertinentes.
Je suis d'accord sur la première partie mais la seconde m'interroge un peu plus.
La capacité à faire des pas de côté c'est l'aptitude à pouvoir changer son regard, à faire évoluer le cadre de référence en le redéfinissant par au moins 1 nouvelle dimension (qui n'était pas visible par l'angle de départ) afin d'offrir une analyse innovante. Cela peut perturber ceux qui s'accrochent au référentiel initial et effectivement leur paraître parfois arrogant (selon leur capacité à le remettre en question). Je conçois aussi qu'une attitude provocante puisse éventuellement être recherchée mais j'ai du mal à réduire l'intention qui anime ce changement de perspective à seulement de l'impertinence. Après j'avoue ne pas réussir a trouver le terme adapté à cette capacité (divergence ne me plait pas plus) et je pars peut-être aussi d'une définition erronée d'"impertinence" auquel cas je te prie de bien vouloir me repréciser ce terme enufsed.
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dani
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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par dani »

C'est passionnant, merci pour avoir posé ainsi ce questionnement. Bel os à ronger

Les pistes que j'aimerais pouvoir documenter sur la base de mon intuition sont, si je reprends ton résumé :

La pertinence et la perspicacité est- elle en lien avec l'intelligence?

Ben forcément, comme pour tout. Mais c'est quoi l'intelligence déjà ? Mon intuition est que l'intelligence (en termes de capacités cognitives essentiellement) est essentielle mais ne suffit pas pour être réellement pertinent et perspicace. Je suis dans un milieu avec pas mal de chercheurs (à priori leur niveau intellectuel est donc plutôt élevé, ils ont un doctorat ou au moins un niveau master). Ils sont donc une population qui devrait être particulièrement pertinente et perspicace. Et ils le sont, pour leur propre sujet de recherche. Beaucoup moins pour d'autres sujets ou thématiques, surtout si ils sentent en concurrence avec d'autres chercheurs ou si ils sont très susceptibles. Dans cette histoire, je pense donc que la personnalité et la gestion des émotions, l'estime de soi etc .. joue aussi un rôle majeur. ça me fait penser à un article que j'avais vu passer, je vais tenter de retrouver cela.

La connaissance, la culture (dans le sens générale) et le savoir sont ils constitutifs de cette pertinence?

Constitutifs, je ne sais pas pas. Je ne pense pas, comme le relève Swinn plus haut il n'y a pas besoin d'avoir une culture générale étendue pour avoir une réflexion pertinente et perspicace. Par contre c'est une force supplémentaire je pense. Ma culture générale à moi est très lacunaire, et j'en souffre dans certaines de mes réflexions du moment qu'elles sortent de mon champ d'intérêt habituel. Sinon, mon raisonnement est identique au point précédent : pour moi la personnalité, son propre développement personnel joue probablement un rôle important dans l'usage perspicace de ces connaissances. J'ai hâte de savoir si il y a de la littérature à ce sujet.

L'impertinence serait-elle un des traits observés qualifiant l'intelligence singulière des "doués" ?

Bof, je ne suis pas convaincue du tout que ce soit en rapport avec la douance. Certains surdoués diagnostiqués de ma connaissance sont soit très impertinents, soit au contraire très inquiets de blesser autrui et sont au contraire très réservés dans leur propos. Je verrais plus un lien avec la personnalité ici aussi. Ou autre chose (le TADAH ?). Là aussi j'ai vu passer une réflexion là dessus, faut que je retrouve cela.

Je m'arrête là même si les autres questionnements sont passionnants aussi, suis en retard, je fileeeeeeeee !
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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par enufsed »

Sur la notion d'impertinence je n'entendais pas épuiser le champ sémantique du concept : je fais bien la distinction entre l'impertinence dite morale ou sociale qui va être vécue comme un manque de respect par l'interlocuteur, c'est l'acception courante et une impertinence intellectuelle que je voulais différencier d'une absence de pertinence (ce que signifiait autrefois impertinence d'ailleurs, mais c'est un usage vieilli). Dans les deux cas on peut penser à une attitude qui ne respecte pas les règles et les codes mais dans le champ intellectuel cela peut aboutir à du nouveau (c'est un irrespect créateur) : on peut considérer que Du Bellay et les poètes de la Pléiade ont eu l'impertinence de défendre la poésie en langue française, ou que Kandinsky (et d'autres à la même époque) ont eu l'impertinence de s'affranchir du mimétisme et des modèles réels.

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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par blue hedgehog »

Mon petit grain de sel:
Ma culture générale est très lacunaire, surtout dans certains domaines comme le cinéma, la musique française, les stars et starlettes, la poésie, la psycho etc.
Donc pour certains sujets de ce forum, je suis hors course comme par exemple "jouons avec les images de films / avec les chansons", pourtant quand je vois ce qui est posté, je peux y associer des observations, déductions, impressions etc. qui seront pertinentes. Plusieurs personnes de mon entourage me disent que je vois tout/ j'entends tout, moi j'appelle ça l'observation. Pour moi l'observation n'est pas liée à l'intelligence, mais l'étape suivante celle qui se passe en moi souvent même sans que ce soit tout à fait conscient, je parle de l'analyse et de la synthèse des observations donc en bref les déductions sont, selon moi, des processus liés à l'intelligence. Après c'est encore l'intelligence qui décidera quelles sont les informations pertinentes à retenir et quelles sont les informations secondaires moins utiles ou inutiles. Certains diront donc que je suis perspicace.
Quand Enufsed décrit l'impertinence comme une pensée hors-cadre, moi je me dis que mon cerveau a bien pris en compte ce qui est pertinent pour lui mais qui sera sans-doute impertinent pour les autres. Donc finalement, la pertinence dépendrait, selon moi, totalement du référentiel.
Petit exemple du quotidien: Ma belle-mère m'appelle pour me demander de venir chez elle parce que sa machine à café ne fonctionne plus. Je lui demande pourquoi elle me demande à moi et le me répond "parce que toi tu sais toujours réparer" (pas du tout la pression hein ;)). En plus non, je ne "sais" pas, je ne connais pas sa machine, ni ce genre de machines en général, j'aime pas le café enfin c'est pas mon truc quoi! Mais voilà, je regarde le bidule (j'ai pas de mode d'emploi parce qu'elle ne le retrouve pas), je touche , j'observe, je déduis et je remets la machine en route après 10 minutes (après avoir décoincé un joint de soupape). Elle est toute contente, moi moins parce que mes mains sentent le café même après les avoir lavées. Elle me dit qu'elle n'avait pas trouvé d'ou venait la panne et que mon beau-frère lui aussi présent n'avait rien su faire non plus. Dans les situations comme ça je me dis que ce n'est pas possible, qu'ils font preuve de mauvaise volonté mais à bien les observer non, ils voulaient vraiment "réparer" la machine... Alors faut-il conclure que j'ai eu de la chance d'avoir trouvé, ou que le processus cognitif était plus pertinent ou même efficace? :honte:
Parce que en somme, ne peut-on pas dire que la pertinence amène l'efficacité?

Allez là dessus,je vais aller reposer mon :neuns:
Une bougie offre sa lumière aux alentours, pendant qu'elle se consume. (Proverbe chinois)

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Fish
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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par Fish »

Après j'avoue ne pas réussir a trouver le terme adapté à cette capacité
Ne serait-ce pas de l'anticonformisme ? Mon ressenti est que l'impertinence est toujours négative. Ce n'est peut-être plus de l'absence de pertinence, mais cela inclut toujours une forme de futilité. L'anticonformisme peut être positif ou négatif, selon l'intention de l'auteur. Il peut être un reproche de ne pas suivre les bonnes règles tacites, ou au contraire être un objectif, comme dans l'art ou lors d'une séance de brainstorming.
Pour moi l'observation n'est pas liée à l'intelligence, mais l'étape suivante celle qui se passe en moi souvent même sans que ce soit tout à fait conscient, je parle de l'analyse et de la synthèse des observations donc en bref les déductions sont, selon moi, des processus liés à l'intelligence.
La capacité à observer ce qu'on a vraiment devant soi, et pas seulement la partie qui nous intéresse dans le cadre d'une démarche intellectuelle en cours, est l'une des grandes qualités d'un chercheur. Un exemple typique est la découverte fortuite des rayons X par Roentgen alors qu'il menait des expériences qui n'avaient aucun rapport.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Wilhelm_R%C3%B6ntgen

Quand je faisais du tests et de la validation, je dirais à la louche qu'un quart des bugs que je trouvais n'étaient pas ceux spécifiquement recherchés par les tests. Un testeur qui négligerait de répertorier ces bugs au motif que "ce n'est pas l'objectif de la procédure qu'il est en train de suivre" serait un bien piètre testeur.

Il s'agit d'une capacité à mettre en pause le but que l'on suit et à s'étonner d’événements inattendus, une forme de curiosité, qui a peut-être plus à voir avec la créativité (ou la divergence) qu'avec l'intelligence au sens "résolution de problèmes". Mais je suis d'accord que cette curiosité permet d'autant plus d'apporter de bonnes solutions. Ca me semble lié aussi au "biais de confirmation", bien connu en psychologie et en sûreté de fonctionnement.

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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par dani »

Ok, merci des précisions Enfused, j'ai rédigé mon post à l'arrache sans lire attentivement tes définitions des termes utilisés sur ce fil.

Contrairement à Fish, l'impertinence pour moi n'est pas forcément négative (mais elle peut être aussi juste le signe d'un comportement très impulsif, c'est pour cela que je faisais le lien avec le TDAH), mais elle a impérativement une visée sociale, à savoir bousculer des idées reçues (je pense aux sketchs de Blanche Gardin : si justes, lucides et si impertinents, ce qui fait justement leur force).

L'anticonformisme est une attitude qui peut être plus personnelle, moins visible socialement sans forcément viser à remettre publiquement en question des valeurs de société (pour éviter l'affrontement). L'anticonformisme est alors vécu de manière "privée", juste pour être en accord avec soi-même.

Mais les surdoués ne sont de loin pas tous anticonformistes non plus. Ou disons, cela dépend peut-être de leur étape de vie. Je vois évoluer plusieurs surdoués depuis leur naissance, et il me semble observer chez eux comme un processus : ils sont tous anticonformistes, mais de manière d'abord très "innocente" (leur logique implacable les amène depuis petit à des analyses très lucides du fonctionnement du monde et de la société, ils ne comprennent vraiment pas pourquoi les adultes ont des attitudes totalement anti productives (relationnellement, avec leur environnement etc..), mais soit ils s'éteignent (pour s'adapter à un milieu familial très sensible au jugement social et conformiste par "nécessité") soit ils ont un environnement qui non seulement tolère leurs particularités mais les nourrit (ce qui est à risque aussi de les faire glisser dans un fonctionnement qui serait socialement conforme à ce que l'on attend d'eux... donc un anticonformisme qui n'en n'est plus vraiment un !).

L'anticonformisme conscient et assumé peut mener à l'impertinence ou en tout cas à un affrontement social (par l'art, les médias, la politique etc.) qui, il me semble, n'est possible que quand certaines étapes de développement sont atteintes, selon le modèle de Dabrowski viewtopic.php?f=53&t=585 . Donc, pour moi, je reste convaincue que l'intelligence n'est pas seule en jeu dans vos questionnements mais que la personnalité, le développement personnel (et donc aussi émotionnel) sont des données à prendre nécessairement en compte aussi.

Maintenant, je ne suis pas certaine que cela ne concerne que les surdoués et cela reste un raisonnement tout à fait personnel :think:
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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par Jahroo »

[mention]enufsed[/mention]
Merci pour ton éclairage sur la notion d'impertinence intellectuelle. Je la comprend comme une pensée qui ne serait à priori pas académique ou culturellement reconnue (du moins dans l'immédiat). J'ai tout de même encore du mal à la différencier d'un jugement de valeur. Si tu as des liens pour m'aider à cheminer sur ce concept ça m'interresse.

[mention]Fish[/mention]
Anticonformisme s'en rapproche effectivement mais il a le gros inconvénient de posséder le préfixe "anti". Comme je suis un adepte de l'origami capillaire (voilà ça c'est dit si vous ne l'aviez pas remarqué), je trouve que definir un concept par opposition à un autre les enferme toujours dans une dynamique manichéenne et empêche finalement de se détacher des contraintes liées au cadre (l'attention est même focalisée dessus).

Non, pour moi la capacité à faire ce pas de côté nécessite de vraiment pouvoir penser différemment afin d'apporter des nuances de couleurs qui se distinguent du noir et du blanc. Si je devais mettre un mot sur mon idée je parlerai sans doute d'alter-optasie (wai c'est pompeux à souhait et digne d'un concept de best-seller ça me va bien :clin: ).

Désolé, ma pensée est assez confuse, je m'apperçois que j'ai moi même du mal à me comprendre... :?
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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par Invité »

Hors-sujet
La définition exclusive — dire ce qu'est une chose en définissant par la preuve ce qu'elle n'est pas — est indispensable à la pensée. Surtout à l'époque contemporaine où tous la plupart des modèles sont épuisés ou près de l'être (que ce soit en physique ou en philosophie).
Attention au vertige des nuances conceptuelles, j'observe que les précoces raffolent souvent de cette extase, qu'ils se repassent comme un trésor imaginaire, ou comme un merveilleux miroir.
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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par madeleine »

Ce qui - comme tout plaisir entre adultes consentants - ne se conteste ni ne se moralise :)
le chemin est long et la pente est rude, oui, mais le mieux, c'est le chemin, parce que l'arrivée, c'est la même pour tout le monde... Aooouuuh yeaah...
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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par Tamiri »

Des termes impertinence ou anticonformisme, je n'ai pour ma part pas tellement l'impression que l'un soit resté vraiment exempt de connotations. Il me semble plutôt qu'à des degrés et dans des contextes certes différents, les deux termes peuvent ou ont pu se trouver investis d'une valeur de jugement, positif ou négatif, variant selon la position de l'observateur. Il est toutefois avéré, dans le langage courant, que l'appréciation négative de l'anticonformisme est de nos jours plutôt réservée à l'expression de la répulsion, dans une posture « réactionnaire », envers une attitude plus généralement perçue comme constructive, car favorisant la remise en cause et donc l'expérimentation – et ceci, comme le dit Fish, indépendemment du jugement porté sur le résultat final. À l'inverse, l'impertinence revêt certes moins fréquemment une connotation positive, mais cela arrive tout de même, par exemple quand il s'agit de louer par ce terme les vertus de la satire ou de la franchise – ainsi l'impertinence, vécue comme un défaut dans une relation sociale, devient-elle une qualité dans le langage de la critique d'art... À l'inverse encore (et enfin), il ne me semble pas que le qualificatif de conformiste soit porteur de quelque forme de connotation positive que ce soit, nous ne l'employons dans la langue courante que pour décrire au mieux l'impuissance à échapper à une norme, au pire l'étroitesse d'esprit. Dans ces conditions, il reste peu probable que son contraire puisse échapper à toute connotation.

Mais je crois aussi que nous pouvons convenir pour une fois de nous abstraire de ces valeurs de jugement... conformiste, pour le coup ; et je puis imaginer que nous puissions, ici et entre adultes consentants (:lol : ), utiliser les ressources lexicales dont nous disposons en les soustrayant à leur trop fréquente fonction de support à jugements implicites. Surtout que, comme dit plus haut, l'absence d'un terme indépendant pour cerner plus précisément ce dont nous voulons parler nous conduit, faute de mieux (et peut-être provisoirement), à nous contenter de définitions fonctionnant par exclusion.

Et donc, au total, dans ce qui a été décrit plus haut comme impertinence ou anticonformisme, je ne vois en ce qui me concerne pas grand-chose d'autre qu'une méthode de raisonnement utilisant le doute et le questionnement à bon escient. Dans un domaine observable ou expérimental, elle consiste à interroger les connaissances existantes, à s'appuyer sur les moins sujettes à caution, et à faire évoluer (ou transgresser) les protocoles expérimentaux en usage dans un contexte donné, en recherchant, attentivement et de bonne foi, tout ce que l'on peut raisonnablement déceler et qui risque de mettre fortement à mal la crédibilité de la démarche expérimentale. Dans un registre strictement déductif ou abstrait, il s'agit alors d'une conduite méthodique du processus dialectique, où l'on procède avec soin pour se garder le plus possible de l'erreur de raisonnement à laquelle pourraient conduire le sophisme, la croyance ou quelque autre artifice que ce soit.
De sorte que, pour ma part, je ne sais pas dans quel sens cela peut relever (ou non) de l'intelligence, mais au moins, cela procède de la prudence et de l'humilité – au sens où, au contraire, tenir des choses pour immuablement acquises, s'appuyer sur une forme quelconque de dogme, croire possible d'affirmer de manière irréfutable, me semble relever dans le meilleur des cas de l'imprudence et de la maladresse, et au pire, de la prétention et du péremptoire.

Reste que dans un certain nombre de cas, le conformisme (au sens de tenir des choses pour acquises sans jamais les remettre en question) peut représenter un confort, et donc, se conformer serait une paresse intellectuelle ? De ce seul point de vue, je ne me souviens pas avoir jamais entendu parler d'une relation formelle entre intelligence et paresse.
Au contraire, si la capacité à douter (au sens cartésien du terme) est l'une des clefs d'un développement pertinent du savoir (tant dans un processus expérimental que dialectique), alors on pourrait imaginer qu'un esprit besogneux, lent, peu performant, mais assidu et se donnant donc la peine de ne rien tenir pour définitif, parviendra à produire (lentement) un raisonnement et une connaissance qui tiendront la route ?

J'arrête là dessus car vous voyez ici le triste et élucubratoire résultat d'une partie emmerdante de mon après-midi:P



Dans un autre registre :

Si par perspicacité on entend ce qui constitue le talent d'Hercule Poirot et de Sherlock Holmes, alors je me trouve généralement d'une grande nullité à ce jeu, et ne résous que péniblement les énigmes et autres casse-têtes, mais peut-être n'est-ce qu'une appréciation personnelle en l'absence d'un échantillon de comparaison valable. Paresse aussi sans-doute car dans un film policier, je me contente souvent du plaisir de me laisser ébahir par le raisonnement du détective plutôt que de me me tordre les méninges pour essayer d'élaborer ma propre théorie. Or depuis qu'un certain test m'a indiqué que contrairement à ce que je pensais, je m'en sortais bien en calcul mental et en bidules visuels alambiqués, je me garde beaucoup plus d'avoir des certitudes qu'auparavant.
Si par perspicacité on désigne la capacité, qu'indique l'étymologie, à voir au travers, alors je me considère également, habituellement, comme « pas terrible », mais il y a vraisemblablement un gros biais. J'ai eu un parcours d'études où, notamment dans les disciplines strictement littéraires et artistiques, régnait l'obsession dogmatique de l'implicite, et où l'on semblait réduire l'expression artistique à sa capacité à porter un propos censément « subtil » et à l'enfouir au delà du premier degré pour obliger à un déchiffrement. Personnellement ça me sortait par les yeux, ça me semblait seulement intellectuel et pas du tout sensible, et donc j'ai eu tendance, par réaction, à me défier absolument de tout ce qui consistait à prendre devant l'art une attitude volontairement réflexive. Le résultat est que je m'intéresse : d'une part à mes propres réactions émotionnelles sans trop chercher à comprendre pourquoi, parce que seul compte finalement le plaisir de s'émouvoir dans ces cas-là ; et d'autre-part aux aspects formels, historiques et contextuels qui constituent pour moi un outil indispensable pour explorer le champ artistique et avoir le plaisir de découvrir de nouvelles œuvres, et qui permettent aussi et surtout de se projeter dans la position du spectateur d'une époque ou d'un contexte donné pour goûter l'oeuvre avec toute la capacité d'émerveillement possible.
Et donc, ceci pour dire qu'a priori, j'ai peu l'habitude de « voir » trop loin dans le sens de l'implicite ou du caché, j’ai plutôt tendance à accumuler des expériences ou des connaissances sans trop me demander pourquoi j’aime ça, avec un certain degré de rejet de la recherche de sens. Mais sans-doute ceci ne dit-il rien de mon « potentiel » en la matière – et justement, depuis le fameux test, en termes de potentiel, je ne peux évidemment plus jurer de rien. Si ce n'est que je suis vraisemblablement la personne la plus mal placée pour me qualifier moi-même de bête ou d'intelligent(e), voilà voilà...
Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil

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Loupdessteppes
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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par Loupdessteppes »

Fil passionnant...

J'aime aussi atypique et original vs impertinent dont le sens courant reste péjoratif. CF le dico des synonymes de l'Université de Rouen (CRISCO).

Cette originalité/atypicité vient selon moi de la capacité de faire des liens logiques entre des patterns, ou gestalts, là ou un un esprit dit « normal » n'en verrait pas. Cause probable : l'acuité d'observation qui semble plus fine qui permet de repérer des connotations fines et moins évidentes, ce qui semblerait démontré par des observations neurologiques, ainsi qu'une plus grande rapidité de circulation des influx électriques de la myéline donc les neurones. Sous réserve de vérification.

Quant à l'influence des émotions... bien sûr ! L'intelligence est comme le moteur de la voiture, plus il est puissant, plus la voiture est performante, mais plus l'accident est prévisible et grave si le conducteur est malade...

Voili, voilou !
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Seline
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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par Seline »

Très beau sujet qui me questionne justement en ce moment...

Je pense à première vue qu'effectivement l'un des fléaux de l'intelligence est de réaliser que l'on n'est pas pertinent, parce que, et je rejoins Loupdessteppes, avec l'intelligence vient cette capacité à entrevoir plus, à avoir une vue plus globale, à percevoir plusieurs facettes au problème, et parfois (souvent) des facettes contradictoires. Et donc ce que l'on pensait vrai devient faux, puis devient mitigé, ni faux ni vrai, simplement, "cela est" dans ses aspects contradictoires. La pertinence est ce qui touche dans le mille, mais c'est "le mille" d'une réalité, et il n'y a pas une réalité mais une multitude. Ou alors on réalise qu'il y a toujours plus pertinent, même si on ne peut pas l'être soit-même. Et là on touche sans doute au perfectionnisme. Qui bien sûr laissera toujours l'insatisfaction gagner.
Et c'est là que, pour moi, participer aux discussions ou aux débats brûlants devient...ennuyeux. J'entrais avant dans le rôle de médiatrice. J'ai lâché l'affaire depuis. J'aime le "méta".

La culture ne rend pas plus pertinent de façon générale. La pertinence dépend certes de la problématique mais aussi du champ d'application de la pertinence. Dans l'argumentation, la pertinence va s'appuyer sur la culture ou la connaissance. Mais parfois la pertinence a juste besoin...de perspicacité, ou de créativité, ou...
J'aime particulièrement ces discussions (trop rares) ou la culture générale ou les connaissances n'ont presque pas de rôle à jouer. Juste la joie de confronter des réflexions et des cheminements de pensées.

Quant à l'impertinence, ça m'évoque le terme d'"indisciplinaire" qu'un copain universitaire était heureux de véhiculer pour mettre fin aux catégorisations établies dans le petit monde étriqué de la recherche universitaire. C'est louable ce terme (ça ne venait pas de lui mais il aimait beaucoup l'utiliser). Et c'est jouissif de déplacer un terme, polysémique ou non, dans une autre voie, non pas antinomique mais juste décalée. Cela n'est pas le cas d'impertinent, car il est déjà à la fois antinomique de pertinent et s'emploie aussi dans le sens de subversif. Mais justement l'idée y est. Je ne pense pas que l'intelligence soit impertinente, c'est à dire ni non pertinente ni subversive, même si elle peut le devenir à l'appui d'une certaine personnalité.

L'intelligence est juste...large. Comme la vue de l'artiste pour Bergson, qui est une vue élargie.

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annie
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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par annie »

Loupdessteppes a écrit : mar. 30 avr. 2019 19:50 Fil passionnant...

Cette originalité/atypicité vient selon moi de la capacité de faire des liens logiques entre des patterns, ou gestalts, là ou un un esprit dit « normal » n'en verrait pas. Cause probable : l'acuité d'observation qui semble plus fine qui permet de repérer des connotations fines et moins évidentes, ce qui semblerait démontré par des observations neurologiques, ainsi qu'une plus grande rapidité de circulation des influx électriques de la myéline donc les neurones. Sous réserve de vérification.

Voili, voilou !
Fish a écrit : La capacité à observer ce qu'on a vraiment devant soi, et pas seulement la partie qui nous intéresse dans le cadre d'une démarche intellectuelle en cours, est l'une des grandes qualités d'un chercheur. Un exemple typique est la découverte fortuite des rayons X par Roentgen alors qu'il menait des expériences qui n'avaient aucun rapport.
blue hedgehog a écrit : Dans les situations comme ça je me dis que ce n'est pas possible, qu'ils font preuve de mauvaise volonté mais à bien les observer non, ils voulaient vraiment "réparer" la machine... Alors faut-il conclure que j'ai eu de la chance d'avoir trouvé, ou que le processus cognitif était plus pertinent ou même efficace? :honte:
Parce que en somme, ne peut-on pas dire que la pertinence amène l'efficacité?
dani a écrit : Ben forcément, comme pour tout. Mais c'est quoi l'intelligence déjà ? Mon intuition est que l'intelligence (en termes de capacités cognitives essentiellement) est essentielle mais ne suffit pas pour être réellement pertinent et perspicace. Je suis dans un milieu avec pas mal de chercheurs (à priori leur niveau intellectuel est donc plutôt élevé, ils ont un doctorat ou au moins un niveau master). Ils sont donc une population qui devrait être particulièrement pertinente et perspicace. Et ils le sont, pour leur propre sujet de recherche. Beaucoup moins pour d'autres sujets ou thématiques, surtout si ils sentent en concurrence avec d'autres chercheurs ou si ils sont très susceptibles. Dans cette histoire, je pense donc que la personnalité et la gestion des émotions, l'estime de soi etc .. joue aussi un rôle majeur. ça me fait penser à un article que j'avais vu passer, je vais tenter de retrouver cela.

La connaissance, la culture (dans le sens générale) et le savoir sont ils constitutifs de cette pertinence?

Un bon article pour réfléchir sur les définitions du savoir et de la connaissance, c"est celui de "le savoir en construction", de B. M. Barth
http://data0.eklablog.com/odi/perso/ped ... nstruc.pdf
je trouve que en plaçant le débat dans le cadre de la transmission du savoir, on comprend mieux les processus en jeu : ainsi le savoir est considéré plutôt comme ce qui est établi et admis par tous, à un moment donné, dans une culture/ société donnée, alors que la connaissance est ce que chacun d'entre nous concevons et faisons de ce savoir (pratique comme théorique, avec ou sans les mots), la construction de soi
la culture, n'est pas que ce savoir mais rejoint les notions de "socioculturel" aussi bien la manière de marcher d'un homme ou d'une femme, que les rites religieux, enfin la manière dont les aspects de la vie sociale sont accomplis dans un société ou un groupe donné.
Alors pour en revenir à l'intelligence je trouve qu'il est intéressant de l'envisager par rapport à ces conceptions, qui évoluent elles-mêmes et sont débattues ; c'est là où la notion de pertinence ou d'efficacité sont intéressantes à mettre en rapport avec ce qu'on appelle intelligence : qu'est-ce qu'une personne à haut potentiel peut faire avec ça, en quoi va-t-elle éventuellement traiter toutes ces données de manière différente ? qu'est-ce qui peut être intéressant ou particulier dans ce traitement ? Pour moi, il y a bien une particularité, peut-être d'une certaine manière différente de la notion de "pertinence", que je nommerais plutôt efficacité, qui est liée à l'intelligence, mais c'est un point de vue putôt pragmatique !
par exemple quand Blue Hedgehog répare la machine à café et que ça lui paraît facile à faire. Certes l'observation et les activités de synthèse et d'analyse par définition jouent un rôle, mais si ces facultés sont indispensables, les connaissances et la culture aussi s'inscrivent dans ce traitement : le lien avec la famille, la gentillesse, l'habitude de boire du café, de ces machines etc.
alors je ne trouve pas que le traitement cognitif suffise à définir l'intelligence (il est mesuré dans le QI, mais le nom de QI suffit-il à définir l'intelligence?) d'où finalement la question de savoir dans quelle mesure les facultés cognitives, qui sont un point fort dans la relation à la réalité que nous pouvons construire, entrent en jeu dans l'intelligence ? (dans le sens général du terme, au niveau d'une culture, d'une population).



Edité pour réparation des balises de citation.

Duhig
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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par Duhig »

Bulle d'o a écrit : dim. 10 mars 2019 18:34 Et enfin, le perfectionnisme comme trait d'exploration du savoir et de la connaissance, allié à l'utilisation de l'intelligence, peut il apparaître comme un frein dans l'exposé qui en est fait dans un contexte social? (dont le travail par sa codification sociale imposée...)
Oui.
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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par Bulle d'o »

sorti de son contexte, je suis morte de rire, du coup de la réponse. j'aime beaucoup!
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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par dani »

Bulle d'o a écrit : jeu. 6 févr. 2020 01:03 sorti de son contexte, je suis morte de rire, du coup de la réponse. j'aime beaucoup!
Idem :rock:

y'a vraiment parfois de magnifiques perles sur ce forum, ça doit expliquer l'addiction :amour7:
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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par Duhig »

Je vous ai lu, et, pour être honnête, je n'ai pas compris grand chose.

Je me permets de poster ici ma façon des débrouiller ces notions très proches. Je vais proposer des définitions criticables et non sourcées, faire des rapprochements avec d'autres termes proches pour essayer de schématiser.

Peut-être que la première distinction que je vais faire a déjà été proposée (je ne sais plus), ce n'est pas grave, l'idée étant aussi d'avoir, d'une vue, les pistes de raisonnement.

Pertinent, c'est par rapport à un contexte, de même impertinent entendu comme le contraire de pertinent. Pertinent, dans le langage courant, cela désigne quelque chose qui répond à des exigences dans un contexte donné.
Impertinent, pour désigner quelqu'un, dans le sens d'insolent, c'est un jugement, souvent une critique. Pertinent, pour désigner quelqu'un, je rapprocherais ce mot d'un autre : "sensé". Quelqu'un de pertinent de façon générale, ce serait quelqu'un qui sait remettre les choses dans leur contexte, qui sait réfléchir avec pragmatisme.

Le terme de perspicacité a un sens proche de clairvoyance. Quelqu'un de clairvoyant ou de perspicace voit dans un premier temps et avec facilité/rapidité (allant jusqu'à parler de fulgurances) ce qui saute aux yeux pour peu qu'on prête attention à certains éléments à la portée de tous, pour peu qu'on voit dans leur simplicité les éléments significatifs pour les cas où, en effet, il ne servait à rien de chercher plus loin.

Je reviens à la pertinence : pour moi, ce mot peut être utilisé dans le même sens que jugement. Le jugement, c'est plus que la raison, c'est plutôt un chef d'orchestre.
Je m'inspire de cette maxime de François de La Rochefoucauld pour m'en faire une idée :
On s’est trompé lorsqu’on a cru que l’esprit et le jugement étaient deux choses différentes. Le jugement n’est que la grandeur de la lumière de l’esprit ; cette lumière pénètre le fond des choses ; elle y remarque tout ce qu’il faut remarquer et aperçoit celles qui semblent imperceptibles. Ainsi il faut demeurer d’accord que c’est l’étendue de la lumière de l’esprit qui produit tous les effets qu’on attribue au jugement.
source : https://fr.wikisource.org/wiki/Maximes

Le jugement discrimine, fait le tri, ordonne la pensée, lui donne une direction (et des garde-fous).

Cette manière d'aborder ces termes me les rend plus accessibles. Je ne sais pas si ça parlera à d'autres...
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Serpentine
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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par Serpentine »

Bonjour tout le monde.

J'ai essayé de tout lire mes je n'ai pas réussi. A la place j'ai lu en diagonale pour scanner rapidement les notions et définitions et les arguments qui étaient données par chacun au sujet de la pertinence, la perspicacité, l'impertinence, le perfectionnisme et l'intelligence.

Mais globalement, de la (sans doute) presque moitié de ce que j'ai lu, je suis d'accord avec Duhig sur le fait que moi non plus je n'ai à peu près rien compris de ce que vous avez dit. Et e à cause, je pense, du manque de fondement dans vos définitions. En effet, tout le monde donne une définition différente et personnelle des termes et finalement vous raisonnez sur des notions floues mal définies qui mêlent subjectivité (impressions personnelles, expériences personnelles et définitions floues) et objectivité (raisonnements logiques). Mais quand on mélange de la subjectivité avec de l'objectivité, c'est l'opération {Subjectivité*Objectivité=Subjectivité} qui l'emporte.

Je crois que c'est essentiel de se recentrer sur des définitions sourcées. Par exemple les définitions du Trésors de la Langue Française sur le site du CRNTL.

Selon le TLF, les définitions des différents termes sont les suivantes (j'ai mis entre crochets les exemples cités qui se rapportent à la définition) :

Pertinence :
1.a. Qualité de ce qui est adapté exactement à l'objet dont il s'agit.
1.b. DR. Rapport entre le fait qu'il s'agit de prouver et la preuve offerte (Cap. 1936). [La reconnaissance de la pertinence d'une allégation ou d'une preuve n'enlève pas au juge sa liberté de décision (Jur.1981).]
2. Qualité de celui ou de ce qui fait preuve de bon sens, d'à-propos, de justesse.

Interprétation personnelle de la définition de pertinence :
La pertinence est la qualité que possède une personne qui fait preuve de bon justesse et d'exactitude dans son jugement. Cette qualité consiste à faire correspondre un jugement de valeur de vérité (et uniquement de valeur de vérité) avec la réalité correspondante. C'est aussi le fait d'apporter un fait observé comme preuve offerte et de le faire correspondre au fait attendu pour que l'on puisse affirmer que le fait apporté est bien une preuve. Par exemple, si une source lumineuse possède un spectre d'émission de 600 à 700 nanomètres (cela correspond au rouge) sur un objet quelconque, et que l'on dit de cet objet qu'il est de couleur rouge (indépendamment de tout problème de vision comme le daltonisme), alors le jugement que l'on porte sur la couleur de cet objet est dit pertinent. Si je suis en train de résoudre un puzzle, et que je place la bonne pièce du puzzle à l'emplacement qui lui est effectivement destiné pour reconstituer l'image, alors mon placement (mettre la bonne pièce du puzzle au bon endroit) est pertinent (ici un fait correspond à l'état de fait attendu pour que le fait ait valeur de preuve). On peut dire alors que la pertinence est simplement la qualité d'une personne qui consiste à avoir un comportement ou un jugement approprié (c'est-à-dire correct, juste, vrai, exact) pour un contexte, un énoncé ou un problème donné.


Impertinence :
A. a) Caractère de ce qui n'est pas pertinent, de ce qui va à l'encontre de la raison.
A. b) Chose absurde, indiquant l'ignorance, la sottise.

B. 1. Caractère déplacé, inconvenant, irrespectueux (d'un fait, d'une action, d'une parole).
B. 2. Attitude, comportement (d'une personne) qui choque par son manque de respect, sa familiarité, son audace.

Interprétation personnelle de la définition de Impertinence :
Le mot "impertinence" a deux définitions distinctes. D'une part, il s'agit du contraire de pertinence, et d'autre part, il s'agit d'un comportement socialement inadapté. Et là je crois que vous avez fait une confusion entre ces deux définitions en les mélangeant et en cherchant à corroborer par des exemples divers ces deux notions distinctes en une seule entité (ce qu'elles ne sont pas).

Concernant le contraire de pertinence, je crois que les définitions A.a) et A.b) sont très claires : si la pertinence est une qualité humaine, alors l'impertinence est un défaut humain, soit la qualité contraire et opposée. On ne peut pas être pertinent et impertinent à la fois (car les deux mots sont des contraires) et plus précisément être impertinent revient à être incapable de porter un jugement de valeur de vérité qui soit vrai (le jugement de valeur de vérité est nécessairement faux), ni d'apporter un fait congruent avec le fait attendu comme preuve pour que le fait apporté soit reconnu et admis comme preuve. Ou plus précisément, c'est le fait d'apporter comme "preuve" un fait qui en réalité ne prouve rien (non congruents avec le fait attendu comme preuve) ou de porter un jugement de valeur de vérité qui soit faux, inexact, inadapté. Et pire, cette impertinence est en soi une preuve de sottise, d'ignorance, d'absurdité et de contradiction avec la raison.

Cette première définition de l'impertinence vient donc nuancer ou préciser la définition de la pertinence : la pertinence est une qualité qui est normalement attendue chez une personne. Pourquoi ? Car le contraire (l'impertinence) est une preuve de sottise, d'ignorance, de contradiction avec la raison, d'absurdité. En d'autre terme, ce n'est pas normalement attendu chez une personne normalement constituée, mentalement parlant, d'être impertinente. Au contraire, la pertinence serait une qualité normalement attendue chez une personne normalement constituée mentalement parlant. Donc, on peut dire que la pertinence est une qualité humaine que l'on s'attend à retrouver chez toutes les personnes en possession de leurs facultés mentales. La pertinence peut être rapprochée de la lucidité (dans le sens d'être en pleine possession de ses facultés mentales) mais sans être pour autant un synonyme (car "lucidité" est également synonyme de "perspicacité" qui a un sens plus profond que la pertinence).

Il nous reste alors les deux autres définitions de l'impertinence. Je les rappelle ici :

B. 1. Caractère déplacé, inconvenant, irrespectueux (d'un fait, d'une action, d'une parole).
B. 2. Attitude, comportement (d'une personne) qui choque par son manque de respect, sa familiarité, son audace.


La définition B.1. indique explicitement que l'impertinence est ici un comportement quelconque socialement inadapté. Plus précisément, ce comportement est irrespectueux. Il y a donc avec le mot "irrespectueux" une notion relative au jugement de valeur sociale et morale. Le comportement impertinent n'est pas conforme aux normes sociales (déplacé, inconvenant : c'est inapproprié, ce n'est pas ce qu'il faut faire, ce n'est pas dans la norme) ni aux normes morales (irrespectueux : c'est mal, c'est mauvais).

La définition B.2. est à la fois plus globale que la première (elle englobe la définition B.1.), plus précise (elle précise que l'attitude ou le comportement impertinent "choque", et n'est plus seulement déplacé, inconvenant et irrespectueux), et aussi plus spécifique que la définition B.1. (elle spécifie les trois contextes de l'impertinence). En effet, cette définition précise que l'attitude ou le comportement est choquant, ce qui est qualitativement plus intense que le simple fait d'être déplacé, inconvenant ou irrespectueux. Et elle spécifie que ce comportement qui choque peut être dû soit :
  • 1° au manque de respect (irrespect),
  • 2° soit à sa familiarité (la personne impertinente se montre familière ou grivoise avec des inconnus par exemple),
  • 3° soit par son audace (dans ce cas, la personne impertinente s'octroie le droit par excès de confiance en soi, de porter des actions qui peuvent être difficiles, voire dangereuses, hors normes, qui bravent les goûts et les habitudes dominantes).
C'est dans ce dernier cas, je pense, que vous avez fait une confusion avec les premières définitions de l'impertinence (définitions A.a) et A.b)). Dans le cas de l'impertinence qui se manifeste par de l'audace, c'est-à-dire par le mépris des règles, des normes sociales, le mépris des dangers, etc... sans entre dans les détails, je crois qu'il y a deux as de figures. Soit la personne audacieuse est un génie qui maîtrise tout du domaine dans lequel il s'aventure et qui se sait parfaitement compétent dans son habileté à "gérer" les événements imprévus. Soit l'audacieux est simplement complètement con et cela se terminera en cacahuète pour lui (raccourci). Et bien évidemment, entre ces deux extrêmes, on trouverait toutes les nuances, tous les degré intermédiaires d'audace. En quelque sorte, on peut voir l'audace comme un ensemble de deux variables croisées (comme pour une corrélation statistique) dans un diagramme de corrélation. Vous voyez ? Un diagramme avec en abscisse le degré de défiance (du danger, des normes établies, de la difficulté) qui va de très faible (pas du du tout audacieux) à très élevé (totalement audacieux), et en ordonnée le degré de perspicacité qui va de très faible (manque total de perspicacité, voire même impertinence au sens des définitions A.a) et A.b)) à très élevé (perspicacité extrême). On pourrait trouver alors 4 typologies de personnes audacieuses :
  • 1. Mépris des règles élevé et perspicacité élevée,
  • 2. Mépris des règles élevé et perspicacité faible,
  • 3. Mépris des règles faible et perspicacité élevée,
  • 4. Mépris des règles faible et perspicacité faible.
Et là, naturellement, on en vient à se demander : c'est quoi au juste la perspicacité ? Voici la définition du TLF ci-dessous.


Perspicacité :
Qualité de celui, de celle qui est perspicace ; manifestation de cette qualité.

Perspicace :
Qui est doué d'une intelligence pénétrante et subtile, qui saisit ce qui échappe à la plupart et peut établir des prévisions.
Qui témoigne de cette qualité.

Interprétation personnelle de la perspicacité :
Et là, cela devient très intéressant, car cela rejoint enfin de manière cohérente l'objet de ce sujet qui est indiqué par son titre "La pertinence, la perspicacité et l'intelligence". Une personne perspicace est donc une personne qui manifeste cette qualité ou qui en témoigne. C'est donc une qualité que l'on observe, et dans ce sens, par définition, ce qui s'observe est appelé "comportement" (ou "action" ou "conduite"), par opposition à attitude (qui par définition ne peut pas s'observer mais peut seulement être déduit, inféré, induit par le raisonnement donc). Si c'est une qualité qui s'observe, un comportement, ce la veut dire aussi qu'on ne sait pas si cela correspond à une attitude sous-jacente, en arrière-plan (en psychologie on dirait un "trait latent" ou un "facteur" comme pour le facteur général d'intelligence ou les facteurs "intelligence cristallisée" et "intelligence fluide" de Cattel). Bref, on ne peut pas affirmer pour celui qui se montre perspicace que cette qualité lui est intrinsèque (dit plus simplement, on ne peut pas dire si c'est la personne en elle-même qui est perspicace ; elle peut se montrer perspicace pour une chose donnée, dans un contexte donné, et ne plus l'être pour autre chose ou dans un autre contexte). Ce paragraphe, c'est une interprétation des parties "manifestation de cette qualité" et "Qui témoigne de cette qualité." des deux définitions.

Maintenant, je vais me concentrer sur le coeur de la définition de "perspicace", à savoir "Qui est doué d'une intelligence pénétrante et subtile, qui saisit ce qui échappe à la plupart et peut établir des prévisions.".
Une personne qui se montre perspicace, est une personne qui répond à 3 critères :
  • 1° elle est douée d'une intelligence "pénétrante et subtile",
  • 2° elle "saisit ce qui échappe à la plupart",
  • 3° elle "peut établir des prévisions".
Prenons ces critères un par un. D'abord, une intelligence pénétrante et subtile doit raisonnablement faire référence à la profondeur de la pensée analytique. La pensée analytique, on appelle aussi cela la pensée abstraite. Plus techniquement, il s'agit du raisonnement inductif. Le raisonnement inductif est un facteur spécifique d'intelligence (dans les tests d'intelligence standardisés). Il est très représentatif de l'intelligence fluide et est connu pour être très bien corrélé avec le facteur général d'intelligence (Facteur g de Spearman). La personne perspicace, selon cet élément de définition, possède donc un profil cognitif où le raisonnement inductif fait partie de ses points forts. Cette personne raisonne dans le sens de la profondeur. Elle est aussi subtile. Cela signifie qu'elle perçoit bien les détails dans un ensemble complexe de données, qu'elle perçoit les détails implicites, non visibles par une simple observation des données explicites (d'où le caractère subtil de ces détails). Elle perçoit également les relations entre ces détails implicites qui sont donc des relations cachées (d'où encore une fois le caractère subtil de son intelligence).

Ensuite, la personne perspicace "saisit ce qui échappe à la plupart". Cette partie de la définition est une indication de la rareté. En effet, si la personne perspicace saisie ce qui échappe à la plupart des gens, cela signifie que la plupart des gens ont une capacité de raisonnement inductif inférieur à elle. Ce qui implique alors que son degré de raisonnement inductif soit nécessairement au-dessus de la moyenne, soit en terme de mesure, une valeur d'écart-type compris au minimum entre 1,3333 (QI de 120) à 1,9333 (QI de 129) sur une échelle de QI standardisée (cela correspond à une intelligence élevée selon la psychologue spécialiste de bilans Ghislaine Labouret), sinon supérieure à 2 (QI minimal de 130 sur une échelle standardisée). Et comme dit précédemment, le raisonnement inductif est très chargé en facteur Gf (Facteur de Groupe fluide ou intelligence fluide), et l'intelligence fluide elle-même est très chargée en Facteur g (Facteur général d'intelligence). On peut donc conclure qu'une personne qui se montre perspicace est aussi une personne possédant nécessairement un degré d'intelligence générale de élevé à très élevé.

Enfin, la personne qui se montre perspicace est une personne qui "peut établir des prévisions". Et cela est cohérent avec ce que mesure le tests de raisonnement inductif. Le principe d'un exercice de raisonnement inductif consiste en un problème qui se présente comme un ensemble complexe de données cohérentes, mais dont la cohérence n'est pas toujours perceptible immédiatement et surtout où un ou plusieurs éléments de cet ensemble cohérent de données est volontairement manquant. Le but de l'exercice consiste donc à induire (c'est-à-dire inférer du cas particulier vers le cas général, découvrir la généralité) la loi générale ou la règle générale qui régit la structure et le fonctionnement de cet ensemble cohérent (du problème à résoudre). Une fois cette règle ou cette loi découverte (et il faut découvrir la bonne), alors il est possible et aussi plus facile d'appliquer cette règle sur les données concrètes, observables (le cas) et en particulier sur les données manquantes. Autrement dit, si l'on possède la règle ou la loi générales, alors il est possible de déduire ou de prédire des cas particuliers qui ne sont pas encore présents, qui sont manquants, qui ne sont pas observables directement. Voilà en quoi le raisonnement inductif permet de prédire, de faire des prévisions. Une personne qui se montre perspicace, du fait de son intelligence générale au-dessus voire très au-dessus de la moyenne, et en particulier du fait de sa profondeur de pensée abstraite (capacité d'analyse ou raisonnement inductif), montrerait aussi une sorte de don de prophétie (au sens logique du terme et non au sens religieux ou ésotérique).

Conclusion :
Finalement, en conclusion, on peut dire que la pertinence est la qualité d'une personne en possession des ses moyens intellectuels communs à tout un chacun. L'impertinence a deux significations. Au sens restreint, il s'agit du simple contraire de la pertinence. Au sens large, l'impertinence est un comportement ou une attitude socialement inadapté et dérangeant. Une définition plus précise, plus globale et plus spécifique de l'impertinence indique qu'il existe trois formes d'impertinence : l'irrespect, la familiarité, et l'audace. Ce dernier point, l'audace est plus complexe qu'elle n'y paraît et pourrait être mis en relation avec la perspicacité. Ainsi on observerait 4 types de personnes audacieuses : ceux qui méprisent les règles mais son perspicaces, ceux qui méprisent les règles mais manquent de perspicacité, ceux qui respectent les règles et sont perspicaces, et ceux qui respectent les règles et manquent de perspicacité. Enfin, une personne qui se montre perspicace serait nécessairement une personne possédant une intelligence générale de niveau supérieur à très supérieur, où le raisonnement inductif (pensée abstraite) serait en particulier son grand point fort et qui aurait le don de prophétie ua sens statistique du terme.


Alors, que pensez-vous de cette nouvelle interprétation des notions de pertinence/impertinence et de perspicacité ?

Je n'ai pas développé la notion de perfectionnisme / persévérance bien que cela aurait pu être intéressant également.
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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par enufsed »

@Serpentine Assez étonnant de voir un sujet entré dans sa phase de glaciation être exhumé des années après et recevoir (du moins ses participants) un traitement lapidaire.
Je me permets de re-situer les choses : ce sujet fut ouvert suite à des échanges débridés sur le chat (à une époque où le chat n'était pas tenu ni tenable en laisse). La transcription et continuation de ces échanges ont suivi les mêmes cheminements virevoltants.
Tu arrives in media res en quelque sorte (et ex abrupto aussi) pour faire table rase de ce qui était une conversation courtoise et foisonnante en avouant d'entrée de jeu que tu n'avais pas tout lu mais que malgré tout nous étions tous dans l'erreur. Soit.
Ton analyse n'est pas inopportune mais elle s'inscrit dans une démarche analytique un peu datée qui voudrait plonger son objet dans le formol d'une catégorisation conceptuelle adossée à des définitions sorties du dictionnaire. Seulement c'est ici (et j'ai envie de dire "à notre époque contemporaine") un peu à côté : d'une part la langue est mouvante et nous étions je pense dans la saisie de cette matière malléable qu'est l'usage, d'où l'approche essentiellement foisonnante des propos. D'autre part nous étions surtout dans une forme de détente intellectuelle propre aux forums de discussion comme le nôtre : s'il ne s'agit pas de babiller dans le vide il n'est pas non plus question (ni ambition) de produire ici des cours magistraux qui de surcroît auraient tendance à dévaloriser les participants.
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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par Swinn »

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@enufsed @Bulle d'o ahhh la nostalgie de cette époque où le chat était furieusement sauvage et totalement débridé. Si nous n'avons pas connu la jubilation de la création de ce forum, nous sommes quelques-uns je pense à avoir vécu quelques exceptionnels moments sur son chat
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Re: La pertinence, la perspicacité et l'intelligence

Message par Serpentine »

enufsed a écrit : dim. 31 oct. 2021 18:33 @Serpentine Assez étonnant de voir un sujet entré dans sa phase de glaciation être exhumé des années après et recevoir (du moins ses participants) un traitement lapidaire.
Je me permets de re-situer les choses : ce sujet fut ouvert suite à des échanges débridés sur le chat (à une époque où le chat n'était pas tenu ni tenable en laisse). La transcription et continuation de ces échanges ont suivi les mêmes cheminements virevoltants.
Tu arrives in media res en quelque sorte (et ex abrupto aussi) pour faire table rase de ce qui était une conversation courtoise et foisonnante en avouant d'entrée de jeu que tu n'avais pas tout lu mais que malgré tout nous étions tous dans l'erreur. Soit.
Bonsoir,

J'ai prêté une moindre attention à la date de publication du dernier message. A vrai dire, je me suis surtout emportée (positivement) car ce sujet a suscité mon intérêt (parce que j'aime la profondeur des mots).

Et pour mon analyse, juste ou erronée, c'est juste que j'entretiens une sorte de fascination avec la profondeur. Et je m'excuse alors si j'ai donné l'impression de dévaloriser qui que ce soit.
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