La mort et vous

l'Humanité, L'Existence, la Métaphysique, la Guerre, la Religion, le Bien, le Mal, la Morale, le Monde, l'Etre, le Non-Etre... Pourquoi, Comment, Qui, Que, Quoi, Dont, Où...?
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rafw6
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Re: La mort et vous

Message par rafw6 »

bonjour à toutes et à tous,

Je viens également faire part de mon expérience à ce sujet. J'ai vécu plusieurs décès ces dernières années, dont celui de mon père à l'aube de mes 16 ans, qui fût particulièrement déstabilisant. Le soutien et le rapprochement des divers branches de la familles qui furent morcelées par d'anciennes querelles, crée un genre de renouveau. Finalement nous sommes tous là et cet homme vit au travers des souvenirs que chacun garde avec l'espoir de ne pas en oublier un peu plus demain. La mort se comprends alors. Elle est l'aboutissement de la vie, indissociable du quotidien de chaque être vivant sur cette terre et frappera sans distinction, le chat traversant la rue, ou l'homme tentant de l'éviter.

J'en parle avec détachement et je préfère rire de la mort ou du cancer que de m'apitoyer dessus. Ce qui et terrifiant après la mort de quelqu'un, c'est le regret du temps que vous ne lui avez pas accordé. parce que justement.. cette personne était encore en vie.
Je prends régulièrement des nouvelles de mon entourage ou de ceux qui en furent partis (et que j'apprécie toujours). Et cela étonnes tout le monde. "Ha ça me fais plaisir, tu es le seul cousin qui donne des nouvelles" me dit-on.
Cette année, je suis allé voir un oncle que je n'avais pas vu depuis 4 ans, sa santé n'était pas au beau fixe, je le savais. Nous avons partagé 3 bons moments en 1 mois, un apéro, un dîner puis un resto avec lui sa femme et ses enfants. Il est décédé 4 semaines plus tard. Ma peine fût grandement allégé car j'avais en mémoire les discussions et rires que nous avions eu plus tôt.

Bien qu'ayant totalement conscience de la mort, de ses conséquences, je suis totalement détaché de la mienne. Seul me voir vieillir dans le miroir me rappel, que si ce n'est pas un accident, ou une maladie, le temps fera son affaire.

Cet à ce moment précis, que je me demande la véritable perspicacité d'être assis là, à me vider la tête en racontant mes états d'âmes, alors que mon panier est vide et que de si beaux fruits attendent d'être cueillis dehors

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Re: La mort et vous

Message par von_z4ngt »

J'avais aussi très peur de la mort (la mienne) jusqu'à l'adolescence, et puis un jour j'ai arrêté. J'ai juste pris conscience à un moment que personne ne survivait à la vie : quoiqu'il arrive, tout le monde va y passer. C'est une approche égoïste mais bon, j'y peux rien :D.
Bon, je dis ça maintenant mais si la faucheuse venait me voir pour me dire que j'allais claquer dans 10 minutes, je serais beaucoup moins serein ^^.

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FeverDream
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Re: La mort et vous

Message par FeverDream »

La mort est quelque chose d'inévitable, donc, je préfère vivre "avec elle", plutôt que contre elle. Je ne vais pas m'acharner à faire perdurer ma vie, ni me faire croire que c'est possible, ni rejeter l'idée qu'elle existera plus tard, beaucoup plus tard, comme si c'était une bonne blague. Je ne vois donc pas la mort comme une ennemie, comme quelque chose de mal, mais plus comme une "conseillère". Elle m'aide à penser et à appréhender les choses de la vie différemment que si j'étais immortelle. Elle me permet de comprendre que ma vie est précieuse et que je dois éviter de jouer avec, ce qu'il y a d'important pour moi, et ce que je dois faire. Le jour où elle frappera à ma porte, je serai certainement anxieuse, parce que je ne saurai pas ce qu'il y a après, mais si je fais les choses justes tout au long de ma vie, je n'aurai pas de regrets, et je l'accepterai. Et lorsqu'elle rentrera, je ne serai plus là pour y réfléchir. Je crois qu'en fait, j'ai davantage peur de la vie que de la mort. La mort est une chose certaine, quelque chose qui ne changera pas, quelque chose qu'on ne peut pas faire mieux ou moins bien, une chose à laquelle on peut s'accrocher et faire en fonction, alors que la vie, elle, est pleine d'incertitude. Quant à la mort qui touche mes proches, elle me fait mal, mais je ne peux pas la haïr, parce qu'ainsi sont faits tous les mortels, et qu'il n'y a pas réellement d'injustice là dedans. C'est à moi de rendre hommage à ceux que j'aime, dans la vie, ou dans la mort.

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madeleine
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Re: La mort et vous

Message par madeleine »

La mort,je n'en n'avais pas connaissance avant de veiller auprès des mourants et de la voir à l'oeuvre. J'ai "fait du bénévolat" auprès des malades du sida, de ma soeur puis de ses amis. Voir la vie se défaire lien à lien au fil des heures, la conscience qui se défait, le fil du souffle qui s'amenuise, ce qui a mis tant de temps à arriver là. Je réalise aujourd'hui que c'est ce qui m'a permis de m'arrêter au seuil de l'hyper fonctionnement, des livres par millier, des heures bondées de savoir, et de m'imposer le silence, le travail des mains, le rationnement, la lenteur. Réaliser, en accompagnant mon père, qu'il faut être prêt à la mort très tôt, y penser souvent sinon on y arrive le coeur déchiré, amer. Réaliser, en accompagnant ma mère, que tout au bout le temps s'efface par un sourire, un pardon, de l'amour donné malgré toutes les fautes, et que la mort donne aussi, à ceux qui restent. Un sens, une porte ouverte. La nécessité d'aller plus haut.
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Re: La mort et vous

Message par Loupiote »

Pour ma part, la mort est présente dans ma vie depuis tellement de temps !

J'ai perdu ma grand-mère quand j'avais 6 ans, et mon père m'a dit que j'avais un "cœur de pierre" car je n'ai pas spécialement réagi et je lui ai demandé pourquoi mon frère pleurait. Il a été très choqué. Mais dans ma tête, il était tout à fait naturel qu'elle décède, puisqu’elle était vieille et malade, et que tout le monde savait que ses jours étaient comptés.

Depuis, tous mes oncles et tantes sont morts petits à petits, de cancers et autres maladies. La mort m'a alors semblé faire partie intégrante de la vie.

A 20 ans j'ai perdu très subitement une amie proche. La brutalité de sa perte m'a fait un choc, mais je n'ai pas ressenti une grande tristesse. Je ne parviens pas à l'expliquer.

Enfin, j'ai perdu un bébé il y a 3 ans. Son cœur s'est arrêté de battre en fin de grossesse, un peu avant l'accouchement. J'ai l'habitude un peu morbide de me dire que j'ai vécu plusieurs jours avec la mort dans mon ventre. Une façon sans doute d'affronter les choses, peut-être pour me dire qu'elle ne me fait pas peur.
L'une des choses qui m'a profondément bouleversée, voire traumatisée, était de voir le chagrin de mes proches durant cet épisode. Je n'avais jamais vu mon père fondre en larmes, et j'avais l'impression que c'était ma faute. Je crois que j'ai passé plus de temps à consoler tous ceux qui pleuraient autour de moi, pendant des mois et des mois, qu'à pleurer ma fille ! Leur chagrin m'a plus affecté que ma propre douleur.

Comme beaucoup d'entre vous, je n'ai pas peur de ma propre mort. En fait, j'ai même parfois en tête que je mourrai très vieille, voire pas du tout si cela était possible. En fait, je ne conçois pas ma mort.

Je pense de plus en plus à la mort de mes parents et de mes frères, mais ce qui m'affecte le plus en y pensant c'est la perspective de voir ma mère ou mon père vaincu par le chagrin d'avoir perdu l'être cher. Ou alors parfois j'élabore des scenarii dans lesquels ils meurent tous d'un seul coup, par exemple dans un accident de voiture. Et là, ça me fait un choc car je me retrouve seule. Parfois quand je m'ennuie au travail, j'élabore ce genre de scenarii, j'imagine qu'on m'appelle au bureau, et je me demande en combien de temps je pourrais rejoindre l’hôpital, qui je devrais prévenir, à quoi je devrais penser, etc. Cela m'aide à affronter cette peur, comme si je pouvais maitriser les choses.

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Thibaud
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Re: La mort et vous

Message par Thibaud »

La mort m'angoisse au plus haut point.
Je suis phobique de la mort, aussi bien la peur de mourir que la peur de voir mes proches mourir.
J'ai perdu, comme beaucoup, d'être chers, mais je n'avais jamais vraiment réalisé, ou même pleuré lors des enterrements, et comme le dit Loupiote, cela m'a valu pas mal de remarques. Je pensais meme aussi ne jamais mourir!
Et un jour, assez tard, j'ai pris conscience du manque que la mort amène. L'absence, la tristesse, et puis plus personnellement, j'ai pris conscience que la mort peut arriver d'un coup, sans prévenir, comme ca, sur la route, par exemple, ou une maladie dont on ne veut pas.
Et depuis j'avoue que j'angoisse un peu!
Le monde est sinistré, et moi j'écris ma sinistrose;
un lyriciste nait à chaque fois que le sinistre ose...

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ragged
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Re: La mort et vous

Message par ragged »

Hors-sujet
classe ta citation Thibaud, on dirait du Oxmo Puccino...
je pense à la mort depuis que je suis tout môme.
Je vais raconter un truc personnel pour illustrer mon sentiment vis à vis de la mort. (donc possible que ça vous saoule !!)

Quand j'étais enfant, dés l'âge de 4 ou 5 ans, peut-être avant, je 'arrivais pas à m'endormir parce que j'entendais un bruit de pas étouffé. Je me calfeutrais sous ma couverture pour me cacher, me protéger. Dans ma tête, associé à ces bruits de pas, je voyais un homme vêtu de noir arpenter la campagne par tout temps pour tenter de venir me débusquer et poser ses griffes sur moi. Une réelle frayeur au départ.
AU bout d'un temps, je me demandais pourquoi ce personnage n'arrivait jamais à me rattraper alors que j'entendais tout les soirs ses pas avancer à ma recherche.
A cette époque, mes parents bougeaient beaucoup avec mon frère et moi, mariages à droite à gauche, weeks ends et vacances passées chez les uns et les autres, bref toujours en mouvement.
Je me disais donc que l'homme en noir arrivait toujours trop tard sur les lieux où j'étais censé me trouver parce que lui était à pied et moi en voiture ! Donc si je gagnais en vitesse, j'étais toujours vainqueur...C'est avec cette idée en tête que peu à peu je cessais de me terrer sous ma couette et que les pas de l'homme en noir se sont éteints.
Une dizaine d'années plus tard, j'ai à nouveau entendu le pas sourd de l'homme en noir en m'endormant. Sauf que cette fois ci, j'ai compris d'où venait le bruit des pas : en rabattant ma couette sur mon oreille, j'amplifiais le son de ma circulation sanguine, du battement de mon coeur. Le son de la mort était en réalité le son de ma propre existence ! Je réalisais dans le même temps que j'avais la sensation d'échapper à l'homme en noir quand j'étais plus jeune parce que nous étions toujours en mouvement. Donc, que la vie même était l'échappatoire à la mort. Que plus on vivait, plus on échappait à la mort. Mais aussi que de toute façon, quoi qu'il arrive, la mort n'était pas loin derrière...Qu'à partir du moment où l'on naissait, on entrait dans le processus de mortification.

Cela m'a permis de relativiser un peu cette question de mort en me disant que tant que je multipliais les expériences, l'homme en noir ne pourrait m'atteindre. Et j'aime pu le constater plusieurs fois à travers des accidents, une tentative de meurtre...j'échappais à la mort miraculeusement. Je ne me suis jamais senti immortel bien sûr mais cela confirmait le fait qu'il fallait que je sois toujours en mouvement, dans la vie, pour ne pas que la mort me rattrape.

Pourtant, chez les autres, la mort me terrifie. Perdre un ami, un membre de la famille peut me faire tomber au fond du trou. Mais par rapport à moi-même, non. D'abord à cause d'un simple constat : si je meurs, je ne penserais plus, je ne serais plus. Donc pourquoi avoir peur alors que je ne serais pas en mesure de jauger cette peur une fois mort...Et peur avant de mourir : parce que je n'aurais pas assez vécu ? Ou parce qu'il me reste des choses à faire ? Non plus, j'ai vécu plein de choses fantastiques et sans me vanter, j'ai vécu plus de choses différentes que la très grande majorité des gens que je connait, donc aucun regret (si ce n'est futile comme des histoires de cul !). Quand à avoir peur de la mort parce qu'il me reste des choses à accomplir...allons donc, pourquoi avoir peur de cela, on sait très bien de toute façon qu'une vie ne suffit pas...Il faut s'y faire !

Maintenant que j'ai écrit tout ça, je dois reconnaitre que malgré tout, si on m'apprend demain que je vais crever dans l'année....je ferais surement un gros gros bad trip !!!

PS : Petit détail par rapport à l'homme en noir : en visitant le musée de Bilbao peu après son ouverture, il y avait une grande salle dédiée à un artiste peintre/plasticien que j'adore : Anselm Kiefer.
Et là, dans la grande salle, il y avait ce tableau de 5 mètres par 5 mètres que je ne connaissais pas représentant un homme allongé sous une nuit étoilée : ce tableau est la représentation exacte de ce que j'imaginais étant môme quand je m'endormais et que j'entendais les bruit de pas de la mort/battements de mon coeur ... J'ai été littéralement scotché par ce tableau qui se nomme : Les ordres de la nuit ...
Tout commence aujourd'hui, tout continue demain...

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une
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Re: La mort et vous

Message par une »

la seule chose qui me fasse peur dans le fait de mourir, c'est de n'avoir servi à rien, d'avoir subi ma vie et de n'avoir rien laissé qui reste.

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Ajirao
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Re: La mort et vous

Message par Ajirao »

Bonjour à toutes et à tous,

La vision de la mort est souvent biaisée par l'éternelle interrogation sur ce qui survient après cet instant fatidique. Toutefois, indépendamment de toutes considération religieuse ou philosophique, plusieurs points sont à noter.

En premier lieux, la mort en elle même n'existe pas. C'est un processus, qui ne se conçoit pas en tant que produit fini. La mort est la simple limite dans le temps qui sépare la vie de la non-vie. Le simple fait de la représenter laisse imaginer qu'elle est une fin et non un passage entre deux états (la Faucheuse par exemple en est une incarnation).

Pourquoi avoir peur dans ce cas? Je postule qu'il y a deux formes de peurs que les humains ressentent par rapport à leur propre mort. D'une part, la peur de la souffrance. Personnellement, je ne crains pas la mort pour elle-même, mais plutôt pour les douleurs qui la précèdent.D'autre part, notre instinct de survie nous pousse naturellement à redouter cette fin pour des raisons que l'on a du mal à expliquer, et qui souvent s'incarne par la peur du vide, du néant, de la fin. J'ai cru il y a peu être atteint d'une grave pathologie qui m'ont fait regarder la mort en face, et j'en ai conclu que fondamentalement cette peur est irrationnelle: Comme disait Epicure, la mort quand je suis vivant, ça me concerne pas, et quand je suis mort... Bah je suis mort donc ça change rien! Toutefois, c'est plus facile à dire qu'à croire quand on est pas dans une situation ou ses jours sont comptés...

Dans tous les cas, une fois la phase du décès passé, l'arrêt des fonctions biologiques libèrent l'individu de toute souffrance physique. Donc une fois mort, on a la paix (en très gros). La douleur, la vraie, psychique et parfois physique est pour ceux qui survivent. Ceux-la même qui sont directement affecté par le vide laissés et les souvenirs.

La mort en elle même est très souvent dépeinte comme une entité néfaste voir maléfique et perfide. Si on la prend comme un simple changement d'état, on arrête de considérer qu'elle est "bien" ou "mal". La mort est aussi diabolique que l'ébullition de l'eau si on la prend en temps que telle.

Elle est sans doute absurde, résolument triste, toujours injuste, mais il faut se départir des lieux communs véhiculés par nos sociétés pour justement dédramatiser la mort, la rendant autrement plus supportable... pour les vivants! :)

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sandrinef
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Re: La mort et vous

Message par sandrinef »

Ajirao a écrit : En premier lieux, la mort en elle -même n'existe pas. C'est un processus, qui ne se conçoit pas en tant que produit fini. La mort est la simple limite dans le temps qui sépare la vie de la non-vie. Le simple fait de la représenter laisse imaginer qu'elle est une fin et non un passage entre deux états (la Faucheuse par exemple en est une incarnation). :)
La mort n'est pas un processus, c'est un état. Mourir est un processus. Je ne comprends pas en quoi le fait de représenter la mort laisse imaginer qu'elle est une fin...Elle est d'ailleurs souvent représentée comme un passage ;)
Ajirao a écrit :Pourquoi avoir peur dans ce cas? Je postule qu'il y a deux formes de peurs que les humains ressentent par rapport à leur propre mort. D'une part, la peur de la souffrance. Personnellement, je ne crains pas la mort pour elle-même, mais plutôt pour les douleurs qui la précèdent.D'autre part, notre instinct de survie nous pousse naturellement à redouter cette fin pour des raisons que l'on a du mal à expliquer, et qui souvent s'incarne par la peur du vide, du néant, de la fin. :)
Je pense que l'être humain a peur de ce qu'il ne connait pas, de ce dont il n'a pas fait l'expérience. Or, celle de la mort ne se fait 'à priori qu'une fois...
Je suis d'accord concernant la peur de la souffrance. Toutefois, la mort est injustement associée à la souffrance. C'est mourir qui peut en être la cause, ce n'est pas la même chose...(Et ce n'est pas systématique...)

Ajirao a écrit :La mort en elle même est très souvent dépeinte comme une entité néfaste voir maléfique et perfide. Si on la prend comme un simple changement d'état, on arrête de considérer qu'elle est "bien" ou "mal". La mort est aussi diabolique que l'ébullition de l'eau si on la prend en temps que telle.
Elle est sans doute absurde, résolument triste, toujours injuste, mais il faut se départir des lieux communs véhiculés par nos sociétés pour justement dédramatiser la mort, la rendant autrement plus supportable... pour les vivants! :)
Je rejoins ta pensée concernant cette forme de vision de la mort extrèmement négative.
Aujourd'hui, on ne voit plus les morts, il n'y a plus de veillée, les mourants meurent moins chez eux mais à l'hôpital, la mort est médicalisée...
Aujourd'hui, on cache la mort, le culte de l'individu a remplacé celui de Dieu( je ne dis pas que l'un ou l'autre soit bien), la représentation de la mort a donc tellement évoluée qu'elle est devenue une espèce de gale que la société occulte.
Non seulement l'individu moderne occulte sa mort, mais en plus il refuse de vieillir!
Refuser d'accepter que nous ne sommes de passage peut nous faire passer à côté de notre existence.
Le culte de la personnalité, le moi-je, la prétention, la mégalomanie, l'égoïsme seront balayés par un truc tout simple( je dis simple car j'ai trouvé cet adjectif à profusion dans ton post, Ajirao) : la mort. Ouais, un truc tout simple, qui s'écrit simplement, quatre pauvres lettres suffisent.

J'ai rebondi sur le post d'Ajirao mais je me dois de répondre au post de départ.

Mon rapport à la mort en général:j'ai eu la chance d'avoir été élevée en grande partie par ma grand-mère maternelle. Elle avait un rapport à la mort serein.
Je pense qu'elle m'a appris à percevoir la mort comme faisant partie intégrante de la vie. J'étais très jeune lorsque nous allions nous promener au cimetière, nous arrosions les fleurs de nos morts, nettoyions les plaques mortuaires et parfois nous prenions soins des tombes abandonnées. Elle me racontait la vie de ceux qu'elle avait connu, me disait sa tristesse face aux petites tombes...
Les cimetières représentent pour moi des lieux de sérénité, de paix, de recueil.

Mon rapport à la mort m'a permis d'accompagner certains de mes patients, que ce soit en maison de retraite ou maintenant à domicile.
La mort, dans le cadre de ma profession, m'est familière. Cela ne m'empêche pas de ressentir de la tristesse parfois, mais accompagner quelqu'un qui est en train de mourir est un enrichissement extraordinaire sur le plan humain.

Ma propre mort:intellectuellement, je sais que je mourrais. Mais je ne suis pas sûre d'avoir une conscience aigûe de ma finalité. Ce qui me préoccupe à travers ma mort, c'est qu'elle puisse surgir avant que mon fils ait construit une bonne partie de sa vie, avant qu'il soit autonome, accompagné d'une âme soeur.
J'ai peur que la mort ne me prenne et qu'il soit seul, cette pensée me fait mal, au plus profond de mes tripes.

La mort des autres:- Imaginer que mon fils puisse mourir avant moi est tout bonnement insoutenable. Parfois je m'entraîne et me mets en condition. J'essaie de ressentir ce que cela pourrait me faire. C'est trop dur.
Je ne suis pas sûre d'y survivre si cette tragèdie se produit un jour.
A la fois, je ne suis pas dans la fausse croyance que les parents meurent avant leurs enfants. On dit que c'est dans l'ordre des choses, mais dans la vie, y a-t-il réellement un ordre, ou est-ce que l'être humain s'est créé cet ordre pour se rassurer?
-Ceux que j'aime: mon compagnon, mes soeurs, mes neveux, mon meilleur ami... Le traumatisme psychique serait intense, mais je serais obligée de survivre, je le sais.
Penser qu'on ne verra plus jamais l'être aimé, qu'on n'entendra plus sa voix, c'est tellement douloureux...
C'est pourquoi je fais de mon mieux pour leur montrer mon amour, pour partager des moments, car se croire immortel, c'est reporter certaines visites, se dire " j'irai voir un tel la semaine prochaine, etc".
Ma priorité réside dans ces petits actes quotidiens, qui font que le moment présent est précieux car fugace...
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Re: La mort et vous

Message par Mlle Rose »

Ajirao a écrit : Pourquoi avoir peur dans ce cas? Je postule qu'il y a deux formes de peurs que les humains ressentent par rapport à leur propre mort. D'une part, la peur de la souffrance. Personnellement, je ne crains pas la mort pour elle-même, mais plutôt pour les douleurs qui la précèdent.D'autre part, notre instinct de survie nous pousse naturellement à redouter cette fin pour des raisons que l'on a du mal à expliquer, et qui souvent s'incarne par la peur du vide, du néant, de la fin. J'ai cru il y a peu être atteint d'une grave pathologie qui m'ont fait regarder la mort en face, et j'en ai conclu que fondamentalement cette peur est irrationnelle: Comme disait Epicure, la mort quand je suis vivant, ça me concerne pas, et quand je suis mort... Bah je suis mort donc ça change rien! Toutefois, c'est plus facile à dire qu'à croire quand on est pas dans une situation ou ses jours sont comptés...
Il fut un temps où je narguais la mort, presque à voir si elle allait finir par m'attraper. La mort, effectivement, je me disais qu'une fois plus là, de toutes façons, j'en aurait pas grand chose à carrer, et en même temps, j'avais l'impression que ça ne pouvait pas vraiment me concerner. La vie était un jeu, une mise à remettre sur la table à chaque fois.

Je me souviens de ces moments où, adolescente, je filais par les toits pour faire le mur et où je rentrais complètement bourrée par le même chemin.. je me souviens de ces moments où je filais avec de parfaits inconnus pour faire la bringue je savais même pas où... de ce moment où j'ai presque sauté, d'un autre où on m'a retrouvée en hypothermie dans un bassin en plein hiver, encore bourrée...
Je me souviens quand j'ai eu mon permis moto d'avoir écrit en gros derrière mon casque "don d'organes" en lettres alambiquées, je me souviens que ça me faisait marrer, comme ça me faisait marrer de voir si j'allais réussir finalement à passer cette courbe de ouf à telle vitesse...
La connerie personnifiée.

Y'a plus rien de tout ça qui me fait marrer.

Y'a eu octobre et ce moment où j'ai failli disparaître et dont je ne me souviens pas.
Ce moment au réveil où je me suis rendue compte que tout peut s'arrêter alors qu'on ne s'y attend pas, alors qu'on n'a même pas conscience du fait qu'on part, que c'est fini.
J'étais partie pour une petite intervention à la con de 30mn. J'avais dit à mon père "vasi pars c'est bon, on se voit demain, pas besoin de rester, va rien se passer d'important, ça va être comme dab".
Quand je me suis réveillée dans cette grande pièce toute blanche avec plein de blouses partout, des tas de poches de sang qui pendouillaient à la potence, des douleurs dans la poitrine et des bips, des tuyaux, des machines dans tous les coins, j'ai repris en pleine gueule tous ces moments de connerie passés où je jouais ma vie à la roulette.
J'ai pensé au bordel que j'aurais laissé, ma baraque crade, les carottes pourrissant dans le frigo, les papiers pas classés, j'ai pensé à tout ce que j'avais pas fini de faire, aux gens qui ne savaient pas que je les aimais bien, ou que je les aimais tout court, à la tasse de café laissée dans l'évier en partant, à Tourne qu'il fallait vite appeler parce qu'il devait y avoir en attente des tas de comptes pas activés, je ne savais même pas combien de temps ça avait duré, ni quel jour nous étions... le dérisoire et l'essentiel se mêlant curieusement, comme si l'un ne pouvait se passer de l'autre (la morphine sans doute...).
Et puis j'ai entendu la voix de mon père dans le couloir, qu'on ne voulait pas laisser rentrer. La voix terrifiée de mon fils au téléphone, que j'ai insisté pour appeler et rassurer. Un peu plus tard j'ai vu les regards étranges des personnes les plus proches qui sont vite arrivées à l'hôpital...
Bref....
Une forme d'insouciance s'est envolée et je crois pour toujours. A ne plus comprendre comment Epicure a pu dire une si grosse ânerie.

J'ai dû retourner au bloc par la suite, quelques bouts de barbaque pourrave à virer qu'ils n'avaient pas pu virer la première fois.
Je me croyais invincible et prête à faire face à tout, toujours. J'avais jamais eu vraiment peur de quelque chose avant.
Ben ça aussi ça a changé... J'ai chialé des litres, la gorge serrée, pendant qu'on m'emmenait vers la salle d'op. Incontrôlable et inaccessible à la Raison. La frousse absolue. Et la honte d'avoir la frousse.

Petit à petit j'intègre.
Je sais que ces épisodes ont profondément modifié mon rapport à la mort, à ma propre mort surtout.
Ils ont modifié profondément mon rapport à mes limites aussi, aux limites de ce que mon corps peut subir et de ce que mon mental peut gérer. Aux limites de ce que je suis, de ce qu'est ma vie : rien, un truc qui peut fuir comme ça pfiout, et pourtant TOUT, un truc précieux qu'on peut pas gaspiller.
La fin ça existe, le moment où on peut plus ça existe. Et ce sont toutes les représentations connexes qui sont en train de bouger, même si je peine toujours à ravaler mon aversion absolue pour l'assistanat, que je ne sais toujours pas comment demander de l'aide sans avoir un peu trolahonte de ne pouvoir faire seule, et que j'ai toujours du mal à accepter l'aide qu'on m'offre spontanément.
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Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. E. de la Boétie
NB : Je ne réponds pas aux questions perso en mp, je manque cruellement de temps pour ça et déteste répondre aux gens à l'arrache. Donc... merci d'éviter :f:

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arizona
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Re: La mort et vous

Message par arizona »

Ah ben moi aussi, tiens, mon ressenti.

La mort, elle me collait à la peau. D'aussi loin que je me souvienne. Pas la mienne, mais celle des autres - principalement celle de mon père. Il était âgé et malade lorsque je suis née, et ça ne s'est pas arrangé. J'ai grandi avec des parents que l'on prenait pour mes grands-parents, et inévitablement, la sensation de peur s'est collée à celle de la vieillesse et de la mort. J'avais peur, parce que je ne me sentais pas en sécurité avec eux. Je n'avais personne pour me défendre, j'avais la sensation que personne ne pouvait s'occuper de moi - physiquement j'entends.
Jusqu'à sa mort, je crois que j'attendais. J'attendais que cela se passe, qu'on en soit débarrassé. Je ne voulais pas qu'il meure, non, je voulais être débarrassée de cette peur.
Et puis c'est arrivé, et j'ai commencé à imaginer celle des autres. Chaque personne que j'aimais est morte quelques centaines de fois, de toutes les façons possibles. Il me semblait que c'était un bon moyen de me préparer. Que malgré ma peur, malgré mon attente, je n'étais pas suffisamment prête lorsque mon père est mort, et que je devais me préparer mieux.
Mais je n'aime pas avoir peur. Je n'aime pas non plus m'imaginer la mort de quelqu'un. Je préfère être joyeuse, et m'imaginer faire des chouettes trucs avec cette personne.
Donc j'ai commencé à parler de la mort autour de moi. Beaucoup. Comme quoi la vie n'avait aucun sens, puisque l'on mourrait. La seule chose qui pourrait donner du sens à la vie, c'est qu'il y ait autre chose. Mais quoi ? Quelle est cette autre chose ? Personne ne peut répondre à cette question, j'ai donc laissé tomber le sujet. A quoi cela sert-il de me torturer sur le sens de la vie, si je ne peux donner de réponse ? Je crois qu'il faut lâcher prise sur les choses que l'on ne peut changer, sur les sujets sur lesquels on ne peut trouver de réponse.

Dans le même temps, j'ai lu du Elisabeth Kübler-Ross. Qui m'a fait beaucoup réfléchir, notamment sur le fait que c'est l'entourage qui, souvent, n'accepte pas la mort. Le mourant, lui, est prêt. Je me suis donc convaincue que - sauf mort brutale, inopinée, accidentelle - l'homme est suffisamment bien foutu pour évoluer avec le temps, pour évoluer à travers les âges qu'il traverse, et lorsque sa mort arrive, être prêt. Parfois en être reconnaissant. Se sentir délivré. Délivré des souffrances, des peines, et de la fatigue. Le prix, c'est d'être délivré aussi des joies, et des beautés. Mais justement, peut-être que le prix n'est pas si cher payé. C'est prévu, quelque part dans notre métabolisme, de ne pas trouver le prix cher.

Et puis j'ai décidé de ne plus y penser. Chaque fois que ma pensée revenait sur la mort, c'est-à-dire plusieurs fois par jour, je la chassais. Va t'en. Je ne veux pas de toi. Va discuter avec quelqu'un d'autre. Ce n'est pas hyper rapide comme technique, mais ça marche. Ce n'est pas si lent non plus.


Aujourd’hui, je n'y pense quasiment plus. Ce qui me tracasse le plus, c'est la perte de droit de réponse dont parle Cyrano ( je crois ). Une fois qu'on est mort, on tombe dans le domaine public. Chacun y va de son souvenir, de son histoire, de son interprétation, vraie ou fausse. Là-dessus aussi, il faut lâcher prise. Notre vie ne nous appartient pas. En tous les cas, l'image de notre vie ne nous appartient pas.


Pour le reste, ma fois, je rejoins assez Zeus ( si je ne déforme pas son propos ). Les choses, les gens existent-ils en dehors de nous ? En dehors de notre conscience ? Et nous-même, existons-nous en dehors de notre présent ? Notre passé n'est-il pas mort, et bien mort, et notre futur, pas encore né ? C'est marrant d'ailleurs comme c'est inversé par rapport à notre vie sur terre. Notre passé est mort, alors qu'il est notre naissance, et que nous allons mourir dans un futur, qui lui n'est pas encore né.
Je ne suis absolument pas prête à mourir aujourd'hui, ni même vraiment à vieillir. Ce que raconte Rose nous prouve bien que c'est maintenant que les choses sont importantes, maintenant qu'il faut dire je t'aime, maintenant qu'il faut demander pardon pour les peines qu'on a causées, maintenant qu'il faut être joyeux et vivants. La mort nous échappe, nous n'avons que très peu de contrôle sur elle, nous ne savons pas ce qu'elle nous apportera, et en fait, peu importe.
Par contre, la vie, même si nous ne savons pas ce que c'est, nous la ressentons. Et c'est cela qui est important, et c'est pour cela qu'il faut la vivre. Manger des crêpes aux champignons en buvant du vin rouge. Sourire. Aimer. Respirer.
Si nous n'étions pas d'ici, nous serions l'infini.
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Cyrielle
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Re: La mort et vous

Message par Cyrielle »

Certaines de vos expériences m'ont vraiment émue...

Mon "parcours" par rapport à la mort est assez banal : quand j'étais enfant, j'avais des insomnies seulement parce que j'essayais "d'être morte", en arrêtant de penser (c'était la vision que j'en avais à l'époque, plus que d'arrêter de respirer... et tant mieux, parce que j'étais asthmatique^^). En même temps, j'étais très angoissée parce que je pensais que si je ne dormais pas, j'allais mourir !
J'étais LA malade de la famille, on m'a donc tenue soigneusement à l'écart de la mort, et j'avais 18 ans lorsque j'ai assisté pour la première fois à un enterrement.

Puis, vers 9-10 ans, ce film "L'homme qui rétrécit" a changé une première fois ma vision de la mort. J'en ai retenu que le héros finit par être si petit qu'il est désincarné, et devient alors omniprésent ; il acquiert la capacité de savoir à quel endroit quelqu'un pense à lui, sur la terre entière... j'ai fait de cette fiction ma théorie sur "l'après", et ça m'a bien apaisée.

A l'école d'infirmière j'ai vu mes premiers morts, fait mon premier accompagnement ("jusqu’au dernier souffle", parce que c'est important pour moi d'aller au bout, y compris jusqu'aux derniers soins, ie les soins post-mortem). Ma "théorie" de la mort m'a permis de ne jamais avoir peur, et de ne jamais éluder les questions parfois très crues, des malades en fin de vie.

Enfin, une expérience pro à Tahiti a achevé de dé-taboutiser la mort dans mon esprit. Les polynésiens acceptent parfaitement la mort, quel que soit l'âge ou les circonstances. Il ne s'agit ni de résignation, ni d’introversion, ni de deuil mal digéré : simplement, dans la culture maori, la mort fait partie de la vie, et les défunts restent présents à part entière. Il ne s'agit pas de réincarnation... plutôt de "mort éternelle" ;-).

Pour autant, je continue à accepter difficilement la mort de personnes "qui n'ont pas vécu" (enfants ou jeunes adultes), et dans ce cas je gère plus mal l'émotion des familles... parce que, malgré ma belle théorie, je trouve ces disparitions injustes.

Mes parents vieillissent, c'est pourquoi je me suis rapprochée d'eux (géographiquement^^), et j'espère pour eux qu'ils ne se survivront pas longtemps l'un à l'autre, mais cela ne m'angoisse pas d'envisager leur fin.
Quant à ma mort, à moi... je ne me vois pas vivre vieille, c'est un projet de vie, et j'espère que j'aurai la possibilité (et le courage) de décider de mourir quand je le jugerai bon. Toutefois je crois n'avoir jamais approché ma mort de près (peut-être dans la toute petite enfance... enquête en cours avec la psy !), et je suis consciente que cela doit vraiment changer la façon de voir les choses, encore plus après vous avoir lu.
Y'a trop de monde sur les gradins... Le spectacle du monde nous appartient !

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Ajirao
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Re: La mort et vous

Message par Ajirao »

En premier lieu, merci pour ton commentaire Sandrine, je vais essayer d'éclairer certains points qui ont surement manqué de clarté dans mon propos (l'écriture nocturne cédant souvent à la fatigue).
sandrinef a écrit :
Ajirao a écrit : En premier lieu, la mort en elle-même n'existe pas. C'est un processus, qui ne se conçoit pas en tant que produit fini. La mort est la simple limite dans le temps qui sépare la vie de la non-vie.
La mort n'est pas un processus, c'est un état. Mourir est un processus. Je ne comprends pas en quoi le fait de représenter la mort laisse imaginer qu'elle est une fin...Elle est d'ailleurs souvent représentée comme un passage ;)
En réalité je n'ai pas fait la distinction entre la mort (l'état) et mourir (l'"action") à dessein. Comme je l'ai dit, et c'est une conception très personnelle de la chose, la mort pour moi n'existe pas. Ou plutôt la conception humano-centrée de mort. Il n'est pas certain que les animaux réalisent exactement ce concept de mort quand ils fuient instinctivement un danger.

Mais quel est-il exactement? La mort n'existe que parce qu'il y a une vie qui la précède (logique), la mort est donc la perte de la vie. Le concept de mort n'existe que pour les humains, qui la conçoivent donc en observateurs de leur vivant: je pense que la mort commence et s'achève au moment où le décès survient. L'acte de mourir est un écran de fumée au delà duquel on ne voit pas, faut de témoignage de ce qui s'y passe, et par défaut on appelle ce qui s'ensuit "la mort".

Pour moi, la mort survient quand la vie s'échappe, et s'ensuit non pas par la mort mais par l'absence de vie (ce qui n'est pas tout à fait la même chose, puisque l'absence de vie ne pose pas la vie comme critère préalable, elle est existe par exemple avant la naissance). C'est pour cela que je dis que la mort/mourir est un processus. Bien entendu, je n'entre pas ici dans des conceptions religieuses.

Le fait que l'observateur vivant, toujours le même, ne conçoive pas ce qu'il y a au delà de la mort l'amène à associer, en bloc, l'instant du décès avec la non-vie qui le suit. Un peu comme si, parce que ne vois pas ce qu'il y a derrière un mur, je postule que le mur continue sans fin. C'est en cela que je pense qu'il ne faut pas voir la mort comme un produit fini.

On me dira que c'est un débat sémantique plus que conceptuel. C'est surement vrai, vu que le résultat est fondamentalement le même. Toutefois, la notion de mort est associée à une charge émotionnelle extrêmement forte et souvent négative, qui me semble n'être pas cohérent avec une discussion neutre de la fin et de l'après vie.

Enfin, on peut en effet noter que la représentation de la mort en tant que passage est courante (la Faucheuse, le Styx, la tombe...). Toutefois je pense que cette version est très théorique, car quand on perd un proche, ou quand on est soit même sur le point de mourir, on a moins tendance à le concevoir en tant que passage qu'en tant que fin, d'où mon propos. Le point de vue de l'observateur sera nécessairement influencé par rapport à sa propre situation émotionnelle.

Je pense enfin que représenter la mort la "fige" d'une certaine manière. Cela cristallise, personnalise une étape vers l'inconnu comme tu l'as indiqué, ce qui éveille d'autant plus la peur. Face à la figure de la faucheuse par exemple, un individu se concentrera sur elle en tant que fin et non en tant qu'étape. Elle devient la représentation de sa propre disparition, et ce qui survient au-delà importe alors peu car ce n'est pas de l'ordre de ce que l'on peut expérimenter physiquement.
sandrinef a écrit :
Ajirao a écrit :Pourquoi avoir peur dans ce cas? Je postule qu'il y a deux formes de peurs que les humains ressentent par rapport à leur propre mort. D'une part, la peur de la souffrance. Personnellement, je ne crains pas la mort pour elle-même, mais plutôt pour les douleurs qui la précèdent.D'autre part, notre instinct de survie nous pousse naturellement à redouter cette fin pour des raisons que l'on a du mal à expliquer, et qui souvent s'incarne par la peur du vide, du néant, de la fin. :)
Je suis d'accord concernant la peur de la souffrance. Toutefois, la mort est injustement associée à la souffrance. C'est mourir qui peut en être la cause, ce n'est pas la même chose...(Et ce n'est pas systématique...)
En effet il y a une association incohérente entre la mort et la souffrance, ce qui rejoint mon propos ci-avant: la majorité des gens font une confusion entre la mort et mourir, la prenant comme un bloc plutôt qu'une étape.

sandrinef a écrit :
Ajirao a écrit :La mort en elle même est très souvent dépeinte comme une entité néfaste voir maléfique et perfide. Si on la prend comme un simple changement d'état, on arrête de considérer qu'elle est "bien" ou "mal". La mort est aussi diabolique que l'ébullition de l'eau si on la prend en temps que telle.
Elle est sans doute absurde, résolument triste, toujours injuste, mais il faut se départir des lieux communs véhiculés par nos sociétés pour justement dédramatiser la mort, la rendant autrement plus supportable... pour les vivants! :)
Je rejoins ta pensée concernant cette forme de vision de la mort extrèmement négative.
Aujourd'hui, on ne voit plus les morts, il n'y a plus de veillée, les mourants meurent moins chez eux mais à l'hôpital, la mort est médicalisée...
Aujourd'hui, on cache la mort, le culte de l'individu a remplacé celui de Dieu( je ne dis pas que l'un ou l'autre soit bien), la représentation de la mort a donc tellement évoluée qu'elle est devenue une espèce de gale que la société occulte.
Non seulement l'individu moderne occulte sa mort, mais en plus il refuse de vieillir!
Refuser d'accepter que nous ne sommes de passage peut nous faire passer à côté de notre existence.
Le culte de la personnalité, le moi-je, la prétention, la mégalomanie, l'égoïsme seront balayés par un truc tout simple( je dis simple car j'ai trouvé cet adjectif à profusion dans ton post, Ajirao) : la mort. Ouais, un truc tout simple, qui s'écrit simplement, quatre pauvres lettres suffisent.
Agreed, contrairement à la naissance, au moment exact de la mort nous sommes tous égaux! ;)
Mlle Rose a écrit : Il fut un temps où je narguais la mort, presque à voir si elle allait finir par m'attraper. La mort, effectivement, je me disais qu'une fois plus là, de toutes façons, j'en aurait pas grand chose à carrer, et en même temps, j'avais l'impression que ça ne pouvait pas vraiment me concerner. La vie était un jeu, une mise à remettre sur la table à chaque fois.

[...]

Y'a plus rien de tout ça qui me fait marrer.
Ton propos est extrêmement touchant et l'on sent bien à quel point tu as pu souffrir. Mon propos, en revanche, n'étais pas de dire qu'il ne faut pas avoir peur de la mort. Je tentais simplement de me poser en un observateur qui ne serait pas lui même concerné par la mort (en dehors du jeu donc), et tenterais de comprendre de façon objective ce qui motive les peurs des "joueurs".

Pour avoir moi-même été confronté à une situation de mort imminente, je sais à quel point la pratique est loin de la théorie. Tu as été confrontée au syndrome que j'ai appelé quand je l'ai expérimenté "merde laissez-moi une dernière chance". Tu remets soudain ta vie en perspective et pointe ce que tu n'as pas encore fait et aimerais faire. Soudain tu veux vivre une vie que tu n'as pas forcément accepté jusqu'ici, ne serait-ce que pour tes proches.

Je pense d'ailleurs que la peur de quitter ceux que l'on aime peut légitimement être inclus comme une troisième source de peur de la mort.

La mort en elle même n'est ni bien, ni mal. Elle est triste car elle stoppe la partie, mais ce n'est que la fin du "signal électrique" qui nous anime. On comprends soudainement l'expression "on n'a qu'une vie!". Le bon point étant que toutes les émotions qui t'ont submergées étaient tournées vers la vie, non la mort, c'est ça la force de l'esprit face à sa propre "fin"! Les ressources sont insoupçonnées et doivent être cultivées!

J'espère que tu vas un peu mieux maintenant, et que tu as tenté de "saisir" ta vie. :)

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Ajirao
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Re: La mort et vous

Message par Ajirao »

Mlle Rose a écrit : Il fut un temps où je narguais la mort, presque à voir si elle allait finir par m'attraper. La mort, effectivement, je me disais qu'une fois plus là, de toutes façons, j'en aurait pas grand chose à carrer, et en même temps, j'avais l'impression que ça ne pouvait pas vraiment me concerner. La vie était un jeu, une mise à remettre sur la table à chaque fois.

[...]

Y'a plus rien de tout ça qui me fait marrer.
Ton propos est extrêmement touchant et l'on sent bien à quel point tu as pu souffrir. Mon propos, en revanche, n'étais pas de dire qu'il ne faut pas avoir peur de la mort. Je tentais simplement de me poser en un observateur qui ne serait pas lui même concerné par la mort (en dehors du jeu donc), et tenterais de comprendre de façon objective ce qui motive les peurs des "joueurs".

Pour avoir moi-même été confronté à une situation de mort imminente, je sais à quel point la pratique est loin de la théorie. Tu as été confrontée au syndrome que j'ai appelé quand je l'ai expérimenté "merde laissez-moi une dernière chance". Tu remets soudain ta vie en perspective et pointe ce que tu n'as pas encore fait et aimerais faire. Soudain tu veux vivre une vie que tu n'as pas forcément accepté jusqu'ici, ne serait-ce que pour tes proches.

Je pense d'ailleurs que la peur de quitter ceux que l'on aime peut légitimement être inclus comme une troisième source de peur de la mort.

La mort en elle même n'est ni bien, ni mal. Elle est triste car elle stoppe la partie, mais ce n'est que la fin du "signal électrique" qui nous anime. On comprends soudainement l'expression "on n'a qu'une vie!". Le bon point étant que toutes les émotions qui t'ont submergées étaient tournées vers la vie, non la mort, c'est ça la force de l'esprit face à sa propre "fin"! Les ressources sont insoupçonnées et doivent être cultivées!

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Malkovitch
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Re: La mort et vous

Message par Malkovitch »

La mort c'est à la fois universel et personnel à chacun. On y arrive tous, mais chacun d'une façon qui nous est singulière.

L'idée de la mort me renvoie inévitablement à l'idée que je ne fais de la vie, dont elle n'est que l'ultime étape. Sans entrer dans la nomenclature des étapes troublantes que j'ai traversé en faits, en émotions en pensées pour parvenir à l'apprivoiser, je préfère plutôt mettre en mots ce qui représente ma synthèse aujourd'hui.

Est-il possible d'en arriver à se dire «Je suis prêt» sans qu'il n'y ait aucun présage de mort imminente à l'horizon ? Je réponds oui sans hésitation, non pas que je nie que près du seuil je puisse être chamboulé, mais que l'idée d'une fin est lucidement consentie. Je serai présent au rendez-vous qui m'attend tôt ou tard, sans chercher à me défiler. J'admets d'emblée mon ignorance complète sur une possible vie-après-mort, trouvant plus pertinent de savoir s'il y a une vie avant la mort plutôt qu'après. J'apprécie toutefois d'avoir eu le temps de l'apprivoiser avant qu'elle ne survienne.

Je trouve cependant que la manière dont la mort survient est parfois tellement bête. Si tout le monde pouvait s'éteindre après une longue vie jouissive, fructueuse et significative, la mort serait alors une jolie conclusion; une sortie de scène qui rend si exclusive et si précieuse pour ceux qui restent, l'histoire qui l'a précédée. Ça explique pourquoi je suis choqué par la mort d'un enfant, par des décès accidentels qui frappent dans la fleur de l'âge, par des guerres stupides, par les suicides irréfléchis, bref chaque fois que j'ai l'impression que la mort a volé de la vie à quelqu'un et qui plus est s'il m'est cher. Les enfants ne devraient jamais mourir avant leurs parents, non pas tant pour leur éviter de la peine, mais pour avoir un vie entière à eux.

Je conçois mieux maintenant que la mort ne peut être abordée sereinement que par le regard de la philosophie (non pas celle des philosophes, mais la sienne propre). Aux plans physique, scientifique, psychologique, l'idée de la perte, de l'échec, du non-sens est récurrente et reste difficile à contourner. Tout ce qui concoure à prolonger la vie se place en opposition avec la mort et c'est là le paradoxe. Ce n'est qu'au travers un regard aussi large que possible, que la mort apparaît à la fois dans son plus simple appareil et dans le sens qu'elle donne à la vie. Ma vie a beaucoup plus de sens parce qu'un jour je vais mourir.

Je me suis demandé comment il pouvait m'être possible de me lier à la vie sans nier la mort. Comment m'y relier sans m'y confondre ? Toute ma vie j'ai connu des gains et des pertes, j'ai eu à vivre des deuils et à apprendre comment les vivre pour en émerger. Ces épisodes m'ont permis de réapprendre comment naître, vivre et mourir, puis renaître et ainsi de suite. J'ai eu à finaliser une série de deuils qui s'étaient accumulés et que j'avais laissé en suspens, ne sachant pas comment les achever. A chaque deuil, quelque chose mourait en moi, mais je ne soupçonnais pas au départ que cette mort était nécessaire pour qu'émerge une autre partie de moi, moins tordue, plus authentique, mais sans être définitivement achevée.

Je ne sais toujours pas s'il y a une vie après la mort, mais je sais qu'il y a de la vie dans les morts qui se vivent successivement durant l'existence. Ce qui meurt ne revient pas à la vie, mais il faut que ça meurt pour que la vie puisse se déployer dans toutes ses couleurs, ses saveurs, ses douceurs, ses arômes et ses harmonies.
Lorsque ta vie te semble toute à l'envers, modifie ton angle de visée, essaie la tête en bas.

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Re: La mort et vous

Message par Urbicande's Villager »

Je vais expliquer mon point de vue sur la mort, seulement je vais devoir quelque peu m'étaler sur de la spiritualité, puis pour finir je vous prierais de m'éclairer sur une préférence.
La mort est partout. Vous le savez déjà, elle est omniprésente et peut affecter un de vos proches comme la mouche qui trône sur votre magret de canard. Personnellement, je suis dans la médecine et la mort, sans être un menteur, ne me traquasse pas. En effet voici ma conception de la vie/mort.
Je crois en la réincarnation. Je ne vais pas chercher à contredire le christianisme ou autre, mais pour moi (point de vue totalement subjectif) je trouve que c'est la vision la plus probable de l'au-delà. J'ai lu quelques articles sur internet ou sur papier au fil du temps (que je n'ai pas retenu) et « Des vies antérieures aux vies futures » de Patrick Drouot.
Ma réflexion est simple. Tout être vivant pluricellulaire et comportant une zone synaptique possède une âme pour orchestrer toutes ses cellules (100 000 milliards de cellules dans le corps humain) et ainsi vivre. Notre vie est un fragment de notre existence qui concerne notre âme. Autrement dit à chaque fois qu'on meurt on renaît dans un autre corps, humain ou pas, cela continuellement. Delà on peut se dire que l'esprit est le même et que c'est seulement la physionomie du cerveau qui va donner les actuelles capacités mentales de l'individu (intelligence mais aussi quelques traits de caractère). Ainsi la mouche n'aura pas la même ruse qu'un chat pour s'approvisionner en nourriture par exemple.
Il faut avouer que je n'aimerais pas mourir sur-le-champs par un certain sentiment égoïste puisque la vie actuelle que je mène est bien trop belle pour l'abandonner et risquer de devenir une poule d’abattoir. Je soutiens alors la pensée de Malkovich "Les enfants ne devraient jamais mourir avant leurs parents, non pas tant pour leur éviter de la peine, mais pour avoir un vie entière à eux."
Je pense aussi que le sens de la vie est d'améliorer ce monde, pour que nos conditions de vie soient encore meilleures pour tous. Notre existence est à durée indéterminée, voire peut-être infini ; alors autant vivre dans un milieu plus favorable. Je rejoins l'avis de une "la seule chose qui me fasse peur dans le fait de mourir, c'est de n'avoir servi à rien, d'avoir subi ma vie et de n'avoir rien laissé qui reste." parce que actuellement j'ai les moyens, mais peut être plus dans quelque temps !
Cependant, je me suis penché sur un concept post-scientifique, qui est pour le moins brutal.
Nous n'avons pas « d'âme », nous sommes seulement dirigés par l'ensemble des cellules elles-mêmes, autrement dit nous fonctionnons par réflexes liés aux gènes qui nous composent. Notre vie serait donc déjà anticipée, la théorie du « Destin tracé » vérifiée et celle de « la vie après la mort » faussée.
En somme, pour wam, soit la mort est une illusion et c'est rassurant, soit c'est catégoriquement l'inverse. J'hésite.
À vous les studios !
On dit que l'univers est magnifique, mais je n'arrive même pas à en voir un centième de mes propres yeux.

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Pier Kirool
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Re: La mort et vous

Message par Pier Kirool »

J'ai toujours dit qu'il fallait vivre à la fois comme si on allait mourir demain et comme si on allait jamais mourir. Manière de dire "être en règle avec les personnes importantes" et "entreprendre sans avoir peur de ne pas avoir le temps de finir".
Comme boulot, j'ai choisi une branche de la médecine ou la mort est omniprésente (était, en fait, j'ai décroché depuis). 100% de mortalité sans traitement, ça fait omniprésent, non ? ... En plus, je rajoutais que je n'étais pas là pour "traiter la constipation chronique" (sans méconnaître l'inconfort...profond lié à cette condition)...
La réincarnation ne me pose aucun problème. L'assemblage moléculaire corporel qui nous constitue étant par nature destiné à se réorganiser lorsque tout celà sera dés-assemblé...
La question de l'âme est plus difficile, mais je crois à une âme (proche de l'esprit à vrai dire) matérielle, entièrement matérielle et que notre existence est un mix de génétique et d'environnement, chacun étant plus ou moins déterminé génétiquement et "envirronnementalement", et plus ou moins capable de se débarrasser de ses déterministes (=se libérer). Qu'est-ce qui détermine ce plus ou moins ? La génétique et l'environnement... Maus je diverge, comme dirait Rocco... Bref, l'âme ne disparaît pas si elle est...transmise... pendant la vie... Après comme elle est intimement liée aux molécules, elle reste gravée dans l'esprit de ceux à qui on l'a fait connaître... ptêt...
Et pour avoir vu le grand train noir à tête de mort me foncer dessus l'été dernier, ben... Je dirais que l'idée de ma mort a été encore raffermie et "vivre comme si on allait mourir demain" a pris un autre sens, non pas que je m'autorise toutes les conneries possibles et imaginables, mais que je ne compte plus trop sur le futur pour faire les trucs... J'envisage donc la vie plus près, plus pleine....je priorise, j'organise, je fais...
J'en ai jamais tellement eu peur, sauf pour mes enfants dans le double sens de "leur mort et moi qui reste là comme un con" (je ne peux imaginer plus grande douleur) et "ma mort et eux qui restent là sans moi" (ce qui est peut-être très prétentieux ; ils s'en sortiront peut-être très bien sans moi, c'est même à souhaiter car comment dire va bien falloir qu'ils y passent à la vie sans moi, car sinon, on revient au sens d'avant et là...non !).
Dans la vie, je suis anticipateur et anxieux. Pas au point de ne rien pouvoir faire, mais... Pour la mort je suis raisonnablement anxieux, et l'anticipation de la mort, ça fait une vie bien remplie...

[edit] Ah oui ! Ok pour le don d'organes, si quelqu'un en veut. Et j'ai déjà défini et transmis à mes proches les conditions du feu à volonté (Euuuuh, t'as nazi ?) : si je ne reconnais plus mes enfants, et si je me fais dessus sans m'en rendre compte...[/edit].
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météore
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Re: La mort et vous

Message par météore »

" La mort est un rendez-vous avec soi : il faut être exact au moins une fois. "

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Gioia
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Re: La mort et vous

Message par Gioia »

Bonjour,

J'aime beaucoup ce sujet.

Mon rapport à la mort ? Extrêmement anxiogène.
Je fais une fixette dessus depuis plusieurs années, et ça s'est accentué depuis le décès de ma chère et tendre grand-mère.
Pourquoi ce sujet me torture t-il autant ?
Disons qu'on ne contrôle pas les évènements de vie et j'ai beaucoup plus peur de la mort de mes proches que de ma propre mort. Ca me serait insupportable, trop insupportable, mais l'idée de penser que mes proches puissent souffrir si je mourrais me mène à croire qu'il vaudrait mieux pourtant qu'ils partent avant moi. Ouais, ça serait trop dur que mes proches partent mais je peux pas supporter l'idée que mes parents puissent par exemple souffrir si je venais à disparaître... donc pas simple ! Après bon, il n'est pas question de choix ici, sauf pour le suicide et là encore à mon avis ça n'est pas pour la plupart du temps un choix réfléchi, nous n'avons pas de contrôle sur la mort et nous ne pouvons qu'"accepter" ce dénouement parfois si injuste et brutal...
Autre raison anxiogène ? La pire de toute: ce qu'il y a éventuellement après. Ca pour moi, c'est le summum. Je pense qu'il y a quelque chose, sans pour autant rien affirmer car concrètement nous n'en savons rien. Et être persuadée qu'il y a quelque chose est parfois pire pour moi que de penser qu'il n'y a rien après. Je crois que c'est la pire angoisse que j'ai connue de mon vivant: la réflexion sur l'état post mortem.

J'y pense tout le temps, ça me bouffe l'existence.


Dans tous les cas, vaste débat très intéressant.

:hai:

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ermite
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Re: Douance et mort

Message par ermite »

erreur de post, pardon :emo:

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Dok
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Re: La mort et vous

Message par Dok »

La (grande/arrêt des fonctions vitales, du pouls) mort et moi? Ben...je n'en sais rien. Et à l'instant où cela arrivera, il m'est avis que je n'en saurai pas plus.

Pour pousser le bouchon un peu plus loin dans le goulot, l'idée propre de la mort semble n'avoir aucun sens. Elle n'est que l'appellation détournée d'une peur, qui est celle de ne pas vivre bien.

Imaginer la mort d'un proche et en souffrir ne symbolise que la peur de vivre sans lui. D'exister en ayant mal. Peut-être est-ce là, ce que tu dis, Arizona?
Imaginer sa propre mort et en souffrir ne symbolise que la peur de rater des instants futurs où l'on se sentira vivant, de ne pas réaliser un rêve par exemple. Cela est vrai également si l'on prend en considération nos proches (je pense au témoignage de Rose mais peut-être suis-je dans le faux?) car manquer de les rendre heureux s'associe sans contestation à manquer de l'être soi-même. Comment feront-ils lorsque je ne serai plus là? En d'autres termes, comment pourrais-je les amener à vivre bien si je ne suis plus là? Et si je ne suis plus là, je louperai ces instants où ils auraient pu être heureux, et au cours desquels je l'aurais été moi-même?

Cette une vision qui paraît à première vue égoïste, égocentrique mais comment pourrait-il en être autrement quand on sait que l'idée que l'on se fait de la vie n'est jamais que subjective. En cela, cette vision ne me paraît pas sinistre. Elle est plutôt juste, honnête...pour moi.

Par contre, la (petite) mort, elle est omniprésente. C'est rater l'instant où l'on se sent vivre, des orteils au sommet de son crâne, en passant par les tripes (pour faire dans le cliché). Lorsqu'elle intervient, nous ne sommes plus que vie au sens biologique. Cette mort là, oui je la connais. Elle me frappe quand je dois me rendre à la poste pour réceptionner un recommandé alors que je désirerais simplement être dans mon lit à fumer une clope en regardant un Tex Avery, quand je dois me lever et partir travailler pour payer un loyer alors que je souhaiterais plutôt respirer l'air montagnard assis le cul sur une pierre froide en regardant dans le nulle part, quand l'un de mes gamins chiale de tristesse sans que je puisse y faire quelque chose... Elle est récurrente et c'est surtout elle qui nous empêche de vivre. Elle est un élément de notre vie consciente, pas un opposé. Et sans doute est-elle bien plus douloureuse que la grande faucheuse, d'après ce que j'ai pu lire dans le post du Renard. Si cela est le cas, on comprend mieux pourquoi la vie est un combat car en elle, se blottissent les voies qui nous en éloignent.

Zeus (le membre de ce forum, bien entendu ^-^ ) écrivait que le passé était mort. Je le crois. J'aimerais toutefois ajouter qu'il peut selon moi mourir deux fois.
Une première car il n'est plus possible de le revivre physiquement? Dans ce cas, il est mort (au passé).
Une seconde quand on prend conscience à l'instant présent qu'il l'est. Dans ce cas, il meurt (au présent=on vit sa mort). Le rêve non accompli, de nouveau, en est une illustration. En m'emballant, je pourrais dire que vivre, c'est éviter à tout prix cette mort-là.

Il a été dit plus haut que, parce que nous sommes HP, nous aurions un rapport privilégié à la mort. Comme certains, je ne partage pas ce point de vue. Tout être conscient entretient une relation avec celle-ci (vivre avec ses petites morts de la conscience ou ne plus vivre biologiquement) qui lui est propre.

S'il y a une vie après la mort clinique? Aucune certitude. Une âme immortelle? C'est joli mais je pense qu'une fois la lumière éteinte, il ne reste rien. Les souvenirs qu'on laisse dans l'esprit des gens? Je ne pourrai jamais les vivre même s'ils peuvent participer à la vie d'un autre. Mais là, on s'immisce dans le domaine des croyances et c'est la raison pour laquelle je n'ai pas envisagé de parler ici, d'un passé mort, au futur. S'imaginer vivre plus tard en étant mort aujourd'hui n'a plus trait à notre rapport à la mort mais au lien avec l'après mort.

Sur ce, je m'en vais me préparer des oeufs brouillés.

Olivier81
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Re: La mort et vous

Message par Olivier81 »

Je viens de finir le livre d'Onfray de Cosmos, il explique que les philosophes parlent plus de leur propre mort mais pas celle des proches, qui part définition nous touche
Perso, j'ai tendance à la tourner en dérision, et assez cynique; En théâtre impro, quand il faut mourir sur scène, je fais de façon comique, et il paraît que c'est assez rare de vouloir mourir sur scène. Par contre, je n'avais pas fait quand il fallait faire une scène devant une tombe.

souffrine
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Re: La mort et vous

Message par souffrine »

Bonjour à tous,

Vos récits sont touchants et difficiles et je me sens un peu gênée d'intervenir pour parler de mon problème avec le vieillissement.
J'ai 25 ans, il y a un peu plus de 6 mois après une période intense d'hypocondrie assez sévère je fais face au réel problème, celui du refus de vieillir. Est ce que l'hypocondrie cachait l'angoisse du vieillissement et de la mort? Je n'en sais rien. Je n'arrivais plus à vivre, je suis boulimique mais je n'ai pas pu manger pendant deux mois tant le mal être était intense, je me renseignais sur les méthodes pour mettre fin à ses jours.
Aujourd'hui ça va un peu mieux, à la suite de cet épisode j'ai entamé une psychanalyse mais je ne peux pas passer un jour sans penser à notre condition que je n'accepte pas.
Il m'arrive de regarder mes mains et de me dire "oui mais ce que tu vois là, cette peau, un jour ça ne sera plus et dans 2 ans elles auront déjà un peu changé ", je ne veux plus m'attacher à mon corps car je sais qu'il va aller en se dégradant. J'ai la sensation que le temps me vole mon corps, c'est vraiment ça, comme si on me donnais quelque chose mais qu'on allait me le retirer.
Cette pensée ne me quitte pas. Dans la rue je vois tout sous cet angle. Je me dis qu'un jour ça tournera avec d'autres générations, que je ne pourrai plus interagir avec l'environnement, c'est tellement vertigineux.
j'en ai la gorgé nouée de l'écrire.
J'ai un gros problème avec le temps qui passe, je n'arrive pas à l'accepter, j'ai aussi l'impression de perdre de la valeur à mesure que les mois avancent, c'est une véritable torture psychologique.
je ne peux pas me dire que ça ira mieux avec le temps car le temps est mon problème.
J'aurais encore beaucoup à écrire mais je peine à trouver les mots pour traduire mon sentiment.
Je crois que mon identité se perd dans le temps car le temps n'est pas quelque chose d'arrêté. Enfin c'est quelque chose comme cela.
Ça vient de me sortir en écrivant, j'ai réussi à mettre en mots mon problème je crois.

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Belphé98
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Re: La mort et vous

Message par Belphé98 »

Personnellement, j'ai eu une brusque prise de conscience vis-à-vis de la mort lors de mes sept ans. J'étais dans le jardin de mes grands parents, je regardais l'étang, et puis j'ai été prise d'un vertige... Une amie à moi était là, et je me suis exclamée : tu te rends compte qu'on va mourir un jour, qu'on ne sera plus là ?! J'étais totalement tétanisée par l'idée de ma disparition future. Pourtant, quand on y regarde de plus près, cet état de non-existence que je suppose qu'il y a après la mort n'est pourtant pas si terrible que cela! Je pense même que c'est la vie qui est source de détresse, de souffrances, de traumatismes... elle peut être belle, sans doute... mais je trouve la mort presque plus attrayante. Ce qui me ferait vraiment peur, en revanche, c'est effectivement qu'il y ait quelque chose après la mort. J'ai toujours été fascinée par les histoires de fantôme, et c'est ça je pense qui a notamment été à l'origine de mes crises de panique datant d'il y a 3 ans environ. Cet ailleurs là me fait trembler. J'aime mieux l'idée que l'on ne soit pas éternel et que nous retrouvions le néant une fois notre décès arrivé.

Il y a quelques jours, j'ai été troublée par une image que j'ai vu, une nuit. J'étais dans le jardin, enterrée. Je m'y sentais bien et prête à voler vers mon repos éternel. Mes proches vivaient, bougeaient dans le monde du dessus, c'était rassurant. En revanche, en pensant à la situation inverse, j'ai été prise d'une peur-panique. La solitude et la mort de nos proches sont, je crois, les plus susceptibles de tracasser les mortels. Je suis dans l'optique de profiter de la vie au jour le jour, savourer chaque instant, mais la mort ne m'effraie pas, je la vois comme faisant parti de la vie. (Ne donnerait-elle pas d'ailleurs toute sa valeur à la vie?)

En tout cas il m'est impossible de croire en la réincarnation et en la religion. Je ne crois pas en l'âme. Pour moi, nous ne sommes qu'une masse de molécules animée qui est devenue spirituellement ce qu'elle est grâce à deux facteurs : l'environnement et la génétique. Je pense que née ailleurs à un autre moment voire dans un autre contexte j'aurais pu être totalement différente de ce que je suis, j'aurais pu être tueuse par exemple. Je ne pense pas qu'on puisse naître méchant ou gentil, à vrai dire je trouve cette idée ridicule. Le mal à l'état brut n'existe pas. La pensée humaine est pour moi universelle, nous sommes les résultats de nos passés respectifs. Les gens sont innocents si on part de cet optique là. Cela veut donc dire que des innocents vont en Enfer parce qu'il ont commis des mauvais actes ? Tout cela ne tient pas debout pour ma part.

En bref, il reste pour moi deux solutions : le néant après la mort ou bien un état d'esprit errant, et c'est cette dernière option qui me fait peur, vraiment.

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