*Za* a écrit :Pour Kant, notre conscience serait alors la part en nous qui réfléchit au plus près des volontés de Dieu ?...
Je préfère dire les choses dans l'autre sens. La volonté de Dieu est ce que notre conscience découvre lorsque elle est pleinement elle-même. Ce n'est pas du pinaillage, cette fois. Penser Dieu comme arbitraire c'est être un fanatique en puissance.
Et s'il n'y a pas de Dieu? Cela ne change rien quant à la valeur des décisions de notre conscience. Allons jusqu'au bout de l'idée : pour l'instant, tant qu'il s'agit de distinguer le bien du mal, pour être kantien nous n'avons absolument pas besoin d'être croyants.
J'insiste, parce que je crois que c'est le point qui génère le plus de malentendus. Pour
distinguer le bien du mal, le bon sens d'un enfant suffit. Pour
fonder cette distinction, la raison suffit.
*Za* a écrit :En somme, il déifie en nous la part morale, celle qui réfléchit et déduit ce qu'il est juste de faire. On pourrait même dire qu'il nous dépossède de la meilleure part de nous-même pour en faire quelque chose que nous ne maîtrisons pas, la volonté de Dieu.
J'ai déjà en partie répondu dans ce qui précède. "Déifier" me gêne un peu, pour quelque chose d'aussi rationnel, mais en un sens oui, pourquoi pas? En revanche, pas du tout d'accord pour parler de dépossession, c'est tout le contraire, c'est une quête de l'autonomie, si absolue que son austérité effraie, je veux bien l'admettre.
*Za* a écrit :En fait, à mon avis, notre incompréhension vient de ce que Kant part du postulat que Dieu existe.
Non, c'est inexact. Il ne
part pas de ce postulat, il y arrive. c'est important, car cela constitue sa grande nouveauté par rapport à toutes les métaphysiques qui ont commencé par démontrer Dieu avant d'en déduire la moralité. Kant procède à une inversion. Le point de départ, c'est l'exigence morale. C'est à partir d'elle, donc de l'existence concrète, que l'on peut découvrir des vérités métaphysiques, et non à partir de la spéculation métaphysique que l'on pourrait déduire ce que doit être l'existence.
*Za* a écrit :Et on comprend aussi à quel point son point de vue est inconciliable avec celui des athées (ou autres agnostiques, païens, tout ce que vous voulez ^^) que nous sommes pour bonne part sur ce fil.
Pas tout à fait avec les athées ou agnostiques, mais avec tous ceux (c'est mon cas d'ailleurs, occasion de rappeler que je ne suis pas kantien) pour qui la question d'une vie après la mort ne se pose pas (là je pinaille, c'est vrai).