La pensée positive (ou pas)

l'Humanité, L'Existence, la Métaphysique, la Guerre, la Religion, le Bien, le Mal, la Morale, le Monde, l'Etre, le Non-Etre... Pourquoi, Comment, Qui, Que, Quoi, Dont, Où...?
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Brunehilde
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La pensée positive (ou pas)

Message par Brunehilde »

N'ayant point trouvé de post dédié au sujet malgré quelques citations de-ci de-là, je me permet de créer celui-ci. (attention :arag )

Parce que la pensée positive, c'est partout, c'est beau, ça déborde des magazines féminins (enfin à en croire les couvertures, perso j'en ouvre jamais faut pas pousser non plus).
Et puis ça contamine beaucoup de monde "il faut positiver" devient un vrai leitmotiv depuis quelques années je trouve.

Mais bon. Moi la pensée positive, pour le dire clairement, en ce moment ça me gonfle. Genre violent.

Dans mon entreprise c'est THE credo : "il faut être positif", "on n'aime pas la négativité", "tout est possible quand on y croit", "ça va marcher".
Ça parait beau MAIS : le moindre avis du style "ce qu'on nous a demandé était trop ambitieux vu le temps imparti" ou "OK mais il va falloir choisir entre le nouveau projet et ce qu'on devait déjà faire cette semaine" a tendance à ne pas être franchement entendu, voire complètement ignoré. Genre "j'ai ça et ça et ça....et ça et ça à faire, qu'est-ce qu'on priorise ?" => "essaye de faire un petit peu de tout chaque jour pour avancer" => 9 fois sur 10 ça finit en "on a fait 50% de ça qui était urgent et 10% des autres trucs, rien n'est fini". Je ne parle même pas des trucs que je vois capoter dès la première réunion et qui finissent invariablement par me retomber dessus à la fin avec pertes et fracas. Quand j'exprime mes craintes généralement on me sert "ok alors on va faire comme ça {insérer ici une solution simple qui ne marchera pas}, tu vas voir tout ira bien".

Autre exemple, lors du montage de mon dossier de financement pour ma formation ma chef d'équipe m'a beaucoup soutenu, ce qui est cool (ils n'ont bien sûr pas que des défauts là où je bosse, ils sont très ouverts à ce genre de choses).
Mais pour chaque détail qu'il a fallu régler elle était toujours en mode "ne t'inquiète pas, ça va marcher, j'en suis absolument sûre, ton dossier va être accepté".
J'ai fait tout ce que j'ai pu pour mon dossier, je sais que je ne pouvais pas faire franchement plus. Mais il a quand même été refusé. Deux fois. Shit happens.
Du coup l'implication émotionnelle était énorme, et la chute d'autant plus dure (surtout la première fois, la deuxième je m'étais quand même moins monté la tête). Je me suis sentie comme absolument naze, ça a été très dur de soutenir le regard médusé des quelques collègues au courant du truc qui étaient tous convaincus dur comme fer que je ne serais plus là en Avril.
Perso je pense que si le discours avait été "super, tu as fait tout ce qu'il faut, tu as mis toutes les chances de ton côté", en prenant en compte qu'on ne maitrise absolument pas les impératifs de l'administration (qui ne sont pas illogiques, c'est juste qu'on pas savoir la limite de leur budget ou leurs critères de priorisation, c'est normal), ça aurait été plus facile à gérer de mon côté.

Ensuite il y a tout ce qu'on voit dans la société actuelle : tous les commentaires du style "positive un peu ça ira mieux", "des fois il suffit de s'en battre les couilles", "lâche du lest", "tout ça s'est du passé n'y pense plus".
Tous ces commentaires qui ne m'ont servi à strictement rien pendant des années, à part me laisser m'enfoncer dans une culpabilité énorme.

Oui car souvent dans ce genre de discours, quand ça marche pas, bien souvent la seule réponse c'est "tu n'as pas été assez positive", "essaye de changer c'est simple", mets-y un peu du tien".
Raccourci facile donc, ça marche pas, c'est de votre faute, c'est pas la méthode qui pêche, non non surtout pas. :grattelatete:

Et je vois aussi le cas chez des proches ayant des gros problèmes, qui vont à une conférence sur "le bonheur en 30mn", en ressortent tout ragaillardis en disant "une vraie leçon de vie, tout va aller mieux maintenant", et qui faute de suivi adéquat retombent encore plus en dépression deux mois après.
À noter qu'il y a pas mal de monde qui exploite très bien ce magnifique cercle vicieux et qui prennent allègrement 90€ de l'heure pour vous aider à ouvrir vos chakras de positivité. Et qui répondent exactement comme ça aux mécontents. Les mêmes qui vous disent que les psys ne servent à rien et coutent trop cher. Cherchez l'erreur.

Bon bref, perso j'ai trouvé le soutien psy nécessaire et je cherche à quitter mon entreprise pour me reconvertir ailleurs car elle ne me convient plus, mais je me pose des questions. Ce n'est pas parce que je change de domaine et d'entreprise au passage que je vais forcément tomber sur mieux.

Donc à votre humble avis est-ce que c'est une tendance générale dans le monde du travail et/ou dans la société en général ? Ou est-ce qu'on peut quand même trouver des variantes selon là où on tombe ?
Si vous êtes dans un milieu où ça se passe différemment j'aimerais avoir vos retours.

Et aussi si vous trouvez que j'exagère franchement dites-le, après tout c'est pas exclu que ça vienne de moi, je suis peut-être le mouton noir qui ne réagit pas comme les autres, peut-être que ça marche pour le reste des employés mais qu'ils n'ont pas le mode d'emploi pour moi.

Par contre j'aimerais des arguments un peu sérieux et pas juste de la poudre aux yeux ;)
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Enuma
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Re: La pensée positive (ou pas)

Message par Enuma »

Brunehilde a écrit : dim. 18 avr. 2021 14:04
Donc à votre humble avis est-ce que c'est une tendance générale dans le monde du travail et/ou dans la société en général ? Ou est-ce qu'on peut quand même trouver des variantes selon là où on tombe ?
J'ai l'impression que c'est une tendance générale depuis quelques années. Je pense que ça passe par des modes au niveau de la façon de manager. Il semble que depuis quelques temps, les entreprises se rendent compte que manager par la terreur ce n'est pas très productif. Du coup, il a un essor de la psychologie positive.

Là où je bosse (labo de recherche universitaire donc très loin du privé et des liens forts hiérarchiques), un chercheur a proposé il y a quelques années, après avoir lui même suivi une formation, qu'on puisse tester la pleine conscience et qu'on fasse des enquêtes de bien-être au niveau de tous les membres du labo, tout en proposant des solutions pour le relationnel entre collègues ou entre étudiants et superviseurs.
Personnellement, j'ai bien adhéré à la pleine conscience. J'y ai trouvé un vrai intérêt pour mon propre équilibre. Pour le reste, c'est pas forcément simple. En tout cas, il y a beaucoup de gens dans mon labo qui ne supportent pas cette "injonction à être heureux".

Un des arguments avancés, c'est qu'il pourrait s'agir d'une nouvelle façon pour l'entreprise de pouvoir asservir un peu plus son personnel. Sous couvert de leur donner les clés pour être "bien et heureux" dans leur boulot, on pourra les presser d'avantage comme des citrons.

Je comprends ton agacement en tout cas. Moi aussi le discours positif à tout bout de champ, ça finit par m’énerver, surtout quand tu te prends des gamelles dans la tronche ( pour la plus grosses, ça fait 10 ans que mes demandes de financement sont font retoquer sans vraies raisons valables autre qu'il n'y a pas assez de sous). Certainement qu’être positif un minimum permet de donner une certaine énergie mais on ne peut pas tout miser dessus. Il faut trouver une sorte d'équilibre. Parce que tout négativer (désolée pour le néologisme) c'est pas bon non plus. Ça mène direct à la dépression. Perso, je préfère être réaliste.

Je rêve de changer de boulot mais je me rends compte que ce serait mieux de pouvoir être mon propre patron. Là au moins, tu es libre de faire comme tu veux ! C'est peut etre ça la clé !

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Holi
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Re: La pensée positive (ou pas)

Message par Holi »

Je ne parlerai pas du monde du travail que j'ai quitté il y a quelques années, mais plus généralement la société nous bombarde de ces injonctions à être heureux, positif, bienveillant, tolérant, ouvert, optimiste, compréhensif, empathique et j'en passe...
Les rayons croulent sous les 100 règles du management positif, la gestion du capital émotionnel, la pensée positive, l'éducation bienveillante et positive etc... Un vrai phénomène.
Sur le fond, un monde plus empathique et bienveillant serait accueilli avec bonheur, mais je ne suis pas sure que ce soit le résultat obtenu.
Tout ça me semble une injonction très hypocrite, à ne pas faire de vague, à ne pas s'opposer, un nivellement par la bonne humeur imposée. Le socialement correct à aller bien, à être en forme, à faire du sport.
Que l'on parle d'éducation bienveillante ou de management positif, il s'agit avant tout d'éviter le conflit, de choisir ses mots pour ne pas heurter, de ne pas dire ce qui pourrait bousculer ou être mal compris. Bref, faire du tiède avec le sourire. Et surtout ne pas manifester d'idées jugées négatives, même si elles ne reflètent que la réalité.
En fait, ce message est un peu un coup de gueule contre cette comédie sociale qui ne me semble pas du tout réelle. Un aveugle n'y voit pas mieux quand on le nome mal-voyant.
Je crois être foncièrement optimiste et positive, mais les injonctions sociétales n'y sont pour rien, je suis née comme ça, par contre j'ai beaucoup de mal avec toute cette hypocrisie.
Ça mériterait d'être plus développé, j'y reviendrai peut être plus tard.
À force de penser à ce que les autres pensent de nous, on en oublie de se penser soi-même.
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Fugace
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Re: La pensée positive (ou pas)

Message par Fugace »

Sur le fond le discours n'est pas complètement faux, le moral est un facteur décisif dans beaucoup de domaines. C'est Henry Ford je crois qui avait affiché derrière son bureau "Que vous pensiez être capable de le faire ou que vous pensiez ne pas être capable de le faire, dans les deux cas vous avez raison". Cette phrase est assez juste, en soi. Mais peut-être qu'il l'a enlevé quand, à la fin de sa vie, aveuglé par ses précédents succès il a refusé d'écouter qui que soit et a pris des décisions "visionnaires" catastrophiques, qui ont fini par amener l'entreprise qu'il dirigeait à perdre environ 10 millions de dollars par mois. Peut-être.

Mais dès qu'il y a de l'humain, le moral est assurément un facteur-clé. Difficilement explicable et quantifiable mais qui peut quand même s'observer un peu, en particulier dans le sport. Une équipe qui a un excellent moral, qui vient d'enchaîner des victoires et qui croit en elle-même, ce type d'équipe peut réaliser des choses extraordinaires. Un excellent moral est capable d'obtenir des résultats de cet ordre, de démultiplier le potentiel initial.

Maintenant, si le moral peut faire beaucoup de choses, ça ne fait pas rentrer une pièce triangulaire dans un carré, même en y croyant très très fort. Et surtout le moral ça ne se décide pas, et ça se décrète encore moins. On peut créer les conditions d'un excellent moral, on peut favoriser son apparition mais certainement pas l'imposer, ni de gré, ni de force. L'arrivée de cette vision "positive" dans les entreprises est probablement un apport anglosaxon, comme souvent nous récupérons en France des morceaux du modèle américain avec un certain temps de retard, en pensant qu'utiliser des morceaux parcellaires d'un modèle extérieur dans un contexte culturel différent permettra d'obtenir les mêmes résultats finaux.
► Afficher le texte
Et je rejoins Enuma, c'est probablement une évolution du "management" suite à quelques analyses scientifiques sur la façon d'augmenter la productivité en entreprise. Et c'est légèrement pernicieux, autant il est facile de se rebeller contre une autorité affirmée et contraignante, autant il est difficile d'aller contre une une autorité conciliante et encourageante. Sauf que cette pseudo-bienveillance est artificielle, l'expression de techniques apprises dans des manuels, des conférences, des MOOC et des stages d'entreprise. Avec en prime quelques biais cognitifs, untel a réussi parce qu'il y croyait et avait la positive attitude, donc la positive attitude permet de réussir. Oui, mais combien ont échoué en y croyant tout autant que lui ? Sauf que untel, il donne des conférences et propage son idéologie, à la différence des autres.

En tout cas aux USA, le ras-le-bol envers la "positive attitude" a déjà eu lieu. Dans les années 90 en entreprise il y avait apparemment beaucoup d'affiches dans les bureaux, ou autour des machines à café, vantant telle ou telle qualité humaine, assorti d'une photo ou d'un dessin censé motiver et encourager le moral. Sans doute une façon d'atténuer l'aliénation que peuvent ressentir les employés à travailler sous la contrainte dans des métiers sans beaucoup de sens direct. Mais à force d'artificialité, un mouvement contraire s'est créé, celui de la "démotivation", c'est-à-dire l'utilisation des mêmes outils, de la même propagande mais en détournant le sens final. Parce que j'adore le principe, ci-dessous quelques uns de mes posters démotivateurs préférés :wasntme:

Image

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Source : https://despair.com/collections/demotivators

Bref, à mon avis la pensée positive est fondée sur quelque chose de réel et de sain : la confiance en soi, en ses capacités, en une forme de bonne étoile génère un excellent moral et un excellent moral démultiplie son propre potentiel initial, cela permet d'atteindre des sommets inattendus. Sauf que... sauf que ce ressort finalement très humain a été détourné par le monde de l'entreprise pour en faire quelque chose d'artificiel, en forçant le trait, en obligeant son apparition. Et si cela fait un peu de sens aux USA, dans un modèle anglosaxon protestant où le concept religieux de grâce est central et où le struggle for life individualiste est à l'origine des mythes fondateurs, son arrivée en France est encore plus artificielle, le concept déjà factice est en plus appliqué complètement hors-sol et en dehors de la réalité locale, par des individus qui, potentiellement, ne savent pas exactement ce qu'ils font ni pourquoi ils le font, sinon par imitation. Possible que ça vienne de là, les résultats aberrants que tu constates.
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O'Rêve
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Re: La pensée positive (ou pas)

Message par O'Rêve »

Il me semble qu’il co-existe 2 pensées positives : une pensée positive « abusive » plus portée par le champ du « développement personnel-coaching » et la psychologie positive (liée à la science) plus véhiculée par le champ de la psychologie. Quelque part, je trouve qu’il est dommage qu'il y ait souvent confusion entre pensée et psychologie positive, car ces différents champs n’élaborent pas le même discours. On n’y parle pas de la même chose.

Moi non plus, je n’apprécie pas lesdits « penseurs positifs », les recettes en 30 minutes, qui veulent faire taire les émotions négatives (à vrai dire, je préfère parler d'émotions désagréables) et qui nient l’importance de se laisser traverser par elles et de les accepter. Et l’injonction au bonheur, ça me fait aussi hurler. Le monde il est pas tout beau tout beau. Et on a le droit de le voir, de le ressentir. Et de l’exprimer.

En revanche, la psychologie positive (plus mesurée) ne me dérange pas.
Elle me parle, lorsque j’entends des propos qui prennent en compte notre tendance attentionnelle (qui remonterait à la nuit des temps) à focaliser sur les menaces qui nous entourent (quelque part, pour notre survie, on est d’abord programmé à percevoir ce qui nous menace). Pour notre survie, on doit prêter attention à ce qui nous menace, mais pas que. Pour notre survie (et notre vie), on doit aussi prêter attention à ce vers quoi on doit se rapprocher (ce dont on a besoin : une ressource, une relation). La vie n’est pas que menace (elle est aussi élan à aller vers, élan à explorer, à découvrir). Et donc, de ce que j’ai compris des discours des penseurs de la psychologie positive, c’est qu’il y a un équilibre à rechercher entre ces deux aspects.
Chez les penseurs/acteurs de la psychologie positive, il me semble qu’il y a un discours/une pratique qui tient compte de ces deux grands mouvements (on ne cherche pas à éliminer l’un au détriment de l’autre, mais on prend en compte les deux et parfois, on nous invite juste à rééquilibrer, ajuster, si l’un empêche l’autre d’exister).
Je dis très schématiquement, parce que ce que je cite avec la menace, c’est un exemple où il est avant tout question de la peur (et il y a bien d’autres émotions désagréables avec lesquelles nous devons composer).

enufsed
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Re: La pensée positive (ou pas)

Message par enufsed »

Je lis en diagonales mais rappelez-vous 2005 :

https://www.nouvelobs.com/politique/200 ... lorie.html

https://www.youtube.com/watch?v=1xC8cESF8NQ

C'est ça la culture B)

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Re: La pensée positive (ou pas)

Message par Invité »

Brunehilde a écrit : dim. 18 avr. 2021 14:04 Si vous êtes dans un milieu où ça se passe différemment j'aimerais avoir vos retours.
Dans le milieu où je travaille (une assez grosse UMR parisienne), on ne pratique pas la pensée positive, ou du moins pas que je le sache. C'est un milieu très compétitif, où il faut beaucoup publier, pour des raisons diverses et variées : garder le label d'excellence du laboratoire, obtenir des fonds, établir des associations internationales prestigieuses, avoir une visibilité médiatique, etc. Je n'y ai jamais entendu parler de pleine conscience ni d'exhortation au bonheur. Je n'ai jamais pratiqué ce type de manipulation sur les étudiants et les jeunes collègues que j'encadre. Je leur dis plutôt le contraire, que c'est dur, que l'enseignement à des adultes est difficile, que la recherche est un travail souvent solitaire et que la constante exigence d'excellence pèsera lourd sur leurs épaules, qu'il faut poser des stratégies à long terme pour obtenir un résultat acceptable. Je valorise leurs efforts et je les soutiens au maximum, mais sans recours à ce que j'estimerais être des mensonges.
A vrai dire, ça me convient, j'ai des tendances austères et le bonheur en toc m'insupporte. :honte:

Pour ce qui est de notre société en général, j'ai souvent constaté des injonctions à l'hédonisme plat et à l'imbécilité heureuse, oui. Elles m'exaspèrent quand je les remarque, je sais qu'elles sont potentiellement dangereuses sur le plan politique et sur le plan social, mais personnellement je n'y suis pas sensible. Mes proches n'y semblent pas trop perméables non plus, heureusement. Nous sommes donc des moutons noirs. J'aime bien le noir. :)

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Brunehilde
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Re: La pensée positive (ou pas)

Message par Brunehilde »

Merci de toutes vos réponses, ça me permet de mieux trier tout ça dans ma tête :)
Enuma a écrit : dim. 18 avr. 2021 15:22 Là où je bosse (labo de recherche universitaire donc très loin du privé et des liens forts hiérarchiques), un chercheur a proposé il y a quelques années, après avoir lui même suivi une formation, qu'on puisse tester la pleine conscience et qu'on fasse des enquêtes de bien-être au niveau de tous les membres du labo, tout en proposant des solutions pour le relationnel entre collègues ou entre étudiants et superviseurs.
Personnellement, j'ai bien adhéré à la pleine conscience. J'y ai trouvé un vrai intérêt pour mon propre équilibre. Pour le reste, c'est pas forcément simple. En tout cas, il y a beaucoup de gens dans mon labo qui ne supportent pas cette "injonction à être heureux".

Un des arguments avancés, c'est qu'il pourrait s'agir d'une nouvelle façon pour l'entreprise de pouvoir asservir un peu plus son personnel. Sous couvert de leur donner les clés pour être "bien et heureux" dans leur boulot, on pourra les presser d'avantage comme des citrons.
Effectivement ce genre d'initiative part d'un bon sentiment, après tout dépend jusqu'où ça va. Dans mon boulot on arrive à ce genre de dérive, ceux qui se fondent bien dans le moule sympathisent à fond avec les supérieurs (qui sont peu nombreux, management horizontal tout ça tout ça...), ils sortent avec eux, se connaissent personnellement, se rendent des services. Et puis au bout d'un temps on leur en demande de plus en plus, tout de suite maintenant. Et perso je ne rentre pas dans ce jeu-là.
Holi a écrit : dim. 18 avr. 2021 16:15 En fait, ce message est un peu un coup de gueule contre cette comédie sociale qui ne me semble pas du tout réelle. Un aveugle n'y voit pas mieux quand on le nome mal-voyant.
Je crois être foncièrement optimiste et positive, mais les injonctions sociétales n'y sont pour rien, je suis née comme ça, par contre j'ai beaucoup de mal avec toute cette hypocrisie.
C'est exactement mon sentiment, tout cela sonne horriblement faux à mes oreilles...
Fugace a écrit : dim. 18 avr. 2021 16:30 Sur le fond le discours n'est pas complètement faux, le moral est un facteur décisif dans beaucoup de domaines. C'est Henry Ford je crois qui avait affiché derrière son bureau "Que vous pensiez être capable de le faire ou que vous pensiez ne pas être capable de le faire, dans les deux cas vous avez raison". Cette phrase est assez juste, en soi. Mais peut-être qu'il l'a enlevé quand, à la fin de sa vie, aveuglé par ses précédents succès il a refusé d'écouter qui que soit et a pris des décisions "visionnaires" catastrophiques, qui ont fini par amener l'entreprise qu'il dirigeait à perdre environ 10 millions de dollars par mois. Peut-être.
Comme tu le dis un peu plus bas, il y a du biais cognitif dans l'air. Ceux qui ont réussi à ouvrir toutes les portes pensent souvent que c'est uniquement grâce à leur travaill et leur état d'esprit... Sans voir que ce ne sont qu'une partie des facteurs en jeux. Ils ont en fait un angle mort.
Fugace a écrit : dim. 18 avr. 2021 16:30 Mais dès qu'il y a de l'humain, le moral est assurément un facteur-clé. Difficilement explicable et quantifiable mais qui peut quand même s'observer un peu, en particulier dans le sport. Une équipe qui a un excellent moral, qui vient d'enchaîner des victoires et qui croit en elle-même, ce type d'équipe peut réaliser des choses extraordinaires. Un excellent moral est capable d'obtenir des résultats de cet ordre, de démultiplier le potentiel initial.
Je suis tout à fait d'accord avec ça, mais qu'advient-il d'une équipe qui communique mal avec un entraîneur qui crie à tue-tête qu'il faut y croire ?
Comme tu le dis il s'agit de créer les conditions du bon moral, comme des graines qu'on plante pour les voir germer et croître :)

Et j'aime beaucoup les images partagées, ça fait du bien au cerveau de voir les choses sont cet angle pour compenser un peu les discours vides ;)
O'Rêve a écrit : dim. 18 avr. 2021 17:28 Chez les penseurs/acteurs de la psychologie positive, il me semble qu’il y a un discours/une pratique qui tient compte de ces deux grands mouvements (on ne cherche pas à éliminer l’un au détriment de l’autre, mais on prend en compte les deux et parfois, on nous invite juste à rééquilibrer, ajuster, si l’un empêche l’autre d’exister).
Je dis très schématiquement, parce que ce que je cite avec la menace, c’est un exemple où il est avant tout question de la peur (et il y a bien d’autres émotions désagréables avec lesquelles nous devons composer).
Je vois ce que tu veux dire, je pense justement qu'une partie du problème est l'apparent flou artistique autour de tout ça. La plupart des gens voient ça de manière trop simple, alors qu'il faut nuancer aussi avec les autres émotions.
En écrivant ça je pense à Vice-versa dont c'est un peu la conclusion : les émotions négatives sont aussi importantes que la joie, il faut juste arriver à les gérer ensemble.
Judith a écrit : lun. 19 avr. 2021 07:44 Mes proches n'y semblent pas trop perméables non plus, heureusement. Nous sommes donc des moutons noirs. J'aime bien le noir. :)
C'est une chance d'être entourée de moutons noirs, moi mes ongles sont régulièrement vernis dans cette non-couleur (je précise que je ne suis pas gothique). Et ma mère me dit tout le temps que ça ne va pas, que le noir ce n'est pas bien, qu'est-ce qu'on va penser de moi tout ça tout ça... Moi j'ai du mal à voir pourquoi ma manucure pourrait influencer tout ça.
Bon je mets aussi des brillants dessus des fois, surtout sur les majeurs, ça aide à faire passer les doigts d'honneur :rofl:.

Et [mention]enufsed[/mention] : je te déteste pour ce lien, mais bien trouvé 8)
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Invité

Re: La pensée positive (ou pas)

Message par Invité »

Brunehilde a écrit : mar. 20 avr. 2021 22:15 Et perso je ne rentre pas dans ce jeu-là.
Tu as bien raison : le management par la familiarité et la fausse amitié devraient être interdits par le code du travail. C'est de la manipulation indigne. C'est une dérive qui existe parfois dans mon milieu de travail du fait de certains collègues sans scrupules : quand je la repère, elle me met toujours en colère.

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Re: La pensée positive (ou pas)

Message par Enuma »

Judith a écrit : mer. 21 avr. 2021 06:10
Brunehilde a écrit : mar. 20 avr. 2021 22:15 Et perso je ne rentre pas dans ce jeu-là.
Tu as bien raison : le management par la familiarité et la fausse amitié devraient être interdits par le code du travail. C'est de la manipulation indigne. C'est une dérive qui existe parfois dans mon milieu de travail du fait de certains collègues sans scrupules : quand je la repère, elle me met toujours en colère.
Comme je vous rejoins toutes les deux. C'est ce qui m'a conduite à changer d'équipe (et qui me donne envie de changer de boulot). Cette façon manipulatrice de faire copain copain avec ceux dont tu veux tirer profit parce qu'ils ont quelque chose que tu convoites (dans mon coin, des financements et du personnel), me donne envie de hurler.

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