Heuristique et créativité

l'Humanité, L'Existence, la Métaphysique, la Guerre, la Religion, le Bien, le Mal, la Morale, le Monde, l'Etre, le Non-Etre... Pourquoi, Comment, Qui, Que, Quoi, Dont, Où...?
Répondre
Duhig
Messages : 49
Inscription : mer. 22 janv. 2020 20:10
Présentation : [url=https://adulte-surdoue.fr/viewtopic.php?f=9&p=314142#p314119]Présentation[/url]
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Âge : 34

Heuristique et créativité

Message par Duhig »

Bonjour, :)

Quand trouvez-vous des idées "inspirées", dans quelles circonstances ? Quand vous êtes bloqués pour résoudre un problème (le mot problème peut s'appliquer à beaucoup de situations de la vie courante, professionnelle ou scolaire (pour ceux que cela concerne encore)), avez-vous des "techniques" pour tenter de dépasser la difficulté, pour envisager les choses autrement ? Vous faut-il un environnement particulier, des conditions particulières pour réfléchir ou créer ?

Les questions sont peut-être très vastes. Je vous laisse le soin de faire le tri dans ce qui vous semble pertinent ou non (car j'imagine qu'en lisant les questions, vous allez comprendre dans quel "esprit", dans quelle direction globale celles-ci ont été formulées).

Je voulais trouver un titre logique, j'ai donc employé le terme "heuristique". Celui-ci a différentes acceptions. Je l'ai employé dans ce sens : "Art d’inventer, de faire des découvertes." Cette définition aussi correspond bien à l'idée que j'ai en tête : "Méthode de résolution de problèmes, non fondée sur un modèle formel et qui n’aboutit pas nécessairement à une solution."

J'essairai aussi de répondre pour participer au sujet, mais, dans un premier temps, je le publie, sinon ça pourrait repousser à bien plus tard le postage. J'ai choisi cette section, car le thème est potentiellement tellement étendu que les réponses pourraient vite relever de la philosophie. Si les personnes qui gèrent le forum trouvent qu'il a mieux sa place ailleurs, je comprendrai, car j'ai hésité avec au moins une autre section.

Ceux qui ont participé au questionnaire sur la créativité, sur un autre sujet du forum, qui est actif ces jours-ci, auront déjà deviné d'où vient ce qui a inspiré la création de ce topic. :)
« Toutes choses étant égales, c'est la conviction qui gagne. Alliée à une volonté de vaincre, elle sert de détonateur, suscite des idées, disperse les doutes, et aide à penser clairement. »
Robert Fischer
« Seul un grand joueur sait à quel point il joue faiblement. »
Xavier Tartacover

Avatar de l’utilisateur
Mei
Messages : 50
Inscription : lun. 2 sept. 2019 11:37
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Âge : 37

Re: Heuristique et créativité

Message par Mei »

Bonjour Duhig,

Ton intitulé me fait sourire car précisement quand je dois trouver des solutions créatives à un problème, je le pose systématiquement en ...carte heuristique (mind-mapping). J'ai compris cependant que tu n'employais pas le terme heuristique précisément dans cette acception.

Je prends une feuille A4, en notant l'intitulé de la problématique au centre que j'entoure et je déroule ma pensée dans toutes les directions. Je peux le faire en couleurs mais en règle générale, c'est très "instinctif", c'est plutôt l'effet d'écrire rapidement dans toutes les directions qui procure un éclaircissement, plus que le faire "joli" ou créatif en tant que tel.

Ceci a l'avantage de me permettre d'avoir une vision "extérieure" de ma pensée et ce faisant, en faisant la carte, c'est comme si tous les éléments diffus de mon mental s'assemblaient en un tout cohérent. Ensuite, c'est presque magique, tout s'éclaire et je sais par où commencer, comment, en combien de temps. Je fais ensuite, si besoin, un planning avec des objectifs au mois, à la semaine, et au jour, si ce sont des grosses taches ou des gros défis à relever. Le planning m'aide énormément. Je me fixe un but pour chaque séquence de temps. Mon travail est donc morcellé en plein de petits objectifs et ça m'aide beaucoup à me sentir capable de faire des choses, qui à première vue, semblent compliquées. (je fais beaucoup ça pour mon travail par exemple).

Concernant les cartes heuristiques, je les fais pour tout un tas de choses, que ce soit pour des problèmes financiers, organisationnels, des plans d'articles à écrire, des réflexions personnels, professionnelles... dès que je "bug" sur un problème et que j'angoisse. (euh c'est fréquent).

Et j'ai remarqué que le processus est toujours le même. Une période très confuse, et très mentale où ma pensée est morcelée (ce qui provoque de l'anxiété face au problème), puis un moment magique où tout s'assemble, tout devient cohérent, je sais quoi faire, comment et je n'ai plus qu'à suivre. Invariablement, c'est le mind-mapping qui me permet le mieux d'arriver à cet état.

Après il y a aussi les petits miracles où une idée me traverse, d'un coup, alors que je fais tout autre chose. Une idée pour mon travail, par exemple, quelque chose qui semble être la solution à une envie/problématique qui traine dans l'arrière-fond de mon psychisme. Je la prends au bond et la note sur un post-it, mon bureau en est jonché. Et dans mon cas, je fonctionne assez "rapidement", dès que l'idée arrive, je la transforme tout de suite en action. Morceller l'action m'aide beaucoup à ne pas procrastiner. Comme j'aime par dessous tout rayer des choses sur une liste, le fait de me faire une liste me motive à faire la chose, juste pour le petit kiff de rayer la dite chose. Ahah, un petit shoot de dopamine facile.

Voilà pour moi. J'ai hâte de vous lire.
Ces utilisateurs ont remercié l’auteur Mei pour son message :
Zelmoed

Duhig
Messages : 49
Inscription : mer. 22 janv. 2020 20:10
Présentation : [url=https://adulte-surdoue.fr/viewtopic.php?f=9&p=314142#p314119]Présentation[/url]
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Âge : 34

Re: Heuristique et créativité

Message par Duhig »

Merci d'avoir répondu. :)

Ton sens de l'organisation m'impressionne. :)

Je me prête aussi au "jeu" :
Quand trouvez-vous des idées "inspirées", dans quelles circonstances ? Quand vous êtes bloqués pour résoudre un problème (le mot problème peut s'appliquer à beaucoup de situations de la vie courante, professionnelle ou scolaire (pour ceux que cela concerne encore)), avez-vous des "techniques" pour tenter de dépasser la difficulté, pour envisager les choses autrement ? Vous faut-il un environnement particulier, des conditions particulières pour réfléchir ou créer ?
J'ai l'impression que je trouve des nouvelles façons de voir les choses (pas nouvelles dans l'absolu, mais nouvelles pour moi) en rêvassant. Et rêvasser, je peux le faire n'importe où, bien que marcher soit le top du top pour défaire des nœuds dans ma tête.
Pour penser, je me sers d'idées vagues que j'aurais bien du mal à connecter entre elles, mais elles flottent ensemble, et des fois il me faut plusieurs jours pour réaliser le lien implicite. Par exemple, je pensais au minimalisme et je fais un lien plutôt clair avec l'idée taoïste de l'union des contraires (l'idée, que je m'en fais, du moins, car je me suis très peu documenté), mais pourquoi est-ce que je pensais à la musique du film Casino Royale systématiquement ? C'était un peu moins clair. Souvent, quand j'ai une musique en tête, c'est qu'elle reflète mon humeur ou que c'est l'une des chansons que je préfère écouter ces jours-ci (en ce moment, Lay down de Priestess). Si je pense à quelque chose, il me vient souvent une musique en rapport. Je me dis "union des contraires", et je pense automatiquement à la chanson Ending start de Metric (tout ça parce que dans la chanson il y a un jeu d'oppositions, de réciprocités : "When you try to see, we'll watch you/When you try to leave, we'll keep you/When you should be dreaming, we'll wake you/But don't scream, we'll make you swallow your words").
Je m'égare un peu. :) Je développerai sur le sujet qui parle du minimalisme. Là, c'était pour illustrer mon absence de méthode. Mes idées sont un ruisseau de liens flous et d'impressions, de sentiments. Je sais que je suis convaincu de quelque chose, mais si je veux savoir pourquoi, il faut que je fouille, et je me retrouve à "regarder" le méli-mélo : pour remonter chaque étape, il faut que je retrouve ce que m'a évoqué tel truc, etc., etc.

Quand je bloque sur quelque chose, je suis très souvent incapable de changer la vision que j'ai de la situation. Je persiste vainement. Je n'ai pas de technique, c'est que je ne suis pas intéressé ou pas assez détendu pour voir les éléments dans leur ensemble. Dans les cas où je ne bloque pas, je suis au clair avec mes intentions en abordant quoi que ce soit.

Pour ce qui est des conditions, les sons de l'environnement jouent un rôle, puisque je les remarque et je ne peux pas vraiment les ignorer. Ils sont, au mieux, en arrière-plan dans mon esprit, et naturellement je me passe une musique (souvent répétitive) en tête. J'arrive alors à me concentrer.
« Toutes choses étant égales, c'est la conviction qui gagne. Alliée à une volonté de vaincre, elle sert de détonateur, suscite des idées, disperse les doutes, et aide à penser clairement. »
Robert Fischer
« Seul un grand joueur sait à quel point il joue faiblement. »
Xavier Tartacover

Invité

Re: Heuristique et créativité

Message par Invité »

J’ai pris pas mal de temps de réflexion avant de répondre, car de fait, j’ai des réactions et des adaptations différentes suivant les situations.

En musique, j’ai été très stimulée lors de mes études pour renouveler mes interprétations. Certes, il y a le style, et tout ce qui est inscrit sur une partition qui fixe un certain cadre, mais ensuite il y a l’espace d’inventivité. Très vite, on nous apprend à renouveler notre discours, afin de ne pas dire deux fois pareil la même formule. Je me rends compte que cet aspect chez moi est très naturel, et je n’ai eu d’ailleurs aucune difficulté à le développer. J’ai pu constater en tant qu’enseignante que ce n’est pas systématique chez tout le monde, même en le réveillant, en ouvrant cette porte.

Ce « renouvellement du point de vue » chez moi ne se limite pas à la musique, je l’ai aisément transféré dans plein de domaines. Si je commence à m’ennuyer, et bien hop! Me voilà vite en mode « et si je faisais/regardais/abordais autrement? ». Un élève en difficulté, le « protocole traditionnel » ne marche pas? Idem. Je viens de l’utiliser pour relancer mon blog et ma pratique photo.

En fait, j’ai plein de stratégies différentes pour arriver à cela. La plus simple, ben je me sens très joyeuse, en mode assez enfant car je trouve cela très ludique en fait de changer son regard sur un problème, une difficulté ou un ennui routinier qui s’installe. Si ça ne marche pas, et bien qu’à cela ne tienne! On passe au plan B. Réflexion, ralentissement du rythme, des façons de faire afin de mieux observer et comprendre ce qui peut gêner la transformation. Là encore j’ai plusieurs façon de mettre en route des stratégies. Quelquefois c’est d’aller faire tout autre chose! Soit en « oubliant » volontairement ce qui me prend la tête, et en faisant alors une activité qui va me détendre : randonnée, photographie, collage... c’est génial, hop comme par magie une solution ou un possible peut arriver. Soit au contraire en y pensant, mais pas « trop fort ». Ne penser qu’au problème est contreproductif en ce qui me concerne. Alors je fais un pas de côté pour m’éloigner de la source qui peut me soucier. Je peux aussi veiller à limiter le temps de mes pensées afin de ne surtout pas me mettre en mode rumination. La mise à distance, le ralentissement, généralement peut me permettre de mieux sentir ce qui m’empêche de trouver une solution : besoin de lâcher prise émotionnel, ou besoin de plus de recherches, de réflexion, introduction nécessaire d’un échange avec quelqu’un, d’une « nouvelle donnée ».

J’adore me sentir en plein magma créatif, que ce soit pour concevoir un projet, mettre en place un mode de résolution d’un problème ou accoucher d’une solution. Explorer ma créativité en dehors de la musique en ce qui me concerne m’a permis de grandement gagner en confiance en moi et en ma capacité à imaginer. Je fais bien plus confiance au travail « en veille », ou d’incubation. Je n’ai pas forcément besoin de noter les choses comme à une certaine époque où il me semblait que je pouvais « perdre » une idée. Ah non, maintenant je sais que j’en ai tout plein d’avance...

Duhig
Messages : 49
Inscription : mer. 22 janv. 2020 20:10
Présentation : [url=https://adulte-surdoue.fr/viewtopic.php?f=9&p=314142#p314119]Présentation[/url]
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Âge : 34

Re: Heuristique et créativité

Message par Duhig »

En lien avec ce sujet : Le minimalisme, je me demande parfois comment est-ce qu'on peut accéder à des insights*, ou comment faire simple, plus simple, sans pour autant simplifier. En d'autres mots, comment des processus complexes deviennent "naturels", comme des gestes. Si jamais cela vous inspire...

*
Wikipédia a écrit :En psychologie, l’insight est la découverte soudaine de la solution à un problème sans passer par une série d'essais-erreurs progressifs.
« Toutes choses étant égales, c'est la conviction qui gagne. Alliée à une volonté de vaincre, elle sert de détonateur, suscite des idées, disperse les doutes, et aide à penser clairement. »
Robert Fischer
« Seul un grand joueur sait à quel point il joue faiblement. »
Xavier Tartacover

yokainoshima
Messages : 681
Inscription : jeu. 25 juil. 2019 15:52
Profil : Bilan non concluant
Test : NON
Âge : 104

Re: Heuristique et créativité

Message par yokainoshima »

Dans mon boulot, je suis sensée trouver des solutions pratiques à des problèmes souvent mal posés.

Ma démarche est très éparpillée. J'ai tenté le mind mapping, sauf qu'il me faudrait pouvoir le faire en 3D. J'ai laissé tomber ou ne m'en sert prfois que pour communiquer sur mes travaux.

J'aime bien "bouffer" de l'image. Par exemple, je vais regarder des dessins de brevets et je fais défiler. J'utilise aussi pinterest.
J'aime les catalogues d'outils, de jouets (sisi).
Je lis des publications dans tous les sens.

Après je jette en vrac sur un papier des petits shémas, des mots et je laisse tout ça en plan. C'est rare que j'y revienne.

Ensuite, je descends au labo et je rassemble du matériel, sans avoir forcément d'idée bien aboutie ou je m'attèle a de la CAO et je dessine. La 1ère ébauche est souvent d'une nullité crasse, avec des bétises de type dimensionnelles, une incongruité qui fait que le montage ne peut pas se faire. J'ai tenté d'éviter cette étape, mais elle revient systématiquement.

J'aime bien aussi discuter rapidement de mon problème à résoudre avec un collègue ou alors le suivre sur un sujet tout autre. Ca m'aide à faire des ponts entre des notions différentes.

Et je surfe, je surfe beaucoup sur internet pour laisser mon esprit divaguer, sans aucun lien avec le travail à faire.

Quand je sèche, je zape sur autre chose, je vais me balader.

De l'extérieur, on me le dit très très souvent, ça fait très bordélique, non construit et c'est flippant parce qu'on ne sait pas sur quoi je bosse, si je bosse et surtout si ça avance ou abouti à quelque chose.

Mon chef, le n+2, certains collègues me connaissent depuis longtemps et ont vu le concret de ce bazar. Ils me fichent du coup globalement la paix.
Mon encadrement m'a demandé de travailler sur ma communication, pour permettre de rendre visible tout ce que je fais et le valoriser, afin de casser une image de dilettante que je peux avoir, permettre de fédérer plus facilement et surtout d'obtenir des moyens pour réaliser.
D'abord réticente, je reconnais qu'en me forçant à poser par écrit régulièrement où j'en suis et ce que j'ai en tête à l'instant x, j'ai apaisé ma cervelle. Je vois aussi plus clairement toute la masse de travail réalisée (j'ai un gros syndrome de l'imposteur avec l'impression de ne jamais en faire assez).
En passant cette étape d'organisation pour transmettre l'information, j'ai aussi découvert que cela me permettait d'aller plus vite à l'idée d'après. Là j'en suis à habituer mon environnement professionnel à ne pas attendre que je réalise ce que je présente comme "étape suivante", mais qu'en réalité je suis passée déjà à l'étape d'après. En gros je saute une étape. Je n'ai pas encore réellement trouvé comment présenter ce glissement de façon optimale.

Si je découpe :
- d'abord partir en vrac dans tous les sens, surtout via des images, des impressions, des acoquinement d'idée ou de notions. Etape très floue.
- discussion avec des collègues sur des sujets divers, vague présentation orale de mon sujet de préoccupation, quelques échanges informels. Etape plutôt détachée du sujet de base
- 1ères réalisations concrètes très merdiques (dessins CAO, maquettes, prototypes) en gros mode échec
- sujet complètement délaissé (il me saoule),
- et 1er proto fonctionnel ou résolution du problème.

Pour être performante, je me suis rendue compte que j'étais incapable de me focaliser sur un seul sujet. J'ai besoin que ça parte dans tous les sens avec pleins de sujets en parallèles. Je fonctionne complètement à l'envie. Si j'ai pas envie, j'ai beaucoup, beaucoup de mal à créer.

J'ai aussi observé que ma capacité à créer est aussi liée aux horaires et à la pression. J'aime me poser seule et plutôt au calme. Le matin ou sinon le soir, quand je me sens libérée de toutes contraintes. Je me lève souvent avec une idée +/- aboutie.
Pas assez de pression et je procrastine à fond, trop de pression et je fige totalement. Le dosage est subtile :D et en plus fluctuant en fonction de mon état émotionnel.

J'ai besoin d'être plutôt bien pour créer. Et sans trop de cadre organisationnel.

Et par moment oui, je connais ce que tu décris comme l'insight. Pour moi, ça passe quand même par une phase longue d'appropriation du problème. Parfois effectivement, pas besoin de maquettes/protos, il est possible de passer directement à la solution "parfaite" ou plutôt optimale. Dans ce cas, je la "vois" et je la "sens" physiquement. Comme une forme d'hyper intuition.

J'adore ces élans créatifs, c'est comme un bon shoot (enfin j'imagine, j'ai jamais testé :D). Je peux en oublier tout ce qui m'entoure, de manger, dormir. Ca part dans tous les sens, il y a une forme de fulgurance, la cervelle est à fond. Je me sens ... vivante.

Après par contre, il y a un gros bad trip. L'excitation n'est plus là, puisque j'ai abouti. Et le temps qu'un autre sujet d'excitation arrive, je me sens crevée. Généralement, professionnellement, c'est un moment où je tourne en rond en cherchant le prochain sujet d'excitation. J'en profite pour recharger les batteries et m'ancrer de nouveau un peu dans la réalité quotidienne.

Dans mon boulot, il y a des essais pour rendre la réativité "organisée". Avec des tas d'outils divers. Le recours aux statistiques. J'ai été formée. Je reste relativement dubitative. Il manque à mon sens le grain de folie.

Avatar de l’utilisateur
Mei
Messages : 50
Inscription : lun. 2 sept. 2019 11:37
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Âge : 37

Re: Heuristique et créativité

Message par Mei »

Yokainoshima, wahou j'ai adoré te lire parce que tu réponds précisément à la question que je me posais ce matin...

La question est la suivante : et sinon, vous, niveau boulot, comment fonctionnez-vous ? Est ce que vous êtes du style bien concentré, faire un projet étape par étape, ou est ce que c'est plus...compliqué, plus bordélique, découpé, décousu...? Parvenez-vous à bien vous concentrer ?

Je te lis et je souris parce que j'ai un peu l'impression de me voir à la tâche.

Niveau travail, j'ai un mode opératoire qui me semble particulièrement décousu... Je me suis rendue compte que j'étais un peu "je m'en foutiste", jusqu'à ce que je me rende compte qu'il me reste un jour pour faire une quantité de travail considérable et qu'il faudrait peut être que je m'y mette. J'ai pris conscience que j'ai toujours besoin de l'adrénaline, de sentir que je suis "juste" pour m'y mettre. C'est usant..! Avant...je glande... ou je laisse mon cerveau agir en arrière plan je ne sais pas trop ;) Comme si j'avais besoin d'une hyper-stimulation...

Ma manière de travailler est vraiment...particulière vue de l'extérieur. Je suis à fond, et puis je passe à autre chose, et puis j'y retourne, et puis je me fais un café, et puis tiens viens voir ce sujet etc etc... jusqu'à ce que le grand frisson me prenne, entendons par là, le flow, ça y'est, je suis à fond, eurêka, mais c'est rigolo ce travail, et là, c'est bon, c'est parti. Mais c'est comme "gouter l'eau" avant de se baigner, retourner sur la plage, gouter l'eau, la plage, l'eau, la plage..et finalement plonger après une bonne dizaine d'allers retours. Purée...mais ça met un temps fou de rentrer dans l'eau bon sang ! (bon dans la vraie vie, je mets aussi une plombe à rentrer dans l'eau, il y a peut être un lien..)

De fait, je me dévalorise pas mal de ce mode opératoire, même si le résultat est toujours ok à la fin. Je me faisais cette étrange remarque ces derniers temps : je me reproche intérieurement ces éternels allers-retours en me disant que ce n'est pas très sérieux. Mais au final, force est de constater que le boulot est fait, et je crois qu'il n'est pas mal fait. Comme si la manière de parvenir au résultat me culpabilisait, alors que peut être, je suis montée sur ce modèle-là, celui de la technique bretonne pour rentrer dans l'eau, celle où l'on fait 15 allers-retours pour s'acclimater gentiment au 10° de l'eau.

Bref, je me demandais ce matin si d'autres avaient cet étrange mode de fonctionnement. Et je te lis. Et voilà, ça me met un petit élément de réponse. Et d'ailleurs Duhig aussi tu évoques ce besoin de débrancher, de s'évader, comme si on faisait tourner le moteur en arrière-plan...

Zelmoed
Messages : 65
Inscription : jeu. 17 févr. 2022 12:40
Profil : En questionnement
Test : NON
Âge : 53

Re: Heuristique et créativité

Message par Zelmoed »

quel dommage que ce sujet soit tombé à l'eau... j'ai vraiment adoré vous lire... un vrai shoot de bien-être.

j'ai pas mal analysé mon fonctionnement et ça m'a permis de me dire que, comme pour bcp de choses, j'ai un fonctionnement a-normal, en tout cas, très différent de ce qu'on nous serine depuis toujours et qui ne me convient pas du tout. J'en ai eu, des gens de ma famille, des profs, des managers qui râlaient sur mon processus de production, et puis après encensaient les résultats (et se les appropriaient ou oubliaient de les récompenser, mais c'est une autre histoire). Et donc à cerveau différent, process différent.

Je continue à me faire peur sur les délais (se lever le matin d'une réunion à leader à 10h sans avoir une idée claire du problème et de sa solution... partir de mon entreprise d'alternance avec un brouillon A5 de mon projet griffouillé au crayon de papier support de mon mémoire de licence de 70 pages (dont aucune écrite) à rendre dans 30 jrs... présenter dans 4h un sujet à des directeurs européens, en anglais, sans savoir ce comment je vais aborder le truc...) mais le kiff post-accouchement est d'autant plus grandiose, avec la période dépressive post-coït associée...

ouh merci mille fois pour cette lecture !

Avatar de l’utilisateur
homer
Messages : 2017
Inscription : dim. 20 févr. 2022 14:25
Présentation : viewtopic.php?p=352792#p352792
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Localisation : Lyon
Âge : 55

Super contributeur

Re: Heuristique et créativité

Message par homer »

Je découvre ce sujet grâce à ton message @Zelmoed !
Je reconnais dans les précédents textes beaucoup de points communs avec mes manières de procéder.
-le plus facile pour être créatif : quand je trouve qu'il y a matière à jouer. Dès que j'arrive à injecter du ludique dans une activité, les idées et les actions viennent toutes seules, les contraintes de temps n'ont pas vraiment d'impact. Comment injecter du ludique dans une pratique ? Cela peut être en identifiant un défi à relever, ou en faisant quelque chose de nouveau, au service d'une cause qui me tient à coeur. L'inconvénient est que ça m'amène à ne pas gérer les autres activités qui m'amusent moins.

-quand je dois boucler un travail dans un délai donné, il y a plusieurs phases qui itèrent entre elles: 1) Explorer de manière libre, laisser flaner l'esprit; 2) tenter de construire des fragments imparfaits ; 4) faire autre chose en laissant reposer ; 5) à la fin ça finit un peu comme du montage au cinéma : j'ai plein de fragments en tête mais l'assemblage se fait à la toute fin, et passe souvent par une forme d'illumination du genre "ah voici donc la grande image, découvrons à quoi ça ressemble".

-La musique déclenche des émotions qui laissent passer des messages qui deviennent des idées, des images, ... un endroit qui marche pour cela bien ce sont les transports en commun: je n'ai rien à faire à part laisser flâner, et je peux y écouter de la musique.

-quand je construis des histoires (essentiellement des scénarios de jeu de rôle pour mes filles), je m'appuie sur des flashs, des images de situation qui s'imposent à moi, et que je "vibre de partager" dans le jeu. Ce sont souvent des moments forts, intenses, et des images frappantes visuellement ou émotionnellement. J'utilise ces flashs comme des contraintes, des bornes par lesquelles mon histoire passera. Cela fournit à la fois un défi donc une envie, et en même temps une récompense (le plaisir de partager un moment mémorable avec ceux que j'aime).

-dessiner m'évite de réfléchir consciemment : c'est un bon moment pour laisser émerger des idées neuves.

-enfin, une autre approche encore très différente en improvisation sur scène (là je parle de pratique théâtrale) : une bonne préparation physique et une respiration adaptée, qui permettent de laisser remonter ... tout ce qui vient. Ensuite la qualité du jeu provient d'une bonne écoute, aussi bien des autres personnes sur scène, du public, et de mon ressenti intérieur.
C'est un type qui rentre dans un bar et qui dit "salut c'est moi !"; et en fait c'était pas lui.

Répondre