Films à voir

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Wal
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Re: Films à voir

Message par Wal »

"Shéhérazade" de Jean-Bernard Marlin
Vu hier soir sur Arte Replay (il y a souvent de très bonnes surprises quand on cherche un peu).

Il s'agit d'un premier film porté par de jeunes acteurs amateurs épatants, qui a obtenu le prix Jean Vigo.
Il raconte l'histoire d'amour de deux jeunes paumés des quartiers nord de Marseille: une prostituée et un délinquant, tout juste sorti de prison.
C'est un film brut, à la limite du documentaire, souvent très dur mais touchant. J'ai beaucoup aimé.
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PointBlanc
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Message par PointBlanc »

Wal a écrit : mar. 27 juil. 2021 13:49Vu hier soir sur Arte Replay (il y a souvent de très bonnes surprises quand on cherche un peu).
Je confirme : c'est là que j'ai découvert The Rider, de Chloe Zhao, un autre film tourné avec des acteurs non professionnels qui rejouent en fait leur propre histoire. Tout est tellement, tellement beau dans ce film, que ça en devient douloureux. C'est comme si la grâce était une malédiction à laquelle on n'échappe pas.
Autre découverte sur Arte TV : The Last Family, de Jan P. Matuszyński, qui retrace grosso modo les vingt dernières années de la vie du peintre Beksinski, dans son appartement, avec sa femme, sa mère, sa belle-mère - son fils quant à lui vit seul dans l'immeuble d'en face. Les toiles de Beksinski ont beau être une litanie de cauchemars - on les voit à peine, on ne le voit pas vraiment peindre non plus d'ailleurs -, le personnage est un homme tranquille et même affable, qui semble regarder les gens autour de lui et les tragédies qui les frappent avec une bienveillance un peu lasse. Je n'en dis pas plus, sinon que ce film a fait écho comme très rarement.
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Tortue
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Re: Films à voir

Message par Tortue »

Wal a écrit : mar. 27 juil. 2021 13:49 "Shéhérazade" de Jean-Bernard Marlin
C'est étonnant, j'en ai entendu parler pour la première fois cette semaine (dans la captation d'une rencontre avec François Bégaudeau), et en termes si laudatifs que j'ai retenu le titre. Il ne me reste qu'à le voir !

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Message par Wal »

PointBlanc a écrit : mar. 27 juil. 2021 14:31
Wal a écrit : mar. 27 juil. 2021 13:49Vu hier soir sur Arte Replay (il y a souvent de très bonnes surprises quand on cherche un peu).
Je confirme : c'est là que j'ai découvert The Rider, de Chloe Zhao, un autre film tourné avec des acteurs non professionnels qui rejouent en fait leur propre histoire. Tout est tellement, tellement beau dans ce film, que ça en devient douloureux. C'est comme si la grâce était une malédiction à laquelle on n'échappe pas.
A mon tour de confirmer ;)
J'en avais parlé un peu plus haut mais oui , quel film!!
PointBlanc a écrit : mar. 27 juil. 2021 14:31 Autre découverte sur Arte TV : The Last Family, de Jan P. Matuszyński,
Je le note sur ma liste, merci !
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Message par Wal »

Tortue a écrit : mar. 27 juil. 2021 19:58
Wal a écrit : mar. 27 juil. 2021 13:49 "Shéhérazade" de Jean-Bernard Marlin
C'est étonnant, j'en ai entendu parler pour la première fois cette semaine (dans la captation d'une rencontre avec François Bégaudeau), et en termes si laudatifs que j'ai retenu le titre. Il ne me reste qu'à le voir !
N'hésite pas à venir donner ton avis quand tu l'auras vu! :clin:
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Message par Wal »

Demain et tous les autres jours de et avec Noémie Lvovsky.
Encore une belle surprise.

"Mathilde, 9 ans, vit avec sa mère depuis que ses parents sont séparés. Un jour, sa maman lui offre une chouette qui sait parler. Mathilde est seule à pouvoir l'entendre. La petite fille et le volatile deviennent inséparables. L'oiseau est d'un grand soutien quand la maman de Mathilde sombre dans la folie..."

Un joli conte qui aborde, avec beaucoup de poésie, les sujets de l'enfance, de l'amour mère fille et de la maladie.
On y retrouve l'univers fantasque de Noémie Lvovsky mais dans un style plus personnel et tout en retenue.
La jeune actrice est incroyable et la scène finale, magnifique !

https://www.youtube.com/watch?v=1NmvHe5mgmE
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Re: Films à voir

Message par PointBlanc »

De fil en aiguille, je suis tombé sur cette merveille de neuf minutes :

http://www.youtube.com/watch?v=J66vg7xI66Q

Je crois que le jour où je m'en sentirai le courage, je passerai ça en classe, pour (faire) voir.
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Re: Films à voir

Message par Invité »

@PointBlanc c'est très beau, merci pour le partage. Il y a une influence de Tarkovki, non?
PointBlanc a écrit : sam. 7 août 2021 18:49 Je crois que le jour où je m'en sentirai le courage, je passerai ça en classe, pour (faire) voir.
Tu le passeras en complément d'un cours sur le poème de Rimbaud, je suppose. Les élèves apprécieront certainement.
Wal a écrit : jeu. 29 juil. 2021 12:23 The Rider, de Chloe Zhao, un autre film tourné avec des acteurs non professionnels qui rejouent en fait leur propre histoire. Tout est tellement, tellement beau dans ce film, que ça en devient douloureux. C'est comme si la grâce était une malédiction à laquelle on n'échappe pas.
Je l'ai revu hier soir et c'est vrai qu'il est magnifique. J'ai une petite préférence pour le film précédent de Zhao, Les chansons que mes frères m'ont apprises, qui traite de thèmes similaires sur un scénario un peu moins structuré, mais c'est subjectif.

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Re: Films à voir

Message par PointBlanc »

Judith a écrit : sam. 7 août 2021 19:40@PointBlanc c'est très beau, merci pour le partage. Il y a une influence de Tarkovki, non?
En tout cas Tarkovski en parle : http://zazzetounmind.blogspot.com/2015/ ... rmeur.html

Judith a écrit : sam. 7 août 2021 19:40 Tu le passeras en complément d'un cours sur le poème de Rimbaud, je suppose. Les élèves apprécieront certainement.
Pas sûr ; je me vois plutôt le passer en préparation à un devoir d'expression écrite, pour illustrer l'importance du rythme. Ou juste comme ça, pour voir ce que ça fait. Simplement parce que je déteste qu'on les croie incapables de rien y comprendre.
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Re: Films à voir

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@PointBlanc merci pour le lien du texte de Tarkovski, c'est intéressant.
PointBlanc a écrit : sam. 7 août 2021 20:03 je me vois plutôt le passer en préparation à un devoir d'expression écrite, pour illustrer l'importance du rythme.
Ah oui, bonne idée en effet.

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Re: Films à voir

Message par Invité »

En ce moment, on peut voir sur Disney + un film méconnu, victime à sa sortie de graves problèmes de distribution qui l'ont en parti occulté : Margaret de Kenneth Lonergan.
Dans le New-York post 11 septembre, une jeune fille de bonne famille mène une vie ordinaire : mère névrosée, collège chic, parties mondaines et ennui récurrent. Mais un jour, elle est le témoin d'un accident mortel dont elle est en partie responsable : une femme agonise dans ses bras en la prenant pour sa fille morte des années auparavant : elle découvre en bloc l'horreur de la mort, l'absurdité de la vie et une culpabilité dont personne ne veut entendre parler. Sur le conseil de sa mère et avec l'approbation tacite de la police, elle ment pour se protéger et la vie reprend... Mais quelque chose a basculé, une faille s'est ouverte dans ses certitudes de gamine privilégiée. Qui était cette passante ordinaire? Qui est vraiment responsable de sa mort? Que peut-elle faire pour réparer l'irréparable?
C'est un film très long, lent et assez complexe qui traite avec beaucoup d'ambition de questions psychologiques, sociales et politiques. Il n'est pas sans défauts mais il vaut d'être vu pour la performance d'Anna Paquin (la petite fille de La leçon de piano), pour l'intelligence de ses dialogues, pour l'ampleur de son ambition (les affres de la gamine sont une métaphore de celles de l'Amérique). Le titre, emprunté à un célèbre poème de Hopkins, ajoute même une clef de lecture métaphysique à cette histoire douloureuse et banale dont on sort plein d'une incertitude stimulante.

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Re: Films à voir

Message par Invité »

Clair-Obscur de Rebecca Hall (actuellement sur Netflix)
A New-York, dans les années 20, deux amies d'enfance se retrouvent par hasard dans un hôtel huppé où elles se sont réfugiées pour échapper à la canicule. Toutes deux noires à la peau claire, elles ont connu des existences différentes : la première, Irene, vit à Harlem où elle a épousé un médecin noir. Elle s'ennuie un peu dans le cocon d'une existence bourgeoise que la question raciale ne taraude que vaguement, et organise des activités au profit de l' Association Nationale pour la Promotion des Gens de couleur, par conviction et peut-être surtout, au fond, pour passer le temps. Sporadiquement, elle se fait passer pour blanche dans des magasins interdits aux Noirs. La seconde, Clare, a épousé un financier blanc, raciste et autoritaire, et fait illusion à son mari et à son cercle social à grands renforts de tentures et de poudres. Elle mène une vie luxueuse mais craint toujours d'être démasquée, tout en regrettant la communauté noire qu'elle a quittée. La rencontre des deux amies va faire craquer le vernis de leurs existences et les amener à se questionner profondément sur elles-mêmes et ce qu'elles ont cru, peut-être à tort, avoir construit. Le drame feutré, puis brutal, qui s'ensuivra rappellera crûment que derrière le voile des apparences, si bien tissé soit-il, se cache un système profondément corrupteur et inhumain.
Beau film sophistiqué, adapté du roman d'une figure de la Renaissance de Harlem, Nella Larsen. Sur un sujet peu traité, il évite tout didactisme et préfère procéder par symboles, du nom des deux personnages au mouvement répétitif de la caméra qui suit Irene dans ses déambulations entre quartiers blancs et noirs de la ville. La reconstitution du Harlem des années 20, entre prohibition et ébullition intellectuelle et politique, est très convaincante et la narration d'une grande élégance. De la première scène écrasée de lumière blanche où se dissolvent visages et identités, à la dernière scène sous la neige, glaçante et ambiguë, où se révèle la fragilité des élites noires, on suit avec beaucoup d'intérêt et d'émotion les trajectoires des personnages.

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Re: Films à voir

Message par GraineDeNana »

Pour se détendre :

Lucky Strike un polar sud-coréen de Kim Yong-hoon (distribution Wild Bunch)

Un film dont la thématique de départ paraît très convenue (un sac Vuitton plein de liasses de billets ne porte pas chance à ceux qui s'en approchent) mais qui a de nombreuses qualités :
- un scénario à rebondissements, pas trop prévisible
- une très jolie image, sans être trop léchée non plus,
- une maîtrise inattendue du rythme de la part de ce réalisateur de 40 ans dont c'est le premier film
- le réalisateur donne une épaisseur psychologique à ses personnages principaux, d'autres sont intentionnellement archétypaux
- beaucoup d'humour et de second degré, on ne peut que penser à Tarantino (Pulp Fiction ou Kill Bill), j'ai lu un article qui compare ce film à no Country for Old Men (https://www.francetvinfo.fr/culture/cin ... 28793.html) mais je ne suis pas tellement d'accord, ce film-ci est beaucoup moins noir et beaucoup plus second degré que le film des frères Cohen.
- le peps et le côté un peu gore des films asiatiques est bien présent, si vous avez vu Parasite par exemple, mais ce film est plus léger, sans réflexion de fond particulière, juste le plaisir d'une bonne histoire, de bons acteurs, une bonne réalisation.

Au total une chouette soirée :) , ce film a beaucoup plus aussi à notre ado de 16 ans.
Je l'ai vu en streaming sur la plateforme de ma médiathèque, je ne suis pas abonnée aux grosses plateformes, je ne sais pas s'il y est disponible.
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Re: Films à voir

Message par GraineDeNana »

Cette nuit, j'ai rêvé que j'étais sur une scène de théâtre devant un assez grand public. En fait, j'étais condamnée à mort et je devais essayer de les persuader de me gracier (classique !), c'était difficile car le rêve était long et je devais sans cesse chercher de nouveaux arguments :( .

Cela m'a rappelé un film que j'ai vu au cinéma entre deux confinements, en 2020 je pense : La nuit des rois co-écrit et réalisé par Philippe Lacôte (dont je n'ai rien vu d'autre).
Synopsis maison : un très jeune homme est incarcéré dans une immense prison (pour hommes) de Côte-d'Ivoire. La prison est dirigée de fait par un gang dont le chef, mourant et menacé, cherche à distraire les détenus pour repousser sa chute en organisant une nuit particulière : c'est la nuit des rois. Le jeune homme est rapidement désigné par les autres détenus pour être leur Roman, c'est-à-dire qu'il doit "raconter" à l'ensemble des hommes rassemblés pendant toute une nuit. C'est une nuit de fête et d'orgie, une nuit de catharsis pour les détenus; au petit matin, ils choisiront peut-être d'enlever la vie à leur Roman.

Ce film m'a à la fois plu et intéressé.
Il m'a plu car les plans souvent assez serrés me renvoyaient au vécu d'enfermement, mais aussi majoraient le ressenti d'énergie vitale, de violence et de frustrations bouillonnantes des détenus, coincés dans une sous-vie. Lorsque le jeune homme arrive dans la prison, j'ai ressenti comme lui cette plongée dans un monde inconnu et terrifiant. Le scénario manque un peu de nuances, mais en tant que spectateur on reçoit tant d'informations autres que ça n'est pas très grave. C'est un film très sensoriel, sûrement plus intéressant en salle que chez soi sur petit écran.

Il m'a intéressée aussi, je me suis renseignée, cette prison existe vraiment, c'est la MACA (Maison d'Arrêt et de Correction d'Abidjan). Elle est énorme, la corruption y règne. En 2004, 4000 (!) prisonniers s'en sont échappés. En 2011, c'est la totalité des détenus qui s'est évadée :rock: Son fonctionnement autonome, une micro-société fondée sur le pouvoir du plus fort (les gardiens se terrent dans leur QG), est fascinant et angoissant.

Je vous conseille donc La nuit des rois si vous avez l'occasion de le voir.


Sur ma lancée, un autre film à l'atmosphère à la fois universelle et exotique, sorti en France juste avant ou juste après le premier confinement (mes repères temporels sont toujours un peu flous, désolée) : Monos, un film colombien d'Alejandro Landes.
Synopsis: une bande d'adolescents guérilléros se retrouve en charge d'une otage au plus profond de la jungle (et d'une vache laitière, et ce n'est pas un détail).

Ce film m'a plus plu que le précédent. Le scénario est plus subtil. L'adolescence y est montrée dans ce qu'elle a de plus touchant, cette période charnière où l'idéalisme de l'enfance commence à se corrompre, où les pulsions déferlent parfois sans contrôle, où l'amour est plus grand que jamais. La personnalité de l'otage, une ingénieure américaine, est également intéressante et complexe, leurs relations bien décrites. Les autres adultes (guérilléros, habitants des villages, forces gouvernementales) ne vont qu'abimer cet équilibre qui pourrait se construire.
C'est un film plein d'action, de paysages magnifiques, de réflexion. Un coup de coeur :favorite:
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Re: Films à voir

Message par GraineDeNana »

Bon, ce fil est un peu abandonné, mais je continue à l'alimenter, je l'aime bien (et il me rappelle Judith, un petit salut si jamais... :coucou: ).

Deux bons films à voir dans son canapé et qui ont éclairci l'horizon morose de ma semaine :

Un film injustement oublié, Chinatown de Roman Polanski, 1974, avec Jack Nicholson et Faye Dunaway.
► Afficher le texte
Dans le Los Angeles des années 30, un détective privé typique du roman noir américain est aux prises avec la corruption la plus vile sur thématique d'irrigation de la vallée.
A l'époque le film remporte 4 Golden Globes, est nominé 11 fois aux Oscars.
J'ai été éblouie (vraiment) par la qualité des images, chaque plan est magnifiquement cadré, les décors sont extrêmement réussis avec la part d'artificialité la plus juste. Ce film a très bien vieilli, il pourrait être tourné aujourd'hui. Le scénario à la Chandler est précis dans les moindres détails, chaque scène est indispensable. Un des meilleurs films de Polanski à mon avis.

Un film bien plus récent, Drunk de Thomas Vinterberg( le réalisateur du film hors toute catégorie Festen), sorti en 2020 :?
► Afficher le texte
Vinterberg est un cinéaste bien moins dogmatique de Lars Von Trier, il avance beaucoup plus librement à mon avis. Dans Drunk il est question de l'amitié de 4 hommes âgés de 40 à 50 ans, profs dans un lycée propret au Danemark. Ils ont des vies quelconques, et vont essayer de les transcender en prenant là des risques et du plaisir.
Le carré d'acteur est excellent, Mad Mikkelsen n'écrase pas les autres, le rendu de l'amitié masculine est frappant. La place (notable) de l'alcool dans le scénario lui donne toute son originalité. J'espère @Douteur que tu l'as déjà vu, sinon ce film est fait pour toi.
Je suis frappée par la capacité qu'a Vinterberg à ne pas suivre les injonctions de l'époque, il montre ce qu'il a envie de montrer, ne se sent pas obligé d'aborder les thématiques dominantes (il n'est dans ce film jamais fait mention ni de l'écologie, ni des problèmes des femmes, ni des migrants) et pourtant il est extrêmement ancré dans nos préoccupations (comment est-ce que je vis ma vie jour après jour même quand elle devient tellement pesante). La réponse a cette question est plutôt lumineuse, cela se traduit dans la lumière qui émane de la plupart des plans (sauf une biture mémorable qui traverse toute une nuit), la bande son est juste géniale, je vous conseille ces deux heures de plaisir :cheers:
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.
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Re: Films à voir

Message par Douteur »

@GraineDeNana non, je ne l'ai pas vu.
Merci de penser à moi, je n'hésiterai pas à le voir quand l'occasion se présentera :coucou:

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Re: Films à voir

Message par GraineDeNana »

Pour vous inciter à sortir de votre canapé cette fois, un très bon film à voir en salle : La conspiration du Caire de l'égyptien Tarik Saleh.

Bon, ça se passe en Egypte, mais honnêtement pas moyen de placer dans la critique cette sympathique icône de pharaon :pharaon: (ah si, tiens ! je l'ai placée quand même :angel: ) car ce film n'a rien d'une publicité touristique.
Le film précédent du réalisateur, Le Caire confidential était un policier très rythmé, dans une veine noire et réaliste à la fois, montrant un flic au prise avec la corruption au plus haut niveau.
Cette fois, il est surtout question de politique et de pouvoir. C'est un film au scénario resserré, chaque scène a une fonction précise qui sert le propos général du film (le pouvoir est une énorme meule de pierre qui écrase celui qui se trouve sur son passage). Mais rien n'est lourd, rien n'est appuyé, le film avance implacablement tout comme l'étau se resserre sur le héros, un jeune homme d'un milieu de pêcheurs qui part étudier à l'université al-Azhar au Caire, un haut lieu de l'enseignement sunnite. Ce film évite l'écueil du manichéisme, les personnages même s'ils incarnent des tendances ne sont pas des archétypes, les dialogues sont précis, sans bavardage.
J'ai beaucoup apprécié d'être plongée ainsi dans une partie de la société égyptienne, dont le mode de vie est bien sûr très éloigné du nôtre; la scène de la prière en pleine rue est très impressionnante pour l'occidentale moyenne que je suis. Symboliquement, dans ce film sur le pouvoir, il n'y a quasiment que des hommes (même la mère du héros est morte), les seules femmes qu'on voit (dans une seule scène) sont des pions dans le jeu politique qui se joue là (et des victimes consentantes d'un certain fonctionnement de la société). J'ai apprécié également l'absence d'intention documentaire, on voit bien que l'objectif n'est pas de nous faire "visiter" l'université.
Enfin, l'esthétique du film est très réussie, le motif du couvre-chef rouge que portent ces étudiants traverse tout le film et attire notre oeil à des points stratégiques de l'image, les scènes de foule sont très belles, chorégraphiées mais sans ostentation, contrastant avec les plans serrés sur le visage inquiet du héros.
Je vous le recommande (à partir de 15-16 ans, je pense que c'est assez difficile à suivre plus jeune, les luttes entre les factions religieuses, le pouvoir militaire...) :cheers:
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Re: Films à voir

Message par seban35 »

J'ai vu un film Australien " Milla ", magnifique.

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Re: Films à voir

Message par Judith »

Vu sur Netflix récemment, deux films intéressants : The Pale Blue Eye de Scott Cooper et The Wonder de Sebastian Lelio. Dans une certaine mesure, les deux traitent du même sujet
► Afficher le texte
J'ai trouvé le film de Cooper plus riche et plus réussi que celui de Lelio, y compris dans la réflexion qu'il propose, mais avant de développer un avis, j'aimerais savoir si quelqu'un les a vus et en pense quelque chose. :help:
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Re: Films à voir

Message par GraineDeNana »

Suite à ton post, @Judith j'ai regardé hier soir The Pale Blue Eye.
Je peux te donner mon tout petit avis, rien moins qu'éclairé. :1cache:

Honnêtement, le fond (la réflexion dont tu parles) m'a peu intéressé, rien de bien nouveau m'a-t-il semblé. Les références aux écrits de Poe ne suffisent pas à faire un film. La thématique de la violence faite aux femmes a déjà été traitée de manière bien plus intéressante.
Et dans la forme, je relèverais comme défauts criants le manque d'allusivité (chaque fois qu'on nous donne à remarquer un détail, comme les initiales sur une médaille, nous sommes en capacité de faire seuls la déduction mais elle nous est systématiquement explicitée en détail quelques scènes plus loins, cela se produit à au moins 4 ou 5 reprises, c'est très désagréable), et aussi le formalisme de la réalisation qui est sans aucun doute un choix formel répondant à la rigidité de l'institution militaire ou à la volonté de mener un récit très classique mais cela manquait de créativité et m'a donné l'impression que le cinéma n'a pas évolué depuis Un roi sans divertissement en 1963 (à cause de la neige et de la thématique j'ai été renvoyée à ce film). La direction d'acteur est assez faible, je trouve, je n'ai éprouvé d'émotion à aucun moment.

Par contre, d'autres éléments m'ont plu. D'une part le choix de Harry Melling pour jouer Poe, dont le physique pour le moins particulier rend crédible l'ostracisation dont il est victime (mais je n'ai pas apprécié Christion Bale dans le rôle principal). Et surtout, j'ai beaucoup apprécié le traitement de l'image, les cadrages sont tous impeccables (à ce niveau le classicisme ne m'a pas dérangée) et l'esthétique des vêtements, dont la couleur irradie sur la neige, m'a intéressée : ils sont tous extrêmements neufs, brillants, de couleurs denses, aucun réalisme mais plutôt un choix esthétique, le bleu lavande des uniformes comme motif récurrent m'a fait penser, en moins réussi, au couvre chef rouge des étudiants de La conspiration du Caire dont j'ai parlé plus haut, la symoblique des couleurs est un peu appuyée mais ne m'a pas déplu, Léa se promenant dans le cimetière avec son manteau bleu canard, d'un velours étincelant, la capote en velours rouge de sa mère dont on ne peut pas détacher le regard pendant toute une scène de discussion, les ors brodés des uniformes des officiers, tout cela m'a captivé, plus que le scénario, je dois dire.

Au total, je suis plutôt déçue, il me semble que le réalisateur aurait pu tirer beaucoup plus de cette histoire avec une mise en scène plus incisive, de nombreuses scènes, par exemple dans la taverne, sont très quelconques. Voilà, qu'en dis-tu pour ta part ?
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Re: Films à voir

Message par Judith »

Merci de cet avis détaillé. :)
GraineDeNana a écrit : dim. 22 janv. 2023 21:18 Voilà, qu'en dis-tu pour ta part ?
Les scènes de la taverne sont médiocres, sauf la première, et Charlotte Gainsbourg n'a pas grand chose à se mettre sous la dent, je suis d'accord.
Pour le reste :

J’ai davantage apprécié le film que toi, probablement parce que j’avais à son égard des attentes très différentes des tiennes et plus limitées. Comme j’avais déjà regardé un autre film de Cooper (Hostiles), je savais plus ou moins ce que j’allais voir : un bon divertissement, élégant et ultra-référentiel, sans originalité mais sans défaut majeur, avec une touche de réflexion sérieuse sur des thèmes actuels. C’est ce que j’ai eu, et j’étais contente après la séance – les frites dégustées en cours de visionnage ont probablement contribué à ma satisfaction.

Pour ma part, j’ai beaucoup aimé le jeu de Christian Bale, en lui-même mais surtout pour sa capacité à s’accorder à celui de son partenaire, une qualité essentielle en l’occurrence puisqu’il s’agit d’une enquête à deux têtes. Bale ne tire pas la couverture à lui, laisse de l’espace par sa sobriété à la relative exubérance d’Harry Melling et compose une figure de reclus/exclu simple et efficace, qui contraste avec celle plus extravertie et romantique de Poe : l’un des thèmes importants du film étant l’exclusion d’individus jugés inaptes par une communauté fermée et ses effets pervers sur les corps et les âmes, c’est appréciable. Le médecin et sa famille, qui sont dans la même situation malgré leurs efforts acharnés pour s'intégrer, m'ont paru traités sans brio, mais avec justesse et le brin de folie nécessaire -belle performance, au passage, de Toby Jones, acteur de seconds rôles souvent sacrifié mais ici bien employé.

Concernant la narration, ce qui t’a gênée m’a plu, parce que le film est un hommage à Poe -s’il ne l’était pas, le scénario serait effectivement défectueux. L’intrigue policière est éventée au bout d’un quart d’heure et elle est racontée avec des techniques héritées du XIXème siècle, dont Poe lui-même a été l’un des pionniers : ces techniques nous paraissent aujourd’hui voyantes et naïves, mais il faut les rapporter à l’époque de leur première mise en œuvre pour les goûter, et donc accepter de jouer sur ce point le jeu du réalisateur. Il en va de même de l’esthétique du film, qui renvoie très explicitement à certains courants de la gravure et de la peinture (notamment américaine) de la même époque : on peut en être très légitimement agacé. J’ai marché, mais c’est purement affaire de goût. Je partage ton sentiment sur la beauté formelle de la réalisation et ses jeux d’opposition chromatiques et symboliques, je n’y reviens donc pas.
Pour finir, je remets un mot sur l’angle d’approche que j’avais proposé dans ma brève présentation. Je le place en spoiler par précaution, mais pour d’éventuels curieux, il n’y a guère de mal à le lire puisque, comme dit plus haut, l’énigme est un Mac Guffin et sa résolution ne constitue pas un enjeu du récit.
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Donc si par hasard tu regardes The Wonder (où les petits films d'horreur mentionnés dans un autre fil) n'en attends pas trop : ce sont des "produits Netflix", pas des chefs-d’œuvre d'art et essai. J'aurais dû le dire dès le départ. :honte:
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Re: Films à voir

Message par GraineDeNana »

Judith a écrit : lun. 23 janv. 2023 09:30 Merci de cet avis détaillé. :)

Concernant la narration, ce qui t’a gênée m’a plu, parce que le film est un hommage à Poe -s’il ne l’était pas, le scénario serait effectivement défectueux. L’intrigue policière est éventée au bout d’un quart d’heure et elle est racontée avec des techniques héritées du XIXème siècle, dont Poe lui-même a été l’un des pionniers : ces techniques nous paraissent aujourd’hui voyantes et naïves, mais il faut les rapporter à l’époque de leur première mise en œuvre pour les goûter, et donc accepter de jouer sur ce point le jeu du réalisateur.
Je comprends mieux, merci ! De fait, Poe est un écrivain qui m'intéresse peu, voire m'ennuie, même si je vois bien la créativité et la nouveauté qu'il a pu apporter à l'époque.
Sur la thématique de fond, finalement je te rejoins, mais le film n'est pas à la hauteur de l'ambition du propos, je trouve.

Par ailleurs, je suis en train de regarder Blonde, le film d'Andrew Dominik d'après le roman de Joyce Carol Oates (pour l'instant je n'ai pu en voir que la moitié), sans en faire un chef d'oeuvre je suis un peu étonnée que ce film soit sélectionné aux Razzie Awards (pire film de l'année), il y a une ambiance, même si je trouve le réalisateur un peu complaisant et voyeuriste et les procédés de mise en scène très appuyés. Je vais en tout cas regarder la fin. Ce film plaît beaucoup à mon ado de fille.
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Re: Films à voir

Message par Judith »

GraineDeNana a écrit : ven. 27 janv. 2023 10:35 Sur la thématique de fond, finalement je te rejoins, mais le film n'est pas à la hauteur de l'ambition du propos, je trouve.
C'est vrai. Il a au moins le mérite de traiter le sujet, tout en faisant passer à ses spectateurs un agréable moment. C'est peu sans doute mais c'est toujours ça.
Je suis en train de regarder un autre "film Netflix", Dans les angles morts de Robert Pulcini et Shari Springer Berman, qui aborde lui aussi à travers un traitement de genre conventionnel (le film de maison hantée) un sujet plus grave qu'il n'y paraît et le fait avec une certaine intelligence, sans être un chef-d’œuvre.

GraineDeNana a écrit : ven. 27 janv. 2023 10:35 Par ailleurs, je suis en train de regarder Blonde, le film d'Andrew Dominik d'après le roman de Joyce Carol Oates
Ah, ça m'intéresse. J'ai lu le roman, que j'ai admiré sans réussir à le trouver pleinement satisfaisant, puis vu l'adaptation que dans l'ensemble j'ai trouvée détestable, mais les deux valent bien une petite discussion, ne serait-ce que pour les polémiques qu'ils ont suscitées. J'y reviendrai si possible. :)
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Re: Films à voir

Message par Judith »

GraineDeNana a écrit : ven. 27 janv. 2023 10:35 Par ailleurs, je suis en train de regarder Blonde, le film d'Andrew Dominik d'après le roman de Joyce Carol Oates (pour l'instant je n'ai pu en voir que la moitié), sans en faire un chef d'oeuvre je suis un peu étonnée que ce film soit sélectionné aux Razzie Awards (pire film de l'année)
Je ne sais pas si c'est étonnant, ou au contraire si c'était prévisible. :help:

Néanmoins, le film a recueilli en effet huit nominations, dont celle du pire film, du pire scénario et de la pire mise en scène. C’est beaucoup et l'on peut donc légitimement s’interroger à ce sujet, mais je pense qu’il vaut mieux le faire avec un certain recul.

Les Razzie Awards sont une parodie des Oscars, qui se tient la veille de la cérémonie officielle et en constitue un reflet anticipé et dérisoire, reposant sur plusieurs principes dont certains sont les opposés complets des principes de la fameuse académie. Par exemple, celui qui retire au jury toute obligation à voir les films sélectionnés avant de voter. 8o C’est évidemment une dénonciation en creux de dérives connues des Oscars, mais c’est aussi un indice de ce qu'aspirent à être ces anti-Oscars et du rôle qu’y tiennent la mascarade et la fantaisie. Il en va de même pour l’intitulé de certaines nominations (pire actrice dans un rôle masculin, pire film ayant rapporté cent millions de dollars, etc.) Les sélections sont donc souvent à prendre autrement qu’au pied de la lettre et à beaucoup relativiser.
Par ailleurs, certains Razzie Awards ont pu couronner de très bons, voire de grands films : Shining de Kubrick ou Scarface de De Palma y ont eu droit. Même s’ils sont vulgaires et détestables par certains côtés -assumés par leurs réalisateurs-, si on peut les juger en partie ratés en fonction de l’attente qu’on nourrit à leur égard, et si des critiques respectables les ont probablement surévalués, ces considérations ne retirent pas assez à leur valeur éminente pour que leur Razzie Award les déshonore sérieusement.

Une fois ces précisions posées, sans entrer dans le détail d’une histoire des récompenses et contre-récompenses du milieu cinématographique américain et pour revenir à Blonde, qu’en penser ?

Je n’ai pas du tout aimé le film pour ma part après l’avoir beaucoup attendu, mais c’est extrêmement subjectif ;je vais donc essayer d’établir une liste relativement neutre des traits qu’on peut légitimement lui reprocher.
Ces traits sont nombreux.

Le premier est évidemment son propos d’ensemble : Blonde réduit la vie de Monroe à ses aspects les plus sinistres et les plus mélodramatiques et fait de la star une martyre de la condition féminine en Amérique. Certains éléments de cette vie sont attestés, comme l’enfance calamiteuse, l’expérience de la violence conjugale, la dépendance aux drogues et la maladie mentale, tandis que d’autres sont fictifs comme (entre autres) les viols, les avortements contraints et la manipulation psychologique délétère de la part d’un ancien amant aigri. C’est un choix narratif déjà présent dans le roman et parfaitement légitime, mais risqué, surtout dans une adaptation cinématographique nécessairement sélective et d’autant plus que Monroe constitue un « sex-symbol » américain très particulier. Sur ce plan, le roman est beaucoup plus satisfaisant que le film parce que tout en développant une thèse doloriste et presque martyrologique sur l’ « actrice blonde », enfant sacrifiée d’une Amérique impitoyable aux faibles, il y introduit de la complexité et donc de l’épaisseur. Je pense sincèrement que le film veut être féministe et dénoncer ce qu'il montre. Il n’est pas certain qu’il y parvienne, tant il donne dans les poncifs les plus lourds sur le thème de la féminité blessée et instrumentalisée.

Un autre défaut réside dans sa relative pauvreté psychologique, alors même qu’il se définit d’emblée (ou presque) comme un « film-cerveau », un voyage imaginaire au cœur d’un psychisme torturé. La tragédie de Monroe repose dans Blonde sur trois éléments : la quête effrénée d’un père inconnu, supposé réparer les traumas d’enfance, quête poursuivie à travers des partenaires masculins prestigieux qui se révèlent tous plus désastreux les uns que les autres ; la dépossession de soi par Hollywood et l’industrie du spectacle au profit d’un mythe vulgaire (Norma-Jeane versus Marylin) ; la trahison systématique d'un être naïf et vulnérable par des individus censés l’aimer et le protéger : sa mère, la voisine, ses deux premiers amants, son imprésario, son producteur, son médecin, ses maris et pour finir en beauté le président des États-Unis. Ce dessin à grands traits serait excusable si le film n’était pas si long ni si ambitieux. Mais au bout d’une heure, tout est dit à grand renfort de métaphores éléphantesques (je vais y revenir) et le spectateur se contente d’attendre la suite avec un certain ennui qui tourne vite à l'exaspération.

Enfin, il y a la question de la poétique et de l’esthétique. Le maniérisme est affiché dès les premières images, mais pourquoi pas? Il y a dans Blonde de magnifiques passages et d’excellentes idées visuelles (le thème récurrent du feu est très bien traité par exemple, et globalement la gestion des espaces déformés par leur perception douloureuse est remarquable). Mais il y a aussi beaucoup de déchets dans sa profusion formelle. Je cite un peu pêle-mêle images appuyées et métaphores attendues : le chromo d’un bellâtre au-dessus de la fissure béante dans l’appartement de la mère schizophrène, les chutes du Niagara pour représenter un orgasme, les étoiles changées en spermatozoïdes, le fœtus condamné et son utérus-cosmos comme métaphore de la mauvaise conscience (idée intéressante en elle-même mais très mal exploitée), les plans récurrents sur le spéculum intrusif, le sang envahissant les roses rouges d’une robe puis celles d’un papier peint… On pourrait continuer. Dominik a visé très haut, c’est respectable : mais il n’est ni Mankiewicz, ni Wilder, ni Kubrick, ni Malick, pour ne mentionner que des auteurs cités et parfois presque fétichisés dans son film. Il a filmé au-dessus de ses moyens, et le résultat laisse à désirer.

Il y aurait d’autres éléments à fournir à charge, comme l’intégration souvent très maladroite de la filmographie de Monroe au métrage, par le biais de citations et d’allusions assez navrantes de simplicité, voire de grossièreté. J’ai déjà mentionné les chutes du Niagara, je pense que c’est suffisant mais on peut facilement allonger la liste.
Alors, navet géant ? Non. Pétard mouillé et semi-ratage aggravé par un excès d’ambition, oui.

Et quant à voter en imagination ma foi... Pour un Razzie Award du film le plus décevant de l'année, je ne dirais pas non. :)
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Re: Films à voir

Message par Judith »

Ce n'est pas exactement un film "à voir", mais il en avait été question dans cette page et l'amorce de discussion à son sujet avait suscité ma curiosité. Lorsque l'occasion s'est trouvée hier, je n'ai donc pas résisté à

Orgueil et Préjugés et Zombies de Burr Steers

Et je ne l'ai pas regretté. Je m'attendais au pire mais le film, contrairement à ce que laissait présager son titre, n'est pas un nanard ni même exactement n'importe quoi. Il a rencontré un certain succès et ce n'est pas sans raison, même si bien entendu, il n'est réussi qu'à moitié et déçoit forcément son spectateur.
La déception tient à deux très lourds défauts : le manque de rythme d'une part, qui amène à s'ennuyer assez vite, une fois passé l'amusement dû au décalage incongru entre les deux genres, et la construction paresseuse du récit, qui alterne trop systématiquement scènes de comédie légère (assez médiocres) et scènes d'horreur (assez réussies).
On peut ajouter à la liste des défauts un très mauvais Darcy, mais c'est un peu un classique des adaptations d'Orgueil et Préjugés, qu'elles soient respectueuses ou iconoclastes. Le personnage est sans doute devenu incompréhensible à notre époque, et c'est dommage parce qu'avec lui le spectateur perd une bonne part de la substance de l'humour austenien, mais bon. :(

Cela dit, pour le reste c'est intéressant.
Le point qui m'a paru le plus réussi est celui du traitement des zombies. Ils ne sont pas là pour la décoration ni seulement pour la touche de gore adolescente, ils occupent une vraie place dans l'intrigue, créent une atmosphère réellement troublante et tiennent un rôle cohérent avec l'ensemble du propos. Les bonnes idées pullulent dans les parties du métrage qui leur sont consacrées : les relier aux fluctuations du climat anglais, les associer aux conflits avec la France et ses colonies, placer tous les combats contre eux de la deuxième moitié du film dans le contexte visuel des guerres napoléoniennes, et surtout les dépeindre comme des membres à part entière, et non pas des éléments étrangers, de la société britannique.
Ce dernier point, qui se développe de façon explicite à partir de la scène de l'église où l'on comprend le rôle des zombies dans l'intrigue et où l'on devine ce que sera le retournement final, est malheureusement trop peu traité alors qu'il aurait dû constituer le point focal du film. Mais il a le mérite d'exister et d'apporter à l'ensemble, aussi pataud soit-il, une cohérence bienvenue et même un semblant sinon de profondeur, du moins de consistance.
Bref, un produit hybride et mal abouti mais un visionnage agréable.
Quelqu'un d'autre l'a vu?
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