Que lisez-vous en ce moment ?

[sanders]

Si on me touche, je n'existe plus de Donna Williams.

Lu très vite parce que j'ai été aspirée dedans.

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas l'autisme et souhaitent le lire, je vous propose de commencer par l'avant propos et la préface puis de passer tout de suite aux explications, "Aperçu du langage particulier à mon propre monde" qui se trouvent presque à la fin du récit avant de vous attaquer à l'histoire.

[Maitre Folace]

James Ellroy Perfidia

Le dernier James Ellroy, sorti en fanfare en Avril dernier avec moults promos télévisuelle et radiophonique.



Je n'ai vu qu'assez rarement cité cet auteur sur le forum, donc, pour ceux qui ne le connaitrait pas ou mal, J. Ellroy est un des grands auteurs de roman noir américain contemporain. On se souviendra notamment de "Black Dahlia" et de "LA Confidential" tous deux adaptés, avec une réussite assez mitigée, au cinéma.

J.Ellroy, personnage lui-même tourmenté (sa mère a été assassinée en 1958) et quelque peu mégalomane, ré-écrit l'histoire des Etats-Unis vue des bas-fonds où tout n'est que noirceur, ambivalence, corruption et pourriture.
Ses grandes oeuvres:
- Le Quatuor de Los Angeles (Le Black Dahlia, Le Grand Nulle Part, LA Confidential, White Jazz) - de 1949 à 1958
- La Trilogie Underworld USA (American Tabloid, American Death Trio, Underworld USA) - de 1958 à 1972

Commence donc aujourd'hui le Deuxième Quatuor de Los Angeles, qui racontera les années de guerre et de l'immédiat après-guerre, de 1941 à 1949, donc le premier volume est "Perfidia".

L'action commence le 6 décembre 1941, veille de l'attaque de Pearl Harbour par les JAPS (selon son expression), avec la découverte d'une famille japonaise possiblement assassinée, le crime ayant été maquillé en un quadruple hara-kiri, et la description de l'hystérie collective anti-japonaise qui s'est emparée des USA à cette période.

J.Ellroy déroule les fils des multiples histoires et personnages au jour par jour, presque heures par heures, au travers de chapitres ramassés, d'une écriture nerveuse aux phrases courtes et percutantes.
Outre les personnages historiques, on retrouve nombre d'individus douteux qui sont de vieilles connaissances car apparaissant déjà pour la plupart dans les autres quatuor/trilogie.

J'en suis à la moitié, mes premières impressions: un grand cru (normal me direz-vous en cette époque de vendange ).
On retrouve toute la noirceur de l'univers d'Ellroy.
A conseiller aux amateurs, attention aux personnes sensibles, à éviter entre deux RDV chez le psy!

Petits bémols: Ellroy fait de nouveau apparaitre en filigrane sa mère (je crois qu'il en est à son troisième ouvrage sur son traumatisme du à son assassinat) - je trouve un peu excessif - et fait aussi re-apparaitre Betty Short (le Dahlia Noir) en la reliant par lien de parenté avec un autre personnage - je trouve la ficelle un peu grossière.

Voila, en espérant vous avoir un peu intéressés.

[PointBlanc]

Je viens de terminer Au nord par une montagne, au sud par un lac, à l'ouest par des chemins, à l'est par un cours d'eau, de Lazlo Krasznahorkai.

L'errance du petit-fils du prince Genji autour du Pavillon d'Or, à la recherche du dernier de cent jardins que mentionnait un livre qu'il aimait et qu'on lui a volé.
Il passe à côté sans le voir. Le monde autour de lui est comme il est : pétri de souffrance et gratuitement beau par endroits.
Il y a dans le sanctuaire la statue d'un bouddha dans sa cage d'or qui détourne les yeux de la douleur universelle.

Le jardin existe pourtant, miraculeusement - autrement dit comme à peu près tout ce qui existe.

On lit un livre comme celui-là parce que :

Le sol trembla sous le monastère.
Ce fut une minuscule, une délicate secousse, à peine perceptible, et le fait était si coutumier, tous les bâtiments étaient tellement habitués à ce genre de secousse sismique qu'aucune réaction particulière ne se remarqua dans le monastère, aucun signe de peur quelconque ne se détecta sur les objets et les êtres vivants, on vit pourtant trembler les sanctuaires, on vit trembler les trois grandes portes, on vit trembler la cloche dans le campanile, et les consoles dans les galeries couvertes, et les colonnes porteuses, et la pagode, et tous les toits, on vit frémir les Bouddhas et les shoji dans leur châssis de bois, on vit frémir les rouleaux sur les étagères et les sûtras éparpillés sur le sol dans le kyôzo, on vit frémir le chien mort au pied du ginkgo, le Bouddha au regard détourné lui-même frémit dans sa boîte dorée à l'or fin, mais vraiment on ne détecta aucune trace de peur, mais plutôt... une forme d'expectative, chaque objet, chaque rouleau, chaque Bouddha et chaque porte, fourmi, magnolia, jusqu'aux poils du rat, tous attendirent, attendirent la suite, attendirent de voir ce qui allait se produire après cette petite secousse, rien de plus, une attente, ce fut la seule chose perceptible le temps de la secousse, laquelle ne dura qu'une longue minute, et puis s'arrêta, cessa, la terre se calma, les choses s'apaisèrent, tous les sanctuaires cessèrent de trembler, toutes les portes et tous les Bouddhas au centre des sanctuaires cessèrent de frémir, toutes les colonnes, les toits, les sûtras, et même les poils du rat dans le potager, tout s'arrêta sous le sol, plus rien ne bougea dans les fondations, le calme reprit ses droits, le silence retrouva son aspect antérieur, et les treize poissons d'or cloués au mur cessèrent de se balancer, ces cadavres putrides qui l'instant d'avant, durant cette longue minute, s'étaient mis à frétiller ensemble, en cadence, comme exécutant une danse macabre, suspendus à leurs clous.

[joran]

Scrogneugneu ...
J'avais fait un petit topo pas trop mal ficelé sur un livre que je viens de finir, et l'envoi qui bugge!

Promis, je refais et j'édite dès que possible.

[Judas Bricot]

J'ai commencé cette semaine "La vérité sur l'affaire Harry Quebert" de Joël DICKERT.
Agréable pour l'instant. L'écriture est fluide, c'est très accessible.
Retour plus fourni d'ici quelques jours....

Bonjour,
J'ai lu ce livre également il y a quelques semaines, très intriguée par le titre!
Je me suis plongée dedans avec quelques craintes, en raison du grand succès que connait ce livre. Ce n'est pas un livre marquant de grande littérature, mais un livre qui se lit très bien, d'une écriture fluide et accessible. L' enquête est très bien faite, beaucoup de rebondissements, et on a vite envie de connaitre la suite. Ce n'est pas un de ces livres qui nous transforme. Mais on passe un bon moment en sa compagnie.

Eh bien voilà, Mylène a plutôt bien résumé mon avis sur ce bouquin.
J'ai passé un excellent moment à le lire.

[Ianthe]

Je lis l'Idiot de Dostoievski et une oeuvre poétique arabe en même temps appelée "Commencement du corps, fin de l'océan". J'ai commencé y a un bail La peau de Malaparte que je prévois de finir sous peu aussi...
Les trois sont de très bons livres

[Stan]

Dans mes lectures, je viens de tomber sous le charme de Stephen King : "Le Corps" (dans le recueil "Différentes saisons"). Un beau récit (enfance, initiation, amitié...). J'aurais plaisir à revoir le film "Stand by me", qui est l'adaptation de cette nouvelle au cinéma.

https://www.youtube.com/watch?v=B-FwlyFBhQQ

[K'tset]

J'ai dévoré Le cri d'Antoine d'Émilie Boguet.
"Malgré moi je retiens tout. Les mots anodins, les paroles blessantes, l'indifférence des autres. Tout, absolument tout se grave dans ma mémoire et je ne peux rien faire pour m'échapper". Pris au piège entre sa relation complexe au monde et ses rêves impossibles, Antoine nous livre son ressenti face à une société qui lui paraît toujours plus hostile et étrangère, au fur et à mesure que les années passent
Roman philosophique et humaniste, le Cri d'Antoine relate le gestion de deux hommes au potentiel et à la sensibilité extraordinaires. En proie aux mêmes tourments intérieurs, l'un va d'abord s'évertuer à ressembler aux autres jusqu'à s'oublier et se mépriser. L'autre découvre que sa liberté tient de sa différence et de l'affirmation de celle-ci, notamment à travers les arts.

110 pages bouleversantes qui m'ont profondément touchée, sans doute car j'y retrouve une partie de ma vie.

[Mei Run]

Le choeur des femmes, de Martin Winckler.

Assez prenant, edifiant, parlant, parfois criant de verite.
Une vraie reflexion pertinente sur le corps de la femme dans le monde medical, le tout sous forme de roman.L`histoire au fond du roman est pas trop mal, un peu facile, tu la vois arriver a 100km avec ses gros sabots.

Mais la reflexion en fil rouge vaut le detour.

[Avicularia]

Le Cirque des Rêves, d'Erin Morgenstern

Je l'ai dévorée. Pas évident d'en faire le résumé tellement l'histoire est belle et riche d'aventures. L'écriture est onirique, les descriptions merveilleuses.

[Judas Bricot]

"L'Américain" de Franz Olivier Giesbert.
Un livre autobiographique que je suis sur le point de terminer.
Je suis assez mitigé... F.O.G ne se ménage pas, certains membres de sa famille non plus, mais je sens par moments une tendance à se vautrer dans le pathos qui ne me plait guère.
Un livre qui n'aura fait que passer dans mes mains, sans vraiment me toucher.

[madeleine]

La supplication, de Svetlana Alexievitch.
Je le lis la nuit, quand je ne parviens pas à dormir, c'est un livre très dense et bouleversant, qui rassemble les témoignages de ceux qui ont directement vécu la catastrophe de Tchernobyl, en Bielorussie, rapportés avec amour et pudeur par cette femme extraordinaire. C'est un livre à la fois terrifiant et nécessaire, un voyage très profond.

[Coralie352]

Hors-sujet

Heu... Chernobyl... C'est pas en Ukraine ?
Pas taper !

[madeleine]

Si, c'est en Ukraine
Mais cela a impacté très fortement la Biélorussie, dont est originaire l'auteur.

[Coralie352]

Hors-sujet

Ah ok ok ok ! C'est juste qu'avec la tournure de phrase il m'avait semblé comprendre que tu plaçais Chernobyl en Biélorussie... :confusiaçionnée:

[noway]

Nymphéas noirs de Bussi. J'adore vraiment cet auteur, je suis encore sous le charme avec ce titre. Un meurtre qui se passe a Giverny, donc bien sûr des tonnes de références à Monet mais aussi à Aragon...J'ai hâte de le finir! (et en même temps non... ). Je crois qu'on appelle ce genre de livre des "pages turners" et c'est vrai qu'on a envie de tourner les pages pour savoiiiiiir !!

Je viens de commencer "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" (Harper Lee) je n'en suis qu'au début mais c'est très sympa. L'Alabama des années 30 sous le regard d'une petite fille (qui s'appelle Scout et qui parle de son pére en utilisant son prénom, j'adore !)

Le choeur des femmes, de Martin Winckler.

. Tous les livres de ce gars-là devraient être étudiés en Medecine (oui oui, en plus des cours !!!). Non sérieusement il a une humanité incroyable, une douceur et une bienveillance terrible, j'adore.

Si on me touche, je n'existe plus de Donna Williams.

. Ben du coup j'ai voulu le prendre en librairie mais il n'est plus édité (donc introuvable sauf d'occasion ou dans votre bibli!)

Bises à tous!

[SylDa]

en ce moment le cycle des fondations (asimov) - le second game of throne - le psychiatre et le nazi (qui parle de guring) - et un bouquin sur les névroses -(l'homme et ses conflits) mais j'avoue que j'avance assez peu ces derniers temps :/

[joran]

Scrogneugneu ...
J'avais fait un petit topo pas trop mal ficelé sur un livre que je viens de finir, et l'envoi qui bugge!

Promis, je refais et j'édite dès que possible.

Me revoici.

Il s'agissait donc de: Coop Island, de Muriel De Rengervé, 126p.

L'histoire d'un naufrage, de l'organisation de la vie, de la naissance d'une société, de l'organisation d'une démocratie.

L'angle de traitement du sujet est intéressant.
J'ai trouvé le style de l'écriture assez banal.

Ce n'est pas de la France littérature mais le livre se lit bien, et rapidement.

Voilà.

Bonne lecture.

[kalimeris]

En ce moment, je lis La promesse de l'aube de Romain Gary, et je m'y ennuie... Heureusement, il y a quelques BD de Sera pour me distraire.

[shinoune]

Tiens, ça m'intéresse. Arrives-tu à cerner pourquoi il t'ennuie ?
Moi je l'avais beaucoup aimé mais il y a trente ans de ça (je crois), peut-être est-ce une question d'époque ? Aurait-il mal vieilli ?
As-tu lu d'autres livres de Romain Gary ?

A part ça, bonjour kiplingi, un peu tard pour te dire bienvenue mais, néanmoins, bienvenue parmi nous. Je t'ai lue depuis le début mais j'avais fait l'impasse sur le bonjour.
J'adore ton papillon, est-ce toi qui l'a peint ?

[noway]

Je viens de finir "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" de Harper Lee. Wouah....écrit vers 1960, mais l'action se passe en Alabama dans les années 30. Un avocat (blanc) défend un Noir accusé de viol..sur une blanche.
C'est écrit à travers les yeux d'une gamine (très très intelligente, la fille de l'avocat) et c'est génial...
Truc de ouf, une semaine après l'avoir acheté, je vois en librairie la suite ! Ecrit 50 ans après, par une auteure qui du coup n'avait fait que ce chef-d'oeuvre jusqu'à présent...

[joran]

Je viens juste de le voir en librairie. Le titre ne m'a pas attiré du tout, mais avec ton post, je vais y regarder de plus près

[noway]

Ben je t'avouerai que j'hésite un peu à acheter cette suite, d'une part parce que "est-ce qu'il va être aussi bon que le 1er", et d'autre part parce que la petite fille était vraiment attachante. c'était elle la narratrice et donc c'est elle aussi dans la suite, mais devenue adulte, alors j'ai peur de ne pas retrouver cette naiveté et cette tendresse...

[kalimeris]

Bonjour Shinoune ! Je n'ai pas peint mon avatar, c'est l'image de mon fond d'écran depuis fort longtemps, et impossible de retrouver le site d'où celle-ci provient !

Je pense avoir compris pourquoi La promesse de l'aube m'ennuie tant (je suis tout de même décidée à aller jusqu'au bout) : le personnage de la mère est cerné en quelques lignes. Du coup, toutes les autres phrases, paroles rapportées, descriptions, et références, et il y en a constamment, produisent un effet de répétitions stériles dès le départ. En dehors des références à sa mère, les réflexions philosophiques, culturelles ou historiques de l'auteur sont fort intéressantes (bien que je trouve que cela manque de poésie, d'humour, ou d'excentricité), mais elles sont trop rares, pas assez développées, et noyées dans le tissu verbal concernant la mère... à l'image de l'histoire que ce livre reflète, à savoir un petit garçon complètement dominé par l'omniprésence physique, verbale, et émotionnelle de sa mère. Cela aurait été plus intéressant et plus digeste en 120 pages. C'est surtout le personnage de la mère qui est indigeste, pas intéressant, pas attirant, et tellement antipathique que je l'aurais bien jeté à la poubelle.

Outre l'ennui, cette lecture provoque aussi de la colère, de la colère contre ce personnage maternel et féminin imbuvable, contre l'auteur qui ne fait que parler d'amour et de tendresse alors que le personnage qu'il décrit est tout sauf attendrissant. Cela ressemble à un syndrome de Stockholm, où l'aliéné adore son tyran, il incorpore tant et si bien son diktat, autant dans ses pensées que dans son comportement, qu'il poursuit son oeuvre autodestructrice en nommant cela "amour" et "admiration" (cela me donne envie de lui foutre des baffes à tout bout de champ pour le réveiller).
Un syndrome de Stockholm rabâché pendant plus de 400 pages (j'en suis aux 2/3), c'est triplement ennuyeux, affligeant, et peu intéressant, cette aliénation mentale ayant pour conséquences la pauvreté de la pensée et des mots.

Je suis très sévère avec ce pauvre Romain Gary... C'est le premier livre que je lis de lui. On m'avait aussi conseillé Les racines du ciel, mais j'ai choisi de commencer par La promesse de l'aube. Il va falloir que j'attende la semaine prochaine pour aller emprunter Les racines du ciel à la bibliothèque. Je ne veux pas rester sur ma première impression suite à un récit autobiographique qui comporte nécessairement une part plus ou moins importante d'assujettissement (mais bon, je préfère Vipère au poing comme style et comme contenu, quitte à avoir affaire à une mère abjecte, autant que ce soit violent, cruel, et explosif).

Peut-être la véritable auteure (par procuration) de ce livre est la mère de l'auteur, qui possède une fraction du talent littéraire de son fils écrivant malheureusement sous sa dictée et sous son joug, j'ai donc hâte de lire Les racines du ciel, dont le titre m'attire déjà, en espérant y trouver l'auteur qui en porte le nom !

[shinoune]

Merci beaucoup kiplingi d'avoir pris la peine d'analyser cet ennui que tu ressens à lire ce livre.
Ca m'interpelle, d'autant plus que je connais bien l'œuvre d'Hervé Bazin et que ta comparaison est intéressante.
J'ai pas trop le temps de te répondre correctement en ce moment mais j'y reviendrai ces prochains jours.