Intérêt pour la linguistique ?

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Obsidian
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Re: Intérêt pour la linguistique ?

Message par Obsidian »

Belgha a écrit : ven. 8 mars 2019 23:10 Serait-ce à dire que l'enfant en bas-âge est incapable de procéder à la dissection de la nature qui l'environne ?
S'il ne le peut, à quoi alors associe-t-il les tout premiers mots qu'il apprend ?
Techniquement, selon cette théorie, l'enfant en bas-âge va disséquer le monde qui l'entoure à travers le filtre imposé par les langues. J'en déduis que, toujours d'après cette théorie, l'enfant ne voit l'environnement que comme un "tout". Il possède une vision globale. Bien évidemment, si on lui montre un objet en le lui tendant, il verra cet objet "à part", comme "un", séparé du "fond". Mais c'est une fois le langage appris que les catégories vont se créer. L'exemple des couleurs marche toujours : admettons qu'un enfant voit les couleurs de la même manière qu'un adulte (je ne sais pas si c'est vrai ou non, mais imaginons). Si on lui montre une palette de nuances, il va clairement visualiser les différents tons de couleurs. Mais ce n'est qu'une fois avoir appris le langage qu'il pourra les réunir et les catégoriser : "ok, ça ce sont des nuances de jaune, ça, des nuances de rouge", etc, etc.
Il existe de nombreux niveaux d'analyse, de dissection et d'interprétation, le langage va jouer sur au moins l'un d'eux.
Mais il ne faut pas oublier que le relativisme linguistique date d'il y a déjà plusieurs décennies et a été clairement montré comme inexact.
Belgha a écrit : ven. 8 mars 2019 23:10Serait-ce lorsqu'il apprend le mot Maman qu'il découvre qu'il a une mère, et qu'il commence à la penser ?
Difficile pour moi de totalement répondre tant mon manque de connaissance sur cette théorie est fort. Je vais me contenter de donner mon avis : comme je l'ai décrit dans un commentaire plus haut, nous possédons différentes cases pour la même notion (case "éléphant-animal", case "éléphant-mot". Je sais que ça reste à prouver, je ferai les recherches nécessaires pour étayer mon propos). Dans le cas de la mère, nous pouvons imaginer qu'un enfant nait possédant déjà des capacités lui permettant de disséquer le monde. Une manière plutôt innée chez des nourrissons sains, propre à notre espèce et notre classe mammalienne. Un premier niveau d'analyse, le plus basique, que pourrait posséder un enfant (en très bas-âge, hein. Je parle des 0-1 an, ici) concernant sa mère serait "personne répondant à mes besoins --> confiance ("--> lien affectif" Celui-ci est entre parenthèse, parce que je pense que l'affection demande qu'un certain niveau de conceptualisation soit déjà atteint et approprié par l'enfant)". J'insiste sur le fait que ce niveau d'analyse est basique, primitif, presque binaire.
L'étiquette Maman ne vient apposer que plus tard des informations concernant cette personne. Et cette étiquette n'est pas forcément liée à la qualité des besoins apportés par cette dernière, ni même le lien biologique que possède l'enfant avec elle. Le terme Maman vient donner des renseignements pluridimensionnels sur un individu, lié à une société, une culture donnée et sur la relation que possède l'enfant avec cette personne (Maman est une appellation plutôt affective. Certains préféreront "mère" ou "génitrice", mais ça ne vient que plus tard, une fois que le petit devenu "grand" se sera approprié d'autres éléments [les sentiments, par exemple, sont biens plus complexes que les émotions, et nécessitent un certain développement]).
Est-ce que l'enfant est capable de "penser" sa mère sans connaître le mot la désignant ? Qu'entends-tu par "penser" ? Le conditionnement pavlovien n'est-il pas, en quelque sorte, signe d'une forme de pensée ? "Personne me nourrissant = plaisir = quand je vois cette personne je suis heureux" ? C'est extrêmement basique, mais j'y vois une logique qui se tient dans beaucoup de cas. Je préfère donc le terme "conceptualiser" à "penser". Le langage va en effet permettre à l'enfant de conceptualiser sa mère à des niveaux plus élevés.

(J'aurais bien voulu continuer à écrire un peu plus sur ce sujet, mais là, flemme ! Je vais me contenter de répondre au reste).

Belgha a écrit : ven. 8 mars 2019 23:10Et que dire alors d'un mot comme - j'y reviens, décidément - "oui" ?
Quant à ce "non" qui, une fois appris, surgit à tout bout de champ comme si ses graines avaient été semées tout au long des courtes années qui ont précédé ?
J'avoue ne pas bien saisir ces questions-ci. "Oui" est un terme faisant référence à un accord, une acceptation, ou une liberté. On peut clairement imaginer un mot différent pour chaque situation, ou chaque degré (du genre "moui", ou "grave !"). Je crois que ça existe plus ou moins en japonais, va falloir l'avis de spécialistes :D
J'ai oublié exactement les étapes de développement dans la vie d'un enfant, mais il me semble qu'il existe une phase du "non". Le négation n'est pas quelque chose de naturelle pour l'enfant. Il va dans un premier temps employer ce mot un peu à tort et à travers, pour mieux ensuite se l'approprier. Mais dans tous les cas, fais grandir un individu dans un environnement peuplé d'autres individus négatifs, y'a de fortes chances pour qu'il le devienne aussi ! (bienvenue en France :grin: ).

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