Vinyle Addiction

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enufsed
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Vinyle Addiction

Message par enufsed »

Voilà docteur, ils m'avaient prévenu, ils m'avaient dit, mes amis, de ne pas sombrer, de résister. Et je résistais figurez-vous, je ne cédais pas à ces pochettes aguicheuses, à ces teintes chatoyantes, à ce consumérisme destructeur de planète, j'étais fort.
Et puis que voulez-vous, mon beau-frère musicien m'a offert un double LP de son groupe...mais je n'avais pas de platine, et je rends toujours honneur aux cadeaux qu'on me fait, surtout si ce sont des oeuvres de l'esprit.
Vous comprenez ?
Je n'avais pas la choix.
(long silence)
J'ai acheté. Tout. La platine, l'ampli phono, le matériel de nettoyage, la balance, le niveau, les pochettes, et puis j'ai changé la cellule, et je vais bientôt recevoir mon meuble...parce qu'au bout de six mois j'en ai acheté plus de cent ! Et je ne sais même pas combien j'en attends, il me faut une feuille excel pour suivre mes commandes.
Parce qu'il y a une chose qu'on ne vous dit pas, c'est que le prix exorbitant des disques ne vous freine pas, au contraire, et puis il y a discogs, il y a les first press, il y a toutes ces distros avec ces galettes qu'on s'arrache.

Je lance ce sujet au hasard, si vous aussi vous avez succombé aux disques vinyles, venez en parler, partager vos expériences, vos doutes, vos questions, votre matériel.
Si ça intéresse du monde je posterai des choses un peu plus techniques (je suis loin d'être qualifié) et des articles sur l'impact environnemental (parce que quand on est militant écolo, c'est un peu coupable qu'on achète du PVC en VPC), le poids économique, les processus de fabrication, les pistes.
Pour les autres, ça m'intéresse de connaître votre regard sur les disques vinyles : effet de mode ? fausse audiophilie ? tentation ? pas assez de place, pas assez de sous ? Mais ça ne rentre pas dans mon smartphone dois je les rouler ? :zeus:

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Judith
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Re: Vinyle Addiction

Message par Judith »

enufsed a écrit : jeu. 9 nov. 2023 12:29 si vous aussi vous avez succombé aux disques vinyles, venez en parler, partager vos expériences, vos doutes, vos questions, votre matériel.
Je n'y ai pas encore succombé mais je devrais le faire dans un délai assez court. J'ai écouté des vinyles d'opéra chez un ami mélomane, et évidemment, c'est sans rapport avec les CD.
Comme je n'y connais pas grand chose, je lirai avec plaisir tout ce que toi ou quelqu'un d'autre postera sur ce fil. Je sais déjà quels disques j'achèterai mais je tergiverse encore pas mal sur les choix techniques (type de platine, etc.).
enufsed a écrit : jeu. 9 nov. 2023 12:29 fausse audiophilie ?
Pourquoi fausse? 8o La différence est réelle, comme celle entre une photographie argentique et une photographie numérique (sujet que je connais mieux sur le plan technique) : après, on peut tout à fait préférer les qualités propres du son numérique à celles du son analogique, c'est respectable. Les arguments écologiques en défaveur du vinyle sont également solides. Mais de là à prétendre que le vinyle est une escroquerie... :help:
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Fu
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Re: Vinyle Addiction

Message par Fu »

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Également dans l'idée de revenir à du son analogique, savez-vous s'il existe également un retour vers les cassettes et lecteurs de cassettes ? Ou autres lecteurs de bandes magnétiques ?

enufsed
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Re: Vinyle Addiction

Message par enufsed »

enufsed a écrit : jeu. 9 nov. 2023 12:29 fausse audiophilie ?
Pourquoi fausse? 8o La différence est réelle, comme celle entre une photographie argentique et une photographie numérique (sujet que je connais mieux sur le plan technique) : après, on peut tout à fait préférer les qualités propres du son numérique à celles du son analogique, c'est respectable. Les arguments écologiques en défaveur du vinyle sont également solides. Mais de là à prétendre que le vinyle est une escroquerie... :help:
Merci pour la perche tendue, je vais bosser ce week-end pour proposer un topo sur le débat numérique / analogique : il y a plein de gens très compétents dans ce domaine, je proposerai quelques articles et vidéos. C'est en vérité très complexe et il est surtout question de dissocier fidélité et ressenti, la première est du côté du numérique (CD) la seconde, souvent du côté du vinyle, mais c'est effectivement affaire de goût. :)
Pour l'écologie, je le ferai dans un second temps, là encore, le plus polluant n'est pas forcément celui qu'on croit.

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Re: Vinyle Addiction

Message par enufsed »

Fu a écrit : ven. 10 nov. 2023 10:36
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Également dans l'idée de revenir à du son analogique, savez-vous s'il existe également un retour vers les cassettes et lecteurs de cassettes ? Ou autres lecteurs de bandes magnétiques ?
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Oui, beaucoup de petites distros et groupes underground sortent des cassettes, mais bon là c'est quand même un peu ressortir son lecteur betamax :D

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InMedio
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Re: Vinyle Addiction

Message par InMedio »

Salut, je me permets de marcher un peu sur tes plates-bandes mon cher nuf nuf.

@Judith il faut savoir faire attention aux petites mentions concernant les nouveaux vinyles réédités si on veut se mettre à l'abri de mauvaises surprises.
En effet des éditeurs peu scrupuleux on cru bon de simplement presser un MP3 sous forme de vinyle. J'ai un Brother in Arms assez récent qui n'est guère écoutable quand on a écouté le CD sur une belle sono des centaines de fois en jouant au Go (oui la dernière partie de la phrase aide à apprécier le son, si si)
Autant tout vinyle d'époque est exempt de ce genre d'entourloupe, mais tout ce qui est repressé, réédité, version anniversaire ou je-ne-sais-quelle autre astuce marketing est susceptible d'être autre chose que le master analogique.

Pour ce qui est de l'audiophilie et de savoir faire la différence entre un échantillonnage de 44,1 et 48 voire plus, un bitrate de 320 mbps et un format sans compression mais qu'en fait il y en a quand même... Le sujet est trop vaste pour moi et je crois qu'il y a des gens dans le coin très très au point sur tout ça.
Mais j'ai mon avis personnel : le Mp3 peut être de très très bonne qualité au point qu'on ne sent pas la différence avec un fichier dit de grande qualité.
Vous ne pouvez pas prouver que quelque chose n'existe pas, mais vous pouvez conclure qu'il n'y aucune raison de penser que ce quelque chose existe.
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Re: Vinyle Addiction

Message par Fu »

:wait: Pour ceux ou celles qui se demandent pourquoi l'analogique serait mieux, et pourquoi c'est mal de presser un vinyle à partir d'un mp3 :
► Afficher le texte
Après, la question est : est-ce que tout un chacun est capable d'apprécier la différence entre le numérique et l'analogique ? Il faudrait sans doute une comparaison côte à côte, avec les mêmes enceintes, même volume, même endroit, etc., pour se rendre compte. Je n'ai jamais fait l'expérience. On entendra certainement la différence de qualité entre un mp3 un peu trop compressé et de l'analogique, mais entre un CD et de l'analogique ? Les spécialistes disent que oui. Sur YouTube, on peut trouver des albums complets en version vinyle, avec des commentaires de gens qui trouvent que c'est vachement mieux. Cela n'a aucun sens, puisque par définition le son que l'on entend sur YouTube est en ligne, donc numérisé et compressé avec perte de données. :lol:

Et sinon, môssieur @enufsed, les cassettes sont portables, ce qui les rend plus intéressantes que le vinyle à mes yeux. :) Mais une rapide recherche révèle qu'il n'y a pas grand-chose qui soit édité en cassettes… Bon, de toute façon je ne sais plus où j'ai mis mon baladeur du lycée… Il est sans doute avec mes patins à roulettes et mon t-shirt waïkiki fluorescent. Et mes cheveux.

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Re: Vinyle Addiction

Message par InMedio »

Fu tu complètes admirablement mon début de propos !

L'échantillonnage de la musique enregistrée sous format numérique est à mettre en relation avec la capacité humaine "d'échantillonnage".
Le cerveau a ses limites dans le traitement du son. Que ce soit dans la hauteur des notes ou dans leur durée, il y a un moment où il devient physiquement impossible de différencier deux notes tant elles sont proches en hauteur, parce que les cils dans l'oreille captent certaines fréquences ; et entre deux sons séparés par un silence parce que la transmission de l'information dans le cerveau n'est pas instantanée.

Je ne sais plus où j'ai vu / entendu ça, mais il y a une belle histoire à raconter sur l'astuce qui a été trouvée pour qu'en un seul sillon on puisse avoir un son en stéréo.

(Je suis content de ce sujet sur les vinyles, je tiens à le dire !)
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Judith
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Re: Vinyle Addiction

Message par Judith »

@InMedio merci de la mise en garde. J'ai entendu parler de ces pratiques, je ferai attention. :)
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Tamiri
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Re: Vinyle Addiction

Message par Tamiri »

Pour ce qui me concerne, comme j'ai désormais un âge canonique (surtout pour un chat, 46 ans, pensez-donc), il y avait des disques et une platine au domicile familial (et même deux, en fait : une platine plus ambitieuse pour la chaîne du salon, et un "électrophone" qui l'avait précédée avant d'aboutir dans ma propre chambre). De ce fait, je n'ai jamais perdu l'habitude de m'en servir.

Dans le domaine qui concentre la majorité de mes acquisitions en matière d'enregistrements (sans surprise : l'opéra et genres connexes), le CD n'occasionne pas de pertes majeures, sauf erreur de ma part. En pratique, si je ne m'abuse, le CD est conçu pour pouvoir accueillir sans perte l'équivalent d'une heure et quart d'enregistrement, il devrait en résulter que quand les éditeurs ne cherchent pas à les faire durer plus longtemps, cela n'impose pas une compression dommageable des fichiers. Pour ma part j'ai donc pris l'habitude de me méfier seulement quand la durée d'enregistrement d'un CD dépasse clairement cette durée, ce qui arrive avec des rééditions où, parfois, on se propose de nous vendre en un seul disque ce qui initialement en prenait deux.

Dans mon usage actuel, j'avoue ne pas être capable d'établir une hiérarchie entre les deux supports car, même quand on compare un même enregistrement sous les deux formes, le travail réalisé au moment du report sur l'un ou l'autre des deux procédés à partir des mêmes masters peut produire des différences auxquelles s'ajoutent les caractéristiques de lecture inhérentes à chacun (le bruit de lecture du vinyle contre son absence dans le CD...) et le fait que je ne compare peut-être pas ce qui est comparable, j'ai changé récemment de platine vinyle alors que ma platine CD a passé les trente ans, j'ignore si cela entre en compte.
J'avais un enregistrement sur CD dont je détestais absolument le rendu sur certaines voix (il s'agit d'Orlando furioso de Vivaldi par Claudio Scimone), j'ai acheté les vinyles d'occasion et il s'avère qu'un mauvais sort a été lancé quelque-part au moment du report sur CD. Comme j'ai ce même problème avec... deux éditions CD du même enregistrement (La Dame Blanche par Pierre Stoll, l'édition CD des années 2000 s'avérant meilleure que celle des années 1980 où tout semble écrasé, par curiosité je me demande ce que donnent les éditions sur vinyle), je ne sais pas trop ce qui relève de la différence entre les supports, du travail des techniciens au moment des éditions et rééditions successives, ou tout simplement de l'état des matrices au moment du pressage de l'un ou l'autre des disques que je possède. Disons que selon mon expérience personnelle, j'ai eu quelques déconvenues avec le CD apparemment liées à la qualité du report, alors que les désagréments que j'ai pu avoir avec le vinyle provenaient vraisemblablement plutôt de l'état d'usure physique des disques.

Le cas du Vivaldi évoqué est une des quelques fois où c'est l'achat du vinyle qui a "sauvé" l'affaire et où j'ai bazardé le CD équivalent sans regret, et pour le coup je n'ai acheté ce doublon que parce que, trouvant la version vinyle en parfait état pour un prix ridicule, j'ai tenté le coup à tout hasard. Dans un autre cas, en l'occurrence le récital Arien aus der Berliner Operngeschichte de Jochen Kowalski : je l'avais en CD, où quelque-chose de distinct de la musique elle-même me gênait, à savoir qu'on entendait assez distinctement, parfois... le chef d'orchestre qui fredonne/marmonne. J'ai acheté le vinyle, non parce que je pensais que ça changerait quelque-chose sur ce point, mais parce que ça me faisait plaisir d'avoir l'édition originale qui était un des produits dérivés officiels des 750 ans de Berlin en 1987. Vinyle sur lequel ce désagrément ne figure pas. Je ne sais pas si c'est lié à une différence technique entre les deux supports qui aurait malencontreusement fait remonter à la surface un signal non perceptible en temps normal, ou si c'est un manque de soin lors du report sur CD.
Dans d'autres cas, c'est sur la foi d'articles critiques que j'ai pu prendre ponctuellement la décision de rechercher plutôt telle ou telle édition en vinyle plutôt que la réédition CD... oui l'inverse.

Pour ma part, l'une de mes motivations va être de trouver des enregistrements non réédités en CD. Sur le marché du classique et du lyrique plus précisément, ce qui fait globalement figure de "référence" reste régulièrement réédité, en revanche il y a des esthétiques ou des répertoires qui, parce qu'ils se trouvent de nos jours et pour une durée inconnue envoyés au "purgatoire" par le goût dominant des consommateurs, ne sont pas facilement trouvables. Je pense notamment aux versions traduites en français telles que pratiquées jusqu'au milieu du vingtième siècle, au style de chant en vigueur du temps des troupes permanentes à Paris, ou à certains pans du répertoire "léger".

Enfin, l'aspect matériel prend dans mon cas une importance certaine. Ça n'est que dans une minorité de cas une affaire de "collection" comme dans le cas évoqué du disque de Kowalski. L'agrément de l'objet (la pochette) y est parfois pour quelque-chose, mais plus généralement, c'est à cause d'un objet annexe, la brochure. Dans le cas de l'opéra, disposer du livret est une chose qui va de l'agréable à l'indispensable, or il se trouve aussi que j'ai des problèmes de vue. Les intégrales d'opéra se présentent généralement sous la forme d'un coffret cartonné de plusieurs disques, et la brochure jointe va avoir le format dudit coffret, soit : large pour un vinyle, tout petit pour un CD. Donc si j'ai le choix, plutôt que de m'écorcher les yeux, je vais préférer le grand format. Dans le cas d'œuvres plus courtes, le texte va simplement être imprimé sur la jaquette d'un vinyle (laquelle se déplie parfois en deux) et donc ça reste moins minuscule que dans le cas d'un CD.
► Afficher le texte
InMedio a écrit : sam. 11 nov. 2023 09:52Je ne sais plus où j'ai vu / entendu ça, mais il y a une belle histoire à raconter sur l'astuce qui a été trouvée pour qu'en un seul sillon on puisse avoir un son en stéréo.
Pour mémoire, on a un sillon en forme de V dont les deux pentes forment un angle droit, et dans la tête de lecture, l'aiguille communique la vibration à deux bobines elles-mêmes placées en angle droit, l'une à 45 et l'autre à 135° par rapport à l'horizontale, de sorte que l'on enregistre un canal par côté du sillon. L'astuce est intéressante parce que les premières tentatives, si je ne m'abuse, envisageaient d'utiliser le déplacement horizontal pour un canal et la profondeur variable du sillon pour l'autre canal, ce qui, en raison entre autres de la force d'appui de la tête de lecture sur le disque, donnerait une qualité de restitution trop inégale entre un côté et l'autre.
Mais surtout il y a eu des tentatives avec des disques à deux sillons parallèles et avec des bras portant deux têtes de lecture, une de ces solutions ayant été brièvement commercialisée dans les années 1950. Je crois que c'est le charmant monsieur qui tient un petit musée privé à Montmartre qui m'avait parlé de ça. Sachant que chez lui, on trouve également un objet parfaitement roublard censé donner une vague illusion de stéréophonie : un appareil comportant deux bras et deux aiguilles et deux pavillons sur un seul disque 78 tours. Evidemment c'est un enregistrement strictement monophonique, et en fait, comme les deux aiguilles passent dans le même sillon l'une après l'autre, leur proximité associée à la rotation rapide du 78 tours fait qu'on n'y entend pas que de la bouillie : en fait, le léger décalage entre les deux aiguilles et donc entre les deux pavillons, et leur réglage respectif par lequel le premier est plus puissant que le deuxième, produit l'illusion d'une légère réverbération. Le tout, associé à l'effet psychologique de voir deux pavillons de grande taille, donne l'illusion d'un son spatialisé. Pour avoir entendu la chose lors d'une démonstration, j'admets qu'il y a un petit quelque-chose auquel on se laisse prendre.
enufsed a écrit : ven. 10 nov. 2023 11:49Pour l'écologie, je le ferai dans un second temps, là encore, le plus polluant n'est pas forcément celui qu'on croit.
J'imagine que la vraie question se situe au niveau de la pollution engendrée par la fabrication et le transport de l'un ou l'autre.
Mais dans ma propre consommation, qui repose avant tout sur de l'occasion en ce qui concerne le vinyle, l'avantage est clairement à ce dernier, et pas seulement parce que l'achat d'occasion, par définition, n'engendre pas de nouvelle production de plastique :
Quoique plus petit, le CD est encore souvent accompagné de son boîtier transparent. Celui-ci réalisé dans un plastique genre polyéthylène, polypropylène et autres, ayant la caractéristique notoire d'être cassant et impossible à réparer avec de la colle. Donc il m'est arrivé de nombreuses fois, en particulier lors de déménagements, d'en casser et de racheter des boitiers de remplacement. De ce fait, la quantité de plastique que j'ai envoyé à la poubelle, y compris à des époques où les poubelles de tri n'existaient pas dans nos villes, est supérieure avec le CD. Avec le vinyle, le seul plastique que j'ai pu jeter est le film d'emballage autour de la pochette carton quand le disque est "neuf" ou qu'il a été reconditionné de cette manière par le vendeur.
Pour faire complet, il faudrait, j'imagine, ajouter dans la balance le coût environnemental de la fabrication et de la distribution des platines des deux types (on peut supposer une plus forte consommation de terres rares et autres dans la production des platines CD notablement plus de composants électroniques ?), leur durée de vie et leur consommation électrique ?
Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil

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Re: Vinyle Addiction

Message par Judith »

@InMedio merci de la mise en garde. J'ai entendu parler de ces pratiques, je ferai attention. :)
Tamiri a écrit : sam. 11 nov. 2023 15:23 Dans le domaine qui concentre la majorité de mes acquisitions en matière d'enregistrements (sans surprise : l'opéra et genres connexes), le CD n'occasionne pas de pertes majeures, sauf erreur de ma part.
Je n'ai pas de compétences techniques pour affirmer quoi que ce soit, mais je me demande s'il est possible de généraliser autant. Est-ce que ça ne dépend pas de la qualité des vinyles et des CD en eux-mêmes? Il existe beaucoup de mauvais vinyles, à ma connaissance. Il y a plusieurs procédés pour en fabriquer et tous ne se valent pas. Et la nature de la platine joue aussi. Mon ami m'a recommandé, si j'achetais des vinyles, de ne pas y mettre moins de 40 euros par galette, et de miser sur une platine haut de gamme (donc d'un prix supérieur à 1000 euros). Selon lui, pas la peine d'acheter des vinyles à bas prix, ni une platine de milieu de gamme. A-t-il tort?
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Re: Vinyle Addiction

Message par Tamiri »

Judith a écrit : sam. 11 nov. 2023 16:39 Je n'ai pas de compétences techniques pour affirmer quoi que ce soit, mais je me demande s'il est possible de généraliser autant. Est-ce que ça ne dépend pas de la qualité des vinyles et des CD en eux-mêmes? Il existe beaucoup de mauvais vinyles, à ma connaissance. Il y a plusieurs procédés pour en fabriquer et tous ne se valent pas. Et la nature de la platine joue aussi. Mon ami m'a recommandé, si j'achetais des vinyles, de ne pas y mettre moins de 40 euros par galette, et de miser sur une platine haut de gamme (donc d'un prix supérieur à 1000 euros). Selon lui, pas la peine d'acheter des vinyles à bas prix, ni une platine de milieu de gamme. A-t-il tort?
C'est une autre question que le principe de base. Quel que soit le procédé de reproduction, un support ou appareil dont la fabrication est bâclée suppose forcément des problèmes, mon propos s'entend donc : à soin "égal" quant à la qualité de fabrication. Les revendeurs du marché de l'occasion semblent avoir mis en place un système de cotation à peu près utilisé partout en Europe (c'est-à-dire que les "notes" attribuables sont assorties de critères qui tentent d'objectiver le jugement sur l'état du disque) et, pour ma part, je minimise les risques de déconvenue en n'achetant jamais rien en dessous des notes "mint" ou "near mint". Par ailleurs, s'agissant non de l'état de conservation mais des qualités physiques initiales du support, il y a une nette diminution du grammage des disques vinyles dans les dernières décennies de production, ce qui fait qu'a priori des disques de plus en plus légers et de moins en moins rigides peuvent être beaucoup plus facilement sujets à déformation, pouvant se voiler s'ils ont été soumis à de mauvaises conditions de stockage ; pour cette raison on lit ici et là qu'il peut être préférable de privilégier, quand ils existent, les tirages remontant à des époques où les disques étaient plus épais et plus rigides. Sur l'occasion, le prix n'est pas une indication de qualité car le degré de rareté entre en ligne de compte d'une part, et les intentions du revendeur d'autre-part.

Je n'ai aucune idée de ce qui se vend en disques neufs actuellement, l'offre reste marginale sur le lyrique et j'imagine que si la majorité des nouveaux enregistrements continuent de sortir prioritairement sur CD, c'est qu'il ne doit pas y avoir d'avantage strictement déterminant s'agissant d'enregistrements actuels. Et j'imagine que c'est sur des disques neufs que le critère prix peut être un indicateur fiable, en permettant de s'assurer d'un certain soin dans la fabrication. Même si, indépendamment de la qualité du matériau du support et des machines utilisées pour le pressage, ou encore du soin apporté au transport, au stockage et au conditionnement, comme le signalait InMedio, des éditeurs ont été pris en flagrant délit de reporter sur des vinyles un matériau sonore issu d'un format numérique plus compressé que nécessaire, à commencer par la Deutsche Grammophon Gesellschaft qui s'était ponctuellement adonnée à cette pratique.

Quant au matériel de lecture, pour ma part j'ai remplacé récemment une platine achetée initialement par mes parents dans les années 1970 qui était en train de rendre l'âme par un modèle autour de 700€ pour lequel j'ai choisi quelque-chose d'entièrement manuel pour m'assurer qu'il n'y aurait pas une part du prix partant dans des fonctions accessoires. La comparaison (tout à fait subjective puisque ne pouvant pas reposer sur l'écoute de choses absolument identiques, l'une sur CD et l'autre sur vinyle) me donne l'impression qu'il n'y a pas de déperdition préjudiciable du côté vinyle et donc que je n'ai pas à regretter de n'avoir pas mis plus cher dedans. Et comme il se doit, le tout est vraisemblablement influencé par, dans le désordre : le reste du matériel qui n'est pas toujours de toute première fraicheur ; les enceintes qui sont au format dit "bibliothèque" pour des raisons d'encombrement ; la disposition générale de la pièce et des enceintes dans la pièce qui est très loin de l'idéal dans la configuration actuelle, j'essaierai de faire mieux dans le prochain appartement où je vais avoir plus de place ; des disques qui ont souvent un certain nombre d'heures de vol ; j'ai remplacé un milieu de gamme au comportement devenu aléatoire par un milieu de gamme manuel flambant neuf et "un peu plus chic / un peu moins industriel", de deux générations chronologiquement très éloignées : une partie de l'amélioration est peut-être dans ma tête...
Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil

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Re: Vinyle Addiction

Message par Fish »

L'histoire des marches d'escalier du numérique est assez intuitive... mais fausse. Les convertisseurs numérique > analogique sont suivis d'un filtre passe-bas qui "gomme" ces marches et rend le signal beau et lisse. Pour aider encore un peu plus, on sur-échantillonne, pour permettre des filtres passe-bas pas trop raides. Il n'y a à peu près aucun paramètre technique où le vinyle est supérieur au CD. Le seul point éventuel est l'extension dans l'aigu, qui peut atteindre 30 voir 40kHz en vinyle contre 20kHz en CD. Mais:
- seuls les jeunes enfants entendent au delà de 20kHz. Avec l'âge, la limite peut descendre à 10kHz ou moins.
- seules de très bonnes cellules vinyles atteignent ces performances. Les cellules "correctes" sont plutôt limitées à 16kHz environ. Quelqu'un ici a mis 300 euros juste dans la cellule ?
- rien n'assure que le disque qu'on passe ait une bande passante allant aussi haut dans l'aigu. En général on évite, car c'est plus du souffle que du signal.

Ce n'est pas la qualité de restitution du support qui donne un avantage au vinyle. L'impression de meilleure qualité est laaaaargement un effet placebo. Mais ça n'enlève rien au plaisir de manipuler un support noir satiné, avec une technologie simple qu'on comprend, où la musique parait presque palpable, et ce plateau hypnotique avec sa rotation zen à 33t/min.

Il y a aussi un effet qui n'est pas du tout placébo: la qualité du signal enregistré. La course au volume - loudness war en anglais - est une forme d'ultra-libéralisme appliqué à la production musicale: il faut que mon CD sonne plus fort que celui des autres artistes - pardon, des artistes concurrents - parce que plus fort, c'est mieux. Ca a poussé à compresser la dynamique (*) largement au delà du raisonnable. Le marché du vinyle étant destiné à quelques passionnés, on se permet de moins compresser. Le support qui a les meilleures capacités s'est retrouvé avec des mixages pourris, et le support le plus limité avec des mixages soignés.
Ce phénomène a pris son ampleur dans les années 90 avec le passage au mixage sur ordinateur et l'apparition de "peak limiters" (limiteurs crête) comme le Waves L1. Il a plus affecté certains genres que d'autres. Le classique et le jazz ont été en partie épargnés. Personnellement je trouve que dans ces deux genres musicaux le CD surpasse de beaucoup le vinyle. Je ne suis vraiment pas un fan du classique en vinyle, où les orchestres sont extrêmement brouillons.

J'ai grandi avec la fin du vinyle et le début du CD. Je suis revenu en partie au vinyle par un coup du destin. Il y a une petite dizaine d'années, j'ai récupéré sur le trottoir en bas de chez moi une platine très correcte, mais avec un défaut de rotation. Un petit nettoyage des contacts électriques à l'alcool à 90° et elle est repartie comme en 45. J'ai acheté quelques vinyles d'occasion, quelques ré-éditions neuves aussi, puis je me suis calmé: outre le prix élevé, je me suis dit qu'acheter du vinyle neuf était un peu une hérésie. En revanche, ça m'arrive toujours de fouiner dans les vide-greniers, en espérant trouver une perle entre un disque poussiéreux de Michel Sardou et un disque de Michel Sardou poussiéreux.

(*) ne pas confondre compression de dynamique et compression de données, cela n'a rien à voir.

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InMedio
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Re: Vinyle Addiction

Message par InMedio »

J'ai adoré ton dernier paragraphe, parce que je m'y reconnais totalement ! Je n'achète des vinyles qu'en brocante, et que des trucs pré loudness War (quoique j'aie pu voir passer des éditions vinyles de Californication...) Et en fait très ciblé 60-70-80 soit Genesis, Pink Floyd, Yes, Rush, Tangerine Dream, ELP, Marcel Dadi, j'ai trouvé un beau Harvest, un Deep Purple Made in Japan en excellent état et récemment Masque de Kansas et Communiqué de Dire Straits.

Je crois que c'est ça qui me plaît : chercher des vieux trucs un peu rayés d'une époque révolue que je n'ai même pas connue, mettre la galette sur le truc qui tourne, enlever la poussière, monter le son et retourner dans le canap.
Ma platine m'a été léguée par ma grande tante qui écoutait la compagnie créole à Noël pour mettre l'ambiance. Ce n'est pas qu'un lecteur de vinyle, il faut aussi lecteur de cassettes et radio, elle est énorme et pèse lourd. En famille en son souvenir on a fait tourner ce gros machin pas pratique bien des fois avant de remettre en route d'abord les iPods il y a quelques années, aujourd'hui les Spotify et autres Deezer avec leurs playlists.
Vous ne pouvez pas prouver que quelque chose n'existe pas, mais vous pouvez conclure qu'il n'y aucune raison de penser que ce quelque chose existe.
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Judith
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Re: Vinyle Addiction

Message par Judith »

@Tamiri j'avais mal compris ta phrase, merci d'avoir précisé. :)
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Troglodyte-mimi
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Re: Vinyle Addiction

Message par Troglodyte-mimi »

@fish hier j’avais commencé à taper un petit mot pour dire que, pour moi, ce qui faisait l'essentiel du charme des anciens disques c'était surtout la possibilité de se mettre devant l'objet et de le regarder fonctionner avec un coté fascinant! On dirait que je ne suis pas la seule : "et ce plateau hypnotique avec sa rotation zen à 33t/min." :-)

enufsed
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Re: Vinyle Addiction

Message par enufsed »

C’est super de voir vos interventions et je n’ai finalement pas grand chose à ajouter (je vais quand même dire deux trois trucs). Je sais qu'il y a plus calé que moi, j'apprends plein de choses en rédigeant tout cela, n'hésitez pas à me corriger.

Commençons par le commencement : c’est quoi un disque vinyle ?
Les disques vinyles sont comme leur appellation l’indique fabriqués en polychlorure de vinyle, c’est-à-dire le PVC : le signal musical est un sillon (un seul !) gravé mécaniquement et dont les reliefs vont modifier l’onde sonore lue par le diamant. Le caractère analogique du processus tient au fait que le signal électrique n’est pas converti en données numériques mais amplifié et corrigé tout au long de la chaîne pour parvenir jusqu’à nos oreilles.
En vérité il est audible dès l’instant où le diamant parcourt le sillon, il suffit d’approcher son oreille du disque pour entendre distinctement la musique, c’est ce que faisait l’ancêtre phonogramme qui n’avait d’autre amplification que le cornet qui lui était adjoint.
Cette gravure physique est contrainte par les limites du support PVC notamment concernant la plage dynamique et la bande passante : la première décrit l’amplitude de volume ressenti, c’est-à-dire l’écart entre un son presque étouffé et un fort volume. C’est effectivement le coeur de la Loudness War qui sévit depuis les années 80-90 dans les productions sonores et qui est heureusement remise de plus en plus en cause par les nouvelles générations d’ingénieurs son. La seconde décrit la capacité du signal sonore a monter dans les aigus et descendre dans les graves.
La restitution sur support physique vinyle de ces deux nuances composant la richesse du signal musical se heurte à deux écueils :
- Dans les graves et forts volumes la gravure est plus profonde et large : ceci imposerait alors d’écarter au maximum l’écart du microsillon sauf à risquer de voir le burin de gravure écraser le sillon voisin (oui c’est le même sillon, c’est par facilité que je dis cela) et rendre le disque illisible ou à faire sauter le diamant.
- Dans les aigus et faibles volumes : la faiblesse de gravure entraîne des distorsions phoniques, le son se perd dans le bruit de fond, on génère de la sibilance et accessoirement le diamant peut chauffer
Pour espérer restituer correctement la richesse sonore d’une musique il faudrait écarter le sillon et ceci conduirait à des disques 33t avec des faces ne proposant que quelques minutes de musique.

Pour toutes ces raisons, la gravure vinyle doit se faire dans des limites que l’on compense par le préampli phono en suivant une courbe connue sous le nom de courbe RIAA : il s’agit à la gravure de baisser les graves et de booster les aigus, et en préamplification on effectue le chemin inverse afin d’égaliser la courbe. Malgré tout le support vinyle est limité à une amplitude de 60db contre 90-100db sur un support numérique et une plage dynamique de l’ordre de 20khz.
Image

Donc du point de vue strictement technique, le support vinyle serait moins fidèle que le CD ou le numérique.

C’est aussi en vertu de ces contraintes techniques qu’en théorie le vinyle nécessite un vrai travail de mastering dédié : notamment la prise en compte de la différence de distance par seconde parcourue par le stylus entre la périphérie et le centre du vinyle, la restitution des dynamiques et de la bande passante est plus complexe au centre et peut générer des artefacts sonores si on ne choisit pas correctement la répartition des morceaux et la durée de chaque face. Par ailleurs le choix du maxi 45t peu s’avérer judicieux : la vitesse accrue permet une plus grande richesse sonore (j’ai chez moi un collector du groupe Just Mustard sur 2 disques maxi 45t, c’est absolument merveilleux, un de mes meilleurs disques sinon le meilleur en terme de présence sonore).

Deux textes intéressants qui synthétisent pas mal de choses que j’ai lues :
En anglais : https://www.furnacemfg.com/vinyl-record ... 0your%20LP.
En français (j’ai pas terminé la lecture, c’est technique) : http://jeanluc.rigal.free.fr/files/prin ... -vynil.pdf

Je rejoins tout à fait la remarque de @Fish sur l’argument mythologique de la courbe continue de l’analogique versus la succession d’échantillons du numérique qui expliquerait la chaleur du vinyle. En vérité il existe un théorème qui résout cette apparente différence : le théorème de Nyquist-Shannon qui énonce qu’une restitution sonore optimale implique un échantillonnage deux fois supérieur, ce qui explique pourquoi les CDs sont échantillonnés à 44,1kHz pour couvrir un spectre audible jusqu’à 22,05kHz. Au-delà de ces considérations la fidélité au son va concerner la juste restitution des harmoniques mais là c’est un sujet qui me dépasse.



Loudness War

Je partage aussi une vidéo sur la Loudness War (traduite Guerre du volume) évoquée par @Fish qui a en un sens toujours existé mais a explosé dans les années 90 avec l’arrivée du support numérique qui a permis de s'affranchir des contraintes inhérentes au support vinyle dans un monde où la consommation au quotidien et itinérante de la musique explosait . La technique très bien expliquée dans la vidéo consiste à augmenter la « sonie » (terme que je découvre à cette occasion) en augmentant artificiellement le volume ressenti alors que le volume réel reste le même. On observe alors une compression globale du signal qui entraîne un effondrement de la dynamique.
Vidéo intéressante, propos clair et concis, ses autres vidéos le sont tout autant pour ce que j'en ai vu
https://www.youtube.com/watch?v=cBaNW1XFMC0

C’est intéressant par ailleurs de voir combien cette recherche au son le plus fort a modifié notre rapport et celui de l'industrie à la musicalité.
https://www.cairn.info/revue-sociologie ... ge-361.htm

Le Mastering
Comme l’a signalé @InMedio une bonne partie de la qualité sonore du disque dépend du mastering, et de ce point de vue la recherche du AAA (la full analog chain, un peu l’équivalent en vinyle du 5A dans le monde de l’andouillette) est quasi illusoire aujourd’hui. Personne ou presque n’enregistre plus en analogique et le mastering vinyle est souvent issu d’un fichier numérique commun à tous les supports. Pire les rééditions sont souvent affectées par la loudness war et on récupère des repress issus de fichiers médiocres.
Cependant des initiatives louables voient le jour : on peut citer les disques de chez MOFI (qui compte tenu de leur prix n’échappent pas à la controverse, cf. Thriller) et pour les metalleux, Earache records a réédité certains piliers de son catalogue (Entombed, Carcass, Napalm Death…) en FDR (Full Dynamic Range) pour lesquels les retours sont élogieux.

Article simple et sympa sur le sujet (même s'il nous refait un peu le coup des escaliers numériques !)
https://www.vinyle-actu.fr/source-maste ... efinition/

J’arrête pour l’heure car je vais ensuite revenir sur ce que chacun a déjà évoqué ici : le sentiment musical, la manière dont on ressent la musique. Et je vais totalement dans le sens de ce qui a déjà été évoqué, l’impression sonore véhiculée par le vinyle est très largement tributaire, à mon sens, de facteurs côté utilisateur. Mon ressenti personnel du vinyl a été immédiatement supérieur à celui que j'avais avec d'autres sources pourtant de qualité. À la lumière de ce que je viens de décrire, cette supériorité n'est pas due à une plus grande fidélité, au contraire. Alors j'essaierai de comprendre ce qui dans mon rapport à la musique explique ce ressenti.

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Re: Vinyle Addiction

Message par Cyrielle »

J'aime bien vous lire et essayer de comprendre toutes vos explications techniques... qui me semblent à l'exact opposé de celles qu'on nous servait à l'arrivée du CD :huhu:.

Mais est-ce que je suis la seule à n'avoir eu dans l'enfance qu'une platine pourrie (et beaucoup plus de cassettes enregistrées que de vinyles), et à avoir vu et surtout entendu arriver le CD avec délices quand j'étais à peine adolescente ?
Un des premiers albums que ma sœur a mis dans sa chaine HI-FI Sony était The Wall des Pink Floyd, et moi j'étais en extase... idem pour Telegraph Road de Dire Straits. Ces solos sans crissements, sans entendre le souffle du mouvement... Je retrouve encore l'émotion que j'en avais ressentie. La chaine avait aussi une platine pas trop mauvaise, mais notre choix a été vite fait entre les deux supports.
Mon ainée a gardé tous les vinyles, réinvesti récemment dans du matériel entrée de gamme et acheté quelques rééditions (Noir Désir en live). Ben je crois que mon oreille de profane est trop habituée aux CD que je préfère encore aujourd'hui :honte: !
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Re: Vinyle Addiction

Message par Tamiri »

L’arrivée du CD est une autre affaire, pour ma part, notamment en raison du répertoire que je privilégie, le côté pratique sautait aux yeux. Sur une intégrale d’opéra, la possibilité de sauter directement à une plage autorise une écoute parcellaire, où au lieu d’écouter une partie complète de la pièce on se compose son propre récital avec des extraits. Ou de reprendre où on avait laissé l’écoute la fois d’avant, ce qui ouvre une relation différente à l’œuvre (picorer ou tout parcourir, au choix), selon des modalités que le passage de la VHS au DVD a par ailleurs reproduites pour les films. Et puis pour une écoute continue, on se lève deux fois moins souvent qu’avec le vinyle puisqu’il faut toujours changer de disque, mais plus de face.
Du reste, notre première platine CD (celle qui tourne toujours chez moi actuellement d’ailleurs, elle a largement passé les 30 ans) avait une télécommande, donc même pour mettre en pause ou sauter un passage, plus besoin de se lever.
Un peu plus tard, le CD comme la cassette permettait d’emporter de la musique avec soi, et je ne parle pas que des baladeurs : un lecteur portable permettait d’écouter de la musique dans n’importe quelle pièce de la maison.

Cependant, comme je le disais, je n’ai jamais totalement cessé d’utiliser le vinyle tout simplement parce qu’il n’était pas envisageable de racheter en CD tous les enregistrements que j’aurais voulu garder. Inversement, je n’y avais jamais réfléchi mais il me semble qu’au contraire, beaucoup de gens avaient bazardé disques et matériel avant de s’y remettre plus récemment pour certains (ce qui ressort entre autres du témoignage de Nuf-Nuf). Ceci m’intrigue, finalement : est-ce que la plupart des gens avaient à l’époque renoncé aux disques qu’ils avaient déjà, ou tout racheté en CD, où avaient pensé leurs disques irrécupérables le jour où leur matériel avait rendu l’âme, ne sachant pas qu’il se revendrait des platines neuves un jour ?
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Re: Vinyle Addiction

Message par Judith »

Tamiri a écrit : mar. 14 nov. 2023 19:22 Ceci m’intrigue, finalement : est-ce que la plupart des gens avaient à l’époque renoncé aux disques qu’ils avaient déjà, ou tout racheté en CD, où avaient pensé leurs disques irrécupérables
En ce qui me concerne, je pense que c'est la troisième option qui a prévalu, suivie de la deuxième. Quand j'ai sélectionné les disques à emporter après la mort de mes parents, je n'ai choisi que les CD (la collection était mixte), parce que j'ai pensé que les vinyles étaient condamnés à court terme. J'ai racheté les opéras qu'ils contenaient en CD quand ils étaient disponibles dans les mêmes enregistrements. Je regrette un peu cette option aujourd'hui car il y avait quelques raretés que je n'ai pas pu retrouver.
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Re: Vinyle Addiction

Message par Tamiri »

Autre sujet connexe :
Shellac Addiction :lol:

Ou : non plus du vinyle, mais de la gomme-laque, matériau dominant du 78 tours même si le vinyle a également été utilisé dans les années 1940 par certains fabricants. Je pense toutefois ne pas être trop hors-sujet, s'agissant d'un disque à lecture analogique.

J'ai la tentation d'acheter du 78 tours et le matériel adéquat. Je n'ai retardé cette idée que pour des raisons pratiques, à savoir, mon domicile actuel est plein comme un œuf. En second lieu, dans un peu moins d'un an je devrais récupérer mon prochain logement (qui est actuellement en chantier), plus grand, mais je devrai alors dépenser des sous pour aménager la cuisine et la salle de bains, ainsi que rajouter quelques meubles. Donc il faudra attendre ensuite que les finances s'assainissent.

Pourquoi ? À l'évidence pas pour cause d'audiophilie ni d'ergonomie. plutôt pour le plaisir de chiner, et de découvrir des choses. Il ne s'agirait alors plus de me concentrer principalement sur le lyrique comme d'habitude mais d'explorer un peu tout et n'importe-quoi dans la première moitié du vingtième siècle. Et entre autres, tout de même, parce que j'aime bien le swing et le jazz des années 1920 et 1930, parce que je ne suis pas insensible à la chanson de la première moitié du siècle, et tout de même aussi pour l'opéra (parce que des chanteurs et des esthétiques sont à explorer par ce moyen si on veut ne pas se limiter à ce qui est réédité en CD par quelques éditeurs "de niche" comme Malibran).
Et comme pour le vinyle, l'attrait réside en partie dans la manipulation du support et de l'appareil, tout un rituel.

Comment ? La question des moyens matériels n'est pas simple. Il y a deux grandes familles de solutions, l'une consistant à se procurer un gramophone ancien, l'autre à privilégier une platine moderne équipée en conséquence.

L'un des avantages de certains gramophones, c'est qu'en s'offrant un beau modèle avec un pavillon, on peut avoir en même temps un objet décoratif (mais encombrant). En revanche il faut composer avec un certain nombre d'inconvénients au premier rang desquels la dégradation progressive des disques (qui, sauf coup de bol, ne sont déjà pas de toute première fraicheur) en raison en particulier du poids important du bras de lecture qui appuie très fort sur le disque et laboure littéralement le disque à chaque lecture. Or l'aiguille à l'ancienne frotte invariablement au même endroit dans le sillon et donc l'usure s'accumule au contraire d'un moyen de lecture plus fin qui pourrait aller jusqu'au fond du sillon où l'usure est généralement moins importante, permettant une lecture de meilleure qualité. Je crois qu'il existe des aiguilles en bambou, en plastique ou en épine de cactus (sic !) qui présentent l'avantage de ne plus user le disque et dont subissent quelques fabrications confidentielles, c'est un marché de niche au sein même de la niche.
Il faut de plus impérativement trouver un modèle avec vitesse réglable car la vitesse de rotation n'est pas standardisée dans les années 1910, et ce qu'on appelle vulgairement un 78 tours porte parfois une indication mentionnant qu'on doit le lire à 72, 80, 90 tours par minute...
Pour finir, étant en France, il faut tenir compte du fait qu'une bonne partie de la production d'un éditeur du cru, à savoir Pathé, est à lire au contraire sur une platine avec un saphir (mais pas le même que celui du microsillon) et un bras plus léger, et à des vitesses encore différentes ; ce jusqu'à ce que la firme s'aligne sur les standards internationaux et ne passe à la lecture à aiguille dans les années 1930. Ces disques à saphir dont Pathé, donc, est le principal éditeur (mais pas le seul notamment en France), sont à gravure verticale et non horizontale, et si on se trompe de matériel, on abime tout...
Je ne tiens pas le changement systématique de l'aiguille à chaque lecture pour un inconvénient, cela fait partie du rituel, comme de remonter le ressort.

Avec les platines modernes dotées d'une vitesse 78 tours que l'on trouve dans le commerce (ou, comme dans le cas de la mienne, que l'on peut convertir en changeant la poulie du moteur), il faut ajouter une cellule adaptée - il s'en trouve dans le commerce spécialisé, ce n'est certes pas une production de masse mais c'est trouvable, et logiquement relativement cher. De fait, comme la position exacte d'une cellule pour microsillon et sa force d'appui sur le disque doivent être réglées avec soin, on ne peut pas changer à chaque fois que l'on passe du 78 tours au microsillon et il faut, de fait, se procurer deux platines (je pars du principe que c'est de toutes façons plus accessible que d'avoir l'une de ces platines très chères auxquelles on peut rajouter un second bras). Dans le cas contraire, les cellules montées d'origine sur les platines milieu de gamme comportant une vitesse 78 tours ne seraient compatibles, si j'ai bien compris ce que m'a dit le monsieur du petit musée vers Montmartre, qu'avec les toutes dernières générations de 78 tours à savoir ceux des années 1950 fabriqués en vinyle, ou à la limite la production américaine des années 1940 (ce pays étant passé au vinyle plus tôt en raison de la rupture d'accès aux produits coloniaux, comme la gomme-laque, pendant la guerre). Avec les disques en gomme-laque, dans le cas contraire, on abime et le disque et la tête de lecture.
Enfin on n'échappe pas à la nécessité d'une vitesse ajustable pour les disques les plus anciens, et à celle d'une cellule dédiée aux disques à gravure verticale si d'aventure on souhaite pouvoir s'en procurer.
On y gagne comme avantage que le faible appui du bras ménage largement le disque et que les cellules modernes conçues pour le 78 tours ont généralement la bonne idée d'aller exploiter le fond du sillon qui, dans le cas le plus courant des disques à gravure horizontale, est la partie la moins usée du disque. La restitution est enfin généralement meilleure avec l'amplification moderne par rapport à l'amplification entièrement acoustique des appareils à pavillon, et enfin, la vitesse de rotation toujours homogène car ne dépendant plus d'un mécanisme à ressort.

Pour ma part, ayant mis au placard mon ancienne platine car c'était son sélecteur de vitesse 33/45 tours qui avait rendu l'âme - après plusieurs années de fonctionnement parfois aléatoire - j'ai pour projet de la recycler en bloquant ledit sélecteur sur sa position 45 tours (par exemple en soudant le contact défaillant) et en changeant la poulie, puisque c'est un entraînement à courroie, pour obtenir 78 tours en moyenne, sachant qu'elle a également un variateur de vitesse d'origine. Et enfin d'y mettre une cellule mono adaptée. Le tout devrait me permettre de lire la grande majorité des disques à l'exception de ceux à gravure verticale pour lesquels... On verra plus tard si j'en trouve vraiment assez souvent pour que ça vaille le coup de trouver un moyen de lecture adapté. Après tout, c'est un support minoritaire même en France. Voilà.
En plus je n'aurai pas de problème de câblage car mon amplificateur dispose de deux entrées phono avec pré-amplification dédiée. Non qu'il soit particulièrement sophistiqué, mais il a l'avantage d'être... vieux (en tous cas plus vieux que moi, une cinquantaine d'années a priori) et de remonter à une époque où le vinyle était dominant, et cela servait, si j'ai bien compris, à pouvoir copier un disque sur une cassette pendant qu'on en écoute un autre. Bon, dans le même genre, cet ampli possède deux entrées pour lecteurs de cassettes afin de pouvoir copier d'une cassette à l'autre quand les appareils à deux cassettes n'étaient pas encore courants, mais ceci est hors-sujet (même si quelqu'un a demandé s'il y avait des utilisateurs de cassettes et... j'en suis, mais très peu, c'est juste que j'ai encore quelques enregistrements sur cassette que je n'ai pas remplacés par des CD, mais ce n'est absolument pas par nostalgie de la cassette audio :lol: )
Ce qui n'empêche que, pour le côté fascinant du rituel, je ne m'interdis pas d'ajouter par la suite un gramophone si je parviens à me procurer des aiguilles n'usant pas les disques (bambou, plastique, épine de cactus, cette dernière matière a définitivement un certain charme rien qu'à l'évoquer...) ; ce afin de me livrer au "rituel" de l'écoute à l'ancienne.

P.S.

Je laisse les gens notoirement plus techniciens que moi (@Fish, @enufsed) corriger les possibles et même probables inexactitudes notamment dans le paragraphe sur la lecture sur platines modernes, car je maîtrise un peu l'aspect strictement historique, mais pas trop la technique ultra-moderne (j'entends : celle des 80 dernières années).

Juste une remarque sur une expression Nufnufienne :
Un phonogramme (dans le domaine qui nous intéresse) est un support portant un enregistrement sonore quelle qu'en soit la technique d'enregistrement et de restitution, c'est le produit de la phonographie qui est l'art d'enregistrer les sons quoique ce vocable soit inusité de nos jours même si l'on continue en revanche d'utiliser l'adjectif phonographique.
En revanche, les expressions phonographe et gramophone sont initialement ceux sous lesquels Thomas Edison et Emil Berliner ont déposé leurs brevets respectifs, le premier pour un appareil à cylindres et le second pour un appareil à disques. Par antonomase et par convention, on tend à appeler tout appareil à cylindre un phonographe et tout appareil à disque pour 78 tours et assimilés un gramophone. Et si cet usage est désormais standardisé pour les historiens des techniques comme pour les revendeurs, l'usage courant utilise apparemment souvent l'un pour l'autre. Pour le reste, on remarquera que le seul grand éditeur ayant conservé l'un de ces termes dans sa raison sociale, la Deutsche Grammophon-Gesellschaft, ne fabrique plus de gramophones ni de disques pour gramophones depuis des décennies, c'est de la publicité mensongère :lol:
Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil

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Re: Vinyle Addiction

Message par Judith »

Hors-sujet
@Tamiri tu connais cet enregistrement?

https://www.phonorama.fr/opera.html

C'est sur cylindre, pas sur disque, mais je ne l'avais jamais entendu, et par ailleurs le site dans son ensemble est bien fait.
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Re: Vinyle Addiction

Message par enufsed »

@Tamiri Shellac c'est aussi le nom d'un groupe extraordinaire que j'ai eu la chance de voir au Desertfest Antwerpen il y a trois semaines. C'est le groupe du grand Steve Albini qui est aussi producteur ayant à son actif quelques petits albums de petits groupes comme In Utero de Nirvana, les Pixies ou PJ Harvey. Et ils agrémentent leur prestation d'intermèdes parlés avec même des questions du public. Cette fois on a eu le droit à toute une description des chats du bassiste. Je pense que la boucle est bouclée :lol:
Sur ton projet de 78t, effectivement comme tu l'as dit les platines modernes (dont la mienne) permettent un réglage 78t mais c'est assez contraignant (changement de poulie), et changement de cellule. Sur ce dernier point renseigne-toi chez Ortofon : ils produisent des diamants interchangeables, tu conserves le corps de la cellule et du peux changer à la volée le diamant. Mais je crois que la compatibilité est très limitée par cellule. A discuter avec des professionnels et revendeurs. Je pense qu'une platine dédiée avec un dispositif de lecture moderne reste le choix de raison sur des supports aussi éprouvés par le temps. Les grammophones relevaient plus du labour que de la carresse.

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Re: Vinyle Addiction

Message par enufsed »

Pour aborder le rapport au disque vinyle, je ne ferai qu'un vague retour en arrière parce que ce n'est pas vraiment par nostalgie que je m'y suis plongé : nous avions effectivement une platine familiale avec d'un côté les quelques disques de mes parents (Brel, Cohen, et quelques autres), puis ceux de ma soeur (les 45t du Top 50, elle a eu sa propre platine je crois ou peut-être un mange-disque), enfin les miens, une collection de disques classiques que j'achetai toutes les semaines (?) aux éditions Atlas et qui évoluaient du plus ancien (Bach, Haydn) au plus récent (Gershwin). Je me souviens surtout de l'odeur qu'avaient les disques.
Le retour vers ce format a plutôt été le fruit de mes fréquentations et de la musique que j'écoute : beaucoup d'amis en ont (l'un deux en a plus de 2000!) et le merch est une composante majeure du monde du metal, dès lors depuis quelques années je vois des vinyles partout.
Jusqu'ici j'écoutais essentiellement ma musique téléchargée sur Bandcamp en format FLAC et sur des sources de plutôt bonne qualité : une platine Sony HAP-Z1ES et/ou un baladeur audiophile FIIO X7 Mark 2, tous deux capables de lire des formats DSD (SACD). Comme je l'ai dit l'objet disque m'attirait mais je m'y refusais pour des raisons principalement pécunières : pourquoi payer 25-30€ ce qu'on peut télécharger pour 7-10€. Le cadeau du beau-frère est évidemment un alibi confortable pour justifier à mon corps défendant une situation inéluctable.

J'ai immédiatement ressenti un gain flagrant de qualité sonore quand j'ai écouté mon premier disque que les écoutes suivantes n'ont pas contredit, une scène sonore très riche avec des gains substantiels dans tous les niveaux : basses, mediums et aigus. Mais à la lumière de ce que j'ai écrit sur le technique je comprends que ce n'est pas a priori en vertu d'une supériorité du support vinyle mais du bon qualitatif qu'a représenté mon investissement : le passage au vinyle est souvent un choix d'audiophilie chargé d'attentes et même si j'ai investi dans du milieu de gamme supérieur, cela reste en vérité du matériel plus pointu que ce que j'avais pour le numérique pour un prix plus de deux fois supérieur.
- Platine Pro-Ject Debut Pro
- Cellule Ortofon 2M Blue
- Préampli MOON 110LP V2
C'est sur ce dernier élément que j'attire l'attention : le préampli est absolument essentiel et grosso modo on peut estimer qu'il doit être du même niveau (donc de prix) que la platine elle-même.
Avec cette configuration je n'ai aucune difficulté à surpasser en écoute mon environnement numérique.
La vérité c'est que le rapport que l'on entretient avec la musique à travers le vinyle est diamétralement opposé à la consommation musicale moderne : @Tamiri le décrit très bien, il y a le rituel du disque, de la manipulation qui demande des gestes précis (on ne pose pas ses doigts sur le disque !), le brossage du stylus en début de session, le brossage de chaque face (une poignée de seconde) avant chaque lecture, la pose du bras sur l'amorce.
Mais tout commence bien en amont, dès l'achat en vérité : la recherche du bon pressage, la recherche de la version la plus rare (histoire de valoriser un peu sa discothèque) et l'attente ! Oui il faut attendre que sa musique arrive. Bien-sûr qu'on peut écouter son album en dématérialisé en attendant, mais ce n'est pas substituable. On guette la factrice et son carton contenant le disque tant attendu, on change la sous-pochette si nécessaire, on rajoute une pochette plastifiée au besoin, parfois on trouve même un code bandcamp glissé à l'intérieur. On sort le disque et voilà ce qu'on peut voir : https://coloredvinylrecords.com/
Parce que, oui il y a toujours des disques noirs (et parfois ça fait aussi du bien cette sobriété), mais avouez que toutes ces couleurs ça fait envie.
Ensuite oui, l'écoute est une vraie écoute : on est aux antipodes du flux ininterrompu de son auquel on ne prête plus même attention, on doit être disponible, ne serait-ce que pour changer de face. On doit aussi accepter d'attendre son morceau préféré, et on apprend alors à connaître les autres, à les aimer, on lit les paroles presque toujours imprimées sur un insert ou dans un carnet.

Quant au son typique du vinyl rapporté de l'enfance, les craquements, le souffle, alors bon. En fait c'est juste que nos parents lisaient des disques dégueulasses et rayés avec des saphirs dégueulasses usés jusqu'à la corde sur des platines pas réglées du tout. En vérité si on prend soin de son matériel et de ses disques, en principe on entend aucun son parasite. Malheureusement les rayures en sortie d'usine ça arrive, et là il n'y a rien à faire. L'autre jour mon amoureuse a ramené deux disques pour enfants de la ressourcerie : je les ai regardés, j'ai constaté que les anciens propriétaires avaient visiblement troqué le diamant contre une griffe de varan de komodo et j'ai dit "même pas en rêve je pose mon stylus là-dessus". Après un disque et un stylus sales ça donne une ambiance feu de bois qui peut réchauffer les coeurs, a essayer sur un Mariah Carey de Noël.

Le CD a longtemps souffert et souffre encore de ses débuts calamiteux, puis de son image de disque pour étudiants mais il existe aujourd'hui des platines audiophiles qui semble-t-il délivrent un son superbe. Le vinyle est un objet qui introduit un rituel, qui demande des précautions de manipulation, de stockage, des réglages fins de sa platine souvent insatisfaisants en sortie d'usine. Le vinyle est aussi un objet devenu très couteux parce que la production n'a pas anticipé son retour en grâce et que les coûts de production ont flambé. Et je dois avouer que contrairement à mes prédictions je n'achète pas moins de musique mais beaucoup plus : d'une part parce qu'on a tendance à acheter plusieurs disques pour lisser les frais de port, dès lors on regarde les distros et catalogues de revendeurs, on fait des découvertes, etc. On finit par acheter des disques qu'on aurait pas acheté en numérique. De même sur certaines scènes (le Hardcore notamment) le merch physique est partie intégrante de la culture, cassette, CD, vinyls en petits pressages, souvent des EP 7", le tout s'arrache, et il y a une certaine délectation à posséder ce split improbable de deux formations pressé en 100 exemplaires. Sans parler du fait que derrière le phénomène Discogs alimente gentiment une mini-bulle spéculative qui n'arrange rien.
En passant je conseille fortement d'acheter directement chez les labels qui ont souvent de bien meilleurs prix (un intermédiaire en moins) et chez les disquaires qui sont présents dans pas mal de villes aujourd'hui.

Au final, je n'ai pas souvenir d'avoir écouté autant de musique, actuellement c'est facilement deux heures par jour et j'ai constamment une commande qui se balade entre l'Allemagne et la maison (on en parlera sur la pollution).

enufsed
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Re: Vinyle Addiction

Message par enufsed »

Je pose ici une question aux amatrices et amateurs à la fois de vinyles et de musique classque, mais j'ai l'impression que c'est un peu la quadrature du cercle : je cherche pour ma fille un disque vinyle si possible Saint-Saens ou Casse-Noisette qu'elle adore (à côté de sa passion dévorante pour le Hardcore et le Brutal Death bien-sûr) ou autre compositeurs avec éventuellement un accompagnement parlé / livre ET (c'est là que ça devient proche de l'impossible) qui ne blesserait pas nos yeux avec une pochette immonde comme seul le monde du classique en a le secret, donc pas d'image vieillie des années 70 (merci Deutsch Grammophon) et pas de photo de beau gosse ténébreux ou de femme super épanouie.

J'ai bien trouvé ça : https://outhere-music.com/fr/albums/sai ... lp-version

Mais au secours la pochette, on dirait une pub pour les Galeries Lafayette...et au passage sur ce site je comprends que les classiqueux détestent définitivement les vinyles...ça n'existe quasiment pas. Ceci rejoint la discussion plus haut.

Et ce truc me tourmente vraiment : pourquoi un tel culte de la personnalité dans la musique classique ?

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