À quand remonte votre sentiment de décalage, de différence...
- Coccinelle
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
une question d'estime de soi en somme.....c'est là où j'en étais arrivée aussi....la question de l'estime de soi est déjà bien assez grande en soi.
- Isatis
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
C'est intéressant ce rôle de la famille dans le sentiment de décalage... J'ai toujours pensé que j'avais plutôt eu du bol de ce côté-là (et j'en ai hein), mais j'ai découvert, en 2007/2008 que mes parents n'étaient pas infaillibles.
Des fois, j'ai l'impression de toujours avoir été décalée et d'autres, pas du tout. Le fait est que j'ai toujours eu plus de facilités, même étant gamine, à fréquenter des adultes que des gens de mon âge. Je me sentais plus à l'aise, plus dans mon élément. Aujourd'hui, ça s'est atténué puisqu'il paraît que je suis moi-même une adulte (drôle d'idée), et surtout je me suis entourée de gens qui font pousser mes neurones.
J'ai un souvenir assez net, parmi d'autres... Je dois avoir 7 ans. On m'a bassiné avec "l'âge de raison", et j'ai l'impression d'y avoir vu l'autorisation de poser toutes les questions qui me passaient par la tête parce que j'en avais ENFIN le droit. Et, plusieurs fois, je me suis faite envoyée bouler par mes parents parce que des fois, trop de questions c'est relou... Il y avait des questions que je pouvais poser et d'autre que je ne pouvais pas poser. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi et c'est probablement un des trucs qui a fini par me faire envoyer, encore, chez le psy.
Étant ado, je me sentais plus intelligente que les autres, décalée, je ne comprenais pas pourquoi on pensait pas comme moi alors que ça paraissait tellement simple. J'étais arrogante et franchement insupportable. On m'en a beaucoup fait le reproche... Pourtant, j'avais pas l'impression d'avoir la place d'échouer. Mes parents n'avaient pas seulement confiance en mes capacités, ils essayaient de m'imposer d'avoir confiance en ces dernières. J'étais arrogante parce qu'ils me disaient que j'étais excellente élève, mais j'avais une confiance en moi désastreuse parce que je ne trouvais pas, en moi, cette "intelligence" dont on me gratifiait. J'avais l'impression que cette confiance m'interdisait d'échouer... Je ne comprenais pas pourquoi
Aujourd'hui, je me sens plutôt moins intelligente que tout le monde... Et le décalage vient plutôt des difficultés que j'ai à expliquer mes questionnements, entre ce que je pense/ressens et ce que j'exprime, il se place un gouffre qui nait de je-ne-sais-quoi et qui me bouffe un peu la vie.
Le décalage, j'ai l'impression, a toujours existé mais il a été carrément multiformes !
Des fois, j'ai l'impression de toujours avoir été décalée et d'autres, pas du tout. Le fait est que j'ai toujours eu plus de facilités, même étant gamine, à fréquenter des adultes que des gens de mon âge. Je me sentais plus à l'aise, plus dans mon élément. Aujourd'hui, ça s'est atténué puisqu'il paraît que je suis moi-même une adulte (drôle d'idée), et surtout je me suis entourée de gens qui font pousser mes neurones.
J'ai un souvenir assez net, parmi d'autres... Je dois avoir 7 ans. On m'a bassiné avec "l'âge de raison", et j'ai l'impression d'y avoir vu l'autorisation de poser toutes les questions qui me passaient par la tête parce que j'en avais ENFIN le droit. Et, plusieurs fois, je me suis faite envoyée bouler par mes parents parce que des fois, trop de questions c'est relou... Il y avait des questions que je pouvais poser et d'autre que je ne pouvais pas poser. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi et c'est probablement un des trucs qui a fini par me faire envoyer, encore, chez le psy.
Étant ado, je me sentais plus intelligente que les autres, décalée, je ne comprenais pas pourquoi on pensait pas comme moi alors que ça paraissait tellement simple. J'étais arrogante et franchement insupportable. On m'en a beaucoup fait le reproche... Pourtant, j'avais pas l'impression d'avoir la place d'échouer. Mes parents n'avaient pas seulement confiance en mes capacités, ils essayaient de m'imposer d'avoir confiance en ces dernières. J'étais arrogante parce qu'ils me disaient que j'étais excellente élève, mais j'avais une confiance en moi désastreuse parce que je ne trouvais pas, en moi, cette "intelligence" dont on me gratifiait. J'avais l'impression que cette confiance m'interdisait d'échouer... Je ne comprenais pas pourquoi
Aujourd'hui, je me sens plutôt moins intelligente que tout le monde... Et le décalage vient plutôt des difficultés que j'ai à expliquer mes questionnements, entre ce que je pense/ressens et ce que j'exprime, il se place un gouffre qui nait de je-ne-sais-quoi et qui me bouffe un peu la vie.
Le décalage, j'ai l'impression, a toujours existé mais il a été carrément multiformes !
Bienheureux les fêlés car ils laissent passer la lumière.
Audiard
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
Pour ma part, je dirais que ce décalage a toujours été là mais que je m'en suis rendu compte graduellement.Petit, j'étais encore dans l’insouciance de l'age d'or de l'enfance, mais je me sentais déjà différent des autres. Ma curiosité naturelle était en dissonance à vis de mes camarades, mais je n'avais pas encore le recul suffisant pour conscientiser réellement ma particularité et la bizarrerie de ce monde.
Pendant mes années de collège, je me souviens avoir tenter de suivre le troupeau, de me normaliser; mais je savais au fond de moi que cela ne collait pas vraiment. Toujours pas de véritables questions existentielles mais les prémices d'une déréalisation qui ira toujours croissant.
C'est au lycée que j'ai pris vraiment conscience de ma différence. C'est aussi là que mes cycles dépressifs ont commencés, car j'ai compris que j'étais inadapté. J'ai au départ pensé que c'était de la faute des autres, puis j'ai cru que c'était de la mienne.
Le début de l'age adulte a achevé le processus de déréalisation. Mon cerveau a fini par consacrer l'essentiel de son temps a essayer de détruire le réel pour le reconstruire meilleur. Il s'est mis à analyser le moindre atome de réalité, parfois jusqu’à la nausée; le cercle vicieux avec la solitude s’enclenchant du même coup. Je vois bien que je n'arrive pas à faire comme tout le monde, et que je n'ai pas le gout des autres. Mais je ne sais pas non plus ce que j'aime alors...
Pendant mes années de collège, je me souviens avoir tenter de suivre le troupeau, de me normaliser; mais je savais au fond de moi que cela ne collait pas vraiment. Toujours pas de véritables questions existentielles mais les prémices d'une déréalisation qui ira toujours croissant.
C'est au lycée que j'ai pris vraiment conscience de ma différence. C'est aussi là que mes cycles dépressifs ont commencés, car j'ai compris que j'étais inadapté. J'ai au départ pensé que c'était de la faute des autres, puis j'ai cru que c'était de la mienne.
Le début de l'age adulte a achevé le processus de déréalisation. Mon cerveau a fini par consacrer l'essentiel de son temps a essayer de détruire le réel pour le reconstruire meilleur. Il s'est mis à analyser le moindre atome de réalité, parfois jusqu’à la nausée; le cercle vicieux avec la solitude s’enclenchant du même coup. Je vois bien que je n'arrive pas à faire comme tout le monde, et que je n'ai pas le gout des autres. Mais je ne sais pas non plus ce que j'aime alors...
Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
Pour moi, la conscience d'un décalage a commencé en CP.
A la maternelle, j'étais un petit garçon très volontaire, un petit dur, le "chef" de mes petits copains, celui qui lançait les attaques contre les "moyens" alors que je faisais partie des "grands". Celui qui refusait d'aller à la sieste avec les autres et m'endormait sur ma table.
Arrivé en CP, je me suis dit que j'étais maintenant chez les "grands" et que je devais être sérieux. Je me suis fait la promesse solennelle de ne plus me bagarrer, et de fait me suis mis volontairement à l'écart des autres, un écart encore limité car j'étais à fond dans les activités plus pacifiques telles que les billes, les osselets et l'échange de vignettes Panini. Avec le temps, le gouffre s'est agrandi. J'étais le premier de la classe mais n'avais pas du tout un comportement de "premier de la classe", ce qui ne m'a jamais fait traiter comme tel. Je n'ai jamais eu un sentiment de supériorité intellectuelle. Par contre, je me percevais comme beaucoup plus sensible que les autres et cette sensibilité me mettait à part. Je complexais énormément sur mon physique, trop grand, trop maigre, trop efféminé à mon sens. Mon mal être existentiel s'est atténué au collège, alors que tout en restant très maigre je prenais de la carrure. Ma confiance augmentait au fur et à mesure que mes épaules s'élargissaient et que mes traits se virilisaient. Je pouvais enfin donner le change, cacher ma sensibilité derrière mon apparence et l'adoption réfléchie des codes des autres garçons (foot, émissions de télé qu'il fallait avoir vues, argot...).
Au collège et longtemps au lycée je suis resté le premier de la classe, sans grands efforts, mais là encore n'en tirais aucune conclusion sur une quelconque supériorité intellectuelle. Le fait que mes parents avaient très rapidement considéré mes résultats comme étant dans l'ordre des choses et ne requérant aucun encouragement de leur part a sans doute joué.
A la maison, je n'ai eu un sentiment de décalage qu'assez tardivement, à l'adolescence, mais ce sentiment fut terrible car il me sembla absolu, surtout via a vis de ma mère. Je finis par concevoir une honte d'avoir ces parents et une culpabilité énorme de ressentir cette honte. Avec le temps, j'ai compris que ce qui m'a fait rejeter ma mère à ce point tenait beaucoup plus aux ressemblances que j'avais avec elle qu'aux différences, et que ce qui avait épargné un temps mon père tenait plus d'un malentendu que d'une vraie ressemblance, à moins que ce malentendu ait persisté jusqu'à aujourd'hui.
Dans ma vie, selon les périodes et les contextes, je me suis trouvé soit le plus effacé possible, quasiment transparent dans un groupe ou le plus souvent à la marge, préférant la solitude à la masse, soit comme un leader, volontier dominateur et sur de ses qualités. J'ai parfois remarqué que le contraste de l'un à l'autre pouvait surprendre, voire attirer.
La différence intellectuelle s'est souvent manifestée dans des situations symétriques, pendant mes études ou dans ma vie professionnelle: une propension à échouer ou être très moyen là où la plupart ou beaucoup réussissaientt et à réussir là où tous échouaient. Cette dualité fait que jamais je n'ai pu avoir le sentiment d'une supériorité intellectuelle, plutôt un handicap avec de temps à autre une exception inexplicable.
J'ai toujours le sentiment de différences avec les autres, mais elles s'articulent comme suit:
- Fonctionnement de base: ce qui est naturel pour la plupart ne l'est pas pour moi, ce qui est naturel pour moi ne l'est pas souvent pour les autres. On fonctionne de manière différente intellectuellement et émotionnellement, et souvent je le conçois en ma défaveur (je suis inadapté au monde qui m'entoure).
- Etroitesse d'esprit: je trouve que beaucoup ont des jugements simplistes sur tout, manquent de mise en perspective et de valeurs humaines.
- Importance de l'ego: beaucoup de comportements sont liés à un besoin de s'affirmer avec ou contre les autres. Je me sens moins prisonnier de ce mécanisme que beaucoup.
- Différences dans la perception de ce que je suis. On me trouve parfois une intelligence supérieure que je ne me reconnais pas, au point de complexer face à moi. On m'attribue parfois un manque de caractère que je ne me reconnais pas. On interprète mes faits et gestes d'une manière que je trouve erronée. En gros, même quand j'essaie d'expliquer comment je fonctionne, les autres ont du mal à le concevoir et l'accepter.
A la maternelle, j'étais un petit garçon très volontaire, un petit dur, le "chef" de mes petits copains, celui qui lançait les attaques contre les "moyens" alors que je faisais partie des "grands". Celui qui refusait d'aller à la sieste avec les autres et m'endormait sur ma table.
Arrivé en CP, je me suis dit que j'étais maintenant chez les "grands" et que je devais être sérieux. Je me suis fait la promesse solennelle de ne plus me bagarrer, et de fait me suis mis volontairement à l'écart des autres, un écart encore limité car j'étais à fond dans les activités plus pacifiques telles que les billes, les osselets et l'échange de vignettes Panini. Avec le temps, le gouffre s'est agrandi. J'étais le premier de la classe mais n'avais pas du tout un comportement de "premier de la classe", ce qui ne m'a jamais fait traiter comme tel. Je n'ai jamais eu un sentiment de supériorité intellectuelle. Par contre, je me percevais comme beaucoup plus sensible que les autres et cette sensibilité me mettait à part. Je complexais énormément sur mon physique, trop grand, trop maigre, trop efféminé à mon sens. Mon mal être existentiel s'est atténué au collège, alors que tout en restant très maigre je prenais de la carrure. Ma confiance augmentait au fur et à mesure que mes épaules s'élargissaient et que mes traits se virilisaient. Je pouvais enfin donner le change, cacher ma sensibilité derrière mon apparence et l'adoption réfléchie des codes des autres garçons (foot, émissions de télé qu'il fallait avoir vues, argot...).
Au collège et longtemps au lycée je suis resté le premier de la classe, sans grands efforts, mais là encore n'en tirais aucune conclusion sur une quelconque supériorité intellectuelle. Le fait que mes parents avaient très rapidement considéré mes résultats comme étant dans l'ordre des choses et ne requérant aucun encouragement de leur part a sans doute joué.
A la maison, je n'ai eu un sentiment de décalage qu'assez tardivement, à l'adolescence, mais ce sentiment fut terrible car il me sembla absolu, surtout via a vis de ma mère. Je finis par concevoir une honte d'avoir ces parents et une culpabilité énorme de ressentir cette honte. Avec le temps, j'ai compris que ce qui m'a fait rejeter ma mère à ce point tenait beaucoup plus aux ressemblances que j'avais avec elle qu'aux différences, et que ce qui avait épargné un temps mon père tenait plus d'un malentendu que d'une vraie ressemblance, à moins que ce malentendu ait persisté jusqu'à aujourd'hui.
Dans ma vie, selon les périodes et les contextes, je me suis trouvé soit le plus effacé possible, quasiment transparent dans un groupe ou le plus souvent à la marge, préférant la solitude à la masse, soit comme un leader, volontier dominateur et sur de ses qualités. J'ai parfois remarqué que le contraste de l'un à l'autre pouvait surprendre, voire attirer.
La différence intellectuelle s'est souvent manifestée dans des situations symétriques, pendant mes études ou dans ma vie professionnelle: une propension à échouer ou être très moyen là où la plupart ou beaucoup réussissaientt et à réussir là où tous échouaient. Cette dualité fait que jamais je n'ai pu avoir le sentiment d'une supériorité intellectuelle, plutôt un handicap avec de temps à autre une exception inexplicable.
J'ai toujours le sentiment de différences avec les autres, mais elles s'articulent comme suit:
- Fonctionnement de base: ce qui est naturel pour la plupart ne l'est pas pour moi, ce qui est naturel pour moi ne l'est pas souvent pour les autres. On fonctionne de manière différente intellectuellement et émotionnellement, et souvent je le conçois en ma défaveur (je suis inadapté au monde qui m'entoure).
- Etroitesse d'esprit: je trouve que beaucoup ont des jugements simplistes sur tout, manquent de mise en perspective et de valeurs humaines.
- Importance de l'ego: beaucoup de comportements sont liés à un besoin de s'affirmer avec ou contre les autres. Je me sens moins prisonnier de ce mécanisme que beaucoup.
- Différences dans la perception de ce que je suis. On me trouve parfois une intelligence supérieure que je ne me reconnais pas, au point de complexer face à moi. On m'attribue parfois un manque de caractère que je ne me reconnais pas. On interprète mes faits et gestes d'une manière que je trouve erronée. En gros, même quand j'essaie d'expliquer comment je fonctionne, les autres ont du mal à le concevoir et l'accepter.
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
Je souhaiterais d'abord remercier ceux à qui je n'ai pas répondu personnellement de leurs témoignages : bien que ma question initiale interrogeait sur la datation des premiers sentiments de décalage, indirectement elle interrogeait aussi sur le sentiment de décalage lui-même. C'est pourquoi je voudrais vous signaler et vous faire partager mes récentes lectures en lien avec ce sujet sur le le site associé au forum.
Premièrement dans l'article Ce que nous avons appris sur les enfants surdoués - 30ème anniversaire - 1979/2009, dans lequel on trouve ce passage en particulier :
Cet article éclaire particulièrement bien, à mon sens, les raisons / origines de ce sentiment de décalage, et pourquoi cette caractéristique est à la fois autant partagée ( même si il y a toujours des exceptions avec des personnes, telles que Solenn - que je remercie particulièrement d'avoir apporté son témoignage "contradictoire", qui ressentent moins ce décalage - devrais-je dire maintenant cette asynchronie - au point qu'elle soit envisagée comme caractéristique primordiale dans la détection des surdoués ), et à la fois si importante à prendre en compte...
Premièrement dans l'article Ce que nous avons appris sur les enfants surdoués - 30ème anniversaire - 1979/2009, dans lequel on trouve ce passage en particulier :
Deuxièmement, dans son intégralité, l'article L'universelle expérience d'être asynchrone traduit de la même Linda Silverman.Linda Silverman, Ph.D., Directrice du [i]Gifted Development Center[/i] a écrit :9. Les enfants surdoués sont asynchrones. Leur développement tend à être inégal, et ils se sentent souvent décalés parmi leurs congénères et avec les attentes de l’école basées sur l’âge. Ils sont très vifs émotionnellement parlant et ont une plus grande conscience des dangers de la vie. Ils peuvent ne pas avoir les ressources émotionnelles à la hauteur de leurs capacités cognitives. Ils risquent de mauvais traitements dans un environnement qui ne respecte pas leurs différences.
Cet article éclaire particulièrement bien, à mon sens, les raisons / origines de ce sentiment de décalage, et pourquoi cette caractéristique est à la fois autant partagée ( même si il y a toujours des exceptions avec des personnes, telles que Solenn - que je remercie particulièrement d'avoir apporté son témoignage "contradictoire", qui ressentent moins ce décalage - devrais-je dire maintenant cette asynchronie - au point qu'elle soit envisagée comme caractéristique primordiale dans la détection des surdoués ), et à la fois si importante à prendre en compte...
"Dans un monde où chacun triche, c'est l'homme vrai qui fait figure de charlatan." ( André Gide - Les faux monnayeurs )
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
De mon coté, j'ai jamais pris le temps de répondre à ce sujet. Parcequ'au final, à part dire que le décalage, je l'ai tout le temps ressenti, je ne voyais pas trop ce qu'il y'avait à en dire. Et puis mine de rien, n'est ce pas plutôt sain que de se sentir différent ?pixelvois a écrit : bien que ma question initiale interrogeait sur la datation des premiers sentiments de décalage, indirectement elle interrogeait aussi sur le sentiment de décalage lui-même. .
tant qu'on sait qu'on est semblable aussi, c'est toute la construction identitaire qui est questionnée ici.
Etre décalé, parcequ'on est assynchrone (merci pour les liens Pix) serait si simple si cela n’était pas corrélé au malaise qui en est parfois conséquent.
Mon décalage s'inscrit dans une existence, un parcours de vie que seul j'appréhende (comme nous tous). J'aimerai bien déconditionner celui-ci de la douance et l'élargir. Désolé si c'est hors sujet.
Décallé je le suis et l’ai toujours été.
Le premier décalage fut de se sentir différent dans sa propre famille. Ne pas penser les mêmes choses, vivre les mêmes choses, aspirer aux mêmes choses. Etre celui qui réussit pas trop mal à l'école quand sa fratrie peine à se tenir pas trop bombé scolairement. Se sentir décallé parceque non seulement, on ne se reconnait pas dans ses proches mais en plus ces derniers ne sont pas non plus reconnus par les leurs. Aussi, il y'avait de quoi se poser des questions face à cette double étrangeté. Je ne reconnaissais pas les miens, les leurs ne les reconnaissaient pas non plus.
A l'école, me sachant vivre dans une cellule familiale différente, je ne pouvais que contempler le décallage.
Je n'ai donc pas pris conscience du décallage intellectuel parceque la comparaison ne laissait aucun doute quand à la realité. Je réussisais mieux, je savais faire plus et plus vite que mes freres. Pour moi, le décallage n'a jamais eu d'autres raison d'être que celle d"être né chez des timbrés.
Puis le temps passe, je grandis et alors même que je commence à m'individuer, je commence à prendre avec force ce sentiment bizarre d'être moi même décallé avec moi même. Déconnecté. Mon corps et ma pensée sont deux entités différenciées qui se snobent proprement.
J'ai longtemps nourri la sensation de me porter, de me traîner. Mon corps est quelque chose que je peine à reconnaitre comme faisant partie de moi. Non seulement il me pèse, mais en plus il emprisonne ma pensée. J'ai l'impression qu'il la bride, la contient et que sans lui, je pourrais faire ce que je veux, tout concrétiser fidèlement avec ce que je ressens.
N’empêche que ça influe sur mon approche de l’altérité. Comment pourrais-je me présenter aux autres, utiliser ce corps comme outil relationnel si moi même, je ne le reconnais pas comme faisant partie de moi?
Pour peu qu'educativement, on m'ait fait comprendre que de toute façon, ce corps ne m'appartient pas....
Décallé des autres, de ma famille, je le suis surtout de moi même.
Asynchrone, surdoué, dyspraxique, et rejeton de famille pathos, le décalage n'a de sens pour soi que si on accepte que la normalité est une illusion et qu'on s'en fait une force.
Parceque mine de rien, qui n'est pas au final décalé des autres?
Tout le monde peut se mettre en colère. Mais il est difficile de se mettre en colère pour des motifs valables et contre qui le mérite, au moment et durant le temps voulus. (Aristote, Ethique à Nicomaque).
Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
A la lecture des uns et des autres, j'aimerais revenir sur ce que j'ai dis précédemment : jusqu'à l'adolescence, je n'ai jamais été vraiment conscient de ce décalage, et je pensais plutôt que tout le monde était comme ça. Pour moi, le problème c'était plutôt de l'incompréhension : je ne comprenais juste pas pourquoi les autres ne se posaient pas plus de questions - et j'ai d'ailleurs fini par croire que j'étais bizarre d'avoir de telles idées alors que les autres n'en avaient pas.
Ceci dit, je n'ai pas vraiment eu de mal à vivre avec les autres : je partage à ce niveau-là le même sentiment que Solenn; ce qui m'intéresse, c'est la personnalité de l'interlocuteur, plus que ce qu'il dit. Si une personne me parle de quelque chose qui ne m'intéresse pas mais que je sens que cette chose lui tient à cœur, alors je m'y intéresse spontanément (j'aime bien aussi comprendre pourquoi le sujet passionne cette personne).
Si au contraire j'ai l'impression que la personne me parle de la pluie et du beau temps, qu'elle n'est pas passionnée, alors ça me barbe.
Ceci dit, je n'ai pas vraiment eu de mal à vivre avec les autres : je partage à ce niveau-là le même sentiment que Solenn; ce qui m'intéresse, c'est la personnalité de l'interlocuteur, plus que ce qu'il dit. Si une personne me parle de quelque chose qui ne m'intéresse pas mais que je sens que cette chose lui tient à cœur, alors je m'y intéresse spontanément (j'aime bien aussi comprendre pourquoi le sujet passionne cette personne).
Si au contraire j'ai l'impression que la personne me parle de la pluie et du beau temps, qu'elle n'est pas passionnée, alors ça me barbe.
"Je ne cherche pas à connaître les réponses, je cherche à comprendre les questions."
Confucius
Confucius
Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
Je partage complètement cette difficulté, et pour ça, les séances de kiné où on peut se réapproprier le corps et ses sensations, son langage (à là il à faim, à la il est fatigué, là il a besoin d'aller dehors etc ...) c'est une porte d'entrée pour arriver à ne plus vivre à l'extérieur de soi-même.Fabs le vaurien a écrit : Déconnecté. Mon corps et ma pensée sont deux entités différenciées qui se snobent proprement.
J'ai longtemps nourri la sensation de me porter, de me traîner. Mon corps est quelque chose que je peine à reconnaitre comme faisant partie de moi. Non seulement il me pèse, mais en plus il emprisonne ma pensée. J'ai l'impression qu'il la bride, la contient et que sans lui, je pourrais faire ce que je veux, tout concrétiser fidèlement avec ce que je ressens.
N’empêche que ça influe sur mon approche de l’altérité. Comment pourrais-je me présenter aux autres, utiliser ce corps comme outil relationnel si moi même, je ne le reconnais pas comme faisant partie de moi?
Pour peu qu'educativement, on m'ait fait comprendre que de toute façon, ce corps ne m'appartient pas...
En ce qui me concerne, la maladie à surement joué un rôle dans le rejet du corps comme étant incompétent, briseur de rêve, prison et finalement je me suis recroquevillée dans mon univers psychique qui lui même s'est vu tronqué plusieurs fois (pour cause de traumatismes répétés) : sensation d’étouffement, claustrophobie ... C'est pas étonnant, du coup je pense à ton asthme.
Il faut beaucoup de temps pour pouvoir à nouveau faire confiance et écouter son corps, mais on peut vraiment retrouver un espace de liberté. Alors oui c'est sur, ça peut paraitre un peu nunuche de l'extérieur d'arriver simplement à sentir qu'on à faim. Mais quand on en arrive à ce degré de négligence physique, c'est vraiment un exploit dont on peut être fière. En thérapie il y a des séances qui sont consacrées justement à ré-assembler le corps et l'esprit, sans qu'ils s'excluent mutuellement. Je pense que je vais y jeter un œil après mon déménagement.
- soazic
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
je ressens souvent cela aussi, cette impression de trainer son corps. je fais de la danse depuis longtemps et je ne suis pas encore pleinement dans mon corps c'est très gênant (mais j'y travaille). J'ai bénéficié de ces soins kinés fut un temps mais ce n'était pas suffisant, je chreche maintenant du côté de la médecine chinoise.
le décalage, je le mesure presque au quotidien dans la relation aux autres, je fais bande à part a travail, impossible pour moi de faire autrement, par ailleurs je peux y être très sociable et n'ai aucun soucis relationnel avec les patients bien au contraire.
le décalage, je le mesure presque au quotidien dans la relation aux autres, je fais bande à part a travail, impossible pour moi de faire autrement, par ailleurs je peux y être très sociable et n'ai aucun soucis relationnel avec les patients bien au contraire.
Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
Hors-sujet
@ Fab :
[BBvideo 425,350]http://www.youtube.com/watch?v=dTZQ2IB_x7c[/BBvideo]
Je ne sais pas si c'est ça que tu ressens ... moi si. Je n'ai pas de meilleur moyen de l'exprimer.
[BBvideo 425,350]http://www.youtube.com/watch?v=dTZQ2IB_x7c[/BBvideo]
Je ne sais pas si c'est ça que tu ressens ... moi si. Je n'ai pas de meilleur moyen de l'exprimer.
Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
Le concept de différence c’est vraiment un truc promu paar les adultes et qui n’existe que dans le regard ou la tête des autres. Il y avait cet interview de Lenny Kravitz, dont la mère est noire et le père blond/yeux bleus, qui expliquait que petit, comme ils vivaient dans l’environnement black de sa mère, il était persuadé que son père était noir lui aussi. Les petits copains à l’école se fichaient de lui parce que son père était blanc, mais lui il le voyait bien noir. Ben moi c’était pareil ; je n’aurais pas pu constater par moi-même de différence visible entre un Sénégalais et un Finnois jusqu'à ce qu’on me le fasse entrer dans la tête. Si les humains avaient créé une échelle de valeurs entre les yeux marrons et les bleus, certain que c’est ce qui nous sauterait aux yeux dès qu’on rencontre quelqu’un. Pure construction mentale, basée sur des critères discutables.
Au début quand je m’emballais dans des raisonnements ou descriptions alambiqués, on me disait que j’étais trop compliquée et je l’acceptais. Depuis environ 10 ans, quand on me dit que je « pense trop » je réponds que, forcement, vu que les autres pensent pas assez, il y en a bien qui doivent se dévouer et faire le sale boulot. Tout allait donc bien tant que j’acceptais les jugements de valeurs des autres avec gentillesse et componction. Aujourd’hui, je n’ai plus ce genre de patience.
Au début quand je m’emballais dans des raisonnements ou descriptions alambiqués, on me disait que j’étais trop compliquée et je l’acceptais. Depuis environ 10 ans, quand on me dit que je « pense trop » je réponds que, forcement, vu que les autres pensent pas assez, il y en a bien qui doivent se dévouer et faire le sale boulot. Tout allait donc bien tant que j’acceptais les jugements de valeurs des autres avec gentillesse et componction. Aujourd’hui, je n’ai plus ce genre de patience.
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
Je visitais et j'avais envie de répondre.
Quand j'étais à l'école primaire, j'avais mes copains, on s'amusait bien.
Après il y a eu le collège. Tous mes copains (ou presque) étaient allés ailleurs et je me suis retrouvé seul.
Les deux premières années ça allait encore parce que j'avais deux copains avec qui je passais tout mon temps. Puis en 4ième j'étais vraiment seul, face à un gouffre. Je me sentais isolé et confronté à un choix informulable pour le moment. J'ai senti qu'il fallait que je commence à penser. Et ça s'est fait tout seul. J'ai pensé, réfléchi, visualisé, interprété, analysé, tout ce que je pouvais... j'ai appris à me taire, à retourner ma colère à l'intérieur de moi-même et de haïr tout ce qui ne faisait pas parti de moi. De l'extérieur on me voyait calme, posé, lunatique. De l'intérieur je me sentais bouillant, enflammé, avec un trop plein d'une énergie pure que je parvenais à canalyser avec difficulté.
C'est donc depuis la 4ième que je me sens en décalage constant avec tout.
Quand j'étais à l'école primaire, j'avais mes copains, on s'amusait bien.
Après il y a eu le collège. Tous mes copains (ou presque) étaient allés ailleurs et je me suis retrouvé seul.
Les deux premières années ça allait encore parce que j'avais deux copains avec qui je passais tout mon temps. Puis en 4ième j'étais vraiment seul, face à un gouffre. Je me sentais isolé et confronté à un choix informulable pour le moment. J'ai senti qu'il fallait que je commence à penser. Et ça s'est fait tout seul. J'ai pensé, réfléchi, visualisé, interprété, analysé, tout ce que je pouvais... j'ai appris à me taire, à retourner ma colère à l'intérieur de moi-même et de haïr tout ce qui ne faisait pas parti de moi. De l'extérieur on me voyait calme, posé, lunatique. De l'intérieur je me sentais bouillant, enflammé, avec un trop plein d'une énergie pure que je parvenais à canalyser avec difficulté.
C'est donc depuis la 4ième que je me sens en décalage constant avec tout.
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Mes rêves sont de lumière...
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
Question extrêmement intéressante! Ce forum est le premier endroit où je lis des phrases qui se confondent avec certaines de mes impressions.
De mon côté, en primaire, je ne me sentais pas seul, peut-être un peu différent de par l'ennui scolaire, mais j'avais bon nombre de copains. J'étais un fauteur de trouble, je poussais mes camarades à faire bêtises sur bêtises et riait de leurs déboires (l'empathie n'était pas mon fort.. et ne l'est d'ailleurs toujours pas). Par contre, dès mon saut de classe, je me suis retrouvé "en milieu hostile". Et depuis là, solitude, moqueries, quolibets et méchanceté gratuite m'ont accompagné durant 5-6 ans. J'étais vraiment isolé socialement et tout était bon pour me mettre à l'écart, mes piètres prestations sportives servant de cheval de bataille à mes détracteurs. Durant cette période, mes parents m'avaient inscrit au "programme Hélios", qui proposait des ateliers et rencontres pour les surdoués (jeux de rôle ou discussions de groupe) mais cela n'a pas changé grand-chose, si ce n'est me faire comprendre que j'étais quelque peu différent. J'ai eu la chance de changer totalement de ville, d'école et d'entourage lorsque je suis entré au collège (qui correspond au lycée en France). Personne ne me connaissait, pas d'à priori, un nouveau départ. De là, j'ai lentement pu remarquer qu'on pouvait m'accepter. Aujourd'hui encore, je suis en reconstruction sociale. Apparemment, je donne l'image de quelqu'un ayant confiance en lui, les apparences sont trompeuses
Je n'ai pas l'impression que la douance soit forcément toujours le problème mais en tous cas le déclencheur. Les enfants détestent les différents, j'étais différent. Je suis tout à fait d'accord avec Coccinelle qui parle d'une question d'estime de soi. Malgré tout, il me semble quand même que j'ai des "lacunes sociales". Ce qui pour les autres est socialement inné, ou tout du moins évident, ne l'est pas pour moi. En fait, il y a comme une inversion avec le domaine de l'intellect. Pas besoin d'apprendre à comprendre ou à réfléchir, mais besoin d'apprendre à entrer en contact avec les autres. Comme le dit Bebel, il y a inversion de ce qui est naturel pour moi ou pour les autres. Peut-être est-ce aussi un problème de spontanéité. Je réfléchis toujours trop, ce qui, d'après ce que je (commence à) comprend(re)s n'est pas bon partout.
Je me retrouve aussi dans les paroles de Isatis quant à la facilité de fréquenter des adultes lorsque j'étais plus jeune. Étant maintenant (à peu près ) adulte, la question est réglée, et tant mieux.
Aujourd'hui, je me demande souvent "comment fonctionne le cerveau des autres". J'aimerais pouvoir entre dans leur esprit durant un jour pour "voir la différence" et penser comme eux. J'ai l'impression de penser différemment et dans certains domaines trop aussi. Dans mes études, j'apprends de manière différente : le par-coeur me répugne et m'est impossible (faisant du droit, c'est parfois un brin incompatible ). Dans ma vie sentimentale, je tente d'interpréter tout acte, tout geste, toute parole : certainement encore un relent de manque d'estime. De manière générale, je n'arrive pas à penser à rien. Mon cerveau a le pouvoir, mon corps est son esclave. Je ne dirais pas que c'est une cage mais plutôt un suiveur. Le matériel, le spontané, le direct sont secondaires : tout est filtré par la réflexion. Le sentiment de solitude est aujourd'hui plutôt rare et ne me dérange pas forcément. Dans ma reconstruction sociale, j'ai réussi à "comprendre" l'amitié mais pas encore l'amour. J'y réfléchis trop, même si quantifier la réflexion est un concept absurde (qui est apte à créer une échelle de réflexion?).
Enfin voilà, pour moi tout est lié : la douance, l'estime de soi, les "capacités sociales" : il faut trouver le juste-milieu, et ça, c'est pas encore gagné pour moi
De mon côté, en primaire, je ne me sentais pas seul, peut-être un peu différent de par l'ennui scolaire, mais j'avais bon nombre de copains. J'étais un fauteur de trouble, je poussais mes camarades à faire bêtises sur bêtises et riait de leurs déboires (l'empathie n'était pas mon fort.. et ne l'est d'ailleurs toujours pas). Par contre, dès mon saut de classe, je me suis retrouvé "en milieu hostile". Et depuis là, solitude, moqueries, quolibets et méchanceté gratuite m'ont accompagné durant 5-6 ans. J'étais vraiment isolé socialement et tout était bon pour me mettre à l'écart, mes piètres prestations sportives servant de cheval de bataille à mes détracteurs. Durant cette période, mes parents m'avaient inscrit au "programme Hélios", qui proposait des ateliers et rencontres pour les surdoués (jeux de rôle ou discussions de groupe) mais cela n'a pas changé grand-chose, si ce n'est me faire comprendre que j'étais quelque peu différent. J'ai eu la chance de changer totalement de ville, d'école et d'entourage lorsque je suis entré au collège (qui correspond au lycée en France). Personne ne me connaissait, pas d'à priori, un nouveau départ. De là, j'ai lentement pu remarquer qu'on pouvait m'accepter. Aujourd'hui encore, je suis en reconstruction sociale. Apparemment, je donne l'image de quelqu'un ayant confiance en lui, les apparences sont trompeuses
Je n'ai pas l'impression que la douance soit forcément toujours le problème mais en tous cas le déclencheur. Les enfants détestent les différents, j'étais différent. Je suis tout à fait d'accord avec Coccinelle qui parle d'une question d'estime de soi. Malgré tout, il me semble quand même que j'ai des "lacunes sociales". Ce qui pour les autres est socialement inné, ou tout du moins évident, ne l'est pas pour moi. En fait, il y a comme une inversion avec le domaine de l'intellect. Pas besoin d'apprendre à comprendre ou à réfléchir, mais besoin d'apprendre à entrer en contact avec les autres. Comme le dit Bebel, il y a inversion de ce qui est naturel pour moi ou pour les autres. Peut-être est-ce aussi un problème de spontanéité. Je réfléchis toujours trop, ce qui, d'après ce que je (commence à) comprend(re)s n'est pas bon partout.
Je me retrouve aussi dans les paroles de Isatis quant à la facilité de fréquenter des adultes lorsque j'étais plus jeune. Étant maintenant (à peu près ) adulte, la question est réglée, et tant mieux.
Aujourd'hui, je me demande souvent "comment fonctionne le cerveau des autres". J'aimerais pouvoir entre dans leur esprit durant un jour pour "voir la différence" et penser comme eux. J'ai l'impression de penser différemment et dans certains domaines trop aussi. Dans mes études, j'apprends de manière différente : le par-coeur me répugne et m'est impossible (faisant du droit, c'est parfois un brin incompatible ). Dans ma vie sentimentale, je tente d'interpréter tout acte, tout geste, toute parole : certainement encore un relent de manque d'estime. De manière générale, je n'arrive pas à penser à rien. Mon cerveau a le pouvoir, mon corps est son esclave. Je ne dirais pas que c'est une cage mais plutôt un suiveur. Le matériel, le spontané, le direct sont secondaires : tout est filtré par la réflexion. Le sentiment de solitude est aujourd'hui plutôt rare et ne me dérange pas forcément. Dans ma reconstruction sociale, j'ai réussi à "comprendre" l'amitié mais pas encore l'amour. J'y réfléchis trop, même si quantifier la réflexion est un concept absurde (qui est apte à créer une échelle de réflexion?).
Enfin voilà, pour moi tout est lié : la douance, l'estime de soi, les "capacités sociales" : il faut trouver le juste-milieu, et ça, c'est pas encore gagné pour moi
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
Je trouve vos échanges vraiment passionnants.
Le sentiment de décalage, c'est d'abord dans ma propre famille que je l'ai ressenti, assez tôt. Comme je n'arrivais pas à exprimer ce qui m'habitait, j'étais constamment en colère. J'aimais passer du temps avec mes grand-mères car elles répondaient à mes questions et ne me traitaient comme une petite ou un bébé (même qd j'avais 4-5 ans). Après, plus j'ai grandi plus je me trouvais "pas normale", les autres me trouvaient "bizarre". Je me suis réfugiée dans les livres et j'adorais les histoires qui se passaient dans d'autres pays ou dans des mondes imaginaires.
Aujourd'hui encore, je vois bien que ma mère me regarde parfois de manière interloquée comme si elle se demandait comment diable elle a pu élever une fille comme moi, un peu martienne sur les bords
Ce qui me vient avec"décalée" c'est "à contre temps", souvent. Peut-être parce que je suis une solitaire. Alors quand je suis avec d'autres, mon tempo n'est pas toujours calé sur celui des autres. Ou plutôt, j'arrive à me caler et à un moment, zip ça saute (un peu comme sur un vinyle, je saute quelques sillons) et je décroche complètement. Même si j'arrive à raccrocher, je me sens gauche et à côté. Mes amis savent "oh ben dame, elle est comme ça" ,j'ai de la chance, ils ne s'en formalisent pas . Et certains me disent "mais c'est bien d'être décalée, de ne pas être dans le moule!" Là, j'ai plus de doutes...
Ça a été plus compliqué dans le milieu professionnel...et je me suis taillée une solide réputation de banquise vraiment pénible (pour rester polie!).
Je ne sais pas si ça passera un jour, ce sentiment d'être au bord, rarement dedans.
Le sentiment de décalage, c'est d'abord dans ma propre famille que je l'ai ressenti, assez tôt. Comme je n'arrivais pas à exprimer ce qui m'habitait, j'étais constamment en colère. J'aimais passer du temps avec mes grand-mères car elles répondaient à mes questions et ne me traitaient comme une petite ou un bébé (même qd j'avais 4-5 ans). Après, plus j'ai grandi plus je me trouvais "pas normale", les autres me trouvaient "bizarre". Je me suis réfugiée dans les livres et j'adorais les histoires qui se passaient dans d'autres pays ou dans des mondes imaginaires.
Aujourd'hui encore, je vois bien que ma mère me regarde parfois de manière interloquée comme si elle se demandait comment diable elle a pu élever une fille comme moi, un peu martienne sur les bords
Ce qui me vient avec"décalée" c'est "à contre temps", souvent. Peut-être parce que je suis une solitaire. Alors quand je suis avec d'autres, mon tempo n'est pas toujours calé sur celui des autres. Ou plutôt, j'arrive à me caler et à un moment, zip ça saute (un peu comme sur un vinyle, je saute quelques sillons) et je décroche complètement. Même si j'arrive à raccrocher, je me sens gauche et à côté. Mes amis savent "oh ben dame, elle est comme ça" ,j'ai de la chance, ils ne s'en formalisent pas . Et certains me disent "mais c'est bien d'être décalée, de ne pas être dans le moule!" Là, j'ai plus de doutes...
Ça a été plus compliqué dans le milieu professionnel...et je me suis taillée une solide réputation de banquise vraiment pénible (pour rester polie!).
Je ne sais pas si ça passera un jour, ce sentiment d'être au bord, rarement dedans.
Finistaire
Du pain, du beurre, des embruns et 1000 questions
Du pain, du beurre, des embruns et 1000 questions
Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
"Et vous : à quand remonte votre sentiment de décalage, de différence, d'incompréhension ?"
Je réponds à la question avant de lire les réponses déjà existantes, afin de vous écrire au mieux mon ressenti.
Pour ma part, ce n'est pas très clair. Je n'ai pas beaucoup de souvenir de mon enfance. Tout me revient petit à petit.
Le sentiment de différence aujourd'hui est énorme. Il et ne cesse de s'accroître depuis plusieurs mois.
Les 12 dernières années se sont plutôt bien passées à ce sujet. Pendant ces 12 années, je ressentais régulièrement le sentiment de ne pas être à ma place, de ne pas réussir à m'intégrer, mais je n'y ai pas davantage prêté attention. "ça arrive à tout le monde!". Et puis quand ça m'arrivait, çad chaque fois que j'étais en société, l'alcool me permettait de briser la glace et de m'intégrer.
Je me reprochais de me prendre la tête, je me suis en fait toujours senti coupable de mon manque d'intégration.
Il y a eu une étape importante, un changement radical lorsque j'avais 15 ans. Tout cela est expliqué dans ma présentation. Je commençais seulement à comprendre lorsque j'ai écrit mon texte de présentation. Mais les pièces continuent de tomber les unes après les autres et le puzzle se construit. Je me souviens maintenant clairement de me sentiment de différence constant quand j'étais gamin. Je me souviens de l'école primaire mais pas de l'école secondaire. J'ai encore un blocage réel pour ma période 11-15 ans. Avant mes 11 ans je me souviens bien de mes très bons résultats scolaires. J'ai toujours associé mon rejet par la société à ces résultats scolaires mais peut-être que finalement cela n'avait rien à avoir! Deux sentiments prédomine largement si je me replonge dans mon enfance : la solitude et l'ennui. Ces deux sentiments ont d'ailleurs été jusqu'à il y a peu très anxiogènes!
Concernant cette période 11-15 ans qui reste inconnue pour moi, c'est ma mère qui m'a donné des infos récemment. Elle m'a fait part du fort sentiment de solitude et d'ennui dont je lui parlais à cette époque. Je rentrais régulièrement de l'école en pleurs. Elle m'a avoué qu'à cette époque elle s'est inquiétée de mon ennui qu'elle ne comprenait pas. Et mes résultats scolaires étaient toujours très bons bien que je sois inscrit dans une école très bien réputée.
A chaque époque dont je me souvienne, j'étais le sujet de moquerie ou harcèlement (j'ose utiliser ce mot depuis peu mais c'est bien ce dont j'étais la victime) parce que j'étais différent.
Je comprends aujourd'hui également que mes parents ont toujours souffert de ce sentiment de différence. Malgré leur presque soixantaine, la vie ne les a jamais dirigé vers la piste de la douance. En me comprenant, je les comprends.
Pour répondre donc d'une manière claire à la question de base : j'ai bien l'impression que ce sentiment de différence remonte chez moi à ma création. ^^
Je réponds à la question avant de lire les réponses déjà existantes, afin de vous écrire au mieux mon ressenti.
Pour ma part, ce n'est pas très clair. Je n'ai pas beaucoup de souvenir de mon enfance. Tout me revient petit à petit.
Le sentiment de différence aujourd'hui est énorme. Il et ne cesse de s'accroître depuis plusieurs mois.
Les 12 dernières années se sont plutôt bien passées à ce sujet. Pendant ces 12 années, je ressentais régulièrement le sentiment de ne pas être à ma place, de ne pas réussir à m'intégrer, mais je n'y ai pas davantage prêté attention. "ça arrive à tout le monde!". Et puis quand ça m'arrivait, çad chaque fois que j'étais en société, l'alcool me permettait de briser la glace et de m'intégrer.
Je me reprochais de me prendre la tête, je me suis en fait toujours senti coupable de mon manque d'intégration.
Il y a eu une étape importante, un changement radical lorsque j'avais 15 ans. Tout cela est expliqué dans ma présentation. Je commençais seulement à comprendre lorsque j'ai écrit mon texte de présentation. Mais les pièces continuent de tomber les unes après les autres et le puzzle se construit. Je me souviens maintenant clairement de me sentiment de différence constant quand j'étais gamin. Je me souviens de l'école primaire mais pas de l'école secondaire. J'ai encore un blocage réel pour ma période 11-15 ans. Avant mes 11 ans je me souviens bien de mes très bons résultats scolaires. J'ai toujours associé mon rejet par la société à ces résultats scolaires mais peut-être que finalement cela n'avait rien à avoir! Deux sentiments prédomine largement si je me replonge dans mon enfance : la solitude et l'ennui. Ces deux sentiments ont d'ailleurs été jusqu'à il y a peu très anxiogènes!
Concernant cette période 11-15 ans qui reste inconnue pour moi, c'est ma mère qui m'a donné des infos récemment. Elle m'a fait part du fort sentiment de solitude et d'ennui dont je lui parlais à cette époque. Je rentrais régulièrement de l'école en pleurs. Elle m'a avoué qu'à cette époque elle s'est inquiétée de mon ennui qu'elle ne comprenait pas. Et mes résultats scolaires étaient toujours très bons bien que je sois inscrit dans une école très bien réputée.
A chaque époque dont je me souvienne, j'étais le sujet de moquerie ou harcèlement (j'ose utiliser ce mot depuis peu mais c'est bien ce dont j'étais la victime) parce que j'étais différent.
Je comprends aujourd'hui également que mes parents ont toujours souffert de ce sentiment de différence. Malgré leur presque soixantaine, la vie ne les a jamais dirigé vers la piste de la douance. En me comprenant, je les comprends.
Pour répondre donc d'une manière claire à la question de base : j'ai bien l'impression que ce sentiment de différence remonte chez moi à ma création. ^^
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
Question sympathique en effet. Merci à vos témoignages également, c'est toujours un plaisir à lire !
Je vais tenter d'y répondre à titre personnel aussi et je vous prie de m'excuser d'avance si je ne peux dissocier la réponse stricte de son contexte mais il me semble important de lier le quand à ses tenants et aboutissants (dans la mesure du possible).
Chez moi le sentiment de décalage est intimement lié au manque de reconnaissance. Il remonte au tout début comme beaucoup d'entre vous (ce qui est fondamentalement logique au fond, ce qui est moins intuitif c'est de comprendre que c'est un fait et non pas un "problème") et s'il a pu être une gêne à l'époque, il est devenu un allié aujourd'hui.
Ca va peut-être vous paraître fou, impossible, prétentieux (que sais-je d'autre encore ?) et pourtant il n'en est rien, en fait mes plus vieux souvenirs remontent au temps ou je ne parlais pas encore. Je peux vous dire que à ce moment là déjà, je vivais une frustration de ne pas toujours me faire comprendre par ma mère (parce que c'est elle qui s'occupait essentiellement de moi) ce qui pour moi est le berceau (c'est le cas de le dire) de mon sentiment de décalage. Ne pas me faire comprendre, me sentir incomprise participe à cette impression de ne pas être sur la même longueur d'onde qu'autrui. Et crée un manque de confiance en soi pour ne pas avoir réussi à se faire comprendre et un sentiment de différence vis-à-vis d'autrui par le fait qu'il n'ai pas compris ce mon information. Alors bien sûr avec le recul on se dit que c'était évident ! Personne n'est omniscient et se faire comprendre aux premiers âge de sa vie avec tout ce que ça implique est loin d'être évident ^^
Toujours est-il que le phénomène a perduré durant l'enfance et lorsque le thème de l'homosexualité est arrivé sur la table à l'adolescence, ça a entraîné une belle pagaille avec une belle dépendance affective mise au grand jour à la clé. A ce niveau là, l'incompréhension des autres vers moi et vice versa, a pris une ampleur importante au point de me dire que je n'étais pas celle que je pensais être.
Au final, ce n'est qu'en sortant des sphères familiales et scolaires, dans lesquelles je n'avais plus assez de recul sur les choses pour savoir qui j'étais ni ce que je pensais ni ce qui était bon ou non dans ce que mon environnement me renvoyais comme description de moi - sans doute du fait qu'elles occupent une place importante dans mon quotidien ainsi que par leur travail "d'enseignement et d'éducation - que j'ai pu enfin m'émanciper. C'est seulement dans un isolement temporaire et constructif que j'ai pu à mon tour me découvrir et arriver à penser qu'au fond, oui, tout le monde est différent, que si je voulais en faire mon fer de lance c'est parce que je souhaitais une relative reconnaissance de ce que je suis intimement et ce parce que je ne me sentais pas capable de me reconnaitre moi même en étant plongée dans ce fourbis de "il faut être ainsi", "ne sois pas comme ça", "es-tu certaine que", etc. C'est dans ce contexte plus sain que j'ai pu créer ma place et tout doucement me retrouver. Maintenant je me sens réellement différente (parce que je me reconnaissance personnellement et c'est bien mieux) par contre je ne me sens plus en décalage particulièrement. Chacun est qui il est à tel ou tel moment.
Je vais tenter d'y répondre à titre personnel aussi et je vous prie de m'excuser d'avance si je ne peux dissocier la réponse stricte de son contexte mais il me semble important de lier le quand à ses tenants et aboutissants (dans la mesure du possible).
Chez moi le sentiment de décalage est intimement lié au manque de reconnaissance. Il remonte au tout début comme beaucoup d'entre vous (ce qui est fondamentalement logique au fond, ce qui est moins intuitif c'est de comprendre que c'est un fait et non pas un "problème") et s'il a pu être une gêne à l'époque, il est devenu un allié aujourd'hui.
Ca va peut-être vous paraître fou, impossible, prétentieux (que sais-je d'autre encore ?) et pourtant il n'en est rien, en fait mes plus vieux souvenirs remontent au temps ou je ne parlais pas encore. Je peux vous dire que à ce moment là déjà, je vivais une frustration de ne pas toujours me faire comprendre par ma mère (parce que c'est elle qui s'occupait essentiellement de moi) ce qui pour moi est le berceau (c'est le cas de le dire) de mon sentiment de décalage. Ne pas me faire comprendre, me sentir incomprise participe à cette impression de ne pas être sur la même longueur d'onde qu'autrui. Et crée un manque de confiance en soi pour ne pas avoir réussi à se faire comprendre et un sentiment de différence vis-à-vis d'autrui par le fait qu'il n'ai pas compris ce mon information. Alors bien sûr avec le recul on se dit que c'était évident ! Personne n'est omniscient et se faire comprendre aux premiers âge de sa vie avec tout ce que ça implique est loin d'être évident ^^
Toujours est-il que le phénomène a perduré durant l'enfance et lorsque le thème de l'homosexualité est arrivé sur la table à l'adolescence, ça a entraîné une belle pagaille avec une belle dépendance affective mise au grand jour à la clé. A ce niveau là, l'incompréhension des autres vers moi et vice versa, a pris une ampleur importante au point de me dire que je n'étais pas celle que je pensais être.
Au final, ce n'est qu'en sortant des sphères familiales et scolaires, dans lesquelles je n'avais plus assez de recul sur les choses pour savoir qui j'étais ni ce que je pensais ni ce qui était bon ou non dans ce que mon environnement me renvoyais comme description de moi - sans doute du fait qu'elles occupent une place importante dans mon quotidien ainsi que par leur travail "d'enseignement et d'éducation - que j'ai pu enfin m'émanciper. C'est seulement dans un isolement temporaire et constructif que j'ai pu à mon tour me découvrir et arriver à penser qu'au fond, oui, tout le monde est différent, que si je voulais en faire mon fer de lance c'est parce que je souhaitais une relative reconnaissance de ce que je suis intimement et ce parce que je ne me sentais pas capable de me reconnaitre moi même en étant plongée dans ce fourbis de "il faut être ainsi", "ne sois pas comme ça", "es-tu certaine que", etc. C'est dans ce contexte plus sain que j'ai pu créer ma place et tout doucement me retrouver. Maintenant je me sens réellement différente (parce que je me reconnaissance personnellement et c'est bien mieux) par contre je ne me sens plus en décalage particulièrement. Chacun est qui il est à tel ou tel moment.
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
@Herbe rouge: Toutes ces différences sont, certainement, devenues une force aujourd’hui. Tu es capable, avec volonté, de comprendre tout le monde. ET tu es capable de comprendre les "marginaux" mieux que les "normaux" ne le peuvent. Me trompe-je ?
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
Ouiiii tu te trompes! Je suis de ceux qui pense que chacun voit le monde par le prisme de son existence avec tout ce que ça implique.
J'ai du mal m'exprimer quelque part manifestement mais bien sûr que non je ne comprend pas tout le monde, moi incluse! L'être humain me parait être bien trop complexe et le monde tout entier bien trop vaste pour en saisir toutes les nuances. En plus tout est en perpétuel changement non? On n'est pas vraiment le même à l'instant t1 que à l'instant t2.
Je trouve que c''est une force, à titre personnel, parce que je ne perd plus autant d'énergie à imaginer des explications sur telle ou telle réaction, toute seule dans mon coin, ou à monter en épingle certaines choses (j'étais fort comme ça à force de manquer de confiance en tout) Au lieu de ça, maintenant je demande des explications, je prend les faits tels qu'ils sont (c'est-à-dire tels qu'ils apparaissent devant moi et dans la mesure du possible hein, y a une petite démarche de stoïcisme la derrière mais toujours pas d'omniscience) et je fais avec les infos que j'ai et non plus les suppositions. Après j'interprète c'est clair (ça arrive forcément) mais j'essaie que ce soit sur une meilleure base et j'essaie d'agir au mieux sur mon environnement tout en sachant que ce ne sera peut-être pas la réaction parfaite (parce que justement je peux pas tout savoir ou tout contrôler) mais au moins je fais avec ce que j'ai et ça c'est une force parce là aussi je gagne de l'énergie en ne culpabilisant plus autant et aussi vite qu'à une époque. Ça peut paraître très pragmatique de vouloir à tout prix gagner de l'énergie comme ça mais c'est très important de ne pas être fatiguée tout le temps et de finir en dépression comme ça m'est arrivé. Y compris pour mon entourage qui n'a pas forcément facile de me voir brasser de l'air. C'est donc une force d'être mieux dans sa tête au final, c'est juste ça que je voulais dire.
Je suis vraiment désolée si on pouvait l'interpréter autrement, je ne l'avais tout simplement pas vu.
Et j'insiste sur le fait que rien n'est forcément acquis, je continue de me remettre en question. Ici je pense comme ça mais rien n'est dit que si je reviens dans deux ans me lire, je n'aurais pas encore changé.
J'ai du mal m'exprimer quelque part manifestement mais bien sûr que non je ne comprend pas tout le monde, moi incluse! L'être humain me parait être bien trop complexe et le monde tout entier bien trop vaste pour en saisir toutes les nuances. En plus tout est en perpétuel changement non? On n'est pas vraiment le même à l'instant t1 que à l'instant t2.
Je trouve que c''est une force, à titre personnel, parce que je ne perd plus autant d'énergie à imaginer des explications sur telle ou telle réaction, toute seule dans mon coin, ou à monter en épingle certaines choses (j'étais fort comme ça à force de manquer de confiance en tout) Au lieu de ça, maintenant je demande des explications, je prend les faits tels qu'ils sont (c'est-à-dire tels qu'ils apparaissent devant moi et dans la mesure du possible hein, y a une petite démarche de stoïcisme la derrière mais toujours pas d'omniscience) et je fais avec les infos que j'ai et non plus les suppositions. Après j'interprète c'est clair (ça arrive forcément) mais j'essaie que ce soit sur une meilleure base et j'essaie d'agir au mieux sur mon environnement tout en sachant que ce ne sera peut-être pas la réaction parfaite (parce que justement je peux pas tout savoir ou tout contrôler) mais au moins je fais avec ce que j'ai et ça c'est une force parce là aussi je gagne de l'énergie en ne culpabilisant plus autant et aussi vite qu'à une époque. Ça peut paraître très pragmatique de vouloir à tout prix gagner de l'énergie comme ça mais c'est très important de ne pas être fatiguée tout le temps et de finir en dépression comme ça m'est arrivé. Y compris pour mon entourage qui n'a pas forcément facile de me voir brasser de l'air. C'est donc une force d'être mieux dans sa tête au final, c'est juste ça que je voulais dire.
Je suis vraiment désolée si on pouvait l'interpréter autrement, je ne l'avais tout simplement pas vu.
Et j'insiste sur le fait que rien n'est forcément acquis, je continue de me remettre en question. Ici je pense comme ça mais rien n'est dit que si je reviens dans deux ans me lire, je n'aurais pas encore changé.
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
Non, non, ne t'excuses pas. On voit que ce n'était pas ce que tu voulais dire. Tu t'es très bien exprimé et c'est d'ailleurs un beau discourt de sagesse.
On pourrait dire que je suis arrivé là avec mes gros sabots
C'est effectivement déjà compliqué d'essayer de se comprendre soi-même, il est prétentieux de penser pouvoir comprendre (connaitre) tout le monde.
L'image que je voudrais faire passer est que lorsque l'on a ton vécu on est certainement moins sectaire que la moyenne. On est certainement plus tolérant. On fait preuve de plus de tact (justement le contraire de ce que je fais dans le post precedent ) Le jugement est moins hâtif.
On peut comprendre quelqu'un dans le sens avoir de l’empathie (je crois). C'est ce que je voulais évoquer.
On pourrait dire que je suis arrivé là avec mes gros sabots
C'est effectivement déjà compliqué d'essayer de se comprendre soi-même, il est prétentieux de penser pouvoir comprendre (connaitre) tout le monde.
L'image que je voudrais faire passer est que lorsque l'on a ton vécu on est certainement moins sectaire que la moyenne. On est certainement plus tolérant. On fait preuve de plus de tact (justement le contraire de ce que je fais dans le post precedent ) Le jugement est moins hâtif.
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- zaza
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
Depuis toutes petite, depuis que je me suis mise à lire des romans alors que je n'avais que 6 ans, que je ne comprenais pas pourquoi personne n'était aussi passionné que moi pour découvrir le monde. Plus tard, même si j'ai toujours eu la chance d’avoir des amitiés solides et sincères, je ne me suis jamais sentie à ma place nul part, et ça continue.
« Il est des moments où il faut choisir entre vivre sa propre vie pleinement, entièrement, complètement, ou traîner l'existence dégradante, creuse et fausse que le monde, dans son hypocrisie, nous impose. »Oscar Wilde
Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
Tu vois Pixelvois, je comprends mieux aujourd'hui ce que tu voulais dire...pixelvois a écrit :Hors-sujetJe ne sais pas quel est l'effort le plus difficile entre être ce que l'on est et tâcher de paraître ( bien ou pas ), jouer avec les masques sociaux : je ne pense même pas que cela soit comparable dans le sens où ce ne sont pas les mêmes difficultés.deliloo a écrit :Donc oui Pixelvois, je comprends quand tu dis que tu essaies de rester tel que tu es, parce-que ça demande un effort surhumain de maintenir constamment une image pour "paraître bien" devant soi...
La difficulté principale que j'identifie dans le paraître, c'est l'énergie ( phénoménale ) que cela me bouffe.
Celle que j'identifie à être vrai, c'est le fait d'arriver à assumer l'interaction induite avec l'Autre, de façon très générale : le regard de l'Autre ( rarement approbateur, rarement juste dans son interprétation ), la mise en faiblesse vis-à-vis de l'Autre en se livrant beaucoup, et la naïveté face à l'Autre que cela suppose.
- zaza
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
Ce sentiment a l'air commun à beaucoup de monde, ce n'est donc pas une illusion.
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
En fait, je crois que j'ai toujours été en décalage mais le pire, ce fut le collège. J'étais rejetée par tout le monde sans savoir pourquoi, les gens se moquaient de moi tout le temps. Je suis restée quasiment toute seule de la 6ème à la 3ème mais moins sur la fin. Je passais mes récréations toute seule et dès que je le pouvais, je fuyais au CDI où je dévorais quantité de livres. J'étais première de classe sans rien faire en 6ème/5ème puis mes notes baissant, j'ai été légèrement moins seule même si personne ne se mettait à côté de moi (ce qui était pratique, au fond, pour étaler mes affaires). Le pire, c'était les profs qui se liguaient contre moi (une prof de français en 4ème me croyait débile et quand elle ne pouvait pas faire autrement que de me mettre, parfois, la meilleure note de la classe, elle prenait à partie les autres élèves en disant : "bon, je n'ai pas pu faire autrement que de mettre à A... la note de ... Je me demande comment elle a pu faire alors que vous, vous n'avez pas réussi aussi bien" et là toute la classe de rire. J'en ai gardé un souvenir atroce)
au lycée, les choses ont continué de la même manière. Sauf que, quand j'ai redoublé ma classe de 2nde, j'ai trouvé deux trois nouveaux camarades qui m'ont acceptée. Je suis toujours en contact avec une bien des années plus tard. Mais toujours pas d'amis au pluriel comme les lycéens normaux en ont, je n'ai jamais été dans les bandes d'ados. Lors des fêtes, j'étais seule. Je me sentais seule. C'est incroyable comme je ne comprenais pas les gens. J'ai fini par ne plus y aller. Quand même, se sentir seule au milieu de plein de gens -- bon des ados avec lesquels je ne partageais rien. Bon, ils ont fini par ne plus m'inviter (mais s'ils le faisaient encore parfois, c'était peut être par courtoisie, j'en sais rien ou parce que c'était une fête de classe). Je n'ai jamais été fan, je ne comprenais cette frénésie des filles à collectionner des posters ou autres articles. Je ne m'interessais pas aux mêmes choses.
Problème, je ressens encore ça aujourd'hui lors des pots de départ de collègues par exemple ou lors des cérémonies de voeux. etre seule au milieu de la foule, c'est un sentiment terrible. L'ennui est tellement intense que.... et le pire c'est que je ne sais pas quoi dire à tous ces gens dont les sujets de conversation me laissent sans voix (les vacances, le chien, les gosses, le boulot, la rapidité à vider le buffet etc).
au lycée, les choses ont continué de la même manière. Sauf que, quand j'ai redoublé ma classe de 2nde, j'ai trouvé deux trois nouveaux camarades qui m'ont acceptée. Je suis toujours en contact avec une bien des années plus tard. Mais toujours pas d'amis au pluriel comme les lycéens normaux en ont, je n'ai jamais été dans les bandes d'ados. Lors des fêtes, j'étais seule. Je me sentais seule. C'est incroyable comme je ne comprenais pas les gens. J'ai fini par ne plus y aller. Quand même, se sentir seule au milieu de plein de gens -- bon des ados avec lesquels je ne partageais rien. Bon, ils ont fini par ne plus m'inviter (mais s'ils le faisaient encore parfois, c'était peut être par courtoisie, j'en sais rien ou parce que c'était une fête de classe). Je n'ai jamais été fan, je ne comprenais cette frénésie des filles à collectionner des posters ou autres articles. Je ne m'interessais pas aux mêmes choses.
Problème, je ressens encore ça aujourd'hui lors des pots de départ de collègues par exemple ou lors des cérémonies de voeux. etre seule au milieu de la foule, c'est un sentiment terrible. L'ennui est tellement intense que.... et le pire c'est que je ne sais pas quoi dire à tous ces gens dont les sujets de conversation me laissent sans voix (les vacances, le chien, les gosses, le boulot, la rapidité à vider le buffet etc).
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
J'ai un peu le même vécu scolaire que toi, atlantel, sauf que je me suis toujours maintenue à un niveau scolaire assez bon parce que j'avais vite compris que tant que j'avais des bonnes notes, pour mes parents c'était que tout allait bien, et donc j'avais la paix.
Franchement ça ne change pas particulièrement ensuite, dans la vie pro. Là où je travaille il doit y avoir 2-3 personnes que j'aime bien, avec qui je déjeune avec plaisir (mais pas tous les jours non plus). Pour le reste, bah, j'en prends mon parti, déjeuner seule ne me pose pas de problème outre mesure (ou aller faire un tour), je reste peu aux pots, je ne suis jamais au courant des ragots ; je fais mon boulot correctement et avec le sourire, et puis basta. Bon je ne suis qu'à temps partiel, du coup ça me pèse assez peu. A plein temps je fatiguerais davantage je crois. En tout cas j'ai renoncé à "m'intégrer" depuis longtemps, les collègues m'ont globalement captée comme pas très sociable, mais compétente et pas méchante (et surtout pas dangereuse pour leur carrière)...
Franchement ça ne change pas particulièrement ensuite, dans la vie pro. Là où je travaille il doit y avoir 2-3 personnes que j'aime bien, avec qui je déjeune avec plaisir (mais pas tous les jours non plus). Pour le reste, bah, j'en prends mon parti, déjeuner seule ne me pose pas de problème outre mesure (ou aller faire un tour), je reste peu aux pots, je ne suis jamais au courant des ragots ; je fais mon boulot correctement et avec le sourire, et puis basta. Bon je ne suis qu'à temps partiel, du coup ça me pèse assez peu. A plein temps je fatiguerais davantage je crois. En tout cas j'ai renoncé à "m'intégrer" depuis longtemps, les collègues m'ont globalement captée comme pas très sociable, mais compétente et pas méchante (et surtout pas dangereuse pour leur carrière)...
Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen
Pour moi, il faut distinguer deux choses : le décalage par rapport aux autres enfants, et le décalage par rapport à ce que les adultes attendaient de moi.
Le décalage avec les autres enfants a toujours été présent je pense, mais ne m'a pas pesé en lui-même. J'étais plutôt solitaire, avec un cercle d'ami(es) restreint mais très proches, mais c'était une solitude choisie. Je partageais certains intérêts avec eux (j'avais une très bonne imagination, ce qui rendait les jeux encore plus intéressants ^^) et d'autres non, tout simplement. Pour le reste, j'ai eu la chance d'avoir des parents et plus généralement une famille à qui ça ne posait pas trop de problèmes de discuter de sujets qui n'étaient "pas de mon age".
Avec les adultes extérieurs par contre, c'était une autre paire de manche. Rien de tel pour se sentir exclue qu'un instit' qui systématiquement demande "Quelqu'un d'autre que A... pour donner la réponse?" ou soupire désespérée "Tu as déjà fini? Mais qu'est-ce que je vais faire de toi?" Finalement, le problème est toujours venu des cases scolaires, et non pas des enfants de mon age.
Aujourd'hui encore, l'exclusion vient des adultes qui pensent par case. Un enfant se fiche de savoir à quel age j'ai eu mon master. Un adulte compare à lui-même, à ses propres enfants ou petits-enfants... Une fois qu'on a passé les cases, tout va bien. Je suis rarement seule à une soirée même si mon cercle d'amis est toujours aussi restreint.
Après, c'est aussi pas mal du à une habitude que j'ai : toujours trouver quelque chose où l'autre est mon égal, si ce n'est supérieur. Au collège c'était : "Oui je suis une intello, mais je ne fais rien pour. Toi tu cours plus vite que moi, j'en fais pas tout un plat". Les autres ont toujours un sujet qui les intéresse, tout comme nous...
Le boulot, c'est une autre paire de manche, dans le genre décalage... Un décalage d'age, et donc de préoccupations (les enfants, c'est pas encore au programme), mais là encore, pas de solitude. Juste de l'ennui profond, mais ce n'est pas le sujet ^^
Le décalage avec les autres enfants a toujours été présent je pense, mais ne m'a pas pesé en lui-même. J'étais plutôt solitaire, avec un cercle d'ami(es) restreint mais très proches, mais c'était une solitude choisie. Je partageais certains intérêts avec eux (j'avais une très bonne imagination, ce qui rendait les jeux encore plus intéressants ^^) et d'autres non, tout simplement. Pour le reste, j'ai eu la chance d'avoir des parents et plus généralement une famille à qui ça ne posait pas trop de problèmes de discuter de sujets qui n'étaient "pas de mon age".
Avec les adultes extérieurs par contre, c'était une autre paire de manche. Rien de tel pour se sentir exclue qu'un instit' qui systématiquement demande "Quelqu'un d'autre que A... pour donner la réponse?" ou soupire désespérée "Tu as déjà fini? Mais qu'est-ce que je vais faire de toi?" Finalement, le problème est toujours venu des cases scolaires, et non pas des enfants de mon age.
Aujourd'hui encore, l'exclusion vient des adultes qui pensent par case. Un enfant se fiche de savoir à quel age j'ai eu mon master. Un adulte compare à lui-même, à ses propres enfants ou petits-enfants... Une fois qu'on a passé les cases, tout va bien. Je suis rarement seule à une soirée même si mon cercle d'amis est toujours aussi restreint.
Après, c'est aussi pas mal du à une habitude que j'ai : toujours trouver quelque chose où l'autre est mon égal, si ce n'est supérieur. Au collège c'était : "Oui je suis une intello, mais je ne fais rien pour. Toi tu cours plus vite que moi, j'en fais pas tout un plat". Les autres ont toujours un sujet qui les intéresse, tout comme nous...
Le boulot, c'est une autre paire de manche, dans le genre décalage... Un décalage d'age, et donc de préoccupations (les enfants, c'est pas encore au programme), mais là encore, pas de solitude. Juste de l'ennui profond, mais ce n'est pas le sujet ^^