Quelques questions sur innovation, recherche et enseignement

Mathématiques, sciences humaines, anthropologie, écologie, biologie, génétique, médecine, ou encore philologie, linguistique, grammaire et autres. La vaste partie consacrée aux sciences dans leur ensemble, et dans leur unicité.
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Pier Kirool
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Quelques questions sur innovation, recherche et enseignement

Message par Pier Kirool »

Est-ce que recherche fondamentale et innovation sont incompatibles ?

Sinon, quelle est (sont) la (les) conditions pour les faire co-habiter harmonieusement ?

Est-il complètement utopique d'espérer mettre en place une structure ou ce que rapportent les brevets participe au financement de la recherche fondamentale ?


De façon plus large, est-ce délirant de dire qu'il est normal qu'un gouvernement "flèche" des crédits publics en fonction de problématiques qui lui paraissent pertinentes ?

J'avais envie de parler de çà avec vous.
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Coccinelle
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Re: Quelques questions sur innovation, recherche et enseigne

Message par Coccinelle »

Pourrais-tu développer un peu plus que juste poser des questions comme ça, parce que c'est vaste et là juste avec une question je vois pas du tout où tu veux en venir?

parce que poser comme ça je te répondrais:
- non
- de l'esprit et avoir une ou plusieurs idées d'avance, un plan à très long terme
- non, je pense même que dans pas mal de labos privés et étatiques c'est le cas
- non....

c'est pas pour faire du mauvais esprit, mais dis nous ce que tu penses, comment penses-tu que ça devrait être et pourquoi c'est pas le cas actuellement, sinon personne ne peut réagir de façon constructive et ouverte: à réponse fermée réponse concise...

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Pier Kirool
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Re: Quelques questions sur innovation, recherche et enseigne

Message par Pier Kirool »

Ma vision de tout ça, à peu près.
Il y a la recherche publique et la recherche privée. L'utilisation des fonds privés, c'est l'affaire des entreprises. Celle des fonds publics est l'affaire de tous.
Une des tensions du système public, c'est la place de la recherche "dirigée", "fléchée", "appliquée" (mode recherche privée) par rapport à celle de la recherche "de connaissance". Dit autrement, la recherche "pour fabriquer" vs la recherche "qui réfléchit" ; ingénierie vs fondamental. A noter qu’une discipline n'est jamais uniforme, avec une part de l'un et une de l'autre (pour simplifier le pb...). Bon, on oublie, ça complique…
Or, la tendance actuelle, nette, est de privilégier la première façon. D'ou tension avec les tenants et pratiquants de la deuxième (Sauvons la recherche).
Le combat des chercheurs fondamentalistes est-il juste ? Il me semble que oui. C'est un peu intuitif comme position, mais je pense que oui (= le fait de diriger les recherches sur des thèmes pourrait être trop limitatif).
L'orientation publique actuelle étant 1) de consacrer des crédits limités à la recherche (en même temps, il y a autre chose à faire avec l’argent public…) et 2) de favoriser la recherche de type privée, il est nécessaire à mon avis de mieux comprendre comment prendre en compte l'aspect fondamental des recherches.

Il faut à mon avis savoir quoi faire quantitativement. A savoir quelle proportion de crédits affecter à tel ou tel type de recherche par rapport à l’autre. Quelle part affecter à la génération « pure » de connaissances ? Quelle part consacrer au non fléché, au non rentable, au non rapidement utile ? Il semblerait que l’on connaisse le rapport entre le nombre de projets de recherche et le nombre d’inventions innovantes (20 ou 50 pour 1 d’après ce que je comprends)… Est-ce la solution ? L’idée, bien sûr, c’est qu’une innovation puisse en retour rapporter (brevet, etc…) et financer d’autres travaux fondamentaux.
Ensuite, une fois qu’on a dit ça il faut trouver comment faire ? Mettre en contact les industriels, les chercheurs fondamentalistes (publics), les utilisateurs (vous, moi…enfin moi dans le vie, quoi) ? Sans doute est-ce la bonne solution. Cela fait prendre un risque de voir les idées pillées sans contrepartie pour la recherche publique.

Je vous soumets ces questions parce que je pense que ce sont des décisions qui ne sont pas seulement techniques, mais relèvent de la décision des personnes qui financent la recherche publique, c'est-à-dire, vous autant que moi, même si moi, je suis plus en mesure (d’essayer) de déployer de tels outils…
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Re: Quelques questions sur innovation, recherche et enseigne

Message par Coccinelle »

Ce que je vais dire me semble d'une banalité affligeante, mais je vois pas comment la recherche appliquée (donc pour l'obtention de brevet et de trucs bien réels et tangibles) pourrait s'affranchir de la recherche fondamentale.
Il me semble que bien souvent cette dernière a plusieurs trains d'avance sur la recherche appliquée qui se servira peut-être un jour des découvertes de la recherche fondamentale.

Concernant la recherche publique c'est que bien souvent il s'agit de la recherche fondamentale qui ne rapporte pas un coppec, la recherche qui rapporte est laissée au privé....il arrive un moment ou le privé ne pourra plus innover parce que le public n'aura pas assez avancé....j'ai pas de solution à vrai dire, mais dans cette question les politiques ont vraiment un rôle à jouer qu'il ne joue pas assez (financements publiques) parce que leur vision est court termiste. Et puis on ne peut pas nier l'état des finances actuelles, il faudrait donc rapidement rendre au publique des branches de recherche qui rapportent, mais la volonté doit être là et force est de constater qu'elle n'y est pas, dommage parce que pour l'industrialisation en haute technologie de la France, ce qui sur le long terme me semble une bonne solution pour l'économie, ce serait un débouché aux recherches appliqués qui on besoin de la recherche fondamentale.

Le problème du privé, c'est qu'ils vont préférer faire cela ailleurs où c'est moins cher, et où il y a plus de chercheurs. Comme ces derniers vont où c'est plus facile de rechercher (en France l'inertie administrative ralentie les recherches, les budgets sont très restreints).....il faudrait une réelle volonté politique.

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MrAlabar
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Re: Quelques questions sur innovation, recherche et enseigne

Message par MrAlabar »

Topic passionnant, merci !

Il y a un exemple très parlant à ce propos : il s'agit de l'Institut des Hautes Études Scientifiques (IHES) dans l'Essonne. Il s'agit d'un institut de recherche publique en mathématiques et physique fondamentales. Cet institut, basé sur le modèle de l'Institute for Advanced Studies à Princeton, est en partie financé par des fonds privés (il y a par exemple une chaire Schlumberger). Les chercheurs n'ont aucune obligation de résultat, aucune contrainte sur leur(s) sujet(s) de recherche.

Pour aller un peu plus loin dans la réflexion, je pense personnellement que la distinction recherche appliquée/recherche fondamentale n'est pas si nette que cela : c'est mettre une frontière là où il n'y en a pas. Bien sûr, au premier abord ce que je dis n'est pas vrai : un chercheur se pose des questions scientifiques/techniques qui sont guidées, motivées par un contexte particulier. Suivant ce contexte, on pourra parler de recherche fondamentale ou appliquée. Seulement, étant donné que l'on ne maîtrise pas vraiment ce que l'on va trouver, et que l'inspiration peut venir de partout, alors ce jeu de questions/réponses n'a que les limites que l'on veut bien lui donner. Autrement dit, suivant les contacts et l'entourage du chercheur, ses idées resteront dans son domaine propre ou bien voyageront beaucoup.
Pour donner un exemple à ce propos, je vous invite à lire l'histoire des fractales, découvertes par Mandelbrot, travaillant alors chez IBM : cela ne pourrait être que des jolies figures, mais cette théorie a également des applications pratiques (dans le design des antennes par exemple). Dans ce type de découverte, se pose-t-on la question de son application directe ?

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Pier Kirool
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Re: Quelques questions sur innovation, recherche et enseigne

Message par Pier Kirool »

Bonjour,
Merci de vos réponses.
@Coccinelle
Je suis d'accord avec la vision court-termiste des politiques (élections obligent ?) et le fait que les ressources peuvent paraître insuffisantes. Mais d'un autre coté, à quel moment on dit que les financements sont suffisants ? Comment définir le seuil ? Nombre de brevets ?, "Qualité" des brevets ? Nombre de publications ? C'est compliqué et il me semble que chaque critère est imparfait. "Rendre au public des filières qui rapportent", ce serait les interdire au privé, et je ne pense pas que ce soit possible. Et du coup, on est sûrs que le privé délocaliserait la recherche.
@MeAlabar
Effectivement, l'IHES a l'air d'avoir trouvé la solution. Le financement m'a l'air en tous les cas majoritairement public, mais la liste des donateurs est impressionnante... D'accord aussi sur les mécanismes de l'esprit qui font qu'un ne peut pas savoir ce qu'on va trouver, ni ou celà peut nous mener. A ce titre, le financement de l'IHES me semble comme vous le précisez sans contrainte, même de type "thème large", comme ce que l'on voit pour les financements fléchés actuels. D'ailleurs, cette distinction fléché/non fléché m'a l'air d'être prédominante par rapport à la distinction fondamentale appliquée, du moins dans les domaines qui m'occupent (biologie, santé).
D'ailleurs, j'ai l'impression que dans la terminologie, on a glissé doucement de "Biologie - Santé" à "Technologie de la Santé", ce qui est peut-être révélateur.
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