Thème n°2 : Les méchants dans les classiques d’animation Disney
Comme je l’ai déjà dit, j’aime catégoriser.
Je vais donc essayer de dresser une typologie des différents types de méchants dans les classiques d’animation Disney, en fonction de leur caractère.
Pour que la tâche soit plus simple, je vais subdiviser. En premier lieu, seront étudiés les méchants «principaux», puis en second lieu les hommes de main.
Les méchants principaux, du bourreau au bouffon
Tout d’abord, si vous avez le temps, je vous conseille de regarder ce court métrage Disney, datant de 1933,
les 3 petits cochons (que j'aimerais analyser un jour, très intéressant). Les caractéristiques principales qui seront retrouvées chez les méchants principaux sont déjà présentes ici. (voici le lien :
http://www.youtube.com/watch?v=_VBFxFxB-Mw)
Pour moi (et je rappelle une fois de plus que tout ce que je raconte est personnel et n’engage que moi), deux types de méchants principaux peuvent être trouvés, chaque type étant divisible en sous-types et ainsi de suite. Il est à noter que les catégories sont perméables.
Le méchant diabolique, un nuisible à détruire.
Le premier auquel je pense, est Scar (
le Roi lion), suivi de près par les sorcières de
la Belle au bois dormant et de
Blanche-Neige.
C’est l’archétype du méchant. Celui sans scrupule, qui n’hésite pas à tuer ou tenter de le faire, directement et personnellement. Il a en général une apparence assez effrayante.
La palme du plus grand méchant revient, pour moi, à Scar. Il tue son frère pour prendre sa place (et on le voit faire), tente de faire tuer son neveu, crée une armée (
http://www.youtube.com/watch?v=ScaCxUg-4X0 , notez le visuel à 3m22). Aucun remord, aucune scrupule. C'est l'archétype du traître affamé de pouvoir (en équivalent j'ai trouvé Agrippine, mère de Néron). Il finira dépecé par ses propres troupes, preuve que même le héros n’a pas réussi à l’abattre (ce qui est rare dans les Disney). La bataille finale entre Simba (le héros) et Scar n’est drôle a aucun moment, c’est un combat à mort. A comparer avec la scène de bataille entre Shere Khan, mowgli et Baloo (
le Livre de la jungle), bien moins dramatique, alors que Shere Khan n'est pas un méchant très sympathique.
Dans la scène de sa mort (celle de Scar), c’est l’unique moment du film où on le voit effrayé (scène qui me met mal à l’aise d’ailleurs). Mort violente pour méchant cruel. (gardez cela en tête pour la deuxième partie consacrée au méchants principaux).
Je ne m’appesantirais pas sur la sorcière de la Belle au bois dormant, mais c’est le même principe à deux exceptions près : la sorcière n’est pas proche de l’héroïne (pas de sa famille), et surtout, c’est le Prince qui la bat, le triomphe du bien sur le mal (tandis que dans le Roi lion c’est le triomphe du mal stupide et désordonné, donc finalement peu dangereux, on en reparlera, sur le mal rusé et sournois, donc nocif).
Puisque j’ai vu récemment
Taram et le chaudron magique (après m’être aperçu qu’il remportait des suffrages dans le sondage), je vais à présent parler du méchant principal de ce film : le seigneur des ténèbres (notez le nom déjà).
A la différence de Scar (je suis désolé de revenir dessus mais c'est un méchant qui m'a marqué), la figure du traître régicide, avec le seigneur des ténèbres, nous sommes dans l'archétype du méchant de fantasy. C'est Sauron (
le Seigneur des anneaux). Un mage maléfique, d'une apparence de mort vivant démoniaque, voulant recréer son armée des ténèbres. Pour moi moins effrayant, car plus distant, moins sournois. Il n'est pas franchement difficile de deviner ses intentions, il n'est pas non plus très fin dans ses plans (je recrée mon armée et rase le monde).
Bref, un méchant diabolique, du même acabit que la sorcière de la Belle au bois dormant.
Enfin, un dernier méchant diabolique, Jafar (
Aladdin). Pour le coup, on repasse dans le sournois. Il veut devenir sultan à la place du sultan (il a trop lu
Iznogoud étant jeune). Pour se faire, tout est bon : épouser sa fille, hypnotiser le sultan, utiliser la magie. Rien n'y fait.
A la différence des méchants mentionnés ci-dessus, Jafar fait parfois rire (il se fait assommer par une porte à l'arrivée d'Aladdin en prince Ali), et il chute du fait de sa bêtise et sa soif de pouvoir, associé à la ruse d'Aladdin (après un combat, quand même, il faut en avoir pour son argent).
Déjà, avec Jafar, le méchant n'est plus totalement diabolique. Il fait moins peur.
Je ne me souviens plus bien des
101 dalmatiens, mais je pense que Cruella d'Enfer peut entrer dans cette catégorie. De même que le Professeur Ratigan (
Basil, détective privé), qui a pour but de renverser la reine des souris.
Le méchant grotesque, plus comique qu'effrayant
Voici la seconde catégorie des méchants principaux. Comme toujours, je vais raisonner à partir d'exemples, de façon empirique. Il se peut donc que mes catégories soient inadaptées.
Bref, entrons dans le vif du sujet.
Un de mes méchants préférés : Le Prince Jean dans
Robin des bois. PJ (« ça vous a un air policé ») est l'archétype du méchant stupide, cruel, pleurnichard, capricieux, vaniteux, niais, et finit toujours à être Gros-Jean comme devant. Bref, le méchant grotesque. A aucun moment il n'est effrayant. Il fait rire. Il est là pour ça. Dès les premières minutes, il se fait berner par Robin et Petit-Jean, finit en caleçon long dans la boue, ce qui pose le personnage.
Il est à l'opposé d'un Scar, toujours classe, mesuré, intelligent. PJ n'est à aucun moment crédible en méchant. Alors, certes, il échafaude des plans, mais ceux-ci ne marchent jamais (alors que celui de Scar – je sens que vous ne voudrez plus jamais en entendre parler ensuite- pour tuer son frère réussit).
A aucun moment, PJ n'est l'adversaire direct de Robin. Ce n'est pas un méchant à sa taille. Il a un rôle essentiellement comique et scénaristique (il fait avancer l'intrigue). Si tous les méchants étaient comme lui, le travail de héros serait assez aisé.
A noter, le méchant grotesque ne se fait pas tuer. Il est dangereux juste car il a du pouvoir, mais sans cela, il est juste stupide. Un peu de repos lui fait du bien (PJ finit comme casseur de cailloux en tenue rayé – cela ne vous rappelle pas 4 frères stupides par delà l'Atlantique en tenue jaune et noire ?).
Un deuxième exemple, Edgar (
les Aristochats), le majordome qui kidnappe les chats. Pas un méchant diabolique. Sa tentative de kidnapping se terminera en affrontement avec deux chiens (ici
http://www.youtube.com/watch?v=t5Mmp8qjA9c, puis là
http://www.youtube.com/watch?v=xE2fxVXM ... re=related). Pas effrayant non plus. Edgar finira expédié à Tombouctou. Un exil forcé.
A noter que contrairement aux héros diaboliques qui sont mus par l'attrait du pouvoir (Jafar, le seigneur des ténèbres), ou une haine personnelle (la sorcière de Blanche-Neige) ou les deux (Scar), les héros grotesques sont le plus souvent motivés par l'appât du gain (le Prince Jean, sorte de Picsou moyenâgeux, et Edgar, qui veut récupérer l'héritage de madame Bonnefamille à la place des chats).
Comme ci l'attrait de l'argent était moins grave que celui du pouvoir, ou en tout cas, était la motivation d'un esprit plus grossier, et finalement moins dangereux.
Car les méchants grotesques sont nettement moins dangereux que les méchants diaboliques. Point de morts dans Robin des bois, ni dans les Aristochats. Des plans qui ratent systématiquement. Une fois leurs projets échoués, ces méchants ne sont plus considérés comme dangereux. Travail ou exil pour les méchants grotesques, mort pour les méchants diaboliques, irrécupérables.
En somme, le châtiment est proportionné par rapport au crime (quand je dis "proportionné", ça ne veut pas dire que je cautionne, juste que la gradation du châtiment suit celle du crime).
Un dernier exemple à la limite entre les deux catégories, c'est Kaa (
le Livre de la jungle). Ce n'est pas à proprement parler le méchant principal, mais ce n'est pas non plus un homme de main, donc je le mets dans cette catégorie.
Pourquoi un méchant grotesque ? Il n'arrive à rien, se fait martyriser, se coince dans les arbres (réplique mémorable : « hahaha, il a un nœud à la queue » ). Bref, il n'est pas effrayant. Mais il veut manger Mowgli et est à deux doigts de le faire avant l'intervention de Bagheera, a un pouvoir hypnotisant assez fort et la plupart des animaux le craignent. Oui, on peut être craint sans être effrayant.
Pourquoi alors choisir de le mettre dans les héros grotesque ? Par rapport à la manière dont il sort du film. Il disparaît tout simplement dans le jungle et on ne le revoit plus. Il est donc vu comme n'étant pas si dangereux que ça, un danger normal de la jungle en somme.
( A noter, le Kaa du
Livre de la jungle de Kipling est très différent, et bien plus menaçant. Extrait : « Kaa était tout ce que craignaient les singes dans la jungle, car aucun d’eux ne savait où s’arrêtait son pouvoir, aucun d’eux ne pouvait le regarder en face, et aucun d’eux n’était jamais sorti vivant de son étreinte. » Baloo et Bagheera le craigne également).
Cette première partie sur les méchants est terminée. Elle est bien évidemment incomplète et approximative. Toutes les remarques et controverses sont les bienvenues.
Si vous avez une idée de thème, je suis preneur également.