QALC : se taire ou parler d'amour

[Raphaelle]

Je me jette à l'eau... j'ai longuement hésité à proposer le sujet mais je ne l'ai vu nulle part (ou trop fatiguée pour le repérer). Mais je me pose des questions au sujet d'un lien éventuel (ou pas) entre le fait d'être surdoué et des absences de réaction aux messages amoureux. Je précise que je n'évoque ici ni les petits coeurs rouges sur les écrans, ni les déclarations forcées par une Saint Valentin mais bien de messages sincères de la part de celle ou celui qui le transmet, un message qui part du coeur et évoque un amour bien réel.
Mais, j'aimerais savoir si la non réaction verbale écrite ou orale immédiate, ou le silence prolongé, ou l'impossibilité de "dire" est liée à la douance ou pas. Est ce que l'émotion peut faire peur ?
Pour être plus précise, j'ai constaté chez trois hommes différents, d'âges allant de 18 à 63 ans tous surdoués, et qui aiment clairement les femmes qui leur ont déclaré leur sentiment, qu'ils se taisent souvent. Longtemps.... j'ai hâte de lire vos réactions, expériences...

[Apoph]

Bonsoir Raphaëlle, je vais tenter de répondre sans trop m'éparpiller.
Personnellement, j'ai eu beaucoup de mal à m'exprimer sur mes sentiments (je dirais... de ma naissance à mes 20 ans), quels qu'ils soient, assez longtemps. Le déclic m'est venu en deux temps, je crois : je me suis plongé dans le monde littéraire et ai trouvé un intérêt ultime dans les mots, le littéraire, et quelques temps après cette plongée, j'ai eu ma première vraie histoire d'amour. Et, à partir de là, lorsque je déclarai ma flamme, si j'ose dire, je le faisais en étant très prolixe, détaillé, trop, selon certaines de mes conjointes, qui se demandaient comment je pouvais avoir autant accès, avec précision, à mes sentiments : pour la plupart, elles ont convenu, en substance, que je pipeautais, ou à tout le moins que j'étais très bizarre, car il n'y avait qu'un robot (ironique, n'est-il pas !) qui puisse décrire, déclarer des sentiments de manière aussi diserte, littéraire. Le fait qu'elles ne puisent me rendre une réciproque à la hauteur, selon elle bien sûr, devait être frustrant, aussi.
Cependant, et c'est encore davantage dans le thème d'ici, je n'ai pas réussi à me départir de ma circonspection dans l'instant, et même les minutes suivant la réception d'une déclaration amoureuse ; comme si je devais analyser, ou même laisser les informations qu'on me donnait décanter : pour répondre à une phrase que tu écris : ou, l'émotion peut faire peur, ou du moins demander davantage de temps d'analyse que des données "froides" ; le surdoué aura tendance à tout vouloir analyser en profondeur, du moins plus que la moyenne des gens, je crois ; et, une fois l'analyse sentimentale faite, ayant pris un peu de temps, considérer qu'il n'est plus temps, voire ridicule, de répondre maintenantà l'amoureux, ou bien qu'on n'aura pas la manière pour le faire : lui pondre en retour un discours descriptif à froid, plutôt qu'une réciproque énamourée.
Enfin... en général, le lendemain de la déclaration, dans ma tête, tout était clair, mais c'était un peu tard pour l'amoureuse, forcément (peut-être me disais-je, au fond, pour certaines : "peu mieux faire !", je ne sais pas).
On attend souvent en déclarant sa flamme, une réciproque qu'on jugera égale (ni trop ni pas assez), et rapide, comme je le souligne au-dessus.
Cela m'est arrivé, évidemment, de ne savoir quoi répondre à quelque femme qui m'offrait ses sentiments, car ils n'étaient partagés.

[blue hedgehog]

Je m'interroge : le fait de ne pas savoir répondre du tac au tac serait une caractéristique masculine ? Le fait de ne pas répondre du tac au tac serait une caractéristique des surdoués au contraire de quoi ? Des personnes avec un qi dans la norme ?
Ce qu'on m'amène à : une femme surdouée répondrait-elle plus vite ? Et ne devrait-on pas prendre en compte IVT et l'ICV . ..et puis les subtests tant qu'on y est ? Et si on a une personne non genrée, ça se passe comment ? Et une personne intersexe de genre indéterminé avec un qi moyen ?
Hein ?
Bon

[Raphaelle]

Merci beaucoup pour vos réponses qui sont toutes deux très éclairantes. Et posent en effet d'autres questions ou ouvrent d'autres réflexions. Elles confirment des intuitions. Merci

[Brunehilde]

...Est ce que l'émotion peut faire peur ?...

Bien sûr, et c'est vrai pour n'importe qui. Surdoué ou pas, quel que soit le genre défini ou non, enfant, ado, adulte...
Ce sont nos expériences qui modèlent ce type de réactions et pas franchement le reste.
Si on a été amené à exprimer nos émotions enfant, ça se passera bien ensuite.
Par contre si notre famille ne le validait pas ("un garçon ça ne pleure pas, pleurer ça sert à rien etc...) ça peut donner des problèmes puisqu'on a peur des réflexions ensuite.
Les expériences adolescentes sont importantes aussi : si notre premier amour se moque de nous quand on déclare sa flamme, ça refroidit.

...Pour être plus précise, j'ai constaté chez trois hommes différents, d'âges allant de 18 à 63 ans tous surdoués, et qui aiment clairement les femmes qui leur ont déclaré leur sentiment, qu'ils se taisent souvent. Longtemps...

Je connais plusieurs gros contre-exemples (hommes et surdoués donc), on est loin d'être tous introvertis, certains sont même très extravertis et expriment très clairement et directement leurs émotions.

Je peux te concéder qu'on vit dans une société où les hommes sont moins amenés à exprimer leurs émotions, mais c'est bien seulement une injonction sociétale, à ma connaissance les chromosomes n'y sont pour rien, et un jeune garçon peut apprendre comme tout un chacun à exprimer ses sentiments (un adulte aussi, y'a pas d'âge).

Quand au côté surdoué, peut-être certains expriment leurs sentiments d'une manière un peu décalée (là encore ça vient de nos expériences, si on s'est senti décalé, ça marque notre personnalité), du coup c'est plus une question d'avoir la bonne personne en face, celle qui pourra nous comprendre et nous apprécier à notre juste valeur.
Le récit de @Apoph illustre bien ce fait : il a utilisé sa passion du verbe pour exprimer ses émotions, ce n'est pas forcément la manière la plus courante, mais avec la bonne personne en face ça peut être super (je ne suis pas sûre d'ailleurs qu'on attende tous exactement la même chose d'en face, chez certains ça va déranger, chez d'autre ça va être un plus d'être original).

[Phil21]

Cela me fait penser à cet homme (un vrai hpi comme moi) que j'ai croisé il y a trèèèès longtemps et qui au lieu de me dire qu'il était "juste" timide m'a invité à regarder le film "les émotifs anonymes". C'était original comme façon d'exprimer sa façon d'être mais effectivement très parlant et pour moi pas un souci. Il m'a même écrit un jour qu'il était lent à s'apprivoiser. Pas un souci non plus pour moi, on aurai pu faire une course d'escargots. Par contre, le jour où j'ai eu besoin d'une réponse rapide je n'ai reçu qu'une réponse de mufle, ou de goujat, j'hésite encore.
Je ne sais pas trop comment analyser tout ça ; souci d'expression des émotions ? Pas la bonne personne en face ? Mystère.

[Pascalita]

Question à la con mais pas vraiment : c’est quoi, un « vrai » hpi ? Et un faux ?

S’il est question là-dedans de traits de caractère, ou de personnalité, il vaudrait mieux reconsidérer l’approche, car il n’y a pas de portrait-type du surdoué, et pas de traits de caractère qu’on pourrait automatiquement lier au haut potentiel intellectuel.

[Phil21]

Vrai au sens testé comme tel avec même vision sur cette particularité. Pas de portrait type mais si on arrive à rassembler des gens sur un forum tel que celui où l'on se trouve c'est qu'il y a quand même des ressemblances indéniables. Malgré les accords et désaccords.