Douance et Scolarité

Pour des raisons de cohérence de l'ensemble et pour présenter à nos visiteurs une information fiable et claire, cette section est réservée en écriture aux surdoués diagnostiqués.
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Hêraklès
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Douance et Scolarité

Message par Hêraklès »

L'école, dont la racine scholè signifie loisir, par opposition au travail lucratif et alimentaire, est la dispension à la collectivité des savoirs, techniques et éthiques - quand ne s'y adjoint pas spiritualité-, et des rudiments philosophiques nécessaires à l'évolution individuelle et sociale. Cheminer, donc, vers la Civilisation.

L'école est l'antichambre autant que le lieu d'expression de la Société. Ce qui s'y dispense a donc pour objectif d'éduquer la majorité des individus, futurs citoyens et travailleurs/travaillants.

Afin de relier efficacement les deux éléments du titre de ce sujet, il me faudrait définir la Douance et sa mécanicité. Cependant, outre ce que l'on trouvera ailleurs dans ce forum, la définition de la Douance par rapport à la scolarité, se définira ici, me semble-t-il, d'elle-même. Car il s'agira de fonctionnement et d'altérité, de l'individu - du surdoué - dont le fonctionnement se détache de celui de la majorité, et expose la collectivité au problème de son apprentissage et de son enseignement.

L'école, qui se doit d'être l'organe d'élaboration de la citoyenneté et d'éducation du peuple, n'est pas à-même de traiter chaque individu selon ses compétences propres et ses faiblesses - voire ses troubles. Il ne s'agit pas de composer un Enseignement en établissant ce qui est dispensé de manière inégale. D'un autre côté, le surdoué, aussi doué soit-il, se doit lui-même de composer comme tous ses congénères avec son environnement, et cela ne se limitant pas à l'école seule. Lorsque l'on prend le train, on ne peut exiger d'aller plus vite, soi, que le reste des passagers. Cependant, si l’école en ce cas est comparable à un transport collectif, il lui existe des alternatives : des écoles spécialisées dans la Douance, ou tout simplement… l’autodidactisme, l’étude par soi, et pour soi, extrascolaire.

Dans ce sujet, vous pourrez nous raconter votre scolarité, votre expérience et vos pensées à ce sujet, dans un débat éclairé et ouvert.
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Mlle Rose
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Re: Douance et Scolarité

Message par Mlle Rose »

L'école....
:pirate:

Je crois que j'ai compris assez vite ce que l'on attendait de moi, ce qui m'a valu de ne pas avoir de soucis particuliers avec mes professeurs (sauf un ou deux qui m'avaient démasquée, ou d'autres avec qui j'avais de fondamentales incompatibilités d'humeur, mais cela est un problème annexe). Je me suis adaptée, point. J'ai compris rapidement au moment de l'adolescence quelles techniques de manipulation utiliser afin qu'on me foute la paix - non ce n'est pas mal, c'est UTILE). Je ne voyais pas la nécessité absolue de dépasser le 12 de moyenne, ainsi j'ai pu glandouiller à ma guise et me réfugier dans mes rêves d'ailleurs. J'avais une mémoire folle. Les informations entraient dans mes oreilles à l'insu de mon plein gré ( :geek1: ), même celles dont je ne voulais pas (franchement Auschwitz et tous ces trucs d'Histoire affreux dont j'ai fait des cauchemars pendant des jours et des jours...), aussi je ne me souviens pas avoir compris vraiment ce que voulait dire le mot "réviser". Je fonctionnais à l'affectif, beaucoup, et mes notes variaient au gré d'un sourire ou d'un regard de travers. Quelques matières sont donc passées à la trappe dans le lot (qui peut aimer un prof de maths?).
J'ai mal vécu certains trucs... la comparaison avec d'autres. Les supers bosseurs. LOL. Mais pas à cause de l'école, à cause de mes parents, qui ne voyaient pas à quel point je m'y ennuyais sévèrement et tout ce que j'avais d'autre en tête, tout ce que je voulais apprendre, là, au lieu de perdre mon temps à rêvasser là-bas (merci au passage à Mamie qui m'a donné du grain à moudre sans quoi je serais morte desséchée sur place).

Fumiste... peut mieux faire... pourrait s'investir un peu plus... ne semble pas avoir compris l'intérêt des notes... voilà pour les appréciations.
QUELLE BLAGUE!!! En CP un jour j'avais fait toute la page d'exercices alors qu'un seul était à faire et j'ai dû recopier dix fois "je ne dois pas faire le travail qui n'est pas à faire" :lol:

Un seul prof m'a réellement percée à jour... un prof d'histoire, Mr B. Un grand mec avec une coupe de cheveux un peu approximative mais un regard perçant que je n'osais croiser. Il m'a coincée un jour à la fin du cours et en se rapprochant très près de moi sur le ton de la confidence m'a collé un "mademoiselle, vous pourriez faire de grandes choses, vous le savez n'est-ce pas? Vous le savez mais pour une raison qui m'échappe vous n'en avez rien à foutre. Je vous ai à l'œil, je sais à quel point vous me prenez pour un âne, mais peu importe, s'il existe des choses dont vous souhaitez discuter je suis à votre disposition, mais pas de bordel dans mon cours..." Je me suis sentie à poil et je l'ai détesté pour ça. Mais je n'ai pas mis le bordel dans son cours néanmoins... je me suis juste caché les yeux devant les vidéos des camps de concentration. Aujourd'hui je me dis que j'aurais dû saisir sa main tendue.

Voilà pour mon expérience d'élève.

Aujourd'hui je suis maman. D'un enfant qui fatalement va à l'école. Un enfant surdoué. THQI. Et en lutte permanente entre ce qu'il est et ce qu'il doit être. J'ai pris le parti de lui dire de faire ce qu'on lui demande et de voir avec moi ensuite pour les explications complémentaires et les digressions (ça c'est pour les savoirs, je lui expliquerai les techniques de manipulation plus tard ^^). En parallèle, puisque c'est l'école qui m'a alertée sur sa douance (convoquée le premier jour de petite section de maternelle : "votre fils est différent, il doit voir un psy"), j'ai mis en œuvre une politique d'information et de dialogue systématique (prêt, voire don de bouquins et réunions régulières avec l'équipe éducative), afin qu'il ne soit pas considéré comme bizarre, mais juste comme l'enfant surdoué qu'il est (et comme l'enfant tout court). Pas pour qu'on lui pardonne quand il pète un boulon et frappe ses "camarades" ou envoie bouler la maîtresse (ça je ne pardonne pas non plus, on vit dans le monde et on doit respecter ses règles), juste pour qu'il n'ait pas une étiquette d'inadapté d'emblée. Cette année, son enseignante a une maîtrise de psycho, ce qui facilite grandement le dialogue entre nous et, elle et moi, avons déjà discuté du rôle de l'école.

Oui. L'école n'a pas forcément cette vocation de s'adapter à chacun. Pas l'École traditionnelle. Elle est un mini-monde, elle prépare les enfants à affronter celui de quand ils seront grand et je trouve cela salutaire. Elle fait des efforts, c'est bien mais cela engendre d'autres dérives. Je bosse beaucoup avec les écoles, c'est indispensable, et je ne peux que constater ces dernières années une franche tendance à outrepasser ses fonctions (ce ne serait pas grave- voire ce serait pas mal- si pour cela elle ne laissait pas de côté ses deux fonctions premières -à mes yeux- soit l'apprentissage de Savoirs, et de la socialisation).
Nous entrons dans le débat de la médicalisation de la société, aussi je vais arrêter là avant de digresser plus avant. J'ai d'autres idées en tête, notamment les risque du communautarisme, mais je reviendrai plus tard.
Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. E. de la Boétie
NB : Je ne réponds pas aux questions perso en mp, je manque cruellement de temps pour ça et déteste répondre aux gens à l'arrache. Donc... merci d'éviter :f:

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Fabs le vaurien
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Re: Douance et Scolarité

Message par Fabs le vaurien »

globalement, ma scolarité n'a pas été trop traumatique pour moi.

je me souviens avoir appris a parler assez tôt…avoir briller lors de tests (je sais pas lesquels) lorsque j’avais 5 ans…ainsi d’après mes souvenirs ou ceux que mes parents m ont raconté et que j’ai reimaginé par la suite…je ne sais pas trop, lorsque le monsieur me demandait si je savais dessiner un rond, je lui faisais son rond mais en profitais pour lui faire toutes les formes géométriques que je savais faire. Je devais être fier de moi a ce moment là…fier aussi d’illustrer moi-même mes cahiers d’école alors qu'on nous demandé de coller des images correspondantes..moi je préférais les dessiner moi-même….cela m a valu d être mis en doute…la maitresse ayant affirmé que ce n’était pas moi qui avait dessiner mais mon père (ce qui était faux et mes parents ne se sont pas privés de le signaler)…bref….j’ai passé une scolarité normal, basique…j’étais capable du meilleur comme du plus moyen….en classe, la maitresse n avais pas fini la question que mon doigt etais déjà levé….Mais même si je savais tout (dixit la maitresse du cm1) j’allais tellement trop vite que des fois, je me trompais (ct rare) ..je me trompais surtout parceque j’avais mal interprété la consigne….bref je suis arrivé au collège et ca allait a part que je vivais extrêmement mal les mauvaises notes..puis en 4 Eme je m y suis habitué au point ou un redoublement s’est imposé..INJUSTICE total…je devais me tenir sage en classe et en fonction de mon comportement (j'étais un peu speed), on relativiserait les mauvais résultats et on me ferait passer….bien mal m a pris de croire en ce mensonge d’adulte. il est vrai que j’étais mauvais sauf en arts plastiques…j adorais ca…j y passais même tout mes mercredi après midi…bouc emissaire du corps professoral, mes parents m ont tt de même fait passé et ma troisième fut plutôt un succès….j’avais tellement peur de l’échec que j’ai demandé à rentrer en seconde technologique..et j’y suis arrivé…au lycée, on m a refusé l’entrée en bac technique car j’avais le niveau pour prendre la filière générale…alors j’ai fait un bas général puisque ca faisait plaisir à tout le monde. Durant ma terminale, j’ai pris la sage décision de tout faire pour louper le bac et j’y suis arrivé…inscrit au repêche, j’ai sciemment choisi l’option qui me rapporterait le moins de points (petit coeff)…je me sentais pas prêt pour les études…je savais pas quoi faire…j’avais peur. La deuxième terminale passa comme une lettre a la poste (premier de l’académie en mathématique...OSEF mais c'est la classe) . …
Je suis arrivé à la fac et là…je n’ai à vrai dire rien branlé…je préférais m enfermer dans mes rêveries..je préférais tout analyser, refaire le monde…avec qui voulait m’entendre…entendre ne veut pas forcement dire comprendre….et un jour j’ai tenté un concours…et je suis rentrer en formation …
Diplome obtenu haut la main, j'ai enchainé avec une licence que je n'ai pas terminée ...j'ai passé un DU et j'ai terminé avec les felicitations du jury...voilà pour le parcours.
Du meilleur au pire....fidèle à moi même. TOUT ou RIEN.
Tout le monde peut se mettre en colère. Mais il est difficile de se mettre en colère pour des motifs valables et contre qui le mérite, au moment et durant le temps voulus. (Aristote, Ethique à Nicomaque).

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Mlle Rose
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Re: Douance et Scolarité

Message par Mlle Rose »

:D1 tout ou rien c'est classe, ce sont au moins des termes que je comprends bien :angel4:
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NB : Je ne réponds pas aux questions perso en mp, je manque cruellement de temps pour ça et déteste répondre aux gens à l'arrache. Donc... merci d'éviter :f:

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Fabs le vaurien
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Re: Douance et Scolarité

Message par Fabs le vaurien »

Mlle Rose: t imagines pas à quel point j'ai longtemps refusé cet état de fait....je pouvais rompre avec les psy que je voyais pour le simple fait de m'avoir dit cela...

je crois que je muris puisque je commence à l'assumer...c'est peut être pour cela que ma scolarité n'a pas été trop désastreuse.
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Madame Chevêche
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Re: Douance et Scolarité

Message par Madame Chevêche »

Mon expérience de la scolarité et de l'école se divise en deux: j'ai d'abord été l'élève, puis le prof.

Pas de souvenirs particuliers de l'école, ça se passait relativement bien. Le collège a été pour moi une expérience atroce tant du point de vue humain que du point de vue scolaire. J'avais des notes éblouissantes mais ça se passait mal avec certains profs, qui ne voyaient en moi qu'une intello fayote (en même temps, c'était l'âge c...). Au lycée, dans mon malheur, j'ai eu de la chance: j'étais dans un lycée "d'élite". Ce n'était pas mal vu de bosser, d'avoir de bonnes notes, c'était même vivement conseillé. Sur le plan des performances intellectuelles, tout allait bien. Le rapport aux autres élèves a été une catastrophe sans nom, en revanche. Mon année de seconde me marque encore. Arrive la prépa. Je suis entrée en prépa à l'âge où on entre d'habitude en seconde. Le décalage de maturité a été énorme, surtout avec les élèves qui retapaient ou triplaient leur deuxième année. Quand je repense à la prépa, ce ne sont pas du tout de bon souvenirs. Intellectuellement, ça m'a formée, ça m'a donné le goût de la linguistique et, sans la prépa et deux profs extraordinaires, je ne me serais pas spécialisée en lettres classiques. Pour le reste, vraiment, c'est une expérience que je ne conseille pas.
Comme j'ai eu la chance d'être scolaire (sauf en ce qui concerne les disserts), je n'ai pas eu trop de problèmes à m'adapter au moule et aux exigences des profs.

Comme prof, maintenant. Je n'ai fait qu'une année dans le secondaire, pour valider mon agreg, mais j'ai compris une chose: prétendre s'occuper de tous ses élèves est une utopie. J'avais trente-trois élèves en classe de seconde, et j'avais de tout: l'élève brillant qui fera S puis khâgne; l'élève non-francophone de naissance pleine de bonne volonté mais qui écrit les mots tels qu'elle les retranscrit à partir du système phonétique de sa langue maternelle (une chance, je le connaissais); l'élève qui sait écrire correctement mais qui ne veut pas prendre la peine de se relire pour éliminer les fautes; l'élève sans doute dyslexique; l'élève qui n'a jamais réussi à intégrer la logique de la langue. S'occuper de tous m'était impossible. J'en suis ressortie avec une conviction de syndicaliste cégétiste: l'idéal serait des classes de quinze élèves maxi. Quinze élèves avec le même volume horaire (voire un meilleur volume horaire) et quinze à dix-huit de cours à assurer pour ma pomme devant les élèves, oui, là, je fais du bon boulot: je prends le temps de cerner leurs difficultés à tous, de proposer des textes ou exercices personnalisés, je prépare des cours en béton en essayant de tous les passionner pour la Princesse de Clèves ou le Rouge et le Noir... Quelque chose me dit que ça ne sera jamais le cas.
Il n'y a pas que le problème des effectifs, il y a aussi la formation des enseignants. Nous n'avons rien eu sur la précocité mais vu le niveau de ce que nous avons eu sur la dyslexie, ça ne manque pas. Malgré toute la bonne volonté du monde (de notre part), nous ne sommes pas formés à prendre en charge les élèves au fonctionnement particulier. Nous les sentons, les devinons, mais sans avis extérieur, nous ne savons pas que faire. Et c'est un gros problème.

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lady space
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Re: Douance et Scolarité

Message par lady space »

L'école....moi, j'ai bien aimé
Pour rester dans la chronologie: toute petite, j'ai été (je me suis) formatée pour être la fille facile à vivre, souriante, qui ne pose pas de problème, histoire d'environnement familial.
J'ai passé ma scolarité en Allemagne, le système n'est donc pas tout à fait le même qu'en France; il n'y a pas d'école maternelle, juste des jardins d'enfant facultatifs. Je n'y étais pas allée.
Je n'ai donc pas eu de contacts avec d'autres enfants avant mes 6 ans, à l'entrée en école primaire. C'était chouette, plein de gens avec qui jouer, et les maîtresses racontaient plein de choses intéressantes. J'ai très vite appris à lire et plus jamais arrêté depuis. J'avais de bonnes notes sans bosser mais rien d'exceptionnel. C'est resté comme ça jusqu'au bac, toujours en tête de classe mais jamais la première, je n'avais aucune ambition. Les 2 nanas en tête étant traitées de bêcheuses, intellos, fayots etc., je n'avais vraiment pas envie de partager leur sort. Alors j'ai caché mes véritables capacités, je me suis amusée avec mes potes, ce qui n'a pas empêché des remarques du genre "Tu veux pas arrêter avec tes mots compliqués et parler comme tout le monde? On comprend rien à ce que tu racontes!". En plus, je ne savais pas que j'étais différente, je croyais que quand les autres avaient du mal à comprendre un truc, c'était dû à des blocages psychologiques. Le sentiment de décalage était donc bien présent mais sans que je sache d'où il venait. Je n'ai jamais eu besoin de réviser, même pas le latin, les répétitions en classe suffisaient amplement, juste à l'approche du bac, j'ai dû revoir un peu la chimie. En plus, c'étaient les années 70/80, j'avais plusieurs profs 68ards (dont un qui a noté "très bien" ma critique du "Werther" de Goethe, oeuvre que je trouve insupportable: le gars qui passe un livre entier à ne pas avouer son amour à une nana parce qu'elle est fiancée à un autre et qui finit par se tirer une balle dans la tête, vêtu de ses habits de dimanche, chapeau claque compris, devant son bureau. Mais comme mon argumentation tenait la route, le prof ne m'a pas démontée, merci à lui). Et années 68 obligent, les Allemands avaient jeté à la poubelle le par-coeur (donc je n'ai jamais eu à apprendre des poésies bidon) pour le remplacer par la compréhension, ce qui m'allait très bien. J'ai donc passé ma scolarité à récolter des informations partout, en écoutant, sans effort, sans méthode de travail.
Mais comme dit, j'étais bien adaptée, je fonctionnais komyfo, je ne savais pas qui j'étais ni que je suis différente, donc bonjour le faux-self; dans ma vie d'adulte, j'ai payé très cher le fait de ne pas me connaitre, mais l'école n'y est pas pour grande chose dans mon cas.
J'ai pris conscience de l'existence de la notion et de la méthode de travail en fac en voyant faire les autres étudiants qui du coup avaient un avantage sur moi. C'est en fac que j'ai ressenti pour la première fois la satisfaction à se plonger corps et âme dans un sujet, de se documenter dans les derniers détails, à en faire un tour complet et de pondre une dissertation derrière.
Voilà, un vécu un peu atypique peut-être.
Celui de ma fille en tout cas est bien différent: elle ne rentre pas dans le moule français, passe à côté des consignes, ne comprend pas les implicites; elle est en plein dans la machinerie à broyer les différences. Tout ce qu'on peut faire pour l'instant, c'est de survivre. Mais elle a l'avantage de savoir pour le surdon, donc elle sait que ce système n'est que partiellement fait pour elle (ou elle pour le système). On sait qu'elle a le potentiel pour réussir de belles choses et que c'est justement ce potentiel qui empêche une réussite purement scolaire. Donc ni elle ni moi mettons la pression des notes, juste pour les notes. Il suffit qu'elle se faufile pour pouvoir rentrer dans l'école d'ingénieurs qu'elle veut. Et je suis sûre qu'une fois dans la filière qui l'intéresse, elle saura exploiter son potentiel. Parce qu'elle a appris à travailler, à prendre sur elle pour faire des trucs bêtes et disciplinés. Et en attendant, elle a fini par se faire des copains, alors en survivant aux années lycée, elle peut au moins profiter de sa jeunesse.
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Saul
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Re: Douance et Scolarité

Message par Saul »

L'école...un cauchemar, un lieu de perdition, de non épanouissement voire de régression.

Avant même d'entrer en maternelle, je devais avoir 2 ans (je n'avais pas encore tout à fait 3 ans quand j'y suis entré), je me souviens que ma mère m'avait mis dans la descente du garage, dehors, dans un lit à roulettes à bords hauts servant de parc, pendant qu'elle travaillait dans le jardin. Il faisait beau et chaud et je regardais la cime du bouleau face à moi avec le ciel bleu en arrière plan. A cet instant, je fus envahi d'un profond sentiment de bien-être. C'est une émotion que je n'ai jamais éprouvé à l'école.
J'ai des souvenirs très précis d'une maitresse, en petite section, qui me donna une claque parce que je jouais avec des ciseaux faisant semblant de couper les cheveux à un de mes petits camarades. Pensant qu'elle eut cru que je l'aurai fait, je répondis, pour ma défense, que je faisais semblant et que je ne méritais pas ce châtiment. Elle me pria de m'asseoir et m'ignora. A la fin de la journée, elle dit à ma mère que j'étais récalcitrant, et, dans mon for intérieur, j'étais content que cette expérience, somme toute traumatisante, m'eut appris un nouveau mot.
Au fil des ans, intuitivement, je compris que l'école c'était un monde à part et qu'il y avait plusieurs mondes. Papa avait celui du travail, maman celui de la maison, moi celui de l'école, de la maison, et dans ma tête. Je commença à m'intéresser aux lettres avant la grande section en sachant lire et écrire au CP mais feignant d'en être au même stade que les autres.
Le primaire m'ennuya à mourrir, je commençais à perdre tout intêret pour le savoir y compris dans une classe mixte CE1-CE2. Heureusement la bibliothèque de papa était plus fournie que celle de l'école remplie de "J'aime lire" et autres livres pour bébé du même genre, en outre, j'avais des activités extrascolaires comme le tennis commencé à 6 ans qui maintenait une certaine motivation et investissement. Le prof me fit rapidement profiter des cours pour les benjamins lorsque j'étais encore chez les poussins. Je devins rapidement le capitaine de l'équipe.

Le collège fut encore pire que les années précédentes bien que je fis un excellent trimestre en 5e, histoire de me maintenir un peu éveillé. La seule et unique raison qui me faisait y aller était ma meilleure amie de l'époque, plus rien d'autre m'importait excepté l'enseignement que je me dispensais à la maison. J'étais très dissipé au point d'être séparé d'elle, systématiquement dans chaque cours et je fis deux ou trois exclandres faisant trembler toute la classe jusqu'à la sous directrice. Personne ne m'adressa à la psychologue scolaire ou ne le signala à mes parents.
Vers 11 ou 12 ans, je commençai à prendre des cours de piano. Dès les premières leçons, mon professeur s'adressa à ma mère et lui dit que je n'étais pas que doué. Jamais il n'avait vu un élève jouer des deux mains en ayant juste observer sur un temps aussi court et reproduire un morceau à la première écoute. J'étais heureux d'apprendre et d'être enseigné par lui qui reconnaissait mes talents, mais ça ne dura pas malgré ses encouragements, il m'assurait pourtant une place au conservatoire si je travaillais régulièrement et durablement. Mais l'école avait sonné le glas de mon investissement dans tout ce qui n'était pas mon choix.
Des résultats en dent de scie et des notes brillantes notamment en rédaction me permirent d'éviter le redoublement pour le reste du collège et probablement la dépression.
Premier jour de Lycée et répartition des classes. Le drame, la tragédie, j'étais séparé de l'unique chose qui me liait encore à cette institution. Le jour même, j'explosai à la maison, éructant qu'il n'était plus question que je remette les pieds à l'école. Affolée, ma mère trouva une école dans le cadre d'un centre d'amaigrissement avec répétiteurs et CNED.
Des classes moins surchargées, un rapport différent avec les profs et mes notes remontèrent rapidement, plus de problèmes en mathématiques où je n'avais plus eu la moyenne depuis la primaire, je passais rapidement à 15.
Après 35 kilos de perdus, retour dans une terminale classique. Complet effondrement des notes et absences répétées dont je signais moi même les bons d'excuses. J'errai sur les Champs Elysée de salle de cinéma en salle cinéma et rentrai à la maison comme si je revenais de l'école. Je parvins tout de même à avoir le Bac, synonyme de la délivrance et tira un trait sur ce passé.
Il me fallut 11 ans avant de reprendre des études dans le cadre de l'EN, juste pour prendre ma revanche et me prouver que je pouvais y arriver. Cette fois-ci, pas question de m'ennuyer, triple licences pour être bien sûr d'être occupé mais cela a été très dur à mettre en place et même désapprouvé par les secrétaires rattachées aux UFR. Dans ma première année de Master, je laissa tomber, le sujet de mon mémoire, un peu imposé par la prof ne m'inspirant pas.

Je porte un grand intérêt aujourd'hui à l'éducation, déjà parce que mon expérience a été désastreuse et a probablement anéanti toute notion d'effort par manque de reconnaissance, de défis, etc., aussi parce que je suis prof à domicile developpant ma propre façon d'enseigner, mais encore parce que je m'aperçois que même les structures pour surdoués ne sont pas adaptées. J'apprécie les pédagogies alternatives comme Montessori ou Schola Nova.
Je pense que l'EN n'est pas uniquement toxique pour les surdoués mais également pour les autres et qu'il est grand temps que cette pédagogie disparaisse pour laisser place à des écoles indépendantes non controlées par l'Etat.
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Re: Douance et Scolarité

Message par Zeus »

L'école je faisais rien. Je me disais que ceux qui bossent le font parce que ça leur plait.

Ce ne fut qu'une salle d'attente avec pas grand chose au bout, à part une autre salle d'attente : le bureau.

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Re: Douance et Scolarité

Message par Cyrano »

L'école...un lieu de souffrance, de rejet et de non-accomplissement. Voilà ce que je ressens.

Maternelle, aucun souvenir. A priori, rien de spécial.
Premiers souvenirs : le CP.
J'aimais ça. Année sans problème particulier. Pas d'amis. Un peu à part.
Un chose quand même : Le maître (blouse bleue, longue barbe) convoque ma mère et lui dit que je suis un enfant "spécial" et que si elle a les moyens, il veut bien être mon précepteur. Ma mère me raconte cette histoire depuis longtemps.

la primaire passe...encore rien de spécial. Rejeté par les autres sans savoir pourquoi. Image de moi-même terrifiante. l'institutrice que j'ai eue pour le ce2 et le cm1 dit à ma mère que je n'ai rien à faire dans le cursus normal mais aucun mot n'est mis là-dessus et surtout pas "surdoué" dans ce petit village de campagne.

Le CM2...un cauchemar.
Je suis le souffre-douleur de l'institutrice. (il me vient des qualificatifs plus imagés)
Je suis, brimé, frappé, humilié devant les autres. Je n'ai jamais rien dit. Les autres s'en foutaient et j'étais rejeté de toute façon. C'est une période terrible où j'avais une image de moi-même très mauvaise. je ne comprenais même pas pourquoi on m'adressait la parole. Des cauchemars. Des terreurs nocturnes.

Le collège. Pas d'amis. je ne traîne qu'avec les cancres. Je ne travaille pas. Jamais. je passe en classe supérieure, dieu sait comment.

La quatrième : redoublement. Je sens une réelle animosité de la part des profs. On me considère comme un élément perturbateur. Rejet des autres encore. Mon père me montre son dégout suite à ce redoublement.

Et là, tout s'effondre. internat, brimades. Je ne passe de temps qu'avec les élèves d'une section spécialisée qui sont en grosses difficultés scolaires.

le lycée se passe jusqu'au bac : j'ai mon bac de justesse au rattrapage.

Je n'ai jamais travaillé. Mais alors jamais. Je n'ai jamais ouvert le moindre livre de cours et je n'écoutais pas les enseignants.

Bon c'est un résumé mais vous avez compris l'ambiance générale...
On ne reste parfois fidèle à une cause que parce que ses adversaires ne cessent d'être
ineptes.

Colonel Moutarde
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Re: Douance et Scolarité

Message par Colonel Moutarde »

Maternelle... Lointains souvenirs déjà mêlés d'un sentiment de décalage... Je voulais des jeux que les autres trouvaient trop compliqués... Je ne comprenais pas pourquoi les autres voulaient à toute force appeler telle BD "La flèche dans l'cul" alors que c'était "La flèche noire", c'était le titre, écrit dessus, quoi !
En grande section, j'avais une instit qui avait bien compris que je commençais à savoir lire, et me donnait de quoi m'occuper vraiment...

Primaire : ben sans surprise, en janvier je savais lire et, sans rien me dire d'avance, un beau matin l'instit m'a trimballée jusqu'à la classe de CE1. J'entends encore son : "Voilà !... votre nouvel élève !" L'instit de CE1 était de la même trempe que celle de GS; mais j'avançais vite, parce que je voulais vite avoir fini le travail pour faire ce que je voulais :faitdesbonds: J'ai donc pris un an d'avance sans au sens strict "sauter de classe".
Ensuite... pfouh... instits qui n'en avaient rien à foutre et que cet élève qui finissait tout plus vite, qui ne s'intéressait qu'à ses bouquins, sa collection de minéraux, ses dinosaures et ses histoires d'astronomie emmerdaient... C'est là que je suis devenu punching-ball de la classe avec des instits qui appelaient les coups que je prenais "un rééquilibrage normal" pour le fait d'être premier de classe. Je n'attendais rien, je crois, de l'école. Sur ce qui m'intéressait, de toute façon, j'avais mes livres, ceux de la bibliothèque, et ces fascicules rouges illustrés pleins de documents sur l'histoire, le corps humain, les étoiles... J'avais mes abonnements (une demi-douzaine) et tout cela m'alimentait, tout en me montrant les cours, dans les "matières" en question, comme de pâles ersatz, du superficiel fade. Le reste ? Les maths, et tout ? Bah. Je faisais, vite, sans difficulté, sans grand intérêt non plus.
Et j'étais très seul. Incapable de choisir entre une volonté de m'intégrer, et celle de rester moi-même. On me conseillait d'abandonner mes jeux trop compliqués - je les voulais trop réalistes - mais rien à faire : à suivre les règles "light" des autres, je m'ennuyais, les incohérences me faisaient bondir. Bref : pfou.

Collège ? Lycée ? Un peu du même acabit... Trop rares les occasions d'être "intégré", quelques-unes quand même... Quelques occasions de ne pas être déconnecté... De ne pas être pris en permanence pour un martien. Mais quand même. Quant à l'institution scolaire en elle-même, j'avais très bien compris que ce n'était pas de là que viendrait de la matière intéressante. Qu'il n'y avait rien à en attendre. Rien qu'un jus insipide et standardisé. D'autant plus que mes profs d'histoire-géo ont presque tous été particulièrement mauvais et bornés.

Classe prépa ? C'est vrai : je me rappelle avoir pris un certain plaisir à me frotter à des cours de biologie ou de géologie, enfin, approfondis, de haut niveau. Mais assommé par la quantité de travail brute, le côté gavage d'oies, le "vous n'êtes pas là pour assimiler tout ça, mais pour le garder dans votre estomac pour le revomir sur vos copies le jour J" je n'en ai certes pas profité.

Un dernier mot sur l'école d'ingé... Un internat à quelques km du centre ville... Comme un petit village. Des gens divers pas toujours disposés les uns envers les autres. Cette fois, au contraire, j'ai tant voulu m'intégrer que je me suis partiellement oublié... De sorte que par la suite j'ai excessivement cherché dans ces années heureuses la clé de la fin des soucis, avant de comprendre qu'il y avait trop de faux-self, trop de refoulement pour que ce fût durablement moi. Et puis... Je m'étais fait une fierté d'être un peu au carrefour de plusieurs clans, de les faire se rencontrer, d'aplanir les a priori. J'avais cru que cela marcherait partout. J'avais cru que ces 250 personnes pussent constituer un échantillon représentatif. Je comprends aujourd'hui que c'était faux; que pour diverses raisons, il n'y avait pas des gens "normaux" mais au pire, d'assez bons bougres. En tout cas, des personnes chez qui on finissait toujours par dénicher assez de bienveillance pour signer, au pire, un pacte de non-agression. Il n'y avait pas de PN, pas de méchanceté gratuite. J'en ai trop vite conclu qu'il n'y en avait nulle part, ou alors, point qui ne fût désamorçable.

Le choc vint presque dix ans plus tard et fut rude.

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Argol
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Re: Douance et Scolarité

Message par Argol »

Un autre fil de ce forum m'a fait penser de nouveau à celui-ci. Aujourd'hui, je ne reviens pas sur ma scolarité (mutatis mutandis, c'est fort proche de l'histoire de Madame Chevêche, tiens, tiens...), mais je me permets une remarque sur la fin (?) de la scolarité quand elle se poursuit longtemps, longtemps, jusqu'à un doctorat.

Apparemment, il est classique de proposer des scores moyens de QI par niveau d'études, comme par type de profession. Je vois que l'on dit couramment que les titulaires d'un PhD (la seule source référencée que j'ai trouvée en naviguant quelques minutes est naturellement en anglais : http://www.cerebrals.com/board/viewtopi ... =2645&f=12) ont un score aux environs de 125 ; ailleurs, j'avais lu 130 et même 140 pour les physiciens ! Ma remarque, c'est que cela donne un taux potentiellement énorme de surdoués parmi les docteurs et les universitaires, même s'il y a deux fois plus de personnes ayant un QI supérieur à 125 que de personnes ayant un QI supérieur à 130. Cela me surprend un peu, d'expérience : le profil général des surdoués correspond certainement très bien à certains de mes professeurs, collègues et amis, mais tout de même cela me semble assez exceptionnel.

J'imagine qu'on pourrait transposer la question à propos des écoles spécialisées, des écoles d'ingénieur, etc., au delà de Bac + 5, par exemple.

(Bon, trop de nombres en tête aujourd'hui ! Pourtant, je vous assure, scores et pourcentages ne m'intéressent pas outre mesure...)
Atque omne ignotum pro magnifico est.

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Madpeky
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Re: Douance et Scolarité

Message par Madpeky »

L'école, un très mauvais souvenir pour moi. Excellent élève jusqu'en 5ème, 1 an d'avance, premier de la classe et tout ça.... J'ai eu comme un déclic à cette époque la. Pourquoi ? Strictement aucune idée. Peut être le "ras le bol" d'apprendre bêtement des cours par coeur (si si, au mot prés), tout en sachant que ça ne servirait à rien plus tard ? L'envie de s'évader, passer à autre chose ? :violent1:

Je suis devenu le cancre par excellence, dans les derniers, au fond de la classe toujours à vaquer à mes petites affaires (turbulent mais jamais méchant, j'aurais du déposer un brevet pour ce silencieux à sarbacane :devil: ). Je rêvais la plupart du temps, traînais avec les "mauvaises" personnes. Bref, une spirale sans fin, redoublement de la troisième (j'avais eu le brevet la première année pourtant), puis de la seconde, et enfin de la terminale. Incompréhension totale des profs, des parents (mon père en était arrivé à dire chaque soir "bon débarras" quand je quittais la table.... :sad: ).

Ajoutez à ça une mauvaise orientation en 1ère, gestion / commerce et tout le tralala (tout ce que je hais), les mauvais profs au mauvais moment, et voila un bac, sensé être assez facile pourtant, loupé deux fois ! (Excellentes notes aux matières générales, mais catastrophiques dans les spécifiques, les gros coeff).

Et voici 12 ans que je suis dans la vie active, un boulot que je hais plus que tout au monde :@. Psychologiquement fatiguant, usant. Mais difficile d'en changer (surtout à l'heure actuelle), et trop tard/trop vieux pour reprendre des études longues. Heureusement que j'ai rencontré ma petite femme entre-temps :inlove:.

Il est écrit dans je ne sais plus quel livre qu'environ 30% des surdoués ratent complètement leurs études. Si un jour j'ai la chance d'avoir des enfants, il est de mon devoir de leur éviter ça :wait:

:faitdesbonds:

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Cyrano
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Re: Douance et Scolarité

Message par Cyrano »

Outre le côté témoignage sur nos expériences scolaires, j'aimerais rebondir sur la notion d'échec scolaire de l'enfant surdoué (étant pour le moins concerné).

Je vais mettre ici des ponts-levis baissés :

> Un enfant en difficulté scolaire peut être un enfant surdoué mais tous les enfants surdoués ne sont pas en échec scolaire.

> Tous les enfants en échec scolaire ne sont pas des enfants surdoués.

> Un enfant surdoué peut présenter des troubles psychologiques mais il peut aussi aller très bien. Vraiment très bien !

> Poser le diagnostic jeune permet de prévenir les troubles et d’accompagner l’enfant pour qu’il s’épanouisse au mieux sur les plans affectifs et intellectuels mais un diagnostic plus tardif ne doit pas être négligé car il permet de mettre du sens sur les difficultés et de relancer l’enfant sur son parcours de vie. Y compris à l’adolescence.

> Un chiffre de QI n’est pas un diagnostic. Un diagnostic est une démarche clinique complexe qui nécessite une investigation approfondie et des bilans complémentaires.

> Un enfant surdoué est d’abord un enfant !

Voilà, ceci étant dit, je me suis lamentablement vautré dans mon parcours scolaire, et j'essaye de comprendre pourquoi. J'ai trouvé cet article. C'est un rapport court d'un parti politique. (On se fout de sa couleur, ils ont au moins le mérite de se pencher sur le problème)

L’échec scolaire des enfants intellectuellement précoces, symptôme de l’échec des méthodes de l’Education Nationale et clé pour comprendre la violence scolaire.

En 1905, il y a tout juste cent ans, à la demande du gouvernement français, le scientifique niçois Alfred Binet publiait une échelle métrique de l'intelligence Cette échelle avait pour but de mesurer le développement de l'intelligence des enfants en fonction de l'âge. Et par la suite il proposera des améliorations qui seront à la base des tests de Quotient Intellectuel (Q.I.).
La surprise est venue du fait que l'échelle de Binet, prévue au départ pour déceler les enfants dont le niveau intellectuel serait en dessous de la moyenne et leur proposer une éducation adaptée, a permis aussi de déceler un certain nombre, statistiquement symétrique d'enfants dont l'âge mental était en avance par rapport à la moyenne. La proportion de ces enfants dont le Q.I. dépasse le chiffre de 125 était estimé, en 1965 par une étude de l'INED, à environ 5% sur un échantillon de 100.000 élèves.
Or ces enfants dont le Q.I. se trouve au dessus de la moyenne ont, eux aussi, besoin d’un "traitement spécial" du point de vue éducatif car leur différence se traduit très souvent par des problèmes d'adaptation au système scolaire qui génèrent des échecs parfois irréversibles.
Aujourd’hui sous l’impulsion d’un autre niçois, Jean Claude Terrassier, directeur du premier lycée pour enfants précoces, à Nice, l’Education Nationale se penche sur ce problème. Mais les mesures prises sont inadaptées, car le phénomène n’est pas compris
Il est urgent d’agir :
-à cause du « gâchis » que peut représenter pour le pays l'échec scolaire d’ enfants dont les capacités intellectuelles sont supérieures à la moyenne

Pour pouvoir agir, il faut faire un état des lieux (I), poser correctement le probleme (II) ce qui permettra de trouver des solutions adaptées (III)

I. ETAT DES LIEUX
Le phénomène, mal connu, est mal compris des professeurs et des directeurs d’établissements (A), ce qui provoque une inadaptation des solutions proposées jusqu’ici par l’Education Nationale (B)

A. Un phénomène mal compris des professeurs et des chefs d’etablissement
a) Qui peinent à admettre que les enfants puissent être a la fois « surdoués » et en échec scolaire sans que cela se résume à de la paresse ou de la mauvaise volonté
b) Qui se méfient d’exigences pédagogiques spécifiques aux enfants précoces qui risqueraient d’alourdir la charge de travail
c) Qui soupçonnent les parents d’affabulation

B. Des mécanismes d’aide et de soutien inadaptés
a).Car ils tournent tous autour du seul problème des sauts de classe ou redoublements
b).Ou des rythmes d’apprentissage , proposant aux « précoces »- perçus comme simplement « surdoués »- d’avancer plus vite, en les opposant aux élèves « en difficulté » -perçus comme sous doués- qu’on fera aller plus lentement
c) Et incluent les EIP dans un cadre unique : « élèves à besoin pédagogique particuliers »inadapté à leur spécificité

II POSITION DU PROBLEME
A ce stade de réflexion il importe, pour mieux comprendre , de définir précisément ce qu’est un EIP à partir de ses symptômes ( A) afin de comprendre sa souffrance (B) ce qui nous permettra d’envisager des solutions adaptées (C)
A. Qu’est ce qu’un enfant « surdoué « ou « précoce » ?
a) Un enfant surdoué ou précoce est un enfant dont le QI dépasse 125 .
b) dont l’attitude en classe est préoccupante et les notes très inégales
c) mais qui manifeste hors école des aptitudes remarquables et rares pour son âge
d) de sorte qu’en classe il va s’endormir, se désintéresser, provoquant l’hostilité du professeur et son échec scolaire

B. De quoi souffre-t-il ?
a) Sa souffrance et ne doit pas être confondue avec des souffrances ayant d’autres causes
b) Il est « dys-synchronique »des sa toute petite enfance, ce qui inclut un desequilibre et d’importants troubles de caractere
c) Le fonctionnement de son cerveau est différend, il ne peut donc apprendre en commençant par les bases
d) il suscite une hostilité dont il ne comprend pas la cause et souffre démesurément de cette hostilité et de ses échecs qui s’accroissent à l’adolescence et conduisent souvent à la depression et/ou a la violence

III. SOLUTIONS

le repérage de l’EIP à un stade précoce d’apprentissage est primordial ( A) . Il lui faut une éducation dégagée de l’uniformité imposée par l’Education Nationale ( B) Des méthodes afficaces , directives, et innovantes d’apprentissage et d’évaluation (C).
A. Un repérage précoce
a) Enseignants et même parents ne peuvent les repérer que si ils sont avertis de leur spécificité, sinon ils imputent leur souffrance et leur échec à d’autres causes , aggravant la situation par des remèdes inadaptés
b)Il importe donc que cette reconnaissance, soit faite le plus tôt possible c’est pourquoi une campagne de sensibilisation est nécessaire
c) Le repérage doit être suivi de tests de QI confirmant le diagnostic , puis d’une désectorisation vers un établissement pratiquant une pédagogie adaptée

B. Une scolarité dégagée de l’uniformité
Les enfants surdoués ne sont pas nés il y a 20 ans . Mais avant ils pouvaient réussir , même dans l’école publique. Repérés par les instituteurs ils avaient des traitements à part , ce que ne permet plus l’uniformité actuelle. Plusieurs changements seraient bénéfiques
a) Faire des classes à plusieurs niveaux
b) Dépasser le problème de l’acquisition des « bases » et éviter le redoublement
c) En finir avec le tronc commun ,et le baccalauréat unique et national
d) Pouvoir choisir l’internat


C. Des méthodes efficaces et, directives , mais aussi innovantes .
a). Interdire d’interdire … d’apprendre !Le retour des méthodes éprouvées et de l’autorité
b) Innover, diversifier les matières enseignées,en enseignant plus tôt leurs applications ; le rythme des activités ; les approches, en privilégiant en toutes matières même scientifiques l’approche historique ; les modes d’évaluation en privilégiant l’oral , le débat ;, les intervenants en invitant experts et praticiens .
c) Désectoriser les EIP vers des établissements pilotes volontaires dans le public, et vers des établissements privés signant, en partenariat avec l’Etat ou les Collectivités territoriales des conventions d’accueil des IEP

CONCLUSION

« Les travaux d’écolier, écrivait le philosophe Alain dans « Propos sur l’Education »- sont des épreuves pour le caractère et non point pour l’intelligence. Que ce soit orthographe, version ou calcul il s’agit de surmonter l’humeur. Il s’agit d’apprendre à vouloir »
Les difficultés scolaires, quelle que soit leur origine, peuvent être traitées en agissant sur le caractère. La se trouve la clé de la lutte contre l’échec mais aussi contre la violence scolaire.
Charles de Gaulle écrivait dans « Le fil de l’épée : « le caractère, si rien ne l’accompagne, ne donne que des téméraires ou des entêtés mais inversement les plus hautes qualités de l’esprit ne peuvent suffire » et il ajoutait : « à la rude école du caractère l’ordre militaire peut retrouver sa foi et sa fierté »
Remplaçons l’ordre militaire par l’ordre scolaire. La recette vaut là aussi. De tous temps. Mais plus encore pour notre époque que Charles de Gaulle décrivait ainsi : « tandis que l’esprit du temps bouleverse les bases de l’autorité individuelle, il ne laisse point de battre en brèche les corps constitués » Le corps constitué des professeurs, des écoles à l’université est en France le corps le plus nombreux de l’Etat. Voilà plus de trente ans qu’il a commencé d’être bouleversé, et depuis n’a pas cessé de l’être.
Il faut aujourd’hui lui redonner « sa foi et sa fierté » et du même coup sa légitimité et son efficacité. Mais pour cela il ne faut pas seulement redresser la barque : il faut la retourner . Car les principes posés depuis 30 ans sont, pour la plupart, résolument faux. Rien ne le montre mieux, nous espérons l’avoir prouvé, que la situation souvent gravissime des enfants dits « surdoués « ou précoces ».


Bon, c'est à lire aussi avec l'esprit critique. ( le rapport avec la violence qui reste à prouver ou le seuil "précocité" à 125)

Mais je trouve les idées développées intéressantes.

Je suis en tout cas d'accord sur un point précis : C'est un vrai problème de société.
On ne reste parfois fidèle à une cause que parce que ses adversaires ne cessent d'être
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lynx
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Re: Douance et Scolarité

Message par lynx »

Comme le but de ce forum est de partager et d'échanger, je vais donc commencer par partager sur ma scolarité.

La maternelle (5 ans) ainsi que le primaire (6-11 ans) se sont bien passé en général. De bonnes notes sans travailler trop fort. Pas vraiment de souvenirs sur le fait que je puisse être différent des autres.

C'est plutôt rendu au secondaire (12-16 ans) que j'ai commencé à réaliser que j'étais différent des autres. Souvent en soirée, mes amis ne pouvaient pas venir jouer dehors, car ils devaient étudier ou faire leurs devoirs. Comme je n'étudiais à peu près jamais et que mes devoirs étaient faits rapidement, je ne comprenait pas trop. Je commençais à me rende compte que ce genre de situation arrivait de plus en plus fréquemment. J'en suis même venu à me demander si je n'étais pas le sujet d'une expérience et que tout le monde était au courant sauf moi. Mais ça s'est finalement passé, heureusement. Puis en secondaire 3, on nous a fait passé un test d'aptitudes. Je me rappelle que j'avais eu de très bons résultats en finance et en comptabilité et un score parfait en informatique. C'était en 1981 et j'avais aucune idée c'était quoi l'informatique. Un peu après, j'ai reçu un ordinateur en cadeau et je suis tombé en amour avec l'informatique. Mais ce qui m'intéressait, c'était pas de jouer à des jeux, mais plutôt de faire de la programmation. Ce fût une autre étape dans laquelle je me suis rendu compte que j'étais différent. Lorsque je suis arrivé en secondaire 4, ils avaient ouvert un cours d'informatique et j'ai vraiment adoré. A partir du secondaire 3, j'ai commencé à m'intéresser aux échecs (et je parle du jeu ici !), assez pour gagner une troisième place dans la catégorie amateur la même année dans un tournoi régional.

Rendu au collège (qu'on appelle cégep ici), je me suis inscrit en informatique. Mais quelle déception ! J'ai trouvé que la plupart des enseignant n'étaient pas très compétents et que ça n'allait pas assez vite. J'ai donc abandonné au début de la 2ème session. Je me suis retrouvé à travailler dans un casse-croute pendant un an et ça m'a permis de prendre conscience que peut-être que c'était mieux de retourner aux études, car même si c'est pas parfait, ça me permetrra au moins d'avoir un travail plus intéressant et mieux rémunéré. La très grande majorité des finissants se trouvaient un emploi à la fin de leur cours. Je suis donc retourner terminer mon cours en informatique. J'ai eu quelques cours qui ont été intéressants, mais sans plus. J'aurais bien aimé qu'internet existe dans ce temps la ! Mais étant autodidacte, j'ai quand même poussé plus loin ce que j'apprenais dans me cours et j'ai acheté plusieurs livres afin de apprendre plus, toujours dans le domaine de l'informatique. J'ai beaucoup aidé mes collègues de classe pendant ces années et j'ai finalement terminé mon cours et obtenu mon diplôme, sans vraiment travailler très fort. Pendant la dernière année, il m'arrivait même de ne pas me présenter à certains cours. Pour 2 ou 3 cours, je ne me suis même pas présenter à l'examen final, compte tenu que j'avais assez de points d'accumuler pour passer mon cours. Mais une déception de taille m'attendait. Seulement 2 offres d'emploi pour les finissants.

Je me suis donc retrouvé à travailler comme vendeur dans un magasin d'électronique faisant partie d'une grande chaine de magasins. J'ai début comme vendeur, puis gérant-adjoint et finalement gérant. Et la chaine a fait faillite. Je me suis retrouvé un autre emploi de gérant-adjoint dans une autre boutique d'électronique avec une section informatique pendant quelques temps, jusqu'à ce que je perde mon emploi lors de la vente de la boutique.

Je me suis donc inscrit à l'université en informatique dans ma ville. Mais comme il n'y avait pas assez d'inscription cette année la, le cours a été annulé. Je me suis donc inscrit dans une autre université dans une autre région et je suis déménagé. J'avais hâte de commencer mes cours, car plusieurs personnes m'avaient dit: "tu vas voir, à l'université, ça avance pas mal plus vite, et tu vas voir beaucoup plus de matière.", mais quelle déception encore une fois. Ca avancait un peu plus vite, mais vraiment pas assez vite à mon gout. Tous nos cours étaient d'une durée de 3h, avec une pause à mi-chemin. Régulièrement, je quittait pour la pause sans revenir. De plus, même si je ne m'étais pas forcé tant que ça au cégep, j'ai été un des 3 récipiendaire d'une bourse d'excellence suite à mes résultats scolaires du cégep...Et dire que je trouvais mes notes assez ordinaires... J'ai aussi trouvé un emploi à temps partiel dans une boutique d'électronique, bien que pour les mois de novembre et décembre, j'ai travaillé souvent près de 40 heures par semaine et même près de 50 heures pendant les 2 semaines juste avant Noel, en plein dans la fin de session à l'université. Pendant ma 2ème année, j'ai touvé un emploi en programmation pour un des chercheurs à l'université, à raison de 30 heures par semaine. Et tout ça en conservant une moyenne de plus de 3.3/4 dans mes cours, ce qui me permettait de converser ma bourse d'excellence d'une session à l'autre.

Mais après avoir complété plus de la moitié de mon bac, j'ai eu quelques difficultés financières et je me suis fait offrir un poste intéressant à Montréal, j'ai donc accepté le poste sans terminer mon bac.

Après une douzaine d'années sur le marché du travail, et quelques regrets de ne pas avoir terminé mon bac, j'ai décidé de retourné aux études. Ce ne fut pas une très bonne idée. Premièrement, je me retrouvais avec des gens beaucoup plus jeunes que moi et avec l'expérience acquise, je m'emmerdais royalement, sans compter que les enseignants m'apparassaient encore plus incompétents que jamais, pour la plupart. J'ai terminé une session et j'ai quitté.

Je regrette un peu aujourd'hui de ne pas avoir complété mon baccalauréat.
Deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue."
- Albert Einstein

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Re: Douance et Scolarité

Message par TourneLune »

Tu ne peux pas le passer en candidat libre ?

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amalia
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Re: Douance et Scolarité

Message par amalia »

Madame Chevêche a écrit :Mon expérience de la scolarité et de l'école se divise en deux: j'ai d'abord été l'élève, puis le prof.

Pas de souvenirs particuliers de l'école, ça se passait relativement bien. Le collège a été pour moi une expérience atroce tant du point de vue humain que du point de vue scolaire. J'avais des notes éblouissantes mais ça se passait mal avec certains profs, qui ne voyaient en moi qu'une intello fayote (en même temps, c'était l'âge c...). Au lycée, dans mon malheur, j'ai eu de la chance: j'étais dans un lycée "d'élite". Ce n'était pas mal vu de bosser, d'avoir de bonnes notes, c'était même vivement conseillé. Sur le plan des performances intellectuelles, tout allait bien. Le rapport aux autres élèves a été une catastrophe sans nom, en revanche. Mon année de seconde me marque encore. Arrive la prépa. Je suis entrée en prépa à l'âge où on entre d'habitude en seconde. Le décalage de maturité a été énorme, surtout avec les élèves qui retapaient ou triplaient leur deuxième année. Quand je repense à la prépa, ce ne sont pas du tout de bon souvenirs. Intellectuellement, ça m'a formée, ça m'a donné le goût de la linguistique et, sans la prépa et deux profs extraordinaires, je ne me serais pas spécialisée en lettres classiques. Pour le reste, vraiment, c'est une expérience que je ne conseille pas.
Comme j'ai eu la chance d'être scolaire (sauf en ce qui concerne les disserts), je n'ai pas eu trop de problèmes à m'adapter au moule et aux exigences des profs.

Comme prof, maintenant. Je n'ai fait qu'une année dans le secondaire, pour valider mon agreg, mais j'ai compris une chose: prétendre s'occuper de tous ses élèves est une utopie. J'avais trente-trois élèves en classe de seconde, et j'avais de tout: l'élève brillant qui fera S puis khâgne; l'élève non-francophone de naissance pleine de bonne volonté mais qui écrit les mots tels qu'elle les retranscrit à partir du système phonétique de sa langue maternelle (une chance, je le connaissais); l'élève qui sait écrire correctement mais qui ne veut pas prendre la peine de se relire pour éliminer les fautes; l'élève sans doute dyslexique; l'élève qui n'a jamais réussi à intégrer la logique de la langue. S'occuper de tous m'était impossible. J'en suis ressortie avec une conviction de syndicaliste cégétiste: l'idéal serait des classes de quinze élèves maxi. Quinze élèves avec le même volume horaire (voire un meilleur volume horaire) et quinze à dix-huit de cours à assurer pour ma pomme devant les élèves, oui, là, je fais du bon boulot: je prends le temps de cerner leurs difficultés à tous, de proposer des textes ou exercices personnalisés, je prépare des cours en béton en essayant de tous les passionner pour la Princesse de Clèves ou le Rouge et le Noir... Quelque chose me dit que ça ne sera jamais le cas.
Il n'y a pas que le problème des effectifs, il y a aussi la formation des enseignants. Nous n'avons rien eu sur la précocité mais vu le niveau de ce que nous avons eu sur la dyslexie, ça ne manque pas. Malgré toute la bonne volonté du monde (de notre part), nous ne sommes pas formés à prendre en charge les élèves au fonctionnement particulier. Nous les sentons, les devinons, mais sans avis extérieur, nous ne savons pas que faire. Et c'est un gros problème.
voila pourquoi j'ai quitté le boulot de prof pour devenir psycho...
Je n'ai jamais réussi à définir le féminisme. Tout ce que je sais, c'est que les gens me traitent de féministe chaque fois que mon comportement ne permet plus de me confondre avec un paillasson.''Rebecca West

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Re: Douance et Scolarité

Message par altima »

Doonarrala a écrit :On m'a parlé d'une interview de France 3 qui présentait une association dont l'objectif est d'aider les profs à changer de profession. Si je trouve le nom de l'association ainsi que ses coordonnées, je vous les transmettrai.

Vous pouvez également, si ce n'est déjà fait, demander à passer un bilan de compétences (s'adresser pour cela au rectorat de votre académie). Il m'a été dit que je n'étais pas un cas désespéré donc cela ne m'a pas été octroyé, mais on m'a proposé à la place un bilan professionnel. Cela permet de faire le point sur les compétences acquises, et de travailler sur son CV.
Pour l'asso il s'agit probabement d'"aide aux profs".

J'ai pas lu ton témoignage Doonarrala mais je ne tarderai pas à le faire: dans l'EN les reconversions c'est tabou et je me sens bien seule dans ma démarche.
Qu'en est-il de ce bilan professionnel? Tu l'as déjà fait? Qui le réalise?

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Doonarrala
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Re: Douance et Scolarité

Message par Doonarrala »

Tabou? Bon, eh bien j'en ai encore brisé un. :lol:
J'ai parlé de mon ras le bol au collège, à mes collègues et à mes chefs. Et si un inspecteur vient, il aura droit au même discours.

Et non, tu n'es pas seule. Dans mon établissement, nous sommes 3 à vouloir quitter l'EdNat. Une de mes amies m'a appris hier soir qu'elle avait donné sa démission cette semaine. Elle clôture une démarche qu'elle a débuté il y a 5 ans. Il faut du temps pour trouver des portes de sortie.

Merci pour le nom de l'asso. Je pense les contacter.

Je suis effectivement en train de faire un bilan professionnel. Le rectorat, quand je les ai contactés en octobre dernier, m'a donné les coordonnées de la conseillère carrière de mon département d'exercice. Depuis, nous nous sommes vues 2 fois. Elle m'aide à monter mon dossier de bilan. Ce n'est pas aussi complet qu'un bilan de compétences, mais cela permet de mettre à plat ses compétences, ce qui nous plait/déplait, nos points forts / faibles, dans l'optique de mieux nous cerner. La conseillère carrière a un rôle de guide, mais c'est nous qui devons faire le travail de recherche. Ce qui me convient bien.
Je sais qu'elle a aussi prévu de me faire passer des tests de personnalité à la fin du bilan.
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Re: Douance et Scolarité

Message par TourneLune »

Ben voilà qui va les aider à ne pas remplacer un fonctionnaire sur 2.... :D :D

Bon courage à vous, et sérieusement, ça va pas être plus drôle pour ceux qui restent....
Pas simple de se réorienter quand on a fait des études très spécialisées, je risque d'avoir à le faire même si l'échéance est plutôt d'une quinzaine d'années, mais ça va pas être simple.... (c'est pas l'éducation nationale pour ma part)

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Re: Douance et Scolarité

Message par altima »

Merci pour les infos Doonarrala! :wink:
Je suis dans le 1er degré, pas sûr d'avoir les mêmes possibilités de bilan, je vais me renseigner.
Sur le site d'aideauxprofs, il y a de beaux témoignages de reconversions réussies.

Question indiscrète: tu as prévu quelle porte de sortie?

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Re: Douance et Scolarité

Message par Doonarrala »

Je ne sais pas à qui il faudrait que tu t'adresses, Altima. Peut-être aussi au rectorat, pour commencer? Ils devraient pouvoir t'aiguiller (service des personnels). Mais attends-toi à devoir faire plusieurs services. A priori, ils n’ont pas trop l'habitude de ce genre de demandes; beaucoup de secrétaires ne savaient pas que cela pouvait se faire. (elles ont été vraiment super, et certaines se sont décarcassées pour me renseigner)

Je n’ai pas encore vraiment trouvé de porte de sortie (à mon grand désespoir). :sad:

Merci pour les encouragements, TourneLune.

PS: Voici un lien vers le site de l'association dont a parlé Altima. :
AideOProfs
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Re: Douance et Scolarité

Message par altima »

TourneLune a écrit :Ben voilà qui va les aider à ne pas remplacer un fonctionnaire sur 2.... :D :D

Bon courage à vous, et sérieusement, ça va pas être plus drôle pour ceux qui restent....
Tu crois pas si bien dire, cf cet article paru aujourd'hui sur le burn out des profs:
http://www.reponseatout.com/actualites/ ... el-a104142

Oups je dévie un peu là. :1cache:

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Re: Douance et Scolarité

Message par amalia »

n'oubliez pas : si vous souhaitez monter une entreprise, vous pouvez bénéficier d' l'indemnité de départ volontaire confortable si vous avez déjà un salaire confortable (2 ans de salaires) ; bien sur, ils les lâchent avec des élastiques mais ça vaut le coup de s'y pencher....
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Re: Douance et Scolarité

Message par Zil2blé »

Je relance le sujet sur l'école. Je l'ai découvert récement et j'ai pris le temps de me plonger dans vos différnets témoignages très poignants pour moi... Je suis en plein dedans en ce moment car mon fils (précoce) va entrer au collège en septembre et il commence déjà sa mutation. Nous restons vigilants en essayant de ne pas en faire trop.
Mon parcours? Je l'ai déjà indiqué dans ma présentation
J'ai arrêté de me brider à l'âge adulte lors de formation professionnelles (entre temps, j'étais passé de l'autre côté de la barrière avec une expérience de prof à l'étranger)
Ce qui me tracasse aujourd'hui?
Comment s'adapter à l'école? Comment aider l'école à évoluer? C'est un problème qui dépasse celui des enfants précoces et embrasse toutes les différences...

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