Mince ! Je ne retrouve pas de lien vers un podcast passionnant de France Culture (La Conversation Scientifique avec Étienne Klein qui invite Hervé le Tellier). Le sujet étant justement à l'occasion de la promotion de l'Anomalie, de se poser la question de la probabilité que nous avons de vivre dans une simulation.
Et spoiler, elle est simple à calculer !
Supposons que l'humanité existe et qu'elle finira pas savoir comment créer une simulation de la Vie (une Singularité informatique si vous voulez). On n'a que trois futurs possibles :
1. l'Humanité fait son temps sans apprendre à créer la simulation, puis s'éteint sans avoir pu trouver comment. Un évènement fâcheux l'en a empêché avant, type Grand Filtre.
2. l'Humanité arrive au point où elle peut créer une simulation, mais pour une raison ne le fait pas et ne le fera pas jusqu'à ce qu'elle s'éteigne.
3. l'Humanité choisit de créer la simulation une fois qu'elle a su comment faire, ce qui lui permet de rejouer tout l'Univers à loisir en changeant ce qu'elle veut.
le cas 3. est donc ici le seul où quelqu'un peut se projeter comme étant "déjà" dans une simulation. En fait, le monde dans lequel nous vivons peut-être seul, peut-être tous interconnecté les uns avec les autres, ce monde est probablement une énième re-simulation de la Vie. Probablement au sens où il y a exactement une chance sur 3 pour qu'on y soit déjà.
Au final, je trouve que ces expériences de pensée ne changent pas grand chose. Nous n'avons pas de caverne de laquelle sortir, pas de bain amniotique duquel émerger pour aller combattre les machines qui nous y maintenaient.
À moins que... Justement, cette expérience de pensée montre seulement que nous sommes capables d'en avoir. Nous sommes capables d'avoir une perception du monde qui dépasse nos sens et ce au travers d'astuces nombreuses : un enregistrement vidéo nous montre la capture lumineuse d'un instant passé beaucoup plus précise que ce dont est capable notre mémoire. Une caméra infrarouge nous permet de voir ce rayonnement que nos yeux ne perçoivent pas. Les maths nous donnent la possibilité de représenter des nombres qui échappent largement à notre représentation sensorielle du réel. Une carte nous permet de voir en un clin d'oeil une région, un pays... le monde entier.
Je m'arrête ici parce que j'en ai beaucoup trop, des exemples où ça marche : nous sommes capables d'expérimenter le réel au delà de nos capacités sensorielles.
D'autres animaux aussi ont accès à cette capacité de se représenter quelque chose par un autre moyen que celui par lequel il est "censé" le percevoir. Ce sont seulement nos sens qui perçoivent le réel de façon tronquée. Il est donc préférable de s'en méfier car ils nous trompent la plupart du temps, mais nous sommes capables de nous forger une perception du réel qui va au-delà de ce que nos sens nous disent.
Quant au hasard, je peux renvoyer également à ce qu'en dit la mécanique quantique (à travers ce que j'écoute d'Étienne Klein, une version courte ici
https://youtu.be/HpBlZO2Xs6s ) : le dé lancé ne génère le hasard que parce que nous ne connaissons pas toutes les constantes physiques appliquées à ce lancer (la force du lancer, la vitesse de rotation, la matière du dé, celle de la table, la pression de l'air, le frottement, etc..) pour en calculer le résultat. Ce qu'on appelle hasard c'est l'effet de notre ignorance de la cause.
Avec le principe de superposition, pierre angulaire de la physique quantique, une particule élémentaire (ni un corpuscule ni une onde, mais qui peut se superposer comme une onde) peut-être à un endroit A ou à un endroit B, ou encore A+B. Mais quand on fait la mesure, on la voit dans A dans 50% des cas et dans B dans 50% des cas. Là c'est du vrai hasard.
EDIT : pour aller plus loin, c'est Alain Aspect (1981 et 1982) qui tranche le débat entre Einstein et Bohr, alimenté par Bell et ses inégalités en 1964 : le hasard quantique existe, c'est prouvé par l'expérience d'Aspect, et il n'y a pas cette constante cachée dont parle Einstein qui rendait la théorie "incomplète".