rôle du soignant et d'une institution de santé dans une société

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Re: rôle du soignant et d'une institution de santé dans une société

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Merci beaucoup d'avoir précisé, c'est plus clair pour moi maintenant. :)
Bulle d'o a écrit : lun. 7 juin 2021 06:45 Et des fois aussi, je suis fleuriste
Oui, ça je l'avais compris :honte: .

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Bulle d'o
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Re: rôle du soignant et d'une institution de santé dans une société

Message par Bulle d'o »

:huhu: @Judith oui je me doute que tu avais retenu ceci. Ça m’a fait sourire que tu demandes (et j’étais gênée d’avoir pu amener la confusion) car il est probable que je me présente plus comme fleuriste et la socio en passion à coté. Alors que mon rapport temps/travail est inversé, encore plus cette année : 90% social 10% fleurs. (d’habitude, je dois être à 75/25). Les fleurs, c’est mon boulot-thérapie.

Aujourd’hui dans mon travail principal, je ne suis plus sur le terrain, plus analyste à des fins de formation des travailleurs sociaux. Donc je relis beaucoup pour résumer pour les « stagiaires ». Donc ces fils là, qui touchent de prés ou de loin l’humain, m’intéressent toujours car vos sources sont précises et un autre regard que le seul de notre équipe de travail.
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Re: rôle du soignant et d'une institution de santé dans une société

Message par O'Rêve »

@Judith , dans le Mooc, L'histoire de la folie est citée pour la question des lieux de la folie.
Ils introduisent ce chapitre avec Foucault qui a développé que dans une culture qui ne produisait pas de savoir sur la folie (ce qui était le cas dans les temps anciens), la folie avait une place, pas nécessairement une place enviable, mais d'une certaine façon elle avait une place. Puis il y a eu une rupture, qui correspond aussi à l'arrivée du médecin. On a produit un savoir sur la folie, mais on a exclu « les fous » (les grandes constructions d'asile datent de cette époque-là).
Le tableau La nef des fous est évoqué (brièvement) pour aborder les pratiques de la société médiévale en France (à cette époque « es fous» se rendaient en pèlerinage dans des sanctuaires qui étaient censés les guérir de la folie. Ces pratiques étaient beaucoup plus fréquentes à cette époque que les soins octroyés par des médecins qui étaient coûteux, donc réservés à une élite sociale.)
Et donc oui je suis très intéressée pour que tu résumes ce qu’en disait Foucault.

@Bulle d'o merci pour l'article! (Les apports de l'étude des représentations sociales dans le domaine de la santé, c'est intéressant).

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Re: rôle du soignant et d'une institution de santé dans une société

Message par Invité »

@Bulle d'o merci de ces précisions supplémentaires.

Donc sur Foucault, ses mérites et ses limites en repartant de Bosch.

Je n’avais pas si tort que cela, il y a bien une brève interprétation de L’extraction de la pierre de folie, p. 44 de l'Histoire de la folie. Foucault y voit une image de la dissémination de la folie dans le monde : le médecin et le patient sont également fous, mais le premier l'est plus que le second (qui n’est probablement que naïf) : la fausse science a « déposé en lui les défroques d’une folie que tous peuvent voir, sauf lui-même ».

Pour ce qui est de la Nef des fous, Foucault en propose une lecture complexe. Il prend le contre-pied de la plupart des interprétations classiques du tableau faites avant lui, qui en font une simple scène de genre et une moralité dénonçant la corruption de l’Église. Le thème de la nef, très à la mode au XVème siècle, contient pour lui plusieurs niveaux de sens :
- il renvoie d’abord à des rituels réels d’exclusions des fous, attestés par les archives : de nombreuses villes, pour exclure les malades mentaux, les « expédiaient » par voie d’eau vers des destinations inconnues dont ils ne devaient jamais revenir.
- Par ailleurs, le motif de la nef associe la folie et l’eau comme vecteurs de désordres politiques mais aussi et surtout cosmiques, instruments d’une fin du monde que le XVème siècle redoutait : la nef et son chargement d’insensés sont donc des cavaliers de l’Apocalypse d’un nouveau genre, porteurs d’une angoisse ancienne (la subversion de l’ordre rationnel et la submersion du monde par des puissances néfastes) qui verra son renouvellement à l’aube de l’âge classique. Les fous, qui traversent un paysage faussement paradisiaque, tiennent le rôle qui jusqu’alors avait été celui des lépreux dans la mentalité occidentale : celui de boucs-émissaires dont l’exclusion garantit rituellement le bon fonctionnement du monde qui les met à l’écart.

Cette interprétation du tableau n’est plus admise aujourd’hui, et l’analyse qui fonde l’ouvrage est périmée : le texte de Foucault demeure très beau et son importance est indéniable, mais ses méthodes ont été critiquées à juste titre. Ses sources sont souvent fausses, elles sont associées d’une façon arbitraire et simplificatrice, et l’idéologie prime dans son approche sur la réalité historique.

Un exemple de critique actuelle du premier chapitre de l’Histoire de la Folie, qui contient les trois reproches et les argumente en détail. L'auteur est une spécialiste d’Érasme et une très bonne connaisseuse de son sujet.

Folie et société au tournant du Moyen-Age et de la Renaissance.

Mon développement est un peu HS :honte: , mais c’est le seul apport que je puisse faire au fil, j’espère qu’il intéressera malgré tout.

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O'Rêve
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Re: rôle du soignant et d'une institution de santé dans une société

Message par O'Rêve »

Judith a écrit : lun. 7 juin 2021 11:01 Cette interprétation du tableau n’est plus admise aujourd’hui, et l’analyse qui fonde l’ouvrage est périmée : le texte de Foucault demeure très beau et son importance est indéniable, mais ses méthodes ont été critiquées à juste titre. Ses sources sont souvent fausses, elles sont associées d’une façon arbitraire et simplificatrice, et l’idéologie prime dans son approche sur la réalité historique.

Un exemple de critique actuelle du premier chapitre de l’Histoire de la Folie, qui contient les trois reproches et les argumente en détail. L'auteur est une spécialiste d’Érasme et une très bonne connaisseuse de son sujet.
Folie et société au tournant du Moyen-Age et de la Renaissance.
C'est aussi une critique émise dans le Mooc. Michel Foucault écrivait que le lieu du fou, c'était celui de l'exil. C'était l'exil collectif des déments, parce que, selon lui, les déments étaient expulsés des villes, placés sur des bateaux et expulsés dans une navigation collective vers le lointain. Or ça ne correspond pas du tout aux pratiques réelles de la société médiévale en France, comme ailleurs en Europe. Les fous ne sont pas exilés par voie fluviale hors des villes. Ils connaissent pourtant un mouvement qui est celui du pèlerinage (les familles qui ont un dément parmi leurs membres, cherchent souvent à obtenir la guérison en emmenant leur proche auprès d'un saint, donc dans le sanctuaire du saint qui est réputé guérir la folie.)

Et je trouve que ce n'est pas forcément HS, dans le sens où ça nous amène à réfléchir aux pratiques de l'époque, à les mettre en lien avec l'idée d'exclusion, de mise à l'écart.

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Re: rôle du soignant et d'une institution de santé dans une société

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O'Rêve a écrit : lun. 7 juin 2021 11:19 Et je trouve que ce n'est pas forcément HS, dans le sens où ça nous amène à réfléchir aux pratiques de l'époque, à les mettre en lien avec l'idée d'exclusion, de mise à l'écart.
C'est vrai.
O'Rêve a écrit : lun. 19 nov. 2018 15:31 J’y ai eu confirmation également que nous pouvons rencontrer des fonctions des classifications d'ordre plus "biopolitique, pour gérer des populations ".
Là on touche un thème sur lequel Foucault avait beaucoup réfléchi : celui des mésusages de la médecine, notamment par le biais des classifications, comme outil d'exclusion et surtout de gestion politique des corps en faveur des privilégiés, et non plus comme art du soin.
Ce qui recoupe ce que tu écris plus bas :
O'Rêve a écrit : lun. 7 juin 2021 11:19 Ce qui ressort aussi du Mooc, c’est que la société actuelle ne sait pas vraiment mieux que la société passée traiter de la violence du malade mental. Mais ce qui est soulevé, c’est que lorsqu’on agit pour un climat sécuritaire, on prend le risque d’abandonner une lutte politique qui est : comment la société peut accueillir les gens en fonction de ce dont ils ont besoin ? (par exemple, s’ils vont en prison, vont-ils accéder au soin ?)
Il se pose en outre une question fondamentale en termes de droit qui est la suivante : qui détermine si la personne présente une dangerosité particulière, et sur quels critères ?
Ce sont des questions très importantes. Tu fais un parallèle très intéressant (je ne cite pas tout pour ne pas surcharger le message) avec la question de la dangerosité animale, celle des chiens en l'occurrence, et tu pointes très bien le dysfonctionnement et les abus qu'il entraîne.
Je n'y connais pas grand chose, sauf à savoir qu'il existe une crise de la psychiatrie en France (et pas seulement) qui donne en partie raison à Foucault sur le fond, et que la question des internements abusifs par exemple, contre laquelle il s'était élevé, est loin d'être résolue. On en est partiellement sortis pour l'autisme, grâce à l'action des associations de personnes concernées, mais pas complètement, et je pense que pour d'autres pathologies il y a encore beaucoup à faire. Je ne crois pas qu'il existe encore un courant d’antipsychiatrie actif comme il en existait un à l'époque de Foucault, mais ce serait à creuser.

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Re: rôle du soignant et d'une institution de santé dans une société

Message par Bulle d'o »

vos débats m’emmène au champ plus large de la santé en général et de la scission qu’amène l’organisation politique, qui sous-tend les sociétés, dans les traitements inégalitaires apportés aux patients.

Au delà de la figure du fou, il y a cette approche du pauvre/riche.

Un état des lieux avait été fait par l’équipe Fassin/auray.
La fiche de lecture mais le livre vaut le coup, assez technique. https://www.cairn.info/revue-sante-publ ... ge-697.htm

Quant au fou, le poids de la dangerosité potentielle, bien que les lois aient considérablement redonné au patient l’opportunité de remise en cause de son mode d’hospitalisation et donc de contention ou non, dans l’espace de l’hopital psy, reste fortement marqué.

L’espace de société semble se protéger et tendre vers ce risque zero d’exposition. En risquant de sabrer une partie des droits de certains humains, comme le questionne ô’reve.

J’avais vu un reportage sur la suppression de l’hopital psy en Italie et la rééducation faite non pas sur les patients mais sur la ville en entier dans son approche, ses projections. J’ai moyennement aimé le reportage (je les trouve toujours un brin moraliste en dichotomie mal/bien) mais il est éclairant aussi.

« Quand tombent les murs de l’asile » : https://youtu.be/LJlv8PdrZuI
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Message par O'Rêve »

Judith a écrit : mar. 8 juin 2021 06:28 Je n'y connais pas grand chose, sauf à savoir qu'il existe une crise de la psychiatrie en France (et pas seulement) qui donne en partie raison à Foucault sur le fond, et que la question des internements abusifs par exemple, contre laquelle il s'était élevé, est loin d'être résolue. On en est partiellement sortis pour l'autisme, grâce à l'action des associations de personnes concernées, mais pas complètement, et je pense que pour d'autres pathologies il y a encore beaucoup à faire. Je ne crois pas qu'il existe encore un courant d’antipsychiatrie actif comme il en existait un à l'époque de Foucault, mais ce serait à creuser.
A l’opposé, un autre écueil relevé dans le Mooc, concerne une nouvelle antipsychiatrie qui se dit émancipatrice mais qui se nourrit en réalité de la rationalité économique (il faut toujours plus économiser, être plus rentable) et qui détruit en partie les institutions.
Un intervenant relate des échanges avec des gens d’un cabinet d’audit, venus pour réduire les lits à l’hôpital psychiatrique. Et l’instrumentalisation des discours de Foucault (sur l’enfermement) pour justifier des prises de décisions dans une logique économique (les hospitalisations en psychiatrie, ça coûte cher).
Et pour rebondir sur le reportage de [mention]Bulle d'o[/mention] , ce même intervenant relate que l'antipsychiatrie auparavant était animée par une vague émancipatrice, qui était idéaliste, qui voulait détruire l'asile pour qu'il n'y ait plus de processus asilaire. Ce même intervenant explique qu’à ses débuts il était animé et inspiré par l'antipsychiatrie italienne et qu’il a fait sortir des patients de l’hôpital psychiatrique pour les conduire en appartement thérapeutique. Son idée était de démolir l'asile et de créer des alternatives à l'asile. Et il relate les claques qu’il a reçu et la réalité de certains patients qui ont eu de terribles aggravations/passage à l’acte une fois qu'ils sont sortis de l'HP. Donc son témoignage aborde aussi cette réalité (le besoin parfois d’hospitaliser) et finalement la complexité des soins.
Ces utilisateurs ont remercié l’auteur O'Rêve pour son message :
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Re: rôle du soignant et d'une institution de santé dans une société

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O'Rêve a écrit : mar. 8 juin 2021 13:02 Et l’instrumentalisation des discours de Foucault (sur l’enfermement) pour justifier des prises de décisions dans une logique économique (les hospitalisations en psychiatrie, ça coûte cher).
Ce n'est pas étonnant. Foucault est un penseur qui est très connu mais presque jamais vraiment lu ni compris (sa pensée est difficile car très technique, ses idées ont varié et sa langue est magnifique mais souvent obscure). C'est un aspect qui facilite fortement l'instrumentalisation de ses propos, surtout s'ils sont employés hors contexte et tronqués. D'un autre côté, il est souvent aussi cité de façon naïve et anachronique avec les meilleures intentions et c'est également dommageable. Bref, c'est une référence d'un emploi bien délicat.
Je connais un peu le problème de la destruction de l'hôpital psychiatrique en Italie, mais trop mal pour en discuter vraiment. Je regarderai le documentaire si je peux.
Pour ce qui est de l'antipsychiatrie, c'est un mouvement vaste et complexe et il faudrait l'exposer complètement pour bien y réfléchir : je crois qu'il démarre dans les années 60, en milieu médical, et porte d'abord sur des pratiques anglo-saxonnes de mise à l'écart d'individus "irréguliers" (notamment sexuellement) à la demande de leurs familles, puis sur la répression de la dissidence dans les dictatures communistes par l'enfermement dans des hôpitaux. C'est ensuite seulement qu'il se combine avec une forme d'anticapitalisme et ouvre sur des expérimentations comme celles menées par David Cooper. La déconvenue de l'intervenant que tu mentionnes n'est pas surprenante car il y a eu énormément d'échecs thérapeutiques, mais il faudrait pouvoir la contextualiser (époque, milieu, etc.) pour comprendre ce qui s'est passé.

Actuellement, je sais qu'il y a des expérimentations prometteuses en Finlande autour de ce qu'on appelle le dialogue ouvert, une forme de thérapie systémique qui permet souvent d'éviter à la fois le recours aux hospitalisations, l'abus de psychotropes et les décompensations brutales, mais je n'y connais pas grand chose. Il existe une étude fouillée publiée en 2006 qui fait état de très bon résultats, mais je ne saurais pas en estimer la valeur.

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Re: rôle du soignant et d'une institution de santé dans une société

Message par Bulle d'o »

bon le sujet me passionne, j’ai observé cela dans mon exercice professionnel depuis 15 ans car nous avons été une génération de travailleurs sociaux à avoir, d’abord sans formation puis avec formation spécifique, accueilli, dans la rue, les errants de la fermeture de l'hôpital psychiatrique dans ses versions asilaires dans le milieu des années 2000 (du fait des lois patients et de la réduction des couts hospitaliers). Et nous avons effectivement eu à écumer des passages à l’acte, majoritairement auto-acté des gens. Nous appelions ça, « l’hôpital à ciel ouvert ». Et nous avons bon nombre de fois retiré objet contendant de nombreuses mains, non stabilisées dans le soin, après des années de contention.

Je propose de vous reparler de cette expérience ce soir et des effets du branle-bas de combat qui a traversé la psychiatrie-précarité sur les années 2010 à ce jour, pour arriver à des expérimentations qui restent médiocres selon moi, fautes de moyen et de réalité sociale sous tension. (mais ce soir car sur téléphone, peu pratique).

Pour mémoire : fermer les espaces asilaires des hôpitaux, ne veut pas dire stopper toutes les hospitalisations ou fermer tous les centres de soins : les transformer.
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Re: rôle du soignant et d'une institution de santé dans une société

Message par Invité »

Hors-sujet
Juste pour le plaisir, je relis le récit très précis que fait Didier Eribon de la soutenance de thèse de Foucault (Histoire de la Folie est le remaniement de sa thèse d’État), avec au jury Canguilhem, bien sûr, mais aussi Daniel Lagache et surtout Henri Gouhier, qui siégeait comme président du jury et en tant que spécialiste de la philosophie rationaliste du XVIIème siècle. Canguilhem était plutôt favorable à Foucault, il est d'ailleurs l'auteur du rapport autorisant la présentation de la thèse, mais Gouhier avait élevé des objections méthodologiques très fortes, notamment sur la surinterprétation des sources citées (dont Bosch), sur l'abus de la notion de structure et sur une forme de pensée téléologique, en principe incompatible avec la notion même d'histoire.
Ce sont en gros les reproches qui sont encore faits à Foucault aujourd'hui. 8o
Bref, fin de l'excursus. :honte:

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Message par O'Rêve »

Judith a écrit : mar. 8 juin 2021 13:37 La déconvenue de l'intervenant que tu mentionnes n'est pas surprenante car il y a eu énormément d'échecs thérapeutiques, mais il faudrait pouvoir la contextualiser (époque, milieu, etc.) pour comprendre ce qui s'est passé.
Tu as raison. Et puis j'ai été un peu vite en résumant ses propos, car il évoquait aussi leur absence de formation pour la transition qu'il évoquait.
Et ça rejoint les propos de [mention]Bulle d'o[/mention] sur les travailleurs sociaux, d'abord sans formation, puis avec formation spécifique.
Donc j'ai hâte de lire le retour d'expérience :) .

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Re: rôle du soignant et d'une institution de santé dans une société

Message par Invité »

O'Rêve a écrit : mar. 8 juin 2021 17:32 Donc j'ai hâte de lire le retour d'expérience
Oui, moi aussi, ce sera très intéressant. :)

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Re: rôle du soignant et d'une institution de santé dans une société

Message par Bulle d'o »

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Message par Miss souris »

Mais quel monde...merci pour le topo factuel, Bulle. On comprend bien l'envie de fleurs, effectivement.

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Re: rôle du soignant et d'une institution de santé dans une société

Message par O'Rêve »

Merci beaucoup @Bulle d'o pour ton partage d'expérience. Il est prenant et éloquent.

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Re: rôle du soignant et d'une institution de santé dans une société

Message par Invité »

Merci du témoignage. C'est un regard intéressant.
Il faudrait essayer de revenir au sujet du fil, le rôle des soignants et des institutions dans la société.

Je relance en essayant de repartir d'une citation d'O'Rêve, qui pose une question importante et nous ramène aux soignants et aux institutions de soins.
O'Rêve a écrit : dim. 6 juin 2021 20:31 Il se pose en outre une question fondamentale en termes de droit qui est la suivante : qui détermine si la personne présente une dangerosité particulière, et sur quels critères ? En France, les psychiatres, les psychologues, jouent un rôle important, selon des procédures auxquelles on a très peu accès mais qui sont très importantes pour déterminer le parcours et la liberté de tout un ensemble de personnes. Actuellement, ça pose un problème qui est un problème de droit important qui est que le parcours de ces personnes est soumis en réalité à l'arbitraire de tout un ensemble de savoirs qui disposent en réalité de peu de connaissances sur ces questions de la dangerosité et de la prédiction de la récidive.
De fait, ce qui est en cause en filigrane, c'est la validité des diagnostics psychiatriques et psychologiques et on rejoint là les critiques des années 60 (Foucault mais aussi bien d'autres). Par exemple, le terme de "mélancolie" employé dans le témoignage de Bulle d'O est très ancien et connoté, de même que la notion de schizophrénie qui, à priori, est en passe de disparaître du vocabulaire médical comme en a disparu l'hystérie. La science évolue et on peut espérer qu'elle progresse, mais cette progression n'est pas linéaire et les lacunes dans les savoirs sont facilement instrumentalisables par le politique, pas toujours pour le mieux.
Il faudrait trouver des références récentes sur ce point : @O'Rêve, je suppose qu'il y en avait dans le Mooc que tu as suivi? Si tu nous donnais une petite bibliographie, ce serait bien, en tout cas ça m'intéresserait. Merci d'avance! :)

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Re: rôle du soignant et d'une institution de santé dans une société

Message par Bulle d'o »

dans les travaux menés que j’avais vu dans les places des soignants, autour de ce thème de la psychiatrie, il y avait en Belgique, tout le travail fait aussi sur les travailleurs-pairs qui ont bougé les lignes de représentation des institutions de santé.

Cela devait aller avec les transformations du droit des personnes d’autonomie sur leurs parcours de santé. Cela influait directement sur la façon dont le corps médical n’était plus seul évaluateur de la question de la maladie et aussi de la thérapie à adopter.

Le regard n’était plus seulement celui du sachant théoricien mais aussi celui de l’expert dans l’expérientiel, l’empirique.

Je vais lire ce mémoire et j’essaierai de voir pour vous ce qu’il y a dedans. https://dial.uclouvain.be/downloader/do ... eam=PDF_01

Ça me rappelle les apports de Parsons (1950 environ) qui envisagerait le rapport à la maladie comme une déviance sociale sur laquelle la société tente d’avoir un contrôle en impliquant les deux acteurs principaux : les malades et les soignants.
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Re: rôle du soignant et d'une institution de santé dans une société

Message par Invité »

Je pense que la synthèse la plus commode qui traite de ces sujets est celle de Jacques Postel et Claude Quétel, Nouvelle Histoire de la psychiatrie (2012). Je l'ai dans ma bibliothèque, je l'ai lu, mais je ne sais pas si j'aurai le temps d'y revenir ces jours-ci. Si je peux, je le ferai, mais je pense que le Mooc devrait aussi donner des pistes intéressantes. :)

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Re: rôle du soignant et d'une institution de santé dans une société

Message par Bulle d'o »

oui j’attends aussi avec impatience la suite des éléments qu’apportent le mooc! 😁
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Re: rôle du soignant et d'une institution de santé dans une société

Message par O'Rêve »

Sur la bibliographie relative au chapitre qui aborde la responsabilité (et la dangerosité), je peux citer ces références :
► Afficher le texte
Et si on dépasse le cadre de réflexion de la dangerosité, sur la validité des diagnostics psychiatriques et psychologiques et leur critique, j’étais tombée sur cet avis (de 2019) du conseil supérieur de la santé de Belgique sur l’utilisation et le statut du diagnostic et des classifications des problèmes de santé mentale https://www.health.belgium.be/sites/def ... 0_dsm5.pdf
► Afficher le texte
Et également sur cette approche : «Research Domain Criteria» (RDoC)
https://www.congresfrancaispsychiatrie. ... ge-du-dsm/
► Afficher le texte
Je n’ai pour le moment pas approfondi la question de la validité scientifique de ces propositions, mais je trouve les réflexions intéressantes.

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Re: rôle du soignant et d'une institution de santé dans une société

Message par Invité »

@O'Rêve merci pour cette documentation très riche! :)

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Re: rôle du soignant et d'une institution de santé dans une société

Message par Bulle d'o »

Ce sujet me revient par mon métier avec une psychologue qui postule et qui indique apprécier la vision de Foucault.

La sociologue (petite sociologue) que je suis refait aujourd’hui des ponts entre la philosophie de Foucault et l’école de Chicago ou les assimilés à cette mouvance.

Définitivement, je vais lire Foucault et notamment Surveiller et Punir et voir ce que j’y trouve en écho à Asile de Goffman. Je me dis qu’il doit y avoir des liens entre ces visions contemporaines l’une publiée en 1961, l’autre milieu des années 70.

J’ai aussi envie d’observer dans la question du pouvoir ce qu’il peut y avoir de commun ou distant entre les travaux de Becker dans Outsiders, sociologie de la déviance (avec la notion de carrière déviante) et ce qu'explore du pouvoir, Foucault.

Et enfin, ça me donne aussi envie de faire des détours par Parsons et son contrôle social médical où le patient-déviant est rétabli par le puissant entrepreneur de morale, incarné en la figure du médecin.

Je crois que ma mémoire me faisait défaut y’a un an et là, j’ai retrouvé la voie de ceux qui m'avaient inspirés (ou rebutés d’ailleurs) mais qui concentrent encore plus mon intérêt actuel sous le sceau d’une réflexion de la déviance et de la carrière. Notamment dans des questions d’extraction de traite humaine et dans l’établissement d’un parcours « classique » d’intégration en France. Ô que je vois en théâtre sous mes yeux les questions de pouvoir de chacun, bien placés. Et ces pouvoirs sont forts :).
"Je ne communique pas mes jugements, je ne suis pas un donneur de leçons, l'observation du monde ne suscite chez moi qu'un dialogue intérieur, un interminable dialogue avec moi-même."

Les désorientés (2012) de Amin Maalouf

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