
J'ai découvert l'existence de cette théorie dans le sujet de présentation de Supernova où Traum a apporté des éléments bibliographiques sur la question : viewtopic.php?f=9&t=10732&p=323013&hili ... nt#p323013. Traum a ainsi nommé les travaux d'Antoine Guédeney qui prolongent ceux de John Bowlby, notamment les ouvrages L'attachement : approche théorique et L'attachement : approche clinique, co-écrits avec sa femme Nicole Guédeney.
J'ai trouvé une émission de France Inter sur la théorie de l'attachement. Elle présente les deux ouvrages de Christine Genet et Estelle Wallon : un ouvrage destiné aux professionnels Psychothérapie de l'attachement et un ouvrage de vulgarisation Ça sert à quoi, des parents ?. Elles ont créé une consultation parent-enfant basée sur la théorie de l'attachement. Voici le lien vers l'émission : https://www.franceinter.fr/personnes/ch ... nGoT5pfmIM (le discours est coupé par une intervention sur les océans, mais cela reprend ensuite).
Il y a quelques jours, j'ai trouvé la captation d'une intervention de Nicole Guédeney sur la théorie de l'attachement : https://www.youtube.com/watch?v=8RfVJdY2DFo. Elle est intéressante à écouter.
Je me suis fait un document Word de prises de notes, que j'ai agencées ensuite sous la forme d'un texte rédigé. J'ai un peu complété en piochant sur cette page https://philosciences.com/philosophie-e ... ent-bowlby.
Une petite base pour commencer à creuser cette théorie, avant de recevoir le premier des ouvrages des époux Guédeney, que j'ai commandé aujourd'hui ! Je vous livre donc ce que j'ai ressorti de cette conférence pour engager la discussion avec ceux qui sont intéressés

Cette théorie fut élaborée par John Bowlby et Mary Ainsworth entre les années 1960 et 1980. Elle s’appuie sur des principes découverts en éthologie (lois de développement du vivant) et en psychanalyse (l’inconscient) et constitue une révolution scientifique dans le domaine de la psychologie. Le système d’attachement fait partie des systèmes motivationnels que Bowlby a explicités et qui contribuent à la survie de l’espèce. Ces systèmes reposent sur la recherche de réponses à des besoins et ils entrainent chez le bébé, l’enfant et l’adulte des comportements pour répondre à ces besoins. Ces systèmes sont : système exploratoire, système affiliatif, système d'attachement, système peur-angoisse. C’est une théorie basée sur l’observation des comportements : elle permet d’expliquer les chaines de comportements d’un enfant à partir d’un comportement-stimulus de la figure d’attachement. [elle est utilisée en psychologie clinique, c’est-à-dire par un psychologue qui fonde son diagnostic sur l’observation et l’interrogation du patient (>klinikê tekhnê, grec ancien, médecine exercée près du lit du malade)]. En France, cette théorie est très mal connue (la conférence date de 2007) alors qu’elle est en plein développement ailleurs où elle a fait évoluer les pratiques dans la petite enfance, dans la conception de la psychologie adulte, de la psychiatrie adulte. La conférence se limite à la petite enfance (jusqu’à 18 mois).
L’attachement est l’une des dimensions de la relation parent-bébé, parmi d’autres dimensions. [C’est aussi l’une des dimensions de la relation entre deux adultes]. Dans cette théorie, le terme « attachement » ne signifie pas « aimer quelqu’un », mais désigne le lien qui se crée entre le bébé et l’adulte pour répondre au besoin de sécurité du bébé, la recherche de proximité physique ou mentale avec une figure censée lui apporter la sécurité. C’est « un équilibre entre les comportements d’attachement envers les figures parentales et les comportements d’exploration du milieu.» (Bowlby J., Attachement et perte, Paris, PUF, 1978). La forme que prend cet attachement dès le plus jeune âge aura des conséquences tout au long de sa vie.
Le bébé est un être vulnérable, très souvent en situation de danger, de détresse. Il est biologiquement (génétiquement) programmé pour rechercher la proximité d’un ou plusieurs adultes près de lui lorsqu’il est en situation d’alarme. Ce comportement est vrai tout au long de la vie. Cette recherche de proximité en cas de détresse est appelée « lien d’attachement ». Dès qu’il y a une détresse, le besoin de sécurité se déclenche pour apaiser la détresse. Pour obtenir une réponse de sécurité, le système d’alarme du bébé s’active, cela enclenche son mouvement d’attachement, c’est automatique, instinctif. Cette recherche d’attachement s’exprime par un répertoire de comportements (comportements physiques et mentaux comme les pensées) tels que les pleurs, le regard intense, le sourire qui attire. Ces comportements sont destinés à être perçus par la figure d’attachement, ils constituent pour cette dernière des stimuli. A ces stimuli, la figure répond par plusieurs choses. L’une des réponses est le rapprochement physique : la figure arrive près du bébé ou reste près du bébé. Quand l’enfant peut marcher, il va s’approcher de l’adulte pour rétablir lui-même la proximité physique. Ou le bébé s’accroche au cou du parent pour maintenir la proximité. Ou l’enfant va nommer la personne : « papa », « maman » … L’adolescent ou l’adulte va utiliser l’appel téléphonique à l’adulte, ou le simple fait de penser à la figure d’attachement. Cette proximité déclenche un apaisement, un réconfort plus ou moins immédiat selon la gravité de la détresse et le contexte. La réponse peut aussi être l’expression du visage que l’on présente à l’enfant. La théorie de l’attachement est une théorie des besoins émotionnels des bébés. C’est ce qui explique qu’un enfant qui s’est fait très mal va immédiatement faire baisser son niveau de pleurs (même s’ils restent, car il a tout de même mal) quand la figure d’attachement arrive ou quand il sait que la figure d’attachement n’a pas pour habitude de ne pas venir dans de telles situations. Et la manière de l’enfant d’exprimer son besoin varie en fonction des circonstances : s’il est fatigué, cela sera plus intense.
La figure d’attachement peut être un parent, ceux qui élèvent l’enfant durant les 9 premiers mois (le père ne peut pas être une figure d’attachement véritable car notre société ne lui permet pas d’être près de l’enfant suffisamment longtemps). Le bébé hiérarchise ces figures d’attachement. Il y a celle dont il attend le plus la sécurité, qui va lui en donner le plus, c’est celle qui s’est occupé le plus souvent, le plus durablement pendant les premiers mois. Cela ne veut pas dire qu’il l’aime plus. Parmi toutes ses figures d’attachement, quand elles sont présentes, le bébé ira vers la figure d’attachement principale en cas d’alarme, instinctivement sans réfléchir, car il y a danger. Mais le bébé ira vers une figure d’attachement secondaire si la figure principale est absente et que la figure secondaire est là avec une figure étrangère.
La réponse de la figure d’attachement, la protection du bébé, la consolation, le soutien, en fournissant des solutions au problème, en aidant l’enfant ou la personne en situation de fragilité à trouver ses solutions s’appelle le « caregiving ». Le parent peut le faire de façon prévisible et cohérente, de manière adéquate, et s’il s’est trompé (cela arrive dans 50% des cas) il peut corriger (en explicitant face au bébé « ah, je me suis trompée, ce n’était pas ça qu’il fallait faire »), et il peut le faire même sous condition de stress. La sensibilité parentale, c’est la capacité du parent à percevoir et à interpréter les signaux verbaux et non verbaux de l’enfant de manière correcte et à y répondre rapidement et adéquatement. Il s’agit d’abord d’accepter qu’un bébé ait des besoins de sécurité et qu’il les manifeste par un lien d’attachement (tous les parents n’acceptent pas l’idée que leur enfant puisse pleurer ou être triste), c’est accepter d’y répondre. C’est soutenir l’exploration (promouvoir la coopération, aider l’enfant à développer des solutions aux problèmes avec le parent ou sans quand c’est facile, mais pas à la place de l’enfant), c’est l’aider à réguler les émotions, l’aider sans intrusion et respecter son timing. C’est très difficile. C’est un idéal : après une journée de travail avec grève, on n’apporte pas le même caregiving que le week-end !
La perception des signaux. Quand un bébé est heureux, on répond en général avec l’accordage affectif (avoir la même expression du visage réjouie que lui, la même intonation de voix). Quand le bébé pleure, si on répond avec de l’accordage affectif, le sentiment de sécurité ne nait pas chez le bébé. L’accordage affectif fait peur à l’enfant qui n’y voit pas un état secure. L’adulte, de lui-même répond plutôt par le mirroring : son visage exprime la tristesse, l’intonation de la voix est une prosodie de tristesse, mais il a ralenti le rythme, et ça change tout. Le mirroring manifeste la compréhension de l’état de l’enfant, mais avec la maîtrise de l’adulte et c’est rassurant. L’enfant comprend qu’il est possible de contenir ses émotions négatives pour qu’elles ne le désorganisent pas.
La mentalisation. L’adulte réfléchit à ce qui peut se passer dans la tête du bébé : l’espèce humaine ne répond pas au comportement de quelqu’un, mais aux intentions comportement de quelqu’un. Il se demande : qu’est-ce qui fait pleurer mon bébé, qu’est-ce qui fait pleurer un bébé, qu’est-ce qui m’aurait fait pleurer quand j’étais bébé. C’est la mentalisation. Le parent transmet ce processus à l’enfant et entraine chez lui le développement de ses capacités de mentalisation. Quand on répond aux besoins émotionnels du bébé, on l’entraine à réaliser que les émotions sont des signaux de communication, que le comportement correspond à des états mentaux, émotionnels et que nous pouvons les partager. Au-delà d’une certaine intensité, le bébé tout seul ne peut pas réguler ses émotions négatives (tristesse, peur, colère). On le comprend bien : en tant qu’adulte, il est naturellement plus facile d’exprimer/maîtriser une émotion positive qu’une émotion négative. Pour un enfant c’est encore plus dur. Le parent doit expliciter les émotions du bébé, les raisons de ces émotions et les solutions possibles verbalement. C’est le plus difficile mais c’est là que le bébé apprend ce qu’il ressent, apprend les causes de ces ressentis et les solutions possibles. A ce moment-là, l’enfant retrouve le contrôle. Et le parent a le droit de se tromper dans sa réaction, dans ce cas s’il verbalise cette erreur et rectifie les choses, c’est très rassurant pour l’enfant car finalement la réponse est adéquate et humaine. L’enfant expérimente alors une expérience importante : j’ai un impact sur l’autre, l’autre en prend conscience, je vois ce qui marche et ne marche pas et j’adapte. C’est une expérience d’intégration et de souplesse. 60% des bébés ont un lien sécure à 12 mois avec la figure d’attachement principale, qui équilibre attachement et exploration. Si tout continue comme cela, c’est une bonne prédiction pour la suite : capacité d’autonomie, confiance en soi, sentiment de compétence, empathie et compétence sociale.
On dit que les conditions de sécurité sont réunies pour le bébé quand il fait l’expérience répétée de réponses adéquates par les figures d’attachement à ses besoins d’attachement, quand il y a continuité des figures d’attachement (parents présents, pas de mode de garde avec des personnes différentes trop souvent), avec une prévisibilité des réactions des figures d’attachement, une cohérence et une fiabilité des figures d’attachement, des séparations spatiales limitées entre l’enfant et les figures d’attachement en fonction de l’âge de l’enfant. Tout cela est nécessaire pour que l’enfant constitue des figures d’attachement dans lesquelles il ait confiance. Les réponses que le bébé reçoit à ses demandes/besoins constituent progressivement sa future grille de lecture du monde et de ses relations aux autres. Cette grille de lecture consiste en un système de représentations (façon de comprendre les autres et le monde, le sens que l’enfant donne à ce qu’il perçoit des autres et du monde), qui conditionnera ses comportements futurs avec les autres et avec les événements. Ces représentations : progressivement, le bébé construit un modèle des autres et de soi en situation de détresse. Si on lui a répondu à chaque fois qu’il avait besoin d’aide, d’une manière où il se sente compris et stimulé dans l’autonomie, il va développer plusieurs certitudes : la confiance dans l’autre en cas de problème, le sentiment de valeur personnelle au regard de l’autre, même en situation de détresse, le sentiment qu’on a une action sur l’autre. L’attachement sert la protection, la régulation psychophysiologique, facilite le développement des compétences personnelles, le socle de développement de l’intersubjectivité et de la mentalisation (interprétation émotionnelle et cognitive des expériences sociales et non sociales, développement du langage, acquisition du sens de soi et des autres). La sécurité est un tremplin pour affronter les challenges et les crises et la base pour négocier les conflits et les problèmes d’autorité.
Le bébé construit alors le modèle du sécure : « Cela ne va pas. J’ai le droit de ressentir que cela ne va pas, je vaux la peine d’aller mieux, je peux supporter de rechercher pourquoi je souffre, il existe à l’extérieur des personnes qui pourront supporter de me voir allant mal ou vulnérable ou dans le besoin de réconfort ou d’aide, sans indifférence ni rejet ni rétorsion. Ce sera moins difficile si j’ai cette aide pour explorer pourquoi je vais mal et pour trouver des solutions. »
Mu par le principe de survie de l’espèce, tout adulte (figure d’attachement) est censé pouvoir répondre de manière adéquate aux besoins de sécurité du bébé. Mais tous les adultes ne le font pas, car ils ne le peuvent pas. Tous les parents ne peuvent pas percevoir un signal de détresse, ne peuvent pas répondre au signal de détresse. Tous les parents ne parviennent pas à contenir et à partager (transmettre à mon enfant que je sens ce qu’il ressent, mais que je n’en suis pas submergé, que je peux continuer de penser à ce qui va aider mon enfant). C’est toute la complexité de la transmission transgénérationnelle de l’attachement. Pour répondre, s’il y a plein de stress contextuel, que le parent a des problèmes par ailleurs, que beaucoup de personnes autour demandent de l’attachement à une seule personne, que le parent voit son système d’attachement activé (quand il y a des fantômes ou des revenants), il se peut que le caregiving du parent ne puisse pas être opérationnel. Des éléments autres que génétiques viennent perturber, entraver le déroulement instinctif de la réponse. Et il ne s’agit pas d’une mauvaise volonté de l’adulte. En thérapie, il faut travailler sur cet élément qui entrave. Cet élément qui entrave l’adulte est le résultat d’un processus d’adaptation de l’adulte à son environnement immédiat ou passé : en fonction de choses dont il n’a souvent pas conscience, il fait un choix pour répondre au bébé du mieux qu’il peut dans les circonstances du moment. Il est donc inutile de culpabiliser le parent. On peut aimer son enfant et ne pas savoir répondre à ses besoins d’attachement. Un exemple : une femme est venue voir la conférencière et lui dit qu’elle frappe son enfant avec un chausson. Le geste est déplacé, fort. Mais elle explique qu’elle-même était frappée dans son enfance par un ceinturon et que cela faisait très mal : elle a choisi le chausson parce que c’est plus doux. Cela en dit long sur le chemin qu’elle a parcouru, même s’il en reste à parcourir. De la même manière, la conférencière parle de l’écart, dans notre société actuelle, entre le fait que l’on théorise beaucoup sur l’enfance, mais qu’institutionnellement on répond très mal aux besoins des bébés : on ne donne pas une continuité relationnelle suffisante qui respecte les besoins et rythmes des bébés (on soutient peu les jeunes parents, notamment concernant le congé après l’accouchement).
Donc l’environnement ne répond parfois pas de manière adéquate à l’expression des besoins d’attachement de l’enfant. On évoquera ici les situations et états non pathologiques. L’enfant est protégé, la réponse de la figure d’attachement ne suscite pas de peur, mais elle ne répond pas aux besoins de l’attachement. L’enfant est obligé de s’adapter (ce n’est pas pathologique, c’est de l’adaptation, c’est problématique si c’est constant et que cela altère la construction de l’enfant) : quand l’attachement se déclenche, il ne peut pas l’éteindre seul, et sans la réponse adéquate l’enfant développe des stratégies adaptatives. Deux stratégies : l’enfant prend sur lui pour répondre à ses propres besoins, l’enfant peut maximiser les chances que l’environnement réponde en s’exprimant très fort. A partir de là, deux modèles de fonctionnement peuvent se construire chez l’enfant :
- La stratégie évitante. Pour avoir la proximité (réponse de sécurité qu’il recherche), l’enfant décide de ne plus exprimer les émotions négatives (qui ne réussissent pas à faire venir la figure d’attachement ou qui ne provoquent pas de réponse adéquate) et de n’exprimer que des émotions positives (qui réussissent à faire venir la figure d’attachement ou déclenche une réponse rassurante). Le risque est que l’enfant n’apprenne pas à percevoir en lui ce qui est négatif, car ce qui négatif est nié. La réaction de l’adulte a mis l’enfant dans une telle situation qu’il n’a comme stratégie possible que de dire « ça n’existe pas ». Le problème, c’est que le corps diffère du mental : le mental refuse de percevoir le négatif, mais le corps manifeste des indices de stress parfois élevés. L’enfant manifeste de l’autonomie, mais ce n’est pas bon pour la lecture des émotions intimes. Le modèle de l’évitant : « Je ne ressens jamais de tristesse, je cherche à me débrouiller par moi-même car je ne peux pas compter sur l’autre, je porte mon attention sur tout ce qui m’éloigne de la perception de ma détresse, je ne demande jamais rien, je ne compte que sur moi-même ».
- La stratégie de la résistance/ambivalence : l’environnement répond aux besoins d’attachement, mais de façon imprévisible. Les parents ne sont pas toujours disponibles. Le bébé met donc la sirène d’alarme en hauteur : il maximise les signaux pour obtenir l’attention de la figure d’attachement. De plus, comme il garde rancune des moments où le parent n’a pas répondu, il y a de la colère dans sa demande. Et c’est une explosion d’émotion de toute part car le parent ne parvient pas à éteindre l’alarme amplifiée. Cette insécurité de l’attachement limite les potentialités de développement optimal, sans être un trouble. Le modèle résistant/ambivalent : « Je ne sais jamais si je peux compter sur les autres : ils sont tellement imprévisibles et décevants, je me sens tellement dans le besoin des autres et tellement en colère contre eux, de ce qu’ils m’infligent comme déception, je me concentre seulement sur la manière dont je peux attirer leur attention mais je n’ai plus de disponibilité pour explorer et je sais que je ne peux rien faire par moi-même ».
Le système de l’attachement est lié au système d’exploration : le bébé a besoin d’aide (attachement) quand les choses ne vont pas bien, mais quand tout va bien il a envie d’explorer le monde. La curiosité aide l’enfant à comprendre son environnement, et c’est un des systèmes motivationnels capital pour sa survie car ça développe son sentiment de compétence. Ce système se développe à partir de 6-9 mois. Quand le bébé découvre la marche, il s’oriente vers l’exploration du monde, il contrôle la proximité avec la figure d’attachement (il peut être parfois collant !). Mais en même temps, ce bébé qui explore se place en situation de danger. Il y a tension entre exploration et attachement : l’attachement va l’aider régulièrement à le rassurer et à aller plus loin dans l’exploration. Le bébé est un explorateur intrépide, mais prudent. Au-delà d’une certaine distance, il revient parce qu’il est trop loin de sa figure d’attachement. Entre 9 et 12 mois, le bébé constitue le phénomène de « base de sécurité » avec chacune de ses figures d’attachement (espace de sécurité à partir duquel il part explorer le monde) : il se maintient à proximité d’elle pour avoir confort et soutien, tout en s’éloignant de plus en plus. L’attachement n’interfère pas avec l’exploration, il la stimule. La confiance dans la disponibilité de la figure d’attachement est un tremplin pour affronter des challenges, c’est le développement d’une vraie autonomie. La vraie autonomie, c’est savoir ce qu’on peut faire tout seul et c’est savoir quand on a besoin d’aide.
La forme que prend l’attachement est juste un facteur de risque parmi d’autres facteurs de risque accroit la possible naissance d’une psychopathologie. Dans un trouble du comportement, tous les facteurs qui jouent sont : attachement insécure, adversité dans la famille, attitude parentale éducative inefficace ou inadéquate, caractéristiques tempéramentales atypiques chez l’enfant. La relation au caregiver impacte probablement le développement du cerveau, elle sert à l’autorégulation du stress notamment, et donc du comportement. Mais tous les enfants qui ont un lien insécure ne développent pas des troubles du comportement.