En rtard en rtard ! Je suis en rtard !
Allons bon :
#4 Freeze
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Il était une fois, sur un iceberg, deux pingouins qui regardaient le Soleil se coucher. Assis à environs trois centimètres l’un de l’autre et au bord des cinq mètres d’à-pic du géant de glace qui fondait. On parlait de réchauffement climatique au Pôle Nord depuis presque huit ans et les effets commençaient à se faire sentir. Déjà on était en mai et ils se permettaient de rester dehors à regarder le soleil se coucher alors que trois mois plus tôt… Bon ok, le soleil ne se levait même pas, mais quand même : les temps changent.
Les deux pingouins discutaient donc quand l’un d’entre eux déclara : “J’ai envie de me commander un couscous surgelé !”
#5 Build
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Serrant contre lui son aînée assise somnolente sur ses genoux, il arrangea machinalement le plaid sur ses épaules, les yeux perdus entre les flammes et les volutes de fumée en contrebas.
Les flashes bleus du camion de pompiers arrivé — trop tard pour sauver quoi que ce soit, mais dans des circonstances pareilles on arrive toujours trop tard — quelques minutes plus tôt. L’équipe s’occupait de maîtriser l’incendie de la maison de l’homme avec le plus grand professionnalisme, mais c’était peine perdue.
L’homme, le regard fixe, en deuil, faisait l’inventaire de tout ce qu’il avait bâti et que cet incendie dévorait sous ses yeux.
À peine arrivé, il avait d’abord décidé d’aménager le jardin qui, rempli de pierres grosses comme des têtes bien pleines, lui avait fourni la matière rêvée pour le border d’élégantes courbes, puis de monter un petit muret, oh pas bien haut, mais qui avait de la gueule. Il resterait au moins ça, se disait-il, mais tout le reste…
Puis, il avait entrepris de fabriquer lui-même son établi, sa remise, et quelques mois plus tard son garage qui devait remplacer ce hideux vis-à-vis avec ce curieux voisin qu’il n’appréciait pas sans savoir pourquoi.
Grâce à ces deux premiers bâtiments aux murs et au toit de bois, il avait pu ériger pour ses filles, une véritable maisonnette sur pilotis avec tout le confort : un mur d’escalade en bois pour monter, et pour descendre un toboggan — personne n’est parfait — en plastique ; un tableau noir “comme à l’école” et un petit banc pour regarder le jardin de haut. Tout cela ce soir devenu un crépitant spectacle depuis le sommet du coteau où l’homme était en sécurité.
Il imaginait maintenant — de là où il était, il ne pouvait pas la voir — la terrasse qu’il venait de finir de poser, la pergola sur laquelle il avait commencé à faire grimper deux vignes encore petites, comme ses filles, mais qu’il voulait voir grandir, devenir vigoureuses et porter leurs fruits… Qu’il aurait voulu voir en réalité, mais ses yeux et son cœur s’emplissaient de larmes et de colère à l’idée que cela n’adviendrait pas.
Même si ce n’était pas lui qui avait rénové la charpente, l’idée de perdre son toit le désolait au plus profond de lui-même. Lui, fils de maçon et petit-fils de menuisier, il était d’une dynastie de bâtisseurs.
La mâchoire serrée de rage, il se jura en regardant les dernières flammes enfin maîtrisées par les pompiers, en pleurant le tas de cendres qui était la ruine de tout ce qu’il avait érigé, il se jura d’ici cinq ans, de tout reconstruire à l’identique.
Courage, on n'est qu'au début du mois !
Et bravo à tout le monde ! C'est vraiment bien ce qui se passe ici. Vraiment.