Poétiquement vôtre

Ici, partagez vos passions, vos dadas, vos marottes, documentez si possible, mettez-y de la vie!
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Invité

Re: Poétiquement vôtre

Message par Invité »

Un haïku d’époque « maison »:

Présence du froid
L’eau figée du matin blême
Éclaire la lune.

enufsed
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Re: Poétiquement vôtre

Message par enufsed »

Impromptu du rouget gui grésille dans sa poêle, je vois ce fil remonter pourquoi pas, mais je sais pas si c'est poésie


Chrysanthemum Leviosa

Enfant sèche tes larmes dans la voiture, ne tire pas le fil de la banquette, c’est un poil de vie qui ne repoussera pas. À la déchetterie il voulait une ferraille mais l’innocent petit lait matinal ne prépare pas l’avenir avec hourdis et linteaux. Et si je me coupe qu’est-ce que ça peut bien faire ? On se demande après pourquoi les rêves sont avortés. Tiens c’est vrai tu avais une tache là sur la vertèbre, elle jouait à cache-tache sous les draps à manger des rires, on achetait du Cajoline à cause du nounours et parce que c’était gras et bleu sur les doigts. Fleurs odorantes et parquet qui chante.
Les hirondelles me cassent les oreilles, leur nid est crasseux et puis à quoi ça sert une hirondelle, on dirait des triangles qui rigolent. Dans le coin du garage la dépouille ondulée du carton me regarde, mais la poste avait déjà entamé le travail quand il me l’ont retourné, l’humidité a fait le reste et j’ai tenu bon devant elle quand elle a dit « colis refusé » et elle est repartie finir la tournée. Alors c’est ainsi qu’on fabrique les sièges des familiales : je serais plein aux as si je pouvais tondre tous les refus et tricoter des pulls d’egos bien chauds avec. Autant être imberbe, non né non pileux et couler une bonne fois pour toute une chape grisoune sur les prairies ou payer des gens pour mettre le doigt, très fort, sur les choses qui veulent pousser. Les phanères m’exaspèrent. Mais je te jure il est mignon ce petit duvet sur tes bras c’est comme une feutrine sous le cavalier.
Je vais avoir une gueule de clown prognathe, un deux trois, aïe ça fait mal de s’enlever un poil.

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Peterp
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Re: Poétiquement vôtre

Message par Peterp »

Joli [mention]enufsed[/mention]...
P.S.... j'ai lu aussi les autres, bons, certains même très bons, mais je ne vais pas faire le résumé du post maintenant (je viens d'arriver).

Moi j'aime beaucoup écrire en français, surtout des calembours et jeux de mots. Peut-être parce que quand j'ai débarqué ici (33 ans) tout était un calembour, surtout dans une conversation bruyante de restaurant où j'interprétais les sons au delà de leur contexte, jusqu’à en arriver au surréalisme. Aujourd'hui je m'en sors et je m'en réjouis, mais j'éprouve une petite nostalgie pour cette période douteuse où tout pouvait signifier son contraire, et où je faisais plus confiance aux regards qu'aux mots. Et je trouve que le français, par ses ambiguïtés phonétiques, est une langue qui se prête particulièrement bien au détournement. Enfin, je l'adore, tant que je préfère de loin écrire en français qu'en italien.

Je poste donc deux blagues... Une d'un "touriste dépressif" qui se moque des villes, l'autre qui se moque des monuments de la littérature française, que je ne connais pas ou peux, mise à part quelques auteurs, qu'en plus j'ai parfois lu traduits en italien. Et c'est dommage, car même si bien traduits, un Queneau par exemple, reste intraduisible. Mais bon, je ne suis pas grand lecteur et je n'ai jamais lu Racine à l'école, comme vous n'avez surement pas lu Manzoni ou Pascoli (et c'est une chance, car en Italie c'est une vraie torture, et ils nous faisaient apprendre par cœur ces chieries en vers que je digérais à l’envers. De quoi te faire haïr l’expression écrite)...

Tour défonce
Le joli Niort je l’ignore,
et je trouve Toulouse "too loose".
Et la Grande-Motte m'ôte
l'amer de la mer.
Et je n'ai pas ris à Paris
au Grand Palais pas laid,
où j'ai lâché mon Pau Pau
juste avant-hier et avant Hyères.
Quant à l'eau riante à Lorient,
et pour ce qui est de l'aval de Laval,
qu'on me castre Castres
et qu'on harasse Arras !
Car si je bondis à Bondy
pour chercher ces cachets cachés,
c'est parce que les dealers de Lyon l'y ont,
se faisant payer par trois par Troyes.

File au logis
Vian, Vian chez moi, Il ne faut pas se Genêt ! Ce n’est pas un Chateaubriand certes, ni un Gide écolo pour bobos végans. Et je n'ai Clézio pour pleurer sur ce purin où s'enfoncent mes humbles Racine.
Car Céline égalité sociale qui me frappe, et je voudrais qu’il en soit Lautréamont. Comme pour ceux qui, mieux Loti que moi, n'ont pas besoin de se faire prendre Verlaine pour survivre, pas besoin de côtoyer ces Prévert et respirer Césaire impurs. Alors aides moi je t'en prie. Organise une Colette et ne dis pas Queneau. Parce que si tu vas Mallarmé ma colère ne Passerat pas, et je voudrais pas crever !

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sandrinef
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Re: Poétiquement vôtre

Message par sandrinef »

Dans la vie, parfois on gagne, parfois on perd. Des gens. Au début, personne ne nous prévient. Ni dans un sens, ni dans l’autre.
On avance dans la vie, plus ou moins tranquillement d’ailleurs, pour mille et une raisons différentes.
Enfin on avance ou on croit avancer. Le pas de géant se transforme aussi en immersion brutale dans la flaque de boue. Peu importe. Tout ceci ne sert qu’à combler le vide. Finalement.
Durant tout ce chemin, on croise d’autres âmes. Des âmes brutes, torturées, piégées, brûlantes ou toxiques. Des âmes éperdues et perdues, éprises et prises, des âmes sans remords, sans peines, sans empathie. Des âmes sans armes, des âmes désarmées, des âmes, des armées, des âmes décharnées, des âmes incarnées.
Et des pures, des vives, des roses, des ors, des lumineuses, étoilées, solaires, lunaires, éclectiques et électriques.
Des âmes naissantes, des âmes ancestrales, gardiennes du Monde et de l’Histoire des Hommes.
Des âmes aimantes, des âmes amantes, des âmes nées d’âmes amoureuses, des âmes à l’unisson, dans la mélodie de la vie.
Et puis il y a ces âmes grises, incertaines, cherchant dans la brume un chemin moins tortueux, ces belles âmes détruites à petits feux, à petits coups, à petits bleus, ces âmes malmenées, bousculées, rejetées, oubliées. Ces âmes tristes, en haillons, décoiffées, les yeux rougis de ne savoir pas pleurer. Ces âmes à fleur de peau, à fleur de chair, fragiles et sincères, sensibles à en crever, ces âmes malades, allergiques à ce monde, ces âmes bousillées, cramées, malchanceuses, souffrant en silence, riant de désolation, et se noyant, visant les éthers dans l’éthanol.
Parfois dans la vie, on gagne. Parfois dans la vie, on perd. Des gens. Parfois dans la vie, on attend. On pense qu’on va perdre. Bientôt. Alors on attend.
Tic tac. Tic tac.
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Aarkan
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Re: Poétiquement vôtre

Message par Aarkan »

Elle parcourt chaque parcelle de mon corps
Fais danser tous mes sens d'un commun accord
Elle me sauve quand même la vie me mords
C'est la musique, sous toutes ses formes, j'adore

Chaque cellule vit à l'unisson; réveille le goût de la passion
Pas celui du fruit, polisson mais de la vie, de la vibration
Elle comble le vide et deviens une bien vive attraction
Avec mes nombreux si on ferait de belles partitions

Elle enivre chaque peuple depuis si longtemps
Bien avant alcool, drogues et ces stupéfiants
C'est l'harmonie dans sa beauté, des sols d'argent
C'est l'écriture des romantiques, et des grands enfants

C'est un art bien appart mais qui n'a pas d'apparat
Il s'entend et l'on sent que c'est plus grand des arts rois
Comme des croches qui accrochent, donc art imparable
C'est pour l'artiste que le silence est un grand désarroi

enufsed
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Re: Poétiquement vôtre

Message par enufsed »

Atalante et le Proctérien

à Camdem (New Jersey) les feux de circulation sont en panne
des gens font la queue à huit heures pour vendre leur sang
MacHOuiLLentBEursFanBWich
(noire) une femme a un legging déchiré au mollet gauche
(noire) une autre tient un bébé livide qui tire sur l’albinos
(noir) un type retient sa dignité avec des bretelles à motif Popeye
l’air/est/sec/à/dé/cou/per/des/ta/tous
la ville est une [bouteille vide] (dans son sac papier)

(blancs) Nous avons un banyan près d’un prieuré (P.o.u.r.q.u.o.i.p.a.s.?)
dans mon arbre il y a trois jolies pommes (blanches)
Nous les avons lustrées pures merveilles puis
avec notre couteau nous leur avons t-a-a-a-aillé la bou-u-u-u-u-che
ineffaçable sou——ri——re
Nous les avons emmenées partout
posées sur le sable ; disposées ; posées sur la neige ; disposables ; posées sur la mer ; disponibles

exhibées. « comme au cinéma »
prostituées. « comme des shampooings »
heureuses. « parce que c'est mon ordre établi »

Sodium Laureth Sulfate
Trois petites pommes accouchées
Trois petites blettes aux avenirs tracés

Mon aile est lustrée supinateur insatiable je fractionne dans les allées devant les tyndalliennes cactées des aurores je souple développé couché tendons et muscles affuté essoufflé -enfin- et mes dents sont des dameuses sur les noires et les poudreuses, je suis éclipse but sommet spoutnik roi des malls, mon sabir est universel ma signature espérante.

la vie n’est pas à ma hauteur
Je jette mes trois pommes sur un écran
comme la vie les regarde parfaites réalisations, sphères accomplies de ma réussite
Ma « FEMME » entretient sa chakratique inutile
C*O*C*K*(nous sommes élastiques) T*A*I*L*S
Maria je vous ai déjà demandé… not on dze top of veu fridge
supraluminiques, plus vénusiens que Vénus, nous sommes attendus
partout
par tous
partouzes

Je regarde la vie dans mon rétroviseur, je l’ai écœurée
Nous liposuçççççons sa lenteur

à Camdem aujourd’hui on vend son sang
(hémoglobines) trois petites pommes riches ont eu un accident
Ces utilisateurs ont remercié l’auteur enufsed pour son message :
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Aarkan
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Re: Poétiquement vôtre

Message par Aarkan »

J'ACCEPTE

J'accepte de céder à mes propres caprices,
Le décès de mes peurs antinomiques
J'entame mon chemin comme roi Ulysse
Un retour case départ à vitesse synaptique
J'accepte d'apprendre mes propres envies
La fin du "Je sais pas", de la peur de la vie
Plus j'accepte et moins j'acquiesse, promis
Sous ma dure croûte ; vit une tendre mie.

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sandrinef
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Re: Poétiquement vôtre

Message par sandrinef »

Insuffle elle expulse elle tort elle amer
Fragile et puissante une étincelle une allumette
Brise, casse, fuit, coule et rampe
Je te veux toujours là, prête à éclore
Au creux des ventres, au fond des plaines
Je te crie dans l’ombre des ormes
Je te vomis aussi parfois un peu
Quand le noir m’effraie et me houspille
Reviens tu ne peux pas nous laisser ainsi
Nous sales humains pauvres cons que nous sommes
Vides et creux
Sans toi rien n’est palpable
L’impossible devient l’Immuable
Reviens je t’ordonne
Toi qui me rends esclave
Ne me venge pas tu es intraitable
Elle est là flamboie anime
Rougissent les joues
Embrasent les sens
Tremblent les chairs
Réchauffe Ses ruisseaux écarlates Sa fontaine de jouissance
Pisse Crache Exulte
Roule-toi en boule et chiale comme un chien
Ahah ! Rien ne bouge
Précieuse ?
Fragile ?
Cruelle ?
Putain mais elle se fout de tout
VIE
"Le Monde ne te doit rien. Il était là avant toi" M.Twain

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Re: Poétiquement vôtre

Message par Raphaël »

Vaisseaux


Chênes transcendés
par le soleil et le vent
feuilles éclatantes
incandescentes de vert et d'or
bruissement régulier
ressac des feuilles agitées

je vous respire
couleurs senteurs
rugosité de l'écorce
énergie qui vous parcourt
lentement sûrement
comme autant de ponts
entre ciel et terre
comme autant d'éclairs
placides

plantés sous Colbert
destinés
au fracas des vagues
aux voiles aux cordages
aux vents de tous les horizons

aux soutes négrières
à l'impérialisme
à la poudre à canon

Chêne je t'aime
dans l'ombre verte
de tes branches vibrantes
mais j'aime aussi te goûter
dans le bordeaux vieillit en fut
sentir ta chaleur
dans les rides d'un parquet
du bout des orteils

une vielle forêt
est telle un océan
qui nous surplombe


Raphaël qui ne se lasse pas de respirer l'ombre des arbres
Avec l'aide de « Patte d'Iguane »
29 septembre 2017
Voiles et plumes
ont destinée commune
happer la caresse du vent

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Re: Poétiquement vôtre

Message par Aarkan »

Ma ruse m'amuse,
Du tréfonds de l'âme
Elle deviens ma muse
Mon empire, ma pire lame

Pensif depuis berceau
J'ai compris que l'étau
Formattais nos cerveaux
Et nos corps en morceaux

Donc j'utilise le bon côté
De mes malignes habiletés
Toutes mes lignes habitées
Mes nouvelles ailes atrophiées

Et je me régale de solitude
Comme boulimique de certitude
La vie entière est une étude
Et ma ruse en était prélude

Ma muse élude et analyse
Est ma lumière quand je tamise
Force vivrière pour enfin vivre
Me montre que mon coeur est cuivre

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Re: Poétiquement vôtre

Message par sandrinef »

J’ai crié ma vie des milliers de fois je crois. Dans l’obscurité naissante, une étincelle est morte. Pour toujours. Elle était si belle que j’ai pleuré.
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Re: Poétiquement vôtre

Message par Aarkan »

Troublion céleste et
Désordonné, rit car il
Aime plus que tout
Honorer la bienfaitrice
Promethée.

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Re: Poétiquement vôtre

Message par Aarkan »

La famille parfaite n'existe pas. Elle n'est qu'une idée préconçue, un but à atteindre, un contexte social qui doit paraître normal dans sa finalité peu importe les mécanismes mis en place dans cette sphère. L'unicité de chaque membre est remise en question dès son arrivée. On choisi un prénom un lieu de naissance, un contexte, et une généalogie. On choisi pour nous avant même de nous connaitre. On est déterminé avant de venir au monde. Prénom socialement correct, poids correct, développement correct; vie correcte. Et on perpétue cette chose sans jamais comprendre qu'on est un engrenage simple, en se contentant de se complaire, d'accepter et de dire oui toute sa vie.
Mais la famille dite parfaite vole en éclats à la première imperfection. Elle vole en éclat sur le factuel, elle implose dès qu'un de ces membres se montre différent, elle n'est pas en mesure d'accepter un changement dans cette ligne droite. Soit elle implose; soit elle s'aveugle. On parle de tout, on rit beaucoup, on fais semblant que tout aille bien parce que les problèmes internes n'ont pour certains pas de valeur. Le problème part, mais jamais vraiment. On rejette la différence. On cultive l'indifférence.
Voilà la famille parfaite.

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Re: Poétiquement vôtre

Message par enufsed »

Sur le dos d’une main révérence faite au ciel, duvets blancs et queues de lièvres couchés sans alizés, mêlés aux souvenirs poissonneux des effluves portuaires, dans les tuffeaux attendris dont sont épris ses yeux palpitent les cœurs brillants de prestes lépismes, sur les transats aux toiles visitées divagations à l’anglaise et tresses blondes aux croquets, soleil pur qui voile les hippodromes et les flèches des avisos aux élans exotiques cacatois et perroquets, coques colorées et soupirs des cueilleuses de vanille, elle respire les lointains où nul cri autre que mélopée ne vit jour, et panse les échardes des poutres aux flammes de chandelier dansantes, la vieille demeure familiale d’une amie qu’on n’a plus revue, quand les rires se perdaient sous les draps et les premiers vernis. Jette ici-bas toute dernière considération pour les eaux mortes de ce monde. Tous effacés au matin de tes trente ans, les bassins ne peuvent rien promettre aux enfants que l’éternel retour du même, les jouets furent abandonnés sans rire, et persiste au loin le marnage de tes instants de doute.
Elle regarde cette main qui est sienne, disperse les étoiles comme en rêve et observe cette diffraction qui mange peu à peu son image. Tu sauras ma douce enfant par force circumnavigation aborder enfin les rivages de l’horreur qui rongent notre âme et forge nos histoires.

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Re: Poétiquement vôtre

Message par PointBlanc »

Il y a de ça plus de quinze ans, je traînais mes basques sur les forums ésotériques. En gros je tenais le milieu entre le troll et la mission de salubrité publique. Entre autres délires qui me rendent pas mal nostalgique, j'écrivais des pastiches de poésie beat illuminée que je faisais passer pour de puissants textes spirituels.

Méditation du Quartier Latin

D'abord tu sors de chez toi. Parce que même si tu sais que Dieu partage ton appartement, tu le verras toujours mieux du dehors.

Prends dans la rue de quoi casser la croûte. Regarde les francs dans ta paume. Regarde les centimes mordorés. Va te poser sur un banc, dans un parc, dans un bus, n'importe. Pose-toi, c'est tout. Et puis fatigue-toi.

Fatigue ton souffle comme un tarpon de cent soixante-dix livres, que tu peinerais à hisser à bord. C'est une lutte lente et calme, c'est un combat serein écrit dans une épopée. Le soleil frappe sur les écailles du tarpon comme sur une cymbale à l'approche de la surface. Mais il vient à toi, il vient. Regarde comme c'est beau - rien de plus splendide que cette approche. Ni exaltation ni rage - regarde ton poisson-souffle halé vers le navire qui s'épuise dans l'indigo. Et fatigue ton souffle - jusqu'à ce que ton souffle soit posé sur toi comme un énorme poisson d'or sur le pont de teck d'un yatch.

Il y a comme un feu d'apocalypse sur les ouïes du tarpon parce que le jour décline. Laisse le miracle du jour qui finit éclater au dehors de toi. Cette lumière de couchant tombe sur tout ce que tes yeux touchent : le cul de la fille, le môme qui se mouche dans sa manche, le vieux qui lutte pour finir dignement son petit tour de pelouse, le clebs qui chie sous les daturas, la cantharide verte qui tête la sueur d'un steak à la devanture du bistrot, briquet, cigarette, la flamme que le vent couche puis souffle, les ouïes du tarpon ralentissent encore, brassent de plus en plus paresseusement l'air inutile, note qu'il y a de la poussière au bout de cette sandale, note que c'est émouvant jusqu'aux larmes, note que la façade de l'immeuble est immense et que les verrières de la serre réfléchissent la grandiose confusion de splendeur qui est le seul visage de Dieu.

Tu es en train de regarder le dieu qui a créé l'univers. C'est le démiurge. Et avant de tout foutre en l'air il prend le temps de dire salut à tous, toute créature, toute chose, toute configuration. Il n'en a jamais fini de dire au revoir et n'en aura jamais fini. Il touche chaque fragment de la création pour le reconnaître à lui et se connaître en lui. Guette le moment où sa main se retire, et dis : "Pas maintenant". Enregistre le répit. Le démiurge joue une dernière fois avec le cosmos et tu es, toi, dans l'hésitation infinie de Dieu, avec le reste. Comprends l'amour de Dieu. Nomme ça la beauté. Nomme ça l'attente.

Ne vois pas Dieu grand. Ne vois pas Dieu sûr de son fait. Ne vois pas Dieu faible. Ne vois pas Dieu incapable d'action. Dieu est Dieu tout entier dans l'hésitation et la procrastination, et le sublime de Dieu tient absolument dans l'indécision de Dieu. Dieu est Vista qui est agir. "Agir" est un verbe d'état. "Voir" est un verbe d'état. "Attendre" est un verbe d'état.

Laisse Dieu se retirer dans la nuit qui tombe. Écoute les ouïes invisibles du tarpon brasser l'air frais de la nuit. Fais tomber l'indigo de la nuit nouvelle sur toutes choses à midi. Dieu s'est retiré pour méditer la destruction de toutes choses et le monde survit sans lui, au calme.

Dis : "L.A., New York ; Paris ; Jérusalem ; Bénarès."

Dis : "Mississipi ; Seine ; Danube ; Tigre ; Euphrate ; Gange ; Amazone."

Ralentis le vol des aras rouges dans le crépuscule. Ouvre les yeux sur le minuit du midi. N'oublie pas : la Vista est vista. Comme dans : Bella vista ou : Buena vista.

Regarde devant toi la rue monter vers le ciel ; dis : "Je suis immortel". Comprends que les êtres et les choses qui tout autour de toi sous les apparences de l'industrie dorment dans la nuit sont immortelles avec toi car Dieu est tel qu'il ne peut rien détruire avant demain, et donc tout est bien. Si Dieu ne décide de rien alors tu n'as besoin de rien.

Si Dieu est à la fois Sherlock Holmes et Moriarty, et sois sûr qu'il l'est, alors il se tient lui-même en échec permanent. Le jour où Holmes triomphera ( car il triomphera ), il devra feindre sa propre mort avant de recréer un autre monde.


Adolpho Crimb, Septembre 1990.
Vous qui vivez qu'avez-vous fait de ces fortunes ?

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Re: Poétiquement vôtre

Message par Bulle d'o »

Voilà quelque chose de bien intime que je vous dépose ici, bonne lecture à ceux qui en ont le courage.


Les Incompris


Que veux-tu que je réponde,
Les nuages sont là,
Je ne pense pas que ce soit une fronde,
D’un autre qui veut ton ciel bas.

Je ne sais pas ce que tu vois,
Moi, je n’ai pas de vision,
D’une poignée qui s’octroie,
Le monde en soumission.

Je ne sais ce que tu portes,
Dans ton défi à trouver,
Le coupable et sa cohorte,
Ceux qui assiègent l’humanité.

Pour moi, il y a chez l’homme,
La suffisance à se massacrer,
Il n’y a ni couleur, ni somme,
Il y a une inimitié,

Il n’y a pas d’ennemis formels,
Il y a des idées contradictoires,
Il y a un orgueil pour le ciel,
Il y a une rage noire.

La colère de ceux qui ne vivent pas,
Se confronte à ceux qui les oublient,
Ca emmène au trépas,
Mais jamais ça ne nourrit.

Je sais que tu me souhaites,
De prendre de la distance,
Etre mieux dans cette tête,
Qui souffre dans ce silence.

Mais ce que je ne nomme nullement,
N’est pas «à qui la faute ? »
Je ne fais que constater amèrement,
Que d’un être humain à l’autre,

Malgré leurs ressemblances,
Bien qu’ils soient tous de chairs,
De sang, de pensées, de connivences,
Ils se mettent plus bas que terre.

Il s’agit de territoires,
Il s’agit de traditions,
Il s’agit de victoires,
Et de grandes perditions.

Alors, quand tu tentes,
De comprendre qui te blesse,
Moi, je veux de la détente,
Je veux de la tendresse.

Je ne veux pas voir,
Ce que je suppose déjà,
Je ne veux pas savoir,
Ce qui arrivera.

Je sais que le monde aujourd’hui,
Se perd sans valeur,
Autre que celles des prix,
Des biens nourrissant notre aigreur.

Je n’ai pas ton vécu,
Je n’ai pas ta rancune,
Je ne suis pas déçue,
Je ne fais pas la une,

Je ne te comprends pas toujours,
Mais je sais que quand tu te tais,
L’émotion t’entoure,
Et tu laisses Dieu te guider,

C’est dans ces instants que je te vois,
Dans la plus humble posture,
Capable de la plus grande foi,
De la plus calme allure,

Espérer pour ceux autour de toi,
Que la vie les épargnes de la douleur,
Que l’on puisse pour une fois,
Apporter du meilleur.

Moi, je vis à travers cette réalité,
Car en tout état de cause,
J’ai été nourri de facilités,
Là où toi, tu composes.

Mais mon âme est pure,
Ne l’entache pas s’il te plait,
D’une sombre désinvolture,
Ça ne me ressemble pas, tu le sais.

Ce ne m’aide pas, ça me meurtrit,
Car entre nous il y a une instance,
Un consensus qui s’instruit,
Et qui s’appelle tolérance.

Suis-moi dans mes méandres,
Mais n’oublies pas qu’au fond,
Si je renais de mes cendres,
C’est parce que mon cœur est bon.

Alors, tu peux te servir,
J’en ai à redonner,
De la patience et du désir,
Mais cesses de chercher tes ennemis jurés.
"Je ne communique pas mes jugements, je ne suis pas un donneur de leçons, l'observation du monde ne suscite chez moi qu'un dialogue intérieur, un interminable dialogue avec moi-même."

Les désorientés (2012) de Amin Maalouf

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Aarkan
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Re: Poétiquement vôtre

Message par Aarkan »

C'est vraiment très beau Bulle :clap: et aussi chargé émotionnellement.


Je me crispe contre l'extérieur
Sous les cris de ma vie de mon intérieur
Et j'écris noir sur blanc centaine de peurs
Pour ne plus les vivre de façon postérieure

Mais j'ouvre grand mon coeur
Au pardon de toutes ces rancoeurs
Comme postume des anciennes erreurs
De mes doutes , mes haut le coeur

Je suis différent depuis si longtemps
Que j'avais oublié ce qui me composait
Mes larges forces, mes défauts encombrants
Toujours obnubilé par ce que je ne connais

Mes tendances à la sensibilité
Mes monologues, mes obscurités
Je les offres au monde, et pour avancer
De mon coffre fort, je sors mes pensées

Et j'accepte que l'autre ne soit qu'un objet
Et inversement
Pas porteur de ses propres plaies
Et étouffement

Je donne à qui le mérite bien
A qui chemin semblable au mien
Pas se lancer à coeur perdu
Montrer qui on est, et finir déçu

Dans tout ce que je suis,
Je donne au monde ma douce envie
De vivre d'un bûcher ardent
Feu détruit tout, mais fini en cendres

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sandrinef
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Re: Poétiquement vôtre

Message par sandrinef »

L’œuvre de chair arrache mes tripes. Gouttes de sang. Pores. Cuir chevelu. Glandes lacrymales.
Torsions : la douleur, la honte. Acte sublime et l’ignominie m’habite.
J’ai tendu mes bras vers le ciel mais l’orage m’a abattue. L’éclair, la foudre, je suis déracinée.
Je ne vois plus l’horizon, il était sublime pourtant. Enfin, c’est ce qu’on m’avait dit…

Aujourd’hui je suis par terre.
Parfois je voudrais sombrer, me noyer dans la Terre. J’en ai plein la bouche, sous mes paupières, j’ai mal à la peau. Je ne parviens pas à me dissoudre. Les nervures sont bien trop profondes.
Alors je subsiste à l’ombre de mon ombre réelle.
Je me tourne vers moi-même en un mouvement brutal : personne.
L’écho est bouche murée dans un amas de ronces. Le sol est ferme comme ma non-volonté.
L’erg habite mon cœur, sa symphonie me grise, son vent brûlant sêche mes ongles crasses.

Qui es-tu ? Regarde-moi un peu. Par là. Non, par ici. Et pourquoi pas là-bas. Un autre est un ailleurs. Moi est parti. Et ça ? Sur moi.
Ah ah ! Non, ne ris pas, ton piège immortel me fascine.
Plongée dans ces miroirs de glace, je sais que je vais survivre encore. C’est lassant la force du néant.
Je voudrais juste être une fleur capricieuse qu’un petit Prince aimerait toujours. Ou pas.
"Le Monde ne te doit rien. Il était là avant toi" M.Twain

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Re: Poétiquement vôtre

Message par Invité »

La surprise de toi.
Bien plus tard
Ta main, délicate,
Qui enlève un quelque chose,
Un presque rien de mon blouson.
Comme une vieille ombre qui s’efface,
Un chagrin oublié que tu chasses.
Le silence souple qui scintille
Teinté d’un subtil regret de se quitter.
Et l’intimité qui finalement se déploie
Par ce simple geste délicat de ta main sur moi.

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Aarkan
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Re: Poétiquement vôtre

Message par Aarkan »

C'est un sentiment d'absolue fierté que de se sentir avancer au sein de son monde intérieur. Découvrir chaque recoin de notre entité, chaque parcelle de notre intériorité qui ne cessent de croître avec le temps.
De se croire quelqu'un mais de n'être en fait personne. Un parmi tant d'autres. Un autre parmi les autres. Notre réalité n'est que le reflet de la personne que l'on est au fond de soi, elle ne s'altere que pat l'action de notre conscience des choses et des relations de causes a effet dont notre univers dépends.
Alors avançons vers nous avant d'avancer dans "la vie" au sens large. Soyons des émetteurs d'ondes positives, de pensées créatrices et nouvelles, d'amour et de folies passagères.
Devenons l'aimant de ce que nous aimons. Le miroir de ce que nous sentons. Le seul juge de nos actions.
Soyons solidaires et humanistes, adorateurs de la vie même, c'est elle qui nous anime depuis si longtemps qu'on en a oublié le si grand secret qu'elle cache encore. Acteur de la vie au lieu d'acteur de sa vie. Cela promet déjà un tableau splendide, de bienveillance et de compréhension, bercé par le souvenir tenace que tout ce qui vit n'était a la base qu'Un : une seule cellule pour une foisonnement incroyable de mouvement. L'inerte face à son propre contraire.
La vie n'est pas compliquée mais notre cerveau l'es terriblement. Il est tantôt capricieux et émotif le coeur, tantôt egocentrique et logique , la tête.
Faisons marcher ensemble cette grande machine appellée humanité, pour encenser et aider la vie à suivre son presque éternel chemin vers la perfection et l'autosuffisance. Croyons en cette seule cellule, rapellons nous de cette unité, et enfin le monde tournera dans le sens qui lui était promis avant l'homme.

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Re: Poétiquement vôtre

Message par Invité »

Il rentre.
Sur les graviers humides, éclairés par les lumières du perron, il trouve une plume de pie bavarde, une rémige noire irisée de reflets bleu-vert, marquée d’une tache blanche.
Un signe de rencontre, de changement.
Il saisit la penne par sa tige, grimpe les marches, passe l’entrée, abandonne les sabots.
Pff, fait-il, et il secoue la tête en admirant la beauté pie qu’il tient entre le pouce et l’index.
Il pense à cette fille qu’il a trouvé si belle.
L’œuvre de Dieu, répète-t-il, en gravissant les étages.
L’œuvre de Dieu.

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PointBlanc
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Re: Poétiquement vôtre

Message par PointBlanc »

C'est beau, Hosen - et c'est bon de te revoir ici :)
Vous qui vivez qu'avez-vous fait de ces fortunes ?

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Re: Poétiquement vôtre

Message par Pascalita »

PointBlanc a écrit : mar. 5 mars 2019 19:12 C'est beau, Hosen - et c'est bon de te revoir ici :)
Je plussoie ! Ravie de te lire à nouveau, hosen. :)

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Aarkan
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Re: Poétiquement vôtre

Message par Aarkan »

Bonjour à tous et bravo pour vos compositions :)

Elle est ma semblable mais si différente
Car moitié de code nous apparente
Et fais de nos deux parts d'allèles
Parralèlles copies générationnelles

Naît sentiment presque instinctif
Créé amour brut et incisif
Une douceur tellement divine
D'une saveur vraiment exquise

Mais si deux livres sont identiques
Ils peuvent en devenir antinomiques
Car les histoires ne sont pas les mêmes
Avec des mots différents, elle m'aime

Je l'aime d'un amour sans nom
Mon règne commence par son attention
Mes peines sont ses interdictions
Tel mère tel fils, pas le bon diction

Invité

Re: Poétiquement vôtre

Message par Invité »

Tandis qu’elle s’empresse avec énergie, dans un grand bruit de couverts remués, il place les saladiers. Alors qu’il pose le dernier, et qu’ils ne sont séparés que de la largeur d’une table, elle se retourne prestement vers le buffet, ouvre les battants, et, d’un mouvement de ballerine, se baisse jusqu’à terre pour attraper les dessous-de-plat.
Ses jambes sont tendues, ses pieds légèrement écartés ; sa veste, qui est remontée dans le mouvement, découvre le bas de son dos : une bande de chair apparait entre la ceinture et le pull, où s’incruste en rouge vif l’élastique d’un string.
Alors, il aperçoit son cul.
Le tissu moule étroitement les fesses, et la piqûre du pantalon creuse un profond sillon entre leurs lobes parfaits ; plus bas, la couture souligne la fente du sexe et dessine deux lèvres tendres et pleines.
Ébloui, il recule d’un pas, ferme les yeux.
Puis, il se détourne et rougit.
L’image est imprimée sur sa rétine, éblouissante, vivace, brûlante ; une eau salée mouille ses cils et pique ses paupières. Sonné, il file vers le local cuisine. Par réflexe, comme un enfant qui se cache après une bêtise, il va jusqu'à la chambre froide et referme la lourde porte derrière lui.
C'est pas possible…
Il halète dans la pénombre, sous la lumière blafarde d’une veilleuse, le ventre serré, une douleur sourde dans la poitrine.
« Seigneur, chuchote-t-il, c’est trop. Trop. C’est terrible ce qui arrive. »
Il a l’émoi d’une catastrophe, une impression de péril : son engagement, trente années d’étude et de pratique, — tout cet effort pour se perfectionner soi-même, cette patience à tempérer ses passions, cette résolution à y renoncer, ce vœu de devenir meilleur et plus sage — tout a disparu en un instant, emporté par un ouragan de désir et d’émotion, renversé par un cataclysme obscur, irrésistible, où sombre sa vie sans foi, telle un navire démâté.
Affolé, il regarde autour de lui : les étagères bien rangées, les cageots de fruits et de légumes, les bricks de lait et les sachets de tofu, les pots de crème ou de moutarde, les plateaux d’œufs, les fromages emballés, le bidon de sauce soja.
Tel un homme à la mer dans son naufrage, il ne voit aucun espar auquel s'accrocher.

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