Ces non-émotions qui ne nous gouvernent pas.

La partie consacrée à la Santé dans sa globalité. Principalement la psychologie, psychologie sociale, la psychiatrie, les troubles de l'humeur, de la personnalité, les handicaps, l'autisme...
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soazic
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Ces non-émotions qui ne nous gouvernent pas.

Message par soazic »

Bonjour
je n'ai pas trouve de topic adequat et espère ne pas faire doublon.
Depuis quelque temps, je me trouve en inadequation dans des conversations, IRL ou sur le net (forums...) avec des parents mais aussi des adultes lambdas par rapport à deux notions bien précises. La quête de reconnaissance et la fierté vis à vis de nos enfants.
Pour faire court, je n'ai pas besoin de reconnaissance (travail, action en tout genre) et ne ressens pas de fierté par rapport à mes enfants, non que j'ai d'horribles mômes mais ce qu'elles font, leurs réussites n'a pas d'impact sur mon ego. Et...je me sens vraiment seule avec ça au point de me demander si c'est...normal.
Est ce que vous ressentez pour certains ce genre de non-émotions?

Choupinne
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Re: Ces non-émotions qui ne nous gouvernent pas.

Message par Choupinne »

Un des trucs similaires qu'il m'est arrivé il y a quelques temps, c'est quand la fille de ma cousine est née il y a quelques mois. Elle est née étranglée par son cordon ombilical, a fait un arrêt cardiaque a la naissance, etc... Au final elle a survécu, mais d'après les médecins, il y a de très gros risques de séquelles neurologiques. Evidemment toute la famille était dévastée, ma cousine, ses parents, mes parents etc... Mais pour moi, ben... Ca ne m'émoeuvais pas plus que ça. Effectivement, c'est dommage, mais franchement, un potentiel handicap, c'est pas la fin du monde. La petite vient tout juste de naître, personne ne peut savoir ce que sera sa vie avec ce handicap, et ce qu'elle aurait été sans. Peut-etre que si elle était née en pleine santé, elle aurait grandit avec une cuillère en argent dans sa bouche, aurait été une petite peste, et sa préciosité l'aurait petit à petit rendu malheureuse ? Peut-etre que ce handicap lui donnera un certain challenge dans la vie, qu'elle pourra le dépasser et s'accomplir encore plus par rapport à ça et avoir une vie merveilleuse et épanouie ?

J'a vaguement essayé de le partager avec ma mère, mais j'ai bien senti que ça ne résonnait pas trop chez elle.

Ca qui me fait réagir comme ça, c'est aussi que j'ai eu dans mon entourage des gens en pleine santé très malheureux, et notamment une amie handicapée qui est absolument incroyable et très épanouïe dans sa vie.

Quelque part, ça m'ennuie un peu leur réactions (même si je les comprends très bien), parce que ça me donne le sentiment qu'on attribue d'office à la petite une vie de merde, alors qu'elle avait a peine quelques jours à ce moment là...

Après, comme j'ai pas d'enfants, c'est peut-etre pour ça que ca me touche de cette manière ?

En tout cas, pour la fierté par rapport aux enfants, je ne sais pas du tout comment je réagirai. Et pour le besoin de reconnaissance, si, moi j'en ai un gros :D (qui va probablement de paire avec mon manque de confiance en moi)
"Il me fallait une bonne citation à mettre en signature, mais j'ai rien trouvé de sympa..."
- Choupinne

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soazic
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Re: Ces non-émotions qui ne nous gouvernent pas.

Message par soazic »

L'enfant qui nait avec un handicap imprévu, je pense que l'entourage l'avait fantasmé" au sens psychanalytique du "terme". Il existait déjà dans leur inconscient avec peut être tout le côté incroyable et projectif que comportent la création et l'arrivée d'un enfant.
Même si on imagine le handicap comme une éventualité en devenant parent, quand cela arrive je pense que c'est d'une grande violence, l'enfant fantasmé disparaît, on se projette avec pessimisme, cela requiert d'aller chercher une pulsion de vie bien plus grande, sans compter la culpabilité, et le sentiment d'un "travail mal fait". J'imagine que c'est une épée de Damoclès, survivra t il ou pas, et comment?
Le besoin de reconnaissance je le connais par un proche qui n'a de cesse de vérifier qu'il est apprécié, qu'on a une bonne opinion de lui. J'ai l'impression d'avoir fait le deuil du regard de l'autre d'une certaine manière.
La fierté de son enfant, je la lis partout, les parents aiment raconter ce qu'a fait leur enfant, cela les glorifie, leur fait du bien, je ne ressens pas cela, comme si cette émotion était absente, c'est perturbant, une impression d'être sans cœur au final. Et je ne suis pas sûre que ce soit bon pour mes enfants.

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Nelea
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Re: Ces non-émotions qui ne nous gouvernent pas.

Message par Nelea »

Au-delà de la "fierté" que ça peut procurer (ou non), j'imagine que tu es malgré tout heureuse que tes filles grandissent heureuses, trouvent leur voie et fassent ce qu'elles aiment ?
Que tu te sentirais peut-être moins bien si elles étaient malheureuses ?

Je pense que les parents qui sont "fiers" de leurs enfants ne disent pas forcément ça pour leur ego mais plutôt dans le sens où ils sont satisfaits de voir le chemin que ces derniers ont parcouru, se sont épanouis et ont franchi différents obstacles dans leurs vies.

Non ?
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soazic
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Re: Ces non-émotions qui ne nous gouvernent pas.

Message par soazic »

Oula oui, je suis heureuse pour elles quand elles sont heureuses. Mais cela ne m'apporte pas de satisfaction personnelle.
Une amie écrivait récemment, face au bulletin et compliments envers son enfant, qu'elle se sentait fière car cela montrait qu'elle avait bien élevé son enfant. Sur fb le petit mot "fier" fleuri partout. J'ai aussi lu par exemple concernant la precocité que suite au résultat positif au test , plusieurs parents se sentaient fiers que leur enfant soit précoce, je trouve ça complètement déconnant.

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madeleine
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Re: Ces non-émotions qui ne nous gouvernent pas.

Message par madeleine »

Est-ce l'expression "se sentir fier de..." que tu questionnes ? Est-ce parce tu penses qu'un parent se glorifie indûment d'une qualité de son enfant par exemple ? Ce qui voudrait dire que l'enfant est l'oeuvre du parent en quelque sorte ? Je pense que beaucoup de parents considèrent leurs enfants comme leur création et que cela pourrait inspirer ce sentiment de fierté ; et ceux qui les considèrent davantage comme des individus autonomes n'éprouvent pas où peu ce sentiment.
le chemin est long et la pente est rude, oui, mais le mieux, c'est le chemin, parce que l'arrivée, c'est la même pour tout le monde... Aooouuuh yeaah...
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Re: Ces non-émotions qui ne nous gouvernent pas.

Message par Nelle »

Hors-sujet
Choupinne a écrit : "Effectivement, c'est dommage, mais franchement, un potentiel handicap, c'est pas la fin du monde.
Non, mais ça peut l'être. Même si je comprends et respecte tes propos Choupinne, j'ai un peu de mal à être d'accord avec ce que tu dis, sans doute parce que le handicap me touche personnellement et professionnellement.
Oui, il y a des handicapés qui ont une vie épanouie, mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg...et les coulisses sont souvent bien plus sombres et glauques.
Finalement ton ressenti pose une question intéressante, à savoir si les personnes handicapées (communicantes ou non, avec plus ou moins de capacités cognitives, sont heureuses, mais ceci est un autre débat :)
Pour revenir au sujet initial de soazic, la quête de reconnaissance ne se construit-elle pas aussi durant l'enfance, au cours de laquelle l'enfant recherche l'assentiment de ses parents, et si cette quête de reconnaissance n'est pas satisfaite, elle perdure à l’âge adulte ?
Pour ce qui est de la fierté ressentie ou non pour ses enfants, je rejoins madeleine, c'est peut-être ce que tu mets derrière cette expression qui n'a peut-être pas le même sens pour tout le monde ?
si si, les couleurs parlent

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Re: Ces non-émotions qui ne nous gouvernent pas.

Message par soazic »

Les parents en questions expliquaient en fait combien cela était pour eux une preuve de leur propre valeur, une genre de jeu de miroir: Je suis fier de mon enfant, j'acquiers une certaine valeur, puis lui renvoyant cette fierté il consolide lui son narcissisme. Enfin, c'est ainsi que j'ai perçu le début de la boucle et imaginé la fin.
Concernant le manque de reconnaissance, ce puit sans fond que j'observe chez certaines personnes, pour ma part je n'ai je pense pas vraiment été dans le regard de mes parents, ai longtemps cherché le regard, je pense ne pas chercher de reconnaissance non par manque mais par absence de. Mais ce n'est pas du tout une solution car cela coupe, court circuite. Le manque n'existe pas car la chose elle même n'existe pas.
Concernant le handicap, bon vu mon travail je connais certains parcours, le combat et les montagnes à gravir en étant du côté du soignant, ce qui n'est rien par rapport à l'entourage et la personne concernée donc il m'est difficile d'avoir le recul ou ne voir que le positif possible.

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Re: Ces non-émotions qui ne nous gouvernent pas.

Message par alicesmartise »

Pour la question de la fierté, c'est amusant, car j'en ai déjà discuté avec quelques parents, ayant comme toi été intriguée par ce sentiment que tant expriment. N'ayant pas d'enfant, je ne peux pas dire si c'est quelque chose que je ressentirais, mais je pense que ça m'inquiéterait, alors que la plupart des gens trouve ça tout à fait normal.
Et de ce que j'ai pu voir, il y a pas mal de personnes qui utilisent effectivement le mot fierté pour ce qu'il est : c'est comme être fier de sa patrie, de sa terre natale, ça n'a pas forcément d'explication rationnelle, c'est l'association d'idées (moi-mon pays, moi-mes enfants) qui engendre une association d'impressions (mon pays est beau => je suis beau, etc.).
(si tu t'ennuies un jour, Hume en parle dans ce magnifique ouvrage qu'est la Dissertation sur les passions :vgeek: )

Cela dit, j'ai aussi l'impression que certaines personnes ne l'utilisent pas forcément que dans ce sens, et que ça devient en partie au moins une manière d'exprimer une joie face à ce que ses enfants font ou deviennent. Et les deux-trois parents qui me paraissent avoir les relations les plus saines, réfléchies, avec leurs enfants, à qui j'en ai parlé, ne ressentent pas du tout ça. Même si je ne suis pas sûre de bien mesurer les implications que ça peut avoir, dans la relation à l'enfant, de pouvoir se sentir fier de ce qu'il accomplit (dans le sens où je ne suis pas sûre que ce soit forcément grave pris à part, même si ça peut être symptomatique de problèmes plus profonds).

Par rapport au handicap, Choupinne, ce que tu expliques de ta situation me fait penser à un décalage de l'échelle de temps sur laquelle toi et ta famille vous projetiez... Comme le disent soazic et Nelle, il peut y avoir tout un contexte émotionnel (déception, culpabilité, inquiétude pour la suite) sur le moment, du fait du choc, et je n'en sais rien, mais j'ose espérer que ta famille ne lui prédira pas une vie affreuse pendant toute son enfance.

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Kamak
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Re: Ces non-émotions qui ne nous gouvernent pas.

Message par Kamak »

alicesmartise a écrit :ce que tu expliques de ta situation me fait penser à un décalage de l'échelle de temps
Alice, it rocks :elepb:
madeleine a écrit :Est-ce l'expression "se sentir fier de..." que tu questionnes ? Est-ce parce tu penses qu'un parent se glorifie indûment d'une qualité de son enfant par exemple ? Ce qui voudrait dire que l'enfant est l'oeuvre du parent en quelque sorte ? Je pense que beaucoup de parents considèrent leurs enfants comme leur création et que cela pourrait inspirer ce sentiment de fierté ; et ceux qui les considèrent davantage comme des individus autonomes n'éprouvent pas où peu ce sentiment.
Je ne pense pas que l'idée de création soit un problème en soi. C'est par un désir de création justement que j'ai souhaité avoir mes enfants... (Procréer... :smirk: ) Créer, à deux, une oeuvre unique et belle et vivante...

Il faut simplement toujours se souvenir que cette création ne nous appartient pas.

Cela dit, je peux comprendre le mélange de fierté et de plaisir. Parce qu'on peut aussi se dire qu'on a quand même, dans la plupart des cas, largement notre part dans le modelage (par notre éducation, nos choix, notre façon d'être au monde, ...,) de l'oeuvre.

Et qu'au delà du simple plaisir , il y a sans doute une sorte d'écho. Y a beaucoup de nous dans ces petits machins qui poussent et qui grandissent et qui font leur vie... et qui à leur tour créeront, peut être, une autre vie (avec encore des petits bouts de nous dedans).

Invité

Re: Ces non-émotions qui ne nous gouvernent pas.

Message par Invité »

soazic a écrit :Bonjour
je n'ai pas trouve de topic adequat et espère ne pas faire doublon.
Depuis quelque temps, je me trouve en inadequation dans des conversations, IRL ou sur le net (forums...) avec des parents mais aussi des adultes lambdas par rapport à deux notions bien précises. La quête de reconnaissance et la fierté vis à vis de nos enfants.
Pour faire court, je n'ai pas besoin de reconnaissance (travail, action en tout genre) et ne ressens pas de fierté par rapport à mes enfants, non que j'ai d'horribles mômes mais ce qu'elles font, leurs réussites n'a pas d'impact sur mon ego. Et...je me sens vraiment seule avec ça au point de me demander si c'est...normal.
Est ce que vous ressentez pour certains ce genre de non-émotions?
Bonjour Soazic,

Je ne crois pas ressentir ces non-émotions (je me demande d'ailleurs à quoi ça ressemble, un ressenti de non émotion ?)
Le besoin de reconnaissance ou non, ça ne parle pas trop.
En revanche, l'histoire de la fierté par rapport aux enfants, si.

Chaque fois que mon fils grimpait une marche, j'étais envahie par une sorte de joie ; par un sentiment de fierté en effet, que je n'aimais pas.
En conséquence, je ne l'exprimais pas, cette fierté, contrairement à la joie que je laissais exploser sans souci.

Je n'aimais pas exhiber la fierté, parce-que je ne supportais pas ces parents qui portent leur enfant en étendard comme réparation, consolation d'eux-mêmes, et donc comme un prolongement de leur personne, une rustine.

J'y ai beaucoup réfléchi, comme si ma fierté était différente de la leur.

Et de fait, je suis fière de réussir à accompagner mon fils, à l'étayer suffisamment bien pour qu'il parvienne à se faufiler dans l'existence de la façon la plus confortable pour lui.
Oui je suis fière de ça, très, même si je ne suis pas la seule à oeuvrer pour lui dans cet accompagnement, car je sais combien une mère, des parents, un environnement, peuvent défaire en un instant mais durablement un enfant.

Alors je ne sais toujours pas quelle est la nature du sentiment de fierté des autres, mais il ne doit pas être loin du mien. Juste maladroit, le plus souvent, à mon sens.

Je crois comprendre quand tu parles d'inadéquation, il me semble que c'est ce que je ressens quand je suis avec d'autres parents - c'est rare. Je suis décourageante en conversation de parents.

Mais je me demande quand même comment il se fait que les réussites, ou les échecs, de tes filles n'aient aucun impact sur ton ego. Comment tu arrives à échapper à ça. Comment tu peux ne pas te sentir concernée intimement. Tout ça...

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Judas Bricot
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Re: Ces non-émotions qui ne nous gouvernent pas.

Message par Judas Bricot »

soazic a écrit :Bonjour
je n'ai pas trouve de topic adequat et espère ne pas faire doublon.
Depuis quelque temps, je me trouve en inadequation dans des conversations, IRL ou sur le net (forums...) avec des parents mais aussi des adultes lambdas par rapport à deux notions bien précises. La quête de reconnaissance et la fierté vis à vis de nos enfants.
Pour faire court, je n'ai pas besoin de reconnaissance (travail, action en tout genre) et ne ressens pas de fierté par rapport à mes enfants, non que j'ai d'horribles mômes mais ce qu'elles font, leurs réussites n'a pas d'impact sur mon ego. Et...je me sens vraiment seule avec ça au point de me demander si c'est...normal.
Est ce que vous ressentez pour certains ce genre de non-émotions?
Le sentiment de fierté, c'est surtout par rapport à soi. Quand je dis à l'autre "je suis fier de toi", cela ramène non pas à la réussite de l'autre, mais au sentiment de sa propre valeur... Une sorte de "Je suis quelqu'un de bien, je m'aime mieux parce que je suis ami/parent/relation de cette personne qui a accompli un progrès"...

De mon côté, j'ai beaucoup de mal à dire que je suis "fier de mon fils".
Ce n'est pas ce que je ressens, au quotidien, quand je vois ses progrès ou le regarde vivre.
Alice a bien cerné la chose: ce n'est pas de la fierté; je suis dans la joie.
Voir son enfant grandir, s'épanouir dans différents domaines, c'est un spectacle assez extraordinaire, émouvant sur tous les plans. Je ne sais pas s'il est question d'empathie, de sensiblerie ou quoi que ce soit d'autre, mais je suis très touché par ces moments de vie. Je me dis souvent que j'ai de la chance de pouvoir assister à ces étapes, ces balbutiements créatifs.
Parfois, c'est un sentiment de connivence qui domine; je pourrais dire que je retrouve quelque chose de moi en l'autre. Nous partageons. Avec mon fils, nous sommes complices et l'espace d'instants choisis nous ne sommes pas seuls dans nos ressentis. C'est sans doute là que se situe le bonheur.

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-Olivier-
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Re: Ces non-émotions qui ne nous gouvernent pas.

Message par -Olivier- »

soazic a écrit :Depuis quelque temps, je me trouve en inadequation dans des conversations, IRL ou sur le net (forums...) avec des parents mais aussi des adultes lambdas par rapport à deux notions bien précises. La quête de reconnaissance et la fierté vis à vis de nos enfants.Pour faire court, je n'ai pas besoin de reconnaissance (travail, action en tout genre) et ne ressens pas de fierté par rapport à mes enfants, non que j'ai d'horribles mômes mais ce qu'elles font, leurs réussites n'a pas d'impact sur mon ego. Et...je me sens vraiment seule avec ça au point de me demander si c'est...normal.
Je suis dans la même situation que toi sur ce sujet, je n'ai pas besoin de reconnaissance pour quoique ce soit, même si lorsque cela arrive je trouve ça plaisant. :$
Concernant mes enfants je ne ressens pas non plus de fierté, aucun impact sur mon ego. Ils sont ce qu'ils sont, chacun avec leur parcours, et je trouverais cela un peu prétentieux et mal placé, d'en tirer quelque gloire que ce soit.
Tout cela ne m'empêche pas de les soutenir, et de leur dire ma fierté devant leurs réussites. :)
Pire encore, je ne supporte pas les parents qui fanfaronnent de la réussite de leur progéniture. (Surtout quand ladite réussite est d'avoir dit papa à 9 mois et demi...)
Que dire de ceux qui griment les petites filles en Paris Hilton et les petits garçons en footballeurs? :devil:
Pour moi c'est allergie garantie!
Enfin je suis sûr qu'en cherchant un peu, on doit pouvoir trouver un bon père de famille fier que sa fille épouse un médecin, ou un notaire. Il doit y avoir un peu de culturel là-dedans.
Mes certitudes ne valent que si vous en doutez

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O'Rêve
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Re: Ces non-émotions qui ne nous gouvernent pas.

Message par O'Rêve »

Sur la fierté : je dis rarement "je suis fière de toi" à mes enfants. En revanche, quand mes enfants éprouvent une satisfaction personnelle (s’ils ont atteint un objectif important à leurs yeux et qu’on peut lire une expression de fierté sur leur visage, la satisfaction liée à l’accomplissement), j’aime leur dire « Tu peux être fier de toi ». Ce n’est pas ma fierté, mais je valide qu’ils peuvent la ressentir intérieurement.

Sur la reconnaissance : (je reprends ce que j’avais écrit sur autre fil sur l’adaptation au milieu pro).
Je n’éprouve pas le besoin de recevoir des signes de reconnaissance qui correspondent à des « c’est bien, tu as fait du bon travail ». Je n’apprécie pas les retours qui valident ou récompensent (je trouve cela plus stressant qu’apaisant). Je trouve bien plus de motivation à travers la gratification intérieure (plaisir éprouvé lors de la réalisation de tâches) que la gratification extérieure.
Mais le constat est que dans le cadre professionnel (comme à l’école pour les enfants), on ne valorise pas forcément la gratification intérieure (reconnaissance de ce qui anime la personne), mais on a plus tendance à distribuer des bons points, des promotions en apportant une gratification extérieure.
En revanche, je trouve agréable de recevoir des signes de reconnaissance tels les remerciements (ou gratitude). C’est à travers ces retours que j’ai aussi le sentiment d’avoir été utile.

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soazic
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Re: Ces non-émotions qui ne nous gouvernent pas.

Message par soazic »

Merci beaucoup de vos réponses, dans lesquelles certaines choses me sont familières, ce qui me rassure, je me sens moins seule!. Effectivement, je ressens de la joie quand mes enfants avancent, franchissent des étapes, créent, s'accomplissent, je suis heureuse pour eux. La joie me parle bien plus car comme le dit Judas, être fier de l'autre revient à être fier de soi ce qui n'est pas possible. Je valide aussi auprès de mes enfants comme tu le fais O'Rêve, estimant qu'elles en ont besoin que l'estime de soi est nécessaire.
La reconnaissance, je le perçois comme une attente qui sera forcément déçue, car elle dépend de l'autre, si on attend d'autrui qu'il vous remplisse, quand l'autre n'est pas là qui comblera le vide? Je te rejoins aussi là dessus Olivier, avec la difficulté à recevoir la remarque positive qui pour moi ne fait pas sens. Je n'ai pas grand sens de la hiérarchie et suis désarmée si un supérieur dit qch de positif (bon c'est rare, ils s'en foutent plutôt, ça m' arrange dans un sens), ça ne fait pas sens.

dani
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Re: Ces non-émotions qui ne nous gouvernent pas.

Message par dani »

Si je suis très honnête avec moi-même, j'avoue que je suis parfois "fière" de mes enfants, de leur ténacité à vouloir aller loin dans leurs passions, à dépasser les difficultés rencontrées, à donner le meilleur d'eux-mêmes, à être honnêtes vis-à-vis d'eux et de la société. Mais je sais très clairement que c'est une fierté mal placée, qu'elle est en rapport avec mon histoire familiale et ma bataille depuis de nombreuses années à tenter de me libérer d'influences clairement malsaines et négatives. Leurs comportements me disent que le travail sur mes nombreux fantômes et blocages ont peut-être (le futur nous le dira) réussi à améliorer des fonctionnements inconscients d'auto-sabotage familiaux. Cela me rassure ainsi et surtout, sur leurs forces à assurer le mieux possible leur futur.

Quand ils ont dépassé un truc difficile (ça peut être un succès, mais aussi de se relever dignement d'un échec sans se décourager) je leur dis "je suis fière de toi, c'est con car moi j'ai rien à voir là dedans, c'est toi qui a fait tout le boulot..mais bon, je te le dis quand même". ça leur fait plaisir, je le vois dans leurs yeux.

Ils m'ont offert récemment, suite à des examens réussis en soutenance publique (une reprise d'étude tardive) un bouquet de fleurs avec un mot "nous sommes très fiers de toi". ça m'a profondément touchée. C'est idiot c'est vrai, très narcissique etc. Mais je pense que c'est un processus humain assez normal et pas forcément malsain si l'on est conscient de l'aspect assez immature de cette fierté et que l'on ne se construit pas là dessus, et que cela fait juste très très plaisir.
Rien ne vous emprisonne excepté vos pensées, rien ne vous limite excepté vos peurs, rien ne vous contrôle excepté vos croyances. (Marianne Williamson)

Lmh
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Re: Ces non-émotions qui ne nous gouvernent pas.

Message par Lmh »

soazic a écrit :Bonjour
je n'ai pas trouve de topic adequat et espère ne pas faire doublon.
Depuis quelque temps, je me trouve en inadequation dans des conversations, IRL ou sur le net (forums...) avec des parents mais aussi des adultes lambdas par rapport à deux notions bien précises. La quête de reconnaissance et la fierté vis à vis de nos enfants.
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Est ce que vous ressentez pour certains ce genre de non-émotions?
Bonsoir, je suis heureuse de te lire car je ressens la même chose. J'ai 4 enfants, qui sont intelligents , se portent bien. 3 d'entre eux sont adultes et vivent à plus de 500 km. Je ne me suis jamais sentie "fière" de ce qu'ils sont car ils sont de toutes façon différents de moi, d'une autre richesse, chacun d'entre eux représente pour moi une aventure extraordinaire, mais à l'intérieur de moi.
Je me rappelle un détail: ma fille ainée est partie, alors qu'elle avait 16 ans , en Allemagne dans le cadre d'un échange linguistique. Elle est partie une semaine, et je n'avais pas l'intention de lui écrire ni de lui téléphoner. Je voulais juste savoir si elle était bien arrivée et donc je lui ai demandé de me téléphoner une fois arrivée dans sa famille d'accueil, ce qu'elle a fait bien sûr.
De retour à la maison, elle m'explique que la mère de sa correspondante lui a demandée tous les jours si elle voulait m'appeler et comme ma fille disait non (parce qu'elle n'en éprouvait pas le besoin) , elle a perçu de la part de cette femme une certaine méfiance.
Pourtant ni ma fille , ni moi n'étions anxieuses.

Malgré tout , même si le mot fierté ne me vient pas à l'esprit, je dirais plutôt que je suis agréablement surprise par la façon dont mes enfants gèrent des situations professionnelles que j'ai toujours eu du mal à assumer et souvent je suis soulagée qu'ils n'aient pas les mêmes difficultés que moi avec les autres.

Elisea
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Re: Ces non-émotions qui ne nous gouvernent pas.

Message par Elisea »

Bonsoir Soazic,
Ce que tu décris est aussi mon fonctionnement.
Il me semble, quand j'y réfléchis, qu'il s'agit tout simplement d'humilité. Voici un extrait de la définition wikipédia qui colle parfaitement avec l'idée que je m'en fais :
Le mot humilité (du mot latin humilitas dérivé de humus, signifiant « terre ») est généralement considéré comme un trait de caractère d'un individu qui se voit de façon réaliste. L'humilité s'oppose à toutes les visions déformées qui peuvent être perçues de soi-même (orgueil, égocentrisme, narcissisme, dégoût de soi), visions qui peuvent relever de la pathologie à partir d'une certaine intensité. L'humilité n'est pas une qualité innée chez les humains ; il est communément considéré qu'elle s'acquiert avec le temps, le vécu et qu'elle va de pair avec une maturité affective ou spirituelle. Elle s'apparente à une prise de conscience de sa condition et de sa place au milieu des autres et de l'univers.
L'humilité n'est pas forcément liée à la manière dont un individu se montre aux autres, ainsi la modestie n'est pas une forme d'humilité mais plutôt une « démonstration » d'humilité que peut tout à fait réaliser une personne dépourvue d'humilité.
Je pense effectivement que ce fonctionnement n'est pas inné. Il résulterait à mon sens d'une volonté de "se vivre intérieurement" de la manière la plus authentique et honnête possible.
Pour ma part, j'ai l'intuition que le déclencheur de ce fonctionnement remonte à l'enfance. Il s'agit d'un flashback très court où je vois mon père me dire : "Bien sûr que tu es intelligente puisque tu es ma fille." Et je perçois très nettement une manifestation de sa fierté débordante... mais qui me paraît sonner tellement faux ! Intuitivement, quand je revois cette scène, je me dis que ses mots auraient pu tout aussi bien être : "Quand je te regarde, je m'aime".
Je rejoins donc complètement Judas Bricot sur ce point.
Judas Bricot a écrit :Le sentiment de fierté, c'est surtout par rapport à soi. Quand je dis à l'autre "je suis fier de toi", cela ramène non pas à la réussite de l'autre, mais au sentiment de sa propre valeur...
Je pense que de ne rien ressentir au moment où la bienséance sociale légitime un sentiment de fierté ne doit pas être perçu comme une "non émotion", mais simplement comme une réaction saine et cohérente par rapport à l'échelle des valeurs qu'on s'est créée.
Je rejoins également Madeleine sur la question particulière des enfants :
madeleine a écrit :Je pense que beaucoup de parents considèrent leurs enfants comme leur création et que cela pourrait inspirer ce sentiment de fierté ; et ceux qui les considèrent davantage comme des individus autonomes n'éprouvent pas où peu ce sentiment.
Étant donné que mon Loulou suscite en général autour de lui soit l'admiration soit l'incompréhension, je devrais être sur de perpétuelles montagnes russes émotionnelles fierté/honte. Mais c'est rarement le cas car je pense que j'ai accepté l'idée que même s'il mettait la meilleur volonté à s'adapter, il restera au fond un "électron libre" et sera bien en peine de cadrer avec ce qu'on attend d'un enfant de son âge.

Troglodyte-mimi
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Re: Ces non-émotions qui ne nous gouvernent pas.

Message par Troglodyte-mimi »

Bonsoir,

La fierté a en fait plusieurs définitions qui sont plus ou moins contradictoires... On dit une âme fière pour quelqu'un qui a des sentiments nobles, élevés, mais on dit aussi que cet homme est fier pour signifier hautain orgueilleux. Avouez que le contraste est plutôt énorme et porteur en lui-même d'un germe de confusion...À partir de là comment définir le sens exact de je suis fière de mes enfants??? Pour ma part, je l'entends plus comme ce que mon enfant devient, ou a réussi me semble bon et bien, je suis donc heureuse pour lui sans en retirer particulièrement quelque chose pour moi en terme de reconnaissance. Il me semble que la fierté d'une maman (ou d'un papa) pour les réalisations de ses enfants est souvent indépendante de ce que les autres peuvent en penser et n'a pas forcément une arrière-pensée du style top tout le monde va m'admirer ou penser que je suis une très bonne mère (père). C'est pour moi une manière de dire que le chemin emprunté par l'enfant me semble en être un qui l'amènera à grandir (au sens figuré du terme) et non à se détruire, à se réaliser et non à dépérir etc. Après cela reste ma vision, je comprends qu'elle ne soit pas forcément partagée par tous. Dire, je suis fière de toi à un enfant, c'est aussi pour moi une manière de reconnaitre le chemin qu'il a parcouru, de l'encourager à continuer à aller dans cette direction, parfois aussi de lui donner un peu d'assurance s'il en manque etc. Après il y a certainement d'autres mots ou expressions pour faire passer ce même message...

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