Le nomadisme

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baptiste
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Le nomadisme

Message par baptiste »

Bon parce ça intrique certaines personnes, et parce que d'autres ont du mal à saisir le concept. J'aimerais partager ma manière de vivre avec vous.

Mon histoire

De tout temps, j'ai été un "bougeur", avant même ma majorité, je passais ma vie dans les gares à voyager à droite et à gauche, parfois sans but précis, parfois pour aller voir les amis ou la famille, parfois pour des stages. Mes parents un peu dépassés n'ont pas eu trop le choix que de me faire confiance et de me soutenir. Du coup à 17 ans, ils m'ont offert le voyage en Russie dont je rêvais. Ensuite est venu le permis et ma première voiture qui m'a donné encore plus de liberté.

Après mes études, avec l'entrée dans la vie active est venu une autre manière de bouger. Tiraillé entre la vie "normale" qu'on essayait de m'imposer (travail, mariage, maison...) et mes aspirations d'être libre, je n'ai jamais vraiment réussi à me fixer quelque part.

Je trouvais du travail à un endroit, je rencontrais une fille à un autre, je me faisais virer, je reprenais un autre boulot et ainsi de suite... Il m'est arrivé de déménager trois fois dans la même année, et même si je vivais une vie "rangée" ça ne durait jamais longtemps.

Destination ailleurs : le sac à dos

Un jour, après une rupture particulièrement difficile, un boulot chiant et perdu dans une région hostile, il m'est apparu comme une évidence que je ne pouvais continuer comme ça. Un ras-le-bol généralisé m'a poussé à tout quitter, mais vraiment tout, j'ai abandonné sur place tout ce qui ne rentrait pas dans ma voiture, pour finalement abandonner ma voiture (chez ma sœur tout de même, pas au milieu des bois), charger un sac à dos et partir.

Partir pour où vous me direz ? Je n'en avais aucune idée. J'ai simplement tendu le pouce un matin, et cela à marqué le départ des plus belles années de ma vie.

De routes en rencontre, j'ai fait plusieurs fois le tour de la France, me laissant guider au petit bonheur la chance, ou voyageant pour le travail (j'étais saisonnier agricole). Je découvrais perpétuellement de nouvelles personnes et de nouveaux endroits. Je vivais dans les squats, dormais dans les abris bus, parfois je me posais un peu, quelques semaines pour les fêtes chez mes parents, ou quelques jours chez une jolie fille, et toujours je repartais.

Et puis un jour, on se rend compte qu'on est vieux, après avoir enchainé trois campagnes de vendanges d'affilées, plusieurs mois de voyage avec 30kg de sac sur le dos (sachant que j'en pesais à peine 50). Trop de jours sans manger, trop d'alcool avec mes amis anarchistes, trop de nuits dehors et là le corps dit stop : double lésion ménisque/rotule, hépatite, lumbago le tout dans la même semaine.

Verdict du médecin : repos obligatoire, je passe plusieurs mois à ne rien faire, dépression d'être redevenu sédentaire...
Je finis par me convaincre que c'est mieux pour moi, je suit une formation, trouve un travail et finis par me résigner, je signe un CDI (fais un choc post-traumatique au passage) et rentre dans le moule...

Back on the road : le camtar

Après 18 mois de boulot (mon record), je finis, de nouveau, par péter un câble, je relargue tout aussi sec, mais ce coup-ci j'ai un projet : devenir soigneur animalier, je change radicalement d'orientation professionnelle à trente ans. Le plan de base est de faire le tour des centres de sauvegarde, d'acquérir de l'expérience et de trouver ensuite un emploi stable (ou du moins d'essayer).

Cependant, à trente ans passés, on a perdu l'envie de dormir dans les fossés, et le sac a dos est toujours aussi lourd, donc rapidement le physique ne suit plus, je dois me poser de nouveau, entre-temps on me donne un chiot (berger belge) donc impossible de continuer le stop.

La décision est prise, je rassemble mes maigres économies, et achète mon premier "camtar" (terme technique désignant un camion aménagé chez les routards). Me voici heureux possesseur d'un J5 antédiluvien, mangé par la rouille et la moisissure, mais le seul dans mon budget.
Après quelques travaux, je prends enfin la route avec mon chien, puis je rencontre ma compagne qui vient se greffer à l'équipage. On continue la tournée des centres ensemble, je finis par décrocher un CDD temps partiel, le camion nous sauve, car dans la région où je travaille le loyer minimum d'un studio est supérieur à mon salaire. J'arrive à mettre un peu d'argent de coté, je revends mon tas de ferraille pour une bouchée de pain. Trop de pannes, trop de réparations à faire, trop de fuites et de courants d'air...

J’achète ensuite mon premier vrai camion "à moi" (car le J5 était déjà aménagé lors de l'achat). S'en suit des semaines de conception, de plans (qui comme de bien entendu ne survivrons pas au passage à la réalité), plusieurs mois de travaux (avec l'aide précieuse de mon père fraichement à la retraite) et finalement en mai dernier me voici de nouveau sur la route (j'ai terminé mon cdd en juillet).

Et je vous écris aujourd'hui depuis une aire quelque part en Touraine à l'intérieur du dit camtar.

Merci de votre attention, si le sujet vous intéresse, je pense continuer à le développer d'une manière un peu plus "pratique" (Comment vivre à deux+1 gros chien dans 5,5m2 ; ou c'est qu'on dort ?; comment on fait pour l’électricité...) j'attends vos réactions et questions pour écrire la suite et bien sûr débattre, de mes expériences ou du nomadisme en général

PS : pour les modos, j'ai fait de mon mieux niveau orthographe et grammaire, mais n’hésitez pas à signaler ce qui ne va pas
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Poukach
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Re: Le nomadisme

Message par Poukach »

Super chouette comme retour d'expérience !
Quand j'étais au lycée et que j'étais une fervente punk anarchiste convaincue que le travail et sa routine : "c'est caca" j'avais le même idéal de vie. Bon en fait ça s'est jamais concrétisé pour plein de raisons...

Mais je respecte complètement ton choix de vie Baptiste, je trouve ça très courageux d'une certaine manière, de sortir des sentiers battus de cette façon :)

J'ai une question que j'ai toujours posée aux routards / keupons / teufeurs qui vivaient comme ça : Comment ça se passe avec ton entourage proche (famille, amis proches) ? Comment ils-ont vécu l'annonce de ta décision et comment ils vivent au quotidien avec ton choix ? Est-ce qu'il y a des personnes qui t'ont reproché de les abandonner ? Ou au contraire ils sont vachement fiers que tu puisses voler de tes propres ailes ? :vgeek:
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Re: Le nomadisme

Message par Chacoucas »

Congrats bro :)

Peux pas conduire sinon j'aurais probablement fait ça depuis un bail. Je remets à quand je pourrai en version à voile et coque.

Au plaisir.

Livingstone
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Re: Le nomadisme

Message par Livingstone »

J'ai lu cela ce midi avec intérêt. C'est clair et vivant, très bien raconté, et c'est aussi un partage assez rare : continue tant que le cœur t'en dit :)
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Re: Le nomadisme

Message par Miss souris »

Baptiste : pour moi c'est une vie rêvée...tres loin de mon mode de vie, et totalement exotique. J'admire le courage qu'il faut pour vivre ainsi en suivant son ''ideal'', ses convictions.
Et j'ai également un fils qui depuis ses 9 ans ( il va sur ses treize) rêve de partir ( en Norvège) dans un vieux camion transformé...Grâce à lui j'en ai déjà croisé beaucoup sur le net !
Bref, ton post m'intéresse ...

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W4x
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Re: Le nomadisme

Message par W4x »

Et qu'est ce qui provoque ce sentiment irrépressible de prendre la route, ou tout au moins d'avoir peu d'hésitation à abandonner des lieux, un environnement, des gens familiers, afin de se lancer dans une aventure aussi prometteuse d'enrichissements que de déceptions?
Le déracinement, ou le multi-enracinement suivant la façon de voir les choses, est quelque chose qui m'a toujours fasciné. La démarche a quelque chose de contradictoire...chercher à s'ancrer quelque part sans vraiment s'ancrer nulle part, ça me semble comme une fuite en avant. J'entends bien les arguments de la quête (renouvelée) de nouveauté, mais ça me laisse un peu sur ma faim ;)
En tous cas à l'appui de ton cas particulier baptiste je trouve qu'il y aurait beaucoup à développer plus généralement...
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baptiste
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Re: Le nomadisme

Message par baptiste »

Poukach a écrit : J'ai une question que j'ai toujours posée aux routards / keupons / teufeurs qui vivaient comme ça : Comment ça se passe avec ton entourage proche (famille, amis proches) ? Comment ils-ont vécu l'annonce de ta décision et comment ils vivent au quotidien avec ton choix ? Est-ce qu'il y a des personnes qui t'ont reproché de les abandonner ? Ou au contraire ils sont vachement fiers que tu puisses voler de tes propres ailes ? :vgeek:
Pour mes parents, ils n'ont pas eu trop le choix, c'était ça ou me perdre. Du coup à la longue ils s'y sont fait. Je pense qu'ils me font confiance et savent que je suis capable de me débrouiller dans tout les cas. Ce qui les dérange le plus c'est de pas avoir de nouvelles, et de ne pas savoir toujours ou je suis. Ils sont quand même plus sereins maintenant que je suis en camion, ils ont moins peur que je me fasse agresser. Mon père m'a même énormément aidé à la conception et à la réalisation du camion actuel, je ne serais pas aussi confortable aujourd'hui sans lui.

Pour le reste de ma famille, je suis quelqu'un de "bizarre", donc ça n'a pas vraiment changé leur manière de voir les choses.

Pour mes amis, j'en ai perdu beaucoup en partant sur la route, pas parce que je partais, mais parce qu'eux restaient, je vivais avec rien et j'étais plus heureux que eux qui avaient femme, enfant et maison à crédit, on a fini par s’éloigner faute de se comprendre et d'avoir des choses à se raconter. Mais j'ai rencontré des dizaines de nouveaux amis pendant ma route, des vrais amis sur qui tu peux vraiment compter, pas le genre à disparaitre à la moindre difficulté, c'est plus que des amis même c'est une famille.
Miss souris a écrit :Baptiste : pour moi c'est une vie rêvée...tres loin de mon mode de vie, et totalement exotique. J'admire le courage qu'il faut pour vivre ainsi en suivant son ''ideal'', ses convictions.
Et j'ai également un fils qui depuis ses 9 ans ( il va sur ses treize) rêve de partir ( en Norvège) dans un vieux camion transformé...Grâce à lui j'en ai déjà croisé beaucoup sur le net !
Bref, ton post m'intéresse ...
J'ai rencontré beaucoup de gens sur ma route qui eux aussi rêvaient de ma vie, j'en ai même poussés quelques uns à partir.
Pour ce qui est du courage je te dirais la même chose qu'a tout ceux qui évoquent le sujet : Je n'ai pas besoin de courage pour partir, c'est vous qui en avez besoin pour rester.
Encourage ton fils dans son rêve, c'est le meilleur moyen d'en faire un enfant épanoui, heureux et autonome.
W4x a écrit :Et qu'est ce qui provoque ce sentiment irrépressible de prendre la route, ou tout au moins d'avoir peu d'hésitation à abandonner des lieux, un environnement, des gens familiers, afin de se lancer dans une aventure aussi prometteuse d'enrichissements que de déceptions?
Le déracinement, ou le multi-enracinement suivant la façon de voir les choses, est quelque chose qui m'a toujours fasciné. La démarche a quelque chose de contradictoire...chercher à s'ancrer quelque part sans vraiment s'ancrer nulle part, ça me semble comme une fuite en avant. J'entends bien les arguments de la quête (renouvelée) de nouveauté, mais ça me laisse un peu sur ma faim ;)
En tous cas à l'appui de ton cas particulier baptiste je trouve qu'il y aurait beaucoup à développer plus généralement...
Je ne saurais pas vraiment le définir W4x, peut être que c'est parce que j'ai été habitué à voyager depuis petit, peut être que je fuis quelque chose. Je n'ai pas vraiment de réponse à te donner, simplement quand je suis trop longtemps au même endroit je m'ennuie, c'est viscéral la sédentarité me hérisse le poil.
Après j'ai mes points fixes, des amis, des lieux où je retourne souvent comme tout le monde, simplement il y à plusieurs centaines de kilomètres entre eux. Je dirais pas que je suis déraciné ou multi-enraciné, simplement mes racines sont beaucoup plus grande que la moyenne
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Chacoucas
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Re: Le nomadisme

Message par Chacoucas »

Si je peux rajouter un petit commentaire à ce que Baptiste t'a bien répondu, W4x, je dirais que le concept de racine est biaisé et créé par le sédentaire pour justifier son mode de vie, simplement.
Des racines on en a partout où on va. Et on est pas forcément beaucoup plus d'un endroit que d'un autre, le simple fait de ne pas y être resté a "changé" quelque chose, ou plutôt on a vu ailleurs aussi, donc on se pense pas "de tel endroit".

Plusieurs ailleurs nous manquent, mais on est pas triste d'être quelque part ou on ne se demande pas ce que ça serait si c'était autrement: quand on se le demande trop fort, ben c'est le départ.

Enfin, je le vivais un peu comme ça. J'aimais bien rester le temps de voir les saisons passer, si ça me plaisait, mais aucune réelle raison de rester plus longtemps ici que "là bas".

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Miss souris
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Re: Le nomadisme

Message par Miss souris »

peut être pas 100 % in topic :
["Mireille Mathieu n'est ni de droite ni de gauche. Elle est là où on la pose".(Guy Bedos je crois)
C'est comme ça que je me sens sédentaire : je vis où on m'a posé, sans avoir plus de questions que ça.
Je n'aurais jamais pensé que le sédentaire puisse éprouver le besoin de justifier son mode de vie, tellement j'ai intégré que c'était la norme, en "inventant" la racine.]
Intéressant, merci !

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Chacoucas
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Re: Le nomadisme

Message par Chacoucas »

Hors-sujet
offtopic ou pas - et comme c'est un forum de lecteurs ^^ - il y a quelques lectures indicatives genre "le nomadisme pour les nuls" qui seraient mentionnables? j'en ai peu croisé.
Accessoirement je crois que l'écriture est un concept développé à la base non pas pour noter la parole ou la sagesse, mais les comptes... Peu de cultures nomades semblent écrire et ça semble faire sens puisque le rapport au temps est différent, "garder" ou "laisser" quelque chose a beaucoup moins de sens. La parole l'échange et la créativité sont là pour ça.
En étant quelque part on change un peu ce quelque part, spontanément, malgré soi, et cette chose se perpétue ou pas. Si on revient cycliquement ça peut être intéressant à observer. Là dessus j'ai surtout senti une sorte de vague exclusion, genre la routine quotidienne ayant disparu, il reste essentiellement des souvenirs et des attentes de ce qu'on a connu - et qui ne seront éventuellement plus jamais, puisque le lieu (son rythme, les rythmes des créatures qui y vivent) a changé entre temps. Ce qui peut très bien justifier de ne pas rester plus longtemps parce qu'on peut se sentir beaucoup plus "bienvenue" ailleurs. Ne serait ce que parce qu'on découvre et qu'on apprend.

Je penserais à "la poétique de la relation" d'Edouard Glissant, recueil d'articles de littérature axé sur l'expatriation, l'errance, le métissage, le paysage, la pensée de la relation (relation à l'identité, aux cultures, aux terres, à l'humanité aux "autres" en tant qu'altérités etc.). Dans le même thème on doit pouvoir en trouver pas mal, notamment dans le domaine des subalternes et études post coloniales (littérature ou socio, philo etc.) mais je suis pas spécialiste.

Sinon j'avais croisé Bruce Chatwin via "le chant des pistes": un explorateur anglais qui a passé une partie de sa vie à vivre avec divers peuples nomades, et laissant quelques livres pour tenter d'expliquer les pensées de chaque etc.
Le chant des pistes était consacré au chant aborigène porteur de repères topographiques et servant de "carte" transmise dès le plus jeune âge, notamment en vue du walkabout: la marche initiatique et solitaire à travers les terres désertiques qui attend tout jeune de la tribu.
Il y avait une interrogation filée de l'auteur sur la séparation originelle entre sédentarisme et nomadisme, notamment via les figures d'Abel et Caïn.
Ca doit être beaucoup plus intéressant de lire des ethnologues, mais pareil j'ai pas encore fait ^^ .

Et pis ça a rien à voir avec le sujet lui-même en soi... :)

PS: dans les domaines aquatiques -ça doit se retrouver chez les escaladeux ou randonneurs - le nomadisme est parfois partie intégrante de la culture. La voile c'est des voyages. Et le surf, c'est la recherche des houles autour de la planète suivant les saisons... (ou poétisé via le climat "endless summer")...
Pis peut être de manière moins marquée, mais dans un autre temps, l'éducation de la jeunesse (jeunesse noble et favorisée, l'éducation n'étant pas "pour tous"...) passait par des voyages autour de l'Europe ou plus loin.
Aujourd'hui il me semble que globalement on lutte contre le nomadisme (en particulier les peuples au nomadisme traditionnel), mais que restent des démarches plus ou moins marginales et pas forcément trop familières les unes des autres: le mode sac à dos et keupons existe un peu en parallèle du couch surfing et des voyages à durée modérée des jeunes diplômés qui cherchent pas de CDI mais à partir à l'étranger régulièrement.
Y'a le Wwoofing qui marche pas mal pour le délire entre deux, saisonnier et tendance altermondialiste.
Mais ça reste des choses très différentes avec des gens aux modes de vie, moyens et ambitions très variées.

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Re: Le nomadisme

Message par Back2Basics »

Chacoucas a écrit :... je dirais que le concept de racine est biaisé et créé par le sédentaire pour justifier son mode de vie, simplement.
...
Je suis loin d'être spécialiste du sujet, mais cette partie de ton approche mais semble justement... biaisée ! ;)
Si on se limite aux "racines" dans le sens "lieu d'origine" ça colle avec ce que tu dis (de là à dire que le terme est "créé par les sédentaires pour..." il y a un pas qui ne me paraît pas aussi évident que ça à franchir), mais à partir du moment où tu intègres des notions comme le "sentiment d'appartenance" au concept de racines, tu ne peux plus dire des individus d'un groupe qu'ils n'ont pas de racines du moment que le groupe est stable dans le temps, que ce groupe soit sédentaire ou non.

Peut-être que le terme de racine est tout simplement effectivement biaisé dans son choix lui-même : donnant une image figée géographiquement, alors que la notion complète (telle que je la vois personnellement, en tous cas) est plus large et ne se limite pas à cet aspect des choses.

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Re: Le nomadisme

Message par Chacoucas »

Effectivement il s'agit surtout du sens qu'on met derrière un mot. Mais de manière générale "racine" appelle une notion de particularité et de "Un".
Glissant dont je parle au dessus avait un peu abordé ça en s'appuyant sur les littératures Outre Mer et la créolisation (créolisation qu'il proposait par exemple comme dynamique plutôt que créolité comme un donné, par exemple).
Son idée est que la métaphore de la racine (comme celle du paysage, de la "terre" conçue comme un territoire par opposition à tout autre, dans les limites qu'on lui prête, plutôt qu'espace-relation) convient beaucoup moins que celle du rhizome, sorte de racine multiple, et commune à plusieurs pieds. Supposant qu'il y aurait donc un rhizome général/humanité permettant implantation d'un individu en tout lieu. Alors que la métaphore de la racine condamne littéralement un individu à être déraciné et ne jamais pouvoir finalement "vivre" ou 's'épanouir".
La racine unique est celle qui tue autour d'elle alors que le rhizome est la racine qui s'étend à la rencontre d'autres racines.
► Afficher le texte
Le problème s'illustrait beaucoup dans le principe d'expatriation ou de déracinement forcé, comme l'esclavage dans les Antilles. La décolonisation généralement est suivie de recherches identitaires (souvent axées logiquement vers "le passé", "les origines", "les racines") qui en soit sont impossibles. Le descendant d'esclave, voire simplement l'esclave n'est plus exactement l'individu qu'il était avant sa capture. Et n'est plus exactement "africain" ni ne fait partie d'une communauté établie (et la stabilité d'une communauté ne dépend pas spécialement "que" de sa culture ou de sa force, on le voit bien avec cet exemple...).
On peut appliquer ce raisonnement éventuellement aux populations de l'est qui ont migré vers l'ouest, jusqu'aux Etats-Unis suite aux guerres et révolutions Européennes. Qu'ils aient été ou pas nomades traditionnels il y a une forme de culture d'expatriation ou de métissage qui s'est imposée au fil du temps; de créolisation, si on veut utiliser le mot dans un sens plus large et philosophique que ne l'est "créole".
► Afficher le texte
Le sentiment d'appartenance dont tu parles est intéressant, parce qu'à mon sens il n'est pas "donné" justement, et se construit en général plus qu'autre chose (il peut arriver qu'on se sente "faire partie de" immédiatement mais au fil des semaines ou années on revient néanmoins de quelques désillusions en général, je crois). L'appartenance à "douance" pourrait faire un sujet d'étude comparative j'imagine. C'est un "donné" qui n'a pas de précédent (pas de culture stable et ancienne, d'héritage culturel spécifique: ça ressemble à une "nouvelle culture") dans la plupart des cas, il vient avec tout un concept à découvrir en même temps que son appartenance. Et le sentiment n'est lui pas partagé par tous, ou dans des modes très variés.

Ce sentiment d'appartenance est aussi celui qui il me semble motive des notions de conformisme ou encore la force des sectes et communautés dogmatiques (si farfelues semblent elles à qui n'en fait pas partie). A ce titre la métaphore de la "racine" n'a plus vraiment cours puisque l'appartenance dépend directement d'idées ou dogmes.

A moins qu'on ne poursuive avec l'idée une image culturelle (par exemple avec un idéal communiste, on y affilie l'histoire de l'URSS ou de Mao: ce qui n'a pas grand chose à voir en soi). C'est un cas qui semble très courant et instrumentalisé aujourd'hui: donner une idée avec un bloc culturel très illustré voire presque graphique. Résultat sûrement de la force de la publicité et du slogan? Je ne sais pas. Dans tous les cas ça a plus à voir avec une oeuvre d'art (souvent simplifiée au maximum dans tous ses aspects: marketing, propagande etc.) qu'avec ce qu'est réellement une pensée ou une idée.
Exemples: la recherche rebelle du groupe "autre", ennemi, pour s'éloigner d'une culture dans laquelle on sent pas d'appartenance, l'accueil dans pas mal de sectes ou religions, partis politiques, voire à plus petite échelle dans des activités dont le public vient avec mode vestimentaire, éléments épars et souvent superficiels de culture "commune" et parallèle etc.

Enfin bref: comme là aussi la métaphore de la "racine" est souvent utilisée, ça me semblait intéressant à mentionner aussi.

Oui comme tu dis la notion de chose fixe, qui nous nourrit et se donne comme unique et particulière peut poser problème, je pense que c'est le principal reproche qu'on peut y faire.
L'autre dans mon esprit était simplement un jeu d'évidence: l'homme a des pieds, pas de racines ^^.

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Re: Le nomadisme

Message par W4x »

Pour revenir sur ce que tu disais à la fin Chacoucas je retiens l'idée de baptiste des liens qui s'amoindrissent, et du besoin d'en créer des nouveaux à travers la constitution d'un autre groupe, d'un autre cercle autour de valeurs communes souvent en opposition avec celles des sédentaires. Chouette topic en tous cas. Si tu as des photos pour agrémenter l'aspect "pratique" ;)
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Re: Le nomadisme

Message par baptiste »

Pour les photos ça va être compliqué il va falloir que je retrouve.

Pour l'aspect pratique je suis en train de réfléchir à mon prochain post, mais je ne sait pas trop quoi aborder en premier, le sujet est vaste...

Don si vous avez des interrogations particulières faites m'en part j'essayerais d'y répondre
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Re: Le nomadisme

Message par baptiste »

Le nomadisme pratique : la bataille pour l'espace

Imaginez votre lieu de vie, votre maison ou appartement, visualisez toute les pièces : chambre, salon, salle de bain, toilettes... Maintenant accrochez vous et imaginez que tout ces espaces doivent être condensé en un seul, qui est plus petit que votre salle de bain.

Mon camion fait 3,30m sur 1,70 soit un peu moins de 6m2, on vis dans cet espace réduit à deux plus un gros chien (taille berger allemand). Vous visualisez ce que ça implique ?

Vivre sur la route passe par la résolution de différentes problématiques et adaptation de votre lie de vie :

Réduction des besoins
Sur la route il n'y a pas de place pour le superflu, chaque objet que l'on transporte doit être nécessaire et utile. Ainsi je ne possède en tout et pour tout que 5tenues (environs) et deux paires de chaussures ; pas la place pour plus. Cela ne se fait pas de manière immédiate, j'ai d'abord voyagé "lourd" mais petit à petit on se débarrasse de l’excédent pour gagner en confort.

Polyvalence, le maitre mot
Dans la mesure du possible, chaque endroit du camion, chaque objet est optimisé pour servir à plusieurs usages. Par exemple mes toilettes servent aussi de douche, de lieu de stockage et d'étendoir à linge. Et tout ça dans un espace de 50x50cm.

Optimisation de l'espace
Chaque objet à sa place : le rangement est millimétré, tout les espaces disponibles sont utilisés, rentabilisés et calibrés.
On range chaque objet en fonction de sa taille et de la récurrence de son utilisation. L'arrivée d'un nouvel objet nécessite parfois une réorganisation complète des rangements. Ainsi pour vous donner quelques exemples :
Je dois démonter le siège avant pour accéder à mes affaires d'été rangées en dessous. Ils nous arrive fréquemment de devoir mesurer des emballages en faisant les courses savoir ou on peu les ranger. Et il nous à fallu 4h de rangement/réorganisation pour pouvoir stocker un pack d'eau supplémentaire.

Optimisation des habitudes
Dans un si petit espace il est nécessaire d'avoir une organisation quasi militaire. Ainsi pour vous donner une idée, il est impossible d'aller se coucher sans avoir au préalable fait la vaisselle car il n'y à pas la place pour mettre à la fois les affaires qu'on enlève et les assiettes sales. De la même manière prendre une douche nécessite environs 30minutes de préparation/conversion de l'espace.

On a pas la place, mais on à de l'espace
Bien sur quand on vis en camion, on ne passe pas ses journées dedans, bien au contraire à la belle saison, quand le temps le permet on vis en majorité à l'extérieur et la c'est le bonheur ! Imaginez le plaisir qu'on peut avoir à prendre son petit déjeuner au bord de la rivière, ou l'apéro en regardant le soleil se coucher sur la mer !

Voila en espérant que ça vous intéresse toujours, n’hésitez pas à poser des questions !
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Chacoucas
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Re: Le nomadisme

Message par Chacoucas »

C'est encore plus petit que ce que je pensais. Un pote s'était aménagé un truc un peu plus large, avec cuisine et espace lit derrière (banquettes de bois renversées qui faisaient 2 bancs de jour). Sans salle de bain par contre (tout se gérait à l'extérieur du coup). Pis y'avait pas mal d'instruments et outils de bricolage accrochés aux murs ou sous les banquettes/bancs. Pour le frigo tu as fait quoi? Pot en céramique avec chambre de refroidissement à l'eau? Et pour l'électricité, tu recharges une seconde batterie en roulant?

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baptiste
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Re: Le nomadisme

Message par baptiste »

ça parais pas grand comme ça mais bien aménagé c'est largement suffisant, je n'ai pas de frigo, par ce temps les aliments se conservent largement bien dehors, quand il fait plus chaud on achète au jour le jour.
Pour l’électricité effectivement j'ai une deuxième batterie rechargée par l'alternateur et en supplément un panneau solaire
Je suis en train de rechercher les quelques photos que j'ai pour les poster un de ces jours
A cause de mon mode de vie mon accès internet est sporadique donc pas de panique

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Mei Run
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Re: Le nomadisme

Message par Mei Run »

J'adorerais faire ça, pour voyager quelques temps : camionnette aménagée et hop sur la route avec mon chien pour faire le tour de tout.
Je trouve ça génial.
Bah pourquoi tu ne le fais pas ? Mmmh... Si je voulais être vraiment honnête, je dirais que c'est parce que je crois que j'ai la trouille de le faire seule.


Hâte de voir tes photos Baptiste. Et d'avoir tes récits de voyage. Tu ne restes qu'en France ou tu as bougé ailleurs aussi en Europe/Asie/dans le monde avec ton camion ?
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Re: Le nomadisme

Message par StormX »

Salut :)

Je retrouve beaucoup de sentiments intimes à travers les lignes de ce post, ici quelques briques à l'édifice. Ou le passage d'un nomadisme thérapeutique temporaire à une liberté mentale permanente. :)

J'ai passé plus d'une année, à partir de 2013, le pouce au vent, sur les routes du continent Américain. C'était ma vraie première expérience de voyage en solitaire, j'avais 23 ans. Le départ avait été motivé par le bouleversement, entre autres, qu'avait engendré mon diagnostique. Arrivé à un certain point, j'avais besoin d'être seul face à moi même et mes limites. Pendant cette période, j'ai découvert et pris conscience d'un besoin fondamentale présent chez moi depuis toujours : être libre de mes mouvements et de mes actes. Toute ma jeunesse j'ai du me plier aux "va chez ton père x temps, va chez machin x temps et ferme là". Apprends ça, comme cela, sans te demander pourquoi. Et si je ne voulais pas..."ferme la".

Être maître, chaque jour, de...simplement tout, dans l'immédiat. C''est une sensation grisante, une impression de jouer à l'équilibriste entre les risques et les joies, sans jamais tomber.
Addictive serait peut être encore un meilleur qualificatif, car tout comme Baptiste, je ne peux plus consciemment m'en passer.
Un des premiers projets, au retour d'un an et demi de voyage, aura été d'ailleurs de balancer un vieux matelas à l'arrière d'une kangoo avec tout le matériel nécessaire pour un départ "sur le pouce". Une façon de me rassurer, que même le besoin d'argent ne m'emprisonnerait pas complètement. Dès qu'une ouverture se faisait, j'allais voir ailleurs. Parfois aux mêmes endroits, loin ou à proximité, mais qu'importe, ce n'était pas tant le désir d'exploration ou de découverte qui me faisait mettre le pied au plancher mais surtout un besoin d'air à s'en décoiffer le caillou.
J'ai tenu 2 ans...sachant, qu'avant même de prendre l'avion de retour, je pensais déjà à la prochaine "vie ailleurs" une fois les caisses renflouées. Je me rappelle encore ennuyer mes collègues à leur répéter, de plus en plus souvent à mesure que les mois s’égrainaient : "mais qu'est ce qu'on se fait chier là, alors qu'on pourrait faire la même chose là bas !?"...tout en affichant le nouvel fond écran du jour : plages et cocotiers de ma prochaine destination.

Ma kangoo me permit de tenir. C'est à travers elle que je découvris le concept de 'Vanlife". Après ces milliers de km en auto-stop en Amériques, j'étais fatigué mentalement des contraintes que cela engendrait. Car même s'il on est libre d'aller ou bon nous semble, on est tout de même limité dans notre mobilité. Dépendant des autres. Fatigué des situations dangereuses ou vraiment inconfortables (dieu sait pourtant que j'aime dormir dans la boue !). Fatigué aussi de devoir remettre mon sort dans la main des autres. J'ai un besoin immense de solitude et même si à travers le stop j'ai fait des rencontres et expériences formidables, je devais parfois mettre un masque pour forcer le destin.
Mais surtout, je me suis rendu compte que, tout en menant une vie "stable et rangée" d'assistant d'éducation dans un collège de campagne, je pouvais du jour au lendemain, prendre la route et sentir cette liberté éprouvée jusqu'alors que lors de mes voyages longues durées.

Alors aujourd'hui, à peine deux mois après un autre voyage où j'ai tenté de m'installer encore ailleurs, je me retrouve là où tout a commencé. J'accepte enfin d'être bien simplement là. Longtemps je me voulais nomade. Je criais à tous ceux qui voulaient l'entendre (à moi en premier...) que j’étais un voyageur habitant de la terre, sans besoin d'un chez lui. Et bien de cela aussi j'en suis fatigué. Cela va faire bientôt 7 années, depuis mon dernier appart' étudiant, que je vis chez quelqu'un. Or, doucement, un besoin viscérale s'est enfin frayé un chemin jusqu'à ma conscience : le besoin d'avoir MA grotte ET ma liberté. Un espèce de pied à terre personnel où, entre deux voyages, je peux me réfugier, me reposer pour sauter à nouveau, les yeux fermés, vers une autre destination... avec la certitude d'avoir un endroit sécurisant lorsque je n'aurais plus besoin de l'instabilité propre aux voyages.

J'ai suffisamment vécu sur la route ou chez les autres pour aujourd'hui savoir que je franchirai pas le pas d'une vie "totale" en van. A chaque retour, je suis frappé par mon attachement à mes racines. Elles se caractérisent par ma ville natale, le massif montagneux ou elle s'accroche et surtout notre belle France . Je n'en faisait pas l'éloge pourtant il y a quelques années, mais c'est justement lors de mes trips que je pris conscience du bien être que je ressentais en étant "chez moi".
J'ai une amie qui, à cause de déménagement successif dans sa jeunesse, est incapable de me dire précisément où sont ses racines. J'en étais bouleversé, d'une part parce qu'il m'était impossible d'intérieuriser ce concept tant mes racines sont importantes dans ma construction, et d'autre part, car je voyais bien qu'elle l'était aussi. Il y avait d'ailleurs une certaine jalousie dans ses yeux quand je tentais de lui décrire ce bonheur d'être "à la maison".

Aujourd’hui, je vis une nouvel évolution intérieure. C'est comme si, à force d'essayer des solutions à droites et à gauches, j'arrivais de mieux en mieux à entendre et écouter ma musique interne dans toutes ses tonalités, avec tous ses instruments etc. Ni complètement voyageur, ni complètement casanier. Un voyageur avec un chez lui, un casanier sans besoin de le rester.
J'ai toujours un besoin immense de libertés, de découvertes et d'aventures. M'enlever cela équivaut à m'enfermer dans une cellule d'isolement. Pour autant, j'ai besoin d'une certaine forme de stabilité et de sécurité. Tout le défi du moment est de construire l'environnement qui me permet cet entre deux.

Concrètement, cela implique l'achat d'un petit van (type Scudo, expert) qui me permet d'allier la petite taille d'une voiture et la place suffisante pour un aménagement rustique mais confortable. Le projet en est à ses débuts, mais le camion est déja sur le parking!
La liste des aventures et autres endroits à parcourir ne fait que de s'allonger. Néanmoins, j'ai enfin réussi à organiser ma vie de façon à éliminer cette sensation de "pris au piège" de la vie. Cela donne des ailes et permet de regarder plus loin.
J'ai trouvé un métier où l'on va me payer pour marcher 3 mois sur le Chemin de Compostelle et un autre qui me donne suffisamment de temps libre pour rayonner à travers la France. La révolution s'organise ! :rock:

Aux plaisirs :P

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baptiste
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Re: Le nomadisme

Message par baptiste »

Bon ça fait un petit moment que j'ai pas posté ici et comme je m'ennuie au boulot je vais continuer un peu ma chronique de la vie en camion. Je précise que je poste depuis mon téléphone j'éditerais donc à posteriori pour la mise en page et la correction de l'orthographe.

La sécurité est un sujet qui revient souvent dans les conversations avec les sédentaires parce qu'il y a beaucoup de peur véhiculée par les médias et beaucoup d'histoires et de légendes qui circulent.

En plus de cinq ans de vie vagabonde j'ai parfois été dans des situations bizarres mais je n'ai jamais été vraiment en danger.

Tout simplement parce que je ne tente pas le diable.

J'ai dormi dans des endroits isolés, dans des endroits réputés dangereux.

Déjà j'ai un chien, c'est tout bête mais ça suffit à être tranquille. La plupart du temps il se contente de signaler les gens qui s'approchent (ou les hérissons, les feuilles qui bougent voir dans certains cas les oiseaux suspects, il tient son rôle de gardien très à Coeur) et en cas de soucis il est parfaitement capable de mettre n'importe qui en fuite. Clairement grâce à lui je peux laisser le camion sans avoir besoin de verrouiller les portes.

Ensuite il y a un dicton à suivre : "si tu veux être tranquille va ou il y a personne, si tu veut être en sécurité va ou il y a du monde" donc en cas de doute sur l'endroit je me rapproche des autres camions ou des camping-cars si j'ai pas le choix je dors près des habitations.

D'une manière générale j'évite de dormir proche des villes. Paradoxalement on est beaucoup plus en sécurité dans une zone de nature isolée que dans une aire de stationnement en centre ville.

Il faut aussi respecter un certain nombre de mesures de base. Ne pas exposer inutilement des objets précieux (genre laisser le portefeuille sur le tableau de bord). Ne pas ouvrir la porte si on est pas sur de pouvoir la refermer.

En suivant ces quelques règles il est très simple d'être aussi en sécurité, voir plus que dans une maison.
A cause de mon mode de vie mon accès internet est sporadique donc pas de panique

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