Ceux qui ont été testés enfants

Ici vous pourrez échanger au sujet du diagnostic et de l'accompagnement
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Benoît
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Re: Ceux qui ont été testés enfants

Message par Benoît »

J’adore ce topic :)
A mon tour de me lancer :

J’ai appris à lire à 4 ans grâce à la méthode Boscher (merci à elle) et 2/3 explications, puis un bibliothèque rose (montagne par exemple, c’est pas dans la méthode susmentionnée, il faut donc mettre en pratique pour pouvoir poser des questions). Je persiste à penser que la méthode syllabique, c’est coul.

Asocial depuis l’âge de 6 ans, j’ai toujours été un vrai aimant à connards -si les gros mots sont interdits, ceci sera édité- mais n’en conçoit aucune amertume car il est visiblement dans la nature des gens de s’en prendre en groupe aux individus isolés (besoin de se sentir coul ? privé de goûter ?? votre opinion m’intéresse :call: ).

Dès le CP je me suis fait chier en classe : l’école, le collège, le lycée, une torture pendant les cours, d’abord à rêvasser en regardant par la fenêtre puis, ayant avec l’âge façonné mon art par une pratique constante, je suis parvenu à maîtriser la technique de l’état semi-comateux, une technique très rare mais peut-être pas inconnue ici, et permettant de faire illusion de façon redoutable (position statique, regard fixe, bras croisés, une splendeur dont je suis très fier).

Je suis arrivé en fin de 6e avec d’assez bonnes notes puis quelque chose s’est transformé à la maison et s’est mis à casser des plats partout et tout le temps en criant. Alors j'ai arrêté de bosser le soir tout compte fait, parce que dans un tel vacarme comment voulez-vous vous concentrer nom d'une pipe.

Ensuite, j’ai redoublé ma 5e et on m’a emmené chez la psy (et je dois dire que je n’ai pas boudé mon plaisir en la regardant psychanalyser qui de droit, assis à ma droite).

Une dame très sympa, avec qui il était plaisant de discuter, même pendant le test (j’ai la concentration d’une huître anesthésiée).

Elle m’a demandé si je pensais être surdoué et je lui et répondu que si "on" pensait ça c'était à cause d'un test passé par ses soins dans magazine télé, mais que je pensais l’être moi aussi.
Les tests sont arrivés rapidement, j’en ai un très bon souvenir.
Préconisation : saut de deux classes ou école pour petits surdoués (hélas non suivie d’effet, une dépense inutile en somme).

J’ai continué à glander en cours, évité la 1ère S avec une facilité déconcertante et obtenu mon bac L sans le moindre effort (en fac de droit ça n'a pas été la même, surdoué ou pas, ça s'est passé dans la douleur et la procrastination, malgré quelques 17/18 après un effort mal dosé).

Qu’est-ce que ça a changé pour moi d’être diag+ à 13 ans ?
Pas mal d’hostilité, parce que je n’ai pas pu tenir ma langue et le répétai trop souvent.
Mais ça m’a bien fait plaisir aussi :)
Un regret: je ne connais pas les conclusions écrites et ne fréquente plus la personne à qui elles ont été remises.

Edit: et pour répondre a une question posée sur ce topic, je ne suis pas fâché avec la douance, mon côté qui fait "wiiiiiz" me fait très plaisir, il m'est d'autant plus utile que je suis un couillon de 1ère :emo:
Qu'est-ce qu'un poussin? o_0

Emeishan
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Re: Ceux qui ont été testés enfants

Message par Emeishan »

Bonjour à tous,

Moi je me souviens seulement d'une gentille dame en maternelle qui m'avait posé des questions, m'avait fait lire, et puis surtout que, comme le livre en question était une histoire de dauphins, je n'avais pas voulu repartir sans l'avoir fini, et qu'elle me l'avait prêté :)

(mes parents n'en ont pas d'autre souvenir que "c'était bon, tu allais sauter une classe" comme prévu. Pour eux, pas de surprise, ils sont pareil de toute façon. Et moi je me suis pris une grosse claque il y a quelques mois, à 31 ans, en comprenant ce que ça voulait dire...)

Jimmy
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Re: Vous dont les enfants ont été testés: comment l'ont-ils vécu

Message par Jimmy »

Bon allez, je déterre le sujet...
Je vais vous donner mon ressenti sur ces tests, mais c'était il y a longtemps, il est donc évident que je ne me rappelle pas de tout mais seulement de ce qui m'a marqué.
Contexte: j'ai 7 ans, je suis en début de CE2 et j'ai déjà sauté une classe. Mes parents et professeurs trouvent que je m'ennuie, se posent la question d'un second saut de classe et décident d'aller voir une psy pour passer le wisc.
Il y a un premier rendez-vous ou la psychologue pose des questions en particulier à mes parents pour avoir une vue d'ensemble sur moi, mon entourage. Mes parents racontent des situations de certains proches à la psy dont je n'avais pas conscience.
Deuxième rendez-vous: le test à proprement parler. J'ai été très enthousiaste pour le verbal, heureux de faire part de mon vocabulaire, j'ai bien aimé les questions de raisonnement, les vivant comme un défi. La mémoire, c'était amusant mais je m'embrouillait à la fin (je me rappelle bien des séries de chiffre à l'envers) la vitesse, je l'ai foiré car cela ne présentait aucun intérêt pour moi et faire des choix rapidement a toujours été compliqué pour moi. Bref je me donnais globalement à fond et est beaucoup aimé ca, d'essayer de dépasser mes limites. Il faut savoir que je n'avais aucune idée de pourquoi j'étais là (ou alors je ne m'en rappelle plus, mais ca n'avais pas d'importance pour moi) je voulais juste faire bien.
Je ne me rappelle quasiment pas de la restitution seulement la psychologue qui conseillait à mes parents de m'inscrire en sport co ( chose qui n'a jamais été faite).
Bref j'ai très bien vécu le test mais n'ai pas vu de différence dans ma vie entre avant et après le test. L'on a pas du me dire les résultats ou je les ai oubliés et ai découvert que j'étais hp longtemps apres. Voili voilou :)

edit : message déplacé par Napi.

Carcharodontosaurus
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par Carcharodontosaurus »

Bonjour à tous,

Je viens apporter ma modeste contribution à ce sujet. Je souhaiterai illustrer qu'avoir un diagnostic enfant ne sauve pas forcément des difficultés scolaires.

Petit j'étais absolument absorbé par les légo. Monter toutes les choses possibles sans jamais utiliser la notice (pourquoi faire ?). J'ai passé des centaines voir des milliers d'heure seul dans mes légos, à ne me préoccuper d'absolument rien d'autre. Ca et mon imagination me suffisait. Puis, se furent les dinosaures.

Dès les premiers jours à l'école ça a été un enfer pour moi. Pleurs continu, refus d'y aller, d'y rester, de me plier aux consignes. Aucun interet pour ce que l'on faisait, mon imaginaire et mes légo étaient bien plus sympas. Enseignante débile qui m'a instanément mis à l'écart et a augmenté ma colére dès la maternelle. Dysgraphie claire et handicapante, aucun interet pour les enseignements. Début d'échec.

Ensuite, à l'arrivée au primaire, ma mère nous fait passer,à ma grande soeur, très isolée socialement, d'un an et demi plus agée que moi, et moi même les tests WISC. Le miens est détruit par mon score graphique. Celui de ma soeur brillant. Résultats, elle saute le CE1. Pas de saut de classe pour moi car le code catastrophique pénalise trop. La psy subodore pourtant un surdon pour moi également, les résultats étant extrement hétérogènes. Refus du diagnostic pour ma part.

Première grosse frustration je dois "apprendre à bien écrire". Pourtant tout le reste me paraissais si simple ... E Conséquence : Perte totale d'interet dans l'école, aucun progrès. J'écris toujours comme un enfant de CP d'ailleurs. Ma main ne suit pas mes pensées, impossible de synchroniser l'ensemble même après 21 ans d'efforts. Résultats dans la norme ou échec scolaire, aucune implication. Grosse perte de confiance en moi car malgré mes efforts impossible d'améliorer mon graphisme, coeur de l'enseignement à ce niveau.

Changement d'école, ma grande soeur est dirigée dans la classe enfant précoce de l'établissement. Je n'y ai pas le droit en vertu du retard accumulé, des résultats et des appréciations très moyennes. Je n'avais jamais cru au test, ne m'en étais jamais soucié. Je continue donc sur ma lancée du classique "je suis con et l'éducation nationale est un déchet". Stigmatisation, harcélement, baston, refus de travailler, de suivre, mauvaise volontée, insolence, désorganisation, mauvaise capacité sportive ... Bref, un parcours au collège absolument infame et solitaire, comme beaucoup ici j'imagine. Refuge dans les jeux vidéos qui m'offraient un imaginaire à moi. Abandon de toute recherche autodidacte intellectuelle.

Redoublement et invitation à quitter l'établissement, merci, en 4ème. Je fais le choix de changer de personnalité pour être mieux intégré dans le prochain collège. J'en porte encore les stimates et me suis perdu dans le processus (destruction de l'émotionnel voir également du potentiel). Mais ça marche "un peu" et réussi à être laissé en paix. Même si j'étais toujours le gars "akward", et que je n'étais tjrs absolument pas adapté à mes chers camarades.

En seconde, l'echec scolaire continue, décision de repasser un test (qui je le voulais allait me montrer débile et justifier mon échec). Résultats "très bon", surdoué. Shit. Moi qui mettait tellement d'energie à contredire ma mère en disant que c'était impossible, vu ma médocrité et mon incapacité à me concentrer, à m'organiser et à écrire. Conclusion de cette brillante psy "Vous deviez être particulièrement en forme ce jour la" "vous pouvez faire ce que vous voulez de votre vie". Fin de prise en charge.

Et me voilà seul devant le fait accompli: c'est ma propre médiocrité et pas l'absence de potentiel qui créait mon échec. Bonne idée de mettre ca dans la tête d'un ado hypersensible de 16 ans détruit par l'éducation nationale, tiens. Culpabilité quand tu nous tiens...

J'ai fini en internat à fumer des pets. Ce qui m'a pas empêché d'avoir mon bac et de devenir tant bien que mal biologiste. Sans jamais réelement sortir du lot par mes résultats, sauf exception avec un prof particulièrement à mon gout qui me permette d'apprécier un peu la matière. Asynchronie persistente et très forte.

Et solitude à toutes les étapes de ma vie. Et surtout en société, plus la quantité de personne augmente plus je/nous sommes seuls.

Jamais je n'ai pu, dans mon parcours, et ce malgré le diagnostic jeune puis le second une fois ado, voir la douance ou utiliser la douance comme un avantage. Ca n'a jamais été qu'un fardeau à mes yeux, quand j'ai du reconnaitre le fait accompli. C'était plus facile de penser que la première psy s'était plantée et que j'étais bête. Je suis particulièrement admiratif de ceux d'entre vous qui ont réussi à survivre au primaire/collège/lycée.


La douance m'a été imposée petit, je l'ai refusée car je vivais très mal scolairement et socialement. Je me posais déjà la question: " en quoi suis-je surdoué si je ne suis même pas capable de faire la base, c'est à dire écrire, dessiner, colorier sans dépasser partout. Même mes séances de psychomotricienne n'avait rien changé. J'ai abandonné mes rêves et mes passions pour essayer de me conformer aux autres et à la société

Je ne saurai vraiment conclure de mon maigre vécu des recommandations de prise en charge de THQI (mon cas, d'aprés les tests du moins) ou HQI (pour autant que cela change réelement quelque chose). Mais je suis couvert de cicatrices de part mon parcours scolaire, et j'en retire une haine anti-système, voir anti humanité très forte. J'ai une amie THQi, on rêve d'une bonne pandémie. Et ça ne risque pas de s'arranger quand je vois notre société foncer dans le mur climatique au nom du pognon (raccourci mais on va pas en parler ici et je vais éviter de pourrir d'avantage l'ambiance).

J'ai lu TIPEH de JSF au début de mes années de fac, à part me faire chialer et me rendre toujours plus fataliste je dois avouer que ça ne m'a pas vraiment avancé.

Bref, que l'on m'ait découvert surdoué jeune ne pas exempté d'un parcours difficile, affreux émotionnelement et socialement, et de devenir à 26 ans un je sais tout aigri, procrastinateur et j'en passe. Même si aujourd'hui, grace à la pleine conscience, j'ai pu trouver une relative paix avec moi-même, la haine de l'autre ne me quittera probablement jamais. Autant dire que le stade 5 de la désintégration positive et son sacro-saint altruisme, non merci !

J'écris ce message au boulot, un peu trop rapidement, avec surement des fautes et nécessairement beaucoup d'omissions. J'espère que vous me pardonnerez ce résumé baclé.

Invité

Re: du temps des premiers murmures...

Message par Invité »

Hors-sujet
Euh.... résumé bâclé ? Pour ma part, je ne trouve pas.

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Miss souris
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par Miss souris »

Pas bâclé. Et très clair. Ca a pas dû être une partie de plaisir. Je compatis.

Carcharodontosaurus
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par Carcharodontosaurus »

J'ai encore cassé l'ambiance ^^"

Plus sérieusement, je trouve le résumé baclé car il en ressort beaucoup de noirceur et que j'ai arrêté mon récit en gros à la fac. J'ai malgré tout réussi à "réussir ma vie" aux yeux de la société. Et je ne vais plus si mal. Mais oui, ma scolarité a juste été un enfer. Paradoxalement mon plus gros trauma n'est pas lié aux diverses péripéties (euphémisme) que j'ai pu y vivre mais au jour ou j'ai compris que je ne serai jamais compris.

En 6ème, on nous à demandé ce que l'on voulait faire plus tard. Moi, le gentil cancre, j'ai répondu "Paléontologue". Personne ne m'a compris, la prof s'est marrée, humilitation mais aussi prise de conscience. De quoi je ne le savais pas vraiment à l'époque. Ce qui est dommage c'est que ça m'a poussé à lacher cette vieille passion. D'ou mon pseudo imprononcable pour une private "joke" avec moi-même lol.

Je me suis aussi bcp construit en opposition à ma grande soeur qui était très seule, sauf pendant ses années en classe précoce. Ce que je ne voulais pas être. Ce qui est surement dommage car cela a stéréotypé certains choix.

Je souhaite simplement alerter sur le fait que poser le diagnostic ne suffit pas, et que dans le cas d'un trouble dys qui pourrirait l'expression du potentiel la scolarité peut vite partir en vrille. Quand le corps ne suit pas l'esprit ^^"

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Fu
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par Fu »

Ne t'inquiète pas pour l'ambiance, c'est important d'avoir ce genre de témoignage, parce qu'on a parfois tendance à se moquer du raccourci « les surdoués sont malheureux » (ou l'ont été) et ça peut nous faire oublier que ça reste une réalité pour certains.

Est-ce trop tard pour devenir paléontologue ? Je ne pense pas. :) Et aux chiottes les profs qui ridiculisent les élèves, j'en ai connu un ou deux comme ça qui ne supportaient pas qu'un élève qu'ils n'appréciaient pas fassent montre de culture.

enufsed
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par enufsed »

[mention]Carcharodontosaurus[/mention] Ton aigreur vis-à-vis de l'éducation nationale ne doit pas être l'arbre qui te cache la forêt, il y a, j'en connais des âmes d'enseignants qui elles-mêmes errent dans un désert d'élèves produits en série accrochés à leur instagram. L'éducnat doit éduquer des millions de mômes dans le cadre fixé par une politique en vue de produire une forme de cohérence nationale, la place autorisée à nourrir les différences est faible et surtout ce n'est pas forcément l'objectif de départ. Bref, moyens, formation, motivation (qui va avec les moyens et des salaires en bernes), etc. Enfin bon je pense que tu en as conscience, le truc formidable qui aurait dû se produire ne s'est pas produit, mais ça veut pas dire qu'il ne peut pas/jamais se produire. J'en discutais il y a peu, même à la fac, face à des enseignants qui a priori ont du lourd dans le citron, tu balances ton meilleur coup en espérant un retour à la Djokovic et paf tu vois le prof tourner les talons et ranger sa raquette dans la housse, t'as juste envie de crier "mais bordel je crois être je veux être je suis un de ces élèves que tous les jours depuis trente ans tu cherches à tirer vers le haut et je te demande là ici maintenant de me botter le cul pour me faire décoller et toi tu te barres, mais reviens, me laisse pas comme une tranche de pain de mie dessechée !". La question est de savoir si, comme dans une cristallisation amoureuse, on ne leur prête pas des qualités et intentions qu'ils n'ont pas.

La dysgraphie plus ou moins accentuée est assez typique, une très bonne amie ortho m'a expliqué cela, chez moi le trait s'accentue avec l'âge par perte d'habitude de l'écriture mais surtout parce que la pensée est là, constituée, et la coucher par écrit m'ennuie, donc je fais souvent trois lettres suivies de vagues.
Je pense que tu devrais garder un peu de désillusion en réserve car tu en auras besoin pour les années à suivre, crame pas tout maintenant. Mon parcours n'a pas eu le chaos du tien par capacité plus grande à m'intégrer (me fondre) mais j'ai toujours été parmi mes amis le cas limite (celui qui partait en forêt bourré en parlant une langue inconnue...).

@toutlemonde : Cette dernière anecdote m'offre une transition pour revenir au sujet, à savoir que je n'ai eu pour ma part aucun premier murmure puisque c'est une psy qui m'a soufflé l'idée à l'oreille (et j'ai d'ailleurs mis du temps à mettre de la viande autour de ce nonosse, l'idée pas la psy). Et je me demande en quelle mesure ce que je lis ici n'est pas une lecture retrospective des événements à l'aune d'un questionnement ou diagnostic, ce qui est mon cas pour pas mal de choses tout en ayant conscience qu'une telle relecture sera toujours opérante, on peut faire dire à peu près ce qu'on veut au passé et je me méfie du côté "le HQI lave plus blanc".
Je n'ai aucun souvenir de mes capacités de lecture, de l'âge auquel j'ai appris à lire, je me souviens, mais comme 100% des personnes que je connais, bien mieux des paroles d'une bouse des années 80 que j'exècre que des poèmes que j'ai pourtant essayé d'apprendre par coeur. J'étais un gamin curieux, chose que je croyais partager avec tous les enfants, j'étais doué avec les mots, chose que je savais ne pas être partagée par tous les enfants. Je me souviens avoir soigneusement ignoré les signaux positifs de ma prof de philo en terminale convaincu que j'étais d'être un ado lambda et plus préoccupé par le traitement de mon acné que par les choses de l'esprit. Même à la fac, j'ai ignoré les signaux (très) positifs de mes profs et mon statut de premier de promo, estimant que c'était l'effet d'une roublardise de ma part et de la nullité avérée du monde étudiant. Mon échec au capes/agrèg fut d'ailleurs une confirmation de cette nullité, obtenant ainsi la preuve que seuls les élèves issus des prépas et de l'ENS méritaient de vivre, de s'exprimer, d'écrire, etc. Puis professionnellement j'ai continué à ignorer les signaux positifs des clients, collègues, etc. estimant que je n'avais qu'une part modeste dans ma réussite et qu'après tout (pour l'apiculture) c'était les abeilles et la météo qui faisaient le boulot.
Une psy passant par là pour panser les plaies d'une blessure narcissique, amoureuse et quand même un peu originelle, m'a incité à envisager l'affaire du QI (je me souviens de mon ancienne compagne me montrant un livre sur les surdoués à une époque où elle avait un gros coup de moins bien, et moi regardant stupéfait la chose comme j'aurais lu un manifeste pour les amateurs de danse country, c'est-à-dire une chose qui ne pouvait pas me concerner, ni elle d'ailleurs, parce que je le rappelle un surdoué c'était quelqu'un qui sortait de la rue d'Ulm, évidemment).
La seule manifestation chez moi et chez les autres de ce qu'on appelle (désormais) mon intelligence, c'était ce qu'à l'époque je/eux appelions ma prétention, ma pédanterie, mon caractère emmerdeur, querelleur, contradictoire, bref ma chianterie chiantissime dont la vie finirait par révéler la vacuité et me mettre devant cette évidence que j'étais un looser pathétique. Ceci dit l'hypothèse d'être un tel looser prétentieux chiant et pathétique subsiste mais je regarde aujourd'hui ce personnage avec un peu plus d'indulgence (mais on finit par apprécier même les verrues d'une personne avec qui on vit depuis toujours, je suis sûr qu'on peut même trouver qu'une moustache c'est pas si laid).
Tout ça pour dire que ce fil et celui-ci me passionnent au plus haut point parce qu'il évoque des ressentis que je n'ai jamais eu : l'idée même d'envisager une seconde par moi-même la possibilité d'être surdoué. Je trouve que c'est au moins une des forces de la médiatisation de cette thématique que de donner la possibilité à des personnes de se poser spontanément la question et de trouver seules le chemin vers ce forum ou d'autres et in fine de passer le test. Donc c'est chouette d'avoir la lucidité et le courage de suivre le petit filet d'eau du murmure et c'est chouette aussi (en ce qui me concerne) d'avoir croisé une psy qui a eu le courage et la lucidité (courage parce qu'elle engageait un peu son flair) de me le crier bien fort dans les cages à miel.
Et ce serait chouette, pour reprendre le début du post, de croiser un ou une enseignante qui lirait cette attente pour ce qu'elle est, un désir violent de s'élever (et pas de se coucher, quoique c'est à moduler en fonction de l'enseignante), qui peut être effrayant tant l'attente dans mon cas est grande. Je crois qu'on se soigne difficilement des rêves d'un Robin Williams chantant Whitman "ô capitaine mon capitaine", ça fait quand même partie d'un imaginaire bien puissant. Mais peut-être, une fois le diag+ posé, est-ce à nous de devenir ceux qui tirent les autres vers le haut...pas facile d'accepter une telle responsabilité et reste à savoir si on est à la hauteur ;)

Carcharodontosaurus
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Re: du temps des premiers murmures...

Message par Carcharodontosaurus »

Après quand on a connu un suicide émotionnel les notions de heureux ou malheureux ne parlent plus trop. J'ai fini par tout intellectualiser, rationnaliser et faire appel uniquement à ma logique pour toutes les situations. Ca a d'ailleurs pénalisé ma pensée conceptuelle, du moins à l'époque, d'après le WISC que j'ai passé à 16 ans car je me refugie (ou me réfugiais) dans une pensée opératoire stricte pour court-circuiter l'émotionnel.

Du coup j'ai plus trop de notion de blanc, noir. Bien, pas bien. Amour ou haine. J'avoue que pour moi, sauf impulsion révélatrice, tout a fini par devenir gris. Je ne suis pas malheureux, je pense avoir même de la chance, mais je ne suis pas heureux non plus.

Je pense qu'une aide qui est sous estimée (ou pas, je n'ai pas fais une lecture exhaustive du forum) est le sport. Sous une forme extrêment intense. Quand j'ai abandonné le judo ou autre tennis pour de la force athlétique et de l'haltérophilie, j'ai commencé à réussir à m'endormir en 5min le soir. La ou il fallait 2H mini avant. Tellement d'auto prise de tête en moins...

Ca a aussi pas mal calmé mes inputs nerveux, ca fait une fatigue du SNC différente d'une fatigue musculaire. Je suis plus calme. Ca n'a pas changé les intéractions, mais c'est devenu un exutoire indispensable pour mon bien-être (ou mon être) et pour calmer mon esprit. J'ai même repris (un peu) confiance en moi et recommence à aimer apprendre.

Quant à devenir Paléontologue maintenant .. Mouais, reprise d'étude alors que j'ai monté pas mal de projet perso serait un peu un suicide. J'ai hésité à la fac mais je suis parti en recherche clinique pour pouvoir quitter le domicile familial vite. Quitte à me reconvertir j'aimerai plus de sens à ce que je fais. Etape par etape :)

EDIT pour Enufsed. Post synchro.

J'essaie bien sur de relativiser. Je sais que certains profs ne sont pas si mal. Je pense simplement avoir manqué de chance, la preuve est bien entendu les parcours brillants d'autres rayés. Je pense que le trouble dys a peut être sabordé la chance que j'aurai pu avoir d'être mis en classe précoce. J'ai même majoré des matières à la fac. J'appréciais simplement le prof... Pourtant je ne ressentais pas de différence dans mon approche.

Je pense en effet qu'on attend beaucoup trop des enseignants. Du moins c'était mon cas. 100% confiance si le feeling était bon, mais le moindre faux pas était perçu comme un énorme trahison et bloquait totalement. Je reprenais ma place de cancre.

Sinon je me retrouve pas mal sur le fait de ne pas envisager soi-même d'être HP dans ton texte, ainsi que sur ton vécu sur ta performance/ton potentiel. Pour moi c'était ma grande soeur la surdouée, je n'étais pas concerné, elle était si "différente". Je l'ai nié en bloc pendant une bonne partie de mon developpement après tout. Pour moi c'était forcément une erreur.

J'ai appris à encaisser, les désillusions je connais ! Pour moi c'est de toute façon de la grisaille en plus. Même si parfois je m'enerve et je gueule. Devant la connerie humaine et le manque d'exigence généralement. Mais bon, étant moi même un chieur pointilleux procrastinateur, je m'abstiens de donner des leçons !

Heureusement que nous bossons sur pc pour la dysgraphie sinon ... Ca me sauve, je ne réussi même pas à me relire la plupart du temps.

Double edit: Je ne sais pas si je suis soulagé de livrer ce vécu ou honteux de parler de moi car je deteste utiliser "je". Marrant, je sais même pas quoi ressentir à part avoir l'impression d'être égocentrique en me livrant. Même en étant factuel.

Je crois que je bosse pas assez, ça mouline trop :D

gaiflo
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Re: Ceux qui ont été testés enfants

Message par gaiflo »

Bonjour,

Je viens aussi apporter ma contribution à cette discussion 🙂
Pour ma part, j’ai été testée et diagnostiquée THQI vers l’âge de 8 ans. Mes crises régulières à la maison et mes « blocage de neurone » mais aussi mon comportement à l’école avaient poussé mes parents à m’envoyer voir un psy. Pour ma part ça n’a pas changé grand chose, je savais juste que j’avais « une boîte à outils bien remplie mais qu’il fallait que j’apprenne à m’en servir sinon ils allaient rouiller ». La psy a donc conseillé de me faire passer en CM1 sans finir le CE2 mais la maîtresse a refusé parce que j'écrivais trop lentement.
Ce test n’a donc rien changé à ma vie et je peux qualifier mon enfance ainsi que mon adolescence de heureuses. C’est sur j’avais ( et j’ai toujours) l’impression de pas être bien comprise et sans être harcelée d’autres personnes faisait tout pour m’éviter. Mais j’ai toujours eut quelques amis ce qui était suffisant pour moi.
D’un point de vue scolaire, bah je n’ai pas utilisé ma boîte à outils 🙈
Je donc toujours été une élève dans la moyenne sans jamais forcer. C’est vraiment dur pour moi de me forcer à travailler lorsque je suis pas hyper intéressée par un sujet...
J’ai fait de bonnes études sans être brillantes et je viens maintenant de commencer ma vie professionnelle. Et je m’ennuie 😆 C’est en lisant pas mal de chose sur internet que je suis tombée sur un article sur les enfants surdoués puis en approfondissant le sujet que j’ai découvert que les adultes étaient aussi concernés et que surtout ce n’était pas juste un nombre mais une manière différente de penser .
15 ans après le diagnostique je viens seulement de savoir ce que cela implique ^^
"Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises", HP

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