
Suite aux tristes évènements qui ont accablé la France, la question du refus de l'amalgame entre la violence inhérente à l'extrémisme religieux et l'Islam est plus que jamais soulevée, parmi les politiques, les médias, et d'une manière plus générale au sein d'une très grande partie de la population musulmane.
J'ai cherché s'il existait déjà le même sujet mais je n'ai pas trouvé, donc je me suis permise de le poster.
Je souhaiterais aujourd'hui connaître votre point de vue vis-à-vis de cette question. Je comprends tout à fait qu'il faille éviter des amalgames faciles et gratuits, voire des confusions outrancières qui s'étendent à la simple appartenance ethnique ou la couleur de peau.
Cela dit, je pense qu'on a du mal à distinguer ce qui est gratuit de ce qui peut être légitime. Je m'explique: on se place énormément aujourd'hui du point de vue de ceux qui subissent ces amalgames, autrement dit de ceux qui veulent tout simplement pratiquer leur culte dans la paix, mais très peu du côté de ceux qui en viennent à faire ces amalgames. J'ai le sentiment qu'il nous est interdit d'y penser, et qu'on confond là aussi raccourci facile et grossier, et raisonnement légitime et mesuré.
Personnellement, je pense qu'il n'est pas insensé ou condamnable d'éprouver de la peur, de la colère, voire de s'interroger, dans la mesure où une grande partie des Français ne connaissent pas l'Islam, dans la mesure où un grand nombre de messages revendiquant le terrorisme a été recensé, dans la mesure où des musulmans ont pu s'amuser du drâme, dans la mesure où le risque zéro n'existe pas. On s'attarde sur la crainte plus que compréhensible du musulman lambda d'être associé à cela, mais non sur la crainte du non musulman, qui me parait pourtant légitime dans la mesure où elle n'est pas une brèche où se logent de la haine gratuite et toute sorte de raccourcis hors-sujet et injurieux. Je pense personnellement qu'il faut bien entendu pouvoir dissocier l'Islam paisible et extrémisme islamique, mais je pense qu'il y a entre les deux un tronc commun qui est le vecteur des amalgames. Parmi ce tronc commun figurent selon moi les signes religieux très ostentatoires qui posent fortement débat dans la société, et qu'on retrouve aussi bien chez les musulmans que chez les extrémistes. Figure aussi selon moi le fanatisme religieux à proprement parler, même s'il ne conduit pas forcément à la violence ni à la revendication d'actes terroristes, le fanatisme religieux impliquant d'immenses restrictions dans le mode de vie au profit d'habitudes strictes et cadrées, dirigeant l'existence de l'individu, et qu'on peut retrouver aussi bien chez les musulmans que chez les extrémistes. Figure aussi selon moi le sentiment de haine gratuite, pouvant toucher potentiellement tout type de personnes, indépendamment de la couleur de peau et de la religion. Il suffit selon moi de constater qu'il existe (comme chez tout le monde) des musulmans qui se sont servis de la tragédie pour répandre un sentiment de haine, pour en venir à l'amalgame.
Ces vecteurs posent selon moi légitimement la question de l'amalgame, sans pour autant je crois être dans l'insulte ou l'incitation à la haine, mais qui s'intègrent à mon sens dans un raisonnement qui mérite d'être pris en compte.
Je peux comprendre les deux points de vue, mais je trouve, encore et toujours, que la bien-pensance des médias et des politiques ne mettent en avant qu'une seule des deux positions. Cela revient en quelque sorte à revendiquer la légitimité des sentiments d'une population et de nier ceux d'une autre, ce qui me semble peu équitable, et qui plus est au profit d'une unité illusoire. Oui, on nous montre à mon sens une France faussement unie, où tout le monde chante main dans la main, mais soyons réalistes, un climat de tensions a toujours existé et j'ai plus que jamais le sentiment que les derniers évènements ont crée un gouffre, ne serait-ce que quand on lit ici et là, sur les réseaux sociaux par exemple, des discours aussi bien de musulmans que de non musulmans, ou même qu'on en discute simplement entre amis ou avec l'entourage. Sincèrement, il est bien plus question de jugements outranciers de toute part, voire de haine, rejetée en permanence sur l'autre, que de soit-disant unité et fraternité, même si bien entendu certaines personnes s'expriment en ce sens.
D'une manière générale, je pense que les raccourcis sont souvent le fonctionnement de base du raisonnement, laissant peu la place à la nuance. On veut que les gens aient un minimum de flexibilité mentale pour ne pas créer d'amalgames, mais on peut tout autant manquer de cette flexibilité dans d'autres circonstances, alors qu'elle serait tout autant de rigueur. Je pense que ce qui crée des clivages dans la population, outre le raccourci précipité dans le raisonnement, est aussi ce genre de revendication de la légitimité du point de vue à géométrie variable.
Je pense que le sujet est très vaste mais voilà pour moi. C'est évidemment un avis parmi tant d'autres mais je serais curieuse de connaître votre position vis-à-vis de la question.
Très bonne journée à vous !