Nucléaire, mon ami ?

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Xav'
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Nucléaire, mon ami ?

Message par Xav' »

Je vais commencer par bien préciser que le but de ce sujet est de donner une vision d'ensemble (et encore non-exhaustive) de ce que représente le nucléaire, du début à la fin de la chaîne. Un "résumé" pour ceux qui n'auraient pas eu l'opportunité de se renseigner. Il n'est pas de donner une version précise de chaque "étape", libre à tous de préciser/corriger les points qui vous semblent importants.

NB : afin qu'ils ne soient pas "discutables", les chiffres que je vais exposer sont ceux du CEA, d'EDF, du ministère de l'industrie, d'universités, cour des comptes ou d'Areva. Les articles sont pris sur des médias dit "institutionnels", mais il faut bien prendre conscience qu'EDF dépense plus de 118 millions d'euros en publicité (40% dans la presse écrite) et supporte assez mal qu'un périodique vendant du temps de cerveau disponible puisse dans le même temps être critique envers la politique d'EDF, voir comment le journal La Tribune a été sanctionné.


L'histoire de la fission nucléaire commence, début 1939, par une indiscrétion de Bohr (celui de la physique quantique) après que Lise Meitner et Otto Frisch lui aient parlé de cette théorie. Fin 1939, les publications fleurissaient un peu partout (merci WIKI).

Principe :

Voyons ici le cycle tel qu'il est présenté.

Extraction : d'où vient l'uranium fissionné en France ? A 50% du Niger, ensuite du Canada ou du Kazakhstan, d'Australie, Gabon et prochainement du Mali où la récente expédition militaire française a permis de sécuriser à la fois le nord du Niger et ses mines (voir Le Point.fr, Mediapart ou L'express) ainsi que sécuriser les nouvelles telles Imouraren au Niger ou Faléa au Mali.
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Enrichissement : l'enrichissement de l'uranium civil pour la France ainsi que des pays importateurs se déroule au Tricastin.
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Fabrication des barres de "combustible" : le terme plus juste serait "matière fissile", puisque pas de combustion.
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Réaction : Les barres de contrôle sont placées dans des grandes piscines, l'eau étant le seul "milieu" dans lequel nous sommes capables de gérer la fission, cela en gérant la température (306°Celsius dans un réacteur à eau pressurisée , l'eau maintenue à 155 bars pour ne pas bouillir). L'eau est aussi le "caloporteur", le vecteur avec lequel nous récupérons la chaleur produite par la fission pour en faire de l'électricité.
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Services : la France est le 8ème producteur d'électricité, avec 550 TW (térawatts (téra=10 puissance 12)), premier exportateur européen avec 47 TW, même si ce n'est pas si simple puisqu'elle achète de l’électricité à certains moments pour en vendre à d'autres. En France, 60% pour le secteur résidentiel/tertiaire, 30% pour l'industrie, ce qui reste pour les transports, la sidérurgie et l'agriculture (voir ici).

Traitement du "combustible" usé : les produits de fission, ce qui reste une fois l'uranium complètement "déchargé".
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Les barres de contrôle sont placées dans des piscines de "refroidissement" où elles vont passer de 2 à 7 ans (selon radioactivité) et dans lesquelles on va gentiment laisser les neutrons se calmer. Les déchets seront ensuite vitrifiés et... je vais y revenir plus loin.

Recyclage : certains réacteurs sont conçus pour fonctionner avec du MOX, 20 en France.
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L'histoire (courte) du nucléaire en France :

C'est en 1942 à Chicago que la première pile atomique (premier réacteur) a été mis en service, dans le cadre du projet Manhattan. La première centrale civile en 1954 aux USA (comme le premier sous-marin nucléaire), 1958 en URSS. Le premier réacteur français était militaire, la centrale de Marcoule en 1956, le premier réacteur civil français est mis en service en 1963, centrale de Chinon. Le général de Gaulle a été un des moteurs de cette nucléarisation de la France, la priorité était de construire une bombe atomique afin de garantir la sécurité du pays dans "l’équilibre de la terreur" de la guerre froide et pouvoir peser dans la géopolitique mondiale très mouvementée du moment. Le nucléaire civil a été développé ensuite afin de garantir l'indépendance énergétique de la France.

Valant mieux qu'un long discours, voilà l'évolution de la production nucléaire en France.
De 1966 à 1971, six réacteurs EDF sont mis en service, assurant 5% de la production. Le choc pétrolier du début des années 70 va encore accélérer le mouvement. Divers systèmes seront utilisés, en tout, 70 réacteurs civils seront construits, il y en a 58 encore en fonctionnement sur ces 70 (à savoir qu'aucun réacteur n'a pour l'instant été complètement démantelé, mais on y revient plus tard), assurant 75 à 80% de la production électrique française (petit graphique des constructions ici).
Quelques dates du nucléaire .

Utilisation militaire :

Le CEA est créé en octobre 1945, 2 mois après Hiroshima, par le général de Gaulle sous l'impulsion de Raoul Dautry. La première "pile" française, "Zoé", voit le jour en 1948. Le contexte politique français de l'après-guerre étant très tumultueux, les gouvernements se succédant rapidement, ce n'est qu'au retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958 que fût réellement prise la décision de fabriquer l'arme nucléaire. Le premier essai de bombe A (atomique) eut lieu 13 février 1960 en Algérie, 70 kilotonnes (kt (Hiroshima=15/20kt)), le premier essai de bombe H (thermonucléaire) le 24 août 1968 à Mururoa, 2,6 mégatonnes (Mt). L'armée nous le relate plus en détail.

Outre divers "vecteurs" de lancement, balistiques, avions, missiles embarqués sur porte-avions ou autres bateaux, la France dispose de 4 sous-marins à propulsion nucléaire lanceurs d'engins (SNLE). Ceux-ci ont une importance cruciale dans la force de dissuasion car ne pouvant être localisés (en principe), les silos de lancement étant précisément cartographiés grâce aux satellites (une petite infographie des "forces").
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Une autre grande utilisation militaire de la filière nucléaire est de se servir de l'U238, l'uranium appauvri par une fission (voir plus haut), comme pointes de munitions. L'uranium étant un métal très dur, il est capable de percer les blindages des tanks et donc présent dans quasiment toutes les munitions des armées "modernes". Il y a beaucoup de choses qui sont sorties quant à la nocivité de ces munitions, de soldats revenus d'Irak, principalement, mais rien n'a été reconnu officiellement, donc je ne vais pas trop en parler.

Connaissez vous la véritable histoire de Robin des Bois ?

Oui, jusque là, tout ce que j'ai dit relève plutôt de la rubrique "Sciences" que de celle "Débats de société".

Un autre terme important: "demie-vie". "La demi-vie est le temps mis par une substance (molécule, médicament ou autres) pour perdre la moitié de son activité pharmacologique ou physiologique." (WIKI)
Concrètement, en ce qui concerne la radioactivité, on parle de demi-vie lorsque l'isotope a perdu la moitié de sa dangerosité, mais cette perte est négativement exponentielle. par exemple, le plutonium a une demi-vie estimée à 24000 ans, mais après 24000 ans de plus, la perte de radioactivité sera de la moitié de cette moitié, donc 1/4, il faudra donc 72000 ans pour que le plutonium n'affiche plus qu'un huitième de sa radioactivité initiale, etc...
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Tous ces éléments sont bien sûr soit mortels, soit hautement cancérigènes. Bien comprendre aussi que je simplifie à l'extrême, si vous regardez bien, les isotopes sont en perpétuelles mutations, l'un devenant l'autre avec un autre "numéro" et ainsi de suite...

Prenons spécifiquement deux isotopes, l'un parce qu'il est sans doute un des plus dangereux, l'autre car c'est celui que nous avons en plus grande quantité.
Plutonium, 24 000 ans.
Uranium, trois isotopes "naturels", l'U238, 4,5 milliards d'années, U235, 700 millions d'années, l'U234 est dans l'U238, trois isotopes "artificiels", l'U236, 23 millions d'années, l'U233, 159 000 ans, l'U232, 23 millions d'années.

Quelles quantités de déchets ?

L'ANDRA nous montre que le stock de déchets atteint 1,3 km cube, plus de deux pyramides de Khéops, nous devrions en remplir une autre d'ici 2020, nous devrions en avoir rempli 5 en 2030. Ceux-ci sont répartis sur plus de 1100 sites mais difficile de les connaître tous.
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Et là, ça commence à coincer un peu. Le plutonium étant un "déchet/résidu" de la fission de l'uranium (le plutonium n'existe pas à l'état naturel), les 58 réacteurs en service à l'heure actuelle en produisent en moyenne 11 tonnes par an pour 7 300 tonnes d’uranium appauvri. L'ANDRA, dans un rapport plus précis (et plus difficile à trouver) nous dit que sont "entreposés en France au 31 décembre 2010,
_ environ 272 000 tonnes d’uranium appauvri, 165 000 tonnes sur le site AREVA du Tricastin (26), environ 100 000 tonnes sur le site AREVA de Bessines-sur-Gartempe (87) et 176 tonnes sur les sites CEA
_ 80 tonnes de plutonium".

Mais si on regarde le document remis à l'AIEA et retranscris ici par global-change, on voit que le stock de plutonium en France était déjà de 294 tonnes en 2006.
Le secteur du nucléaire est classé secret-défense (je ne connais pas le bon terme), et le secret est effectivement de mise. Un bon exemple que je connais car mon frère a travaillé dans l'entreprise en question à faire des mini-réactions pour je ne sais quoi, on lui avait dit qu'il travaillait pour la métallurgie tel qu'indiqué par l'ANDRA et il suffit de regarder ce document de l'institut des Risques Majeurs pour voir qu'il est indiqué qu'en fait l'entreprise faisait du combustible nucléaire, et pis en fait la CRIRAD montre que l'entreprise faisait des munitions à l'uranium appauvri. Pour ceux qui le souhaitent et qui sont calés, une démonstration ici de la WISE (plutôt antinucléaire) met en lumière certaines incohérences dans les discours officiels. Les énormes et répétés mensonges de TEPCO à Fukushima donnent beaucoup de grain à moudre aux antinucléaires.

Radioactivité et santé :

Je vais laisser le professeur André Aurengo, membre de l'Académie nationale de médecine, spécialiste en médecine nucléaire expliquer brièvement les dangers, dans le figaro. 1 gramme de plutonium tue en quelques heures, quelques jours si vous êtes de bonne constitution. Une étude très sérieuse du gouvernement allemand (pas trouvé le lien) a mis en évidence une augmentation sérieuse des leucémies chez les enfants habitant près d'une centrale nucléaire, et d'autres études tendraient à dire la même chose.

Et Robin des Bois, alors ?

Robin des Bois (non, ce n'est pas une histoire de Disney), ou Robin de Locksley, est un fidèle vassal de Richard cœur de Lion, roi d'Angleterre à la fin du 12ème siècle. Robin apparaît dans des poèmes au début du 16ème siècle et prendra réellement corps dans le roman "Ivanhoé" de Walter Scott en 1819. Mais qu'en est-il, en vrai?
Deux universités en Angleterre travaillent sur ce sujet de la réalité de son existence, il semble que non, il ne serait qu'un mythe, mais aucune certitude, ni dans un sens, ni dans l'autre.

Voilà, c'est vraiment le truc qui me ... Nous ne sommes pas capables de savoir si un héros vieux de 800 ans a existé ou non et nous créons du poison qui, dans 24 000 ans, ne tuera plus en une journée mais en quelques semaines, 48 000 pour qu'il tue en quelques mois. Et nous n'avons strictement aucune idée de quoi en faire sinon le rêve de maîtriser la fusion nucléaire pour les consumer ainsi.
8,5kgs de plutonium suffisent à faire une bombe thermonucléaire, combien en fait-on avec 300 tonnes ?

Nucléaire et économie :

On nous vend le nucléaire comme le plus écologique mais aussi comme le plus économique.
La dette d'EDF avoisine les 40 milliards pour un CA de 75, la dette de RTE (transports d'électricité) 7,5 milliards pour un CA de 4,7, dette d'Areva 4,5 milliards pour un CA de 9,5. Et encore, ces dettes sont dopées par la durée de vie allongée des centrales, prévues pour 30 ans,40 maintenant, et sans doute 60 pour la plupart, qui permettent un amortissement plus long.

EDF nous dit avoir provisionner 10,4 milliards d'euros afin de financer le démantèlement des centrales, l'objectif étant de provisionner 18 milliards pour le démantèlement des 67 réacteurs (58 en service plus 9 déjà arrêtés). Ce rapport de la cour des comptes relève qu'EDF a choisi l'estimation la plus basse par rapport aux "standards" internationaux dans une fourchette qui allait de 18 à 62 milliards. Il indique aussi que la gestion des déchets coûtera 23 milliards à EDF (28 en tout, Areva et le CEA étant les deux autres payeurs), que son obligation d'investissement pour la maintenance du parc actuel coûtera 55 milliards au lieu des 25 prévus, et que le fonctionnement coûte environ 20 milliards d'euros par an (je vous la fais courte). L'EPR de Flamanville devait coûter 3 milliards, il devrait en coûter 12.

EDF estime à 1,7 milliard le coût du démantèlement des 9 réacteurs déjà à l'arrêt, soit 190 millions d'euros par réacteur, estimation réalisée par la commission PEON dans les années 70. La centrale de Brennilis avait un coût de démantèlement estimé à moins de 50 millions, l'estimation d'aujourd'hui est de 480 millions alors qu'il n'est réalisé qu'à 50%, et encore, ce sont les plus faciles, restent tous les composants fortement radioactifs. Ici, ici, ou , vous pouvez voir que les chiffres donnés par EDF sont fortement et presque unanimement jugés sous-estimés, tout comme les compétences d'EDF en matière de démantèlement. Je ne suis volontairement pas allé sur les sites antinucléaires, mais des physiciens très sérieux et intelligents estiment que la facture totale du démantèlement du parc nucléaire français pourrait atteindre 700 milliards d'euros...

Voilà, ce n'était qu'un pas si petit résumé avec mes modestes compétences, je suis désolé pour les chiffres parfois un peu incohérents, mais trouver des informations fiables n'est pas aisé, EDF, Areva ou le CEA ne donnent même pas forcément les mêmes.

Même si je sais que mon opinion transparaît, j'espère avoir été aussi neutre que possible afin de respecter ce sujet qui est un vrai débat de société, puisqu'il obligera nos enfants, les leurs, et ainsi de suite pendant bien longtemps, à gérer un problème pour lequel ils n'avaient rien demandé. Si vous avez des précisions, je pense principalement aux physiciens du forum, corriger les erreurs que mon inculture aurait laissé passer, je suis preneur.
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Re: Nucléaire, mon ami ?

Message par RandolphCarter »

Il me semble qu'il va être compliqué d'avoir un débat sur le nucléaire sans que ce débat ne porte d'une manière plus vaste sur la politique énergétique. En outre je conçois bien que ton "résumé" soit essentiellement centré sur le nucléaire en France, mais même s'il est bien connu que les nuages radioactifs ne passent pas les frontières faut-il que le débat, lui, n'en sorte pas ?

Tu voyais les choses comment pour la suite ?
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Re: Nucléaire, mon ami ?

Message par Xav' »

La suite ? Je pense faire une suite résumant (si possible) les alternatives, les coûts d'une transition (il faudrait 120 000 éoliennes pour compenser l'arrêt de nos réacteurs, mais heureusement il y a d'autres solutions), l'impact économique est celui que l'on nous serine donc je pense que c'est le sujet à développer, mais bon, en comprenant bien que j'ai un diplôme BAC -2, je ne suis pas le plus "habilité" ni le mieux habillé pour le faire.

L'intérêt de ce message était important pour moi dans le sens ou l'industrie du nucléaire fausse le débat depuis le début en omettant les chiffres, voire en les dissimulant, voire même en les trafiquant, je voudrais donc que tout le monde sache exactement ce qu'il en est. Parce que c'est autant une (des) question de société que de philosophie:
- Quid des pays n'ayant aucune centrale nucléaire ?
- Le Japon, 2ème pays le plus nucléarisé, avec 50 réacteurs, a fonctionné sans nucléaire (zéro réacteur) quasiment tout le temps depuis Fukushima. Comment ?
- Sachant qu'il reste pour environ 300 ans d'uranium, est-ce une solution viable sur le long terme ?
- Le plutonium est le pire poison qui existe pour cent mille ans, avons nous le droit d'engager la responsabilité de toutes les générations qui existeront durant ce laps de temps ?
- Nos déchets vont être emballés dans des jolis colis en verre d'où il sera impossible de les sortir, avec écrit en gros dessus "DANGEREUX", sachant qu'on ne sait même pas lire des langues qui ont 5000 ans, quid de la compréhension dans le futur ?
- Avons nous le droit de créer des produits qui n'existent normalement pas ? (Là, ça va coincer, la mayonnaise n'existe pas à l'état naturel)
- Devant chez moi, deux lampadaires "tournent" toute la nuit pour 3 maisons dont une vide et des familles qui ne sortent pas de chez elles après 22h, pourquoi ?
...

Le nucléaire, c'est viscéral, chez moi, depuis que j'ai compris ce qu'ils faisaient, et je crois même qu'enfant lorsque je passais devant en allant en vacances, elles me faisaient déjà peur sans savoir pourquoi. Comme tu le dis, Randolph, c'est de politique énergétique dont il faut parler, mais je crois que mettre en balance un ratio besoin-d'énergie/moralité, ça ne marche pas. Est-ce que je peux fabriquer et vendre de l'arsenic sous le prétexte que j'ai besoin d'argent ?

J'ai bien fait exprès de ne donner que des chiffres officiels afin que ceux qui voudraient défendre le nucléaire puissent le faire, pas de site complotiste, pas de catastrophisme (accident par exemple, même si la loi des statistiques est toujours vérifiée), et je vais essayer de revenir bientôt sur les alternatives et leurs coûts, autant financiers que d'économies d'énergie (ne nous leurrons pas, la transition impliquera forcément des sacrifices). Libre à chacun de dire tout ce qu'il veut sur le sujet.
Et donc, de l'écrire, la suite... ;)
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Le Monsieur Beaumont
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Re: Nucléaire, mon ami ?

Message par Le Monsieur Beaumont »

"- Avons nous le droit de créer des produits qui n'existent normalement pas ? (Là, ça va coincer, la mayonnaise n'existe pas à l'état naturel)"

Le réacteur nucléaire naturel d'oklo a produit 1.5 tonne environ de plutonium, cela répond en partie à la question. ;)

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kalimeris
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Re: Nucléaire, mon ami ?

Message par kalimeris »

Merci pour ton exposé très détaillé. C'est instructif.

Cependant, et désolée de ne pas être d'accord avec toi sur ce point, mais le (mauvais) exemple de l'Allemagne montre tout de même que l'énergie nucléaire est l'énergie la plus écologique et économique. Les énergies renouvelables produisent peu, et sont également destructrices pour l'environnement. Le problème avec l'énergie nucléaire est la gestion des déchets, mais il pourrait exister d'autres solutions que de les fermer (ce qui n'est pas du tout une solution puisque complètement irréaliste). On pourrait aussi développer les énergies renouvelables pour les particuliers (des panneaux solaires sur les toits, la géothermie) et inciter au recyclage, à l'économie d'énergie. Il y a beaucoup à faire dans le domaine de la réduction de la consommation. Pour autant, je ne pense pas qu'il soit possible, ni même souhaitable, de fermer les centrales nucléaires.

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Re: Nucléaire, mon ami ?

Message par nemo »

Sur la problématique de la gestion des déchets, il y a un bon film à voir : into eternity. En s'appuyant sur la construction du site d'Onkalo en Finlande, il pose la question de la transmission et de la responsabilité à l'échelle de milliers d'années. Comment communiquer efficacement avec les générations future si elle existent? Quel sera leur niveau de technologie, leur langue, voire leur spiritualité?
On n'en sais rien. Et quoiqu'on fasse maintenant rien ne garanti qu'un site d'enfouissement ne soit pas visité dans 50 000 ans avec les dégâts qu'on peut par contre anticiper sur les hommes et la nature.

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Re: Nucléaire, mon ami ?

Message par TourneLune »

Une consultation de l'ASN sur le "Projet d’avis de l’ASN relatif à l’anomalie de la composition de l’acier du fond et du couvercle de la cuve du réacteur EPR de la centrale nucléaire de Flamanville (INB n° 167)"
https://www.asn.fr/Reglementer/Particip ... de-la-cuve

je suppose que notre voix aura plus d'impact si on prend la peine de lire les documents et d'avoir un avis un tant soit peu éclairé par rapport à tous ceux qui répondent nucléaire caca ou recopient la même phrase de greenpeace....

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Re: Nucléaire, mon ami ?

Message par InMedio »

Oh ! Je viens de tomber sur ce sujet parce qu'il y avait "ami" dans le titre ! Je ne pensais pas trouver un tel sujet ici, mais je prendrai le temps de lire. D'ailleurs je le fais remonter grâce à ce message, qui sait, ça pourrait réanimer un débat ?
Vous ne pouvez pas prouver que quelque chose n'existe pas, mais vous pouvez conclure qu'il n'y aucune raison de penser que ce quelque chose existe.
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Re: Nucléaire, mon ami ?

Message par Osia »

:D je terminais la lecture de quelques avis citoyens: Concertation 1300 MWe
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Re: Nucléaire, mon ami ?

Message par Shingouz »

Hormis mes connaissances de chimiste, je suis loin d'être au point sur l'énergie nucléaire. Mais ces mêmes connaissances de chimiste impliquent que je suis plus que conscient de la dangerosité des isotopes résultants d'un accident ou simplement des déchets de matière fissile. Je n'ai donc jamais été un grand thuriféraire de l'énergie nucléaire et je m'en méfie depuis toujours. Je ne suis donc pas pour le prolongement des réacteurs en fonction, en tout cas de manière globale.

Pour autant, et cela ne vous surprendra pas, il y beaucoup de "ça dépend" et de "en même temps" dans ma vision de l'avenir concernant notre énergie nationale ou Européenne. Je désapprouve par exemple totalement la décision de nos voisins Allemands d'arrêter très rapidement leurs quelques réacteurs restants, car on sait maintenant qui au final produit le plus de Carbone en Europe avec son énergie. Et l'argument de dire que ce n'est que passager ne porte pas beaucoup quand on donne en plus des leçons à ses voisins Français car "le nucléaire, c'est mal"... En gros, la France devrait elle aussi suivre le bon exemple et se dépêcher de se débarrasser de son nucléaire ? Disons que cela aurait un intérêt pour l'Allemagne, pour la France beaucoup moins.

Et pour autant, sur le plan moral et pratique, je considère que nous sommes en faute : nous connaissons les risques et nous générons des déchets que nous ne savons pas recycler ou traiter (ou alors, on les envoie sur Mars avec ce cher Elon M). Et de plus nous trainons pour développer plus de parcs éoliens, solaires ou géothermiques. Et ce alors que nous avons le plus grand littoral Européen. On voit à quoi nous a amené de ne plus avoir de plans quinquennaux ou autres (la main invisible du marché n'aime pas l'économie dirigée...).

Personnellement, j'ai donc une attitude nuancée, possiblement qualifiable de "normande", d'incohérente ou d'utopique selon la personne avec qui j'en parle. Je suis pour un maintien du nucléaire purement transitionnel (quitte à prolonger des centrales au coup par coup, mais surtout pas globalement sur le principe, autant alors en construire des neuves avec une date de péremption...), le temps de se désaccoutumer. Et surtout, je suis pour un vrai plan dirigé par l'état sur au moins 20 ans pour développer comme certains l'appellent "le bon mix énergétique le plus durable et le moins impactant". Et fuck à tous ceux qui voudraient vendre uniquement leur propre soupe, qu'elle soit fissile, venteuse, à base de silicium ou de puits géo-profonds ; je n'ai jamais aimé les thuriféraires de quoi que ce soit.

Ceci étant dit, il est facile de donner une direction depuis un clavier... et je n'ignore pas tous les défis que cela sous-tend et les débats que cela devrait générer de manière plus posée : décroissance ou bien ? retour de l'état pour réguler les mutinationales ? est-ce seulement possible ? etc, etc...

Je n'envie pas mes enfants. :(
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Re: Nucléaire, mon ami ?

Message par blue hedgehog »

Merci IM d'avoir déterré le sujet.

La question du nucléaire, grande question. Pour moi, une de celle qui ne peut se résoudre avec une réponse simple. Je ne crois pas aux réponses simples pour les questions complexes. Et puis loin de moi de vouloir prétendre à une quelconque expertise sur ce sujet.

Je remarque aussi que mes propres positions évoluent. Ce sujet lancé par Xav' et les premières explications datent de 2014. Interrogée à l'époque, je pense que mes réflexions et ma prise de position seraient différentes de ce qu'elles sont aujourd'hui.

Fukushima a ébranlé ma croyance, bien naïve, que les centrales étaient sûres. Les révélations consécutives sur l'état de nos centrales (belges) n'ont pas aidé. Faut dire que les nouvelles étaient plutôt alarmistes. Et on connaît par ici le sport national qui veut qu'on construit ( routes, écoles, centrales...), et puis voilà. Entretenir ? Pour quoi faire ? De toute façon on a pas le budget pour !

A cette époque, j'aurais bien aimé que le pays sorte du nucléaire. Pas au point de réutiliser du charbon ou de la lignite. Mais... je pense que sachant qu'il n'y avait pas assez de renouvelable à ce moment ( :^) au fait... rien à changé...), utiliser du gaz pour palier le manque, tout en investissant à fond dans le renouvelable, me paraissait la meilleure (ou la moins pire) solution.

Aujourd'hui, 10 ans plus tard, j'ai notamment lu la bd "Un monde sans fin", vu je ne sais combien de documentaires et d'émissions, sur la biodiversité, la montée des eaux, les terres rares, les micro-plastiques, l'intensification des phénomènes météo extrêmes, le dégel du permafrost, l'economie circulaire etc. J'en passe.

La conscience du besoin de préserver la nature et d'un réchauffement climatique en cours a fait place à la conscience de l'urgence climatique et un sentiment assez marqué de "on est fichus".

Actuellement, à faire le choix entre le gaz et le nucléaire... et bien je préfère le nucléaire. En espérant que ça ne nous pète pas à la gueule... Oui j'espère encore toujours qu'on trouvera des solutions d'énergies renouvelables, mais franchement je ne crois pas qu'on réussisse rapidement à trouver les solutions pour remplacer 100% de l'énergie fossile et 100% de l'énergie nucléaire, et encore moins au niveau planétaire. Sans parler de l'augmentation constante prévisible du total d'énergie consommé mondialement.
Ben oui... on est dans le même bateau.

Shingouz, tu évoques la décroissance, je n'y crois personnellement pas. Le triangle de l'inaction est trop ancré, tout comme le sentiment d'injustice des nouveaux consommateurs envers les anciens (pourquoi j'arrêterais et je ferais des efforts alors que les européens ont consommé et pollué pendant des décennies ?).

Les politiques sont par essence myopes. En général, les politiciens voient jusqu'à la fin de leur mandat, soit le bout de leur nez. Or, en regardant à si courte échéance comment construire des solutions pérennes ? Et comment se soucier de la question des déchets nucléaires dont la problématique se compte en dizaine, centaine, milliers, millions de durées mandants successifs ?

Cependant je crains que contrairement à Mickey l'apprenti sorcier, il n'y a pas de sorcier confirmé pour nous sortir de notre pétrin et remettre l'atelier en ordre à la fin de l'histoire.

Donc, et je pense être très humaine en disant ça, aujourd'hui, avec mes connaissances, je dirais qu'il faut encore tolérer le nucléaire pour se défaire des combustibles fossiles le plus rapidement possible c'estla priorité. C'est comme la casserole qui bout et qui va déborder, les mesures d'urgence d'abord. Mais quand c'est fait, rien n'empêche de trouver des alternatives au nucléaire. - je rêve peut-être là. N'empêche ce serait bien pour vos enfants, moi je n'en ai pas.
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Re: Nucléaire, mon ami ?

Message par InMedio »

On pourra me reprocher d'être jancoviciste, mais je ne vois pas d'autre discours solide pour l'instant.
Ne pas aimer/ souhaiter le nucléaire civil me semble venir d'une mémoire collective et individuelle, tout d'abord sur deux catastrophes que sont Tchernobyl et Fukushima, ensuite sur une peur de la radioactivité décorrélée des risques du phénomène pour les organismes vivants (risque et pas danger, le danger est évident), surtout concernant la gestion des déchets.

Ce qui m'embête c'est que cet effort critique est fait volontiers sur le nucléaire, mais personne ne semble se souvenir des milliers de morts dans les mines de charbon d'Europe il n'y a pas si longtemps, des déchets hautement toxiques associés à l'exploitation du charbon (mais pas déclarés comme radioactifs), des milliers de morts dans le monde suite à des catastrophes de barrages, l'impact d'un barrage en fonctionnement sur le milieu, les tonnes de béton nécessaires, les déchets générés par la production d'ENR, toujours pas radioactifs, mais quand même, les matériaux dont on a besoin sont à trouver dans des mines où ils se font de plus en plus rares et dont il faut excaver toujours plus. Ça a un impact sur les milieux naturels. Enfin bref.
Alors oui, on peut être conscient que peu importe la source d'énergie cela implique de gros impacts durables sur l'environnement, qu'il nous faut cette énergie pour maintenir notre niveau de vie, mais à mettre les problématiques liées au nucléaire civil en regard des autres productions d'énergie, je préfère le nucléaire.
Vous ne pouvez pas prouver que quelque chose n'existe pas, mais vous pouvez conclure qu'il n'y aucune raison de penser que ce quelque chose existe.
Richard Monvoisin

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