L'apport de la méditation

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Zyghna
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L'apport de la méditation

Message par Zyghna »

Les effets de la méditation sur le cerveau commencent à faire couler beaucoup d'encre et des études sont actuellement en cours sur des cerveaux de surdoués.
J'aimerai donc recueillir ici les témoignages de surdoués pratiquant la méditation de façon assez régulière pour que cela puisse avoir un effet assez mesurable. Les données qui me semblent intéressantes sont:
- le type de méditation pratiquée (et éventuellement ses grandes lignes)
- depuis combien de temps méditez-vous et à quelle fréquence
- quels sont les effets ressentis, notamment au niveau de la gestion des pensées et des émotions
- rencontrez-vous des problèmes qui pourraient être liés à la douance.

Si vous pensez à d'autres choses qui auraient un intérêt par rapport à la douance, n'hésitez pas à le mentionner.
Je suis preneuse de toute bibliographie concernant le rapport méditation/douance.


De mon côté, je pratique la méditation depuis presque 2 ans, les premiers mois ayant été assez peu concluant et sans aucun attachement à une pratique particulière. Depuis un peu plus d'un an, je pratique la méditation zen augmentant ma pratique hebdomadaire au fur et à mesure: au début je pratiquais 1h à 1h30 par semaine, j'en suis aujourd'hui à environ 3h par semaine.

Je commence à ressentir clairement les effets de la méditation puisque depuis quelques semaines j'arrive à stopper complètement le processus de pensée pendant quelques temps. Cela fait le même effet que de sortir d'une pièce bruyante et de se retrouver dans le silence de la nuit. C'est là que je me rends compte du vacarme que c'est dans ma tête en temps normal.
La méditation étant avant tout une pratique, une technique à acquérir, il faut s'entraîner, entraîner son cerveau, régulièrement et sur des périodes assez longues, pour en ressentir les effets. On commence par prendre conscience des pensées, puis à les contrôler pour ne pas se laisser embarquer, pour enfin les faire cesser.
Certains percevront cela comme un contrôle total, d'autres comme le lâcher prise total: tout dépend de la manière dont on voit la méditation et ce qu'on en attend.
Les débuts sont particulièrement ardus pour les surdoués: il semble impossible de pouvoir stopper le processus de pensée, l'éparpillement des pensées. D'un autre côté, je reste persuadée qu'on est mieux doté pour avoir conscience de nos pensées et pour les stopper puisque se regarder penser est un passe-temps que beaucoup d'entre nous pratiquons ^^
Il est possible d'apprendre à contrôler ses pensées, mais il ne faut pas croire qu'on pourra y arriver en quelques heures.

Perso, je trouve que le résultat au bout de presque 2 années vaut largement l'effort consenti.


Au niveau de la gestion des émotions, je trouve que cela n'est pas négligeable: j'observe les émotions mais je ne leur laisse pas prendre le dessus dans la majeure partie des cas (j'ai encore du mal avec les enfants bruyants ^^).
Mais je ne suis pas la mieux placée pour en parler, je n'ai jamais permis à mes émotions de prendre le dessus en dehors de la sphère familiale.

(Je ne traite volontairement pas de l'impact de la méditation sur le développement personnel, puisqu'il y a déjà des réponses sur le topics méditation(s) et thérapie(s) et que je ré-aborderai le sujet via Dabrowski)
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Re: L'apport de la méditation

Message par Melokine »

Alors je pratique la méditation de pleine conscience (mindfulness) depuis deux ans et demi.
Mon temps de pratique est assez stable ces derniers mois, je l'estime à environ 2h/semaine.

Je pensais décrire les choses par le détail, mais peut-être pas ce soir, je vais faire plus court (et un peu en bazar).

Pour moi, au début l'« objectif » était clairement thérapeutique : apprendre à gérer la douleur. Et la première chose que j'ai apprise, relativement rapidement (quelques mois), c'est à faire la différence entre la douleur et la souffrance (la douleur est un fait ; elle se traite - ou pas - de façon médicale : médecin, kiné, etc. ; la souffrance, c'est la dimension psychologique, la façon dont on « gère » la douleur, toutes les peurs, crispations et ruminations mentales que l'on lui ajoute). Eh bien par la méditation on peut faire vraiment diminuer la souffrance (comme Zyghna je précise que c'est loin d'être facile, ni acquis, en ce qui me concerne).

J'ai aussi (au bout d'un an environ) appris à calmer mes ruminations mentales. Quand quelque chose tourne en boucle dans ma tête, je peux m'en rendre compte et décider d'arrêter. Alors cet arrêt, c'est parfois de l'ordre de 4 secondes avant que ça reparte à ruminer, mais progressivement je gagne du terrain, je me rends compte plus souvent et plus vite que c'est reparti...

Je préfère ne pas répondre pour ce qui concerne les émotions, c'est en travail et pas encore très clair, par ailleurs c'est un gros chantier chez moi... Simplement, la méditation aide à se rendre compte de ce qui se passe, ce qui est déjà énorme. Et j'ai beaucoup gagné en tranquillité dans mes rapports sociaux, mais c'est aussi lié à une évolution hors méditation, je crois, même s'il est impossible de vraiment faire la part des choses.

Un dernier point, l'étape du moment : depuis cet automne, j'ose faire quelque chose dont je n'ai pas été capable jusque-là, à savoir aller dans la douleur. Je m'explique : quand on a mal, tout ce qu'on veut, c'est que ça cesse, et genre TOUT DE SUITE :P
J'ai essayé, pendant des séances de méditation, de porter au contraire mon attention sur la douleur, pour l'observer. Ça n'a l'air de rien mais je peux vous assurer que pour moi l'idée est terrifiante. Je ne l'ai fait pour l'instant qu'avec la forme de douleur qui m'est le plus familière, et quand elle n'est pas trop intense (ah, parce que, quand même, je vais beaucoup mieux, merci mon kiné). Eh ben on n'en meurt pas, c'est dingue, non ?
Et je me dis (je raccorde quand même avec les émotions, oops) qu'il y a quelque chose à creuser pour moi ici, l'étape suivante peut-être : faire la même choses avec ces émotions dont on aimerait qu'elles cessent, avec la tristesse, le sentiment de mal-être, etc. Plutôt que d'essayer de les fuir (ce qui ne marche pas très bien, en général...), les apprivoiser, en avoir moins peur.

Enfin sur la question méditation/douance, j'ai un peu de mal à avoir un avis, aucune idée de ce qui se passe dans la tête des autres ;)

En tout cas, c'est clair que c'est un entraînement, je reviens à mon expression fétiche de "muscu des neurones".
Parce que c'est exactement ça.

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Kayeza
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Re: L'apport de la méditation

Message par Kayeza »

Voilà le sujet qui tombe bien...

Je pratique la méditation de façon très irrégulière depuis 2000 (pfiou, tout ça !). Comme j'ai eu des phases de pratique régulière (quand je vivais au centre bouddhiste, pendant un an et demi, et un peu après), j'ai une certaine base sur laquelle me reposer m'appuyer et quand je m'y remets, ce n'est pas tout à fait comme si je repartais de zéro. Tout ça pour dire que tout moment de méditation est bon à prendre, même si les effets de la régularité sont bien sûr inégalables.

La méditation que je pratique est celle que l'on appelle shiné en tibétain, ou méditation du calme mental. Je me concentre sur ma respiration, parfois je compte (jusqu'à cinq, c'est déjà pas mal). Parfois les yeux ouverts, parfois les yeux fermés, ça dépend si je suis agitée ou plutôt somnolente, ça dépend des pensées qui tournent. C'est-à-dire que parfois j'ouvre les yeux pour arrêter le film des pensées qui tourne "en dedans", parfois je les ferme pour me couper des stimulations extérieures. Mais sinon, je n'ai pas de rituel particulier, encens, musique, tout ça, à mon avis, c'est encore de la distraction - consommation.

Ces temps-ci, j'essaie de reprendre un peu, je fais des sessions de 15 minutes environ, tous les jours ou tous les deux jours. Comme j'ai du mal à m'imposer un rituel, un rythme, une habitude, j'ai fini par me dire que méditer irrégulièrement c'était quand même mieux que de ne pas méditer du tout. Du coup, je m'y mets quand ça me prend : avant de commencer la journée de boulot (je travaille à la maison, ça rend la chose plus facile), avant de m'endormir (ça détend et je dors mieux), ou n'importe quand. Je ne regarde pas l'heure non plus, mais avec un peu d'habitude, j'arrive à sentir quand les 15 ou 20 minutes sont passées (en général, c'est quand j'en ai marre :mrgreen: ).

L'effet majeur que j'ai ressenti, c'est la détente physique : en méditant, je me rends compte à quel point je suis physiquement tendue en temps normal. Au fur et à mesure de la session de méditation, je sens mon corps (et en particulier mon dos et mes épaules) se détendre et arrêter de jouer l'armure... C'est une sensation physique à laquelle je peux maintenant recourir en dehors des sessions : je replace mon attention sur mon corps, je laisse retomber les épaules, ça fait du bien :-)
Quant à la gestion des pensées, rien de plus à dire que les deux miss avant moi : prise de recul par rapport aux pensées et aux émotions, plus facile de se voir penser et de revenir à quelque chose de plus utile immédiatement. Parfois, il m'arrive aussi de me concentrer simplement sur ma respiration alors que je ne suis pas du tout "en méditation" : quand je dois attendre, ou que je me sens trop agitée, c'est une façon de revenir à moi pour éviter la dispersion.

Mon problème majeur, qui est peut-être lié à la douance (mais peut-être pas), est celui du manque de discipline : tout en connaissant les effets positifs de la méditation, je n'arrive pas à m'astreindre à une pratique régulière et approfondie. Dernièrement, il a fallu que je me retrouve dans un contexte où j'étais "obligée" de méditer (j'ai assisté à un stage de deux jours sur la thérapie transpersonnelle et on méditait au début et à la fin de chaque session, cinq minutes maxi chaque fois) pour retrouver le bien-être que ça me procure et avoir le déclic nécessaire pour en refaire un peu dès que j'y pense. Mais sans m'obliger, donc, à ce que ce soit à heures précises ou sous une forme particulière. Juste quand ça me prend. Ça aussi, ça détend...
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Re: L'apport de la méditation

Message par Le Ludoptère »

J'ai pratiqué zazen un moment, et de temps en temps je m'applique à essayer de me refaire quelques séances. Comme dit Kayeza, le fait de s'astreindre à pratiquer avec régularité est difficile seul, et j'ai également eu bien plus de facilité à le faire dans un contexte de "dojo", avec guide et tout. Pour le coup, la seule séance de zazen que j'ai fait comme ça était très forte (c'était la première), et le retour dans le monde extérieur après la séance était assez intense niveau rapport à la perception du monde, à la joie, au calme, etc. J'ai toujours beaucoup de mal à retrouver cela en dehors de ces temps de discipline. Par contre, le truc qui me gêne toujours un peu c'est le bazar religieux. Je trouve que même dans le zen il y a trop de trucs dans ce sens. Et les trucs "laïcisé" je ne les trouve pas mieux, j'ai l'impression que la doctrine religieuse est simplement remplacée par une autre doctrine. Enfin bon, c'est pas le sujet.

Par ailleurs, ayant été pratiquant de kendo pendant plusieurs années, chaque entraînement commence et se termine par un petit temps de méditation. Et clairement, c'est fou le relâchement que l'on a lors de la méditation de fin. L'esprit est calme. Tout a explosé avant, on est en sueur, on a passé plus d'une heure à bouger et à se concentrer sur ses mouvements, ceux de l'autre, et quand on se retrouve dans l'immobilité de la méditation, ça fait l'effet d'une douche spirituelle.

Je souhaitais aussi parler d'une autre pratique que je considère comme étant de la méditation en mouvement, parce que clairement il y a des effets que je trouve similaire : c'est le tai chi (mais je suppose que d'autres pratiques corporelles types yoga ou autre peuvent entre dans ce cadre là). Dans la pratique de la forme, la détente et le fait de laisser au corps le mouvement le plus naturel possible amène à une "relaxation dans le mouvement". C'est un truc de fou, d'ailleurs : au début, en pratiquant la forme, on essaie d'imiter le maître qui montre la forme. Mais c'est plutôt moche et on a l'impression que ça force partout dans le corps. Et en fait, peu à peu, on découvre que le mouvement "optimal", c'est le mouvement naturel, sans forcé, c'est un peu le fait de se laisser guide par le mouvement. Mais tout cela dans une forme très guidée, codée et maîtrisée. À cela s'ajoute souvent des formes de visualisation, de mouvements circulaires, en spirales, sphériques. Le raccord entre la pensée et le mouvement est très fort, et j'y vois également un lien fort avec la méditation "statique", puisqu'il y a également cet effet de "recoller" le corps et l'esprit, que l'on sait si bien séparer, nous les occidentaux.

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moza
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Re: L'apport de la méditation

Message par moza »

Ma pratique à moi, si l'on exclut la natation, c'est le zazen. J'avais suivi une formation à la pleine conscience, mais depuis que j'ai trouvé un centre pour pratiquer en groupe, c'est la méditation assise, face au mur.

Une à deux (voire trois) fois par semaine, il y a en groupe deux fois ou trois fois 30 minutes de méditation assise (suivi de la respiration pour les débutants) coupé par 5 minutes de méditation en marchant.

J'ai pour l'instant beaucoup de mal à garder une habitude et à méditer seule chez moi, donc je voudrais plutôt parler de l'apport que m'a donné cette pratique en groupe.

J'ai toujours eu beaucoup de soucis en groupes. Dernièrement, j'ai remarqué que certains "jugements à l'emporte pièce" par exemple, me faisaient me sentir mal, me donnaient l'impression de ne pas être bien dans le groupe, car trop simplistes et exclusifs.

Dans le groupe de méditants, j'ai eu l'occasion de discuter un peu, après les séances, par exemple en allant manger ensemble... et j'ai découvert hier que certains principes à la fois de pleine conscience et du bouddhisme participaient à faire de ce groupe là un endroit accueillant pour moi. Un principe plutôt bien respecté c'est celui de ne pas juger. Du coup ´ca permet à des idées souvent jugées "farfelues" ou "trop bizarres ou compliquées" d'avoir leur place. Peut être cela est il lié (ou pas) à la douance... Bref. la méditation m'a apporté enfin un milieu où je me sens moins exclue, et c'est déjà ´ca.

Peut être que c'est juste parce que c'est difficile d'exclure quelqu'un quand on se retrouve juste pour s'asseoir? :nesaitpas:

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Zyghna
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Re: L'apport de la méditation

Message par Zyghna »

La réponse est un peu HS mais je te la donne ici moza, si tu souhaites qu'on en parle davantage on continuera sur le topic du bouddhisme.
Zazen est la seule évidence, et la seule chose qui importe c'est la pratique. Alors ce que sont les personnes, d'où elles viennent, comment elles pensent, tout ça importe peu. Elles sont déjà parfaites, il faut juste qu'elles en prennent conscience.
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Kayeza
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Re: L'apport de la méditation

Message par Kayeza »

Étant donné que l'un des buts de la méditation, c'est de (s'entrainer à) accepter ce qui est, simplement parce que cela est, voilà qui me semble de bon augure :-)
Merci moza pour ce témoignage...
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Re: L'apport de la méditation

Message par Zyghna »

Je voulais revenir sur un point concernant mon vécu de la méditation qui est très lié à l'hyperexcitabilité sensorielle et que je trouve utile de vous faire partager afin que vous ne vous fassiez pas prendre pas surprise si cela vous arrive.
Quand on médite, on apprend à ne plus se laisser embarquer par ses pensées, à générer un silence intérieur de façon assez automatique. Il y a quelques temps, j'ai pris conscience que j'arrivais de moins en moins à me couper de mes réceptions sensorielles. C'est assez flagrant en ville et plutôt handicapant. L'état de réception, de pleine conscience, qui se met en place petit à petit lorsqu'on médite, fait que les pensées ne parasitent plus ce qui se passe autour de nous. Il y a peu, j'ai pris conscience que mon imagination m'avait toujours servi de refuge pour me couper de cette hypersensorialité : quand je n'arrivais plus à gérer tout ce qui me parvenait je me réfugiais dans mon monde intérieur. Or, ce refuge m'est de moins en moins accessible et l'automatisme de protection a sauté.
Il faut donc apprendre à gérer cet excès de stimuli à travers la pleine conscience. L'avantage c'est que je sais ce qui m'arrive et pourquoi ça m'arrive. Il me reste à réussir à ne plus me faire envahir par mes sens (actuellement j'en suis à vivre la ville comme dans la petite vidéo postée par Sanders sur les perceptions de cette jeune fille autiste).

Donc un petit effet secondaire de la méditation qui n'est pas à négliger chez les surdoués.
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Re: L'apport de la méditation

Message par sanders »

Zyghna a écrit :Il faut donc apprendre à gérer cet excès de stimuli à travers la pleine conscience. L'avantage c'est que je sais ce qui m'arrive et pourquoi ça m'arrive. Il me reste à réussir à ne plus me faire envahir par mes sens
Si tu as des pistes, je suis preneuse ... c'est une des raisons qui m'ont fait lâcher la méditation après quelques années de pratique (avec en plus des inconvénients similaires au niveau émotionnel pour ma part) ... ce qui a induit un certain découragement ... et une pratique beaucoup plus superficielle et ponctuelle ensuite.

Edit après relecture du topic (désolée ...)

C'est bien dommage car la méditation a eu des effets très bénéfiques chez moi : niveau de stress qui a énormément baissé et résistance plus importante en sa présence, douleurs somatiques qui ont diminué puis disparu (notamment les maux de tête qui étaient réguliers et violents parfois) pensées plus claires pour l'expression orale des idées.

Je pratiquais une méditation quotidienne d'environs trente minutes à une heure (dans un cadre confessionnel mais sans récitation quelconque). Avec le recul, je trouve que ça ressemblait pas mal à la méditation de pleine conscience en fait.

Je conserve, de manière étonnante, des bénéfices encore aujourd'hui alors que je ne pratique plus guère : la résistance au stress est restée, les maux de tête ne sont jamais revenus ...
Le premier jour du reste de ma vie : Un jour, J'ai pu observer que la poutre que je voyais dans l'oeil de mon voisin, je l'avais fait devenir paille dans le mien. Alors même que nous buttions sur les mêmes (em)bûches. Depuis, plus rien n'est pareil..

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Re: L'apport de la méditation

Message par Zyghna »

La piste la plus efficace pour le moment c'est de me concentrer sur ma respiration. Mon casque à réduction de bruit est une vraie merveille pour ça, je me mets en fond une petite musique tranquille qui fait écran et remplace pour le moment le refuge dans la pensée.
Je n'ai effectivement pas parlé du côté émotionnel mais il est aussi présent, mais très lié au bouddhisme dans mon cas. J'arrive mieux à gérer en m'ouvrant totalement à l'autre : plus de protections, plus de moi, juste le moment présent et la beauté de ces instants, de cette vie qui palpite.

Je pense vraiment que c'est un cap à passer et ça ne me pertube pas trop. Je reviens à chaque fois à ma respiration et à la méditation, et comme les vagues d'euphorie sont passées, comme les vagues d'ennui ou d'inutilité sont venues et ont disparues, je crois que ce côté envahissant passera. C'est sans doute l'un des lâcher-prises les plus difficiles à faire.
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Re: L'apport de la méditation

Message par Judas Bricot »

Je n'ai jamais pratiqué la méditation, mais cela m'intéresse....
Du coup, je déterre le topic!

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Re: L'apport de la méditation

Message par samjna »

A propos de l'attention au souffle, y a ici les implications de cette technique avec des explications:
http://www.cedh.info/ManuelAnapanasati.pdf

( C'est bourré de termes en sanskrit ( ou en pali ) qui peuvent être rébarbatifs à première vue mais qui permettent d'expliquer les choix et les difficultés de traduction et d'éclairer le sujet en même temps )
Pas sûr que c'était un WISC !

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Re: L'apport de la méditation

Message par Za »

Merci beaucoup samjna pour ce document, j'ai l'impression qu'il va peut-être me permettre de progresser :)
Je rencontre déjà de gros problèmes dans la pratique de la relaxation, et la méditation me semble pour le moment hors de portée. Mais je sais que l'attention au souffle me permet une meilleure concentration, alors peut-être que j'y trouverai des techniques adaptées à mon cas.
J'ai mis mon képi dans la cage
et je suis sorti avec l'oiseau sur la tête...
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Re: L'apport de la méditation

Message par Judas Bricot »

Je lis en ce moment "approches de la méditation" d'Arnaud DESJARDINS.
C'est très intéressant, clair et rempli de conseils pratiques.
J'ai même photocopié le dernier chapitre ("Litanies pour un retour à soi-même") pour l'annoter et le surligner à volonté.
SI j'ai le temps j'en ferai un petit résumé ici.
Dans tous les cas, j'en conseille la lecture.
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Re: L'apport de la méditation

Message par Khajib »

Je pratique depuis novembre dernier la méditation pleine conscience. Au début j'avais du mal à pratiquer de façon assidue mais depuis la nouvelle année et le cortège de bonnes résolutions qui vont avec, j'arrive à pratiquer presque tous les jours entre 15 et 30 minutes à chaque fois.

Le livre à partir duquel j'ai appris à pratiquer est "Pratique de la méditation" par Fabrice Midal aux éditions Le Livre de Poche (je ne fais pas de placement produit et je ne perçois rien à chaque exemplaire vendu :D j'ai juste trouvé le livre bien écrit). En plus, avec livre, il y a un CD audio fourni qui comporte 6 pistes avec un exercice de méditation commenté par l'auteur sur chaque. C'est très appréciable quand on débute et qu'on ne sait pas trop par quoi et comment démarrer.

Les grandes lignes de la pratique telle que l'auteur la décrit sont les suivantes:
-d'abord placer son corps selon les 6 points de la posture
-faire un avec le souffle
-savoir que faire de ses pensées
-aborder les 9 aspects de l'attention
-pacifier ses relations avec les émotions

Je vais essayer d'être plus précis et détaillé. Pour ce qui est de la posture et du souffle, je ne vais pas m'appesantir dessus. Toutes les formes de méditation que vous avez déjà décrites sont très similaires.
En revanche, un point central de la pratique est le développement de la capacité d'attention neutre et bienveillante. Attention au présent vivant, à tout ce qui est ici et maintenant. Neutre car elle ne juge pas, elle se contente d'observer et de prendre acte de ce qui est. Bienveillante car vous accueillez tout ce qui vient (pensées, émotions ou perceptions sensorielles) avec une attitude positive sans haine ni volonté violente de contrôle (ce qui est plutôt pratique pour gérer les sentiments de haine et de colère).

Pour ce qui est des pensées, l'auteur insiste bien sur le fait que méditer n'est pas être sans pensée. Pour décrire cela, il utilise l'expression "voir la cascade". Il est impossible et énergivore de tenter de stopper le débit de la cascade ou de lutter contre. Par contre, vous pouvez rejoindre la berge, vous posez et observez la cascade sans être emportés par elle.

Concernant les émotions, c'est un peu le même problème excepté le fait que, là où on accepte de regarder les pensées aller et venir, on ressent les émotions comme quelque chose de plus prégnant et hors du champ de la méditation. Ce n'est pas le cas! De même que pour les pensées, on peut développer une relation pacifiée avec nos émotions. Cela peut se révéler utile notamment pour les sentiments de colère. En effet, accepter la colère en nous avec une attitude d'attention neutre et bienveillante rend la colère moins forte et l'empêche d'avoir une emprise sur nous.

Enfin, les perceptions sensorielles ne doivent pas être bridées. Bien au contraire, l'auteur les décrits comme des portes et il nous faut apprendre à les laisser ouvertes. En effet, si l'on arrive à contempler nos perceptions sans être distraits par elles, cela nous ancre un peu plus encore dans le réel c'est-à-dire l'ici et maintenant.

Pour le moment, je ne pratique pas depuis assez longtemps pour vraiment observer des changements. A part le fait que je me sens toujours bien à la fin d'une séance. Ah si j'oublie un effet positif. Je souffre d'hallucinations auditives chroniques. Quand j'ai commencé à pratiquer, j'avais peur que le fait de laisser mes pensées et mes émotions aller et venir sans contrôle provoquerait l'invasion de mon esprit par tout un flot d'hallucinations désagréables. Et c'est le contraire qui s'est produit!! Quand je médite, je n'hallucine pas. D'après la psychologue, cela serait dû au fait que la méditation ancre dans le "réel" et, du coup, plus d'hallus.

Le flot des pensées ininterrompu et incontrôlable typique des adultes HP reste le même mais j'ai quand même remarqué que, grâce à la méditation, ces pensées ne me distraient plus et ont moins de prise sur moi.

Voilà pour ce qui est de mon cas... J'espère que ça vous sera utile.
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Esca
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Re: L'apport de la méditation

Message par Esca »

Hello,

je pratique la méditation de pleine conscience depuis décembre, à raison de 15 à 30 minutes tous les jours chez moi + un cours en groupe par semaine.

À ce stade, le premier apport que je ressens est une espèce de gratitude envers moi-même à m'accorder un moment "pour moi". C'est comme si, en m'asseyant et en observant mon flux de pensées, je faisais un petit pas vers l'acceptation de ce que je suis, et cette idée de respect est fondamentale pour moi. Certaines séances sont agréables, d'autres moins, mais il y a toujours un goût de reviens-y qui me pousse à continuer.

D'un point de vue un peu moins "personnel", j'ai clairement gagné en sérénité, et j'ai développé l'automatisme de retour à mon souffle que j'utilise régulièrement pendant la journée quand je me sens envahi par mes pensées ou en cas de montée d'angoisse. Comme cela a été bien décrit dans d'autres posts, le but n'est pas tant d'arrêter le flux de pensées que de prendre conscience que ce ne sont que des pensées. Ma prof de méditation a une image qui me parle beaucoup : "nous sommes assis sur la rive à regarder le fleuve qui s'écoule devant nous". On ne peut pas être à la fois sur la rive et dans l'eau, tout comme on ne peut arrêter le fleuve...donc on le regarde tranquillement.

Je me suis inscrit à un programme MBSR (Mindfulness Based Stress Reduction) pour approfondir un peu ma pratique...on va voir ce que ça donne :)

Au niveau des livres, j'ai commencé Méditer Jour après Jour de Christophe André, et Méditer au Quotidien de Bhante Henepola Gunaratana. Le deuxième est très axé pratique, c'est assez sympa à utiliser comme aide à la méditation !
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Re: L'apport de la méditation

Message par Léo »

Je me sens encore novice en la matière car je n'arrive pas vraiment à me poser plus de 20 minutes. J'ai démarré en Septembre/Octobre dernier. Je me sers aussi d'un support audio de temps en temps mais de moins en moins (Christophe André). J'ai pu éprouver des émotions différemment, oui, surtout au tout début, c'était assez étrange car j'ai plusieurs fois pleuré (je pleure très très rarement). Actuellement, j'éprouve de très fugaces moments de plénitude mais il est très très difficile de laisser passer la pensée et d'accepter de rester là quand on est agité ou pas bien... Je suis souvent en train d'imaginer un paquet de trucs et j'ai du mal à méditer si je n'entends pas les oiseaux ou que je suis trop nerveuse. J'ai besoin d'un certain environnement sonore. Je ne sais pas si je médite à proprement parler. Je sais que l'on a tous des moments où, sans forcément s'en rendre compte, on est dans cet état, au présent. Dès que je le peux, assez spontanément, j'observe les oiseaux, les arbres et je sais que c'est proche de la méditation bien que la méditation propose de ne pas fixer son attention sur quelque chose. Quand j'y arrive, en effet, ça me repose et ça me fait du bien. Je sais que les semaines ou les journées où je ne prends pas un peu de temps pour me poser, ça va moins bien.

Je me sers souvent de la cohérence cardiaque qui me permet d'alterner et de prendre du temps pour me poser aussi. Souvent je démarre avec des respirations et je continue avec la méditation.

Je crois que la méditation, même si je ne suis pas sûre de méditer comme il faut, m'apprend une chose que je ne savais pas faire auparavant... me (re)poser. Je suis devenue capable, presque capable de me dire que j'ai besoin de ce moment. Il y a des jours où ces quelques minutes me permettent réellement de repartir du bon pied.
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Re: L'apport de la méditation

Message par Judas Bricot »

Je me considère encore comme débutant dans la pratique de la méditation, mais j'ai envie de partager mon vécu récent.
Il y a quelques mois, je passais plus de temps à me documenter qu'à réellement pratiquer, ce qui, évidement, ne me faisait pas avancer :D
Au fil de mon entrainement, je passe plus de temps à l'écoute de ce qui se passe en moi et l'intellect, la compréhension vient après...
J'ai senti que les pensées négatives restreignent le champ de ma conscience, me limitent dans ce qu'il est possible de faire. Ces pensées cristallisent une réalité qui n'existe pas.
Quand une difficulté arrive, elle envahit tout mon esprit, me préoccupe car elle arrive dans un environnement contraint, réduit. Dans un état de conscience plus large, le problème est proportionnellement moins grave. Il a une place plus juste. Il n'occulte pas ce qu'il y a de positif. Ce n'est pas neutre pour moi.
Cela m'est arrivé hier, quand j'ai pensé à tout ce que j'ai entrepris pendant la semaine. :P

Le "body scan" est une expérience intéressante. J'arrive parfois à tenir les 40 minutes de l'exercice, parfois non. Il m'arrive de ne rien sentir quand je me centre sur certaines parties de mon corps, d'autres sont douloureuses et il est compliqué de rester centré. Je ne suis pas dans une démarche de jugement par rapport à ce vécu. Et j'ai saisi que l'enjeu n'est pas de se relaxer, de retrouver un état de bien-être, mais de se retrouver soi, face à soi. Écouter et prendre conscience de ce qui vient. Le noter intérieurement et retourner à son expérience.
Toute séance est nouvelle à chaque fois. Si je suis dans le ressenti de l'expérience précédente ou je me projète sur la suivante, je ne suis pas dans l'instant.

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PointBlanc
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Re: L'apport de la méditation

Message par PointBlanc »

Je développe ici ce que j'avais ébauché il y a quelques mois sur un autre fil.

Je tourne autour de la méditation depuis plusieurs années, oscillant entre une pratique intensive et un abandon quasi complet. En ce moment (depuis un peu plus d'un mois) la pratique est quotidienne et consiste désormais en un quart d'heure d'assise (au lieu d'une demi-heure que je m'excusais plus facilement de ne pas trouver) que prolongent quelques postures de yoga.

Je suis assis en siddhasana sur un zafu très bas : mes hanches ne sont pas encore assez souples même pour le demi-lotus et je doute qu'elles le soient jamais. Mes yeux sont mi-clos, mes mains forment le dhyana mudra.
Je compte dix foix dix : un à l'inspiration, deux à l'expiration et ainsi de suite.
Tout ce temps je porte mon attention sur le hara - ce point situé un peu sous le nombril et souvent présenté comme le centre de l'être.

Jusqu'assez récemment, je passais le temps de la méditation dans un état de grande agitation mentale et de souci constant : "Ma posture est-elle correcte ? Est-ce précisément là que se trouve le hara ? Ne suis-je pas supposé respirer un peu plus profondément encore ? Ne serait-il pas préférable de passer au demi-lotus ? Ne devrais-je pas rapprocher mes mains de mon nombril ? Ne suis-je pas en train de pencher vers la gauche (ou la droite) ? D'ailleurs faut-il vraiment que je fixe mon attention sur quoi que ce soit ? Ne puis-je pas me passer de ces béquilles ? Qu'en dirait un maître ? Mais si le maître était incompétent ? " Etc. Il m'arrivait de me découvrir calme, le temps d'une ou deux respirations : je m'en félicitais bêtement et c'était reparti. Je perdais l'équilibre, je me décevais, je me retenais à peine de me traiter de tous les noms. Ou bien je me soupçonnais de fabriquer ces parenthèses de sérénité à seule fin de nourrir l'illusion que j'arrivais à quelque chose.

Mais je finissais toujours par y revenir pour ces quelques secondes où il me semblait que tout était tranquille.

Et puis j'ai simplifié le contrat : j'ai accepté de compter mentalement (ce qu'auparavant je refusais de faire, par orgueil sûrement) et cela a considérablement amélioré les choses, parce que pendant que je compte je suis beaucoup moins occupé de ma posture, qui se corrige d'elle-même ; je ne cherche plus non plus à saisir le hara : je me contente, en quelque sorte, de me tourner vers lui sans m'obliger à le circonscrire. Je ne me fais plus le procès de penser. Je me fiche davantage la paix, et dans mon cas c'est un progrès considérable. Dans les moments toujours nombreux où me reprennent la maladie du contrôle et la terreur de mal faire, je parviens presque à me regarder être cela, à placer ces bouffées d'angoisse et de frustration au même niveau que les tensions dans mes épaules ou mes poignets ou les conversations des passants dans la rue : c'est là, ce n'est pas tout ce que je suis mais c'est là, comme le reste peut être là, en même temps présent et sans substance en soi.

Ce pas en arrière, je me sens de plus en plus souvent capable de l'accomplir même en dehors de la méditation : mes émotions ne se sont pas évanouies, mais je ne me réduis plus à elles. Face à autrui, je peux être à la fois cela et autre chose, éprouver dans le même instant du plaisir et du déplaisir sans m'en sentir confusément coupable. C'est un soulagement profond, cette transparence : il me semble que me voyant mieux moi-même je distingue un peu mieux les autres.
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Re: L'apport de la méditation

Message par Doodle »

J'ai appris à méditer par nécessité, sans savoir que ça s'appelait comme ça (ce qui m'aurait rebuté sinon). Si je fais ce préambule c'est parce que ça me paraît bizarre d'écrire le mot méditation pour parler de ma pratique. Je ne pense pas ce que je vais écrire avec les mots que je vais employer. Enfin, peu importe, voila c'est dit. Il me semble qu'outre l'absence de formalisme dans ma pratique comme dans mon apprentissage, tout le monde doit pouvoir s'y retrouver.

Avant de commencer j'étais déjà, par mes passions (et également par la nécessité de lutter contre des souffrances physiques anxiogènes) dans des voies parallèles : recherche de calme dans la tempête, et d'une grande attention aux sensations. Je ne suis donc pas arrivé si nu que ça face à la méditation.

Au début de ma première pratique active, la douance a fonctionné à la fois comme un accélérateur et comme un frein. J'ai pratiqué de façon très bourrin et hyper intensive, plusieurs heures par jours pendant peut-être une semaine. En parallèle je lisais et tchatais sur le sujet. Bref ça bouillonnait avec une intensité peu commune. j'ai obtenu des premiers résultats rapides si on considère le nombre de jours (dès 3 jours de premiers paliers importants) mais lents si on considère le nombre d'heures nécessaires. Rétrospectivement, je pense que j'étais assez à côté de la plaque et qu'une grande partie de mon énergie était dépensée à aller à contre courant, à résister. C'est l'épuisement d'un côté et l'analyse des résultats de l'autre qui m'ont permis d'avancer. Pour l'épuisement la douance était un handicap, je ne m'epuisais pas facilement, mais aussi un avantage, dans de bonnes conditions de motivation, je peux maintenir une attention soutenue très longtemps, épuisement garanti à l'arrivée. Pour l'analyse, la douance a aussi été un atout et un handicap. Finalement, deux gros atouts, et là la douance intervient peu (quoique...), ont été l'écriture d'un journal et l'échange virtuel avec d'autres. En l'occurrence, des qualités d'introspection, de perception, de mise en mots et surtout d'empathie ont été déterminantes. L'empathie, c'était vraiment la potion magique. D'autant plus qu'en cette période elle semblait se démultiplier. J'ai littéralement pu habiter l'expérience d'autres personnes. Et ça, c'est un accélérateur incroyable dans tout apprentissage. Rapidement, ceux avec qui j'échangeais sur ma pratique (à l'époque proche de ce qu'on appelle dans le jargon "balayage corporel") ont identifié mon principal frein dans un hyper-contrôle dont j'ai un temps été incapable de me rendre compte. Ma volonté de réussir était à la fois un soutient et un obstacle. Je pressais de toutes mes forces sur un mur que je construisais moi même. Un peu comme si, pressant mes mains l'une contre l'autre, je m'étonnais de la résistance de l'air. Enfin, au bout d'une semaine environ, c'est devenu limpide et j'ai enfin pu commencer à travailler contre cet obstacle qui m'avait finalement toujours encombré depuis tout petit. Je pense qu'en ça l'écriture automatique, pratiquée tant dans mon journal qu'en tchat, a aidé à rejouer en différé les tensions des séances précédentes avec une liberté que je ne savais pas me permettre en direct. J'ai eu la chance de bien être accompagné aussi, par des gens expérimentés dans différents types de méditations et spiritualités (la variété, la modération et l'ouverture, ça aide).

Ayant compris, enfin, quel était le chemin (en tout cas la portion devant moi à ce moment), j'ai pu commencer a créer mes propres exercices, objectifs et non-objectifs, mes astuces et découvrir à la fois l'efficacité des ces astuces et leur durée de vie éphémère. La méthode c'est qu'il n'y a pas de méthode, mais pour avancer, pour comprendre où ont va il faut bien des accroches, des indices, des perspectives. Ca s'éclaire quand on a déjà eu quelques expériences fructueuses. C'est là où s'inspirer des expériences des autres (hélas impossibles à bien retranscrire) est si précieux. Enfin une réussite passée de ne garantie pas une réussite future. Tout est toujours nouveau. Et en même temps pas complètement. Identifier mes difficultés et ce qu'elles ont de naturelles m'a permis de travailler dessus. Ca tient en deux mots : réagir moins. En trois mois, j'ai perdu mon travail (mais vu que je n'étais pas payé est-ce une perte ?) et j'ai eu des résultats tout à fait significatifs dont, deux après, je ne cesse de récolter les fruits. Dans cette phase d'exploration intense j'ai croisé des rares surdoués (très marqués) et des non-surdoués. Les premiers avaient des résultats avoisinant les miens sur des durées comparables. La grande majorité des autres, avec les mêmes conseils et le même soutient mettaient plusieurs années à progresser de façon plus ou moins équivalente (c'est dur de quantifier, mais quand on est déjà passé par là il y a des points de repère tout de même). Certains, assez rare, avaient une intensité pouvant faire penser à une douance mais, contrairement aux autres, celle-ci se retournait entièrement contre eux et rendait le moindre progrès effroyablement difficile, voir impossible malgré une persistance parfois tenace. L'un d'eux aura mis plus de 10 ans d'acharnement à obtenir le moindre bénéfice de sa pratique (et le moindre sentiment de réussite) et je doute qu'il puisse aller plus loin.

Ce que la méditation m'a apporté, çe sera pour une autre fois.
Echauffement : 2 3 5 7, 1 3 7 9,... pouf, pouf... 3 9 ,1 7, 1 3 7, 3 9, 1 7, 1 3 9, 3 9, 7. Et ça rime !

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Re: L'apport de la méditation

Message par Armie »

Y a un truc qui me gêne, en vous lisant. C'est l'idée qu'il y a un but, un objectif, une "performance" à accomplir en méditant. La bonne position, la bonne dose de lâcher prise, le bon état mental, la juste technique, le contrôle (ou non) de ses sensations, etc...
Certes, la méditation s'exerce, s'apprend. Et en même temps, le grand piège serait pratiquer dans le but d'atteindre l'éveil, le nirvana, sous prétexte que d'autres l'ont atteint et que cela ouvrirait devant soi un chemin de travail vers cet état de grâce.
Tout cela peut charrier des tas d'émotions parasites: désir fou d'y parvenir, envie à l'égard de ceux qui témoignent d'expériences incroyables, déception après une séance éprouvante et donc "ratée" (selon les standards de sérénité requis), pression sur le train de pensées pour qu'il s'arrête sagement en gare, auto-jugement ou découragement quand ça marche pas, fierté voire orgueil quand ça marche, culpabilité de ne plus pratiquer parce que c'est trop dur, etc etc etc... Je vois pas en quoi ça nous sort de la vie de tout les jours, du coup... Si même quand on médite il faut viser Bouddha, je me passerais de la méditation, merci!
À mon sens il n'y a pas de séance ratée ou réussie, c'est parfois facile parfois difficile, parfois agréable parfois douloureux, parfois on est déconcentré parfois attentif, parfois agité parfois serein, mais ce qui compte c'est la séance nan? J'ai pas l'impression d'être responsable de la qualité, en fait. Le seul boulot c'est de s'y coller. Ce qui est déjà un boulot en soi ;) .

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Re: L'apport de la méditation

Message par PointBlanc »

Disons que c'est de là que moi je pars : quand on aborde la méditation avec un énorme complexe d'infériorité doublé d'une propension quasi athlétique à la fuite éperdue, on ne peut pas espérer s'asseoir simplement dès le début. Donc on retrouve tout ça à l’œuvre, et on commence de là. Rien ne m'est plus étranger que l'absence d'enjeu ou de jugement : la méditation n'allait pas magiquement effacer l'ardoise, la torture n'allait pas cesser en trois séances ; ça continue à émerger, quoique plus rarement et moins intensément, et ça émergera toujours, je pense. Si l'un des objets de la méditation, c'est de se retrouver face à ce qui est, alors c'était inévitable ; et si je finis par accepter l'idée que ce qui fait le bruit de fond de mon existence n'est pas un bruit de fond mais une rumeur superficielle en-deçà de quoi il est parfois possible d'entendre autre chose, ça vaudra bien le nirvana.
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Re: L'apport de la méditation

Message par Doodle »

Armie a écrit :
Y a un truc qui me gêne, en vous lisant. C'est l'idée qu'il y a un but, un objectif, une "performance" à accomplir en méditant. La bonne position, la bonne dose de lâcher prise, le bon état mental, la juste technique, le contrôle (ou non) de ses sensations, etc...
Certes, la méditation s'exerce, s'apprend. Et en même temps, le grand piège serait pratiquer dans le but d'atteindre l'éveil, le nirvana, sous prétexte que d'autres l'ont atteint et que cela ouvrirait devant soi un chemin de travail vers cet état de grâce.
Tout cela peut charrier des tas d'émotions parasites: désir fou d'y parvenir, envie à l'égard de ceux qui témoignent d'expériences incroyables, déception après une séance éprouvante et donc "ratée" (selon les standards de sérénité requis), pression sur le train de pensées pour qu'il s'arrête sagement en gare, auto-jugement ou découragement quand ça marche pas, fierté voire orgueil quand ça marche, culpabilité de ne plus pratiquer parce que c'est trop dur, etc etc etc... Je vois pas en quoi ça nous sort de la vie de tout les jours, du coup... Si même quand on médite il faut viser Bouddha, je me passerais de la méditation, merci!
À mon sens il n'y a pas de séance ratée ou réussie, c'est parfois facile parfois difficile, parfois agréable parfois douloureux, parfois on est déconcentré parfois attentif, parfois agité parfois serein, mais ce qui compte c'est la séance nan? J'ai pas l'impression d'être responsable de la qualité, en fait. Le seul boulot c'est de s'y coller. Ce qui est déjà un boulot en soi ;) .
Tout ça est tellement vrai. Je cite et signe des deux mains.

Et en même temps, une part des progrès viennent de çe qu'on décide à un moment qu'il y a quelque chose à quoi on espère remédier. L'objectif quel qu'il soit est la raison pour laquelle on commence. Donc si on fait des progrès en se débarrassant de tout objectif, on peut bien se féliciter d'en avoir eu un au départ. Pour ma part, je ne fais plus rien (je faisais déjà peu au départ, même si intensément). Pas de méthode, pas de rituel, pas de régularité, pas de séances. Je médite sans faire exprès, quand ça m'est utile. Et du coup je me rends compte que, comme tout le monde, je l'ai toujours fait, en fait. Seulement, maintenant c'est plus facilement, plus à bon escient et plus profondément. Certains sûrement n'en ont pas besoin et ne savent du coup probablement même pas çe que c'est tellement il le font naturellement...
Echauffement : 2 3 5 7, 1 3 7 9,... pouf, pouf... 3 9 ,1 7, 1 3 7, 3 9, 1 7, 1 3 9, 3 9, 7. Et ça rime !

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Re: L'apport de la méditation

Message par Doodle »

PointBlanc a écrit :Disons que c'est de là que moi je pars : quand on aborde la méditation avec un énorme complexe d'infériorité doublé d'une propension quasi athlétique à la fuite éperdue, on ne peut pas espérer s'asseoir simplement dès le début. Donc on retrouve tout ça à l’œuvre, et on commence de là. Rien ne m'est plus étranger que l'absence d'enjeu ou de jugement : la méditation n'allait pas magiquement effacer l'ardoise, la torture n'allait pas cesser en trois séances ; ça continue à émerger, quoique plus rarement et moins intensément, et ça émergera toujours, je pense. Si l'un des objets de la méditation, c'est de se retrouver face à ce qui est, alors c'était inévitable ; et si je finis par accepter l'idée que ce qui fait le bruit de fond de mon existence n'est pas un bruit de fond mais une rumeur superficielle en-deçà de quoi il est parfois possible d'entendre autre chose, ça vaudra bien le nirvana.
Je ne connais pas toutes les méthodes, mais il me semble qu' éteindre les pensées n'est ni le moyen ni l'objectif (et il me semble avoir lu cette clarification dans beaucoup de courants). Ce qui est là est là, lutter contre, c'est produire des tensions improductives. Il est possible de diminuer ses réactions aux pensées et ses réactions aux sensations, ainsi on peut plus facilement épouser le flux de çe qui est et se transforme. On se calme. On aprends à reconnaître quand on lutte en vain et quand le courant nous porte. Si on ne rajoute pas au brouhaha, il diminue et on découvre qu'il reste des choses, plus lisibles, qu'on peut accepter, qu'on peut suivre ou pas. C'est assez vaste en fait.
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Re: L'apport de la méditation

Message par PointBlanc »

Non, non, il ne s'agit pas d'éteindre la pensée. Il s'agit de percevoir qu'une pensée, si accaparante qu'elle semble, n'est pas tout l'être, qu'elle existe conjointement à une multitude d'autres phénomènes qui se produisent en dépit de l'obscurcissement qu'elle provoque.

Reste qu'avec la pratique certaines pensées se raréfient, s'effacent, sans que ce soit pour autant le but recherché, probablement parce que les remous qui les engendraient ont perdu en force ou se sont seulement déplacés. Mais ce n'est pas la même chose que l'immobilité silencieuse et stérile contre laquelle beaucoup de textes mettent effectivement en garde.
Vous qui vivez qu'avez-vous fait de ces fortunes ?

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