Quand trop d'émotion tue l'émotion

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Miss dans la lune
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Re: Quand trop d'émotion tue l'émotion

Message par Miss dans la lune »

Oui, donc un effet disjoncteur... tiens ça me rappelle une discussion sur le système sympathique/parasympathique que l'on avait eu za ... mais ça a l'air moins agréable ;) .

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Za
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Re: Quand trop d'émotion tue l'émotion

Message par Za »

Hors-sujet
:D
Je confirme, pas du tout du tout le même délire !!!
J'ai mis mon képi dans la cage
et je suis sorti avec l'oiseau sur la tête...
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sourizeante
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Re: Quand trop d'émotion tue l'émotion

Message par sourizeante »

*Za* a écrit : Le cœur du sujet, c'est bien :
Surplus d'émotions ---> déconnexion involontaire, brutale, précédée ou non d'un moment de crise. Anesthésie plus ou moins longue de la pensée et des émotions.
(tu es d'accord, Souri ?)
Oui *Za*, j'étais partie là dessus, ce qui n'enlève rien à l'intérêt de tout ce qui a été abordé par ailleurs. :-)
Miss dans la lune a écrit : Dans ton exemple souriz, celui de la surprise de tes amis, je me demande ce que tu as ressenti.
Une joie immense, mais que tu n'as pas su exprimer ? Une joie modérée, du coup en décalage avec la joie espérée de tes amis ? Avec du coup, la sensation de leur être redevable ? De la gêne de te retrouver au centre de tous les regards ? Une absence totale d'émotions ?...?
Le vide total.

C'était pour mon pot de départ d'une boite où j'ai passé presque 7 ans. Je partais dans des conditions compliquées, désaccord avec la nouvelle direction. Malgré tout, c'est la boite qui m'avait payé mon pot et mon équipe avait tout organisé. Il y avait beaucoup de monde, j'étais surprise. J'ai senti tout qui se mélangeait, mon soulagement de quitter cette boite, la tristesse de laisser l'équipe, la fierté quand les gens disaient qu'ils me regretteraient , la joie devant des cadeaux somptueux et finement personnels, la colère d'avoir été mise au placard.
C'est monté, pendant 5/10 minutes et d'un coup, plus rien. Le vide.

Je me suis regardée vivre la fin de la journée, je parlais, je souriais , je répondais, mais je n'étais pas vraiment là. D'ailleurs, moi qui ait une excellente mémoire, il me manque tout une partie de cette journée, et des journées suivantes d'ailleurs.

Je déteste cela, comme Za, je préfère la douleur au néant.

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Miss dans la lune
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Re: Quand trop d'émotion tue l'émotion

Message par Miss dans la lune »

Hors-sujet
sourizeante a écrit : Je me suis regardée vivre la fin de la journée, je parlais, je souriais , je répondais, mais je n'étais pas vraiment là.
... ah ouais je connais bien en fait :D , mais c'est pas rare du tout ça... c'est même presque tout le temps :D. Du coup ça ne doit pas être ça...

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sanders
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Re: Quand trop d'émotion tue l'émotion

Message par sanders »

sourizeante a écrit :
Hors-sujet
Il ne s’agit pas ici de parler
- d’empathie : on ne parle pas d’être envahi par les émotions d’autrui, mais bien par les siennes. Même s’il est évident qu’une forte empathie va venir en rajouter au ressenti propre.
o de dépression existentielle, ou de désintégration positive, bien qu’il y ait très probablement des liens et des connexions entre ces sujets
Je te propose sourizeante, si ce n'est déjà fait, de lire le topic sur l'empathie initié par Fabs.

Car si j'ai compris que ce n'est pas l'objet de celui-ci, certains messages y parlent, il me semble, de cette déconnexion évoquée ainsi que du décalage perçu entre ce qui est dit et ce qui est montré. Je crois d'ailleurs que ces messages (éclairants au demeurant) auraient leur place ici.

Et c'est normal, je crois, ces chevauchements. Si nous cherchons à être précis et à distinguer autant que faire se peut les mécanismes pour mieux comprendre et se faire comprendre, l'être humain est un tout et plein de mouvements peuvent l'agir en même temps ... un truc comme ça.
Le premier jour du reste de ma vie : Un jour, J'ai pu observer que la poutre que je voyais dans l'oeil de mon voisin, je l'avais fait devenir paille dans le mien. Alors même que nous buttions sur les mêmes (em)bûches. Depuis, plus rien n'est pareil..

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Riffifi
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Re: Quand trop d'émotion tue l'émotion

Message par Riffifi »

*Za* a écrit : Ce n'est pas un lâcher-prise, parce qu'il ne se fait pas consciemment. Ce n'est pas non plus un "simple" épuisement, ça va bien plus loin, c'est vraiment une sensation de vide intense, comme si l'on n'existait plus vraiment.
Il se peut que ce soit une sauvegarde d'urgence, qui nous coupe brutalement de nos émotions. Il se peut que ce soit au contraire ce qui arrive quand on a laissé les émotions s'amonceler au-delà de notre capacité à les supporter. Effectivement, sur ce point je ne suis pas sûre qu'on parle exactement de la même chose avec Arizona... ou bien on ne le vit pas pareil. [...] Il y a un moment où une mini-goutte fait basculer le disjoncteur, et là, BLANC, ton cerveau décide de ne plus être là.
pour ma part la déconnexion prend deux formes :

- soit un blocage soudain des émotions, de type sauvegarde d'urgence effectivement.
Et je peux poursuivre de façon machinale la discussion que j'ai.
De l'extérieur il semble que je suis impassible mais que mon corps me trahit (je blêmis par exemple). Ma sensation intérieure est une sensation de vertige très puissant, de vide effectivement, de néant, mais avec le sentiment qu'il est vital de continuer à parler, de s'accrocher à la discussion ou plutôt à l'enchaînement rationnel dans la discussion. Ce n'est pas une déconnexion du raisonnement.
Les émotions et sentiments ne reviennent qu'une fois seule, et en vagues progressives.
J'interprète cette réaction (s'accrocher au raisonnement) comme étant lié au besoin de maîtriser quelque chose, quand le reste devient incontrôlable/insupportable. L'impression de disparition des émotions est peut-être liée aussi à une focalisation hyper-intense et obsessionnelle sur le raisonnement, pendant le temps nécessaire pour absorber le choc et pour que les émotions redeviennent supportables.
J'appelais ça en effet "état de choc" car c'est toujours après une émotion violente.
- soit un blocage soudain du raisonnement (j'allais dire du cerveau).
Tout d'un coup plus rien, rien ne va de soi, plus rien n'a de sens logique, et je suis absolument perdue ; littéralement je ne sais pas quoi faire dans la situation dans laquelle je suis, tout me paraît étranger, anormal voire inquiétant.
Et là les émotions ne sont pas bloquées puisque cela suscite un sentiment d'angoisse et parfois de panique, et que je cherche la réponse chez les autres vu que mon cerveau déconne (donc sans bloquer le côté relationnel, même si je n'y comprends plus rien).
Par contre intérieurement c'est une sensation de blanc complet : pas de connexion, pas de mémoire, pas moyen de mettre quoi que ce soit bout à bout. Et là, je ne peux pas parler, j'en suis incapable. Le black out.
J'appelais ça "le bug" et cela survient dans des situations a priori anodines.
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L'idée de la mini-goutte et de l'amoncellement me fait réfléchir, vu les contextes dans lesquels cela apparaît, cela se tient comme explication au bug.
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Re: Quand trop d'émotion tue l'émotion

Message par Léo »

Bug, déconnexion... Cela me parle. Merci pour tous ces témoignages :-)

Situation 1 : Quand j'essaye d'exprimer une émotion sans la contenir; être dans l'immédiateté donc. Autant dire que ça m'arrive très rarement. Petite déjà, je mettais des plombes à réagir "correctement" aux quolibets ou blagues anodines (ou pas) ou autres situations sollicitant une réactivité/réaction de ma part... Une sorte de bug systématique avec, quand même des émotions un peu en pagaille qui s'agitent.

Exemple : Un type me dit quelque chose que je reçois mal. C'est censé être une (vilaine) blague. Peu importe la blague ici. Je ressens un choc électrique. Mon plexus, mon ventre sont envahis par les papillons mais les papillons sont munis de dents et en fait ça doit être un paillasson en fer. Je sens que je peux m'énerver et exprimer ce que je ressens... J'essaye, tant bien que mal, un peu dépassée. Mon interlocuteur sent que quelque chose a foiré dans sa blague et je ressens qu'il comprend mal ma réaction : Je me mets à trembler.... et pendant que je tremble les mots sortent avec l'impression d'avoir quitté mon corps qui pourtant est très présent à cause de la "secousse"... Je me sens "à côté" et une fois "la crise" passée, je suis épuisée et je me sens ridicule. Et je me dis que la prochaine fois, je réagirais avec plus de recul et en toute conscience (corps + esprit)...
Cette situation est malgré tout, la plus proche de ce que je souhaiterais réussir à gérer : Déferlante d'émotions en réaction, a peu près justifiées quand même par le caractère peu sympathique ou désagréable de la situation et tentative de les exprimer sur le moment sans péter un câble.


Situation 2 ... Avec réaction froide et distante, sans tremblements, sans crise... là, je me sens coupée de tout. Je me sens incapable de manifester quelque chose de sensible... et je tente de manifester quelque chose de sensé... Si mon interlocuteur est proche de moi, cela crée une distance très désagréable, difficile à vivre pour lui. Certaines personnes ne se rendent pas compte, je crois...
Pour celui ou celle qui s'en rend compte, c'est effet glaçon garanti avec incompréhension. Je ressens cette incompréhension, je ressens l'aspect glacial... et je reconnais, après coup, m'être comportée comme une machine pas très performante... Encore une fois, j'imagine qu'il s'agit d'une déconnexion pour ne rien ressentir...

Situation 3, de crise : Pas comme dans la situation n°1. En général, ça arrive rarement. C'est quand j'ai un peu trop bu. C'est saisissant et explosif. J'ai connu 5 ou 6 crises comme ça. Je ne me rappelle pas de comment ça a pu commencer. Enfin, ça dépend. Je me rappelle juste d'une intense douleur. Et cette douleur, motivée par l'accumulation, sort violemment, pas vraiment au bon moment... C'est le soucis de cette situation... Dans ces moments, aidée par l'alcool sûrement, je n'ai pas vraiment conscience de mon corps, de ma force, de ma connerie non plus du coup... je pète les plombs quoi et c'est aussi une forme de bug...

D'une manière générale, c'est l'inadéquation entre le moment et la réaction que je trouve problématique. L'impression de ne pas être là, de ne plus comprendre, de ne pas vraiment inclure l'autre dans ce qui arrive...

Plus jeune, j'ai eu l'impression de réussir le "pari" de l'extinction des sentiments et émotions... il s'agissait surtout d'une mise à distance peu gérée puisque je ne voulais pas sentir mon corps et encore moins m'arrêter sur les pensées... On ne peut pas séparer le corps/la tête mais une partie de ce que j'ai construit est parti de là quand même...

Il existe d'autres situations, moins violentes et qui concernent d'autres émotions, positives cette fois... une difficulté à éprouver, ressentir, accepter ces belles émotions en mettant une distance... Ce sont ces situations que je vis moins bien parce que depuis que j'ai compris que se construire uniquement en réaction (donc contre, donc négativement) est épuisant et vain, je souhaite, réellement reconnecter tout ça. Pour l'équilibre, le partage, la réciprocité, tout un tas de choses qui permettent d'apprendre et d'avancer.

Les bugs les plus rigolos sont en lien avec des situations où il faut se concentrer, en groupe... Ce n'est pas vraiment en lien avec les émotions. ça peut-être lors d'un jeu de cartes ou d'une réunion... Tout le monde est à fond et vit le truc à fond et soudain, c'est à mon tour... et là panne de cerveau :1cache:
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saliaskim
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Re: Quand trop d'émotion tue l'émotion

Message par saliaskim »

Lorsque le niveau émotionnel atteint un certain seuil, il y a un blocage, une saturation, quelque chose disjoncte. Cela passe ou non par un épisode de « crise » ou de « pétage de plomb ».
Après cette phase, on se retrouve en mode « vide », « feuille de papier » ( merci *Za*). Aucune émotion n’est plus ressentie, on se sent étranger au monde.
Ce forum me surprend toujours... ça fait du bien de ne pas se sentir seul.
Pour le sujet, je ressens ça assez souvent. Par exemple je suis assez doué pour trouver ce qui plaît aux gens, toucher là où ils ne s'y attendent pas. Du coup, ils éprouvent une grande joie, je partage ça un moment et puis il y a une sorte de basculement et je ne ressens plus rien. Le rire partagé se calme et devient sourire de façade, et on espère que les remerciements ne dureront pas trop longtemps parce qu'on est mal à l'aise. Dans le même temps, de nombreuses questions arrivent: "est-ce que sa réaction est sincère ? est-ce que mon cadeau lui plaît vraiment ? est-ce qu'il était approprié ?" etc. Du coup, de ce que j'ai compris de ce mécanisme, c'est qu'il provient de la peur de ne pas faire bien, de ne pas plaire, de perdre de l'estime de la part du destinataire du cadeau (qui est toujours une personne qui compte dans cette situation), globalement de la peur d'avoir déçu et du mensonge de politesse qui en résulte. En gros, ça a trait à la confiance.

@Léo, je subis souvent ce que tu décris dans ta situation 1 également, ça m'était souvent reproché dans mon travail précédent, mon chef me connaissait et parlait d'effet cocotte minute. Des fois il voyait que j'allais explosé alors il me prenait dans son bureau et on discutait pour tenter de désarmer le truc. J'ai vu un topic où ça en parlait

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Re: Quand trop d'émotion tue l'émotion

Message par Loups56 »

C'est un sujet extrêmement intéressant.

Depuis quelques années, enfin plus de la moitié de ma vie à vrai dire ;) , j'ai de grandes difficultés à savoir ce que je ressens. J'ai l'impression de plus facilement capter ce que les gens ressentent autour de moi et de le comprendre, mais quand ça me touche personnellement, les choses se corsent.

C'est d'ailleurs en cherchant hypersensibilité... que je suis arrivée jusqu'ici.

Je ne veux pas dire que je ne ressens plus rien, mais je dirais plus que c'est atténué à tel point que je ne l'entends pas vraiment. J'ai plutôt l'impression de me sentir "Neutre" à longueur de temps, même si certaines phrases peuvent être vécu comme une flèche en plein cœur, je vais la mettre de côté assez vite sans vraiment m'y attarder.

Cela me donne l'impression d'ouvrir une porte, de mettre cette émotion à l'intérieur de la pièce et de refermer la porte rapidement pour que cela ne sorte pas.

Il en va de même pour une émotion positive qu'une émotion négative.

Le coup de la petite fête surprise ou lorsqu'on m'offre quelque chose que je souhaitais fortement, je ne vais pas savoir comment réagir, je vais me montrer ravie, mais pas autant que ce qui est attendu par les personnes m'entourant ou même par rapport à ce que je ressens réellement. Je "neutralise"...

Dernier exemple en date, l'annonce des résultats du test WAIS. Je suis recroquevillée sur le fauteuil, je lis le papier qu'elle m'a donné et l'écoute en tremblant, en aillant froid. Au bout d'un moment, ne sachant pas comment réagir, je met tous ça derrière la porte, je me vois en train d'étendre mes jambes, m'installer plus confortablement dans le fauteuil, je n'ai plus froid, je l'écoute, pose des questions, mais tout en ayant l'impression que ce n'est pas tout à fait moi :^)

Euh, j'ai un peu de mal à l'expliquer en fait.


Un autre point qui m'a paru étrange. Fin décembre 2013, j'apprends qu'une camarade, de la promo au-dessus de la mienne (même si nous sommes toute deux sortie de l'école), qui était toujours très attentionnée, qui est venu plusieurs fois discutée avec moi, était porté disparu. Elle avait le même âge que moi, cette nouvelle m'a fortement chamboulée, mais j'ai tentée là aussi de mettre de côté tout ce que je ressentais.

Quelques jours plus tard, j'ai des douleurs partout, se baladant d'articulation en articulation. Je n'ai jamais eu aussi mal, impossible de dormir tellement cela me faisait mal. J'ai fait quelques prises de sang, cela démontrait une légère inflammation, mais les différents médecins que j'ai rencontrés ne savaient pas ce que j'avais. Ils m'ont prescrit des anti-inflammatoires, plus ou moins fort. Contrairement à d'habitude où lorsque j'en prends 2 - 3 jours de suite, mon estomac est en vrac, là j'en ai pris pendant plusieurs jours et plusieurs fois par jour et aucune douleur. Étrangement aussi, malgré le peu de sommeil, je ne ressentais pas la fatigue habituelle m'accompagnant quotidiennement. Pour les médecins, cela devait être un virus qui finirait par partir...

Les douleurs ont disparues quelques jours après avoir appris que le corps de cette camarade avait été retrouvé.

Je trouve la coïncidence assez grosse mais je ne pourrais jamais avoir une certitude sur le lien ou non avec cet événement.


J'aimerais, même si une part de moi reste effrayée à l'idée, pouvoir ressentir ses émotions et pouvoir les gérer.

Sinon, je trouve aussi la nature apaisante et peux rester assis dans le jardin à écouter et voir les déplacements des oiseaux sans me lasser. Ils commencent à me connaitre et à m'accepter :lol: Ils ne s'envolent pas dès que je met un pas sur l'herbe, ils s'approchent de plus en plus même lorsque ma chienne s'allonge à côté de moi.
Un bon bain chaud me relaxe aussi (malheureusement je n'ai qu'une douche dans mon nouvel appartement :'( )

J'espère n'avoir pas été hors sujet, si tel est le cas, je peux déplacer ce message à l'endroit adéquat ou le supprimer.

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Re: Quand trop d'émotion tue l'émotion

Message par BillyJo »

Je relance le sujet. J'ai 35 ans, je suis diagnostiqué THQI depuis une semaine.
Cyrano a écrit :Il semblerait, selon elle, que les THQI, à un moment de leur vie, et surtout s'ils ignorent leur particularité, ferment les écoutilles. Ils se déconnectent du monde quoi...
Elle m'a dit que ça se manifestait différemment selon les individus, mais que cette particularité était criante chez les THQI et réclamait une prise en charge spécifique, qu'on a mise en place d'ailleurs avec un succès...mesuré.
J'avais essayé d'expliquer ce phénomène lors de ma présentation, avec plus ou moins de succès. Je le remets ici (ça se fait de se citer soit-meme? )
BillyJo a écrit :en plus de me sentir différent, je me suis toujours demandé pourquoi j’étais très peu émotif. Mes lectures ont fait resurgir une histoire de moi-même, une histoire que je ne pouvais croire. Je me souviens maintenant très clairement, adolescent, avoir pris la décision de couper toutes les émotions qui impactaient ma pensée. JSF appelle ça la défense par cognition. Je me souviens du moment où je l’ai fait, et du processus utilisé. Cette défense m’a donné de l’assurance et m’a permis de passer par le rouleau compresseur des classes prépas, ou je pense avoir terriblement limité mon intuition. J’ai pu jouer au jeune cadre dynamique et brillant de par le monde pensant dix ans, puis m’arrêter, sans savoir trop pourquoi, seulement que je ne jouais pas à ma vie.
Je remet aussi cette citation de la discussion sur les THQI qui correspond vraiment a ce que j'ai vécu.
Kid Pharaon a écrit :Selon moi donc, un "type" chez un Thqi sera donc plus pathologique, plus complexe comme une prison mentale élaborée dont il n'arrive pas à s'échapper car nourri par ses peurs, alimenté par son énergie et dont il est le seul à pouvoir atteindre la clé sans savoir où elle est rangée. Je dirais que chez un Thqi non équilibré le choix de se désintégrer positivement s'impose à un moment donné comme une absence de choix.
Je comprends que la prise en charge spécifique dont parle Cyrano ai un effet mesuré lorsque le THQI a perdu la clef, ce qu n'est pas mon cas. J'ai donc commencé a travailler sur moi-même, mais je suis quand même curieux: de quel type de prise en charge spécifique parle-t-on ici? Quel professionnel contacter?

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BillyJo
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Re: Quand trop d'émotion tue l'émotion

Message par BillyJo »

J'ai trouvé un passage d'un livre qui peut expliquer le phénomène dont nous parlions, de façon psycho/physiologiques. Le livre c'est L'intelligence émotionnelle tome 1 - accepter ses emotions pour developper une intelligence nouvelle de Daniel Goleman.

Je copie ici le passage concerné (titré Le refoulement ou refus optimiste):
Daniel Goleman a écrit :La propension à ignorer des émotions comme la colère ou l’anxiété est assez répandue ; selon Weinberger, elle concernerait une personne sur six. En théorie, les enfants apprendraient à rester impassible de diverses façons. L’une pourrait être une stratégie de survie face à une situation pénible, comme le refus de faire face à l’alcoolisme d’un des membres de la famille. Il se peut aussi que les parents répriment leurs propres émotions et donnent ainsi l’exemple d’une invincible bonne humeur ou d’une passibilité stoïque. Ou peut-être ce trait de caractère est-il tout simplement hérité. On ne sait pas vraiment quelle est l’origine de ce type de comportement, mais lorsque l’individu atteint l’âge adulte, il est décontracté et reste serein dans l’adversité.

La question reste, bien sûr, de savoir dans quelle mesure ces personnes sont effectivement calmes et détendues. Est-il possible qu’elles n’aient pas conscience des manifestations physiques des émotions pénibles ? Ou font-elles semblant d’être calmes ? La réponse nous est donnée par les travaux de Richard Davidson, un ancien collaborateur de Weinberger. Il a demandé à des personnes ayant tendance à refouler leurs émotions ce qu’évoquaient pour elles une liste de mots dont la plupart étaient neutres, mais dont certains avaient une connotation sexuelle ou agressive, source d’anxiété chez la majorité des gens. Leurs réactions physiques ont mis en évidence les signes physiologiques de l’angoisse en réaction aux mots a forte charge affective, alors même que leur façon de les associer à des mots neutres témoignait presque toujours d'une tentative de les vider de leur contenu. A la « haine » ils faisaient correspondre, par exemple, l' « amour ».

L'étude de Davidson tire parti du fait que (chez les droitiers) l'hémisphère droit est le lieu privilégié de traitement des émotions négatives, alors que le centre de la parole se trouve dans l'hémisphère gauche. Lorsque l'hémisphère droit reconnaît un mot inquiétant, il transmet l'information à travers le corps calleux - la grande séparation entre les deux moitiés du cerveau - au centre de la parole, et, en réaction, un mot est prononcé. Grâce à un système de lentilles, Davidson faisait en sorte que les sujets voient le mot qu’il leur montrait avec la moitié seulement de leur champ visuel. En raison de la structure neuronale du système visuel, quand le mot est vu par la moitié gauche du champ visuel, il est d'abord perçu par l’hémisphère droit du cerveau, celui sensible à l’affliction. Si le mot est vu par la moitié droite, le signal va à l’hémisphère gauche sans être évalué de manière négative.
Les sujets réagissaient avec retard aux mots perçu par l'hémisphère droit, mais uniquement si ils appartenaient à la catégorie des mots à connotation négative. Les mots neutres étaient associés sur-le-champ. Le retard n'apparaissait pas non plus lorsque les mots étaient présentés à l'hémisphère gauche. Bref, l'impassibilité des sujets semble due à un mécanisme neuronal qui ralentit le transfert de l'information déplaisante.

Nous devons en conclure que les sujets en question ne simulent pas l'inconscience de leur contrariété ; leur cerveau leur cache l'information. Plus précisément, le vernis de sentiments fades qui vient recouvrir ces perceptions gênantes pourrait bien résulter du fonctionnement du lobe préfrontal gauche. A sa grande surprise, lorsque Davidson mesura le niveau d'activité des lobes préfrontaux, le gauche - le centre des sentiments agréables - se révéla nettement plus actif plus le droit, centre de la négativité.

Ces individus « se présentent sous un jour favorable, sous des dehors optimistes », explique Davidson. « Ils nient leur tension intérieure et, alors qu'ils sont tranquillement assis, témoignent d'une importante activité frontal gauche qui est associée à des sentiments positifs. Cette activité cérébrale pourrait expliquer leur attitude positive, en dépit d'une effervescence physiologique sous-jacente qui ressemble fort à de l'anxiété. » La théorie de Davidson est que, sur le plan de l'activité cérébrale, percevoir les réalités dérangeantes sous un jour optimiste exige une grande dépense d'énergie. L'augmentation de l'agitation physiologique pourrait être due à l'effort soutenu accompli par les circuits neuronaux pour conserver des sentiments positifs ou pour supprimer ou inhiber les sentiments négatifs.

En résumé, l'impassibilité constitue une sorte de refus optimiste, une dissociation positive – et, peut-être aussi, l'indice de mécanismes neuronaux à l'œuvre dans les états dissociatifs les plus aigus, ceux qui caractérisent par exemple, le stress post-traumatique. Quand elle se traduit simplement par une tranquillité d'esprit, conclut Davidson, « elle semble exercer un effet autorégulateur salutaire sur les émotions », au prix d'une perte non évaluée, de la conscience de soi.
Plusieurs idées me viennent pour compléter le raisonnement:
  • Le phénomène du refoulement est suffisamment répandu ( 1 personne sur 6 ) pour que je me permette de le citer ici. Il n'est donc pas lié exclusivement a la douance.
  • Par contre la cause du refoulement, une "stratégie de survie face à une situation pénible", peut être reliée a la souffrance de l'enfant surdoué.
  • L’expérience de Davidson montre un retard du système de reconnaissance des mots pénibles, situé dans l’hémisphère droit, et donc perçu par l’œil gauche. J'ai personnellement été diagnostiqué pour un retard de l’œil gauche et suivi des séances d'orthoptiste pour le rééduquer. Je me souviens que l'ophtalmo avait émis l’hypothèse d'une cause psychologique. Il serait intéressant de voir qui, sur le forum, est concerné a la fois par le refoulement et par un retard d'un œil.
  • La dernière phrase précise que le mécanisme du refoulement se fait "au prix d'une perte non évaluée de la conscience de soi", cette même conscience de soi qui est nécessaire pour le passage a un stade supérieur dans la TDP. Le mécanisme pourrait donc être un frein qui devrait être désintégré positivement, mais je m'avance peut-etre un peu trop...

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Za
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Re: Quand trop d'émotion tue l'émotion

Message par Za »

Merci pour cet extrait, il y a effectivement des choses intéressantes dans cette idée de refoulement.

Ceci dit, il y a 2-3 trucs qui me grattent... ^^
BillyJo a écrit :[*] Par contre la cause du refoulement, une "stratégie de survie face à une situation pénible", peut être reliée a la souffrance de l'enfant surdoué.
"Souffrance de l'enfant surdoué" ?
Tu sous-entends que la douance entraîne nécessairement une souffrance ? Ou que seuls les surdoués qui se retrouvent en souffrance vont développer ce mécanisme de refoulement ?
BillyJo a écrit :[*] L’expérience de Davidson montre un retard du système de reconnaissance des mots pénibles, situé dans l’hémisphère droit, et donc perçu par l’œil gauche. J'ai personnellement été diagnostiqué pour un retard de l’œil gauche et suivi des séances d'orthoptiste pour le rééduquer. Je me souviens que l'ophtalmo avait émis l’hypothèse d'une cause psychologique. Il serait intéressant de voir qui, sur le forum, est concerné a la fois par le refoulement et par un retard d'un œil.
Alors. Si le début de l'extrait est fort intéressant, je suis personnellement un peu gênée par ce sempiternel retour à la dichotomie hémisphère droit/hémisphère gauche dont on sait qu'elle est plus que controversée... Ceci dit, ce qu'il en dit est relativement nouveau pour moi (agréable VS désagréable) : je pense qu'il faut fouiller un peu plus loin pour savoir sur quoi cela repose.

Par contre pour les yeux, ça ne fonctionne pas comme ça. En réalité, la moitié interne des fibres nerveuses oculaires croise au niveau du chiasma optique, de sorte que ce qui arrive à gauche, c'est l'hémichamp gauche de chaque œil. De cette manière, chaque hémisphère ne traite non pas les infos d'un unique œil, mais les infos en relief d'un hémichamp visuel.
Et quand bien même, le coup du retard de l’œil qui serait psychologique :think: ... euh, faudrait qu'on m'explique, il y a quand même un substrat anatomique en général non ?
BillyJo a écrit :Le mécanisme pourrait donc être un frein qui devrait être désintégré positivement
Que veux-tu dire par là ?
J'ai mis mon képi dans la cage
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BillyJo
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Re: Quand trop d'émotion tue l'émotion

Message par BillyJo »

Merci Za pour ta réponse. Je vais essayer d’expliquer les différents points qui te grattent :

Tout d’abord, les quatres points finaux sont des pistes de travail, je ne prétends pas qu’elles soient justes ou fausses. Ce sont des hypothèses, et comme toutes hypothèses, elles demandent à être vérifiées (ou non). J’en fais part ici pour partager le raisonnement, peut-être que d’autres suivront les pistes.
Za a écrit :Tu sous-entends que la douance entraîne nécessairement une souffrance ? Ou que seuls les surdoués qui se retrouvent en souffrance vont développer ce mécanisme de refoulement ?
Je sous-entends qu’une douance non diagnostiquée peut entrainer une incompréhension des relations avec les autres, qui, couplée à une hyperémotivité (elle-même liée à la douance) peut entrainer une souffrance. Il y a donc une souffrance propre aux surdoués (mais pas généralisable a tous les surdoués – voir le bouquin de JSF pour les sources), qui peut être une cause du refoulement.
Za a écrit :je suis personnellement un peu gênée par ce sempiternel retour à la dichotomie hémisphère droit/hémisphère gauche dont on sait qu'elle est plus que controversée...
Pour le fameux débat sur les hémisphères cérébraux, je suis surpris qu’il déclenche autant de passions sur le forum. Je pense qu’il ne faut pas confondre les généralisations approximatives (être neurodroitier/neurogaucher) avec les résultats de l’imagerie cérébrale. Il est clairement admis que l’on peut visualiser les zones du cerveau qui s’activent en fonction du type de pensée (activation voulant dire arrivée de plus de sang, d’oxygène, ou modification du champ électrique ou magnétique). On peut donc associer des zones du cerveau a des types de pensées. Et les zones activées peuvent être situés dans un hémisphère ou l’autre. Pour l’expérience dont je parle, on s’intéresse particulièrement a la connexion système de reconnaissance visuel / parole et leur association aux lobes préfrontaux, gauches et droits, qui sont eux même activés en fonction du type de pensée, négative ou positive. Le passage cité parle d’hémisphères pour simplifier, mais la visualisation des zones activées est beaucoup plus précise.
Za a écrit :Par contre pour les yeux, ça ne fonctionne pas comme ça. En réalité, la moitié interne des fibres nerveuses oculaires croise au niveau du chiasma optique, de sorte que ce qui arrive à gauche, c'est l'hémichamp gauche de chaque œil. De cette manière, chaque hémisphère ne traite non pas les infos d'un unique œil, mais les infos en relief d'un hémichamp visuel.
Je crois me souvenir d’expériences d’ablation du corps calleux (zone de transfert entre hémisphère gauche et droit) dans les années 60 pour traiter l’épilepsie, qui etaient sans conséquence sur la vision, mais qui impactaient le traitement d’information lié à la vision. (le sujet était incapable de reconnaître les personnes vues avec l’œil gauche mais était capable de les nommer, et inversement avec l’autre œil). C’est ce genre d’expériences qui ont commencés les théories de latéralisation du cerveau. (il faudrait trouver les sources)
Za a écrit :Et quand bien même, le coup du retard de l’œil qui serait psychologique :think: ... euh, faudrait qu'on m'explique, il y a quand même un substrat anatomique en général non ?
Ici on part d’une expérience, c’est-à-dire d’un fait : les sujets à refoulement réagissent avec retard aux mots perçus par l’œil gauche (hémisphère droit), mais uniquement si ils appartiennent à une catégorie de mot à connotation négative. Si l’expérience a été bien réalisée, ce fait est avéré, seule l’interprétation peut être discutable. Une des meilleures explications est celle qui est donnée dans le texte, c’est-à-dire un ralentissement inconscient du système de reconnaissance des idées négatives. Le système étant composé de l’œil et du cortex préfrontal, je me demande si le retard ne peut pas se généraliser a l’œil. Hypothèse qui demande à être vérifiée, d’où ma question aux autres refouleurs du forum. Pour étayer mon hypothèse, je ressors le questionnaire préalable au test de QI que m’avait donné mon psy, une question portait sur d’ eventuels suivis actuellement ou dans le passé (préciser : psychologie, psychiatrie, psychomotricité, orthophonie, orthoptie…). L’orthoptie et la psychiatrie sont liées, puisque les deux travaillent sur les nerfs.

Et pour les curieux, l’expérience est tirée de cet ouvrage, disponible gratuitement sur google books: The Construct Validity of the Repressive Coping Style, de Daniel Weinberger


Pour la dernière question, je renvoie vers le sujet sur la théorie de la désintégration positive, et particulièrement sur les posts de Kid Pharaon et Zyghna. En gros, selon cette théorie, les émotions négatives sont des guides nécessaires pour se construire l’image de sa personnalité idéale.
Zyghna - Dabrowski a écrit :L’individu doit apprendre à considérer ces sentiments et émotions dits négatifs avec bienveillance dans la mesure où ils lui indiquent un décalage entre son comportement actuel et son idéal à atteindre, même s’il n’a pas encore conscience de ses valeurs personnelles.
Refouler ses émotions négatives est donc un blocage pour comprendre et atteindre son idéal (passer au niveau supérieur). C'est ce qui n'est pas evaluée dans la derniere phrase:
Goleman a écrit : « elle semble exercer un effet autorégulateur salutaire sur les émotions », au prix d'une perte non évaluée, de la conscience de soi.
Toujours selon cette théorie, une des façons de passer à un niveau supérieur de conscience de soi est de se désintégrer positivement, c’est-à-dire de déconstruire ses vieilles valeurs et mécanismes (dont le refoulement par exemple) et de se reconstruire ensuite.

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PointBlanc
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Re: Quand trop d'émotion tue l'émotion

Message par PointBlanc »

Cela fait un bon bout de temps (vingt ans ? Plus ?) que je vis dans l'état de désaffection dont il est question ici. C'est simple : au-delà d'un certain seuil d'intensité, je n'éprouve absolument rien. En d'autres termes, je peux être modérément joyeux, modérément triste, modérément attaché à quelqu'un... Mais si ce modérément menace de basculer vers le très, ce n'est même pas que l'émotion plafonne : elle est littéralement abolie. La seule émotion qu'il me reste alors à éprouver, c'est l'effroi que suscite ce détachement ; le terme peut sembler un peu fort, mais pour avoir fait cette sorte d'expérience dans des occasions où j'aurais normalement dû fondre en larmes, il me semble correspondre à cette sidération qui m'a envahi quand je me suis aperçu qu'en effet je ne ressentais pas même un commencement de douleur. Il y a de la honte aussi, après coup.

J'étais pourtant un enfant très sensible, capable de colères violentes et que terrifiait la seule éventualité de l'abandon ou de la perte. Je ne sais pas quand au juste tout s'est arrêté, vers mes vingt ans je crois - je ne sais pas si c'est à cause d'un événement précis, ou si l'accumulation de souffrance a fini par atteindre un point où il valait mieux tout jeter dans le puits à la fois, sans opérer de tri, et refermer derrière.

Depuis je pleure en rêve, ou bien en lisant un poème ou devant une scène de film, de façon complètement inattendue ; ça reste rare. Ce qui l'est moins, c'est que mon corps se charge d'exprimer ce que refoule ma conscience : je connais depuis des années des épisodes qui le voient lâcher d'une façon ou d'une autre : diplopie, douleurs nerveuses inexplicables, engourdissement... Il a pu me sembler certains jours que j'avançais sur des jambes de bois, ou que mes pieds, devenus minuscules, me permettaient tout juste de tenir debout. La sclérose en plaques a été évoquée mais les éléments manquaient pour confirmer le diagnostic. Un neurologue m'a conseillé de, je cite : "traiter tout ça par le mépris". J'ai longtemps cru que c'était en désespoir de cause ; je crois aujourd'hui que c'était un excellent conseil. Ce que je sais en tout cas, c'est que plus j'ai de raisons de souffrir sur le plan psychique et plus ces symptômes s'intensifient ; quand je vais bien comme en ce moment, c'est comme s'ils n'avaient jamais existé.

Je ne sais pas le rôle que le haut potentiel pourrait jouer là-dedans, que ce soit dans le refoulement ou dans la somatisation. Il est certain que ces deux mécanismes ne sont pas propres aux surdoués ; peut-être le seuil à partir duquel ils se déclenchent est-il susceptible d'être plus vite atteint chez eux (chez nous - j'ai encore du mal avec l'idée, je crois).

Quant à mon rapport aux émotions des autres, il est simple lui aussi et obéit au même fonctionnement : plus ils me sont proches et moins leurs émotions me touchent. Il m'arrive d'être profondément ému en classe, pour des raisons diverses ; en famille, c'est le calme plat. Je ne trouve pas que ce soit mystérieux.

En résumé, il semble qu'il y ait chez moi des situations où l'émotion est autorisée : elle se manifeste alors avec une intensité qui excède ce que justifieraient les circonstances, comme en compensation des autres occasions où sa violence potentielle conduit immédiatement à son refoulement.
Hors-sujet
Je me demande la forme que prend cette souffrance dans l'organisme, puisqu'elle y perdure, qu'elle en pervertit le fonctionnement dès lors qu'elle se change en détresse physique - laquelle s'alimente ensuite d'elle-même, devenant chronique du seul fait qu'elle demande un effort constant de compensation qui dans les faits étend son influence. J'imagine qu'elle est dans sa chimie comme elle est dans les nerfs, comme elle est dans la vie microbienne, partout, imprégnant tout au terme d'un enchaînement catastrophique de déséquilibres provoqués par cette seule délégation initiale de la responsabilité de souffrir à ce corps que plus ou moins consciemment on doit croire capable de tout endurer.
Vous qui vivez qu'avez-vous fait de ces fortunes ?

saliaskim
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Re: Quand trop d'émotion tue l'émotion

Message par saliaskim »

PointBlanc a écrit :Cela fait un bon bout de temps (vingt ans ? Plus ?) que je vis dans l'état de désaffection dont il est question ici. C'est simple : au-delà d'un certain seuil d'intensité, je n'éprouve absolument rien. En d'autres termes, je peux être modérément joyeux, modérément triste, modérément attaché à quelqu'un... Mais si ce modérément menace de basculer vers le très, ce n'est même pas que l'émotion plafonne : elle est littéralement abolie. La seule émotion qu'il me reste alors à éprouver, c'est l'effroi que suscite ce détachement ; le terme peut sembler un peu fort, mais pour avoir fait cette sorte d'expérience dans des occasions où j'aurais normalement dû fondre en larmes, il me semble correspondre à cette sidération qui m'a envahi quand je me suis aperçu qu'en effet je ne ressentais pas même un commencement de douleur. Il y a de la honte aussi, après coup.
Tu décris parfaitement la chose ! A ce ci près que personnellement, après coup, ce n'est pas de la honte mais des regrets et de l'inquiétude d'être différent ou malade. Je ne sais pas vraiment quand j'ai basculé vers ce type d'émotion. Je me souviens qu'enfant je me cachais sous la table quand l'émotion était trop forte. Plus tard adolescent/jeune adulte je me souviens que déjà, je n'arrivais plus à éprouver les "très".
Ta question sur le marquage physique m'intéresse aussi, je me la suis également posée. La douleur marque le corps bien plus que physiquement, elle est très durable au contraire. Il y a une sorte de mémoire de la douleur. On sait que certains évènements modifient la physiologie, par exemple le fait d'être parent modifie le cerveau. Pour moi la douleur fait quelque chose comme ça.

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Re: Quand trop d'émotion tue l'émotion

Message par Grabote »

Merci PointBlanc et saliaskim pour ces témoignages qui m'aident à comprendre des personnes de mon entourage ^^.
Est ce que vous ressentez malgré tout de l'empathie pour les émotions de l'autre ?
Est ce que vous pouvez reconnaître l'émotion de l'autre ?
Est ce que vous êtes gênés par les émotions intenses (ou pas) de l'autre ?
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Re: Quand trop d'émotion tue l'émotion

Message par Mei Run »

*Za* a écrit :Ce n'est pas un lâcher-prise, parce qu'il ne se fait pas consciemment. Ce n'est pas non plus un "simple" épuisement, ça va bien plus loin, c'est vraiment une sensation de vide intense, comme si l'on n'existait plus vraiment.
Il se peut que ce soit une sauvegarde d'urgence, qui nous coupe brutalement de nos émotions. Il se peut que ce soit au contraire ce qui arrive quand on a laissé les émotions s'amonceler au-delà de notre capacité à les supporter.[...] Il y a un moment où une mini-goutte fait basculer le disjoncteur, et là, BLANC, ton cerveau décide de ne plus être là.
Je crois que c'est ce qui m'est arrivé. Il y a longtemps. Et encore et encore par-dessus. J'ai éteins, déconnecté le disjoncteur sur off. Réflexe de survie peut-être, ta "sauvegarde d'urgence" est bien trouvée.
Le vide, juste vide.
J'ai du mal à trouver les mots pour décrire ça, je ne sais pas comment vous faites quand je vous lis. Pour moi c'est juste un grand flou de trucs impalpables et mouvants, et aucun mot ne sonne assez juste pour tenter d'expliquer.
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Re: Quand trop d'émotion tue l'émotion

Message par Léo »

PointBlanc a écrit :Cela fait un bon bout de temps (vingt ans ? Plus ?) que je vis dans l'état de désaffection dont il est question ici. C'est simple : au-delà d'un certain seuil d'intensité, je n'éprouve absolument rien. En d'autres termes, je peux être modérément joyeux, modérément triste, modérément attaché à quelqu'un... Mais si ce modérément menace de basculer vers le très, ce n'est même pas que l'émotion plafonne : elle est littéralement abolie. La seule émotion qu'il me reste alors à éprouver, c'est l'effroi que suscite ce détachement ; le terme peut sembler un peu fort, mais pour avoir fait cette sorte d'expérience dans des occasions où j'aurais normalement dû fondre en larmes, il me semble correspondre à cette sidération qui m'a envahi quand je me suis aperçu qu'en effet je ne ressentais pas même un commencement de douleur. Il y a de la honte aussi, après coup.

Je ne sais pas le rôle que le haut potentiel pourrait jouer là-dedans, que ce soit dans le refoulement ou dans la somatisation. Il est certain que ces deux mécanismes ne sont pas propres aux surdoués ; peut-être le seuil à partir duquel ils se déclenchent est-il susceptible d'être plus vite atteint chez eux (chez nous - j'ai encore du mal avec l'idée, je crois).

Quant à mon rapport aux émotions des autres, il est simple lui aussi et obéit au même fonctionnement : plus ils me sont proches et moins leurs émotions me touchent. Il m'arrive d'être profondément ému en classe, pour des raisons diverses ; en famille, c'est le calme plat. Je ne trouve pas que ce soit mystérieux.

En résumé, il semble qu'il y ait chez moi des situations où l'émotion est autorisée : elle se manifeste alors avec une intensité qui excède ce que justifieraient les circonstances, comme en compensation des autres occasions où sa violence potentielle conduit immédiatement à son refoulement.
J'ai déjà posté mais PointBlanc, là, ce que tu dis, touche quelque chose en moi, notamment lorsque tu emploies le terme "modérément"... Mes proches, très peu nombreux, me caricaturent un peu en manchot/pingouin, quelque peu atrophiée de l'émotion et de son expression (visualisez les ailes qui s'agitent mais ne peuvent embrasser) mais au fond, je ne me sens pas vraiment comme ça (et puis je respecte énormément l'émotivité des pingouins). Je ne supporte pas le trop, le très et encore moins si j'en deviens "la cible". Parfois je me demande si je ressens vraiment quelque chose en présence de mes amis, de mes proches... C'est avec la distance (physique et psychique) que je prends la mesure de mon attachement aux autres et des émotions que cela suscite, comme si le fait d'être loin autorisait à éprouver la proximité...
ça fausse les rapports, peut-être, ça limite sans doute les capacités à vivre l'instant aussi, ainsi que la possibilité de reconnaître ses émotions... C'est clair que j'ai parfois l'impression que quelque chose s'est bloqué, à un moment mais quand ? Je ne sais.

Je pleure souvent lorsque je visionne des documentaires animaliers... Les animaux, en général suscite en moi de grandes et graves choses mais si mon ami/e pleure, je reste de marbre. j'ai envie de rassurer, d'être là et dans la plupart des cas, je suis là mais loin. D'un autre côté, ça a pu être une bonne façon de gérer des crises. Je n'aime pas être envahie et je me sens vite envahie. J'essaye de faire attention à ne pas tout mélanger parce que j'ai bien conscience que parfois, c'est juste chiant d'être en face de quelqu'un qui d'un coup à envie de se barrer alors que l'autre, n'a rien fait de spécial. Je me demande si le blocage est un "trait de caractère" ou si c'est une réelle incapacité à affronter le partage des émotions.

Je sens poindre une émotion très forte (que je réprime très fort, très vite) lorsque je dois, par exemple rassurer un enfant ou dire à quelqu'un (de proche) que je crois en lui, que je l'aime... immédiatement, je ravale mes larmes. Ce qui m'embête un peu, c'est que je ne sais pas trop ce que je ressens dans ces moments. Soit je tremble, soit j'ai envie de pleurer, soit j'ai envie de fuir, soit j'ai envie de casser une porte... et je ne fais rien de tout ça (je ne compte pas les (rares) fois où, l'alcool m'a littéralement fait péter les plombs). Je ressens donc des choses à certains moments... mais Il y a beaucoup de situations où, finalement, je suis "modérément" là...

Quant à la somatisation... et bien, ça va un peu mieux en ce moment mais je dois dire que j'ai du mal à relier cette "incapacité" à éprouver aux moult bidules du corps et pourtant je sais que... Mais j’intellectualise pas mal quand même...

En ce moment, je "travaille" en thérapie comportementale et j'ai des exercices à faire. Je les fais. Et parfois, je sens poindre quelque chose de particulier qui semble venir de loin. C'est intérieur. Certaines respirations agissent un peu comme des petites pelles et des creusements remontent parfois des larmes ou un apaisement. J'imagine que c'est le fait d'essayer de "renouer" avec son petit intérieur qui provoque cela. Aussi, mais cela ne concerne pas forcément le fait d'éprouver ou de reconnaître ses émotions, j'exprime de plus en plus ce qui peut me poser problème (pas encore le contraire).
"Soudain, la jeune fille, le plus tranquillement du monde, entreprit de se curer le nez avec les doigts." Witold Gombrowicz

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Re: Quand trop d'émotion tue l'émotion

Message par saliaskim »

Grabote a écrit :Merci PointBlanc et saliaskim pour ces témoignages qui m'aident à comprendre des personnes de mon entourage ^^.
Est ce que vous ressentez malgré tout de l'empathie pour les émotions de l'autre ?
Est ce que vous pouvez reconnaître l'émotion de l'autre ?
Est ce que vous êtes gênés par les émotions intenses (ou pas) de l'autre ?
Oui, énormément d'empathie. Je pense aussi que c'est un moyen de sauvegarde, plus ou moins lié à un état dépressif latent et à un soucis d'estime de soi. J'ai un peu réfléchit à la question, quand ça "coupe" niveau émotions, il me semble que j'ai en même temps une certaine peur que ça ne soit pas "vrai", que ça soit simulé, et que je me sois dévoilé pour rien.

C'est pas simple à expliquer. Au moment où on ressent que ça "coupe", on se sent vraiment vide. A ce moment-là j'ai l'impression d'être un sociopathe sans aucune empathie. Ça peut me pourrir le moral pour la journée, alors qu'à la base c'est censé être un plaisir :/ Du coup j'ai souvent évité de genre de situation par la suite, ou les ai vécues comme des contraintes (anniversaires, Noël, ce genre de choses).

invité123

Re: Quand trop d'émotion tue l'émotion

Message par invité123 »

Cette discussion est très intéressante. Personnellement je ne m'y retrouve pas du tout, mais je pense revenir la lire à l'occasion et voir si je digère des éléments d'une façon qui pourrait m'éclairer sur mon propre rapport aux émotions.

J'ai trouvé très instructifs les passages sur la déconnexion lors d'un trop de ressentis différents et/ou de trop forte intensité. Je peux bien entendu appréhender la chose, mais il me semble être incapable de vraiment comprendre.

Mais j'ai un rapport complexe aux émotions, pendant longtemps j'ai cru ne pas en avoir du tout, et ensuite même si j'ai su les percevoir et les comprendre, elles ont continué à toujours être filtrées par trop de rationalisation permanente. C'est comme si j'étais continuellement médiateur entre mon ressenti et moi même. C'est un avantage dans les moments de conflits ou de stress, parce que la distance que j'entretiens malgré moi avec mes émotions me permet d'être toujours "efficace", mais cela m'a longtemps pourri l'existence également pour des questions d'image de soi : La honte de ne pas ressentir les mêmes choses dans les mêmes circonstances que ce qui peut sembler approprié.

J'ai été interpellé par les témoignages faisant référence à une vitre derrière laquelle les événements sont observés. J'essais de voir si je fonctionne de la même façon... Mais il ne me semble pas, il faudra que j'y pense encore... Pour moi, la distance ne s'établit qu'avec les émotions et jamais avec les circonstances, bien que je dois reconnaître que les très rares fois où j'ai pu avoir des moments de "faiblesse" en public, alors par exemple qu'une amie me devinant les larmes aux yeux me prenne dans ses bras, je me retrouve à me laisser aller à pleurer tout en me disant intérieurement de manière très distincte que - comment dire - "je faisais du cinéma", comme si je mettais la sincérité de ces larmes en doute du fait que je savais que si j'avais voulu j'aurais pu me reprendre immédiatement. C'est étrange d'écrire cette anecdote, car je constate que je n'ai pas les idées claires à son sujet, mais elle correspond à cette époque où j'ai justement commencé à mieux me comprendre et fonctionner.

Ce que je constate également, c'est que j'ai toujours pu discuter de moi même, de mon fonctionnement, de ma dépression, d'une manière clinique et froide, comme si je racontais les humeurs et ressenti d'un personnage. J'ai d'ailleurs eu plusieurs fois l'occasion de surprendre des psychologues sur mon état de sérénité, que ces psychologues redoutaient n'être qu'apparence, mais qui moi me semblait bien réelle. Je me demande si cette image de la vitre correspond à cela, mais en même temps je ne me sens jamais étranger aux circonstances.

Je continuerai à y penser. Merci pour les pistes de réflexion.




Je n'ai pas encore lu les sujets spécifiquement consacrés à l'empathie, mais j'avais envie de réagir à cette intervention :
Grabote a écrit : Est ce que vous ressentez malgré tout de l'empathie pour les émotions de l'autre ?
Est ce que vous pouvez reconnaître l'émotion de l'autre ?
Est ce que vous êtes gênés par les émotions intenses (ou pas) de l'autre ?
J'ai longtemps cru n'avoir aucune empathie. Dans le sens où il me semble que j'ai longtemps confondu empathie et contagion émotionnelle. Comme il me semblait que les émotions des autres ne générait pas d'émotions chez moi, je pensais que j'avais un problème, un handicap. Et c'est vers l'âge de 20/21 ans que j'ai décidé de m'investir énormément dans l'analyse et la lecture des autres. Ce qui fait qu'aujourd'hui je me crois capable de percevoir et comprendre ce que les gens autour de moi peuvent signifier de leurs émotions par leurs attitudes, expressions, tonalités, etc. Mais j'ai toujours l'impression que je le reçois et le traite d'une manière quasiment strictement intellectuelle.

Il y a une vidéo qui me permet d'illustrer cela je crois. Cette vidéo est le discours que je trouve très touchant d'Ellen Page à la Human Rights Campaign.


[BBvideo 560,315]http://www.youtube.com/watch?v=1hlCEIUATzg[/BBvideo]


J'ai vu l'effet que peut avoir cette vidéo sur des gens. J'ai vu des gens être gagné par tant d'émotions qu'ils étaient en larmes. En ce qui me concerne, il me semble que je n'ai jamais été autant touché par des images que lors du premier visionnage de ce discours, mais physiquement cela ne s'est traduit que par quelques frissons dans les bras et c'est tout. La vidéo m'a bouleversé, mais j'ai l'impression que cela se passe surtout dans ma tête, pas dans mon cœur si je peux m'exprimer ainsi.

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