Un vieux topic que je déterre, j'ai un peu tout survolé et je dois admettre que je me reconnais à fond dans tout ces propos...Bon, ma réponse est longue, je me raconte, mais il y a peut-être des points qui parleront à d'autres...
Le rapport aux autres a toujours été très variable pour moi.
Sans parler du sentiment de décalage permanent, j'ai toujours réussi à donner le change pendant de très longues années, parce que j'étais dans une dynamique ultra positive, curieux des autres et surpris des sentiments que je pouvais avoir envers eux. C'est à partir de ce point que les choses ont commencés à partir en vrille :
- Voir les amis/collègues comme des frères et soeurs : j'ai toujours aimé trés/trop vite les gens que je rencontrais. J'avais besoin de cet amour pour échanger avec eux, parce qu'il me semblait que les relations devaient partir de ça. Pas la peine de vous faire un dessin : y a pas plus casse gueule ! En amitié d'abord, l'amour porté à mes proches (et ce que ça implique d'écoute, de partage etc..) ne m'a jamais été rendu et j'ai mis plus de 25 ans à m'en apercevoir ! Niveau boulot, pire, considérer que les collègues peuvent être des frères d'armes a été la pire erreur qui m'a amené à être pris pour un faible et à subir le harcèlement moral en entreprise. Autant dire que quand on propose de l'amour et qu'on reçoit de la manipulation et de la toxicité, c'est pas terrible pour le moral !
- les mondanités : je dirais que jusqu'à 30 ans, ça allait à peu prés même si je ne me sentais jamais vraiment dans le même état d'esprit des autres. Alcools et drogues aidant, j'ai pu donner le change. Passé 30 ans, j'ai commencé à réaliser à quel point je me fourvoyais sur ma perception des autres : je faisais des efforts pour leur ressembler ou intégrer leurs cercles alors qu'en réalité, je n'en avais rien à faire parce que je m'ennuyais profondément, leur conversation tournaient en rond, le manque de curiosité était abyssale, l'exploration de concepts inexistantes et la portée de vision de leur esprit focalisé sur leur petit monde et surtout pas au delà.
- le retrait : c'est ce qui se passe depuis maintenant prés de deux ans, l'évitement. Je m'emmerde tellement avec les autres que je peux parfois partir au milieu d'une phrase. On me demande toujours d'expliquer ce que je dis et j'en peux plus de devoir me justifier sur tout. Sans compter les critiques permanentes sur ma façon d'être ou de vivre de la part de personnes qui n'ont rien de fabuleux à proposer en échange. Il ne s'agit pas d'un jugement de valeur mais plutôt le sentiment d'être sur une route parallèle avec aucun raccordement vers la route des autres.
- le sauvage : c'est clairement ce que je vis aujourd'hui (et ce n'est pas la première fois). Le sentiment de vivre comme un sauvage, sans horaires, j'ignore la plupart du temps le nom du jour présent, je ne fais les choses que quand j'ai envie de les faire (mais comme je fais plein de choses, suis toujours occupé). J'arrive encore à donner le change quand je vais à des réunions (que j'avorte la plupart du temps parce que c'est trop mou et je m'ennuie) mais en terme de vie sociale, je dirais qu'en réalité : je ne comprends absolument pas les autres, leur conversation, leur point d'intérêt, je suis complétement à côté de tout ça. J'en souffre parfois mais globalement, c'est préférable ainsi pour le moment, je me sens mieux en tant que sauvage plutôt qu'en tant que citoyen...
- l'emprise des autres : une autre chose qui me bloque dans mon rapport aux autres, c'est l'emprise inconsciente qu'ils ont sur moi. Il suffit que j'aille à une soirée ou un apéro pour qu'ensuite je passe les deux jours suivants à ressasser tout ce qui a été dit et à refaire toutes les conversations, chercher la petite bête. C'est épuisant. Et ce qui me tue, c'est que quand je revois des personnes et que je leur parle d'un truc dont on avait déjà discuté mais qu'il me semblait bon de clarifier, et bien, ils ont tout oublié de la conversation ! Donc rien n'avance.
- brasser du vent : c'est ce qui ressort de ces dernières années. Apéro, diner, soirée.... Qu'en ai-je retiré pour avancer dans la vie ? Rien.
- Jalousie/défiance/envie : je ne sais pas trés bien quel mot mettre là dessus. Mais une chose qui me démotive complétement dans mon rapport aux autres, c'est la façon dont je suis critiqué voir rejeter dés que je tiens à faire quelque chose pour moi-même : pratique artistique, voyage etc... Toutes ces choses qui me font briller les yeux quand ça vient de quelqu'un d'autre ont l'air au contraire de susciter la méfiance ou la jalousie chez les autres quand ça vient de moi (suis-je clair?)... Je n'arrive pas à comprendre comment on peut envier ou jalouser un ami. Cela ne m'est jamais arrivé (bon sauf peut-être pour des histoires de fesses et encore, suis pas en reste..).
Un autre truc aussi, c'est cette espèce de méfiance ou défiance que je lis dans les regards quand je parle d'un sujet qui me tient à coeur. Comme en général il s'agit de quelque chose dont on ne parle pas tout les jours, j'ai l'impression de mettre mal à l'aise les gens et qu'ils me jugent et ferment l'échange...
Un exemple : quand je suis parti faire mon tour du monde, j'ai tenu en parti un blog qui racontait mon voyage. Au bout de quelques semaines, ma copine d'alors (qui était resté en France) m'a dit qu'elle n'était pas étonné, en lisant mes récits, que je provoque des réactions extrêmes chez les autres à cause de ma façon de percevoir le monde (ce n'était pas un jugement de valeur)... Ce qui me fait flipper car je devrais alors me taire pour ne pas provoquer de remous ?
- servir de modèle : cela peut paraitre assez contradictoire avec ce qui a été dit avant mais dans mes fréquentation, il y a toujours eu une ou plusieurs personnes qui m'ont avoué à demi mot que j'étais leur modèle (ce qui me met particulièrement mal à l'aise). Et du coup, ils s'octroient le droit d'agir, se comporter comme moi : mêmes expressions et façon de parler, de s'habiller, captation de mes centres d'intérêts, cela va même jusqu'à la décoration de leurs appartements entièrement pompé sur les lieux où j'ai vécu !! Au final, j'ai l'impression qu'on me vole ma substance, mon être et ça laisse parfois un vide dont l'autre ne se rend pas compte...C'est comme si certaines personnes me dépossédaient de ce qui me constitue...C'est pas agréable du tout...
- low profile : d'une façon générale, les seules personnes avec qui j'arrive à m'entendre correctement sont les "low profiles", ces personnes discrètes, humbles qui ne cherchent pas à prouver quoi que ce soit aux autres. Ce sont souvent des personnes d'une extrême gentillesse, d'une grande curiosité et posé. Mais c'est rare.
- A l'étranger : là, par contre, je ne rencontre plus aucun problème. Dés que je voyage, c'est comme si d'un seul coup, le coeur des gens s'ouvraient. J'ai voyagé avec des gens de pas mal de nationalité différente, rencontré et passé du temps avec tout les locaux de tout les pays que j'ai traversé et ça c'est toujours bien passé, même plus que bien, les meilleurs souvenirs de rapport aux autres en fait.
- rapport courte durée : je me rends compte que très souvent, les rapports éphémères (en voyage, en soirée) m'apportent plus que la relation durable. L'attrait de la nouveauté peut-être ou le fait de savoir que la relation ne sera pas inscrite dans le temps donc il faut en profiter un maximum. Mais très clairement, je retiens plus d'une rencontre brève qu'une relation suivi. Un exemple : lors de mon dernier voyage en thailande, un russe s'est engueulé avec sa femme dans le bungalow à côté du mien. Il est parti hercher des bières et est venu squatter ma terrasse. Il a parlé russe et moi français pendant plus d'une heure. C'est comme si on se comprenait, un échange fabuleux que je retiendrais toute ma vie (dans beaucoup de pays j'ai eu des échanges comme ça où chacun parlait son langage, on ne se comprenait pas par les mots mais par les intonations...c'était parfait..)
- le monde tel qu'il est : je vais faire une très grosse généralité mais le fait est que tel qu'il est, le monde contemporain ne me plait pas, je n'y suis pas à l'aise. Bien sûr, il y a tout un tas de trucs supers dont je profite mais d'une façon général, j'ai l'impression que le monde traine, que les masses sont trop manipulées, que l'humain et la nature n'ont pas la place qu'ils méritent, que d'une façon générale on sous estime la capacité de l'humain dans trop de domaines...
- décalage temporel : le sentiment quand je vois les ados d'aujourd'hui qu'en fait, j'aurais dû faire partie de leur génération. Que je suis né trop tôt. Je sais pas trop comment expliquer cela. Je vois dans la jeunesse des idées ou idéaux que j'ai eu il y a 15 ans et pour lesquels je me suis fait jeté alors qu'aujourd'hui ça passe comme une lettre à la poste...
D'une façon plus générale :
Je reconnais parfaitement que ce problème de rapport aux autres vient de moi. Ce ne sont pas les autres qui ne sont pas à la hauteur, inférieur ou supérieur, pas de jugement de valeur là dedans.
Mais avec le temps qui passe et les désillusions, il y a quand même trop de mécanismes de défense et de méfiance qui s'installent et au bout du compte, ça crée un blocage complet. Et surtout, plus envie de faire des efforts d'intégration puisque de toute façon, je ne retrouverais pas chez les autres la même intensité d'émotion et de ressenti, doc me casserais la gueule à chaque fois à plus ou moins long terme.
J'ai lu et entendu dire beaucoup de choses sur les rencontres IRL des membres du forum. Et ce qui en ressort à l'air tout simplement génial, j'arrive pas à imaginer que lorsque vous vous rencontrez, hop, tout s'emboite parfaitement entre vous et vous vivez une expérience hors du commun...
Mais d'une certaine façon, ça me blesse un peu de me dire que je ne pourrais être à l'aise qu'avec d'autres HP...Et pire encore, j'anticipe le fait qu'au contraire, en rencontrant d'autres HP, je retombe dans le même schéma qu'avec les non HP...là, ce serait une vrai catastrophe !! Si dans une IRL je me rendais compte que je suscite le rejet...je serais bon pour m'acheter un ile déserte et y passer le reste de ma vie !
Voilà, désolé, c'était un peu long et un peu fouillis....
Tout commence aujourd'hui, tout continue demain...