Ecopsychologie

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O'Rêve
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Ecopsychologie

Message par O'Rêve »

J’ai découvert le champ/concept d’écopsychologie, il y a quelques mois.
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Je me suis alors lancée avidement dans la lecture, d’articles, dans le parcours de sites web, pour éclairer ce terme.
J’ai alors relevé (on va dire très grossièrement) deux manières de s’approprier ce concept.
-Une approche doctrinale, militante, idéalisée (en gros, tout devrait être pensé selon ce concept ; on se met à rejeter les autres courants psychologiques…)
-Une approche pragmatique, transdisciplinaire, ouverte, non dogmatique (c’est cette approche qui m’intéresse)

Pour le moment, en langue française, je n’ai trouvé qu’un site internet, qui me semble évoluer selon cette deuxième approche.
http://eco-psychologie.com/ (d’autres sites plus personnels sont également intéressants, mais celui–ci me semble particulièrement pertinent, à travers les objectifs qu’il se donne)
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Le champ de l’écopsychologie est un champ qui m’intéresse. J’ai découvert ce champ, suite à un intérêt d’abord pour notre lien étroit avec les animaux (intérêt qui s’est ensuite porté sur notre lien plus large à la nature).
J’ai créé ce fil pour pouvoir échanger avec celles et ceux que le sujet intéresse. L’idée est de partager nos lectures, sites, colloques, actualités sur le sujet. Et sur les concepts et pratiques qui y sont liés.

Ce qui m'intéresserait également, ce serait d'élargir le concept à l'étude de la psyché animale (et pas seulement humaine) dans le cadre de la relation de l'animal à la nature.

Je reviendrai prochainement pour parler d'un premier livre que j'ai lu sur le sujet.

NB : J'ai hésité à le placer dans la rubrique psychologie. On peut toujours le déplacer, si vous préférez.

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O'Rêve
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Re: Ecopsychologie

Message par O'Rêve »

Penser et agir avec la nature, une enquête philosophique » de Catherine et Raphael Larrere.

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J’ai choisi de présenter ce livre avant de parler d’un livre qui introduit réellement l’écopsychologie, car cette enquête philosophique, en examinant la question « que signifie protéger la nature ? » nous questionne sur les manières dont l’Homme se représente la nature.
Et aborder notre relation (ou plutôt nos relations) à la nature, en tant qu’humains me semble être un préalable pour aborder l’étude de la psyché dans la cadre de la relation de l’Homme à la nature.

Plutôt que de faire un résumé du livre, je préfère approcher les deux principales façons d’appréhender la relation à la nature, présentées dans le livre, (afin de rester en lien avec le sujet, à savoir l’écopsychologie).

La nature perçue sous l’angle de la « wilderness »

La wilderness est identifiée comme un paysage où la terre et sa communauté de vie ne sont pas entravées par l’Homme. Pour les tenants de la naturalité, la nature n’est authentique que lorsqu’elle ne dépend pas des Hommes, et gérer la nature, c’est forcément la dénaturer.
Il faut savoir que la protection de la nature a été élaborée en Amérique du Nord autour de cette notion.
Un des problèmes soulevé par cette vision de la nature (très occidentale) est qu’elle n’est pas transposable à toutes les cultures.
Les conséquences de cette vision très occidentale d’une nature sauvage à préserver ont eu pour conséquences que des populations autochtones ont été chassées de leur environnement familier pour protéger une nature (définie de manière occidentale dans laquelle les populations vivant dans ces environnements ne se reconnaissaient pas). Ainsi des Indiens ont été violemment rejeté d’espaces où ils résidaient pour permettre la création de grands parcs nationaux (sans présence humaine au préalable, mais dont la vocation touristique n’a pourtant pas tardé à voir le jour).
Cette vision de la nature a conduit certains défenseurs de la nature à promouvoir ce modèle idéalisé (avec une forme de domination culturelle occidentale qui pouvait conduire à détruire des cultures différentes) sous caution de protection de la nature.
Par ailleurs, un point soulevé est que le paysage (purement sauvage) serait une illusion, à savoir que même dans les paysages les plus sauvages (aux yeux des occidentaux), une présence et activité humaine a pu pourtant être retrouvée (ex : populations autochtones des forêts amazoniennes ; les grands parcs sauvages des Etats-Unis, habités et transformés par des peuples amérindiens avant que les colons ne les découvrent…)

Par la suite, les questions environnementales ont amené les défenseurs de la nature à chercher la façon dont différentes cultures qui ne partagent pas la même vision de la nature peuvent s’entendre pour protéger leur environnement, et à sortir de la vision selon laquelle toute action humaine serait forcément nocive pour la nature.

Pour autant, les auteurs pensent que la dimension « sauvage et préservée » recherchée à travers ces actions initiales de protection de la nature, n’est pas à rejeter. De nombreux occidentaux ressentent le manque de grands espaces qui renvoient une dimension de liberté, une expérience esthétique de la nature, une expérience spirituelle de sentiment d’appartenance à un monde plus vaste dont nous dépendons. Pour les défenseurs de la wilderness, préserver le sauvage, la nature spontanée et imprévisible, c’est préserver le sauvage en nous, cultiver une aspiration à la liberté.
Cette dimension n’est pas à nier, mais à regarder dans ce qu’il véhicule des manques de nos civilisations occidentales, tout en reconnaissant que dans d’autres cultures, l’Homme est perçu comme faisant partie intégrante de la nature (il n’en n’est pas séparé) avec des modes de vie différents (une vie plus en communion avec l’environnement naturel).

La nature perçue sous l’angle de la biodiversité

Dans cet abord de la nature, il ne s’agit pas d’abandonner la distinction entre nature et culture, mais d’en recomposer les rapports.
Cette approche permet d’inclure les activités humaines au cœur de la nature (et de prendre en compte les rapports entre biodiversité et diversité culturelle).
Dans cette approche, on ne peut pas se donner pour but de protéger la biodiversité sans cultiver la diversité des comportements individuels, des pratiques sociales et des cultures techniques locales. L’objectif (de protéger la nature) est de préserver (voire d’enrichir) la diversité biologique avec des populations concernées, en comptant sur leurs activités.
Dans cette approche il ne s’agit pour autant pas de rejeter tout projet autour de la wilderness. Mais l’idée est que cela n’est pas suffisant ni même opportun pour toute situation. Il peut être cohérent en certains lieux de laisser les milieux évoluer sans présence humaine (la nature, en certains endroits sait très bien faire la diversité, car c’est une nécessité fonctionnelle), alors qu’en d’autres situations, il peut être préférable que la biodiversité soit cultivée et aidée par l’Homme.
« Passer de la wilderness à la biodiversité, ce n’est donc pas renoncer au sauvage et au modèle de liberté dont il est porteur, c’est apporter une autre référence positive : la diversité des formes de vie, végétales, animales et humaines, celles des associations dans lesquelles elles se réalisent. C’est donc passer de l’individuel au collectif. Or les diverses cultures ne partagent pas toutes la vision du monde occidentale. Se placer sur le terrain de la diversité (tant culturelle que biologique), c’est éviter d’exporter les modèles occidentaux de protection de la nature dans toutes les régions du monde. En respectant les cultures non occidentales et en n’imposant pas notre propre ontologie, on protégera ce que nous concevons comme leur nature et qui nous importe en tant que telle, alors qu’elle fait partie de leur culture. »
Quand on s’intéresse à l’écologie (mais aussi à l’écopsychologie), il me semble intéressant, ainsi que cela est souligné dans le livre « de s’interroger sur la pluralité des relations que les Hommes (dans leur diversité biologique et culturelle) entretiennent avec la grande diversité des vivants non humains. », et donc sur la diversité des relations qu’ils entretiennent avec la nature.
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Cyrielle
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Re: Ecopsychologie

Message par Cyrielle »

O'Rêve a écrit : Par la suite, les questions environnementales ont amené les défenseurs de la nature à chercher la façon dont différentes cultures qui ne partagent pas la même vision de la nature peuvent s’entendre pour protéger leur environnement, et à sortir de la vision selon laquelle toute action humaine serait forcément nocive pour la nature.

/.../dans d’autres cultures, l’Homme est perçu comme faisant partie intégrante de la nature (il n’en n’est pas séparé) avec des modes de vie différents (une vie plus en communion avec l’environnement naturel).
C'est le cas dans certaines cultures amérindiennes (celle des Wayanas de Guyane par exemple, mais aussi d'autres) : la Nature et l'homme sont un continuum, donc on ne peut pas "étudier" la nature en tant que sujet différent de nous...

C'est une conception que j'ai eu beaucoup de mal à concevoir et qui m'a pas mal faite gamberger, mais qui me convient bien aujourd'hui et que j'ai intégrée.
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Cela a aussi bouleversé mon approche de l'écologie, que ce soit au niveau idéologie ou activisme, et je suis de moins en moins manichéenne en matière de protection de l'environnement : avec cette approche cela n'a plus le même sens d'être contre la chasse, d'être outrée par la disparition d'espèces, de se méfier des progrès techniques puisque tout cela n'est qu'une évolution du grand Tout auquel nous appartenons (-> résumé très simpliste et caricatural :1cache: ).

Le sujet est traité en filigrane dans Wayana eitoponpë et a notamment été théorisé en France par Philippe Descola dans Par delà nature et culture.

Comme tu peux le constater, je n'ai pas eu ton ouverture d'esprit, et au lieu d'explorer le sujet comme tu le fais je me suis "contentée" d'adopter une posture qui m'a convenue à un moment de ma vie :$ . Du coup ce fil m'intéresse !
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O'Rêve
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Re: Ecopsychologie

Message par O'Rêve »

Je n’ai pas lu le livre Par delà nature et culture de Philippe Descola, mais j’ai lu certains de ses écrits et entretiens, entre autre sur l’animisme et le naturalisme. Et ces écrits portent effectivement à réfléchir à notre conception (occidentale) naturaliste du monde.
Sur le naturalisme :
« Dans le sens commun occidental moderne, on admet que l’homme partage le même monde physique que le reste des êtres qui peuplent l’univers. En revanche, nous (les humains) estimons être différents des animaux ou des plantes par le fait que nous sommes des sujets, possédant une intériorité, des représentations, des intentions qui nous sont propres. C’est ce que j’appelle le « naturalisme ».
Sur l’animisme :
« L’animisme procède autrement. Il attribue à tous les êtres humains et non humains le même genre d’intériorité, de subjectivité, d’intentionnalité. Il place la différence du côté des propriétés et manifestations physiques : apparence, forme du corps, manières d’agir, comportements...
Ces différences constituent des manières d’habiter le monde, comparables aux Umwelt à l’aide desquels l’éthologiste Jacob von Uexküll caractérisait le monde propre à chaque espèce animale dans son rapport à l’environnement. L’animisme suppose la multiplicité des manières d’habiter le monde, mais attribue à tous les êtres le même genre d’intentionnalité, que nous dirions « humaine ».
De par ma formation scientifique, il m’est vraiment compliqué d’adhérer totalement à l’approche animiste.
Si nous pensons animiste, nous pensons même genre d’intériorité,…là où ça bloque pour moi, c’est quand j’arrive par exemple à la question de l’angoisse existentielle. Sommes-nous la seule espèce à avoir une conscience aussi accrue de notre finitude ? (D’ailleurs les autres espèces animales ont-elles cette conscience là de leur finitude ? A quel degré ? Quelles espèces?)
Je suis attirée par l’approche animiste, car je pense que nous partageons effectivement avec certains animaux non humains des intériorités, intentions, connexions « émotionnelles » et des liens quant à notre rapport à la souffrance (dont nous n’avons pas encore démêlé les mécanismes). Maintenant, il me semble quand même plus facile de me sentir proche au niveau de l'intériorité, de mon rapport à la souffrance psychique et existentielle quand je pense à un grand singe que quand je pense à une huître, un moustique ou un triops.

Ensuite, j’adhère à l’approche naturaliste, dans le sens où nous partageons des similitudes en ce qui concerne notre monde physique (par exemple, au niveau biologique).
Alors actuellement, si je devais me positionner entre une approche naturaliste ou animiste, je me situerai à mi-chemin entre les deux : le monde ne me semble ni correspondre à l’une ni véritablement à l’autre (il y a des similitudes et des différences, il me semble aussi bien en ce qui concerne notre monde physique qu’au niveau de nos intériorités).
Et ces différences ne devraient finalement pas se penser uniquement dans une séparation entre l'humain et les animaux non humains (comme si l'Homme était l'individu vivant en haut de la pyramide), mais on devrait réfléchir en terme de différences (au niveau des intériorités et mondes physiques) entre chaque espèce, en considérant que les Hommes ne sont finalement qu'une espèce au sein d'un grand règne animal (où différences et similitudes s'entremêlent).
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En revanche, je me suis moins intéressée au totémisme et à l’analogisme (décrit brièvement dans l’article cité plus haut).

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Cyrielle
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Re: Ecopsychologie

Message par Cyrielle »

O'Rêve a écrit : en considérant que les Hommes ne sont finalement qu'une espèce au sein d'un grand règne animal (où différences et similitudes s'entremêlent).
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Pour autant que j'ai "compris" la posture wayana (il me semble que c'est autre chose que de l'animisme), c'est bien comme cela que le monde est vécu : on ne se pose absolument pas la question d'une "intériorité" identique ou pas, on ne compare pas.
Chacun et chaque chose (car cela va au-delà des êtres vivants et inclut les fleuves, roches, voire les villages...) est à sa place et a son rôle, c'est tout, et rien n'est supérieur ou plus important. Et "chacun et chaque chose" doit trouver sa place.
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Re: Ecopsychologie

Message par O'Rêve »

Soigner l’esprit, guérir la Terre. Introduction à l’écopsychologie. De Michel Maxime Egger

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C’est avec cet ouvrage que j’ai découvert l’écopsychologie.
Pour une première lecture, ce livre a répondu à ce que je pouvais rechercher : il présente une synthèse (accessible à tous) de l’écopsychologie.
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Pour ma part, j’y ai trouvé mon compte, en le parcourant comme un livre « découverte » d’un nouveau champ qui m’était jusqu’alors inconnu. J’y ai dépisté de nombreuses réflexions et perceptions qui nourrissent ce courant.

J’ai découvert à travers ce livre un mouvement pour l’émergence d’une société au service de la vie. J’ai appris que ce champ englobe l’idée d’altérité au delà de notre propre espèce. Autrement dit, en écopsychologie, si on ne nie pas l’importance de la dimension sociale de l’être humain, il est avancé que « l’individu s’enracine dans l’interaction avec l’altérité qui va au-delà de sa propre espèce. »

J’y ai lu une forme de critique face à « la pensée positive » et une revalorisation des émotions négatives (telles la peur, la culpabilité, le sentiment d’impuissance).
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« Pessimiste, donc morbide et négatif devant tant de menaces, au risque de devenir soi-même une source d’angoisse et de désespoir pour les autres-une « tare » dans une culture qui valorise l’optimisme et la pensée positive. »

« Tant que les gens ne voudront pas ou ne seront pas capables de tolérer les sentiments que l’information sur la crise écologique provoque en eux-des sentiments comme la peur, le chagrin, la colère, le désespoir- il sera très difficile pour eux d’absorber cette information et d’agir à partir d’elle.
Autrement dit, sans accès à ces sentiments, il n’y aura pas de levier de transformation. En nous coupant de nos émotions douloureuses, nous nous privons de leur énergie qui pourrait amener à agir »
J’y ai trouvé des pistes de réflexion sur le sens de la santé. Il est par exemple proposé que pour soigner nos maladies physiques et psychologiques, nous ne devons pas seulement traiter les fragilités qui ont résulté d’évènements dans notre vie individuelle, mais nous devons prendre en compte les déséquilibre plus profonds, chroniques, collectifs, qui se manifestent en chacun de nous et dans nos modes de vie.
« Ainsi, nos angoisses, nos difficultés relationnelles ou notre stress ne sont peut-être pas uniquement dus à nos blessures passées ou aux pressions professionnelles. Ils ont aussi à voir avec notre environnement, les bureaux climatisés où nous travaillons, l’univers bétonné où nous logeons, les autoroutes embouteillées que nous empruntons chaque jour. Une humeur dépressive et un état anxieux ne seraient-ils pas, pour certaines personnes, la réponse naturelle à la souffrance du monde ? »

« Certains écopsychologues, dans le sillage d’Hillman, critiquent la vision floue et politiquement discutable de la santé véhiculée par l’establishment psychomédical. Que signifie « aller bien » dans un système que l’on peut considérer comme globalement pathologique ? N’est-ce pas en réalité être malade que d’être trop bien adapté à un mode qui dysfonctionne ? A l’inverse, n’est-ce pas un signe de santé que de souffrir des maux qui affectent la planète ? »
Ce livre aborde le pourquoi du consumérisme et l’enjeu de « déconstruire le faux-moi conditionné par la technologie et la consommation, de dévoiler les mensonges stimulés et formatés par la publicité, le marché et les pressions sociales », pour « aider les personne à construire son moi non plus à partir de choses extérieures, mais à partir de l’intérieur, en affrontant notamment son vide ontologique ».

Le livre développe également l’écothérapie (qui peut être considérée comme l’écopsychologie appliquée). L’auteur rappelle qu’il ne s’agit pas d’un nouveau créneau de développement personnel (sous couvert de sauvegarder la planète). Les écothérapeutes, s’ils partagent une même conviction (la guérison combinée de la psyché et de la nature passe par la redécouverte de notre appartenance profonde au monde naturel), peuvent développer des approches très hétérogènes (vivre la nature par le corps, l’horthithérapie, les thérapies assistées par l’animal, séjours dans la nature sauvage (wilderness), chamanisme…)
L’auteur revient sur l’animisme (évoqué dans le post du dessus). Car certains écothérapeutes s’appuient sur la conception que les humains partagent avec les êtres non humains des formes de conscience qui leur permettent de communiquer entre eux. Il rappelle que ce n’est pas le cas du naturalisme occidental qui a vidé la nature de toute intériorité, mais que d’autres modes de vie, de relation à la nature, d’autres systèmes de représentation et de valeurs existent, qui nous invitent à réveiller notre sensibilité animiste.

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O'Rêve
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Re: Ecopsychologie

Message par O'Rêve »

Ecologiser l'homme-Edgar Morin

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Ce livre questionne la politique écologiste de l'Homme. On oscille entre la désespérance et l'espérance après sa lecture. Mais il apporte un éclairage pour nous inviter à transformer nos vies. J'ai essayé de partager certaines de ses idées (en espérant ne pas avoir trop simplifié sa pensée qui nous appelle plutôt à la complexité).

L’autonomie du vivant est inséparable de sa dépendance
Nous dépendons de tout ce qui nous nourrit et nous développe. Notre autonomie matérielle et spirituelle dépend des nourritures culturelles, d’un langage, de savoirs de techniques et connaissances sociales acquises. Nous construisons notre autonomie à partir de la consommation d’une grande variété de produits, d’une très grande quantité d’énergie (tirés de l’écosystème) et d’un très long apprentissage (au contact ou en lien avec de nombreux autres individus).
« plus un système est évolué, cad complexe et riche, plus il est ouvert. L’homme est le système le plus ouvert de tous, le plus dépendant dans l’indépendance. Jamais la civilisation n’avait dépendu d’un si grand nombre de facteurs écosystémiques, et j’entends ici par écosystème non seulement la nature, mais l’écosystème technosocial, qui se superpose au premier et le rend encore plus complexe. »
L’homme, le copilote de la nature
Edgar Morin développe l’idée d’un double pilotage homme-nature requis par la conscience écologique: il s’agit d’aménager une coopération entre sources régulatrices « inconscientes » de la nature et aptitudes organisatrices conscientes (intelligence consciente) de l’homme.

La fermeture de la spécialisation
Selon Edgar Morin, à l’école et à l’université, nous apprenons à séparer les choses les unes des autres, de sorte que nous perdons la capacité à relier et de là l’aptitude à penser les problèmes fondamentaux et globaux.
La pensée écologique est complexe parce qu’elle va à l’encontre des principes enracinés depuis l’école primaire, où on nous apprend à faire des coupures à isoler des domaines du savoir, sans apprendre par la suite à les relier. Pourtant, il existe une connaissance organisationnelle globale, capable d’articuler les compétences spécialisées pour comprendre les réalités complexes.
« C’est la notion de science qui doit passer à un niveau de complexité, de richesse, de lucidité plus élevé. A mon sens, l’écologie généralisée, science des interdépendances, des interactions, des interférences entre systèmes hétérogènes, science au-delà des disciplines isolées, science véritablement transdisciplinaire, doit contribuer à ce dépassement. »
Le mot développement doit être entièrement repensé et complexifié.
Nous sommes dominés par la logique purement économique et quantitative, qui ne voit comme perspective que la croissance et le développement et qui réduit les problèmes politiques aux problèmes quantitatifs.
Selon Edgar Morin notre conception du développement est sous-développée.
L’idée selon laquelle le taux de croissance industrielle indiquait le développement économique et ce dernier signifiait développement humain, moral, mental, culturel est dépassée. Toutes les cultures ont leurs vertus, leurs expériences, leurs sagesses (en même temps que leurs carences et leurs ignorances).
Le développement industriel apporte une hausse des niveaux de vie, mais aussi des diminutions de qualité de vie (pollutions…). Ce développement qui semblait par le passé salutaire comporte désormais deux menaces : l’une extérieure (dégradation écologique des milieux de vie) ; l’autre intérieure (dégradation des qualités de vie/de la convivialité).
Dans nos civilisations dites développées, on peut ainsi envisager un sous-développement culturel, humain, mental.
Il s’agit maintenant de repenser et reformuler le développement humain (en intégrant l’apport des cultures autres que la culture occidentale).

La tempérance consommatrice
L’idée de croissance indéfinie est à abandonner absolument. Selon Edgar Morin, elle relève d’une folie collective qui n’a pas encore été diagnostiquée. Les besoins humains ne sont pas seulement économiques et techniques. Ils sont aussi affectifs et mythologiques.
Il s’agit de réorienter une culture quantitativiste (consumériste) vers une culture de qualités (au premier chef la qualité de vie) et de donner un sens politique à la qualité (éducation à la consommation de qualité plutôt que de quantité).

La « société monde »
Elle n’existe pas (car il n’y a ni pensée politique, ni institutions, ni politique à ce sujet).
Nous sommes dans la globalisation, la mondialisation. Mais l’idée mondiale de développement/croissance (dans sa composante essentiellement quantitative) doit être dépassée dans une politique de l’humanité et une politique de civilisation. Elle doit être complexifiée pour y distinguer les aspects positifs de ceux qui y sont négatifs.
Une politique de l’humanité à l’échelle planétaire serait nécessaire, mais il n’y a aucun instrument capable de pouvoir proposer et mettre en œuvre une telle politique).
Il est extrêmement difficile pour les Etats nationaux d’arriver à un stade nouveau où ils renonceraient à certains de leur pouvoirs pour une autorité qui traiterait les problèmes communs. (C’est d’ailleurs les difficultés que nous rencontrons en Europe).
Il y a globalement une immaturité des états et des populations qui rend aujourd’hui très difficile la compréhension de l’autre (l’autre religion, l’autre culture). On est dans une période instable, où le monde oscille entre solidarité et barbarie.
Ce qui est assez étrange, c’est de constater que la cruauté de la nature (tsunami…) réveille les élans de compassion et de solidarité alors que le déferlement de la barbarie humaine n’arrive pas à susciter un sursaut commun de l’humanité.
Or, une société ne peut évoluer en complexité (cad à la fois en autonomie, liberté et en communauté), que si elle progresse en solidarité. Il s’agit d’épanouir l’individualité, en la complétant par la régénération des solidarités.
« Tout ceci montre que l’espérance n’est pas une certitude, que l’espérance doit croitre, paradoxalement avec la désespérance et que l’idée de métamorphose est devenue salutaire, peut-être la plus importante désormais ».

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