Atelier d'écriture

Ici, partagez vos passions, vos dadas, vos marottes, documentez si possible, mettez-y de la vie!
Répondre
Avatar de l’utilisateur
Boutès
Messages : 28
Inscription : sam. 16 mars 2013 08:18
Présentation : http://adulte-surdoue.fr/presentations/ ... t3420.html
Profil : En questionnement
Test : NON
Localisation : au confluent du piteux et du capiteux
Âge : 40

Atelier d'écriture

Message par Boutès »

La nef du fou


Engoncée dans le vide
Dérive la nef

Ne me tancez pas, vagues, remous, lames
je ne sais danser aux bras des astres

Ne renversez pas la rame qui bat les flots
Ni les rondins de fortune que m’a donnés la terre
Ni la couverture qui résiste au souffle du vent
je sais à peine marcher

Embrase-toi
Au creux d’un lent rouleau
Porte-toi vers ce rêve lointain où le bruit sourd
Lave-toi de la vase dont les bouches ont accablé mon corps

Rends aux sables l’arête du sabre qui croît en ton œil

Et goûte l’ivresse des claquements de l’étrave
Délogeant la fin
le destin est toujours enseignement pour les êtres accomplis Pythagore, Vers dorés

Avatar de l’utilisateur
Boutès
Messages : 28
Inscription : sam. 16 mars 2013 08:18
Présentation : http://adulte-surdoue.fr/presentations/ ... t3420.html
Profil : En questionnement
Test : NON
Localisation : au confluent du piteux et du capiteux
Âge : 40

Re: Atelier d'écriture

Message par Boutès »

A vous tous qui taquinez la plume, cet espace de liberté veut avoir pour dessein de fixer (et partager) nos vertiges...
Boutès a écrit : Précision de la jardinerie ;)
Personnellement je conçois cet atelier d'écriture comme le lieu de tous les possibles littéraires, sans restriction, ayant pour but non seulement de transformer nos noirceurs en éclats de mots, mais aussi de soumettre à la communauté que nous constituons toutes formes de tentatives d'écriture, et nous encourager ainsi mutuellement dans nos projets, quel que soit le degré de leur aboutissement...Ce sera donc avec le plus grand plaisir que nous lirons un (voire plusieurs) extrait(s) de ton roman (avec toute mon admiration par ailleurs, sachant la culture, l'intelligence, et l'énergie que nécessite ce genre littéraire) !
le destin est toujours enseignement pour les êtres accomplis Pythagore, Vers dorés

Avatar de l’utilisateur
Chocolat
Messages : 111
Inscription : mar. 8 janv. 2013 12:22
Présentation : http://adulte-surdoue.fr/topic3121.html
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Âge : 36

Re: Atelier d'écriture

Message par Chocolat »

Médiocrité. Dans tout, toujours, pour tout. Cacher la tête qui dépasse du troupeau. Se fondre dans la masse. Ne pas déranger. Rester dans le moule. Politesse, façade, hypocrisie. Surtout, ne pas rêver. Avoir les pieds sur terre. Cette terre remplie de violences, de méfiances, de secrets pourrissant dans le cœur des hommes. Cette terre où l’on ne s’écoute que d’une oreille distraite sans réussir à dormir sur ses deux oreilles.
Mes pieds sont fatigués d’avancer sur ces routes portant les blessures de l’humanité.
Alors s’il faut qu’ils continuent leur course, laissez au moins ma tête espérer un avenir plus doux…

Eclaircissements
Faible lueur au bout du tunnel. Frêle, fragile, éphémère. Humaine. J’ai de nouveau le courage d’espérer que mon quotidien ne se résume pas à ce que j’absorbe tous les jours. Si le désespoir est la réponse des lucides, l’espoir me donne des ailes pour me dégager de la tourbe et me laisser porter par mes rêves.
S’il vous plaît, envolez-vous, et permettez-moi pour une fois d’oublier ma condition d’enchaînée…
Je ne crois pas au bonheur des livres de contes mais je guette toujours celui qui, comme une mésange, viendrait se poser sur ma fenêtre et repartirait avec un bruissement d’ailes et un peu de douceur dans mon cœur.
Ils ont dit : Tu es devenu fou à cause de Celui que tu aimes."
J'ai dit: "La saveur de la vie n'est que pour les fous."
Yâfi'î, Raoudh al rayâhîn

Floralys
Messages : 11
Inscription : mar. 5 mars 2013 23:54
Profil : En questionnement
Test : NON

Re: Atelier d'écriture

Message par Floralys »

Bonsoir, j'ai essayé il y a quelques temps de commencer un roman. Est ce que je peux mettre un extrait ici, ou bien le sujet est dédié à des textes très courts?

Avatar de l’utilisateur
Boutès
Messages : 28
Inscription : sam. 16 mars 2013 08:18
Présentation : http://adulte-surdoue.fr/presentations/ ... t3420.html
Profil : En questionnement
Test : NON
Localisation : au confluent du piteux et du capiteux
Âge : 40

Re: Atelier d'écriture

Message par Boutès »

Personnellement je conçois cet atelier d'écriture comme le lieu de tous les possibles littéraires, sans restriction, ayant pour but non seulement de transformer nos noirceurs en éclats de mots, mais aussi de soumettre à la communauté que nous constituons toutes formes de tentatives d'écriture, et nous encourager ainsi mutuellement dans nos projets, quel que soit le degré de leur aboutissement...Ce sera donc avec le plus grand plaisir que nous lirons un (voire plusieurs) extrait(s) de ton roman (avec toute mon admiration par ailleurs, sachant la culture, l'intelligence, et l'énergie que nécessite ce genre littéraire) !
le destin est toujours enseignement pour les êtres accomplis Pythagore, Vers dorés

Avatar de l’utilisateur
elsaada
Messages : 88
Inscription : dim. 17 mars 2013 16:50
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Âge : 36

Re: Atelier d'écriture

Message par elsaada »

@ I love chocolate: Je trouve l'extrait que tu as posté magnifique. Ca m'a touchée.


Un début de roman. C'est à la première personne et j'essaie de décrire ce que je ressens. Il a peut-être un côté un peu narcissique, en raison du "je" omniprésent mais je le poste ici car j'ai le sentiment qu'il pourrait entrer en résonance avec d'autres "je". En fait, voilà, j'espère qu'il pourra toucher, je pense pas que la qualité littéraire est exceptionnelle (je ne sais même pas si on peut parler de qualité littéraire) mais c'est comme un partage émotif. J'avais le sentiment qu'il fallait que je le poste quelque part sur le forum, sans trop savoir où, et ici me paraît bien.

Je commence ma dixième tentative d’écriture de ce roman. L’histoire que je veux raconter est toujours la même, elle parle d’amour, de magie, d’illusions, de douleur et d’espoir. Peut-être jusqu’alors me manquait-il un peu de colère. Aujourd’hui, je suis fâchée, contre la petite voix qui promet et se renie toujours. Elle donne juste assez pour que je ne cesse pas de l’appeler, fait briller des lumières quelque part au bout du chemin puis les éteint, d’un souffle. Alors, à chaque fois, tout est à reprendre.
Un autre blocage que j’avais, que j’ai encore, est l’absence de mots. L’écriture devrait couler comme un fluide, ni trop abrupte, ni trop lyrique. J’aime la beauté pure, celle qui naît précisément sur la ligne qui démarque le trivial du sublime. Une graine de coquelicot est une graine de coquelicot. Un champ de coquelicots peints sur une toile de maître devient une œuvre d’art. Le coquelicot fragile déployant ses pétales sous le soleil d’un matin de mai est joli sans emphase et pourtant assez remarquable pour donner une seconde de joie à celui qui le remarque. Je m’essaie donc à la prose-coquelicot. Tant pis si ça ne fonctionne pas. Il me semble que la réussite se trouve quelque part sous les cailloux pointus du chemin qui y mène. Un créateur n’ayant en vue que le résultat qu’il cherche à obtenir devient, comme moi, un créateur raté. Il finit par débuter avec angoisse sa dixième tentative et craint, toujours un peu plus à chaque essai, que celle-ci échoue parmi d’autres dans un dossier informatique appelé « brouillons », rempli de pourrissantes épaves de contes. Les malheureuses pleurent encore de n’avoir pas eu à leur tête de capitaine assez solide pour les guider jusqu’à la haute mer. Elles ont sombré bien avant.
Je dois parler encore dans ce préambule du personnage central de mon roman. Nous l’appellerons « je ». « Je » est un enfant fou, elle est comme une fleur, moins poétique qu’un coquelicot, disons, un pissenlit. D’ordinaire, le pissenlit est une plante plutôt coriace, bien enracinée. Mais celui-là n’est pas vraiment en accord avec sa nature profonde. Son ancrage est faible, il se laisse porter par le vent. On pourrait l’appeler « exemple de dichotomie du pissenlit ». Il ne correspond pas vraiment à lui-même et cela l’attriste. Pas plus amer, cependant, qu’un pissenlit ordinaire, il se met parfois en colère. Et il raconte.

La petite voix

J’ai toujours cru qu’en parallèle du monde dans lequel j’habite se trouve un autre univers. David Lewis, un philosophe américain, a élaboré une théorie sur ce qu’on appelle « les mondes possibles ». Les mondes possibles ont plusieurs utilités en philosophie, notamment celle de distinguer les vérités nécessaires des vérités contingentes. Une expression du type « 2+2=4 » est dite nécessaire, parce qu’elle est vraie dans tous les mondes possibles. Par exemple, si l’on imagine un univers peuplé de licornes roses, de fées et de lutins, où dans un cosmos différent du nôtre et complètement vide, 2 et 2 font toujours 4. Par contre, une proposition telle que « Il pleut », s’il pleut, est une vérité contingente. Elle est vraie dans au moins un monde possible, le nôtre, et pourrait l’être aussi dans un autre monde, mais pas nécessairement. Pour en revenir à Lewis, celui-ci pense que les mondes possibles existent réellement. Il y en a une infinité, et chacun d’eux correspond à une potentialité différente. Par exemple, dans un univers x, j’ai le destin qui est le mien, je nais et meurt au même moment, je me brosse les dents un neuf octobre à vingt-deux heures trois secondes et dix centième, mais j’ai les cheveux verts. Dans un autre, la seule différence d’avec mon existence actuelle est qu’aujourd’hui, j’ai commencé à écrire une seconde plus tard. Je me trouve donc à plusieurs endroits en même temps. Moi, un seul et unique individu pourvu de certaines caractéristiques comme celle de souffrir du complexe du pissenlit, ou d’écrire avec angoisse, je suis dispersée dans une infinité kaléidoscopique, brisée en mille milliards de morceaux.
Pour David Lewis, chaque monde est totalement imperméable. Mais imaginons qu’ils soient superposés, un peu comme les couches d’un mille-feuilles. Peut-être alors est-il envisageable que ces univers communiquent entre eux, ce qui permettrait à certaine personnes assez sensibles ou bien entrainées d’entrevoir des possibilités différentes. J’aimerais que ce soit le cas. Je n’aurais plus besoin d’avoir la foi, de croire en Dieu, au pouvoir de l’esprit ou à la magie pour expliquer ce que je vois. Je pourrais expliquer, pourquoi, parfois, je me sens si cassée, si éparpillée, si peu indivisible. J’aurais une explication de philosophe à donner aux autres pour expliquer ce que je ressens et peut-être qu’ainsi, ils arrêteraient de croire que je suis une fabuliste qui invente sa vie en même temps que ses histoires.

Trois entités me suivent en permanence. Dieu, d’abord. Je l’ai longtemps confondu avec la petite voix avant de comprendre que Lui ne parle pas. Par contre, je suis convaincue qu’Il me regarde et qu’Il m’écoute. Mon esprit, ensuite. Il est tout à fait normal, très certainement proche du votre dans sa configuration, assez difficile à brider et très bavard. C’est lui qui vous parle en ce moment. La petite voix, enfin. Je n’arrive pas à savoir qui elle est, d’où elle vient ni si ses intentions sont bonne ou mauvaises. Elle devine des choses que je suis incapable de deviner. Elle prédit l’avenir. Elle connaît souvent les pensées de ceux qui m’entourent. Elle répond toujours quand je l’appelle. Il lui arrive parfois de m’induire en erreur sans que je comprenne pourquoi, puis de me divulguer des informations qui finissent par s’avérer, comme pour s’assurer d’avoir toujours mon attention. Elle joue avec moi. Quand j’ai écrit les premières lignes de ce texte, la petite voix venait de me promettre quelque chose que j’attends depuis très longtemps. Comme d’habitude, j’ai eu du mal à la croire mais j’étais pourtant pleine d’espoir. Je lui ai dit que si cette fois elle me mentait, je ne lui parlerai plus jamais, que je me contenterai de vivre dans mon monde en essayant de le considérer comme le meilleur d’une infinité de possibles. J’étais prête à quitter le ciel de Platon, à renier Dieu, à accepter enfin de n’être qu’un tas de matière parcourue d’impulsions électriques, à laisser s’échapper de mon corps les vingt-et-un grammes de la toute petite âme que j’avais imaginé posséder. Mais ça ne s’est pas passé ainsi, car la voix n’a pas menti. Ou du moins, pas vraiment. Pas assez, en tout cas, pour que j’écrive cette histoire en postulant ma propre folie. Pas assez pour que, au cours de mon récit, je ne me réjouisse pas de la conclusion que j’espère pouvoir lui apporter. Pas assez pour que je cesse d’avoir la foi.

Fondations

Quand j’étais petite, je vivais dans un univers confortable, bercée par les attentions constantes de mon papa et ma maman, qui nous aimaient avec force, mon frère et moi. Je pourrais tenter de raconter dans le détail les évènements qui ont marqué cette période, mais cela me semble inutile. Une seule phrase peut la résumer; une fontaine de miel. La vie coulait comme d’une source intarissable de petits bonheurs, dans une absolue tempérance. C’est du moins le souvenir que j’en garde, et que je désire en garder. J’ai toujours essayé ensuite, et aujourd’hui encore, de retrouver mon état d’enfance, cette sorte d’insouciance qui rend heureux. Le problème est qu’adulte, on en sait trop pour revenir en arrière. On n’a cessé d’être une page vierge et l’on a recours en permanence à l’analyse de ce qui a été pour comprendre ce qui est. Cette démarche est fatigante. J’aimerais, parfois, pouvoir arrêter de penser. J’ai l’impression qu’ainsi je pourrais être parfaitement libre, car les seules chaînes qui m’entravent sont celles de mon esprit. Il hurle en permanence, m’empêchant ainsi d’accéder à la paix et au silence qui m’habitaient quand, gamine, j’allais déloger les grillons de leur trou en les chatouillant avec un brin d’herbe, je grimpais aux sapins poisseux de sève, je barbotais dans la piscine en jouant avec une dinette en plastique, je battais la campagne en parlant aux lutins et aux fées…
Je pense que les choses ont changé quand j’ai commencé à rêver d’aventures lointaines. Je me souviens avoir demandé un jour à ma mère « Est-ce que, quand j’aurai seize ans, je pourrai aller au parc d’attractions toute seule ? ». A ce moment-là, le ver était dans le fruit. Je me projetais dans le futur parce que le présent ne me contentait plus tout à fait. Demain me semblait plein de promesses et une énergie formidable mais passablement destructrice avait pris racine au fond de mon cœur. J’avais éprouvé ce que peut-être le désir d’ailleurs et depuis, je n’ai eu de cesse de combler ce désir, avec plus ou moins de réussite et les sacrifices que cela comporte. Je parle de sacrifices, parce que dès le premier périple, le véritable voyageur, quêtant l’absolu, sent qu’il lui sera bien difficile de poser ses valises un jour. Et pourtant, nous avons tous un besoin immense de trouver une île sur laquelle nous arrêter pour y trouver le repos. St-Augustin a dit « Le bonheur, c’est de continuer à désirer ce que l’on possède ». J’aimerais y parvenir. Nous avons le choix entre deux voies bien différentes ; apprendre à aimer la route ou la délaisser. La première est héroïque. Peut-être est-celle qui m’est destinée mais de l’envisager me place face à une abîme d’angoisse. La seconde est celle des sages et la seule qui permette, à mon avis, de parvenir à une réelle paix intérieure. Je me bats comme un lion pour m’y engager mais ce chemin-là m’est interdit pour le moment, barré par une lourde porte d’acier sur laquelle je bute, invariablement. Alors, léger pissenlit, je désespère de parvenir un jour à développer des fondations assez solides pour pouvoir rester là, et je vole au vent mauvais, de ci de là, pareil à la feuille morte.

Avatar de l’utilisateur
Chocolat
Messages : 111
Inscription : mar. 8 janv. 2013 12:22
Présentation : http://adulte-surdoue.fr/topic3121.html
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Âge : 36

Re: Atelier d'écriture

Message par Chocolat »

Merci beaucoup. Je suis très touchée aussi :-) D'autant plus que je suis en train d'envisager une carrière artistique, ma vie actuelle ne me satisfaisant pas, donc je me dis qu'il y a peut-être encore de l'espoir...
elsaada a écrit :Il me semble que la réussite se trouve quelque part sous les cailloux pointus du chemin qui y mène. Un créateur n’ayant en vue que le résultat qu’il cherche à obtenir devient, comme moi, un créateur raté. Il finit par débuter avec angoisse sa dixième tentative et craint, toujours un peu plus à chaque essai, que celle-ci échoue parmi d’autres dans un dossier informatique appelé « brouillons », rempli de pourrissantes épaves de contes.

C'est tout moi ça :-)
elsaada a écrit :Un autre blocage que j’avais, que j’ai encore, est l’absence de mots. L’écriture devrait couler comme un fluide, ni trop abrupte, ni trop lyrique.
Ben, pour moi personnellement l'écriture est rarement quelque chose de fluide... Presque plutôt une lutte, des fois. Pour trouver le bon mot, le bon rythme, taire la petite voix qui me dit que c'est pas assez bien, trop conventionnel, que j'ai rien à dire...
elsaada a écrit :J’ai l’impression qu’ainsi je pourrais être parfaitement libre, car les seules chaînes qui m’entravent sont celles de mon esprit. Il hurle en permanence, m’empêchant ainsi d’accéder à la paix et au silence qui m’habitaient quand, gamine, j’allais déloger les grillons de leur trou en les chatouillant avec un brin d’herbe, je grimpais aux sapins poisseux de sève, je barbotais dans la piscine en jouant avec une dinette en plastique, je battais la campagne en parlant aux lutins et aux fées…

J'aime beaucoup !
Merci de nous avoir fait partager tes impressions et tes débuts de romans. On attend la suite :wink:
Ils ont dit : Tu es devenu fou à cause de Celui que tu aimes."
J'ai dit: "La saveur de la vie n'est que pour les fous."
Yâfi'î, Raoudh al rayâhîn

Floralys
Messages : 11
Inscription : mar. 5 mars 2013 23:54
Profil : En questionnement
Test : NON

Re: Atelier d'écriture

Message par Floralys »

Merci Boutès.

Comme c'est un peu long, j'ai mis un lien vers le document à lire en ligne.
C'est un essai pour un roman d'héroic fantasy.

https://docs.google.com/document/d/1JXw ... sp=sharing

Avatar de l’utilisateur
sanders
Pseudo Violet
Messages : 3576
Inscription : jeu. 4 oct. 2012 08:04
Présentation : [url=http://adulte-surdoue.fr/viewtopic.php?f=9&t=2721]Bon ben ... Bon bain ...[/url]
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Localisation : Syndrome Lisa Simpson
Âge : 55

Ancien Membre de l'équipe

Re: Atelier d'écriture

Message par sanders »

Boutès a écrit :Personnellement je conçois cet atelier d'écriture comme le lieu de tous les possibles littéraires, sans restriction, ayant pour but non seulement de transformer nos noirceurs en éclats de mots, mais aussi de soumettre à la communauté que nous constituons toutes formes de tentatives d'écriture ...
Puis-je proposer un petit jeu :-) au sein de cet atelier virtuelobotèsien ?
Le premier jour du reste de ma vie : Un jour, J'ai pu observer que la poutre que je voyais dans l'oeil de mon voisin, je l'avais fait devenir paille dans le mien. Alors même que nous buttions sur les mêmes (em)bûches. Depuis, plus rien n'est pareil..

Avatar de l’utilisateur
Boutès
Messages : 28
Inscription : sam. 16 mars 2013 08:18
Présentation : http://adulte-surdoue.fr/presentations/ ... t3420.html
Profil : En questionnement
Test : NON
Localisation : au confluent du piteux et du capiteux
Âge : 40

Re: Atelier d'écriture

Message par Boutès »

Avec grand plaisir sanders ! Cet espace "virtuelobotésien" :D sera "papouesque" sur les bords ou ne sera pas ! (cf. nos oulipiens du dimanche, dans Des papous dans la tête sur France "culte hure"...)
le destin est toujours enseignement pour les êtres accomplis Pythagore, Vers dorés

Avatar de l’utilisateur
sanders
Pseudo Violet
Messages : 3576
Inscription : jeu. 4 oct. 2012 08:04
Présentation : [url=http://adulte-surdoue.fr/viewtopic.php?f=9&t=2721]Bon ben ... Bon bain ...[/url]
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Localisation : Syndrome Lisa Simpson
Âge : 55

Ancien Membre de l'équipe

Re: Atelier d'écriture

Message par sanders »

Boutès a écrit :Avec grand plaisir sanders ! Cet espace "virtuelobotésien" :D sera "papouesque" sur les bords ou ne sera pas ! (cf. nos oulipiens du dimanche, dans Des papous dans la tête sur France "culte hure"...)
:rofl: j'assume mon omission de U car je voulais écrire virtueloboutèsien en fait.
Un seul U qui vous manque et tout est chamboulé ... n sel qi vos manqe et tot est chambolé...

Je propose donc un petit jeu avec ton assentiment.


Les rares sourires des radins de l'aurore



Voici un début de phrase pour commencer un écrit qui pourra prendra la forme que vous voulez : prose, poésie, texte humoristique, suspens, micro nouvelle, proverbe ... la liste n'est pas complète et attend l'enrichissement de votre imagination débordante.

edit, après réflexion inspirée par ma voisine du dessous ;) :

- ce n'est pas un texte à suite, chacun écrit le sien de B à Z car ...
- la "contrainte" principale est que votre production commence par une suite de mots imposée, c'est le A , pas de lettre qui le précède.
- cette suite de mots sera mise en gras afin de distinguer ce jeu d'autres écrits qui s'insèreraient de manière tout à fait légitime dans ce topic piske Boutès l'a souhaité ainsi. Je le cite : Boutès a écrit A vous tous qui taquinez la plume, cet espace de liberté veut avoir pour dessein de fixer (et partager) nos vertiges... .

Cette suite de mots sera le code, le signe de reconnaissance, la banderole de ce jeu, l'alpha de vos délires écrits ou de vos réflexions existentielles, la ligne de départ, le lever du rideau, le :x ... Oualà!



Tadam cette suite de mots est : Les rares sourires des radins de l'aurore ...
Le premier jour du reste de ma vie : Un jour, J'ai pu observer que la poutre que je voyais dans l'oeil de mon voisin, je l'avais fait devenir paille dans le mien. Alors même que nous buttions sur les mêmes (em)bûches. Depuis, plus rien n'est pareil..

Avatar de l’utilisateur
Kayeza
Galette de Riz
Messages : 4720
Inscription : mar. 25 oct. 2011 17:46
Présentation : [url=http://adulte-surdoue.fr/presentations/vert-calme-maintenant-t915.html]C'est qui, déjà ? [/url]
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Localisation : ... et à l'oeil !
Âge : 45
Contact :

Ancien Membre de l'équipe

Re: Atelier d'écriture

Message par Kayeza »

sanders, un minimum de contrainte(s) pour te suivre ?
"Our life is not our own - from womb to tomb we are bound to others." Cloud Atlas

Avatar de l’utilisateur
sanders
Pseudo Violet
Messages : 3576
Inscription : jeu. 4 oct. 2012 08:04
Présentation : [url=http://adulte-surdoue.fr/viewtopic.php?f=9&t=2721]Bon ben ... Bon bain ...[/url]
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Localisation : Syndrome Lisa Simpson
Âge : 55

Ancien Membre de l'équipe

Re: Atelier d'écriture

Message par sanders »

Les rares sourires des radins de l'aurore se multiplient les soirs de cassoulet.

Proverbe






Ceci est un exemple pour donner le top départ, sa haute teneur créative, originale et recherchée :2deg n'est peut-être pas à suivre ...
Le premier jour du reste de ma vie : Un jour, J'ai pu observer que la poutre que je voyais dans l'oeil de mon voisin, je l'avais fait devenir paille dans le mien. Alors même que nous buttions sur les mêmes (em)bûches. Depuis, plus rien n'est pareil..

Avatar de l’utilisateur
alicesmartise
Messages : 794
Inscription : mar. 22 janv. 2013 23:16
Présentation : [url=http://adulte-surdoue.fr/presentations/crayon-t3196.html] iiii [/url]
Profil : Bilan +
Test : WISC
Localisation : la ville aux trois fleuves
Âge : 25
Contact :

Re: Atelier d'écriture

Message par alicesmartise »

Les rares sourires des radins de l'aurore irradiant se raréfient lorsque ronronne le routeur arriéré corroborant les cris de l’aéroréfrigérant et recréant le fracas rébarbatif d’un rustre qui carbonitrure.

Phrase qui ne veut pas dire grand-chose mais qui a le mérite de contenir 1,28 r par mot en moyenne.

Avatar de l’utilisateur
Boutès
Messages : 28
Inscription : sam. 16 mars 2013 08:18
Présentation : http://adulte-surdoue.fr/presentations/ ... t3420.html
Profil : En questionnement
Test : NON
Localisation : au confluent du piteux et du capiteux
Âge : 40

Re: Atelier d'écriture

Message par Boutès »

Les rares sourires des radins de l’aurore ramperont en rythme lors d’abstruses foires aux fanfreluches sur de sinistres cordes raides rongées de ronces jadis crues à l’ombre de jeunes larrons en fleur, tandis que vrombiront sans entrave les rires gras de ronds ronronneurs ruinés mais avides de la richesse de ces rouleurs de bosses roublards en quête de tintinnabulatoires tritons, sous le cuistre regard de gros rats ruminant à la manière des fiers troupeaux ornant nos peintures rupestres comme de celui de drôles de drames où d’interlopes renards sans plastron saupoudreront trois-cent quarante-vingt-quatre graines d’omicron sur les tronches toujours hirsutes de ventripotentes rombières, - à moins que le roi des astres éperdus ne rende à toute allure son vers docte au creux de l’ancestral crâne rougi d'un aride univers après avoir broyé du Renoir, sans craindre le moindre affront…
le destin est toujours enseignement pour les êtres accomplis Pythagore, Vers dorés

Avatar de l’utilisateur
Boutès
Messages : 28
Inscription : sam. 16 mars 2013 08:18
Présentation : http://adulte-surdoue.fr/presentations/ ... t3420.html
Profil : En questionnement
Test : NON
Localisation : au confluent du piteux et du capiteux
Âge : 40

Re: Atelier d'écriture

Message par Boutès »

Les rares sourires des radins de l’aurore ramperont en rythme lors d’abstruses foires aux fanfreluches sur de sinistres cordes raides rongées de ronces jadis crues à l’ombre de jeunes larrons en fleurs, tandis que vrombiront sans entrave les rires gras de ronds ronronneurs ruinés mais avides de la richesse de ces rouleurs de bosses roublards en quête de tintinnabulatoires tritons, sous le cuistre regard de gros rats ruminant à la manière des fiers troupeaux ornant nos peintures rupestres comme de celui de drôles de drames où d’interlopes renards sans plastron saupoudreront trois-cent quarante-quatre graines d’omicron sur les tronches toujours hirsutes de ventripotentes rombières, à moins que le roi des astres éperdus ne rende à toute allure son vers docte au creux de l’ancestral crâne rougi de notre aride univers après avoir broyé du Renoir, sans craindre le moindre affront…


Oracle
le destin est toujours enseignement pour les êtres accomplis Pythagore, Vers dorés

Avatar de l’utilisateur
alicesmartise
Messages : 794
Inscription : mar. 22 janv. 2013 23:16
Présentation : [url=http://adulte-surdoue.fr/presentations/crayon-t3196.html] iiii [/url]
Profil : Bilan +
Test : WISC
Localisation : la ville aux trois fleuves
Âge : 25
Contact :

Re: Atelier d'écriture

Message par alicesmartise »

Il pleut et elle a perdu ses clefs. Le dos contre sa porte elle regarde les gouttes qui tombent.
L’eau lui chatouille la peau, le vent lui caresse le visage.
Elle est trempée mais ce n’est pas grave, elle se sèchera, plus tard.
Lentement son dos glisse sur la porte blanche, elle s’assied. La pluie sur les toits au loin bourdonne.
Le long de sa natte et des feuilles de son buisson de clématite, les gouttes coulent lentement. Vers le sol. Inexorablement.
Elle enlève ses gants pour goûter l’eau de ses mains.
Les doubles des clefs doivent être dans le panier de sa trottinette. Ou bien les a-t-elle perdus ?

En face les voisins ferment leurs volets. Dans les maisons se terrent les Hommes, boules de chair apeurées. Une tempête semble se préparer. Le vent ne caresse plus, frappe.
Une lumière perce le ciel d’ombre. Vient le grondement du tonnerre.
Les arbres ploient. Le froid montre les crocs.

Elle se lève, ne se souvient plus. Ce n’est ni le jour ni la nuit.
Les doubles ne sont plus dans le panier. Étourdie, tu n’es qu’une étourdie. Elle se rappelle ces mots, elle ne sait plus qui, mais ça la fait rire doucement.
La grêle remplace la pluie, peu à peu le grondement sur les toits devient rugissement. Un instant la femme renoue avec la fillette blottie dans les bras de sa mère un soir d’orage. Cette peur du passé l’emplit.

Pourtant elle sait que ce n’est pas grave.
Que le vent calmira. Que la pluie, les nuages et leurs assourdissants hurlements s’envoleront. Plus tard.

Plus tard tout va toujours mieux,
Mentait sa mère.

Avatar de l’utilisateur
Louise
Messages : 1196
Inscription : mer. 28 mars 2012 07:43
Présentation : [url=http://adulte-surdoue.fr/presentations/bonjour-t1847.html] Si vous avez une petite heure devant vous... [/url]
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Localisation : Somewhere over the rainbow
Âge : 46
Contact :

Re: Atelier d'écriture

Message par Louise »

Alice, ça me file les poils.

Avatar de l’utilisateur
sarou12
Messages : 16
Inscription : mar. 16 juil. 2013 22:34
Profil : En questionnement
Test : NON

Re: Atelier d'écriture

Message par sarou12 »

Bonjour, je vais vous montrer un texte que j'ai écrit récemment (je devais avoir 15 ans..)

Je l'ai intitulé La porte de l'ailleurs ou L'insomnie de l'impossible :) Je vous invite à me donner vos avis (qu'ils soient flatteurs ou au contraire plus sanglants ;) Après tout, c'est avec cela qu'on apprend le mieux)

Infiniment ancré dans un flot de démence et de rédemption, il se vouait au désespoir et à l'échec. Indifférent au monde, il passait ses nuits, ses jours enfermé dans son antre de création, médisant les gens qui l'entouraient.
Insassiable et veinement prolixe, les mots passaient tour à tour sous l'emprise de sa plume envoutante et subtile.

Determiné, le monstre sommeillant en lui, se nourissait de l'écriture bourrative qui lui fournissait une énergie incroyablement ironique et détestablement singulière. Cependant, une peur envahissait ses nuits, agitait son sommeil et dominait le fil de ses cauchemars.
Une peur qui le vivifiait quelque peu, le rendant plus humain et plus accessible. En réalité, cette peur semblait prendre les formes rigides d'une barrière froide, d'une porte transparente, fermée, ternie par le désespoir et la rancoeur, le conduisant à la déchéance, à la faiblesse et à l'oubli. C'est en fait de ce mutisme dont il ne souhaitait plus, de cette carapace qui l'empecherait de s'exprimer.
Inlassablement, les visions de cette page blanche, de cette porte vitrée le séparant de son objet de désir, devenaient insupportables.
Dérrière cette porte, subsistait ce malaise profond. Il tentait veinement de pouvoir l'entrouvrir sans le moindre résultat apparant. La, pourtant, se trouvait la teneur de ses obsessions, le rouage de son infernal entetement. Qu'allait-il advenir de cette feuille, dont les cris fusaient, dont les paroles devenaient presque audibles, si criantes, si martelantes ?
Pourtant que faire, que dire ? Ce sentiment d'impuissance arrachait une vive douleur en lui. Il se réveillait alors le visage en fièvre, suffoquant, délirant presque face à ces visions repetées. Les cheveux en bataille, la poitrine humide, ce pauvre homme sombrait tragiquement dans une valse démoniaque, sensuelle, et déstructrice.
Que fallait-il pour qu'enfin, ce monstrueux, cet épouvantable tourment disparaisse de sa vie ? Qu'est ce qui viendrait apaiser cette souffrance intérieure présente chez cet homme soucieux du détail, pertinemment fin et soigneux ?

Après une nouvelle nuit agitée, Romain se mit à songer gravement. Au fond, l'écriture n'était-elle pas sa passion, son unique passion ? Aussi le rongeait-elle de l'intérieur, le harcelait-elle inlassablement et venait se faufiler discrètement dans ses sommeils, incarnant la pièce maîtresse de tous ses désirs mais également de son embrasement psychologique. Il n'en revenait plus, suppliant infiniment son âme, de l'éloigner de cet inlassable tourment.
Un jour alors, après un insoutenable et nouveau coup de colère, dont le mur s'était retrouvé être la principale victime, il décidait d'en finir.
« Je te tuerais avant que tu me tues ! » , ainsi fut la profération enjouée de Romain. Tel le protagoniste d'une scène tragique athénienne, il regardait bruler ses précieuses notes, dont les flammes bruyantes, sauvages se consummaient page par page, épargant les quelques restes de métaphores et d'oxymores.
Mais au fur et à mesure, des étourdissements, des gémissements incontrolés le saisirent. Tournoyant autour de la pièce, il convulsait, se laissait tomber à travers le sol. Son cœur battait tellement vite, si fortement que les échos mortuaires innondaient la pièce, tambourinant alors si vivement que tout autre son paraissait insonore. Un instant qui paraissait si irréel, si affolant.
Toujours au sol, le calme réapparaissait petit à petit et il fermait à présent les yeux.

Un sourire se traçait maintenant sur son visage. La porte face à laquelle celui ci était pertinemment prostré, venait de s'ouvrir. Il paraissait comme happé, comme terriblement attiré.

Plus rien ne l'arrêterait dans sa curieuse quête de l'inconnu...
"Créer, c'est résister. Résister, c'est créer." - Stéphane Hessel, Indignez-vous.

Invité

une nouvelle écrite il y a quelque temps (1)

Message par Invité »

La pomme s’est transformée en voiture



Je vous présente Raymond.
Raymond est petit, gros, moche.
Raymond est pauvre, seul.
Et surtout Raymond est malheureux.
Un jour, histoire d'apaiser le fardeau de sa vie, il part se balader en forêt,
Il ne le fait jamais, mais là il en a envie, c'est rare qu'il ait des envies.

Au bout d'une heure de marche, il en a marre, il veut rentrer.
Mais il n'y arrive pas, il s'est perdu et ne sait plus du tout où il est.
Il panique, se fatigue, il marche avec angoisse.
Un moment, il aboutit sur une clairière assez mignonne. La peur toujours au ventre, Raymond se dit que cela lui fera du bien de se reposer un peu, il s'assoit et se calme petit à petit.
Dans sa tête, Raymond cherche un moyen de retrouver chemin, mais il est déconcentré.
Son regard est attiré par quelque chose.
Un caillou.
Un caillou intriguant : il est d'une couleur bleutée et de forme évoquant celle d'un oiseau, il s'approche, le ramasse avec curiosité, pensant qu'il irait bien sur sa télé pour décorer le salon de son F2 .
Il le regarde de plus près, l'effleure lentement du doigt, le caresse tout émerveillé.
Raymond n'avait pas remarqué, mais il y avait des volutes de fumées près de lui lorsqu'il les vit, il pensa qu'il avait mal éteint son mégot, mais bizarrement, la fumée était agencée en formes nuageuses de même couleur que le caillou.
Les images s'aggloméraient, prenant un bleu plus intense,
Le pauvre Raymond était bouche bée, se mit à songer aux phénomènes de X-FILES, il ne bougeait plus d'un poil
Les nuages ressemblaient maintenant à une forme pseudo-humaine, surnaturelle, le vent sifflait si fort qu'on aurait dit qu'il chantait, et toute la clairière baignait dans une aura de lumière alors que le ciel était gris.

"Bonjour Raymond, merci de m'avoir réveillé.
_Qui es-tu ? et que me veux-tu ?
_Je suis le Génie de la forêt et je ne te veux absolument rien.
_Si tu es un Génie, tu peux exaucer des vœux?
_Oui, mais je ne peux en exaucer qu'un seul par année, et une fois retourné dans mon caillou je ne peux ressortir que dix ans plus tard.
_Si je reste avec toi plusieurs années , je pourrais exaucer plusieurs vœux ,non?
_Oui, et tu n'auras aucun souci pour te nourrir et dormir, il faut juste me tenir compagnie."

Raymond avait la chance de sa vie, la chance d'enfin changer sa vie qu'il détestait.

Son premier vœux fut de devenir bel homme, pour enfin avoir du succès auprès des femmes.
La deuxième année, il demanda à être riche, il pourrait ainsi acheter tout ce qui lui plait.

Raymond était content, maintenant il était beau et riche et allait donc devenir heureux, il pouvait rentrer chez lui, le génie lui avait indiqué le chemin.
Il ne s 'était écoulé que deux ans, mais en deux ans le monde avait énormément changé.

Les relations politico-économiques et religieuses avaient bien évoluées: il n'y avait plus de conflit nulle part, les désaccords se réglaient toujours par de longs dialogues, le niveau de vie s'était énormément accru dans tout les pays : n'ayant plus de guerre, les anciens budgets de la défense et de l'armement étaient alloués à l'éducation, la recherche et l'aide sociale, les gens avaient maintenant au minimum le confort- d'un occidental gagnant bien sa vie deux ans plus tôt, même dans l'ancien tiers-monde.
Il était désormais interdit de convertir quelqu'un à une religion: les religions étaients devenues plus personnelles, naturelles, ce qui n'empêchait pas les gens d'obédience semblable de se réunir.
La science avait énormément progressé en 2 ans. Le SIDA, le cancer et autres maladies jadis mortelles n'étaient plus un souci pour personne : la mort n'arrivait que par accident ou par vieillesse, la moyenne de vie était de 150 ans.
La couverture sociale était gratuite et intégrale, elle remboursait même la chirurgie esthétique ou des produits naturels qui musclaient sans efforts.

A ce jour, chacun se trouvait beau, bien que personne ne se ressemblait. La convoitise et le vol n'existaient plus car les écarts entre salaires étaient minimes. Si quelqu'un voulait gagner plus, il lui suffisait de travailler plus ou de faire plus d'études. Le chômage était devenu un problème minime, il y avait toujours quelque chose d'utile à faire quelque part.

En rentrant chez lui; Raymond fut surpris de ne croiser que des belles personnes bien habillées, de voir que les HLM à côté ce chez lui avaient été remplacés par de jolies maisons, mais surtout que c'étaient les mêmes gens qui y logeaient.

Bref, tout le monde était beau, tout le monde était riche, et Raymond aussi.
Il lui fallut un certain temps pour s'adapter à ce nouveau monde, si nouveau.
Mais au bout du compte, il était toujours malheureux et ne comprenait pas pourquoi : il avait ce que tout le monde avait.

Raymond attendit 10 ans dans la tristesse et retourna voir le Génie.
Il retrouva facilement la clairière et le caillou y était toujours.
Comme la première fois, il le caressa lentement avec un doigt; le Génie apparût :
"Génie, je voudrais être heureux toute ma vie "
_Je ne sais pas ce que veut dire le mot heureux.
_Etre heureux c'est se sentir bien tout le temps.
_Que voudrais-tu pour te sentir bien tout le temps ?"
Raymond marqua une pause et bredouilla :
"Ben, je sais pas trop.
_Si tu ne sais pas ce que tu veux, je ne puis te le donner."

Une lame de fond mélancolique envahit Raymond.

"Génie, as-tu un nom?
_Je m'appelle Louis de Funès.
_Comme le comique ?
_Oui. Raymond, si tu ignores ce que tu veux, il m'est impossible de te le donner mais je peux peut-être t'aider, tu devrais méditer sur ce qu'un jour un ami m'a dit :

A Monaco, il y a tellement de Ferraris qu'on les prend pour des Twingos."

Invité

une nouvelle écrite il y a quelque temps (2)

Message par Invité »

Soude Urbaine


Ernest est quelqu’un de bien. Un bon gars, bien dans ses basques. Charpenté comme un charpentier qu’il est, Ernest bosse dans une entreprise lyonnaise et , depuis peu est passé chef d’équipe. Il aime ce qu’il fait, son boulot et la satisfaction qu’il lui donne est bien plus forte que les petits agacements qu’il rencontre. Son job lui renvoi une bonne image de lui ; il se plait à dire qu’il mérite son salaire et que tout le monde a le droit au moins à la même aisance sociale que lui. Pour cela, il milite, se bat contre le libéralisme. Le jour où il avait dit à son patron qu’il était un altermondialiste convaincu, son patron lui avait rétorqué « convaincu, d’accord, mais en deux mots ». Il avait pas apprécié mais avait laissé filer.
Ernest aime voyager. Il a surtout bourlingué en ASIE et en AFRIQUE, et a beaucoup rencontré de populations humbles et modestes. Il pense fortement que nombre de ces miséreux sont spirituellement plus élevés que nous, les occidentaux, qu’ils ont beaucoup plus de sagesse dans leur manière de vivre, une simplicité qui les ennoblit en quelque sorte.
Ernset ne rechigne pas au boulot, à l’effort : c’est un battant.
Un fêtard aussi. Ah la fête il aime ça. Beaucoup d’amis partagent ses soirées et ses convictions. En résumé c’est une peu un leader à l’apéro comme au boulot.
Depuis trois mois, Eva est sa copine. Elle pourrait combler son manque affectif pour parfaire son bonheur. Eva est belle, séduisante aussi mais Ernest la trouve un peu paumée dans ses idées quelquefois. Eva a emménagé chez Ernest depuis quinze jours, à la Guillotière, un quartier très métissé qui correspond bien à Ernest. Eva a mis un peu d’ordre dans la déco et le mobilier. Elle ne supporte pas certains souvenirs de voyage d’Ernest qu’elle juge futile ; Eva aime les trucs classes, comme elle le dit, le beau mobilier tendance et les beaux objets bien chers dans les grands magasins du centre. Eva a le mérite d’avoir mis de l’ordre dans le foutoir d’Ernest .

Eva est vendeuse dans une espèce de boulangerie-fast food près de la gare Part Dieu, le genre d’endroit où on prend un panini ou une pizza et où les employés sont toujours au taquet. C’est pire qu’au Mac Do, les voyageurs sont tous pressés, stressés et certains chiants comme des merdes.
Eva n’aime pas son job, mais elle avait pas trop le choix, pour être honnête l’école c’était pas trop son truc.

Thomas, son collègue lunetteux, est étudiant en informatique.
Il a du mal dans le contact avec les clients, le sourire n’est pas sont fort (contrairement à EVA qui peut en décocher des ravageurs).
Il taffe ici depuis six mois, EVA depuis quinze.

Lui aussi déteste ce job, mais se dit que l’informatique lui offrira sûrement un autre avenir . le cul sur une chaise , devant un écran, en gros 99 % de ce qu’il aime : son rythme cardiaque bat celui de ses algorithmes de programmation .

THOMAS est puceau, il se fait beaucoup de film sur les meufs. Fréquemment, il fantasme comme un porc sur sa collègue : il se délecte à l’imaginer dans les vidéos de cul qu’il télécharge. Entre le langage C et la branlette, son cœur balance.
Lui vit dans le 1er arrondissement, ses parents lui payent un 20 m2 pas loin de la rue de la République.
A part ses trois écrans son appart est insignifiant.
Mais il n’en a rien à foutre. Ce qu’il aime justement c’est vivre à travers un écran : il est beaucoup plus à l’aise dans ses relations sur le net et maitrise mieux les gens qu’à la fac ou au boulot.
Il ne sait même pas qui sont ses voisins de palier. Pour lui, EVA est une grosse motivation d’aller bosser.
La boulangerie « au petit casse croûte » appartient à Monsieur SCIPE . Toutes ses connaissances l’appellent « ipe ». ipe n’a pas qu’une boulangerie, il est en affaire un peu partout : de l’immobilier, des parts dans des boutiques de fringue, une pseudo agence de mannequin, des jeux d’argent au Sénégal et plein de conneries de ce genre. Il essaie de faire croire à tout le monde qu’il roule sur l’or, mais rares sont les dupes, c’est plus un as de la combine et un maître de l’entourloupe qu’un bosseur. « plan à la ipe » signifie plan avec un os chez les gens qu’il côtoie en affaire. Malgré ses millions de plans foireux, ipe est quand même arrivé à ne pas casser sa pipe, plusieurs fois des gens ont essayé de lui perforer la peau.

En dépit de tout ça Ipe est toujours resté réglo avec ses employés.
Contrairement à Eva.
Eva s’augmente son SMIC en tirant 20 € par ci 50 € par là, Eva aime bien Ipe, enfin surtout le cabriolet dans lequel il arrive pour récupérer la caisse. Les remords, Eva n’en a pas, elle pense que Ipe est trop stupide et qu’il lui fait aveuglément confiance.
La méthode d’Eva était simple mais pas si bête, elle se contentait d’ouvrir la caisse sans taper le montant pour les grosses commandes.
Seulement, le jour où le frère à Ipe est allé grailler avec des collègues, il a bien remarqué qu’elle avait pas tapé l’addition pour lui rendre la monnaie sur son bifeton de 50 €.
Ca a pas plu à Ipe de s’apercevoir qu’on piquait son oseille.
Même pas du tout.
Ipe fait le compte, après une semaine, il lui manque 110 €. Un soir , il se pointe à la boutique l’air de rien, comme d’habitude.
« _dis-donc, ma p’tite Eva, j’ai l’impression que le tiroir caisse n’est pas rempli comme il faudrait.
_ je ne vois pas de quoi vous parlez monsieur »
thomas assistait à la scène
« _moi, je vois monsieur
_et tu vois quoi thomas ? »
le lunetteux commençait à suinter des perles de transpiration. Des gouttes creusaient des rigoles sur son visage. L’enchainement, il ne l’avait pas prévu. Sa tête, bouillonnait de stress et ses idées étaient confuses. Eva se prenait la tête entre les mains. Ipe insistait
« _alors
_je… »
thomas se tenait devant Ipe tel une plante inerte tellement la confusion le désarçonnait
_ »tu quoi ?
Ipe hurlait pour essayer de faire sortir quelque chose de la guimauve qui était entrain de devenir le corps de thomas.
_ » j’ai pris un peu d’argent, monsieur »
dans l’anarchie totale qui régnait dans ses pensées, ses couilles avaient commandé sa langue.
Son instinct s’était réveillait brutalement telle une bête qui hiverne. Les méandres brumeux de son inaction s’étaient dissipés. Thomas voulait protéger son fantasme qui chialait comme une madeleine moite et humide près de Ipe.
Ipe était furax. Très furax. On sentait que sa carcasse de 90 kilos était prête à torgnoler thomas
Ipe le regardait la machoire de travers et sentait bien qu’il y avait une anguille se pavanant quelque part sous la roche mais il n’arrivait pas à la dénicher.
Le schmilblick lui échappait.
Il n’était pas très doué pour capter les subtilités d’une situation comme celle-ci. Il était plus doué pour inventer des théories abracadantesques.
Au repas de fin d’année, il avait osé sortir à ses employés :
« les riches, c’est pas dans leur mœurs de faire plein de mômes, ils cogitent trop à savoir s’ils auront les moyens de les éduquer. Les pauvres, par contre, ils s’en foutent. Ils se fichent de la contraception, de leur éducation et baisent à tout va. Du coup sur terre, y aura toujours plus de pauvres que de riches, c’est logique »
Eva avait été bien estomaqué ce jour là, elle en avait fait part à Ernest (il connaissait le personnage, il avait posé du parquet chez lui) qui luttant intérieurement pour ses convictions n’arrivait qu’à balbutier de pseudo arguments pour contredire Ipe.
A l’instant présent, les grandes théories de Ipe ne lui servaient à que dalle, et il ne flairait pas le poisson, il se contentait de fixer thomas si profondément dans les yeux que thomas se sentait comme nu sur la voie publique. Il lâcha d’une voix tabacqeuse qui ressemblait au souffle d’un animal agonisant, sèchement
« Hors de ma vue, casse-toi »

Une semaine passa,
Thomas avait été viré. Il n’avait pas osé réclamer son mois en cours, Ipe aurait pu le mettre aux Prud’hommes, ce qu’il n’avait pas fait, Thomas ne cherchait pas de nouveau job pour l’instant. Il mangeait des pates tous les jours et s’en foutait. Certaines théories de Skipe l’avaient marqué, il se souvint de la fois où il avait dit : « l’intelligence, c’est de survivre, et rien d’autre. On dit toujours que les chercheurs et les ingénieurs sont les plus intelligents mais c’est faux. Leur intellect ne sait que maitriser les chiffres. Les artistes eux essaient de maitriser les émotions, les athlètes leurs corps. Si l’on se place au niveau corporel, un athlète est plus intelligent qu’un scientifique car il maitrise mieux son corps. Si l’on se place au niveau émotionnel, un clown est très intelligent car il s’entraine à faire passer des émotions. Et combattre la mort et la maladie, ça c’est de la pure intelligence : ça s’appelle la sélection naturelle. De ce point de vue là Jeanne Calment était plus intelligente qu’Einstein ».
ça le laissait dubitatif, lui l’algorithmophile pour qui la logique était élevée au rang de divinité.

Mais chaque fois qu’il se remémorait Ipe, la première pensée présente dans son crâne était qu’il ne voulait pas lui ressembler, Ipe le répugnait un peu.

Souvent, il pensait à Eva, son fantasme qui lui avait coûté son job.
Au fond de lui-même, il espérait une peu plus d’estime de sa part. un après midi où ils zonaient au centre commercial il passa la voir.
Eva le vit venir de loin.
Grosse surprise.
Elle lui souriait. Quant il arriva à distance de conversation Eva lui décocha un salut si amical et aguichant qu’il effaça toute l’indifférence qu’elle lui affichait auparavant.
« Comment tu vas Thomas ?
_ bof… pas pire.
_ t’as trouvé un autre boulot ?
_ pas encore,
Eva lui exprimait une mine aussi radieuse qu’un soleil se reflétant sur des cristaux de neige,
_ si tu veux , on pourrait se voir quand je finis.
Cette phrase mettait Thomas dans l’embarras, l’idée du rendez-vous l’excitait et le stressait à la fois, faisant trembloter ses mains ballantes le long de son vieux jean.
_ oui ça me ferait très plaisir, dit-il d’un ton serré,
_ je finis à 19 h, tu habites où ?
_ rue Léon Blum au 21,
_ j’y serai vers 19 h 30,
il était 17 H passé …
Son narcissisme exacerbé maintes fois refoulé devant Eva revint en trombe tel un troupeau d’éléphants cavalant dans la savane. Il se sentait aussi léger que l’air avec le cœur palpitant de surexcitation. Il avait l’impression de découvrir une sensation nouvelle, un goût, une odeur, un sentiment qu’il n’avait jamais connu auparavant. Il se hâta de rentrer, acheta des biscuits et de l’alcool pour l’apéritif.

Arrivé chez lui, Thomas tilta qu’il avait deux heures pour faire un grand ménage.

19 H 45.

Thomas s’était bien débrouillé, l’appart était nickel, il avait même prévu pour un éventuel repas. Eva frappe, puis entre…

Le rêve de Thomas se réalisa, Eva avait pris les choses en mains, si l’on peut dire.

Une semaine passa.

Ernest et Eva se sentaient bien dans leur appart. Ils aimaient la convivialité. ce soir Ernest avait invité Nordine à l’apéritif. Ils parlaient de tout et de rien : musique, soirées et un peu politique. La discussion allait bon train et elle était si agréable qu’ils prolongèrent jusqu’au repas. Au moment du dessert Nordine suggéra d’appeler un collègue pour taper la coinche. En un cours instant, Eva, qui était un peu en retrait dans les palabres s’affirma et imposa d’inviter Thomas.

Il était 21 h 50, Thomas se pointa : d’abord les présentations puis ils recommencèrent la palabre, puis continuèrent en commençant la partie.
Au fur et à mesure des verres et des joints qui défilaient, Thomas qui se sentait toujours un peu timide se lâchait un peu plus dans les plaisanteries, de temps en temps il lançait des petites phrases apparemment dénuées de sens à Eva, mais lui en avait une tout autre interprétation : l’alcool le grisait, il se sentait en confiance vis-à-vis d’Eva. Ernest et Nordine trouvaient ça bizarre et ne comprenaient pas. Ils parlaient aussi de Ipe, car Nordine aussi le connaissait. Eva raconta ce qu’il lui avait sorti le lendemain de l’embauche :
« les femmes moches sont la plupart du temps sympas, c’est leur manière de compenser plus ou moins leur laideur. Celles qui sont aussi séduisantes que charmantes sont souvent chiantes et pète couilles : c’est le prix à supporter pour accéder à leur beauté ».
ils se mirent de concert à maudire Ipe, à approuver à quel point il était vil et méprisable. Nordine y alla de sa petite citation du bonhomme :
« la guerre est le moyen inconscient qu’a trouvé l’homme pour assurer sa propre sélection naturelle »,
Ils s’esclaffèrent de rire tellement ces propos étaient insensés et se dégoutaient de plus belle de ce personnage nauséabond,
Thomas s’engloutissait de belle manière à la boisson, le shit rajouté par-dessus, il ne maitrisait plus tout à fait son discours et luttait pour se concentrer sur les cartes .
D’une phrase sèche mais sensible (une peu la voix d’un ivrogne qui se rend compte de quelque chose) il dit :
« Eva tu es la plus belle chose qui me soit arrivée dans la vie ».
Avec tout ce qu’il avait dit à Eva précédemment, c’était le litre qui fit déborder le vase.
Ernest sentit ses muscles se contracter et ses nerfs prirent le contrôle de son être. En une seconde, il était passé de soucieux mais détendu à incontrôlable. Il avait jeté son jeu et sa chaise en se levant et saisi Thomas par le col, le plaquant contre le mur :
« Qu’est-ce que t’as fait à ma nana ? » la rage le dominait des cheveux jusqu’aux ongles. La lange à Thomas était paralysée et les quelques mouvements qu’elle réussissait produisaient de quasi inaudibles :
« je… je… je…. »
Nordine avait pris sa veste et ne voulant pas se mêler de ce qui ne le regarde pas sortit en douce et rentra chez lui. Eva, elle, était en demi teinte : elle mentait d’un œil et sanglotait de l’autre.
« Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » hurla Ernest à 10 cm de l’oreille de Thomas en lui serrant tellement le col qu’il l’étranglait fortement .
_ »je…je…je.. »
les mots de Thomas ne grimpaient pas bien haut en décibels, comparé à Ernest, c’était l’Everest et les Vosges.
_ »je t’ai trompé » dit Eva en essayant de faire lâcher la prise,
la rage bouillonnait en Ernest, personne ne l’avait déjà vu dans cet état, pas même lui.
Il baissa la tête pour cacher des petites larmes qui mouillaient ses yeux. Au fond de lui, il ne voulait pas afficher cette tristesse qui serait un aveu de faiblesse envers Eva.
De toutes ses forces il combattait vivement cette émotion en son intérieur. Ce combat interne s’extériorisa : il balança Thomas de l’autre côté de la pièce, en plein dans l’armoire vitrée.
Thomas s’écroula tel un sac de ciment, l’armoire avait volé en éclats, il gisait au milieu des débris de verre, de bouts de bois agglomérés et de bibelots cassés.
Petit à petit, une grande flaque de sang se formait le long de son épaule, tel une tâche d’encre sur le sol. Eva se mit à hurler. La vitre lui avait sectionné la carotide.
« tu es un monstre, tu es un monstre « beuglait Eva.
A toute berzingue elle dévala l’escalier et sortit dans la rue « enfoiré…fils de pute » hurlait elle en sanglotant. Le quartier pensait sûrement à une banale scène de ménage.
Retour à nos moutons.
La tête d’Ernest s’était tout à coup vidée, les deux hémisphères de son cerveau étaient inertes.
Plus de rage, plus de haine, plus d’amour, seulement un incroyable vide. un vide que dis-je, une abysse. Thomas gisait mort devant lui, à un mètre de ses pupilles, Ernest affichait la même tête qu’un enfant qui découvre l’acte de procréation par hasard à la télé. Il était hagard, hébété, sans réaction. Rien de ce qu’il avait connu dans sa vie pourtant remplie de péripéties ne pouvait maintenant lui venir en aide. Il essaya de se raisonner, que c’était un accident, les autres pourraient en témoigner, mais son désarroi ne le quittait pas pour autant. Il avait commis un meurtre. Tous ses rêves, ses idéaux, ses projets, étaient tombés, brisés par le poids de cet instant. il ne voyait pas qui pourrait l’aider, il écarta tout de suite Nordine car ce genre de merde ça n’était pas son genre. Rien ne se dessinait dans son crane pour trouver la solution. Juste une petite pensée qui lui tordait sadiquement les neurones, une pensée qu’il refoulait. Cette pensée était contraire à sa nature et il ne se reconnaissait tellement plus qu’il avait l’impression qu’un vent le lui avait chuchoté à l’oreille. Il n’avait que ça comme maigre espoir. Certes il n’était pas convaincu mais il n’avait que ça, il ne connaissait qu’une seule personne capable de se tirer d’une histoire pareille. Maintenant, il n’avait plus qu’une chose à faire , une seule. Pas de choix. Pas d’alternative. Sa dernière chance. La der des der comme on dit : prendre le téléphone d’Eva sur la table et appeler Ipe. Peut-être lui savait comment faire.

Invité

une nouvelle écrite il y a quelque temps (3)

Message par Invité »

La désillusion du monde

Je m’appelle Marc. Marc Belmont pour être précis. Je travaillais dans la vente. Actuellement au chômage sans but précis (eh oui avec les Assedic on peut de temps en temps errer dans la vie comme un animal non animé par la faim). Je vendais tout et n’importe quoi. De la tronçonneuse thermique Husqvarna ou le téléphone portable Ericsson aux collections de films pornos Marc Dorcel en passant par tout l’attirail de séduction et de preuves d’amours que peuvent constituer les bijoux ainsi que des sièges autos pour bébés.

A force de vendre n’importe quoi, j’ai fini par m’acheter n’importe quoi, n’importe comment. Des gadgets inutiles (ce qui est un quasi pléonasme), des objets high-tech dont je n’avais aucune utilité qui devenaient obsolètes au bout d’une année, de la déco fashion pour mon appart de célibataire. Tout des objets qui ont un prix intrinsèque mais pas de valeur intrinsèque. Ce qui fait la valeur, c’est l’espace et le temps.
Je m’explique. Quand à lieu la transaction, par rapport à la sortie du produit, le être ou le non-être à la mode du moment par exemple, ce qui parait normal et prévisible pour ce qui est de la sortie mais tout à fait aléatoire pour ce qui est des modes, celles-ci n’ont jamais pues être prédites par je ne sais quelle branches des sciences humaines ; et où.
Un même objet peut perdre beaucoup de sa valeur en ne traversant qu’une ligne virtuelle sur le paysage appelée frontière. C’est un peu le principe de l’import-export.
Tout ceci peut vous paraitre de fatigantes banalités, mais pour essayer de vous faire rendre compte de la soi-disant valeurs des choses, je voudrais aller un peu plus loin.
Prenons la variable temps, considérée dans son écoulement le plus parfait tel celui d’un fleuve. Les connaisseurs du milieux de la bourse vous diront qu’il peut faire la pluie et le beau temps (ce n’est pas un hasard si notre langue dénomme de la même manière notre climat quotidien et notre durée de vie sur terre, après tout la durée temps s’écoule au rythme du flux d’air issu de notre atmosphère absorbé par nos poumons, ainsi en découle notre rythme cardiaque et tutti quanti). C’est le dessus que joue un « produit » financier appelé « warrant ». C’est un « produit » que vous achetez en monnaie sonnante et qui représente une prévision de l’augmentation ou de la baisse du prix d’une action à une échéance plus ou moins longue. Selon la difficulté de prévision, vous pouvez enregistrez des gains records, jusqu’à cent fois votre mise de départ en moins d’une semaine. La probabilité en est ainsi faite, en jouant (car on dit jouer en bourse comme jouer aux playmobils, les playmobils joueraient le rôle des gentils petits salariés), vous avez de fortes chances de tout perdre.
Le warrant est donc un produit non tangible et abstrait faiblement susceptible de vous faciliter l’acquisition de biens palpables (car ne perdons pas de vues que nous sommes mortels en ce bas monde tout de même).
Pour parfaire cette notion du temps, il n’est pas nécessaire de vous parler de la chute des prix des téléphones portables, ordinateurs ou autres produits high-tech. Sincèrement, on n’était pas malheureux avant, mais en tant que tout bon acteur de notre société de consommation que nous sommes, le fait de ne pas s’équiper dans cette course technologique contre personne vous mettrai sur la touche, banni et exclu de votre entourage en tant que réfractaire au progrès technologique, qui n’est pas du tout synonyme de progrès social.
Tout s’achète, tout se vend, le tout à peu près n’importe comment. Mettre de l’essence dans votre voiture qui demande toujours à être réparée, révisée ou changée vous ruine alors qu’elle est à peu près à l’homme moderne ce qu’était le feu pour l’homme de Cro-Magnon.
En résumé, pour ce faire une idée d’un prix aléatoire il suffit de considérer soit l’immobilier soit les objets de collections.
Vous me rétorquerez que je n’ai fait qu’énoncer la simple loi du commerce de l’offre et la demande, je vous répondrai que vous n’avez pas tout à fait tort.
Des choses, si l’on peut les dénommer ainsi, ne supportent pas très bien les lois du commerces : les émotions, les sentiments. Wilhem Reich, dans La fonction de l’orgasme a bien essayé par ce qu’il appelle la théorie de l’orgone de matérialiser par une particule physique le zénith de l’amour, mais force est de constater que sa théorie a été abandonnée. Vous pouvez en revanche me répondre qu’il existe un marché de l’art et que le cinéma, œuvres populaires pour la plupart voire culture de masse se porte financièrement très bien ou que nous français, nous sommes les records men de la consommation d’antidépresseurs, anxiolytiques ou autres somnifères. Et que pour l’amour, il y a des prostituées. Voila où je veux en venir.
Ma vie sentimentale était à ce point misérable que je m’autorisait de temps à autre une escapade de 500 kilomètres pour « faire l’amour » dans un bordel. Apres mon dépucelage peu concluant sur ma virilité, je m’étais tout de suite rassuré avec une professionnelle. Considérant mon désert sentimental, je me rabattais fréquemment sur le genre « thème et variations pour bites et femmes » de vidéo clubs. Réalisant que cette consommation régulière de fantasme représentait un petit budget n’ayant aucune valeur intrinsèque, j’avais pris l’initiative de temps en temps de transposer mon imaginaire dans le réel, en essayant d’assouvir mes besoins au bordel. Les quelquefois précédentes avaient été plaisantes mais bien différentes de mon imaginaire sexuel devenu complètement déluré.
J’avais prévu mon week-end.
Descendre à la frontière espagnole, acheter des cigarettes et « tirer un coup » ou « faire l’amour » selon votre point de vue, lectrice ou lecteur.
Sur la route, l’arrêt café à la station service avait été stressant. Avoir dans la tête l’idée qu’il suffit de donner à une femme quelques dizaines d’euros pour qu’elle vous suce la bite et d’en regarder une qui vous rend gentiment votre monnaie, ou une entrain de nourrir sa fille est assez dérangeant. Votre relation aux femmes, aux couples, aux enfants, bref, à tout le monde, est entièrement déstabilisée. L’amalgame entre la pute que je vais me taper et les personnes de la gente féminine que je croise se fait vite, malgré moi.
Le reste du trajet se passe sans soucis.
Arrivé en Espagne, j’achète mes cinq cartouches et me dirige vers un bordel que je connais déjà, un qui est rempli uniquement de latino-américaines. J’ai toujours réussi à contourner une difficulté dans les bordels espagnols : la langue, je ne parle que français et anglais. Vous pourriez me dire que, étant donné la banalité de l’acte, cela peut se passer de mots. Détrompez vous. M’acquittant de mes dix euros d’entrée, je m’assois seul au comptoir, sirotant mon cuba libre tranquille. J’entends qu’il ya de l’électricité dans l’air. Ca crie, ça braille, sanglote un peu aussi dans un espingoin incompréhensible. On dirait une scène de ménage dans un bordel, avec le recul ça pourrait faire rire.
Une pute m’accoste.
Je lui demande son nom.
Elle s’appelle Lissa.
Elle me demande le mien.
Elle est jamaïcaine et très sexy avec son string et un haut coloré à peine plus large qu’un soutien-gorge. Etre au comptoir avec une fille comme ça, ça vous détend tout de suite.
Par chance, elle parle anglais. Je lui demande ce qui se passe, elle répond qu’elle s’est engueulée avec d’autres putes mais qu’elle ne comprend pas tout car elle parle mal l’espagnol.
Une conversation s’installe, je continue à siroter tranquillement mon verre bien rempli, comme toujours en Espagne. Le temps ne défile pas pour moi comme d’habitude, il s’est mué en un fluide plaisant.
Pour en venir au fait, je lui demande ce qu’elle préfère dans le sexe, elle me répond « quand ça va lentement ».
C’est ce que j’aime aussi.
Je m’acquitte de son revenu et monte avec elle.
Une fois dans la chambre, nous nous déshabillons, comme d’habitude ; mais contrairement à d’habitude, elle ne me met pas la capote sur la tob et ne commence pas à me sucer. Je la couche sur le dos et commence par l’embrasser un peu partout sur le corps. Nous continuons à échanger quelques mots. Je la caresse de partout, sa peau d’ébène est lisse et douce à masser. Elle me touche, me met la capote. Moi si solitaire j’ai besoin de sentir la chaleur de son corps près du mien, sa chaleur douce et bienveillante. J’esquisse de l’embrasser sur la bouche en frottant mon nez contre le sien, elle apprécie, je recommence une ou deux fois puis l’embrasse vraiment (pour information en général les putes font tout sauf embrasser). Je continue et nous nous embrassons pendant des dizaines de minutes nus comme des vers l’un sur l’autre. Cela devient plus de l’affection que du sexe tarifé à la minute, du moins pour moi. Au fur et à mesure que nous découvrons nos corps, elle me parle un peu d’elle. Elle me dit qu’elle se sent seul ici et n’a personne à qui parler. Elle me montre son pendentif fièrement, un pendentif quelconque, et me dit que c’est un cadeau de son oncle, et que son oncle est la dernière personne qui lui reste. J’éprouve de la peine pour elle, de la tendresse, enfin de ce qu’il me reste comme sentiments humains, elle est comme pour moi la seule incarnation pour qui je ressens quelque chose, un soubresaut d’humanité, elle est le dernier rempart émotionnel qui m’empêche de basculer vers l’animalité, étant donné la dose de frustrations sentimentales et sexuelles que j’ai emmagasiner. Dans la brume de mon esprit, la confusion règne maintenant en despote.
Moi qui était venu ici la bite en étendard, mon cœur avait un sursaut de vie. Le temps, lui, s’est arrêté, j’ai l’impression que les planètes ont arrêté de tourner.
La valeur intrinsèque des soixante euros que je lui ai filé, n’existe plus.
Quand elle m’avais demandé ce que je faisais, en bon chômeur, je lui avait répondu que j’était dans le business.
Ma bite n’était plus dressé comme devant les films de Clara Morgan, les courts-circuits opérant dans ma tête, me rappelaient l’unique relation réellement amoureuse de ma vie.
Je ne pouvais plus tirer cette fille comme une vulgaire pute, elle ne représentait dorénavant plus un objet sexuel. La confusion avait fait pâtir mon érection, mais je prenais un immense plaisir à la caresser des pieds jusqu’au visage. Elle m’allongea sur le dos, se mettait à cheval sur moi, se frottait la chatte sur ma verge, la prenant de temps en temps avec les mains.
C’était délicieux, c’était l’extase. Je pensais que ça allait durer des heures. Oh temps, foutu temps, arrête toi s’il te plait.
Auparavant, elle m’avait demandé si j’étais d’accord pour lui laisser mes coordonnées, j’avais répondu oui sans trop réfléchir.
Elle frottait délicieusement mon gland contre sa vulve et me demanda si je voulais la pénétrer.
Oh oui tout de suite. Lissa se releva pour faire je ne sais quoi. Elle revint avec une capote, moi m’apercevant que pendant tout ce temps ma bite était nue. Elle m’avait retiré volontairement le préservatif, pour « sentir vraiment mon sexe », selon ses mots et l’ “amour“ qu’il portait, sans la froideur du plastique. Moi je n’avais pas senti ses mains expertes agir. Elle voulait sentir ce qu’elle me faisait ressentir : du plaisir et du rêve, dénué de prix, de valeur intrinsèque.
Un bonheur éphémère, intemporel.
Bien sûr que je pensais au SIDA, aux MST, je flippais même grave.
Mais une fois finie, comment lui dire que je n’ai pas les moyens de la sortir de là ?
Je ne peux pas.
Je suis un lâche, je ne peux te donner qu’un faux numéro et qu’une fausse adresse, Lissa.
Plus que le SIDA et les MST, une question m’angoissait horriblement durant les 500 kilomètres qui me ramenaient chez moi: ai-je une valeur intrinsèque ?
Ecrit en 2007

Invité

une nouvelle écrite il y a quelque temps (4)

Message par Invité »

Bonjour lecteur, c’est sympa de prendre quelques minutes pour écouter ma petite histoire.

Je m’appelle Jay, j’ai 21 piges, j’fais mon service militaire et je suis engagé dans une guerre où je pige pas grand chose.
Actuellement, notre unité se trimballe tant bien que mal dans la jungle pour traquer les positions des rebelles.
Depuis 3 jours, on s’est fixé à un endroit assez merdique, on a dû y construire une tranchée, pratique en cas d’attaque surprise. Je me donne des gifles à longueurs de journées à cause des moustiques, c’en est infesté, j’en ai les joues toutes rouges. Même aller pisser est dangereux, à cause des serpents. Pour oublier tout ça, on a quelques rations de gnôle qu’on peut s’enfiler quant on n’est pas de garde.
Je picole juste assez pour rêver et m’évader, pas à en être malade de toute façon le capitaine l’accepterait pas.
J’rêve pas à ma famille, j’en ai pas, j’rêve de sourires, de jolies filles, de soirées entre copains, d’un verre en terrasse en plein soleil, de Bob Marley en concert même si j’l’ai jamais vu en vrai mais que j’l’ai vu 100 fois dans ma tête.

Une fois, évadé dans mon esprit de cet enfer, une roquette explosa à 50m de notre camps.
Le bang dans ma tête m’a fait l’impression de me scratcher du haut de la tour Eiffel.

Et puis y a l’odeur. Ça puait tellement la mort dans notre campement qu’il nous ont envoyé un carton de capsules de parfums, genre échantillon qu’on donne en magasin quant on achète un cadeau à sa dulcinée.
Sans eau à 30 km à la ronde, pas de douche, on sentait pas la rose.

Un jour, pendant un temps de repos, je picolais, comme d’hab, et j’étais posé à côté du carton de capsules.
J’avais démonté ma mitraillette pour la nettoyer, normalement j’avais 2 h devant moi, j’pouvais le faire tranquille, j’étais un peu amoché.
TAC-tac-TAC-tac-TAC BOUM BANG BANG.
Attaque surprise au lance-roquettes et au fusil mitrailleur.
Le capitaine brailla pour nous bouger le cul, j’étais dans la merde car fallait que je remonte mon arme et que je remplisse mon chargeur, et vu mon état j’ai pas été rapide.
Quand j’étais prêt le combat avait cessé, bilan : un blessé léger, ça aurait pu être pire pour une attaque surprise.
Ils avaient repéré notre planque, fallait donc songer à déménager. Le capitaine désigna moi et un autre gars pour chercher un nouvel endroit.

On partit en cinq minutes. L’endroit était difficile et accidenté, on avançait lentement.
Parfois on se séparait de courts moments, pour mieux voir les coins envisageables, on était un peu inconscient.
On se retrouva face à une mini colline, on décida que lui irait à droite, moi à gauche.
On était assez avancé pour ne plus s’entendre même en gueulant.

Derrière un grand arbre, je surpris un rebelle entrain de chier. J’lui pointa mon arme sur la gueule, lui laissa le temps de finir son affaire et lui ordonna de se mettre à genoux, les mains sur la tête :
« Dis-moi où est ton camps ? »
_« Jamais »
_« Dis le ou tu crèves »
_« J’préfère crever »
J’lui collai une bastos dans la guibole.
Ça saignait pas.
J’lui en recolla une illico.
Ca saignait toujours pas. Il se mit à rire.
Dix bastos dans les guiboles.
Putain de merde, ça saignait pas non plus. Il rigolait de plus en plus fort, se leva et sortit son flingue.
J’ lui vidai mon chargeur en pleine gueule. Pas de sang et une odeur bizarre.
J’étais paniqué total, j’comprenais rien, on aurai dit une fillette que sa mère a oublié d’aller chercher à la garderie.
Un flash dans ma tête m’a fait capter et là, j’ai flippé ma race: comme un con j’avais mis les capsules à la place des balles, tellement bourré j’avais confondu les deux. J’allais crever.
Il mit son gun sur ma tempe, se fouta de ma gueule bruyamment, et me dit :
« Demain je vois ma femme, j’l’ai pas vu depuis 2 mois. Vide ton chargeur sur moi car faudrait que je me lave 100 fois pour sentir bon tellement je pue ».
C’était vrai qu’il puait grave.
J’exécutai l’ordre, réalisant ma connerie magistrale d’avoir rempli tous mes chargeurs avec du parfum, et l’idée de mourir me mit les larmes aux yeux.

Une fois mon chargeur vide, il se mit à sourire, hésitant à me descendre il me dit:
« C’est pas un soldat comme toi qui nous fera perdre la guerre » dit-il en rigolant aussi fort qu’une femme qui jouit.
Et il se barra en hurlant de rire.

Je me mis à genoux, priant tous les Dieux du monde d’être vivant et promettais-jurais-crachais d’arrêter de boire même dans mes vies futures, si ça existe.
Fallait raconter ça à personne. J’en étais sur le cul.

Une semaine passa, nouveau campement.
Cette histoire, j’y pensais tous les jours. J’avais bien sûr arrêter la gnôle.
ssssssssss: sifflement d’une roquette qui arrive et va nous péter à la gueule.
On s’affole.
Mais pas d’explosion.
Un bruit d’éclat de verre à la place.
Un gars était juste à côté de l’impact, il vit qu’ils avaient envoyé une bouteille de verre avec un papier dedans - y’avait écrit :







L’amour parfumé est si intense
Trêve jusqu’aux élections

Avatar de l’utilisateur
Raphaël
Messages : 411
Inscription : sam. 19 janv. 2013 10:06
Présentation : [url=http://adulte-surdoue.fr/presentations/salutations-les-pas-betes-t3172.html?hilit=raphael]Là[/url]
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Localisation : Rouen
Âge : 41

Re: Atelier d'écriture

Message par Raphaël »

Poème de crabe


la mangrove
il y a un poème à écrire là dessus
juste là dessus

pour parler des eaux sombres
lisses mais bourbeuses

des plantes qui prennent racines
au milieu de l'eau
comme autant d'oasis de verdure
dans un désert saumâtre
de boue de vase et de sable caché

la mangrove
oui
la mangrove

là où les crabes apparaissent et disparaissent
sur le sable
sous l'eau
ou juste en dessous le sable
qui gît sous l'eau
invisible

tous ces crabes secrets
dansants au rythme dissonant et distant de l'univers
en assonance avec les flots incisifs
des crocodiles en embuscade


Raphaël, dissonant
Voiles et plumes
ont destinée commune
happer la caresse du vent

Avatar de l’utilisateur
shinoune
Messages : 1018
Inscription : mer. 17 oct. 2012 17:14
Présentation : [url=http://adulte-surdoue.fr/topic2778.html]Par ici, par là[/url]
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Localisation : Au bout du lac
Âge : 71

Re: Atelier d'écriture

Message par shinoune »

Juste gribouillé en passant il y a quelques temps :

A un inconnu

Charmant, charmeur, séducteur.
La parole vive, la répartie, l'intelligence.
Léger, attentif, de pirouettes en sourires,
je connais bien, c'est ce que je quitte.

Peut-être bien, en un autre temps de vie.
Escarpins à la main, courant à deux dans le vent.
Vous, les bras ouverts, moi tout en désir
de blotissement, de chaleur, d'étourdissement ...
Peut-être, à la vie, avec vous, avec un autre ?
Dans un mois, dans un an,
quand mon horizon s'ouvrira sur un ailleurs.

Merci pour l'échange, la franchise, le respect.
Je crois que la vie propose, en temps voulu,
ce dont on a besoin.
Aujourd'hui, c'était vous et ce n'était pas une erreur.
Mais je n'ai rien à donner à un autre,
c'est moi que je dois nourrir pour apprendre
le nom du présent, pour trouver la direction vers demain.

J'aurais encore pu jouer à me leurrer,
risquer de m'égratigner.
Vous m'avez permis de sentir que renoncer
avant de m'engager me met en paix, en cohérence.
Ce jour fut donc généreux et porteur d'enseignement.
Le Père Noël, en avance, fut malicieux.
Et si j'étais croyante je dirais que
"Les voies du Seigneur sont impénétrables" ... !!

Je vous souhaite de joyeux gazouillements et une brise douce
comme une caresse, malgré le vent du nord.
Que bientôt ces bras qui vous ensorcellent en rêve
s’ouvrent à vous et vous entraînent dans cette danse,
coeur à corps, légère et libératrice à laquelle, malgré nos masques,
nous aspirons tous et dont vous avez, tout en pudeur et franchise,
si bien parlé.

Je crois aux rencontres.
Merci d'avoir croisé mon chemin.
Que la vie vous soit joyeuse, et douce la femme.
Sans doute le méritez-vous.
Et si ce n'est pas vrai, tant pis pour moi.



... parce que :

Oubli

Ne pas perdre de vue
tout de même
que je suis
par delà l'autre
envers et contre tout
qu'il existe mille liens possibles
de tous ordres
de toutes formes et nature
de lumière et de couleur

je m'en souviens
et puis j'oublie
quand la nuit s'infiltre sous ma couette
en courants d'air ironiques
quand le petit matin me ratatine
et me tend le miroir
des années froides
auxquelles nul n'échappe...

c'est alors qu'il me sourit le traître
et me poussent ainsi
des envies...
des envies de dévergondage
des pannes de mémoire
des oublis mortifères
des gerbes d'étincelles

c'est alors que ma main
se tend
que son regard en dit trop
et que ses mots insultent l'instant
c'est comme la mousse au chocolat
...... qu'il dit
pas bon pour ce que tu as

la porte se referme
et me soutient
dehors les lumières de la ville
allument la nuit
dedans il fait noir
et c'est moi qui ai choisi
enfin je crois
L'essentiel est sans cesse menacé par l'insignifiant.
René Char

Répondre