la pseudoscience des surdoués / F.Ramus et N. Gauvrit

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Fish
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Re: la pseudoscience des surdoués / F.Ramus et N. Gauvrit

Message par Fish »

Je ne comprends pas en quoi il est déplacée ou dangereux (punaise c'est violent jamais on ne ma dit cela) de dire juste de respecter les personnes qui travaillent sur le terrain, informent, font des conférences, vont dans les écoles, etc.
Il me semble que tu prends l'article sur un mode émotif et que tu te sens attaquée par rapport à ton travail. Quand je lis cet article avec un regard extérieur (je ne suis pas psychologue), rien, mais alors rien ne me fait penser que les deux auteurs critiquent le travail de terrain. Rien ne me fait penser qu'ils nient les problèmes de certains surdoués. Ce que tu racontes ensuite confirme mon impression: ce n'est pas que ça soit faux, mais tu reproches à l'article des choses que je n'y lis pas. Ça me met mal à l'aise, parce que je trouve que tu extrapoles bien trop les critiques des auteurs. En défendant le travail des psy de terrain, tu suggères qu'ils attaquent le travail des psy de terrain, or je ne vois rien qui aille en ce sens. Ça revient à inventer les propos des auteurs pour mieux taper dessus. Et puis je t'avoue qu'il y a un coté larmoyant dans tes propos qui me gène aussi, parce que j'ai le sentiment que ça privilégie l'émotion sur la raison. Mébon, j'ai passé un MBTI sur internet (!), je suis INTP: rationnel à moooort au mépris de tout sentiment.

C'est dangereux à mon sens, parce que si je suis ton discours, je comprends qu'il faut taire les dérives de certaines personnes pour ne pas porter préjudice aux autres qui font leur travail correctement. Je pense que cette attitude est risquée. Tôt ou tard, quand ces dérives apparaissent clairement, c'est tout l'ensemble qui est décrédibilisé. Si on ne se désolidarise pas des dérives, si on ne prend pas la peine de montrer la complexité d'un sujet, on risque de se faire jeter avec l'eau du bain. La complexité, c'est par exemple reconnaître qu'un livre comme TIPEH a pour grande vertu de sortir de l'image du surdoué "fayot à lunettes", mais qu'il a aussi un coté pathologisant qui n'aidera pas les surdoués à problème, et qui n'aidera pas non plus les gens à problème qui se croient surdoués.

Back2Basics
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Re: la pseudoscience des surdoués / F.Ramus et N. Gauvrit

Message par Back2Basics »

Heu...
Soazic, j'ai l'impression que tu t'es laissée prendre par la passion pour ton travail : l'article ne remet pas en cause le travail des psys ou du milieu médical de manière général avec leurs patients mais seulement la comm' faites par certain(e)s sur le sujet des surdoués et la représentation qu'ils en donnent en conséquence.
Du coup, j'ai l'impression (mais j'peux m'tromper... J'suis fort à ça aussi... ;) ) que tu... mmmh... "t'emballes" (...? ... "un peu"... ?), sur un sujet, important (!), mais qui ne correspond pas en fait à la direction prise par l'article.

... Non ? :1cache:

EDIT : ah! doublon avec Fish ! (c'est bien, on échange, comme ça... et INTP pour moi aussi... :lol: )

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soazic
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Re: la pseudoscience des surdoués / F.Ramus et N. Gauvrit

Message par soazic »

J'évoquais mon travail à titre d'exemple et comme base de démonstration (je ne peux guère parler que de ce que je connais) mais ne me sens pas attaquée par l'article, par contre certaines personnes qui oeuvrent et sont médiatisées se sont senties attaquées (cf l'article d'Alexandra Zebrounet posté plus haut entre autre ). Parler de pseudo-science en évoquant le travail de terrain (psychos, associations, etc) pour moi c'est du clivage et cela n'a pas de sens. La comm sur le sujet (que je lis pourtant mais pas tout comme tout le monde) je ne l'ai jamais trouvée pathologisante, et le rapport génie-folie pour moi c'est anecdotique pas du tout un truc de terrain, d'où mon incompréhension quant à leur énervement, d'autant que cela ne porte pas préjudice à leur travail. Je ne privilégie pas l'émotion au détriment de la raison, j'ai plutôt la tête froide face à ce genre de polémique, mais bon si c'est cela qui transparait.

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Chacoucas
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Re: la pseudoscience des surdoués / F.Ramus et N. Gauvrit

Message par Chacoucas »

Soazic: INTP aussi, jvais me taire après parceque sinon c'est pas sympa si t'es Entp (ou j). :p

Je suis d'accord il me semble avec ce que tu dis globalement, j'argumente juste le bien-fondé de réserves.
Pour une prise en charge particulière, bien entendu qu'on doit partir de l'individu. Mais pour identifier un problème et savoir exactement sur quoi travailler pour le résoudre, les méthodes un peu déshumanisants sont aps non plus à proscrire (le positivisme qui a rendu la médecine "scientifique" ne porte pas que des défauts, même si à juste titre on peut vouloir présenter un argumentaire critique: un patient c'est pas qu'un bout de viande. Evidemment. Et ne le considérer que comme un bout de viande n'amène finalement pas forcément à un soin ou un soutien (si on se contente de réparer ou changer les pièces on peut zapper des choses importantes pour "prévenir le problème" par exemple).
Exemple: le suicide. - "il s'est suicidé parce qu'il avait des problèmes". Ok.
- "il avait une sensibilité dépressive, c'est génétique"... ah. Hmm, pourquoi pas. Mais déjà on a tendance à poser une distanciation peu empathique. A déshumaniser tout en se croyant empathique...
- "Statistiquement il rentre dans les profils à risque de la société" (profession, pauvreté, sexualité qui était considérée pathologique etc.). Ca c'est la méthode pas du tout humaine et très froide qui ne s'encombre même pas des discours et émotions de la personne (cruel...). Paradoxalement il me semble que ça peut justement plus rendre justice à l'individu et ses difficultés que les hypothèses personnalisées. Tu vois l'idée? Parce que justement c'est une approche un peu contre intuitive, mais qui n'exclue pas une empathie. Simplement ça ne s'y fie pas comme élément principal.
Je dis ça et tiendrais l'argumentaire opposé dans une autre situation. C'est pas une critique de ce que tu dis.

Edit: sur la souffrance: c'est souvent un argument utilisé par un versant "soignant" quand vient une objection sociologique (on voit ça à fond dans les critiques psychiatriques par exemple). Mais être exclu parce qu'on est dans une catégorie rejetée par tout le social au nom de valeurs ou mentalités pas reconnues ou valorisées, il me semble que ça fait partie des plus grandes souffrances sociales, même si il y a de grandes chances que ça ne soit pas entièrement conscientisé. Et que sur le plan individuel on ne les désigne pas comme tel (de toute façon c'est facilement considéré "abstrait" et on mettrait éventuellement ça sur le dos d'une obsession du patient... pourtant c'est dans la structure même de son identité psychique qu'il y a souffrance. On fait difficilement plus profond: c'est quasiment pas soignable en soi. Et c'est peut être ça le problème pour le raisonnement psy, d'ailleurs. Pour l'individu exclu on peut pas forcément grand chose, c'est les idées et valeurs sociales qui sont un problème. Pis le psy en fait en général partie, forcément...)

En sociologie on a même fini dans les années 60 par parler assez largement du vécu des minorités comme une "pathologie sociale". Mais en soi dire que tu es malade socialement parce que tu es né noir par exemple, ça pose quelques problèmes éthiques...

Lost again
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Re: la pseudoscience des surdoués / F.Ramus et N. Gauvrit

Message par Lost again »

Chacoucas a écrit :Lost Again, tu trouveras sur le forum 2 topics, l'un sur "les surdoués ordinaires " de Gauvrit, amplement résumé par Madeleine chapitre par chapitre: il aborde les études et les idées de manière plus complète.
Un autre topic que je te conseillerais est celui sur "QI et intelligence humaine", un livre référence sur le QI de MacIntosh: encore une fois Madeleine a résumé chapitre par chapitre et ça donne une bonne idée de ce qu'est le QI.

Surdoué c'est plusieurs choses à la fois: comme Gauvrit l'explique, dans le milieu de la recherche c'est un seuil de QI (généralement admis à 130). Ca sert à chercher des spécificités, des corrélations, sans qu'à la base on puisse affirmer quoi que ce soit de plus que la définition utilisée: celle du seuil.
Les définitions changent selon chercheurs et domaines de recherche, le seuil aussi, et en plus de ça s'est créé une culture populaire dite de "vulgarisation" (en fait ça ne repose sur aucune recherche donc ça n'est pas non plus de la vulgarisation...) faite par des praticiens (pas des chercheurs: ils ne parlent en fait que de leur expérience de soignant avec leurs patients surdoués...) et certains ont adopté des définitions très personnelles, absolument pas scientifiques, de ce que devrait pour eux être un surdoué: l'intelligence est un concept vague qui n'a pas vraiment de définition scientifique précise, et l'amalgamer directement au QI est en soi un abus logique (ou idéologique... le QI comme concept amalgamé à "intelligence" et "supériorité" a déjà servi à des idéologies pas très sympa et ça continue)............

Merci Chacoucas,

J'avais en effet déjà lu le travail de Madeleine qui est remarquable .. Je n'aurai probablement pas eu cette patience ..
J'avais bien cerné également ce seuil que je veux bien admettre pas de souci ..
Pour le moment , je vais terminer le livre de Gauvrit que j'ai acheté tout à l'heure avant de papoter ..
Malgré tout... J''avoue ne pas le percevoir comme une critique de tous les "praticiens" ou équivalent mais plutôt venant en complément de leur boulot ( bon j'en suis à la page 87 hein) ;)
J'ai noté en tout cas dès la première page que JSF avait assuré la relecture de son livre " surdoués ordinaires" et qu'il ne cesse d'utiliser le terme de ###Charcutier-zingueur en reprise d’études ### ( qui perso m'agace un peu , pas l'impression d'être un équidé à rayure moi ) ...
Je note aussi rapidos, comme ça, qu'en effet si des biais existent au niveau des populations d'enfants qui sont "étudiées" , les mêmes biais existent à mon sens, en interprétant et en calquant des études faites dans des pays où la différence est mieux accueillie , mieux déterminée ,avec parfois des tests systématiques et donc mieux "traitée " par le biais d'une aide et assistance auprès d'enfants à "problèmes" .. Y a moins de souci c'est évident lorsqu'on bénéficie de professionnels ou de cours adaptés .... ;) :)

Je remarque aussi que Gauvrit assimile justement totalement le QI à la notion d'intelligence .. Ce qui me pose pour le moment un souci car il procède par élimination mais à cette fameuse 87 ième page , il ne donne toujours pas de définition de ce qu'il pense que cela puisse être .. Suspens .. ;) :)
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Chacoucas
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Re: la pseudoscience des surdoués / F.Ramus et N. Gauvrit

Message par Chacoucas »

Je te remercie pour ces détails :) je l'ai pas lu ce livre et a priori c'était le seul auteur sur le sujet qui me semblait un peu carré... or il est pas si clair que ça :)

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soazic
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Re: la pseudoscience des surdoués / F.Ramus et N. Gauvrit

Message par soazic »

Chacoucas j'entends bien ton raisonnement mais ne partage pas ton avis, on emploie les mêmes termes mais ils ne recouvrent pas chez toi et chez moi les mêmes concepts.

Lost again
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Re: la pseudoscience des surdoués / F.Ramus et N. Gauvrit

Message par Lost again »

Bonjour,
Je me permets de ressortir ce lien que j'ai trouvé à plusieurs reprises sur ce forum (pardon de ne pas citer les personnes , j'ai zappé) et qui me semble perso très intéressante quant aux comparatifs entre différentes études et la notion de douance..

Je le cite car la méthode comparative rejoint celle de Gauvrit and co avec, malgré tout, un postulat de départ quant à la définition de ce qu'est un surdoué et des interprétations qui peuvent varier ( mais bon pas encore fini la lecture non plus , c'est l'inconvénient chez moi , je lie environ 5 à 7 ouvrages en même temps du coup je suis plus lente :( .)..
Bref, Ca date un peu mais on a des résultats d'études détaillées qui permettent de se faire une vue d'ensemble ..
Thèse de Mehdi Liratni de 2009 :http://www.ae-hpi.org/languedoc-roussil ... iratni.pdf

Bonne journée ..
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O'Rêve
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Re: la pseudoscience des surdoués / F.Ramus et N. Gauvrit

Message par O'Rêve »

Si les premiers mois après avoir été « révélée surdouée », il fut tentant de tout essayer d’analyser à travers ce filtre (les questions existentielles, l’hypersensibilité, les problèmes relationnels…), j’ai depuis pris pas mal de recul par rapport à mes premières lectures (et le livre de N. Gauvrit a été enrichissant pour aller vers cette prise de distance).
J’ai l’impression que nous savons finalement assez peu de choses et que nous avons encore beaucoup à découvrir sur les liens entre QI élevé et les caractéristiques qui pourraient en découler. Aussi je reste très très prudente sur tout ce que je peux lire…car j’ai finalement l’impression qu’on en est aux balbutiements sur la compréhension de ces liens.

L'article ne me dérange pas. J’aime bien le doute qu’il essaie d’infiltrer dans les lacunes actuelles des connaissances sur la douance. C’est rafraichissant, ça amène du mouvement. Si cela permet d’aller vers une meilleure compréhension de ce qu’on appelle aujourd’hui douance, cela me semble constructif et positif. Et si ces conclusions veulent aller vers une déstabilisation et une remise en question du concept, je ne m’en sens pas menacée.
► Afficher le texte
Après, on peut discuter du ton du titre. Pour ma part, je n’en apprécie pas vraiment le style, qui est assez provocateur…mais c’est un point de vue très personnel (je préfère quand les messages passent autrement); au-delà de mon point de vue, je comprends qu’on puisse choisir un style provocateur, si on y trouve un intérêt : amener à faire réagir, faire le buzz…

dani
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Re: la pseudoscience des surdoués / F.Ramus et N. Gauvrit

Message par dani »

Je me demande, pour rebondir sur les propos d'O'Rêve si il ne faudrait pas étudier les populations de surdoués selon leur contexte de développement : ceux qui ont grandi dans un environnement affectif stable, épanouissant, et les autres, qui ont grandi dans un contexte plus difficile, sans réel soutien affectif.

Il semblerait que les neurosciences affectives se développent et elles paraissent permettre de mieux saisir l'impact de ce contexte pour le développement cérébral.On peut donc imaginer qu'un cerveau d'enfant HP soit, de sa plasticité cérébrale augmentée, encore plus sensible à son contexte que celui d'un autre enfant (pure hypothèse, incomplète car elle n'inclut pas des phénomènes liés à la génétique pouvant engendrer des tendances de type autistique. C'est juste pour avancer un bout de la réflexion). Ce qui expliquerait que certains HP soient moins anxieux que la population générale (car leur système de gestion des émotions se serait développé normalement.. et serait particulièrement apte à gérer et solutionner les situations complexes même si elles impliquent des émotions) et que pour les autres (ceux du contexte familial moins favorable), ces centres soient au contraire plus fragilisés, ou en tout cas n'aient pas pu se développer aussi efficacement. Les propos de certains auteurs vont dans ce sens (et là on ne parle pas des HP, mais ce serait un phénomène valable pour tous) https://www.cairn.info/revue-cahiers-de ... age-62.htm.. après, restons prudents pour les effets sur les HP.

Ceci reste juste une piste, mais pourrait donner envie de faire un peu plus appel aux neurosciences affectives pour mieux comprendre certaines contradictions entre les auteurs des "caractéristiques" des HP. Les données cliniques des auteurs grands publics ne sont pas inintéressantes, mais incomplètes et pourraient être spécifiques à une population particulière. Leur "problème" ne serait alors pas uniquement lié à un fonctionnement cérébral de type HP, mais plutôt à la maturation incomplète de leur système de gestion émotionnel, avec des effets amplifiés du fait qu'ils sont HP: Une pédiatre parle de l'importance de ces connaissances dans le développement des enfants , mais je n'ai pas lu son livre

on trouve les conférences de cette auteure sur youtube, ici quelqu'un qui a rédigé un résumé http://objectifmaternelle.fr/wp-content ... Guegen.pdf

mais il faudrait suivre des cours sur le sujet des neurosciences affectives (pourquoi ne puis-je pas vivre 10 vies en même temps !!)
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Chacoucas
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Re: la pseudoscience des surdoués / F.Ramus et N. Gauvrit

Message par Chacoucas »

En gros il faudrait faire rentrer le facteur "QI" dans les études sociologiques ? Ca s'est déjà fait à quelques reprises (une étude sur les opinions politiques aux Etats Unis, avec facteur géographique, niveau d'étude QI etc. par exemple). Mais en sociologie le facteur QI reste peu utilisé je crois.
Dans la théorie (chaque approche ayant ses idées fondamentales, qui dérivent parfois en dogmes: d'où la nécessité d'une interdisciplinarité régulière) le "moi" social, qui correspond à l'investissement social de l'individu dans son environnement est bien plus prégnant que le "moi" individuel (de la psycho, psychanalyse).
Une étude de psychologie sociale est capable de déduire les opinions et conduites à partir d'éléments de l'environnement et faire le lien avec des valeurs précédent l'individu. C'est un outil extrêmement puissant, au sens où on comparerait une pioche avec une pince à épiler: c'est plus fort, ça s'utilise dans plus de tâches brutes, mais ça peut manquer de finesse pour les nuances et détails. (et dans ce cas c'est bien plus largement méconnu et peu pris en compte que l'approche psychologique individuelle, qui a largement fleuri en 20 ans: le concept de surdoué dans sa dimension populaire en est un exemple je crois: je parle pas de la culture séries mais des ouvrages de praticiens. En ne considérant que des fonctionnements individuels et en sacralisant les capacités individuelles, on est à la fois en train de vérifier une de nos valeurs sociales (ça s'explique) et de nourrir un mythe sociétal avec des éléments scientifiques (le tout individuel, le mérite etc.))
Dans tous les cas, en suivant la même logique, le QI pourrait révéler des nuances, mais resterait vraisemblablement d'influence inférieure à l'environnement et aux idées auxquelles on a été exposé. Fish, toi qui sembles avoir potassé pas mal, entre MacIntosh et d'autres, tu as des éléments là dessus?

dani
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Re: la pseudoscience des surdoués / F.Ramus et N. Gauvrit

Message par dani »

C'est intéressant comme point de vue Chacoucas, mais je te rejoins, je pense que faire des recherches en socio avec le facteur QI ne va pas révéler grand chose car finalement il y a trop peu de surdoués dans la société pour que cela fasse vraiment une différence. Là je remets le lien d'une étude corrélationnelle entre QI est différents aspects de la personnalité qui casse aussi certaines idées reçues http://adulte-surdoue.fr/post237349.html#p237349 . Mais on voit que les corrélations sont en général assez faibles, même pour ce qui concerne l'intellect. Mais très étonnamment, certains points à très faible corrélation sont tout de même statistiquement significatifs, et pour moi c'est lié à une population de HQI proportionnellement plus faible que le reste de la population, donc forcément ça atténue le niveau de la corrélation, mais suggère que certains facteurs sont vraiment liés au QI (merci de me corriger si je dis des conn***... Mais ça reste vraiment léger, juste des pistes, et je ne suis pas convaincue que l'on arrive un jour à dégager des généralités.

Il faudrait donc saisir autrement le sujet de la douance. Avec des devis mixtes ? Etudier en profondeur quelques groupes de HP très différents les uns des autres (avec et sans difficultés scolaires, sociales etc..) et les comparer à des groupes de non HP eux aussi très différents les uns des autres (idem) ? mon intuition, c'est qu'une des particularités des HP c'est que la vulnérabilité psychoaffective, réalité de tous les enfants, est encore amplifiée chez les enfants HP et que selon leur caractéristiques de bases psychoaffectives, ces enfants peuvent se développer de manière presque opposées selon leur environnement psychosocial (comme devenir très anxieux ou au contraire moins anxieux que la moyenne par ex). Mais comment étudier cela, à part ma proposition je :nesaitpas:
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Re: la pseudoscience des surdoués / F.Ramus et N. Gauvrit

Message par Fish »

Chacoucas, je n'ai rien lu qui puisse vraiment répondre à tes questions. Le bouquin le plus complet que j'ai lu, celui de Mackintosh, étudie la corrélation entre la mesure du QI et divers paramètres, l'origine sociale, le boulot des parents, l'origine ethnique, etc. Mais c'est essentiellement des statistiques, il n'y a pas explicitement de sociologie dedans.

Par contre, il me semble que tu évoques deux points:
- est-ce que la sociologie peut utiliser le QI comme paramètre dans ses études ?
- est-ce que la sociologie peut s'intéresser au QI comme sujet d'étude ?

La seconde question considère que la mesure de l'intelligence n'est pas qu'une science, mais aussi une projection des valeurs morales de ceux qui construisent cet outil. C'est une excellente question, mais à ma connaissance peu étudiée.

Ça rejoint la discussion sur l'homosexualité listée dans le DSM: on peut montrer statistiquement que beaucoup d'homosexuels ont un sentiment de honte. Mais considérer cela comme la preuve d'un trouble, plutôt qu'un révélateur du rejet de la société, ça n'a absolument rien de scientifique, c'est juste l'expression de la vision des psychiatres de l'époque - qui suit celle de la société. Les homos vont mal parce qu'ils sont rejetés. Le DSM participe à ce rejet en utilisant le mal-être des homos comme preuve d'une déviance. Le serpent se mord la queue.
http://www.slate.fr/story/41351/homosexualite-maladie

Mackintosh aborde indirectement cette seconde question, lorsqu'il investigue les critiques suggérant que le QI est biaisé en faveur de la culture WASP. Il montre que l'effet n'est pas suffisant pour remettre en cause les différences importantes de QI entre certains groupes ethniques des États-Unis. Il parle aussi de l'utilisation erronée du QI et de l'intelligence en général, ou des travers de pas mal de psychologues qui ont appliqué leurs idées politiques dans le QI. Il montre que si nombre d'entre eux ont permis des apports positifs bien réels à la mesure de l'intelligence, ils racontaient aussi n'importe quoi par moments. Mais ça reste assez sommaire, il s'agit d'exemples bien sentis décrits en quelques lignes - les quelques rares moments où Mackintosh se permet un ton narquois. Et puis c'est plus dans une dimension historique: ce sont des exemples du passé, aujourd'hui révolus. Ça ne permet pas d'analyser les biais du QI d'aujourd'hui.

A part ça, le peu d'articles que j'ai pu lire sont des critiques virulentes du QI qui n'ont aucun intérêt: elles montrent surtout à quel point leurs auteurs ignorent comment sont construits les outils de mesure du QI.

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Re: la pseudoscience des surdoués / F.Ramus et N. Gauvrit

Message par theudericus »

LE LIEN NE MARCHE PLUS !!! :'(

"Article retiré temporairement à la demande du magazine La Recherche, jusqu'à sa sortie dans le numéro du mois de mars."

:swear:
"Le désespoir est, à mes yeux, la rançon de la lucidité. Regardez la vie droit dans les yeux: vous n'y verrez que du désespoir." Irvin D. Yalom in Et nietzsche a pleuré

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Re: la pseudoscience des surdoués / F.Ramus et N. Gauvrit

Message par Napirisha »

L'article est sur le site du magazine, sous le titre "la légende noire des surdoués"
http://www.larecherche.fr/la-l%C3%A9gen ... dou%C3%A9s
wonderbra de la recherche Google (c) Miss Souris

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Re: la pseudoscience des surdoués / F.Ramus et N. Gauvrit

Message par theudericus »

:up: merci
"Le désespoir est, à mes yeux, la rançon de la lucidité. Regardez la vie droit dans les yeux: vous n'y verrez que du désespoir." Irvin D. Yalom in Et nietzsche a pleuré

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