Résumé
Une explication possible du facteur général pouvant être extrait de n'importe quelle batterie de tests de QI consiste à dire que les performances réalisées sur toutes sortes de tests de QI dépendent d'un processus sous-jacent unique d'"intelligence générale". Mais à quoi pourrait ressembler un processus de cette nature ? Plusieurs auteurs ont soutenu qu'il est susceptible de revêtir certains aspects de l'efficacité du fonctionnement cérébral en tant que système de traitement de l'information, comme par exemple la vitesse et la précision avec laquelle l'information est transmise d'une zone du système à une autre. Ils se sont efforcés de tester cette hypothèse en recherchant des corrélations entre les scores du QI, ou mieux encore de g, et plusieurs mesures simples, neurales ou comportementales.
On serait certainement peu surpris de constater que les scores du QI pourraient corréler avec certaines mesures du cerveau. C'est le cas. Il existe une corrélation modeste entre le QI et la taille du cerveau - bien qu'on ne sache pas réellement ce que cela signifie. Il y a probablement quelques corrélations entre l'activité cérébrale comme par exemple les enregistrements de l'EEG ou de potentiels évoqués (PE) plus spécifiques, et le QI. Bon nombre de ces effets ont prouvé qu'ils étaient difficilement réplicables ; un d'entre eux qui semble réel a trait au fait qu'un QI inférieur est associé à de plus grands changements d'activité cérébrale de cette nature lorsque les sujets commencent à s'impliquer dans une tâche particulière. Cela suggère simplement qu'un QI plus élevé va demander moins d'efforts à déployer pour résoudre un problème particulier.
Deux mesures comportementales simples, le temps de réaction (TR) et la durée d'inspection - visuelle le plus souveznt (DIV) - sont apparues corréler avec le QI : la corrélation QI-TR se situe probablement entre -0.20 et -0.30 (un QI plus élevé étant associé à un TR plus court) ; la corrélation entre la DIV et le QI est plus élevée, peut-être comprise entre -0.25 et -0.50. Mais ni les tâches de TR ni celles de DIV ne peuvent être considérées comme de pures mesures de la vitesse de traitement de l'information ; elles ne mesurent certainement pas la même chose ; et la corrélation entre la DIV et le QI n'est pas une corrélation avec g, mais probablement avec le facteur de vitesse perceptive (Gs).
La recherche d'un seul et unique processus sous-jacent d'intelligence générale n'a pas rencontré jusqu'à présent beaucoup de succès. Il apparaît que d'autres tâches de laboratoire corrèlent avec les scores du QI - mais habituellement avec des facteurs spécifiques comme Gf(intelligence générale fluide), Gc (aptitude cristallisée), ou Gv(aptitude spatiale). Et on a aussi pu mettre en évidence des opérations particulières qui augmentent la corrélation d'une tâche avec le QI. Ces constats suggèrent une stratégie alternative pour voir quels sont les processus ou opérations cognitives mis en jeu par des facteurs spécifiques du QI, et si un de ces processus ou opération sont communs à plus d'un facteur.
Chapitre 8 A la recherche d'opérations cognitives qui sous-tendent les composantes spécifiques du QI : aptitudes verbale et spatialeOn serait certainement peu surpris de constater que les scores du QI pourraient corréler avec certaines mesures du cerveau. C'est le cas. Il existe une corrélation modeste entre le QI et la taille du cerveau - bien qu'on ne sache pas réellement ce que cela signifie. Il y a probablement quelques corrélations entre l'activité cérébrale comme par exemple les enregistrements de l'EEG ou de potentiels évoqués (PE) plus spécifiques, et le QI. Bon nombre de ces effets ont prouvé qu'ils étaient difficilement réplicables ; un d'entre eux qui semble réel a trait au fait qu'un QI inférieur est associé à de plus grands changements d'activité cérébrale de cette nature lorsque les sujets commencent à s'impliquer dans une tâche particulière. Cela suggère simplement qu'un QI plus élevé va demander moins d'efforts à déployer pour résoudre un problème particulier.
Deux mesures comportementales simples, le temps de réaction (TR) et la durée d'inspection - visuelle le plus souveznt (DIV) - sont apparues corréler avec le QI : la corrélation QI-TR se situe probablement entre -0.20 et -0.30 (un QI plus élevé étant associé à un TR plus court) ; la corrélation entre la DIV et le QI est plus élevée, peut-être comprise entre -0.25 et -0.50. Mais ni les tâches de TR ni celles de DIV ne peuvent être considérées comme de pures mesures de la vitesse de traitement de l'information ; elles ne mesurent certainement pas la même chose ; et la corrélation entre la DIV et le QI n'est pas une corrélation avec g, mais probablement avec le facteur de vitesse perceptive (Gs).
La recherche d'un seul et unique processus sous-jacent d'intelligence générale n'a pas rencontré jusqu'à présent beaucoup de succès. Il apparaît que d'autres tâches de laboratoire corrèlent avec les scores du QI - mais habituellement avec des facteurs spécifiques comme Gf(intelligence générale fluide), Gc (aptitude cristallisée), ou Gv(aptitude spatiale). Et on a aussi pu mettre en évidence des opérations particulières qui augmentent la corrélation d'une tâche avec le QI. Ces constats suggèrent une stratégie alternative pour voir quels sont les processus ou opérations cognitives mis en jeu par des facteurs spécifiques du QI, et si un de ces processus ou opération sont communs à plus d'un facteur.
Résumé
Les mesures d'aptitude verbale ou Gc incluent les tests de vocabulaire, de connaissance générale, de compréhension verbale, de calcul mental, et d'empan de chiffres. Au moins certains d'entre eux semblent être des tests de connaissances acquises, ou de contenus explicitement enseignés aux enfants à l'école, plutôt que des tests de ce qu'on entend par intelligence. Mais il a été suffisamment prouvé que les différences dans le QI verbal sont associées à des différences dans les performances réalisées sur diverses tâches simples de laboratoire qui, vraisemblablement, ne peuvent pas être attribuées à des différences dues à la familiarité du matériel utilisé. La vitesse d'accès lexical dans les problèmes d'appariement de lettres ou de mots présente une corrélation modeste avec le QI verbal, tandis que l'ampleur de ces corrélations n'est pas grandement affectée par le contenu commun du test de QI et de la tâche de laboratoire.
L'étendue du vocabulaire d'un individu est une bonne mesure de Gc, non pas parce que certains individus ont eu plus d'opportunité d'apprendre par cœur la signification d'un grand nombre de mots, mais parce que les individus diffèrent dans leur capacité à inférer les significations de mots non familiers à partir du contexte où ils apparaissent. On apprend les significations des mots nouveaux par un processus de raisonnement inférentiel. Cette capacité semble être étroitement associée à l'efficacité de la mémoire de travail, définie comme un système qui opère simultanément sur certaines informations tout en gardant d'autres informations en mémoire.
Les tests d'aptitude spatiale ou Gv nécessitent d'établir des représentations précises d'objets et de scènes qui préservent l'information spatiale (par exemple ce qui est situé au-dessus, au-dessous, à gauche ou à droite de quelque chose), et de maintenir ces représentations en mémoire de sorte qu'on puisse effectuer sur elles certaines opérations (ajouter de nouveaux éléments, retirer des éléments anciens, faire faire une rotation à l'objet, ou bien le "voir" sous une perspective différente). La mise en place de ce genre de représentations peut - ou on - impliquer une imagerie visuelle consciente : on est à peu près sûr qu'il n'y a, pour l'essentiel, aucune corrélation entre les mesures de la vivacité (ou attensité) de l'imagerie visuelle et les scores sur les tests de QI spatial. Mais l'exécution de ces tâches spatiales situent clairement les demandes sur la mémoire de travail.
Un des modèles les plus connus de la mémoire de travail, celui de Baddeley et Hitch (1974), postule l'existence d'un administrateur central associé à deux mémoires tampons subalternes, l'une pour le matériel phonologique ou verbal, l'autre pour le matériel visuo-spatial. Dès lors, une hypothèse apparemment séduisante serait de dire que l'indépendance de ces deux mémoires tampons explique les différences entre Gc et Gv, tandis que leur dépendance commune vis-à-vis de l'administrateur central explique les liens entre Gc et Gv. Malheureusement pour cette hypothèse, tout porte à croire que les performances réalisées sur des tâches de mémoire de travail sont plus assujetties à l'administrateur central qu'à ces tampons périphériques, mais on a aussi suffisamment de preuves qui montrent l'indépendance partielle des la mémoire de travail verbale et spatiale.
L'étendue du vocabulaire d'un individu est une bonne mesure de Gc, non pas parce que certains individus ont eu plus d'opportunité d'apprendre par cœur la signification d'un grand nombre de mots, mais parce que les individus diffèrent dans leur capacité à inférer les significations de mots non familiers à partir du contexte où ils apparaissent. On apprend les significations des mots nouveaux par un processus de raisonnement inférentiel. Cette capacité semble être étroitement associée à l'efficacité de la mémoire de travail, définie comme un système qui opère simultanément sur certaines informations tout en gardant d'autres informations en mémoire.
Les tests d'aptitude spatiale ou Gv nécessitent d'établir des représentations précises d'objets et de scènes qui préservent l'information spatiale (par exemple ce qui est situé au-dessus, au-dessous, à gauche ou à droite de quelque chose), et de maintenir ces représentations en mémoire de sorte qu'on puisse effectuer sur elles certaines opérations (ajouter de nouveaux éléments, retirer des éléments anciens, faire faire une rotation à l'objet, ou bien le "voir" sous une perspective différente). La mise en place de ce genre de représentations peut - ou on - impliquer une imagerie visuelle consciente : on est à peu près sûr qu'il n'y a, pour l'essentiel, aucune corrélation entre les mesures de la vivacité (ou attensité) de l'imagerie visuelle et les scores sur les tests de QI spatial. Mais l'exécution de ces tâches spatiales situent clairement les demandes sur la mémoire de travail.
Un des modèles les plus connus de la mémoire de travail, celui de Baddeley et Hitch (1974), postule l'existence d'un administrateur central associé à deux mémoires tampons subalternes, l'une pour le matériel phonologique ou verbal, l'autre pour le matériel visuo-spatial. Dès lors, une hypothèse apparemment séduisante serait de dire que l'indépendance de ces deux mémoires tampons explique les différences entre Gc et Gv, tandis que leur dépendance commune vis-à-vis de l'administrateur central explique les liens entre Gc et Gv. Malheureusement pour cette hypothèse, tout porte à croire que les performances réalisées sur des tâches de mémoire de travail sont plus assujetties à l'administrateur central qu'à ces tampons périphériques, mais on a aussi suffisamment de preuves qui montrent l'indépendance partielle des la mémoire de travail verbale et spatiale.