Miraca U.M. Gross, exceptionally gifted children, 2nd edition

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lady space
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Miraca U.M. Gross, exceptionally gifted children, 2nd edition

Message par lady space »

Notre documentaliste attitrée m'a récemment envoyé le lien vers ce bouquin (je ne la remercierai jamais assez pour toutes ses trouvailles qu'elle veut bien partager avec nous/moi).

Voici donc un petit résumé:

Le livre est écrit par une chercheuse australienne ayant travaillé aux US également, et il porte sur un échantillon de 60 enfants TTHQI australiens avec étude de cas détaillée pour 15 d'entre eux. Pour l'auteur, il s'agit avant tout de voir ce qui doit être fait au niveau de la scolarité pour ces enfants qui sortent de très loin de l'ordinaire. C'est une étude de longue durée, des années 80/90 jusqu'en 2003 pour la seconde édition.

Elle se sert d'une classification apparemment courante aux US qui divise les personnes douées en 5 catégories (chiffres de QI d'après le test Stanford-Binet, qui diffère légèrement du WICS/WAIS):

mildly (or basically) gifted QI 115-129 fréquence statistique 1:6-1:40
moderately gifted QI 130-144 1:40-1:1 000
highly gifted QI 145-159 1:1 000-1:10 000
exceptionally gifted QI 160-179 1:10 000- 1:1 million
profoundly gifted QI 180+ moins de 1:1 million

Tous les enfants de l'étude se situent dans les 2 dernières catégories.

Elle commence par expliquer le fonctionnement très égalitaire du système scolaire australien où il y a, en plus, confusion, voire une préférence pour la deuxième option, entre égalité des chances et faire pareil pour tout le monde, qui aboutit à une logique non pas d'avoir les mêmes chances au départ, mais de devoir avoir les mêmes résultats à la sortie. Le tout s'explique par l'histoire de l'Australie avec un fort clivage entre les bagnards d'un côté et les propriétaires terriens de l'autre, qui a généré une forte méfiance envers tout ce qui peut être perçu comme élitiste, un genre de lutte des classes aussi. À l'exception, comme en France, des élites sportives ou bien dans le domaine de la musique. Tout ça produit une certaine hostilité envers une supposée supériorité intellectuelle largement véhiculée par les syndicats d'enseignants qui n'hésitent pas à torpiller toute tentative de faire quelque chose en faveur des élèves surdoués, à grand renfort de coups bas et de distorsions idéologiques.

(remarque perso: C'est frappant de voir à quel point ses constatations sont transposables en France, la méchanceté gratuite des syndicats d'enseignants en moins. Mais le background idéologique est quasiment le même, même si les racines historiques sont différentes.)

Elle décrit d'abord les enfants de l'étude, compare les chiffres, etc. En résumé, on peut dire que tous ces enfants TTHQI ont commencé à marcher beaucoup plus tôt que la moyenne, à parler aussi, en évoluant plus vite du stade des mots isolés vers des phrases simples, puis complexes. Et la grande majorité d'entre eux à commencé à lire à des âges incroyables, vers 18 mois pour le plus précoce, je crois, et les gamins ont appris à lire seul ou avec très peu d'aide extérieure. Pareil pour le côté mathématique, ils ont commencé d'eux-même très tôt à compter, à effectuer de petites opérations de calcul quand l'enfant normal n'a même pas encore conscience de l'existence des chiffres et ne sait pas encore distinguer entre 1 et "beaucoup".

Ces enfants arrivent donc dans les structures préscolaires, puis à l'école primaire avec une avance considérable sur les autres enfants du même âge. Puis, l'écart ne se réduit pas - ces enfants lisent pour leur plaisir, et des livres bien plus difficiles que ceux prévus pour leur âge chronologique, il y en a d'ailleurs qui n'ont jamais arrêté de lire, ou plutôt de dévorer des livres, malgré toutes les distractions modernes, jeux vidéo, PC, etc.

Et elle démontre dans un chapitre à part que la différence ne s'arrête pas sur un plan intellectuel ni moteur d'ailleurs. Elle utilise le modèle de Kohlberg du développement moral qui distingue 6 niveaux (ça ressemble un peu au système de Dabrowski):

réflexion pré-conventionnelle - niveau 1 et 2: un enfant obéit aux règles par peur de la punition, sans avoir une vision plus abstraite du bien et du mal
réflexion conventionnelle - niveaux 3 et 4: un enfant ou adulte sera influencé dans ses décisions par les valeurs morales du groupe, il va se conformer aux règles de la société, de sa famille, etc.
réflexion post-conventionnelle - niveaux 5 et 6: la personne va baser son action sur son propre système de valeurs, et ces niveaux seraient atteints par seulement 10% des adultes, alors que la plupart des enfants TTHQI s'y trouvent dès l'école primaire.

S'y ajoutent une évolution par 5 niveaux également dans la conception de l'amitié:
1) partenaire de jeu: jouer ensemble et se prêter des jouets
2) quelqu'un pour papoter: partager des centres d'intérêt et en discuter
3) aide et encouragement: on cherche des amis qui nous aident, mais on ne propose pas encore d'aide en retour
4) intimité/empathie: donner et recevoir, partage émotionnel, prendre soin des amis
5) the sure shelter: une relation de confiance où l'on peut se permettre de tomber le masque, en étant sûr de l'affection de l'autre.

Et là aussi, bien sûr, les enfants TTHQI sont en avance de plusieurs années sur leurs camarades de classe. L'isolement de ces enfants parmi les autres enfants de leur âge est donc bien réel et non seulement sur le plan scolaire - et l'écart se mesure en plusieurs années (un QI de 200 équivaut au double de l'âge chronologique en âge mental). Il en résulte un sérieux problème de l'estime de soi.

Pour l'estime de soi, les anglophones disposent également d'une batterie de tests qui distinguent différents domaines: à la maison-familial, scolaire-académique, social et général. Il en résulte que l'estime de soi général de ces enfants est correct, grâce avant tout à la famille et aux performances scolaires, mais la sous-catégorie "social" pose problème pour les 2/3 des enfants de l'étude.

Elle décrit dans le détail les parcours scolaires des 15 enfants, dont certains ont bénéficié de plusieurs sauts de classe, de programmes aménagés, accélérés et de groupes de niveaux et d'autres pas vraiment ou juste un parcours légèrement accéléré, mais bien loin de leurs véritables besoins en termes de défi et de stimulation intellectuelle. Et dans tous les cas, les parents ont dû se battre, parfois avec l'aide d'enseignants bienveillants et un peu au courant des spécificités des enfants THQI, mais souvent seuls aussi, car la formation des enseignants en Australie a l'air plutôt sommaire, et rien ne les prépare à prendre en charge des élèves radicalement différents de tout ce qu'ils ont pu rencontrer au cours de leur formation et/ou carrière. Sans parler des réticences d'ordre idéologique à ce sujet.

L'auteur démontre clairement que les enfants qui vont le mieux et qui s'en sont sortis le mieux aussi bien sur un plan de réussite académique que d'épanouissement personnel (et le recul de 20 ans de la 2ième édition confirme cette vision) sont ceux qui ont eu accès à l'ensemble des options: au parcours accéléré, aménagé et aux groupes de niveau. Et plus cet accès s'est fait tôt, plus il a été bénéfique. Exit donc la crainte que les sauts de classe répétés vont poser des problèmes relationnels plus tard. Bien que ce n'était pas forcément facile, ces enfants étaient bien mieux avec d'autres, plus âgés et donc plus proches et en âge mental, en maturité de caractère et de par leurs centres d'intérêt. Mais malgré tout ça, rares étaient ceux qui ont pu avancer à leur véritable rythme, la plupart ont toujours encore dû se freiner, travailler en-dessous de leurs capacités au point d'en perdre tout ou partie de leur motivation.

Au cours du livre, elle explique également le problème des différents tests pour évaluer des enfants TTHQI, car les plafonds sont souvent trop bas pour pouvoir évaluer correctement l'étendue du potentiel. Aussi, le WISC ne fonctionne pas bien pour eux, il ne peut qu'identifier une douance, mais ne permet pas de donner de chiffre réaliste. Il faut donc le compléter par d'autres tests, elle préconise le Stanford-Binet L-M, certains enfants ont aussi passé le WAIS avant d'avoir l'âge requis, puis les tests d'entrée à l'université américains SAT-V et SAT-M qui s'adressent aux élèves de Terminale normalement. Il en ressort aussi de ces tests que les enfants de l'étude n'avaient pas un seul domaine d'excellence (genre ou les maths ou les langues) mais qu'ils sortaient du lot partout, y compris en sport pour une bonne partie d'entre eux (comme quoi, l'avance en motricité ne se perd pas non plus).

Et elle ajoute un paragraphe concernant le biais de son étude qui ne porte que sur des enfants clairement identifiés comme TTHQI vivant donc dans un environnement qui sait identifier les réussites scolaires et qui en produit. Il n'y a pas de données (et pour cause) concernant les enfants TTHQI qui s'ignorent et qui donc ne rencontrent pas de conditions favorables à leur épanouissement, qui ne se font pas remarquer à l'école, etc.
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Miss dans la lune
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Re: Miraca U.M. Gross, exceptionally gifted children, second

Message par Miss dans la lune »

Mais qui est cette super documentaliste dont tu parles?

Vivant dans un système démocratique, où la masse "normale" décide, pourquoi se préoccuper des 1/1 million... "pauvre petite fille riche"; Il me semble que seules des assos où des écoles privées peuvent faire quelque chose; c'est pas gagné.

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