Bonjour à tous,
J'ouvre ce sujet comme un appel à connaissance, bibliographie, témoignages autour de l'inhibition intellectuelle, complexe de l'albatros ou anorexie intellectuelle, phénomène qui peut survenir chez les surdoués.
Je viens tout juste de commencer mes recherches et tout ce que j'ai trouvé d'un peu intéressant, c'est ceci :
Au plaisir de profiter de vos contributions.
J'ouvre ce sujet comme un appel à connaissance, bibliographie, témoignages autour de l'inhibition intellectuelle, complexe de l'albatros ou anorexie intellectuelle, phénomène qui peut survenir chez les surdoués.
Je viens tout juste de commencer mes recherches et tout ce que j'ai trouvé d'un peu intéressant, c'est ceci :
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L'anorexie intellectuelle
Voyons à présent comment l'enfant réagit à cette absence de stimulations positives de son environnement qui crée les conditions d'un véritable phénomène de désafférentation sociale. De la défense intellectuallisée, il lui faut passer à l'intelligence défendue, interdite.
« Tu veux dire que tu as été stupide d'essayer d'être si intelligent et que devenir un peu stupide, c'est ça qui serait intelligent... » dit un personnage de Martin PAGE. Les enfants de quotient très élevé érigent en puissant système de défense l'intelligence et le savoir théorique. C'est l'intellectualisation, froide et rassurante, décrite par Anna FRELM. Elle leur évite, comme le précise Aaron CORIAT, de sombrer dans l'angoisse incontrôlée et la décompensation. Lorsque ces défenses deviennent insuffisantes, l'enfant peut en arriver à renoncer à ses aptitudes intellectuelles. D'autant que donner le même menu à tous les enfants conduit certains à l'indigestion alors que d'autres restent sur leur faim. Une trop grande inadéquation entre les apprentissages proposés d'une part, et l'appétit intellectuel et le rythme d'acquisition de l'enfant d'autre part, poussera ce dernier à inhiber ses potentialités pour s'adapter. Il devient « l'infirme qui volait » dépeint par BAUDELAIRE. Alors, intellectualiser ou s'inhiber ? Se défendre ou s'interdire ? Nous y reviendrons, mais la question n'est-elle pas au fond de savoir dans l'intelligence-refuge ce que cachent les mots, et dans le refus de l'intelligence ce que cache le silence ?
Il serait trop simple de penser que « le pauvre enfant riche » d'Alice NULER puisse, en s'inhibant, vérifier le dicton : « heureux les simples d'esprit ». D'autant que l'édification de sa « prison intérieure » pourra déborder l'intelligence pour venir perturber la maturation émotionnelle. Et elle pose la question : « l'adaptation s'accompagne-t-elle toujours de dépression ? »
Le sentiment de perte induit par ce renoncement ne s'applique pas aux facultés intellectuelles elles-mêmes considérées sous leur aspect fonctionnel, mais à l'intérêt que le sujet leur porte. Cette nostalgie témoigne bien d'un surinvestissement plutôt que d'un désinvestissement et certains auteurs en font une forme particulière « d'hypocondrie des intellectuels ». L'enfant situe son symptôme dans le domaine qui est le plus investi, et l'inhibition intellectuelle ne s'ajoute pas à la dépression, elle est la dépression.
En muselant l'expression de son intelligence, ce qui revient à un abandon du vrai Soi, l'enfant développe ce que l'on pourrait appeler une « anorexie intellectuelle », véritable équivalent dépressif, voire suicidaire, puisqu'il s'agit là d'un retournement agressif contre soi-même, d'une automutilation. Ce processus endogène actif, généré par les instances psychiques du sujet et qui reflète un besoin d'internalisation des conflits, conduit à une « paralysie intellectuelle » prenant le même aspect fonctionnel que les paralysies hystériques. Pour certains, il s'agit d'une véritable « attaque » intérieure contre l'intellect, source des malheurs du sujet. L'enfant passe ainsi d'une inadaptation créatrice à une adaptation régressive et morbide, d'une intelligence sidérante à une efficience sidérée pouvant prendre l'aspect d'une pseudo-débilité dans laquelle l'indicible pourrait prendre les traits de l'impensable. Il renonce, baisse les bras, replie piteusement ses ailes, mais son intelligence perdure, engourdie, tel un talent latent chez un talentueux transi. Robert PAGES parle de chômage cérébral et intellectuel. Cette « fossilisation » intellectuelle survient donc à chaque fois qu'une expérience douloureuse et pénible n'a pu être mise en mots, et surtout à chaque fois que ce vécu mortifère n'a pu trouver d'écho chez une autre personne. Le sujet évite de puiser dans ses potentialités qui demeurent. Ce n'est pas le puits qui est trop profond, c'est la corde qui est devenue trop courte. Une intelligence superficielle ne prémunit-elle pas contre les découvertes en profondeur ?
Dans un milieu éducatif adapté, empathique, et avec l'appoint éventuel d'une psychothérapie, l'enfant pourra réinvestir l'intellect et réutiliser ses facultés. Nous constatons alors, comme nous l'avons vu, une remontée parfois spectaculaire de la mesure du quotient intellectuel. Ce dernier n'indique donc que l'efficience du sujet au moment du test, son niveau véritable pouvant être bien au-delà de ce chiffre mais jamais en deçà. Le Q.I. réel d'un sujet est relativement stable, dans les limites de la détérioration physiologique qui nous concerne tous à partir de 25 ans environ. Ce qui peut par contre varier, c'est l'expression du potentiel qu'est le Q.I., à savoir l'efficience. Celle-ci sera maximale lorsqu'elle avoisinera le potentiel réel de l'enfant, mais elle pourra être abaissée en raison de divers facteurs dont l'existence, au moment du testing, d'une inhibition intellectuelle. Pour toutes ces raisons, l'évaluation du Q.I. devra servir l'enfant, en aucun cas le desservir, et surtout pas constituer l'unique indice d'un pronostic scolaire.
A ce point de la réflexion, il semble important de rappeler le « syndrome de dyssynchronie », déjà évoqué, décrit par Jean-Charles TERRASSIER et, en particulier, la dyssynchronie interne propre à l'enfant surdoué. L'anisauxie observée entre une intelligence très avancée et une relative immaturité affective ne permet pas à l'enfant d'assimiler de façon économique les nombreuses informations, souvent anxiogènes, auxquelles sa maturité intellectuelle lui donne accès. L'enfant lui-même ressent ce décalage inhérent, cette dysharmonie intrinsèque et il en résulte pour lui un sentiment « d'étrangèreté ». Il est « curieux », dans les deux sens du terme
Nous savons par notre pratique que l'intolérance de notre société et la rigidité de notre système éducatif peuvent entraîner, selon l'âge, le sexe et la personnalité de l'enfant des troubles pouvant aller de la simple anxiété jusqu'aux affections psychosomatiques, de difficultés névrotiques mineures jusqu'aux bouffées délirantes, des conduites addictives jusqu'à la psychopathie, de la dépression réactionnelle jusqu'au suicide. Martin PAGE écrit que « l'intelligence est un double mal : elle fait souffrir et personne ne songe à la considérer comme une maladie ». Ainsi que le disait FREUD, « de tous temps, ceux qui avaient quelque chose à dire et ne pouvaient le dire sans danger, se coiffèrent du bonnet du fou ». Toutefois, s'il ne faut pas considérer que le potentiel des enfants surintelligents se développe sans faille, il ne faut pas non plus penser qu'il s'agirait d'une forme psychopathologique de la personnalité de l'enfant. N'est pas forcément pathologique ce qui n'est pas dans la normalité statistique. Et, concernant l'inhibition intellectuelle, nous rejoignons Bernard GIBELLO pour la classer dans les « troubles intellectuels sans anomalie des contenants de pensée ».
Bien sûr, le système scolaire n'est pas toujours en cause, ou seul en cause dans la constitution de syndromes tels que l'inhibition intellectuelle chez les enfants surdoués. Interviennent également, ainsi que je l'évoquais précédemment, la structuration de la personnalité du sujet, les difficultés éventuelles de sa petite enfance, la qualité du lien précoce à la mère, l'environnement familial au sens large et sa dynamique, etc.
Source : http://www.douance.be/douance-troubles- ... tuelle.htm
Voyons à présent comment l'enfant réagit à cette absence de stimulations positives de son environnement qui crée les conditions d'un véritable phénomène de désafférentation sociale. De la défense intellectuallisée, il lui faut passer à l'intelligence défendue, interdite.
« Tu veux dire que tu as été stupide d'essayer d'être si intelligent et que devenir un peu stupide, c'est ça qui serait intelligent... » dit un personnage de Martin PAGE. Les enfants de quotient très élevé érigent en puissant système de défense l'intelligence et le savoir théorique. C'est l'intellectualisation, froide et rassurante, décrite par Anna FRELM. Elle leur évite, comme le précise Aaron CORIAT, de sombrer dans l'angoisse incontrôlée et la décompensation. Lorsque ces défenses deviennent insuffisantes, l'enfant peut en arriver à renoncer à ses aptitudes intellectuelles. D'autant que donner le même menu à tous les enfants conduit certains à l'indigestion alors que d'autres restent sur leur faim. Une trop grande inadéquation entre les apprentissages proposés d'une part, et l'appétit intellectuel et le rythme d'acquisition de l'enfant d'autre part, poussera ce dernier à inhiber ses potentialités pour s'adapter. Il devient « l'infirme qui volait » dépeint par BAUDELAIRE. Alors, intellectualiser ou s'inhiber ? Se défendre ou s'interdire ? Nous y reviendrons, mais la question n'est-elle pas au fond de savoir dans l'intelligence-refuge ce que cachent les mots, et dans le refus de l'intelligence ce que cache le silence ?
Il serait trop simple de penser que « le pauvre enfant riche » d'Alice NULER puisse, en s'inhibant, vérifier le dicton : « heureux les simples d'esprit ». D'autant que l'édification de sa « prison intérieure » pourra déborder l'intelligence pour venir perturber la maturation émotionnelle. Et elle pose la question : « l'adaptation s'accompagne-t-elle toujours de dépression ? »
Le sentiment de perte induit par ce renoncement ne s'applique pas aux facultés intellectuelles elles-mêmes considérées sous leur aspect fonctionnel, mais à l'intérêt que le sujet leur porte. Cette nostalgie témoigne bien d'un surinvestissement plutôt que d'un désinvestissement et certains auteurs en font une forme particulière « d'hypocondrie des intellectuels ». L'enfant situe son symptôme dans le domaine qui est le plus investi, et l'inhibition intellectuelle ne s'ajoute pas à la dépression, elle est la dépression.
En muselant l'expression de son intelligence, ce qui revient à un abandon du vrai Soi, l'enfant développe ce que l'on pourrait appeler une « anorexie intellectuelle », véritable équivalent dépressif, voire suicidaire, puisqu'il s'agit là d'un retournement agressif contre soi-même, d'une automutilation. Ce processus endogène actif, généré par les instances psychiques du sujet et qui reflète un besoin d'internalisation des conflits, conduit à une « paralysie intellectuelle » prenant le même aspect fonctionnel que les paralysies hystériques. Pour certains, il s'agit d'une véritable « attaque » intérieure contre l'intellect, source des malheurs du sujet. L'enfant passe ainsi d'une inadaptation créatrice à une adaptation régressive et morbide, d'une intelligence sidérante à une efficience sidérée pouvant prendre l'aspect d'une pseudo-débilité dans laquelle l'indicible pourrait prendre les traits de l'impensable. Il renonce, baisse les bras, replie piteusement ses ailes, mais son intelligence perdure, engourdie, tel un talent latent chez un talentueux transi. Robert PAGES parle de chômage cérébral et intellectuel. Cette « fossilisation » intellectuelle survient donc à chaque fois qu'une expérience douloureuse et pénible n'a pu être mise en mots, et surtout à chaque fois que ce vécu mortifère n'a pu trouver d'écho chez une autre personne. Le sujet évite de puiser dans ses potentialités qui demeurent. Ce n'est pas le puits qui est trop profond, c'est la corde qui est devenue trop courte. Une intelligence superficielle ne prémunit-elle pas contre les découvertes en profondeur ?
Dans un milieu éducatif adapté, empathique, et avec l'appoint éventuel d'une psychothérapie, l'enfant pourra réinvestir l'intellect et réutiliser ses facultés. Nous constatons alors, comme nous l'avons vu, une remontée parfois spectaculaire de la mesure du quotient intellectuel. Ce dernier n'indique donc que l'efficience du sujet au moment du test, son niveau véritable pouvant être bien au-delà de ce chiffre mais jamais en deçà. Le Q.I. réel d'un sujet est relativement stable, dans les limites de la détérioration physiologique qui nous concerne tous à partir de 25 ans environ. Ce qui peut par contre varier, c'est l'expression du potentiel qu'est le Q.I., à savoir l'efficience. Celle-ci sera maximale lorsqu'elle avoisinera le potentiel réel de l'enfant, mais elle pourra être abaissée en raison de divers facteurs dont l'existence, au moment du testing, d'une inhibition intellectuelle. Pour toutes ces raisons, l'évaluation du Q.I. devra servir l'enfant, en aucun cas le desservir, et surtout pas constituer l'unique indice d'un pronostic scolaire.
A ce point de la réflexion, il semble important de rappeler le « syndrome de dyssynchronie », déjà évoqué, décrit par Jean-Charles TERRASSIER et, en particulier, la dyssynchronie interne propre à l'enfant surdoué. L'anisauxie observée entre une intelligence très avancée et une relative immaturité affective ne permet pas à l'enfant d'assimiler de façon économique les nombreuses informations, souvent anxiogènes, auxquelles sa maturité intellectuelle lui donne accès. L'enfant lui-même ressent ce décalage inhérent, cette dysharmonie intrinsèque et il en résulte pour lui un sentiment « d'étrangèreté ». Il est « curieux », dans les deux sens du terme
Nous savons par notre pratique que l'intolérance de notre société et la rigidité de notre système éducatif peuvent entraîner, selon l'âge, le sexe et la personnalité de l'enfant des troubles pouvant aller de la simple anxiété jusqu'aux affections psychosomatiques, de difficultés névrotiques mineures jusqu'aux bouffées délirantes, des conduites addictives jusqu'à la psychopathie, de la dépression réactionnelle jusqu'au suicide. Martin PAGE écrit que « l'intelligence est un double mal : elle fait souffrir et personne ne songe à la considérer comme une maladie ». Ainsi que le disait FREUD, « de tous temps, ceux qui avaient quelque chose à dire et ne pouvaient le dire sans danger, se coiffèrent du bonnet du fou ». Toutefois, s'il ne faut pas considérer que le potentiel des enfants surintelligents se développe sans faille, il ne faut pas non plus penser qu'il s'agirait d'une forme psychopathologique de la personnalité de l'enfant. N'est pas forcément pathologique ce qui n'est pas dans la normalité statistique. Et, concernant l'inhibition intellectuelle, nous rejoignons Bernard GIBELLO pour la classer dans les « troubles intellectuels sans anomalie des contenants de pensée ».
Bien sûr, le système scolaire n'est pas toujours en cause, ou seul en cause dans la constitution de syndromes tels que l'inhibition intellectuelle chez les enfants surdoués. Interviennent également, ainsi que je l'évoquais précédemment, la structuration de la personnalité du sujet, les difficultés éventuelles de sa petite enfance, la qualité du lien précoce à la mère, l'environnement familial au sens large et sa dynamique, etc.
Source : http://www.douance.be/douance-troubles- ... tuelle.htm