L'empathie

La partie consacrée à la Santé dans sa globalité. Principalement la psychologie, psychologie sociale, la psychiatrie, les troubles de l'humeur, de la personnalité, les handicaps, l'autisme...
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lunafletcher
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L'empathie

Message par lunafletcher »

Bonjour :)
Je n'ai pas trouvé d'autres sujets dédiés à l'empathie, mais s'ils existent, je suis preneuse !

Je le place dans la partie Psychologie car je ne souhaite pas faire le lien forcément avec la douance.

Pour resituer un peu le sujet, l'empathie est la capacité de percevoir et ressentir les émotions des autres.
Pour ma part j'ai une empathie très forte. Je peux percevoir l'ambiance d'un lieu, ressentir tout ce que l'autre ressent. Je me retrouve souvent dans des situations où j'ai conscience que l'autre personne n'est pas sincère, ment.
Et très souvent, je suis incapable de savoir si ce que je ressens sont mes propres émotions... ou celles des autres.

Je voulais savoir si d'autres personnes ont une empathie très développée et comment vous la gérer ?
Comment arrivez vous à poser des limites entre vous et les autres ? Pour ne pas faire "éponge" ?
Êtes vous capables de distinguer ce qui est "à vous" et ce qui vous parvient des autres ? Comment ?

Je sais que cette capacité peut être vue comme un don, mais pour ma part, c'est quelque chose que je ne maitrise pas du tout et qui m'a souvent joué des tours.
Bien souvent j'oublie moi même ce que je ressens et me centre entièrement sur ce que transmettent les autres, et cela n'est bien évidemment pas une solution.
J'attends vos avis sur le sujet :)
Aimer ce n'est pas perdre sa liberté, c'est lui donner un sens.

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Re: L'empathie

Message par O'Rêve »

Dans le livre de Brené Brown : "Le pouvoir de la vulnérabilité", l'auteur évoque l'empathie en ces termes :

"L’empathie consiste à entrer en contact avec l’émotion de quelqu’un, pas avec l'évènement ou la circonstance particulière.
L’empathie consiste tout simplement à écouter, à s’ouvrir, à retenir son jugement, à entrer en contact et à communiquer ce message incroyablement bienfaisant ; « Tu n’es pas seul(e). » "(p.97)

Elle fait également des liens entre empathie et honte :

"La résilience, c’est le passage de la honte à l’empathie, son véritable antidote.
Quand on peut partager son histoire avec quelqu’un qui répond par de l’empathie et de la compréhension, la honte n’y survit pas. La honte est une notion sociale : elle se produit entre individus et guérit donc mieux entre individus. Une blessure sociale nécessite un baume social et l’empathie est ce baume. (p.89)

Contrairement au jugement (qui exacerbe la honte), l’empathie fait passer un message simple : Tu n’es pas seul(e). (p.96)

L’empathie, c’est le lien, l’échelle qui permet de sortir du trou de la honte…"(p.97)

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Fabs le vaurien
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Re: L'empathie

Message par Fabs le vaurien »

Tout le monde peut se mettre en colère. Mais il est difficile de se mettre en colère pour des motifs valables et contre qui le mérite, au moment et durant le temps voulus. (Aristote, Ethique à Nicomaque).

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Re: L'empathie

Message par Yelko »

Il me semble que ce sujet est très bien ici, cela permettra la participation des "non diag+". Si jamais il existe un topic qui traite déjà la question on sera toujours à temps de le fusionner, mais à priori non.
Merci pour ta participation lunafletcher.
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Fabs le vaurien
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Re: L'empathie

Message par Fabs le vaurien »

yelko a écrit : Si jamais il existe un topic qui traite déjà la question on sera toujours à temps de le fusionner, mais à priori non.
c'est plutot le sujet "douance et empathie" qu'il faudrait ouvrir vu qu'il aborde d'avantage l'empathie en general que ses supposés lien-conséquence avec la douance. Y'a un risque de doublon.
Tout le monde peut se mettre en colère. Mais il est difficile de se mettre en colère pour des motifs valables et contre qui le mérite, au moment et durant le temps voulus. (Aristote, Ethique à Nicomaque).

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Re: L'empathie

Message par TourneLune »

Il me semble que ça parle pas de douance mais de l'empathie en général.
Du coup c'est pas le même sujet.

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madeleine
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Re: L'empathie

Message par madeleine »

J'ai des difficultés avec cette notion d'empathie ; il me semble qu'elle est un peu fourre-tout, et varie pas mal suivant la personne qui s'en sert. Même les neurosciences n'apportent pas une définition simple de cette hypothétique fonction.
Je comprends ce que tu évoques, Lunafletcher, je le ressens souvent moi aussi, mais je me demande à quel point il s'agit réellement d'empathie, d'empathie seulement, et pas aussi d'une difficulté à maintenir sa conscience de soi pour d'autres raisons. Je me questionne sur le lien, dans ces moments où je me sens "débordée", avec l'anxiété diffuse qui me pousse à me conformer de ce que je perçois, ou crois percevoir du désir de l'autre.
La définition wikipédia ouvre des pistes de réflexion, la voilà donc :-)

[web 100%,100]http://fr.wikipedia.org/wiki/Empathie[/web]
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Re: L'empathie

Message par O'Rêve »

Je te rejoins Madeleine. J'ai l'impression que tout le monde n'a pas la même définition pour ce terme. J'ai donné plus haut celle de Brené Brown, car j'ai fini son livre récemment, mais à vrai dire, je donnerais peut être une autre définition à l'empathie et rapprocherait ce que décrit l'auteur de la compassion.
Personnellement, j'aurai plutôt tendance à qualifier l'empathie de cette tendance à capter les émotions de l'environnement. Pour ce qui est d'y réagir ou d'y répondre, les réponses me semblent pouvoir être variées et multiples : de la fusion (je prends pour moi l'émotion de l'autre) à la compassion (http://fr.wikipedia.org/wiki/Compassion)...

En ce qui me concerne, j'ai tendance à capter facilement les émotions d'un environnement. Auparavant, j'y réagissais très mal, car je me retrouvais facilement dans un magma fusionnel où je ne comprenais plus ce qui m'appartenait ou ce qui appartenait à l'autre. J'ai compris grâce à un suivi thérapeutique en quoi mon histoire personnelle avait favorisé cette manière d'être (la fusion), lorsque je captais les émotions environnantes. Un travail thérapeutique sur les limites (corporelles et psychologiques) me permet aujourd'hui de distinguer plus facilement ce qui vient de l'autre et ce qui vient de moi.
J'ai compris plus récemment que l'importance que j'apporte au regard de l'autre (et ma tendance à vouloir être parfaite et être appréciée du plus grand nombre) associée à ma facilité à percevoir très vite l'émotion ou les attentes de l'autre, a contribué à ce mécanisme "fusionnel".

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Euthyphron
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Re: L'empathie

Message par Euthyphron »

La définition de l'empathie que donne lunafletcher est cependant très intéressante car paradoxale. Je la reproduis : "l'empathie est la capacité de percevoir et ressentir les émotions des autres. "
Or, c'est justement une des incapacités humaines les plus fondamentales que de ne pas pouvoir ressentir ce qu'un autre ressent. Ce que je ressens c'est moi qui le ressens, comme dirait La Palice. On peut ressentir ce que l'on appellera "la même chose" (mais qui ne lui est justement pas identique), on peut aussi avoir l'impression de comprendre autrui, ou d'être compris par lui, mais pas sortir de soi pour entrer dans la conscience de l'autre et éprouver ce qu'il éprouve.
Cela ne veut pas dire que la notion d'empathie est dépourvue d'intérêt. Mais peut-être faut-il distinguer, s'il est vrai que l'empathie n'est pas la capacité d'entrer dans la conscience d'autrui, et si donc la distance existe toujours.
Il existe par exemple ce que l'on pourrait appeler l'empathie du coeur, au sens où l'on parle d'une intelligence du coeur. Elle implique l'attention à autrui, couronnée de succès (ce que l'on appelle la compréhension). Je trouve que c'est une très belle chose à laquelle je ne vois rien à reprocher.
On peut aussi penser à une sensibilité immédiate à l'ambiance psychologique, selon ce qu'en dit O'Rêve. Comme le malaise qui pressent une haine pourtant inexprimée, par exemple. Ou l'hypersensibilité à la souffrance ou à la joie d'autrui.
Il y a aussi une empathie de l'imagination, nourrie par le goût pour la vie affective, et qui s'efforce de saisir ce qui n'est pas dit. Cette forme d'empathie rime avec télépathie, avec évidemment les risques d'erreur que cela comporte.
Mais si cela fait bien, à mon sens, trois moyens de tendre à combler la distance qui nous sépare d'autrui, il me paraît bon de se souvenir que cela ne l'abolit pas.

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Re: L'empathie

Message par O'Rêve »

C'est marrant, je faisais des recherches sur le net sur un tout autre sujet (comprendre le monde à travers la science et l'art) et je me suis retrouvée sur le site cuberevue. J'ai alors découvert une série d'articles sur l'empathie, dont un de Serge Tisseron où il définit l'empathie (il la différencie de sympathie, compassion...) et développe 3 degrés de l'empathie : http://www.cuberevue.com/empathie-le-da ... cations/23
si l’empathie est bien la capacité de percevoir les états mentaux de l’autre, elle n’est pas la tendance à s’en préoccuper.

l’empathie n’est ni la sympathie, ni la compassion ni l’identification. Dans la sympathie, on partage en effet non seulement les mêmes émotions, mais aussi les valeurs, les objectifs et les idéaux de l’autre. C’est ce que signifie le mot « sympathisant ». La compassion, elle, met l’accent sur la souffrance.
Et la série d'articles associés (toujours sur l'empathie) : http://www.cuberevue.com/1-empathie

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Grabote
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Re: L'empathie

Message par Grabote »

O'Rêve a écrit :le site cuberevue
Ça a l'air interressant, un détail qui me freine un peu :
sur les 22 photos de la une d'aujourd'hui il y a 21 hommes et 1 SEULE FEMME !! :@
mais bon, faut bien dire que c'est "normal" dans le sens de "dans la norme"
L'essentiel est sans cesse menacé par l'insignifiant. René char

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Re: L'empathie

Message par madeleine »

La position de Tisseron (psychanalyste :@ ) m'agace profondément. Il empile les tautologies au transpalette et crée ses définitions comme des axiomes gravés dans le marbre, ce qui est la démarche ordinaire du psychanalyste. Bref. Je me permets de mettre ici toute la phrase que tu cites partiellement, O'Rêve :
Tisseron a écrit :Pourtant, les diverses recherches menées actuellement en neuro physiologie sont formelles : si l’empathie est bien la capacité de percevoir les états mentaux de l’autre, elle n’est pas la tendance à s’en préoccuper.
Comment dire ... "percevoir les états mentaux de l'autre" ???
Actuellement, ce que dit la neurophysiologie est passablement plus nuancé :-) Ce concept d'empathie, qui est un artefact de la psychologie, n'est étayé en neurosciences que par l'existence des neurones-miroirs, que nous partageons avec d'autres animaux.
("L'identification de neurones miroirs au cours des années 1990 est due à l'équipe de Giacomo Rizzolatti, directeur du département de neurosciences de la faculté de médecine de Parme4,5.

Ils ont d'abord été observés dans le cortex prémoteur ventral du singe macaque rhésus (aire F5) mais aussi, par la suite, dans la partie rostrale du lobule pariétal inférieur6. Ce type de neurones a également été trouvé chez certains oiseaux où ils sont activés à la fois lors du chant et lorsque l'animal écoute un congénère chantant7.

Chez l'Homme, il existe depuis avril 2010 une preuve directe de l'existence de neurones miroirs8. Jusqu'ici, étant donné les nombreuses homologies entre les cerveaux des différents primates, il était admis que de tels neurones devaient aussi exister chez l'espèce humaine. En outre, par imagerie cérébrale fonctionnelle (tomographie par émissions de positons ou imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, par exemple), il est possible d'observer dans certaines régions du cortex cérébral (notamment autour de l'aire de Broca, homologue à l'aire F5 du singe, et au niveau du cortex pariétal inférieur) une activation à la fois quand l'individu produit une action et lorsqu'il observe un autre individu exécuter une action plus ou moins similaire. Mais, étant donné la résolution spatiale de ces techniques, rien ne permettait d'affirmer que ces activations provenaient exactement des mêmes neurones et non pas de deux populations de neurones entremêlées9. Par précaution, on utilisait donc parfois les termes « système miroir » ou « système de neurones miroirs » plutôt que « neurones miroirs » pour désigner ces aires fonctionnelles.") Wikipédia


L'article concernant la possibilité de neurones miroirs chez l'homme, parut dans Curent Biology peut être lu ici : http://www.bcn-nic.nl/txt/people/public ... Humans.pdf

Ce qui se dit là va dans le sens d'Eutyphron, il me semble, c'est-à-dire simplement réduire l'étrangeté du comportement de l'autre à quelque chose de plus familier, de plus proche ; je risque le parallèle avec la technique du neurofeedback, juste pour dire qu'on peut imaginer que le cerveau se développe avec des moyens de rétroaction propres qu'on ne fait que commencer à découvrir.
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Re: L'empathie

Message par sandrinef »

Hors-sujet
madeleine a écrit :La position de Tisseron (psychanalyste :@ ) m'agace profondément. Il empile les tautologies au transpalette et crée ses définitions comme des axiomes gravés dans le marbre, ce qui est la démarche ordinaire du psychanalyste.


Eux... madeleine, peux-tu préciser si tu parles seulement du psychanalyste Tiseron ou du psychanalyste en général?
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Re: L'empathie

Message par O'Rêve »

Au sujet des neurones miroirs et de l'empathie, il y a des articles intéressants dans la revue Sciences psy (le n°1 de septembre 2014-Dossier Comment fonctionnent nos émotions?)

p.36 La découverte des neurones miroirs (Giacomo Rizzolatti : on lu doit la découverte des neurones miroirs, selon ce qui est mentionné dans l'article; il est diplômé de médecine et de neurologie et professeur de physiologie à l'université de Parme))
p.41 Les neurones miroirs (Pierre Bustany; il est normalien, neurophysiologiste et neuropharmacologue, et professeur au CHU de Caen)
Dans ces deux articles les auteurs échangent leurs idées sur le lien entre empathie et neurones miroirs

p.52 Découvrir autrement l'empathie : l'apport des neurosciences sociales (Jean Decety, neuroscientifique au sein du département du psychologie et de psychiatrie de l'université de Chicago))
Son point de vue est plus sceptique (que les deux précédents) sur le rôle des neurones miroirs (pour lui, "les neurones miroirs ne sont pas la base de la communication émotionnelle, de l'empathie, de la moralité, ou de la théorie de l'esprit"). Je n'ai pas le temps de développer l'ensemble de son point de vue, mais si vous pouvez vous procurer la revue, ça apportera un éclairage à ma citation.
D'autres points sont abordés par cet auteur : l'empathie et l'imitation, le rôle de l'entourage (l'empathie et l'attachement), la moralité et l'empathie, l'empathie et la relation au soin

Le lien vers le site (mais c'est le numéro 2 qui est maintenant en ligne; je ne sais pas s'il est possible d'avoir encore le 1).
http://www.sciences-psy.fr/

Cette revue est intéressante : on y trouve différents points de vue qui se croisent, s'opposent, ou développent des aspects qui se complètent.

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madeleine
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Re: L'empathie

Message par madeleine »

sandrinef a écrit :
Hors-sujet
madeleine a écrit :La position de Tisseron (psychanalyste :@ ) m'agace profondément. Il empile les tautologies au transpalette et crée ses définitions comme des axiomes gravés dans le marbre, ce qui est la démarche ordinaire du psychanalyste.


Eux... madeleine, peux-tu préciser si tu parles seulement du psychanalyste Tiseron ou du psychanalyste en général?
J'exprime mon opinion hautement subjective et qui n'engage que moi sur les psychanalystes ; pour le peu que j'ai lu des essais de Freud lui-même, et donc de sa théorie psychanalytique, il y avait beaucoup plus de nuances et beaucoup moins de certitudes à l'emporte-pièce. Chaque fois que je lis un de ceux qui s'en réclame, que ce soit Tisseron, Tinocco ou même le psychologue qui participe à nos réunions professionnelle d'analyse de pratique, je suis agacée par la même façon de procéder, un mélange de techniques sophistes très affutées, de distorsion des faits pour les plier au moule de leur théorie, un dogmatisme jargonneux qui confine parfois à la religion et une façon d'agresser ou de dévaluer par principe les positions qui ne leur conviennent pas.
Voili voilou complètement vu de mon côté du miroir, quoi :angel12:
C'est pourquoi j'essaie d'amener d'autres points de vue, si je l'ai fait avec trop d'agressivité, veuillez m'en excuser :-)
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Re: L'empathie

Message par Euthyphron »

Je reconnais que j'ai de l'empathie pour cette opinion, Madeleine. :-)
En ce qui concerne ce que tu as cité de Tisseron, autant j'apprécie qu'il cherche à cerner avec précision son objet, et donc distingue l'empathie de ce que l'on pourrait appeler pourquoi pas la philanthropie, qui pousse à l'action en faveur d'autrui, autant moi aussi je sursaute quand je lis que "l’empathie est bien la capacité de percevoir les états mentaux de l’autre". Il me semble au contraire que la base de la réflexion est de constater que nul ne peut percevoir les états mentaux d'un autre, à moins d'employer cette expression dans un sens figuré, mais dans ce cas il ne faudrait pas dire que l'empathie est bien cela, avec un "bien" qui insiste et confirme. Cette citation est trop peu pour juger, cela dit, je le reconnais.

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Re: L'empathie

Message par sandrinef »

Merci pour ta réponse madeleine.
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O'Rêve
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Re: L'empathie

Message par O'Rêve »

Je souhaite revenir sur ce que j'ai écrit un peu plus haut.
En ce qui me concerne, j'ai tendance à capter facilement les émotions d'un environnement. Auparavant, j'y réagissais très mal, car je me retrouvais facilement dans un magma fusionnel où je ne comprenais plus ce qui m'appartenait ou ce qui appartenait à l'autre.
C'est plus particulièrement sur le terme fusion, que je souhaite revenir, car je ne le trouve finalement pas juste. Je parlerais plutôt de sentiment de confusion que de fusion.

Pour reprendre ce que j'ai écrit : j'ai tendance à être sensible, "capter" les émotions (ou plutôt les mouvements) dans un environnement. Cad, je perçois comme un mouvement, une émotion, une vibration (positive ou négative) chez un autre, ce qui provoque chez moi une réaction, un autre mouvement. Aussi je ne prends pas cette émotion pour mienne (c’est-à-dire je ne la ressens pas comme l’autre peut la ressentir), mais ce mouvement chez l’autre a pour effet de créer un mouvement (différent) chez moi.
Je peux par exemple ressentir un malaise, si je ressens quelque chose qui peut se rapprocher de la haine (que je palpe une sorte de force potentiellement destructrice chez un autre).

Auparavant, je pouvais ressentir une confusion (et non une fusion), et me sentir profondément déstabilisée, si ce mouvement « négatif » perçu chez l'autre provenait de quelqu'un de proche (par exemple si je percevais une forme de haine là où j'avais besoin de recevoir de l'amour).
La confusion venait sans doute du fait qu’il m’était impossible de nommer ce que je percevais chez l’autre (car insupportable). Je le percevais d’une certaine manière (d’où mon malaise), mais je ne pouvais pas l’intégrer complètement (mécanisme de survie ?)

C'est ensuite, pour recevoir de l'amour (et éviter la haine) de cet autre que je pouvais rentrer dans un mécanisme que je pourrais qualifier de "fusionnel" (encore que le terme n’est pas forcément approprié): comprendre les intentions, et les désirs de l’autre, me mettre à correspondre aux désirs de l’autre, me caler sur les désirs et intentions (pour lui plaire et être aimée de lui) et finir par penser que j’avais les mêmes envies, désirs (ce qu’on peut sans doute rapprocher de la mise en place d’un faux-self)

Maintenant j’ai bien du mal à dire à quel niveau se situerait l’empathie ? (et si empathie il y a dans ce que je décris?)
Serait-ce uniquement dans le fait de capter l’émotion, le mouvement de l’autre (même sans pouvoir la qualifier?) et de ressentir à son tour un mouvement qui nous est propre?
Y-a-t-il empathie si je capte, mais suis dans la confusion, car je ne peux mettre de mot?
Ou pour qu'il y ait empathie, faut-il percevoir une émotion, un mouvement (et pouvoir nommer, reconnaitre ce qui se passe?)

Je complète mon message. j'ai peut-être trouvé quelques éléments de réponse, avec une autre définition à ce lien (en rapport avec Jean Decety que je citais un peu plus haut):
http://www.leblogdesrapportshumains.fr/ ... lempathie/
l’empathie ne peut s’envisager que lorsque la personne fait l’expérience d’une réponse émotionnelle face à l’émotion d’autrui. De plus, la personne doit être capable d’effectuer une distinction entre soi et autrui et de réguler ses propres réponses émotionnelles....
Trait de personnalité caractérisé par la capacité de ressentir une émotion appropriée en réponse à celle exprimée par autrui, d’effectuer une distinction entre soi et autrui (c’est-à-dire être conscient de la source de l’émotion et pouvoir décoder l’émotion d’autrui) et de réguler ses propres réponses émotionnelles...
Toujours d’après Jean Decety, en situation d’empathie, l’émotion que l’on ressent est similaire à l’émotion que vit autrui. Pour autant, l’émotion ressentie se situe quand même dans un juste milieu entre l’absence de réponse émotionnelle (froideur) et une réponse émotionnelle trop intense qui peut mener à un sentiment de détresse.

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Re: L'empathie

Message par PointBlanc »

Le terme est extrêmement flou ; je me demande dans quelle mesure les études portant sur "l'empathie animale" dont les médias se font l'écho depuis quelques années ont contribué à cette confusion. Parce que dans ce cas précis on parle clairement de réactions instinctives - ou de mouvements tout au moins - observées à la détresse d'un autre membre de l'espèce.

Or il ne me semble pas qu'à son apparition - récente - le mot ait été associé à une réaction d'une sorte ou d'une autre - ni émotionnelle, ni dans les actes - mais bien plutôt à l'aptitude à déchiffrer les états d'âme, sans nécessairement s'y identifier ou y réagir.

Je doute que cette aptitude soit toujours de l'ordre du pur instinct ; je la crois en tout cas susceptible d'être cultivée par l'observation et l'analyse. Du moins c'est ce qui se passe pour moi. Conduit-elle forcément à la compassion ou à l'identification douloureuse ? Je dirais que c'est tout autre chose. On peut très bien nourrir l'illusion de partager des émotions qui dans les faits n'existent pas telles qu'on les perçoit, quand bien même ce qu'on entreprendra pour soulager ces émotions peut avoir un effet positif : je n'ai pas vraiment "été" l'autre, et pour autant je l'ai aidé ; tout comme on peut compatir philosophiquement, en se fondant sur une vision de la condition humaine qui ne s'intéresse pas aux spécificités individuelles : si par exemple je pars du principe que la nature mortelle de tout homme et la détresse qui en procède suffisent à lui valoir ma bienveillance, quelque chose d'aussi circonstancié que l'empathie est accessoire.

Situation quasi quotidienne : un élève souffre, pour une raison ou pour une autre qui, si j'en connaissais le détail, pourrait me sembler dérisoire. Pour autant je comprends qu'il souffre et que l'essentiel de cette souffrance vient justement de son incapacité à considérer les causes de cette souffrance pour ce qu'elles sont ; je comprends l'escalade dans la douleur et l'obscurcissement terrible qui en résulte. Je comprends également que le rappel à la raison ne peut pas être le premier remède, et que le regard et la voix l'amèneront plus efficacement à s'écarter de lui-même - après quoi nous pourrons parler. L'aptitude à cerner son état sans toutefois en déceler tous les tenants et les aboutissants, l'aptitude à trouver ensuite le bon levier, c'est l'empathie telle que je la conçois. La volonté de lui venir en aide parce que toute souffrance est insupportable, c'est de la compassion. Les larmes qui parfois me montent aux yeux après coup, c'est... Je ne sais pas trop ce que c'est. Je les trouve suspectes, pour tout dire - comme une espèce de rétribution affective ou une manifestation d'orgueil ou de complaisance. Mais ce n'est pas de l'empathie cela, c'est entre moi et moi.
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not careful
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Re: L'empathie

Message par not careful »

Bonjour. A mon avis, l'empathie n'est pas la sympathie et n'est pas la compassion, meme si l'empathie reste obligatoire pour l'installation des deux autres, je pense que c'est que voulait dire Brené Brown dans le petit extrait qui a été rapporté au debut du fil de la discussion.
La conscience des limites de soi est une notion d'un autre ordre en comparaison a l'empathie, realisee apres s'être libéré d'une eventuelle dépendance affective ou d'un besôin de reconnaissance en rapport avec l'histoire personnelle de chacun (au decours d'un travail en therapie ou pas) : on peut etre tres empathique mais avec un auto contrôle spontané des relations humaines au quotidien.
Meme si ces nobles notions d'empathie , sympathie , compassion ... Sont la pour rendre agréables les distances entre êtres humains , elles ne les effacent pas et ne les dépassent pas, comme il a été évoqué plus haut.
La conscience de soi n'est pas une fin en soi, bien au contraire ce n'est que le debut. Elle est la base ou peuvent etre implantées les choses au fur et à mesure chaque chose a sa place.
Concernant votre avis sur la psychanalyse Madeleine, je suis absolument d'accord, ce qui me pousse à croire qu'il faut passer à d'autres types de thérapies apres une psychanalyse. Cependant j'avoue que ces techniques ont le pouvoir de creer le désordre, necessaire a un rétablissement de l'ordre dans la psychisme d'une personne (mais cette fois en pleine conscience de ses choix) une facon comme une autre de " détruire ses vieux démons " qui empêcheraient d'évoluer . Le psychanalyste ne sait rien, il est la pour creer cette ambiance de questionnement qui ne peut être fiable si une illusion (qu'on est cencé ne pas percevoir ) de puissance du thérapeute n'y est pas.

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Re: L'empathie

Message par PointBlanc »

Salut,
not careful a écrit :meme si l'empathie reste obligatoire pour l'installation des deux autres
Je veux bien être détrompé, mais je n'en suis pas du tout certain. Nous passons notre temps à compatir à des douleurs que nous cernons par ailleurs très imparfaitement, et à sympathiser avec des inconnus pour la seule raison que nous avons très envie de reconnaître en eux un peu de ce que nous nous croyons. Dans les deux cas, l'empathie, autrement dit l'appréhension fine de l'état mental d'un autre que soi, est absente.
not careful a écrit :Meme si ces nobles notions d'empathie , sympathie , compassion ... Sont la pour rendre agréables les distances entre êtres humains...
Je ne les réduirais pas à une question d'agrément, ni même d'accommodement. C'est davantage de l'ordre de l'exercice de lucidité à mon sens.
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Re: L'empathie

Message par Euthyphron »

J'aime bien ta manière de clairement distinguer les termes pour les définir. Ainsi on comprend qu'il y ait trois mots différents, pour trois états d'âme différents.
La compassion serait le fait de souffrir en ressentant la souffrance d'autrui, la sympathie celui d'éprouver ensemble les mêmes émotions (sens vieilli mais néanmoins encore en usage) ou bien l'entente spontanée avec autrui (je crois que c'est plutôt ce sens-ci que tu privilégies), et l'empathie celui de comprendre ce qu'autrui éprouve. Est-ce bien cela?
Si c'est bien cela, une énigme subsiste, au moins pour moi : comment fait-on pour savoir ce qu'autrui ressent? Est-ce purement affectif, ou bien (ce que je crois) l'intelligence y a-t-elle sa part? Mais tu as déjà répondu, dans un sens très pragmatique. Si je t'ai bien compris, l'empathie se mesure à l'efficacité avec laquelle on aide autrui dans sa détresse affective. Cependant est-ce qu'il faut pour cela être dans l'attitude d'un médecin qui se met le plus à distance possible de son patient? Ou au contraire l'empathie exige-t-elle la sympathie, comme la ressemblance des deux mots le suggère?
Au delà des questions liées à la douleur, peut-on comprendre autrui sans l'aimer?

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PointBlanc
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Re: L'empathie

Message par PointBlanc »

Euthyphron a écrit :Si je t'ai bien compris, l'empathie se mesure à l'efficacité avec laquelle on aide autrui dans sa détresse affective.
Non, ou plutôt pas seulement. Tu parais confondre l'empathie et la volonté de soulagement qu'elle peut induire. Or pour moi l'empathie peut très bien ne déboucher sur rien. Elle peut même être employée aux pires fins. Dans le second de ces trois cas il est bel et bien impossible de savoir si cette impression de déchiffrer l'autre est fondée sur une quelconque réalité. Dans le premier et dans le troisième, les effets qu'elle contribue à produire ne garantissent pas non plus qu'elle soit autre chose qu'une illusion opérante.
Euthyphron a écrit :Cependant est-ce qu'il faut pour cela être dans l'attitude d'un médecin qui se met le plus à distance possible de son patient? Ou au contraire l'empathie exige-t-elle la sympathie, comme la ressemblance des deux mots le suggère?
Je ne crois pas que l'empathie exige quoi que ce soit. Elle ne me semble en tout cas exclure ni la distance ni l'identification. Elle est résolument d'un autre ordre.
Euthyphron a écrit :Au delà des questions liées à la douleur, peut-on comprendre autrui sans l'aimer?
Qu'est-ce qui vient en premier ? Est-ce qu'on ne s'attache pas d'autant plus aisément à quelqu'un que l'on croit comprendre, parce que cette compréhension nous rassure, nous place en terrain familier ? Est-il, par exemple, si facile de continuer à aimer quelqu'un qui change et qu'on ne comprend plus ?
Ce dont je ne doute pas, c'est que le temps que l'on consacre à quelqu'un ou à quelque chose nous porte à le considérer, parce qu'on a eu tout le loisir de mesurer sa complexité.
Ce qui n'est pas la même chose que l'aimer.
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Re: L'empathie

Message par Euthyphron »

PointBlanc a écrit :
Euthyphron a écrit :Si je t'ai bien compris, l'empathie se mesure à l'efficacité avec laquelle on aide autrui dans sa détresse affective.
Non, ou plutôt pas seulement. Tu parais confondre l'empathie et la volonté de soulagement qu'elle peut induire. Or pour moi l'empathie peut très bien ne déboucher sur rien. Elle peut même être employée aux pires fins.
C'est ton exemple de l'élève en souffrance qui m'a fait dire cela. La différence entre l'empathie et la compassion me semblait, d'après ce que tu disais, pouvoir se mesurer dans l'action, qui révèlerait que la compassion n'est pas une compréhension, puisqu'elle ne sert à rien.
Ce n'est pas incompatible avec l'idée d'une utilisation perverse de l'empathie, qui serait aussi plus efficace que la haine. L'idée serait que le mot "empathie" pourrait être employé comme synonyme de compréhension d'autrui. Mais cela ne colle pas avec l'idée que l'empathie pourrait être illusoire. Je n'ai pas d'idée préconçue sur le sujet. En fait, je n'emploie presque jamais le mot "empathie" car je ne sais pas trop ce qu'il veut dire. :)
PointBlanc a écrit :Je ne crois pas que l'empathie exige quoi que ce soit. Elle ne me semble en tout cas exclure ni la distance ni l'identification. Elle est résolument d'un autre ordre.
C'est ce que je ne comprends pas. De quel ordre parles-tu?
PointBlanc a écrit :
Euthyphron a écrit :Au delà des questions liées à la douleur, peut-on comprendre autrui sans l'aimer?
Qu'est-ce qui vient en premier ? Est-ce qu'on ne s'attache pas d'autant plus aisément à quelqu'un que l'on croit comprendre, parce que cette compréhension nous rassure, nous place en terrain familier ? Est-il, par exemple, si facile de continuer à aimer quelqu'un qui change et qu'on ne comprend plus ?
Ce dont je ne doute pas, c'est que le temps que l'on consacre à quelqu'un ou à quelque chose nous porte à le considérer, parce qu'on a eu tout le loisir de mesurer sa complexité.
Ce qui n'est pas la même chose que l'aimer.
Peu importe selon moi ce qui vient en premier car en réalité les deux dimensions, intellectuelle et affective, se mêlent nécessairement dès la première rencontre. Mais ma question porte sur la compréhension supposée du psychologue, par exemple, qui n'a pas à aimer son patient. Cette compréhension est-elle possible, est-elle réelle, là où il n'y a pas d'affection? Que veut dire comprendre en ce cas?

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Re: L'empathie

Message par PointBlanc »

Raaah, je suis censé corriger, merde :rofl:
Euthyphron a écrit :...la compassion n'est pas une compréhension, puisqu'elle ne sert à rien.
Tu parles bien de la compréhension, quand tu écris qu'elle ne sert à rien ? En ce cas, je dis oui. Pas besoin de savoir précisément ce que l'autre endure pour le secourir. Pas besoin de connaître toutes les conséquences physiologiques de la déshydratation pour donner à boire à un assoiffé.
Euthyphron a écrit :L'idée serait que le mot "empathie" pourrait être employé comme synonyme de compréhension d'autrui. Mais cela ne colle pas avec l'idée que l'empathie pourrait être illusoire.
L'illusion pourrait tenir à la distance qui séparerait une compréhension parfaite d'une compréhension suffisante pour orienter une action. Dans le premier cas, je devine tout de l'autre, dans le second, je n'ai en main que quelques pièces du puzzle, et dans ces conditions prétendre pouvoir m'en figurer la totalité, autrement dit comprendre l'autre absolument, serait une illusion.
Euthyphron a écrit :C'est ce que je ne comprends pas. De quel ordre parles-tu?
De l'ordre de la stricte intelligence. Que cette intelligence émotionnelle soit mise en mouvement par une curiosité froide ou par une identification douloureuse n'en change pas les modalités selon moi. Ce qui rejoint ta dernière interrogation :
Euthyphron a écrit :Cette compréhension est-elle possible, est-elle réelle, là où il n'y a pas d'affection? Que veut dire comprendre en ce cas?
Je ne vois pas pourquoi comprendre voudrait dire autre chose : on "saisit" toujours, toujours avec le même outil, mais pas mu par les mêmes raisons.

Merci de cette discussion en tout cas ! (Je ne veux pas dire que je la considère terminée, hein. C'est vraiment un merci.)
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