Les addictions

La partie consacrée à la Santé dans sa globalité. Principalement la psychologie, psychologie sociale, la psychiatrie, les troubles de l'humeur, de la personnalité, les handicaps, l'autisme...
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W4x
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Re: Les addictions

Message par W4x »

Hors-sujet
Il me semble aussi utile de te demander ce que tu défends au juste: au début c'est parti de "j ne comprends pas", "ce n'est pas nouveau" et on s'est appliqué à répondre à ça, vraisemblablement avec succès "j'arrête c'est trop tordu": donc on parle bien de quelque chose qui n'est pas présent dans ton raisonnement.
On peut dire ça... passons ici et ailleurs la récurrence des commentaires demandant plus de clarté. Partant de là on peut aussi se demander à force d'à force pourquoi tout finit toujours sur ce genre de sujets en tétrapillectomies, et pourquoi certains topics finissent systématiquement par tomber à plat. Il n'est pas interdit de créer des sujets connexes/philo pour digresser sur les notions, mais c'est usant d'en arriver à souvent constater que l'on ne se comprend plus tout simplement parce que l'on n'est plus du tout au même étage dans la conversation. Le désaccord fait avancer les choses mais ici il ne s'agit pas de cela.
Je ne veux pas avoir l'air de sortir du chapeau pour faire mon rabat-joie mais à force de lectures je finis toujours par me buter aux mêmes choses pourtant déjà plusieurs fois évoquées... A tout systématiquement ramener aux définitions des définitions je ne vois pas l'intérêt de détourner les discussions de leur fond (original ou non), sous prétexte d'en renouveler le flux.
Est-il possible de discuter d'un sujet sans le vider de sa substance par tant de circonlocutions ? C'est quand même terrible que la forme du fond finisse presque systématiquement par l'emporter sur le fond de la forme, m'voyez. :(
Edit :
C'est une remarque d'ordre général et non personnelle, pour que, d'une la discussion reste ouverte à tous et de deux pour qu'elle reste un minimum centrée.
J'ai également adouci mon message ci-dessus, je n'entendais pas viser Chacoucas en particulier, et encore moins le heurter
.
Mathematics is a game played according to certain simple rules with meaningless marks on paper. D.Hilbert

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Re: Les addictions

Message par soazic »

Je rebondis sur ce que tu écris Fabs concernant l'objet d'investissement.
Ici, en Bretagne, pays avec fort taux de personnes souffrant d'addictions en tout genre, beaucoup de thérapeutes font un lien entre l'alcoolisme et la perte de la langue maternelle, à savoir le breton. Je ne sais pas si c'est encore d'actualité, le breton revenant en force mais la perte de cette langue, du fait de son interdiction a généré une cassure "existencielle" (ma mère l'a vécu, c'est un traumatisme et elle m'a transmise une honte d'être bretonne que j'ai portée une vingtaine d'année), comme si l'objet d'investissement, la langue, alors interdite allait chez certains se noyer dans l'alcool.
Concernant mes patients, le seul point commun que je retrouve chez tous est une estime d'eux mêmes basse.
Concernant les patientes boulimiques que j'ai pu suivre (et dans le docu que j'évoquais les anorexiques sont citées), il y addiction aux endorphines générées par le processus qu'elles mettent en place. Un état de tension qui cède avec la production d'endorphines.

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RegisRobert
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Re: Les addictions

Message par RegisRobert »

hazy a écrit :Je pense que dans l'addiction, l'objet de désir quitte la sphère mentale et intellectuelle. Ce que je ressens, c'est que quand une chose devient addictive elle ne s'adresse plus à l'intelligence mais aux instincts.
2 ans plus tard
Je suis très clairement du même avis.
J'ai fumé quelques paquets de cigarettes et j'ai toujours réussi à contrôler ma consommation. Mais force est de constater que parfois, j'achetais des clopes par pure pulsion. J'en avais pas envie au sens propre du terme, c'était juste quelque chose d'instinctif.
J'ai pourtant consommé d'autres substances qui ne me faisaient pas du tout le même effet, aussi récréatives aient-elles pu être (weed, proto, vapeurs de poppers, ...).
Puis un jour j'ai eu l'occasion de tester une drogue dure (de la MD en cristaux), par pure curiosité. J'en ai pris deux fois dans ma vie, à petite dose. Mais dès la première fois, j'ai su que c'était extrêmement dangereux. Parce que la sensation est très, trop plaisante. Il n'est pas sain de goûter à quelque chose qui fait plafonner son curseur dans le baromètre du plaisir. Ce qui m'a troublé cependant, c'est qu'avec cette drogue, j'avais la sensation que les autres allaient enfin à mon rythme de pensée (car j'en prenais avec d'autres personnes). Et ça, très objectivement, c'est quelque chose de très dangereux quand on a passé beaucoup d'années à se sentir isolé dans sa manière de penser. A mon sens, c'est ça qui fait que j'aurais pu tomber dans l'addiction.
J'ai réussi à ne pas en consommer plus, mais c'était vraiment lutter contre une pulsion primaire.
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antihero
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Re: Les addictions

Message par antihero »

4ans plus tard...Salut à tous :whew:
...après une période invalidante et des évènements de santé catastrophique en cascade (il y'a peu de chances que cela se termine bien...), je repasse sur ce topic pour un retour sur ma propre expérience avec les morphiniques.
Depuis que l'eau a coulée sous les ponts, j'étais passé d'art-thérapeute à une ribambelle de professions toutes plus intéressantes les unes que les autres dont l'une portait sur l'addictologie alors que j'exerçais en école d'IFSI comme intervenant formateur sur la thématique des thérapies non-médicamenteuses.
Hasard que tu es, chienne de vie !
La maladie m'a rattrapée au moment où je pensais être en pleine possession de mes moyens et dans la force de l'âge.
Me voilà maintenant au volant d'ordonnances médicales de trois pages contenant des benzodiazépines et des morphiniques à haute dose et si ce n'es la douleur qui me réveille, c'est le manque ; sacré cercle vicieux.
Moi qui ai pris plaisir à prendre de l'héroïne....puis à l'arrêter, je me retrouve dans la situation d'un junkie sans plaisir et rendu accroc contre ma volonté . . .
('faut dire que j'ai tout testé en matière de thérapies non médicamenteuses, de la sophro' à l'hypnose en passant par les appareils de stimulation électriques et ma propre musicothérapie adorée ...mais rien n'a fonctionné...le pourquoi se trouve peut-être en partie dans ma conscientisation du fonctionnement de ces méthodes bien que les douloureuses pathologies qui me sont tombées dessus soient statistiquement cause de fortes prescriptions antalgiques).
Bref, je compte les jours en recomptant ces foutues boites de médocs pour ne pas être à sec et quand je désire obtenir un réel soulagement (ce soulagement incluant l'arrêt de mes propres recherches concernant mon dossier médical après avoir compilé ces trois dernières années tout ce qui existe dans le domaine et emprunté les lecteurs d'IRM de mes orthopédistes, pneumologue etc....dans le but toujours de réétudier ce que les images peuvent cacher...) , je dois d'abord passer par des phases douloureuses.
Je dois l'avouer : l'addiction que j'avais dans mes projets et recherches professionnelles s'est transformée en recherches cliniques sur mon propre cas. A côté de cela, mon ancienne addiction à l'Héro est revenue insidieusement sous forme d'oxycodone...mes autres addictions de collectionneur sont restées les mêmes bien que mon périmètre d'action soit largement minoré, j'arrive encore à collectionner les cachets, leurs notices, et tout les souvenirs des diverses interventions chirurgicales que j'ai subit ces trois dernières années.
Si je devais conclure au sujet des addictions, ce serait à propos de leurs caractères cycliques et de leur facultés à se reporter sur un autre objet en fonction des différents contextes psycho-sociaux qui nous entourent... :nesaitpas:
-ici donc, je laisse un grand point d'interrogation posté entre hasard et coïncidence ?

(et je vous somme d'aller profiter de la vie à fond ! :) )
Cherchons ensemble prosexigenie et saillance...nous définirons ainsi l'eikoteron...

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Armie
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Re: Les addictions

Message par Armie »

L'Islande a réussi en une vingtaine d'années à faire chuter le taux de jeunes qui s'alcoolisent et se droguent régulièrement, par une vaste campagne de santé publique basée non sur la prévention ou la pénalisation, mais sur la diminution des facteurs de risque et l'augmentation des facteurs de protection des jeunes face aux drogues.

Article original (anglais): ici
Traduction française (qui pique un peu les yeux, mébon):

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Re: Les addictions

Message par Invité »

Je lis actuellement un livre extrêmement intéressant « Le craving ». Il est écrit par un psychiatre également neuro scientifique, le Dr Judson Brewer. Ce médecin s’est intéressé à la pleine conscience et l’utilise pour aider à sortir des dépendances. Il explicite fort bien et très relié au scientifique (ce n’est pas toujours le cas) pourquoi cet apport de la pleine conscience est intéressant dans la lutte contre les addictions. J’en suis environ à un tiers du livre. Il est bien écrit, avec bon sens, mais je trouve ni optimisme béat, ni simplicité ou simplifications à outrance.

Le circuit de récompense qui réveille ou éveille la dopamine est très bien expliqué, et il y revient toujours au travers des différentes sortes d’addictions qu’il évoque : de la nicotine à l’amour, en passant par les réseaux sociaux (les forums? :P ) mais aussi l’addiction à la pensée. (Je suis très curieuse de lire ce chapitre et de vous en parler).

L’addiction au tabac pour lui est une des plus difficile à surmonter : il trouve 5 « avantages » de celle-ci par rapport à d’autres addictions (dont l’alcool et les drogues) qui créent cet état de fait, pour lui. Cela va du fait que la nicotine stimule et n’atténue pas nos fonctions cognitives (on peut conduire en fumant sans se mettre en danger) au fait que les capillaires des poumons qui transmettent la nicotine dans le sang sont très nombreux. Ils nous rendent de fait accro plus vite. Ce serait une des raisons qui expliquerait que le crack (qui se fume) est plus addictif que la cocaïne (qui se sniffe). Il y a moins de vaisseaux capillaires dans le nez.

Il explique comment on peut apprendre à surfer sur les vagues de l’envie, c’est le premier de ses exercices que j’ai lu pour lutter contre le craving. Il l’appelle le RAIN.

Reconnaître ce qui se passe (ce peut être le craving comme ce qui peut nous le faire approcher) et se Relaxer

Accepter/Autoriser le phénoméne en tant qu’expérience, ne pas chercher à l’ignorer, à se distraire ou à y remédier, en trouvant une formule (j’y consens, c’est comme ça...) ou autre qui fonctionne pour soi.

Investiguer les sensations physiques, les émotions, les pensées

Noter l’expérience à mesure qu’elle se déroule par des mots simples et courts, si on est distrait on revient à l'étape d’avant et on poursuit le surf jusqu’au bout de la vague.

Je viens de terminer son chapitre d’addiction à l’ego (3), il m’a bien parlé sur les idéalisations sur soi ou les autres qui peuvent nous nuire. Le lien est toujours fait avec la boucle de la récompense et la dopamine et m’a semblé extrêmement intéressant avec la question du faux-self.

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Holi
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Re: Les addictions

Message par Holi »

Présentation intéressante Unesoprano, ça me donne envie de le lire :clin:
À force de penser à ce que les autres pensent de nous, on en oublie de se penser soi-même.
Christophe André

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Re: Les addictions

Message par Invité »

C'est très intéressant, merci!

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Jean-Louis
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Re: Les addictions

Message par Jean-Louis »

Moi aussi le chapitre sur l’addiction aux pensées m'intéresse assez. Et éventuellement comment se sevrer.

Invité

Re: Les addictions

Message par Invité »

Je vais pas mal détailler, car il m’a semblé que cela pouvait rejoindre le sujet ouvert par Jean-Louis sur ce qui pouvait créer les résistances au TCC dans les troubles anxieux.

Juste avant de parler de « L’addiction à la pensée », le Dr Judson Brewer parle de Daniel Kahneman (auteur de Système 1, système 2 : les deux vitesses de la pensée) et émet l’hypothèse que c’est le système 2 le plus fragile, voire qu’il ne disposerai que d’une certaine dose de self-control pour la journée. Cela expliciterai également combien veiller à dormir suffisamment, bien se nourrir etc est si important. Or, ce système 2 a un rôle important pour lutter contre le craving.

Ensuite, il nous emmène dans l’addiction à la pensée. Pour lui, elle se base sur une séduction de ses propres réflexions et explicite ainsi qu’elle est venue en ce qui le concerne par de captivantes conversations qu’il avait des heures durant lors de son époque universitaire, activant ainsi toujours ce même trajet : le comportement (super discussions avec ses camarades) lui faisant se sentir très bien (récompense, donc dopamine). Puis il analyse également combien ensuite dans son existence la réflexion rapide et claire a été valorisé extrêmement souvent. Au point que lorsqu’il a commencé la méditation, il croyait qu’il fallait arrêter de penser, soit arrêter ce pour quoi il avait été tant récompensé. Il évoque ensuite comment le fait de trébucher sur nos pensées peut nous faire échouer. Une athlète, en plein JO s’est dit « je suis en train de remporter la médaille d’or au JO ». Du coup, elle s’est tendue, a chuté ... et est arrivée 7ème. Pour lui cet exemple explique bien la différence entre penser et se laisser prendre dans ses pensées, créant ainsi un obstacle entre elle et elle, lui faisant alors vérifier sa technique, en faisant trop et aboutissant ainsi à trébucher, et en l’occurrence finir par ne pas obtenir la médaille d’or.

Ensuite il parle d’une psychologue, Susan Nolen-Hoeksema, qui s’est intéressée à ce qui se produit quand les gens pensent de manière répétitive et passive à leurs émotions négatives, soit un style de réaction ruminatif. Il évoque même l’idée que la rumination pourrait être comme une forme d’addiction (Usage prolongé malgré des conséquences négatives), à un certain mode de pensée en s’appuyant sur les résultats de certaines études scientifiques.

Notre auteur a fait des études sur ce qui se passe lorsqu’on médite, et de fait, il semblerait que certaines régions cérébrales soient moins actives. En résumé, cela permettrait de valider combien nous pouvons être prisonniers de notre expérience vécue. Et donc, si nous sommes habitués ou même accro à un certain mode de pensée, simple rêverie ou réaction ruminative plus complexe, il peut être difficile d’éviter ce piège. Lorsqu’on médite, on s’entraine à remarquer ses expériences sans s’y laisser piéger, à les voir simplement pour ce qu’elles sont sans les prendre personnellement. C’est donc une aide précieuse pour apprendre à s’en distancier.

[cela explique fort bien pourquoi la méditation devient un acteur important dans le traitement de la dépression, même si nous sommes dans un livre qui est sur un autre sujet ]

[mention]Jean-Louis[/mention] , je reviendrai lorsque j’aurai lu la deuxième partie qui parle des aides plus concrètement. :)
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Pascalita

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Re: Les addictions

Message par Invité »

C'est une réflexion intéressante pour ce qui est de l'addiction à la pensée, notamment la réflexion rapide et claire. Quand j'ai commencé la recherche scientifique (en philologie comparée et en critique textuelle), mon directeur de recherche m'a dit : "Vous verrez, la pensée scientifique est une drogue dure". Il avait raison : j'en suis très vite devenue dépendante, et j'en ai fait mon métier puisque je suis devenue enseignant-chercheur. Si je devais cesser de faire de la recherche, je n'ai aucune idée de ce que se produirait, mais ce serait un manque énorme. J'ai de vrais phénomènes de craving, par exemple il m'arrive d'interrompre une activité agréable (comme regarder un film comique) pour aller lire, ou écrire un article scientifique.
Le cerveau est vraiment un organe bizarre...

Invité

Re: Les addictions

Message par Invité »

J’ai fini par terminer ce livre aujourd’hui. J’hésitais presque à mettre ma conclusion dans le fil de Jean-Louis, mais j’ai finalement fait le choix de rester dans la logique du titre et de son lien avec le fil. Peut-être ai-je tort.

Le Dr Judson Brewer parle d’une confusion fréquente entre excitation et joie, ce qui rendrait confus, de fait, la reconnaissance de ce qui nous stresse avec ce qui nous excite. Notre boussole intérieure serait ainsi quelque peu inopérante ou mal adaptée, et ce d’autant plus que notre système d’apprentissage depuis l’enfance est vite calqué sur le circuit qui réveille la dopamine, le circuit de la récompense. En cela, bien le connaître est important. Il nourrit en effet les comportements d’approche comme d’évitements = renforcement positif pour obtenir une récompense, ou négatif afin d’éviter une punition.
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Pour le Dr Judson Brewer, muscler notre circuit de récompense de manière inadaptée n’est pas totalement inutile même si c’est contre-productif et crée un comportement d’addiction. En effet, le jour où cela lâche, ou la lassitude arrive, la conscience de cet état de fait et le réveil ou la reconnexion avec notre boussole va permettre de nous mettre en route vers autre chose. La force trop brutale qui peut empêcher de réussir, qui peut nous faire chuter car source de stress peut commencer alors à se transformer. Une souplesse peut enfin émerger, permettant alors l’arrivée progressive de la résilience. L’excitation comme source de bonheur ne fonctionne plus et le cerveau se met alors en position d’apprendre.

Pour lui, l’entraînement à la pleine conscience est un outil d’antirésistance parmi d’autres (même si lui en est très convaincu. Donc si vous êtes allergique à la méditation, ne lisez pas le livre, même s’il n’est vraiment pas dogmatique).

Il propose cet exercice en 3 parties afin d’explorer et non en vue d’atteindre certains résultats. Il s’agit toujours de se mettre en observation afin de ne pas rentrer dans le circuit.

- combien de fois par jours réagissons-nous en prenant les choses personnellement ? Y a-t-il une contraction interne dénotant un craving ou un attachement ?

- quel est le poids du fardeau, et donc notre degré de contraction ?

- enfin combien de temps le portons-nous?

Il conseille d’explorer les mêmes mesures pour voir la progression dans ce qu’il appelle le lâcher-prise, pour lui défini comme l’opposé de la réactivité. Cette façon de faire est pour lui un entraînement en vue d’utiliser au mieux la boussole intérieure permettant ainsi de s’orienter face au stress comme à son contraire, mais en sachant que cela ne va mener nulle part en particulier.

En conclusion :

Ce médecin pratique lui-même la méditation depuis très longtemps et en tant que scientifique s’est intéressé à son cheminement, sa propre transformation également d’un point de vue expérimental. Il a étudié le bouddhisme de façon pointue, mais je ne l’ai pas trouvé dogmatique, pas non plus hyper « américain happy Life » :P . J’ai apprécié sa façon de raconter ses expériences, son cheminement, son angle de réflexion. Il propose un chemin plus que « des recettes qui marcheront forcément », j’ai apprécié également cela. Bon, vers la fin il parle bien de l’application qu’il a créé... :grin: mais elle n’existe pas en français. Alors ça limite...

J’ai trouvé également le livre bien fait, car chaque chapitre évoque certes des addictions qui peuvent sembler « légères » mais en fait, progressivement, la question de ce circuit se retrouve toujours et c’ est bien analysé. Un schéma prend forme peu à peu et le fait que l’addiction est ainsi un problème complexe sur ce chemin pourtant dont le noyau peut paraître « simple » est bien illustré.

Je ne suis pas familière des livres sur ce sujet, je n’ai donc pas de comparaison possible. Par contre, j’ai apprécié de pouvoir faire des liens récurrents avec la question de l’apprentissage en tant que pédagogue. Et vers la fin, d’ailleurs, il a mis quelques extraits d’un article qu’il a écrit avec un psychologue sur les « Avantages psychologiques d’une reconceptualisation de la pratique musicale comme pratique de la pleine conscience » que j’ai vraiment apprécié. Je vais voir si je peux le trouver via le net, et tenter une traduction par un ami professeur d’anglais pour mes collègues. Par ailleurs, il a participé aux conférences TEDX, également, pour info. Enfin, la postface du livre est de John Kabat-Zinn lui-même.
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.
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Miss souris
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Re: Les addictions

Message par Miss souris »

Sur mon appli fétiche que j'ai déjà citée ailleurs, et qui est en anglais, le gars avait fait une "Master class" intitulée "getting rid of bad habit', qui s'est révélée pour moi utile et passionnante. Avec mon abonnement, je pouvais inviter quelqu'un à tester. Si vous êtes intéressés...attention comme dit [mention]Unesoprano[/mention] , allergiques à la méditation de pleine conscience s'abstenir...

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O'Rêve
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Re: Les addictions

Message par O'Rêve »

Invité a écrit : dim. 9 févr. 2020 09:54 Juste avant de parler de « L’addiction à la pensée », le Dr Judson Brewer parle de Daniel Kahneman (auteur de Système 1, système 2 : les deux vitesses de la pensée) et émet l’hypothèse que c’est le système 2 le plus fragile, voire qu’il ne disposerai que d’une certaine dose de self-control pour la journée. Cela expliciterai également combien veiller à dormir suffisamment, bien se nourrir etc est si important. Or, ce système 2 a un rôle important pour lutter contre le craving.
Dans le livre d’Oliver Houdé « L’intelligence humaine n’est pas un algorithme », l’auteur évoque également les systèmes 1 et 2 de Kahneman.
https://www.odilejacob.fr/catalogue/sci ... 146908.php

Il explique que dans le cerveau, des heuristiques très rapides (ou automatismes et biais cognitifs ou système 1) peuvent entrer en compétition avec le système 2, plus lent, aux règles logiques.
Ce que rajoute l’auteur du livre, c’est que l’adaptation de l’ensemble du cerveau (ce qui pour lui correspond à la flexibilité…il va même plus loin en l’associant à l’intelligence) dépend d’un système 3 (qui aurait la capacité de contrôle exécutif du cortex préfrontal sous un mécanisme d’attention-inhibition). Selon sa théorie, penser, c’est inhiber, c’est-à-dire apprendre à résister à ses automatismes cognitifs (système 1).
Olivier Houdé suggère que ce soit le système 3 inhibiteur qui organise la « résistante » cognitive.
Ceci étant dit, il nuance ses propos : le système 3 serait susceptible de contrôler au cas par cas les rapports de compétition entre les systèmes 1 et 2 (car il précise que parfois, l’inhibition n’est pas nécessaire, lorsque les intuitions du système 1 sont pertinentes et efficaces).

Il regrette que notre système pédagogique valorise surtout l'activation et l'empilement des connaissances mais ne s’intéresse pas suffisamment aux processus d’attention-inhibition. Selon lui il faut entrainer autre chose que la seule logique (valorisation du système 2 dans nos pédagogies). La pédagogie doit viser le système 3 dans son rôle dit « exécutif ».

Il va un peu plus loin en proposant que ce contrôle se fait en lien avec les émotions et sentiments (et que certaines émotions peuvent aider le raisonnement). De ce point de vue, il partage les idées de Damasio (cf L'erreur de Descartes/L'ordre étrange des choses). Mais il regrette que Damasio ne parle pas assez explicitement du processus d’inhibition dans l’homéostasie. https://www.adulte-surdoue.fr/viewtopic.php?f=13&t=6567
Michel Houdé soutient que les émotions qui « activent » le système 3 sont d’une autre nature que les émotions du système 1 rapide (comme le j’aime ou je déteste sans réflexion ; l’exemple qu’il cite est celui des like des réseaux sociaux).
Pour arbitrer les conflits entre système 1 et 2, il faut selon l’auteur de subtiles émotions cognitives et sociales (l’auteur développe entre autre le doute, l’anticipation du regret, la curiosité pour suspendre le circuit court et ses biais cognitifs). Il évoque aussi le sens moral, lié à l’émergence d’émotions sociales (ex : aversion à faire souffrir autrui).
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Re: Les addictions

Message par Pascalita »

Merci, c'est très intéressant.
Et ça rejoint en effet certaines interventions du fil Anxiété sociale et résistance aux TCC, dont je remets donc le lien.

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Jean-Louis
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Re: Les addictions

Message par Jean-Louis »

Merci pour ces informations. Concernant le sommeil, quand il est de mauvaise qualité, il y a effectivement quelque chose qui déraille ensuite dans la journée.Les explications que tu fournis pour expliciter ce phénomène son convaincante je trouve.

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Re: Les addictions

Message par O'Rêve »

En parcourant le forum à la recherche d'infos complémentaires en lien avec le système 3 évoqué un peu plus haut, j'ai re-découvert ce résumé d'[mention]Adena[/mention] sur les fonctions exécutives https://www.adulte-surdoue.fr/viewtopic.php?f=53&t=6773

En rapport avec les addictions, il y avait entre autre ce passage :
1.3. L’inhibition au cours du développement

La possibilité d’exercer un contrôle inhibitoire apparait assez tardivement chez l’enfant, probablement pas simultanément pour chaque type d’inhibition. Les progrès les plus important se réalise entre 4 et 9 ans et cette fonction continue de se développer jusque dans l’adolescence. L’efficacité de l’inhibition décroit avec l’entrée dans le vieillissement.
La qualité de cette fonction dans l’enfance permet de prédire la qualité de l’inhibition à l’âge adulte (bonne consistance dans le temps) et est corrélée positivement à la réussite scolaire, au bonheur perçu à l’âge adulte, à la santé et au salaire. Elle est corrélée négativement au conduites à risque et particulièrement à la consommation de stupéfiants et conduites addictives ainsi qu’à diverses problématiques de santé dont la tension artérielle.
Mais je trouve que l'ensemble du résumé est à découvrir!

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Le Styx
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Re: Les addictions

Message par Le Styx »

Hello, je relance ce topic qui me concerne au plus haut point. Fumeur d'herbe au quotidien depuis bien 15 ans (1g/j), et usager régulier de cocaïne et MDMA, le confinement s'est traduit chez moi par une augmentation de ma conso habituelle et surtout, une explosion de ma conso d'alcool...

Je me passerai volontiers de mes conduites addictives qui me coûtent une blinde en plus de reduire mon espérance de vie et de foutre des weekends en l'air. Je précise qu'à part la cigarette (et peut etre maintenant lalcool) je ne pense pas avoir d'addiction stricto sensu mais un gros problème de consommation de plus en plus compulsive (tant que j'en ai, je tappe... tout seul? En semaine? Sans raison? Pas de problème!) . Jai essayé d'arrêter de nombreuses fois par différentes méthodes, et je pense être sincère et de bonne volonté mais malgré tout jai l'impression que cela va en s'empirant d'année en année.

J'ai déjà mis en oeuvre des paquets de trucs pour gérer mon anxiété et pourtant plus ça va, pire c'est. Alors certes, je taff, je sors, jai pleins d'amis et ma vie ne ressemble en rien a trainspotting mais en vrai j'aimerai tellement apprendre a me gérer...

Auriez vous des conseils ou retours d'expérience ?

Merci
Désolé pour les fautes d'orthographes.

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Kirigol
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Re: Les addictions

Message par Kirigol »

Salut,
T'as essayé le CBD ?
Herbe ou résine ou autre mais sans le composant psychoactif THC. C'est légal (notion peu anodine).
Ensuite l'addiction dans mon expérience est une sorte de cheminement comme l'immersion en pays étanger permet l'acquisition plus rapide d'une langue et des codes. Puis pourrait advenir le détachement sous quelque forme dont il puisse se manifester...
Quand on est mort, c'est pour la vie.
Avant c'était pire mais c'était mieux.
La sensation est proportionnelle au logarithme de la grandeur excitatrice (Fechner)

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Pataboul
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Re: Les addictions

Message par Pataboul »

"tant que j'en ai, je tape..."
Eviter d'en avoir, t'as déjà essayé?

"Alors certes, je taff, je sors, j'ai pleins d'amis[...]"
Ca suffit pour taper de temps en temps, sans trop tomber dedans, sans en ramener à la maison. J'ai toujours vu la conso solitaire comme une limite que je n'aurais pas du dépasser.
Après, si tu sors souvent et qu'il y a de la drogue (légale ou pas) à chaque fois, et que c'est trop tentant pour toi, ou trop chiant à vivre à jeun, il vaut mieux privilégier et développer les cercles d'amis qui ne consomment pas.

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Le Styx
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Re: Les addictions

Message par Le Styx »

Kirigol a écrit : mer. 29 juil. 2020 19:51 Salut,
T'as essayé le CBD ?
Oui mais pas outre mesure, je peux creuser voir si ça apporte un soulagement. Je vais essayer ça.

Pataboul a écrit : jeu. 30 juil. 2020 16:04 "tant que j'en ai, je tape..."
Eviter d'en avoir, t'as déjà essayé?
J'essai depuis des années.

Pataboul a écrit : jeu. 30 juil. 2020 16:04 "Alors certes, je taff, je sors, j'ai pleins d'amis[...]"
Ca suffit pour taper de temps en temps, sans trop tomber dedans, sans en ramener à la maison. J'ai toujours vu la conso solitaire comme une limite que je n'aurais pas du dépasser.
Après, si tu sors souvent et qu'il y a de la drogue (légale ou pas) à chaque fois, et que c'est trop tentant pour toi, ou trop chiant à vivre à jeun, il vaut mieux privilégier et développer les cercles d'amis qui ne consomment pas.
C'est pas tellement le souci, j'ai des potes qui consomment d'autres pas... Mais je n'associe pas les soirées ou même la fête à la came. Je ne cours pas après en soirée, et je ne tire jamais la gueule parce qu'il n'y pas de quoi se repoudrer le nez par exemple. En réalité, je suis plutôt l'engraineur que l'engrainé et mes fréquentations ne me tirent pas vers le bas. Ma conso d'alcool qui part en couille par contre se ressent aussi dans ce contexte ou je ne sais pas me dire stop.

Mais le problème est ma conso solitaire, solidement ancrée depuis l'adolescence et devenue problématique pendant une période de merde il y'a 6 ans. Depuis beaucoup de difficultés à lever le pied... Et les sales habitudes prises avec la weed à cette époque se répandent à d'autres prods plus casses gueules. Je pense que la question de la conscientisation du geste évoquée plus haut est clairement un truc à creuser pour moi, que ma psy m'a largement rabâchée sans que j'arrive vraiment à le mettre en oeuvre.
Désolé pour les fautes d'orthographes.

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