Les comportements ordaliques

La partie consacrée à la Santé dans sa globalité. Principalement la psychologie, psychologie sociale, la psychiatrie, les troubles de l'humeur, de la personnalité, les handicaps, l'autisme...
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soazic
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Re: Les comportements ordaliques

Message par soazic »

Pas directement mais au contact des autres, les scarifications permettant d'après eux effectivement de mettre en off, la douleur physique se substituant à a douleur mentale. Processus qui existe aussi dans les tcas. Dans mes souvenirs, elles me permettaient aussi d'appuyer sur ce fameux bouton par effet de substitution, pas que, mais cela y participait, s'anesthésier.
Le côté pare-excitation fait echo au écrits de D Anzieu qui sont intéressants notamment "Le Moi-Peau" (il y a de trucs super en psychanalyse, si si), les enveloppes qui font défaut ou sont fragiles.

Marquise de Cerfeuil
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Re: Les comportements ordaliques

Message par Marquise de Cerfeuil »

Les scarifications, je m'en faisais ado. Je me sentais tellement morte de l'intérieur, j'étais tellement bloquée émotionnellement que cela remplissait certainement un rôle de purge émotionnelle. Quand on n'arrive pas à pleurer, on fait sortir ses émotions d'une autre manière, ou tout du moins on essaie.
J'ai pas fait ça longtemps. Adulte, j'ai expérimenté la même chose avec les tatouage. Je m'étais débloquée émotionnellement, mais j'ai trouvé dans la douleur le moyen de me purger aussi car cela me permettait de prendre de la distance vis à vis de tout ce qui me faisait souffrir. J'aimais pas souffrir, mais j'avais besoin de souffrir plus pour relativiser. Et puis y'a eu un jour où je souffrais plus que d'habitude à cause d'une histoire sentimentale dans laquelle je m'étais sentie humiliée, je me suis retrouvée en train de me faire tatouer et à me demander "pourquoi tu t'infliges ça ?". J'ai plus jamais ressenti ce besoin de souffrir, et j'ai arrêté les tatouages. Avec le recul, j'analyse le besoin que j'ai eu de souffrir comme un mécanisme de défense qui m'a permis de me protéger de mon hypersensibilité et des blocages qu'elle a pu générer.

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Oniriquiqui
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Re: Les comportements ordaliques

Message par Oniriquiqui »

Choupinne a écrit : ven. 23 mars 2018 13:27

J'ai été bluffé par un texte qu'une amie m'a envoyé, qui venait d'un article de psychanalyse (oui je sais bouuuh blabla) :
► Afficher le texte
l’hallucination négative, la « défonce » qui permet de tout oublier.
C'est ce que je me représente tout à fait dans mes rechute alcoolique, forcément, boire pour oublier, mais aussi dans les douches brûlantes. On est tellement concentré sur la douleur qu'on ne pense plus au reste. C'est mon fameux "bouton off" ;)
héroïsme de survie
La dedans j'entends un peu la force mentale qu'il faut pour se contrôler suffisamment pour ne pas se laisser avoir par le réflexe naturel de fuite face à la douleur. Quand l'eau est trop brûlante, j'ai qu'une seule envie, stopper tout, sortir etc... Y rester et monter la température, c'est regagner le contrôle conscient de mon corps par mon esprit : JE décide si je reste dans une situation douloureuse ou pas, pas mes réflexes ou mes mécanismes naturels.
a recours à des comportements autocalmants
Evidemment, l'alcool encore, c'est la détente, l'oubli la tranquillité. Je sais que je me tue, mais de manière détendue. La aussi la douche chaude fait son effet. Ce bouton off, c'est une manière de ne penser à rien de rester concentré sur soi, sur son corps, sur ses sensations. Je l'ai souvent vu comme une manière de méditer tout simplement (foutues recherches google, rajouter méditation avec douleur ne donne que des résultats pour utiliser la méditation CONTRE la douleur et non pas PAR...

Depuis longtemps je me suis considéré comme masochiste non-sexuel, puisque ces comportements remontent à mon enfance (quand j'avais au moins 10 ans). Sauf que je ne trouve pas vraiment cette notion sur le net, c'est pas évident... Après, étant sous AD, j'ai une libido à 0 alors qui sait ? :þ

Quoi qu'il en soit, ma psy m'a conseillé d'essayer de trouver des activités qui me permettent d'investir cette pulsion masochiste dans quelque chose de plus constructif, plus encadré, comme l'escalade, ou l'apnée. J'explore encore l'idée.

Tout ça pour en arriver au fait que je me retrouve assez mal dans pas mal de choses que je retrouve dans ce topic (tabagisme par exemple) (qui se rapproche le plus de ce que je recherche, et puis, "ordalie", quel joli mot :-) ), pourtant, il y a clairement quelque chose de pas net la dedans. J'ai pas envie de m'en débarrasser, ça fait partie de moi, mais de comprendre. Et pour ca je cherche des témoignages qui irait dans le même sens ? Quelque chose de très proche, ce sont les scarifications par exemple, je suis certains que beaucoup ont été concerné.e.s à un moment mais pourquoi ? comment ? de quelle manière ?
Je ne peux que confirmer les apports psychanalytiques dans ce sujet. Ca ne plaira pas à tout le monde, je le sais. La psychanalyse "hérite" parfois des situations qui ont mis en échec d'autres approches - qui sont intéressantes en 1ère intention - parce qu'elle permet de restituer une place subjective en-dehors de tous ces "signes", "syndromes", "troubles", bref des outils psychiatriques qui finissent par phagocyter la question de l'identité (loin de moi l'idée de faire des clivages, car ces approches ont le mérite de vouloir unifier, poser une grammaire commune, et que j'apprécie de côtoyer des psychiatres avec une approche intégrative). J'ai été amenée à travailler sur la question du masochisme moral dans certaines problématiques complexes (TCA) pour essayer de m'ajuster au mieux au public accueilli, où la nature de mon travail impliquait une solide capacité à tolérer l'impuissance. On peut se référer à Anzieu, Rosenberg, Green, les Kestemberg... j'en passe!
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Osia
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Re: Les comportements ordaliques

Message par Osia »

Hors-sujet
Merci Choupinne d’avoir fait remonter ce post.

Par manque d’études disponibles, je ne trouve pas de lectures au sujet d'un point particulier: je m’interroge sur l’utilité du masochisme lors de son apparition dans l’histoire de notre espèce (en anthropologie, il est dit qu’une attitude inutile disparait.).
Je ne parle pas des hypothèses freudiennes, des émotions ressenties et des mécanismes activés au niveau cérébral du pratiquant. Je comprends le plaisir associé à la libération d'endorphines dans l'organisme et j'admets qu'il est possible pour quelqu'un d'aimer souffrir.
Choupinne dit rechercher à résister à la douleur qu’il s’inflige.
Dans quelle mesure le masochisme peut-il être né d'un besoin de développement de la résistance d'un individu face à un ennemi ? Est-ce un moyen qu'a eu l'humain de se conditionner à supporter plus de douleur que celle qu'il est possible à un ennemi de la même espèce de supporter en produire sur un autre humain ?
Le lien entre ordalie et masochisme, dans le sens où on chercherait à aller à l’encontre de nos pulsions de vie est, pour moi, difficile à faire: le masochisme comme forme de “méditation avec/par la douleur ressentie” pourrait avoir un objectif conservatif ?
Le fait d'être capable de trouver plaisir à ressentir une souffrance me parait une attitude qui n'existe pas parmi les autres espèces animales.
Est-ce que vous avez des exemples d’études à propos d’animaux (non-humains) faisant preuve de masochisme ?
«La vie, reprit-il, serait considérablement moins bizarre sans toi !»
(Douglas Adams, H2G2 V)

Choupinne
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Re: Les comportements ordaliques

Message par Choupinne »

Hors-sujet
https://www.psychologytoday.com/us/blog ... -sexuality

Je poste ça rapidos avant de partir du boulot, pas eu le temps de tout lire, mais c'est très interessant :)
"Il me fallait une bonne citation à mettre en signature, mais j'ai rien trouvé de sympa..."
- Choupinne

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Re: Les comportements ordaliques

Message par Adena »

Merci pour ce détérrage et pour ton écrit intéressant Choupinne ! Suite à ton appel à témoignage, je te répond dans le divan, juste ici : https://www.adulte-surdoue.fr/viewtopic ... 82#p272682 parce que cette problématique est un peu trop personnelle pour moi :)
S'il y a autant de neurones dans un cerveau que d'étoiles dans la galaxie, on a pas fini d'avoir des idées brillantes !

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Re: Les comportements ordaliques

Message par BarbieTuriq »

Concept intéressant ! Mais le mot m'évoque une sorte d'érotisme exotique (odalisque + orgie ??) qui contraste curieusement avec sa signification.

Je peux faire une petite digression sur les scarifications ? Qui ne relèvent pas forcément d'un comportement ordalique.
Allez, j'y vais !
Hors-sujet
J'ai déjà pratiqué la scarification plusieurs fois, pour "libérer une douleur émotionnelle" comme dit la Marquise de Cerfeuil - en la faisant gicler comme on éclate un furoncle (glamour bonjouuur). M'fait penser que j'adore éclater mes boutons d'acné (serai bien démunie si un jour j'ai une belle peau) - pas vous ?
De plus, donner une réalité physique à mon ressenti me permettait de m'en distancer. Ma douleur n'est pas en moi, elle n'est pas moi, elle est "sur" moi,c'est un objet dont je peux me débarrasser... puisque je peux la provoquer. Ceci rejoint un autre avantage cité par Choupinne, celui de la maîtrise (mais je dirais plutôt qu'il s'agit de "regagner le contrôle de ses émotions par son esprit au moyen du corps", plus que "regagner le contrôle de son corps par son esprit").
Enfin, l'autre avantage de la scarification c'est qu'elle court-circuite la douleur émotionnelle. De même que l'on se frotte après un coup pour ne plus ressentir la douleur (théorie du gate control). Une petite douleur physique pour anesthésier un gros bobo émotionnel : je suis tout le contraire d'une masochiste !

A vous les studios
"J'ai une théorie là-dessus."
moi

Arnaud
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Re: Les comportements ordaliques

Message par Arnaud »

Hors-sujet
Par où commencer,
Ce type de comportement représente la moitié de mon existence et me poursuit encore.
Empli d'une colère liée à une adolescence ardue et une entrée dans la vie d'adulte catastrophique, j'ai décidé que quitte a vivre une vie dénuée de sens, autant le faire de manière hédoniste.
La quête de sensations et d'émotions est devenue ma seule ambition.
Mordu de montagne dès ma plus tendre enfance, c'est naturellement vers elle que je me suis tourné.
La prise de risque, chez moi, c'est toujours accompagnée d'une extrême lucidité, je ne cherchais pas la mort, mais l'acceptais.
Je vivais dans la peur pour accéder à une vie exaltante.
Ayant conscience du côté égoïste de ma démarche, je refusais toute forme d'attachement, afin de vivre pleinement et sans culpabilité.
Ce mode de vie coûte chère, pas de plan de carrière, pas de vie de couple et nombreuses blessures.
Par contre, ce fut un bac+10 sur la compréhension de soi et de mes limites mental et physique.
J'ai aussi très bien intégré la notion d'humilité.
En termes d'émotions et de sensations c'était gigantesque, sentir l'adrénaline monter, augmenter ses facultés et exploser en decharge de dopamine, cela m'a d'abord apaisé, puis m'a construit et permis de devenir ce que je suis.
J'ai bien sur agrémenté cela d'une vie sentimentale dissolu, d'excès en tout genre, d'une activité nocturne intense, d'une conduite sportive.....
En gros, j'ai énormément de chance de pouvoir écrire ce message.
L'apaisement et la sagesse aidant, j'ai décidé d'une nouvelle orientation, fondé une famille.
Je suis devenu artisan, arrêté tout sport extrême, limité mes excès, trouvé la maman de mon fils et fait une dépression d'épuisement.
J'ai mal géré la transition....
Grâce à ces années, j'ai pu trouver les ressources pour tirer bénéfice de cette épreuve.
Toujours artisan, l'activité marche bien, on a sauvé notre couple et la santé mentale va beaucoup mieux.
Pour conclure, je dirais que je ne souhaite pas ce parcours à mon fils, mais qu'il fut celui qu'il me fallait.
Merci de votre attention.
Ps : si vous avez des questions, n'hésitez pas.
Le témoignage personnel est un versant, mais merci de contribuer aussi au côté général du topic.
La jardinerie :tourne:
Nos cicatrices, sont les stigmates d'une vie bien remplie.

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