Le faux-self

La partie consacrée à la Santé dans sa globalité. Principalement la psychologie, psychologie sociale, la psychiatrie, les troubles de l'humeur, de la personnalité, les handicaps, l'autisme...
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Doodle
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Re: Le faux-self

Message par Doodle »

Ton message m'a énormément inspiré ciboulette.

Je me rends compte que j'ai un vrai problème avec les masques. Je crois que j'ai une énorme difficulté éthique et peut être de comédie aussi à enfiler un masque. Du coup lorsque je dois le faire (c'est à dire très souvent comme tout le monde) soit je ne le fais pas (et ça se passe moyennement bien) soit je fais un énorme travail d'auto persuasion pour croire que le masque est vrai, que le masque n'est pas masque, que je suis vraiment celui que je crois qu'on attend de moi, jusqu'à faire naitre en moi les émotions, sentiments et raisonnements à feindre. Je viens de m'en rendre compte notamment en me souvenant d'une fois (entre autres) ou j'avais eu beaucoup de mal à retirer le masque ensuite (un masque on ne plus bidon pourtant), à me regarder dans la glace en essayant de me convaincre que je n'étais pas ce rôle pourtant 100% factice (c'en était risible).

Sortir et rentrer dans les masques semble n'être pour moi ni anodin ni facile. J'y reviendrais je pense.
Echauffement : 2 3 5 7, 1 3 7 9,... pouf, pouf... 3 9 ,1 7, 1 3 7, 3 9, 1 7, 1 3 9, 3 9, 7. Et ça rime !

ciboulette
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Re: Le faux-self

Message par ciboulette »

Doodle, merci, moi qui n'osais même pas envoyer (je me sens toujous si bête au milieu des intelligents-un autre débat).

D'après ce que tu me dis, j'ai l'impression que c'est finalement plus une sorte d'instinct de survie qui te fais perdre le contact avec le vrai moi. C'est se faire violence que de porter ce masque et d'en avoir pleinement conscience, c'est douloureux de poser des actes qui ne sont pas soi! quelle facilité, quel confort, si le masque fond sur le visage ! Car sinon, comment survivre sans étouffer, en le sentant sur soi en permanence? donc, j'en reviens à l'idée d'instinct de survie.

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Zyghna
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Re: Le faux-self

Message par Zyghna »

Quand on porte un masque, dans le concept du faux-self, on présente à l'autre une image que l'on pense qu'il souhaite voir, et on s'enferme dedans. Et d'ailleurs on enferme en même temps l'autre dans une image figée, on le simplifie à l'extrême.
Dans le vrai-self, on s'adapte à l'autre en permanence. On peut voir ça un peu comme changer de style vestimentaire d'un jour sur l'autre en fonction de nos humeurs, de nos activités, etc. On ne se restreint pas à un seul style, mais on reste authentique.
Et quand on porte un masque, il ne faut pas se leurrer, on "est" ce masque. Cela ne correspond pas à ce que l'on voudrait être mais ce n'est pas quelqu'un d'autre qui agit à notre place. Je crois qu'il faut déjà accepter cet état de fait, arrêter de s'idéaliser en permanence. S'ouvrir surtout à l'autre, dans sa complexité.
C'est difficile lorsqu'on porte un masque de défense, mais au final, le monde ne s'écroule absolument pas autour de nous quand on laisse tomber le masque, quand on en change, quand on le remet.
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ciboulette
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Re: Le faux-self

Message par ciboulette »

bonjour Zygnha,

j'ai réfléchi un long moment à ce que tu as écrit.

Je te suis là-dessus, bien sûr qu'on "est" ce masque dans le sens où nous sommes une unique personne, ce n'est pas le voisin qui s'exprime ou agit à ma place, mais bien moi, même si je ne suis pas en accord avec ma propre façon d'agir. Ce n'est pas comme s'il y avait un Dr Jeckyl et un Mr Hyde, et que toute la responsabilité du faux moi incombait à Mr Jeckyl, me dédouanant ainsi de positions que je prends quand je suis sous le masque. Au contraire, puisque que j'ai tellement conscience en ouvrant la bouche et en disant quelque chose auquel je ne crois pas un mot, que ça me fait même physiquement mal. C'est tout l'inverse de m'idéaliser, je me dégoûte quand je fais ça. Donc oui, si je t'ai bien compris, je te suis là-dessus et j'acquiesce. Je ne trouve pas non plus acceptable de perdre la responsabilité de mes actes et propos sous prétexte que je suis sous le masque et que ce n'est pas le vrai moi (qui lui est idéal). (je mets je- ainsi je ne généralise pas, je te dis comment moi je le sens). Et c'est justement pour ça que je trouve la cohabitation entre le vrai et le faux-moi (ou masque) si douloureuse...

Par contre je ne comprends pas bien "s'ouvrir surtout à l'autre, dans sa complexité"? C'est pour ça que tu expliques que le monde ne s'écroule pas si on laisse tomber le masque? que l'autre peut "entendre" le vrai moi et qu'il est donc plus complexe et moins basique que ce qu'on croit?

J'aime les exemples concrets pour bien comprendre. je précise que ce qui suit n'est pas mon histoire.

Quand je dis "masque", c'est par exemple un mec qui travaille dans une boîte qu'il déteste car elle va à l'encontre de ses valeurs (mais ça il ne savait pas quand il a commencé à y bosser), mais qui y reste (pour 25.000 raisons comme aucune autre offre ailleurs). Les autres employés trouvent la boîte formidable, ils ne voient pas ou même participent ou perpétuent tous les dysfonctionnements qui lui crèvent les yeux à lui. il a bien essayé, en tatonnant, de soulever certains points avec l'un ou l'autre, mais s'est vu notifier une fin de non-recevoir.

Le mec, tant qu'il n'a pas trouvé ailleurs, il va porter un masque et taire ce qu'il pense intrinsèquement de l'entreprise (opérations illicites, investissements dans pays douteux, harcèlement, ..). Mais sous le masque ça le ronge... ça le mine... à l'intérieur et ça le dégoûte de ne pas oser se tirer de cette boîte qui va à l'encontre de ses valeurs.

c'est ainsi que je conçois ce faux-self ou masque, dans sa forme douloureuse. Là, je ne comprends pas bien "s'ouvrir surtout à l'autre, dans sa complexité". J'aurais besoin que tu m'éclaires pour que je puisse continuer à y réfléchir, merci !

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ahimsa13
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Re: Le faux-self

Message par ahimsa13 »

Bonjour,

je suis juste passée faire un eternuement de pensée :)

Oui au bout d'un certain temps on s'aperçoit que porter un masque ou pas, cela ne change rien au monde, aux gens...le masque n'est jamais eternel, si on use de ce truchement ( :) ) pour interagir avec les autres, il faut s'en cesse le renouveler ( dixit zyghna dont je partage cette idée) et cela demande tellement d'energie, qu'avec le temps je pense qu'il faut faire un choix....

Personnellement j'ai choisi de ne plus en porter !! consequence : je me suis exclue de la société et des gens... arff

Mais au moins je suis moi quelque part :D1 , chez moi et seule !! :D1 :cheers:

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Zyghna
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Re: Le faux-self

Message par Zyghna »

On rentre dans un problème plus large, celui contre lequel Mademoiselle Rita a envie de se battre, celui qui nous laisse penser que nous ne pouvons pas être auteur.
Pour reprendre ton exemple concret, simplifier l'autre, c'est penser que ces employés ne voient rien de ce qui déconne dans la boîte, c'est ne pas envisager qu'ils puissent avoir le même faux-self qui empêche la personne "consciente" de démissionner, de porter plainte, d'agir. Que les personnes ont peur de se faire exclure, de perdre leur travail, de sortir de ce rôle qu'on leur a donné à jouer. Dis-toi que dans 99% des cas, ce qui vaut pour toi peut valoir pour l'autre.
On se pense toujours différent, toujours "mieux" dans le sens où l'on estime avoir des idéaux là où les autres n'agissent qu'en mouton. Bon ok, on n'arrive pas forcément à oeuvrer en adéquation avec ces idéaux, mais au moins, nous on y pense... et ça détruit de ne faire qu'y penser, de constater qu'entre les idéaux et la réalité, ça ne colle pas.

Les autres ne sont peut-être pas surdoués, peut-être pas forcément conscients de tout cela, mais s'ils démissionnent, font des dépressions, consomment en espérant se remplir intérieurement, ils ne diffèrent pas de toi, de moi. Il ne suffit pas de dire les choses ou de les penser, la seule chose qui compte, c'est agir.
Mais on ne voit souvent que son petit nombril qu'on n'arrive même pas à comprendre, on ne voit que sa propre souffrance, on l'auto-génère, et surtout on contribue à la souffrance collective, chacun enfermé dans sa propre bulle, attendant que l'autre bouge pour bouger.

Un exemple concret: prend un groupe de 4-5 personnes et regarde ce qui se passe quand l'une des personnes expose un problème. Chacun y va de son "moi" sans s'intéresser à ce que dit l'autre, prêt à couper la parole ou rebondir illico sur un "moi aussi je...", ou en divaguant intérieurement sur son cas personnel.
C'est un peu hors sujet, mais c'est tout le nœud du problème.

Bien sur c'est difficile de sortir de ce schéma de fonctionnement, bien sur qu'on a peur, mais ça vaut le coup. Observer l'autre, s'adapter à l'autre, utiliser le masque adéquate, c'est le respecter en tant qu'humain, en tant qu'être évolutif et non défini. C'est pouvoir faire du collectif constructif.

Après, il faut savoir commencer par de petits combats personnels et remettre l'humain au coeur des valeurs: pour l'exemple de l'entreprise, l'employé ne peut sans doute pas s'opposer à certaines opérations, mais il peut aller voir la ou les personnes harcelées et les soutenir, ne serait-ce que lui dire "j'ai conscience de ce harcèlement, j'ai peur d'agir, mais je veux que tu saches que tu n'es pas seul et que personne n'a à subir ça, quelque soit les raisons". Dès fois juste un sourire peut suffire, il y a des milliers de petites choses qui peuvent suffire dès qu'on oublie son nombril.

La seule façon de sortir du faux-self, c'est s'ouvrir à l'autre, et c'est l'autre qui nous permettra alors de créer le vrai self: l'autre nous renvoie ce que nous sommes en agissant, l'autre est le seul à pouvoir nous construire, et nous sommes le seul à pouvoir construire l'autre. La démarche égotique est un piège.
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ciboulette
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Re: Le faux-self

Message par ciboulette »

Merci Zyghna, là je pense avoir vraiment compris. Cette fois c'est tout à fait clair. Je dois t'avouer que je n'y avais pas encore songé sous cet angle (ni sous beaucoup d'autres, d'ailleurs, je suis "en phase découverte"). Mais il est vrai que du coup, ça ouvre de bien belles perspectives.

ciboulette
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Re: Le faux-self

Message par ciboulette »

encore moi...
comme cette perspective est nouvelle, j'ai vraiment pris le temps d'y réfléchir et je dois encore très certainement assimiler un tas de choses.Mais j'en ai bien envie, envie d'aller vers le positif.

cependant, il y a un écueil dans ma réflexion. j'ai l'impression que nombreux sont ceux , petit-à-petit, qui ont construit un faux self justement parce que, lorsqu'ils étaient vrais, sincères et honnêtes, confiants en l'autre et ouverts, prêts à se montrer tels quels et prêts à recevoir l'autre tel quel,ont été confrontés à l'inverse de ce qu'ils donnaient.

Déceptions, désillusions, portes qui claquent, incompréhension, isolement, fin de non recevoir, moqueries, incompréhensions, ... sont aussi le prix à payer lorsqu'on on est vrai (même sans être agressif).
Je ne sais plus qui, sur ce post, exprimait qu'il ou elle était vrai mais justement n'avait pas peur des réactions hostiles (j'ai lu le post il y a plusieurs jours, j'ai p-ê mal retenu ou résumé à l'extrème).
Alors refaire le chemin en sens inverse, redevenir soi, s'ouvrir à l'autre et avoir confiance , d'accord... mais combien de désillusions avant de reconstruire non plus un masque mais une armure? voilà l'écueil, une des craintes majeures de mon point de vue.

( du coup je gamberge aussi sur le prolongement de l'exemple : qu'est-ce qui est pire : ne pas se rendre compte des dysfonctionnements et perpétuer le système? S'en rendre compte et le perpétuer quand même par pur profit ou s'en rendre compte et le perpétuer par crainte cad savoir et ne pas agir? mais là , on n'est plus dans le fil conducteur du post).

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Re: Le faux-self

Message par Zyghna »

Tous les aspects négatifs que tu mentionnes "déceptions, désillusions, portes qui claquent, etc..." tiennent uniquement aux projections que l'on fait vers l'autre, aux attentes de retour que l'on peut avoir. Si tu abordes les gens sans attente, tu ne seras jamais déçue, si tu vas vers eux en gardant à l'esprit qu'ils ont peur de s'ouvrir, d'être blessé, tu comprendras leurs réactions de rejet, et tu n'en prendras pas ombrage personnellement. Parce que ces réactions ne sont pas des attaques volontaires, ce sont des réactions de défense, de protection.
Au final, nous sommes les seuls à nous infliger des blessures et c'est pour ça que l'armure ne sert à rien, elle protège contre l'extérieur pas contre l'intérieur. Regarde les peurs de l'autre, comprend-les, accepte-les, et les tiennent se volatiliseront. Au final, tout ça n'est que de l'imaginaire, notre façon d'appréhender le monde, rien n'existe réellement, donc il n'y a rien à détruire.
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ciboulette
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Re: Le faux-self

Message par ciboulette »

Zyghna, je crains de mettre ta patience d'ange à bout... Je vois où tu veux aller, je tiens le fil d'Ariane, j'ai envie, j'ai envie... réellement. C'est pour ça que je ne lâche pas le morceau et pas du tout pour t'ennuyer ou te chercher des poux.

J'aime particulièrement quand tu dis "nous sommes seuls à nous infliger des blessures et c'est pour ça que l'armure ne sert à rien, elle protège contre l'extérieur pas contre l'intérieur" . J'ai envie de retenir cette idée pour ne pas perdre le fil vers le positif.

mais, il y a toujours quelque chose qui freine (bien que je pense que l'explication se trouve dans" si tu vas vers eux en gardant à l'esprit qu'ils ont peur de s'ouvrir, d'être blessé, tu comprendras leurs réactions de rejet, et tu n'en prendras pas ombrage personnellement. Parce ces réactions ne sont pas des attaques volontaires, ce sont des réactions de défense, de protection..." je te cite à nouveau ). En effet :

Si tu n'as plus d'attente de retour, si tu agis sans projections, n'est-ce pas un peu comme si tu ne fondais plus d'espoir en rien ni personne, comme si, de toute façon, tu étais seul en fin de compte? Voilà qui réveille en moi comme une crise existentielle, ou une dure lucidité.
Cette prise de distance ou ce recul, rien n'existe réellement, ... ne prend-on pas le risque de se couper encore plus du monde? Je me dis souvent, comme dans un couple, si tu n'attends plus rien de l'autre, si tu ne fondes plus d'espoir sur l'autre, alors que reste-il?

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Re: Le faux-self

Message par domisud »

Petite suggestion en passant...

Je propose de rebaptiser le "faux-self" en "moi social" puisque l'adjectif "faux" ne me semble pas approprié. Le "moi social" correspond plus à la réalité, à savoir, une construction faite pour se comporter vis-à-vis des autres. Elle n'est pas forcément fausse, elle n'est pas forcément négative. Elle est une adaptation à un environnement social.

(désolé si ce que je dis est une bêtise :oops: )
Le non-verbal par clavier, c'est pour bientôt ?

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Re: Le faux-self

Message par Maitresse Rita »

Dans la mesure où c'est un concept de psychologie qui permet de trouver les auteurs précis qui traitent du sujet, je trouve dommage de changer de terminologie. :-)
"Donc l’idée est que l’existence, ce n’est pas vrai ou faux, ce n’est pas le fait d’être dans le réel ; l’existence, c’est une histoire qu’on se raconte vraiment, on y croit comme l’enfant qui joue au docteur ou à la maîtresse"(M. Vial)

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Re: Le faux-self

Message par Zyghna »

Cela ne m'embête pas du tout de réexpliquer toujours et encore ce principe Ciboulette, au contraire.
A ta question "que reste-t-il?", je te dirai qu'il reste la vie, le plaisir simple d'être ensemble, le plaisir simple de vivre, de sourire, de s'émerveiller, d'offrir à l'autre sa place.
Quand tu n'attends rien de l'autre, tu es totalement ouvert à ce qu'il peut dire ou faire, tu l'écoutes sans imposer tes propres filtres, tu ne le juges pas. Cela n'implique pas d'être en parfait accord avec l'autre, mais cela implique d'accepter qu'il puisse appréhender le monde d'une manière qui lui est propre, et que cela ne signifie pas qu'on doive y adhérer.

Et je n'ai pas parlé de ne plus avoir d'espoir. Je garde un espoir fou, j'espère que les autres pourront s'épanouir, devenir auteur de leur vie (merci Mademoiselle Rita pour ce terme, je ne le lâche plus ^^), j'espère que certaines des graines que je plante se développeront, mais si ce n'est pas le cas, ce n'est pas un problème. Dans le faux-self, c'est le résultat qui compte, c'est d'être conforme à l'image qui nous est imposée. Quand on devient auteur de sa vie, c'est la justesse de l'acte en adéquation avec l'intention qui compte. Qu'il y ait un résultat n'a alors plus d'importance puisque ce n'est pas ce qui motive l'action. On peut être content quand ça marche, triste quand ça ne fonctionne pas, mais on continuera d'agir.

Quant au fait d'être seul: nous sommes seul, profondément seul, cela ne sert à rien de se leurrer. Une fois qu'on l'a admis et accepté, tout est plus simple. L'autre n'est pas moi, je ne suis pas l'autre. Mais étrangement, nous n'existons que dans notre rapport à l'autre, nous sommes un animal social. Alors autant donner à l'autre sa place, et arrêter de vouloir penser et vivre à sa place.
De ce fait, tout comme Mademoiselle Rita, je ne vois pas l'intérêt de renommer le faux-self, vu que de toute manière, le moi ne peut être que social.
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Re: Le faux-self

Message par TourneLune »

Et puis faux self, ça va très bien, on croit que c'est vraiment soi alors que ça ne l'est pas.
Dans "moi social", ça peut être simplement l'apparence qu'on se donne sans pour autant qu'on y croit, il manque une notion je trouve...

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Re: Le faux-self

Message par sanders »

Merci Zyghna, je vais encadrer ça :
► Afficher le texte
Pour autant, il me semble que l'autre en nous renvoyant une idée de cette justesse ou de l'écart entre nos actes et leurs " résultats " peut nous faire changer ou nous donner des indices du bien fondé (ou au contraire des errances)de nos actions non ?

Parce que le "c'est pour son (ou mon) bien " ou " je pense que c'est juste donc quid de l'autre et de ses réactions" sont toujours à débusquer.
Cette idée de justesse (que je préfère à celle de justice) demande un travail sans cesse renouvelé d'acceptation de ses erreurs et de réajustement en cherchant à coller à ce qui nous anime sans pour autant faire l'économie de ce qui anime l'autre (mais ça tu l'as bien exprimé dans un post précédent Zyghna).

C'est bien l'autre qui nous renvoie ce message sur la justesse de nos actes non ?
Je veux dire, même si le résultat n'est pas (plus) ce qui motive il n'en devient pas pour autant inutile dans la mesure où il peut nous donner une idée des conséquences de nos actes.
Le premier jour du reste de ma vie : Un jour, J'ai pu observer que la poutre que je voyais dans l'oeil de mon voisin, je l'avais fait devenir paille dans le mien. Alors même que nous buttions sur les mêmes (em)bûches. Depuis, plus rien n'est pareil..

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Re: Le faux-self

Message par Zyghna »

Tout à fait Miss Sanders! Je suis en train de me taper un gros pavé "Plaidoyer pour l'altruisme", et je prends des notes pour en faire une synthèse après (parce que c'est quand même un peu hors sujet ici ^^).
Il ne faut jamais se penser à l'abri: ce n'est pas parce qu'on est altruiste qu'on ne peut pas être égoïste, ce n'est pas parce qu'on est auteur que le faux-self a disparu: tout dépend des situations et des individus, c'est une adaptation constante à l'autre, à soi. Un long travail qui ne doit avoir de cesse, puisque même le sage ne doit pas s'enfermer dans cette vision que les autres peuvent avoir de lui, ou qu'il peut avoir sur le monde.


(NB: la prochaine fois, faire de plus jolies phrases pour que Sanders s'en fasse des posters...)
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Re: Le faux-self

Message par ciboulette »

Merci Zyghna! Les pièces du puzzle commencent à se mettre en place. Ce que tu exprimes me rappelle beaucoup un livre sur le ZaZen que j'avais lu cet été. Il parlait entre autre de ce détachement et de cette ouverture nécessaires. (au passage, je l'avais refermé en me disant "très bien, mais ce moine bouddiste n'a clairement pas d'enfants".)
Sois cependant certain que tes réponses ne sont pas "perdues" et qu'elles cheminent dans ma tête. Je tiens le fil d'Ariane et je ne compte pas le lâcher.
(Tu me mets l'eau à la bouche avec ton Plaidoyer pour l'altruisme !)

Sanders : sur le travail de "justesse", je trouve difficile de "coller à ce qui nous anime sans pour autant faire l'économie de ce qui anime l'autre", si cet autre est aussi en faux-self. Comment savoir ce qui l'anime vraiment? Nous ne sommes l'autre et inversément. C'est déjà très difficile de trouver ce qui nous anime nous-même... alors l'autre? Bien sûr, on peut s'en faire une idée, adapter ses mots et ses actes à son interlocuteur, en prévoyant une réaction si on utilise tel ton plutôt qu'un autre, tel argument plutôt qu'un autre, mais ... on pense à la place de l'autre et on lui prête des réactions qu'il n'aura peut-être pas. On en revient aux attentes? Alors je tourne en rond? Il y a encore un fil que j'ai perdu, help...

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Re: Le faux-self

Message par Coccinelle »

Tout ça est bien intéressant, cette histoire de masque mouvant, mais je crois qu'on s'éloigne du sujet du faux self, j'aime bien la précision, et d'après tout ce que j'ai pu lire il ne faut pas confondre les masques qu'on se met, ou bien qu'on nous met et qu'on accepte et dont on a conscience et le véritable faux self....

Tournesol vient de le souligner, je me permet d'en mettre une couche.
Pour les personnes souffrant véritablement d'un faux self (et pas d'un masque social), d'abord n'en n'ont pas conscience, et puis surtout une fois le faux self découvert (ça prend du temps et c'est loin d'être simple), se rend compte du vide du véritable self qui n'a jamais été nourri, il y a un immense vide intérieur....

Ce faux self se constitue lors de la toute petite enfance avant le stade de la parole; il est lié à un mécanisme de défense et d'attachement maternel pathologique. Donc attention de ne pas appeler un furet un chat bien que chat et furet soit deux carnivores...ils ne sont pas pareils.

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Re: Le faux-self

Message par Zyghna »

Hors-sujet
Rien d'étonnant à ce que mes propos te rappellent le zen, c'est pas comme si je n'en étais pas totalement imprégnée.
Une chose que j'ai oublié de dire: il faut du temps pour lâcher le faux-self, des années de travail sur soi. Et ce n'est pas parce qu'on a pris conscience de la présence du faux-self qu'on va changer d'un seul coup: il y a une grosse différence entre appréhender quelque chose intellectuellement et le vivre réellement. Il existe de nombreux exercices permettant de s'entraîner au jour le jour (d'ici quelques semaines, je devrai pouvoir vous fournir pas mal d'informations là-dessus).0

Donc cela prend du temps, mais c'est possible et ça vaut le coup.
Si ça peut t'aider ciboulette: le moine bouddhiste n'a peut-être pas d'enfants, mais moi j'en ai ^^ Et si j'en suis là aujourd'hui, c'est parce que cela fait des années que je travaille à cela, même si tout s'est accéléré ces deux dernières années. Ce que j'explique est alimenté par quelques lectures, mais c'est surtout mon ressenti intérieur, la façon dont je me positionne par rapport au monde.

Concernant la justesse: c'est en soi qu'on la remarque, quand on est en parfaite résonance intérieure. C'est difficile d'expliquer ce ressenti, mais quand il est là, on n'a aucun doute. Et cela impacte la personne qui est en face de nous: même si elle est engoncée dans un faux-self, elle ressent la justesse qui émane de nous. C'est un monde de possibles qui s'offre à elle, mais c'est à elle de décider ce qu'elle souhaite en faire.

Comme le remarque Coccinelle, on est vraiment HS. Je conseille d'aller faire un tour du côté des topics sur Dabrowski, voire de créer un nouveau topic prochainement sur la notion acteur/auteur (donne un bon coup de coude à Mademoiselle Rita).
"Il est inutile d'être parfait, il faut seulement s'engager et mettre ses actions en cohérence avec ses valeurs" Brené Brown

ciboulette
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Re: Le faux-self

Message par ciboulette »

Ok!

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Maitresse Rita
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Re: Le faux-self

Message par Maitresse Rita »

Zyghna a écrit :donne un bon coup de coude à Mademoiselle Rita
Aïe !!! :angel4:

Je vais essayer de pondre un truc sur le processus d'autorisation, le triptyque agent-acteur-auteur et puis le lien avec être et exister qu'on trouve derrière. Par contre niveau délai, j'peux rien garantir. :P
"Donc l’idée est que l’existence, ce n’est pas vrai ou faux, ce n’est pas le fait d’être dans le réel ; l’existence, c’est une histoire qu’on se raconte vraiment, on y croit comme l’enfant qui joue au docteur ou à la maîtresse"(M. Vial)

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domisud
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Re: Le faux-self

Message par domisud »

J'ai trouvé cette étude sur les HP en entreprise et l'influence du faux self sur leur comportement et leur évolution de carrière. Un peu long mais très instructif.

http://www.cairn.info/article.php?ID_AR ... P_236_0022
Le non-verbal par clavier, c'est pour bientôt ?

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Kayeza
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Re: Le faux-self

Message par Kayeza »

Je viens de redécouvrir ce sujet que je n'avais jamais lu en entier. Mais j'y reviens parce que la question est au cœur de mes préoccupations du moment.

Scène d'exposition : j'ai passé la WAIS il y a deux ans et demi maintenant, je consulte un psychologue (clinicien) depuis un peu plus d'un an (et j'en suis très contente) et j'ai découvert récemment les livres d'Alice Miller. Tout ces éléments continuent à nourrir ma réflexion et à me faire avancer vers moins de souffrance (oui, c'est bien le but - j'ai une vie super dans plein de domaines mais des zones d'ombre persistent que je voudrais éclairer).

Dans le livre d'Alice Miller, j'ai trouvé ce qu'elle entendait par faux self, comme cela a été dit plus haut : la personnalité que l'enfant se construit pour répondre aux besoins plus ou moins inconscients de ses parents (eux-mêmes conditionnés par leur propre histoire, il ne s'agit pas ici de jeter la pierre aux parents, qui n'en peuvent mais). Le problème est que ce 'masque' peut être en totale contradiction (ou même partielle, peu importe) avec les désirs et besoins profonds de l'enfant, d'où notamment un sentiment d'aliénation, d'être coupé de soi-même. Nous ne nous autorisons pas à exprimer nos 'vraies' émotions (puisque le faux self consiste en partie à contrôler l'expression des émotions), ce qui peut conduire entre autres à la dépression, toujours selon Alice Miller. Et nous ressentons un vide intérieur parce que nous n'avons rien pu nous construire qui soit véritablement nôtre.

Au cours d'une récente IRL, la question a tourné 'quel est ton faux self ?', à quoi j'ai répondu 'la petite fille modèle / sage'. Au cours de ma dernière séance avec le psy, nous avons mis en avant le hiatus entre cette petite fille modèle et un autre côté en moi (je ne saurais dire si cet autre côté est mon vrai self, je sens juste qu'il y a hiatus - peut-être que ces deux côtés sont un peu moi, mais à des degrés différents...).
Cela concerne notamment mon rapport à l'école : j'ai toujours été dans les meilleurs élèves, sans avoir l'impression de travailler vraiment (d'où en plus un sentiment d'injustice quand je voyais ceux qui bossaient vraiment mais dont les résultats n'étaient pas à la mesure de leurs efforts - moi j'avais des résultats sans efforts, c'est pô juste...). Le jour où j'ai eu mon bac mention très bien (la seule de ma ville en série L) a été un des jours les plus tristes de ma vie parce que je sentais que cette excellence scolaire ne m'apportait concrètement rien. Je suis issue d'un milieu qui ne valorise pas les grandes études ni les grandes carrières, je n'ai pas vraiment d'ambition, ou peut-être je n'ai pas assez confiance en moi pour rêver d'une grande carrière. Ou peut-être étais-je simplement lucide sur l'inanité des grandes études dans lesquelles on perd son énergie et sa jeunesse pour avoir comme résultat de ne pas être plus heureux que quelqu'un qui a un CAP (mes parents sont artisans tous les deux et ils ont l'air d'en être plutôt heureux - ou plutôt, ils insistent davantage sur les avantages que sur les inconvénients d'une telle 'condition', la liberté d'être son propre patron, par exemple, même si on a d'un autre côté la relative absence de liberté de gagner moins que d'autres à travail égal).

Toujours est-il que j'ai ressenti de la déception : je m'étais conformée bien gentiment à cette image de petite fille modèle et bonne à l'école (alors que je ne me sentais pas bien à l'école et que j'aurais aimé pouvoir tout envoyer bouler... tout en aimant apprendre et faire des efforts intellectuels, histoire de compliquer le tableau) et le résultat que j'en retirais était fade : la possibilité de faire de grandes études, alors que ça ne m'attirait pas. Plus cette culpabilité insidieuse que si je ne faisais pas de grandes études, je gâcherais mon potentiel...

Tout ça n'est donc pas binaire 'bonne élève / fille rebelle', ou 'faux self / vrai self', c'est beaucoup plus nuancé que ça, et c'est ça qui fait que c'est compliqué à démêler.

Toujours est-il que cette friction interne me bloque encore aujourd'hui, par exemple dans mes études. Je suis en master 2 depuis 3 ans, j'ai du mal à finir, entre autres parce que le côté rebelle (et déçu de tout ce qui est scolaire) sabote la bonne élève en lui répétant que tous ces efforts ne servent à rien (et c'est vrai que je n'ai toujours pas d'ambition concrète ni d'objectif avec ces études autre que celui de me faire plaisir en apprenant de nouvelles choses). Donc je n'avance pas, je m'en veux et ce truc prend toute la place et m'empêche de mettre mon énergie ailleurs.

De manière plus générale, je me vois me révolter contre ce faux self tout en ne me sentant pas vraiment plus libre qu'avant. Par exemple je me suis arrangé une vie avec le moins de contraintes possible et je vois maintenant que ce n'est pas forcément la panacée. J'ai toujours détesté me lever tôt, *surtout* pour aller à l'école, et maintenant que je me lève tous les jours ou presque entre 9h et midi (pas taper...), je ne m'en porte pas mieux, je passe à côté de mes journées, je m'en veux (*). Je manque de cadre, d'énergie et je n'arrive pas à faire toutes les choses que j'ai envie de faire.

(*D'après le psy, cette culpabilité est bien le signe que je ne me suis pas affranchie de cette instance parentale / sociale : je ne m'y soumets plus dans mes actes (grasse mat tous les jours et fuck !), mais je ne l'assume pas complètement en pensée.)

Autre exemple : j'ai toujours fui le travail en équipe sous toutes ses formes, parce qu'il m'a toujours mise mal à l'aise, j'ai toujours préféré les métiers où on travaille seul (prof privé et maintenant traductrice). De la même façon, j'ai fui, dès que j'ai pu, tout le carnaval social des fréquentations superficielles. Résultat maintenant : je me sens très seule. Il m'arrive de passer plusieurs jours d'affilée seule chez moi et ça me rend dingue. (Sans oublier que j'ai beaucoup bougé géographiquement, j'ai donc beaucoup d'amis, mais pas là où je vis maintenant.) Je cherchais à être tranquille et à ne pas me sentir obligée, maintenant que je le suis, je vois que ça ne me convient pas.
Ou peut-être est-ce plutôt que je fuyais les gens qui fonctionnaient trop différemment de moi mais comme ils sont en majorité, j'en suis venue à fuir tout le monde alors que je suis en fait très sociable (la douance et les fameux 2% sont un facteur là-dedans mais je ne pense pas qu'il n'y ait que ça. Sinon, je fonde une communauté de surdoués et le problème est réglé...).
À moins que le contact avec les autres ne me soit pénible que parce que je passe mon temps à les juger à l'aune de mon faux self, pour savoir s'ils sont 'mieux' ou 'moins bien' que moi (dans cette compétition pour être la 'meilleure' petite fille modèle). Si je considère tout le monde comme un auteur, libre d'être ce qu'il entend, je ne juge plus et je 'supporte' beaucoup mieux les autres...

Tout ça pour dire quoi, en lien avec le faux self ? Tout ça pour dire que je me débats contre lui mais il est tellement ancré en moi et depuis tellement longtemps que je n'arrive pas bien à démêler ce dont je voudrais me débarrasser et ce que je voudrais garder, ce qui correspond vraiment à mes besoins et mes désirs et ce qui vient de l'extérieur. La frontière est floue entre ce que je suis et ce que j'ai appris à être, en sachant que ce que j'ai appris à être est bien devenu en partie ce que je suis... La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute, comme dit Desproges, c'est qu'il y a encore des choses qui gênent en dedans.
Mais j'aime bien l'idée de maitresse Rita selon laquelle être auteur c'est ne plus s'enfermer dans aucun rôle ni aucun masque mais en essayer plusieurs. J'aime bien cette idée de liberté et d'expérimentation. Cependant, cela a quelque chose d'insécurisant parce que je me sens manquer de base à partir de laquelle jouer et vivre. Il n'y a plus de référent absolu, plus personne d'extérieur qui dit 'c'est bien' ou 'c'est pas bien' (en sachant qu'on reste quand même dans les limites du respect des autres et de soi, hein). C'est sans doute tant mieux, mais aussi un peu effrayant quand on est habitué à fonctionner en acteur, à être guidé.

Alice Miller dit que les pensées suicidaires viennent de cette aliénation, du dégout de devoir vivre une vie qui n'est pas la sienne mais celle du faux self (ce qui rejoint un peu ce qui a été dit sur la dépersonnalisation, en page 2, 23 oct. 2012, mais ici en moins intense et plus installé dans la durée). Elle dit que la vitalité revient quand on se sent vivre sa propre vie... Et comme je trouve que je manque de cette vitalité (cf. ce qu'écrit Rita en page 3, 2 sept. 2013 sur l'épuisement psychique), je me dis que c'est un signe qu'il y a des choses à ajuster encore... À moins que ce ne soit totalement autre chose...
"Our life is not our own - from womb to tomb we are bound to others." Cloud Atlas

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Re: Le faux-self

Message par madeleine »

Kayeza je te remercie du fond du cœur pour cette analyse qui me confronte plus clairement à ma problématique personnelle, qui ressemble incroyablement à la tienne et dont je ne perçois que trop lentement les tenants et les si attendus aboutissants.
Je vais lire Alice Miller dès que je peux.
le chemin est long et la pente est rude, oui, mais le mieux, c'est le chemin, parce que l'arrivée, c'est la même pour tout le monde... Aooouuuh yeaah...
avec l'aimable autorisation de P.Kirool

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Re: Le faux-self

Message par Kayeza »

Si ce gros pavé perso a pu servir à quelqu'un, je suis soulagée... J'avais déjà un peu peur de m'être trop étalée...

Juste une précision concernant les livres d'Alice Miller. Celui que j'ai lu, c'est 'Le drame de l'enfant doué', son premier, qui n'a rien à voir avec la douance, malgré son titre. Je suis en train de lire 'C'est pour ton bien', sur la fameuse 'pédagogie noire'. Vu d'ici, il me semble que tous ses livres traitent d'un sujet bien distinct, bien délimité, quoique toujours sur les mêmes bases, of course. Tout ça pour dire : renseigne-toi pour voir lequel correspond le plus à ce que tu veux lire.
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