La consommation de drogues et de médicaments

[Wal]

Bonjour à tous,

Après avoir fait des recherches sur le forum, je n'ai pas trouvé de sujet traitant de ces questions , donc je me permets de créer ce topic (si j'ai mal cherché, je le soin à un modo de verrouiller).

La question est la suivante:

La consommation de drogues ou de médicaments peut-elle occasionner des dommages sur le "potentiel intellectuel" d'une personne? et si oui, dans quelle mesure?

Pour faire simple, je pense à toute substance, médicament ou drogue, pouvant avoir des incidences sur le fonctionnement du cerveau: drogue douce/dure, légale ou pas, somnifères, anti-dépresseur, anxiolytique... (la liste n'est pas exhaustive) et ce, qu'il s'agisse de comportements passés ou actuels.

Les autres addictions (jeux video, jeux d'argent, chocolat, jogging, sexe...) me semblent moins concernées (quoi que...) mais pour ces questions, je renvoie celles et ceux qui sont intéressés à l'excellent topic sur les addictions.
http://adulte-surdoue.fr/psychologie-sa ... -t365.html

Et questions subsidiaires dans le cas particulier du test de QI:
- Le résultat peut-il être "faussé" en raison de(s) drogue(s) ou médicament(s) que la personne consomme ou dont elle a pu faire usage par le passé? (Bien entendu, je ne vise pas le cas de la personne qui arrive ivre ou défoncée au rdv de passation).
- Le professionnel peut-il mesurer les dégâts éventuels et mettre ça dans la balance pour apprécier les résultats du test?

Merci à celles ou ceux qui ont des réponses, avis ou retours d'expérience à partager!

(nb: Les initiés excuseront les termes que j'emploie mais je ne suis pas calé dans le domaine médical)

[Wal]

Voila, pour lancer le sujet, j'ai trouvé quelques infos sur le cannabis.

D'abord, dans un sujet qui concernait le TDA, j'ai relevé cette intervention de Fabs:

Bon, petite parenthèse sur la cannabis. Ce qu’il faut savoir, c'est que notre corps nous a offert gracieusement des recepteurs au THC (le principe actif du cannabis), qu’on appelle récepteurs CB1 et CB2. La deuxieme catégorie on s’en fout, c’est pas ça qui nous interesse (puisque les recepteurs sont dans le corps... moelle épiniere, foie etc…) mais les premiers situés dans le cerveau.

Pour infos, pratiquement toutes nos fonctions, situées dans les différentes sphères du cerveau ( hippocampe, cortex préfrontal, amygdale...)sont attaquées par le cannabis. ce qui peut generer des dysfonctions notamment au niveau de:

-la Coordination motrice
- la Mémoire
- les Emotions
- Le Système de récompense
- Altération jugement
- etc...

Au niveau des conséquence d’un point de vue psychiatrique (hormis le cas du risque de developpement d’une schyzophrénie), il faut quand même savoir qu’une consommation régulière, pour ne pas dire addiction entrainera ce que l’on appelle : le « Syndrome amotivationnel » se présentant par des perturbations importantes au niveau de certaines capacité nottament en termes de troubles du fonctionnement intellectuel, de problème de mémoire, d’indifférence affective et de concentration , etc..

Alors, si les troubles de l’attention ou d’ hyperactivité font partie des facteurs de risque au niveau addictif (ce qui est vrai concernant le cannabis), c’est sur que ça n’arrangera pas l’affaire.

Ensuite,en faisant quelques recherches sur internet, j'ai remarqué qu'il y avait eu une évolution sur la question:

- Une 1ère étude en 2012 avait alerté sur sur les dégâts irréversibles causés par la consommation de cannabis chez les ados: "une consommation régulière et prolongée de cannabis, commencée à l'adolescence, peut entraîner une altération des performances intellectuelles. Avec une baisse du quotient intellectuel (QI) à l'âge adulte allant jusqu'à 8 points".
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/sciences/article/ ... HoCbD08.99

- Deux études en 2016 sont venues remettre en cause partiellement ces 1ères conclusions: Le suivi de groupes de jeunes pendant près de 10 ans (dont l'un concernant des jumeaux) a montré qu'il y n'avait pas de modification de QI en cas de consommation modérée de cannabis.
La mémoire à court terme serait par contre altérée.

Voici quelques liens d'articles:
http://www.huffingtonpost.fr/2016/01/19 ... 16570.html
https://www.royalqueenseeds.fr/blog-sci ... ible--n220
http://www.slate.fr/story/113581/cannabis-memoire

[Choupinne]

Rien a rajouter concernant le canabis.

Après, pour ce qui est de l'alcool, qui est d'après un bout d'article wikipédia ne citant pas ses sources un des psychotropes les plus neurotoxiques que l'on connaisse, une consommation quotidienne a forte dose (alcoolisme chronique) ne provoque pas de dommages irréversibles sur le cerveau. Je ne parle pas de cas plutôt extrêmes type syndrome de korsakoff, qui provoquent de grave problèmes neurologiques, perte de coordination motrices, etc...

J'aurais donc tendance a dire qu'à mon avis, des psychotropes qui modifient le QI de manière durable et irréversible, ça n'existe pas (encore une fois, sauf problème neurologique grave).

Après faut préciser un peu ta question. Le résultat peut être faussé pour quelqu'un qui est encore dans une consommation active (je ne parle pas nécessairement d'arriver défoncer au test, mais compte tenu des effets "amotivationnels" du cannabis, ou encore des effets du manque d'alcool, ça peut clairement fausser le test).

Un autre effet un peu indirect, mais la c'est à prendre avec des pincettes (parce que je sais pas trop de quoi je parle ), c'est l'effet d'une addiction sur le dépendant (je suppose que ca marche avec d'autres addictions, voire dans une certaine mesure avec la depression). Un dépendant a tendance a peu stimuler son intellect, voire même a l'endormir (alcool, somnifère, opiacés...), et je pense que la même personne dans un cadre hors consommation, qui fait travailler sa tête, à l'école, dans son boulot etc, aura tendance a avoir un QI peut-être légèrement supérieur (mais encore une fois, je raconte ptet n'imp').

En tout cas je suis persuadé que sauf cas particuliers, tu ne peux pas "pourrir" ton QI de manière irréversible avec des psychotropes

[soazic]

Je pense qu'il faudrait avoir un Vidal sous la main et regarder les effets indésirables.
Concernant les toxiques et notamment le cannabis, celui d'aujourd'hui est fortement dosé comparé à celui des années peace and love et additionner de substances encore plus nocives qui elles auront un impact.
Pour ceux que cela intéresse il y a eu un Mooc intéressant sur les addictions récemment sur France Universté Numérique (avec pour réserve-enfin ce n'est que mon avis- le côté barbant du cours magistral et l'absence de l'aspect psychothérapeutique). Devant son succès il sera reconduit en automne je crois.
Depuis, ils ont mis en ligne ce site: https://www.addictaide.fr/

[Léo]

Je réponds rapidement mais j'avais lu que oui, la consommation de cannabis/beuh, à l'adolescence surtout, endommageait quand même les capacités intellectuelles... ici, http://www.lemonde.fr/sciences/article/ ... 50684.html

J'ai fumé et je me suis longtemps posée la question de l'impact réel sur mes capacités ainsi que sur l' irréversibilité potentielle... ainsi que sur ce que cela aurait pu éventuellement déclencher... Malheureusement, je n'aurai jamais de réponse précise, juste que ça m'a sûrement pas fait de bien aux neurones... Après, pour avoir passé 2 tests dans ma vie, le premier à 14 ans, le second à 30 ans, il s'avère que je suis plus ou moins dans la même fourchette, sans chiffre à l'appui mais il y a des correspondances.

Concernant d'autres drogues, alcool à part, je ne pourrai te renseigner... j'ai eu la sagesse de ne pas aller au delà des joints (j'ai arrêté il y a un certain temps car cela m'avait déclenché de terribles attaques de panique et toujours eu très peur des autres substances).

Je pense qu'il y aussi une histoire de terrain... Ces substances peuvent, même à des doses minimes, déclencher/réveiller/révéler des troubles sur certaines personnes mais ne pas provoquer grand chose sur d'autres... Sans doute que l'addiction et les particularités neurologiques propres à chacun y sont pour quelque chose...

[Mercador]

Alcoolisme chronique ici, pendant 15+ ans, c'était mon (mauvais) médicament pour m'endormir le soir, autrement je n'y arrivais pas.

Ça fait maintenant 3 ans que je suis sobre et depuis un an environ, mes facultés cognitives recommencent à être ce qu'elles étaient à mon adolescence. Je ne sais pas si un jour je redeviendrai "brillant" comme je l'étais, mais je remarque effectivement que ça revient progressivement.

[Wal]

Merci à tous pour vos retours!

Choupinne:
J'ai posé la question de la manière la plus large possible pour que le sujet et les réponses puissent profiter au plus grand nombre.

En tout cas je suis persuadé que sauf cas particuliers, tu ne peux pas "pourrir" ton QI de manière irréversible avec des psychotropes

Cette conclusion me convient parfaitement, voilà on peut clore le sujet !!!


Soazic:
Merci pour le lien! je regarderai quand j'aurai un peu de temps.
Pour les effets indésirables des médicaments, je pensais surtout aux anxiolytiques et anti dépresseurs. J'ai remarqué que les "épisodes dépressifs" revenaient souvent dans les présentations des uns et des autres (et certains médecins ou psychiatres ont plutôt la main lourde...).

Léo:
Ton retour sur les 2 tests passés à 14 et 30 ans est intéressant et va dans le même sens que les résultats des études de 2016.

Mercador et Choupinne
Bravo pour le combat que vous menez.
Je ne sais plus où j'ai lu cette phrase: "les plus belles victoires sont celles que l'on remporte contre soi-même".

[Wal]

On n'est jamais mieux servi que par soi-même!

J'ai eu récemment l'occasion d'interroger deux professionnels: un psychologue et un psychiatre.
Les deux ont tenu des discours résolument optimistes et rassurants (sans surprise, me direz vous peut être...)

- Psychologue: même avis que Choupinne sur la consommation du cannabis et de l'alcool (et presque les mêmes mots): grande plasticité cérébrale et donc pas d'inquiétude à avoir sur d'éventuels dégâts irréversibles.
sauf cas extrêmes (en citant également le syndrome de Korsakoff en cas d'alcoolisme sévère/chronique)

- Psychiatre: Les anti-dépresseurs ne peuvent qu'améliorer le fonctionnement du cerveau car justement prescrits pour combattre les états dépressifs ou anxieux qui eux engendrent certains troubles.
Mais une remarque qui m'a quand même laissé songeur. Il a dit quelque chose comme: "depuis près de 30 ans qu'on en prescrit, leur nocivité n'a pas été démontré"....
Par contre, à demi-mots, discours plus nuancé sur les anxiolytiques - classe des benzodiazépines - dont l'usage prolongé poserait problème, ce qui serait désormais admis (mais pas plus de précisions).

J'ai également trouvé cet article sur le site pour celles et ceux que ça intéresse:
http://www.adulte-surdoue.org/2012/non- ... ons-de-qi/

[sandrinef]

Peut-être un petit début de réponse concernant les benzo:
http://www.mythe-alzheimer.org/article- ... 21493.html

Hors-sujet

Lorsque je travaillais en service de gérontopsychiatrie, le psychiatre ne prescrivait jamais de benzo aux personnes âgées, c'est le seul médecin que j'ai "croisé" qui y portait une attention particulière.

[soazic]

Où je travaille, une des psychiatres refuse catégoriquement d'en prescrire.