Caractère obsessionnel de la douance?

[toune-toune]

Je me demandais si le fait d'être "doué" entraînait chez vous aussi un caractère obsessionnel.... je m'explique!

Si une chose me dérange, ce peut être une personne, une situation ou un détail (du type trace de peinture sur du carrelage), je vais difficilement réussir à effacer cela de mon esprit. Même si je pense à plein de choses en même temps, ce qui me gêne finit par prendre le dessus et m'empêche sans aucun doute d'être efficace dans ce que j'entreprends.

Ou lorsque j'aime une musique, un livre, un film, je peux réécouter, relire, revivre à l'infini (jusqu'à l'indigestion) ces moments d'intenses émotions. Pour exemple, j'ai regardé "Alabama Monroe" il y a semaines. Je n'arrive pas à décrocher de l'atmosphère du film, je suis obnubilée par les tatouages, la musique et la peur obsessionnelle de perdre ceux qui m'entourent.

Difficile donc de faire abstraction de ce qui m'entoure.....

On dirait bien que je suis tellement hyper-émotive que je ne sais pas faire la différence entre le romancé et la réalité.... Mais tout cela me paraît si réel, je souffre avec les personnages, je ris avec eux, toujours cette empathie envahissante!!

Peut être me rassurerez vous, ou peut être pas... mais encore une fois, cette sensation d'éternel décalage me met très mal à l'aise!

Au plaisir de vous lire

[Zéphyr]

Pour ton premier exemple sur les détails, je ne sais pas trop. Par contre pour le deuxième...
Ma maman m'a dit, que quand j'étais petite (en primaire), l'instit lui avait fait part de son inquiétude concernant le fait que je ne faisais pas la différence entre la réalité et la fiction (je crois que c'était suite à une rédaction où j'avais raconté un livre que j'avais lu)...

Bref, des années plus tard, je suis tout à fait capable de faire la distinction, mais ça ne m'empêche pas d'être une éponge à sentiments/humeur/ambiance. J'évite de lire/regarder trop de manga/animes à la suite, car quand j'ai fini, je suis imprégné de l'ambiance crée par l'auteur. Et j'ai remarqué que j'étais souvent un peu dépressive ou agressive ou triste après une séance (et en plus, j'ai mon compagnon qui me l'a fait remarquer, et je n'aime pas que ce soit mon entourage qui en pâtisse). C'est pareil avec les livres, une fois que j'ai été happé dans l'univers, j'ai énormément de mal à en sortir (ma seule solution : finir le livre ) (les suites qui sortent avec plusieurs années d'écarts c'est terrible ).
Je n'ai pas beaucoup de solutions, mais maintenant que j'ai pris conscience de ces effets, j'essaye d'y faire attention. Et puis de toute façon, depuis que j'ai fini mes études, je n'ai plus autant de temps qu'avant pour me plonger là-dedans.

Après, j'ai aussi remarqué, que quand je ne vais pas très bien, j'ai tendance de me réfugier dans mes rêves. Que je m'imprègne un peu trop de ses rêves rarement joyeux (de la même façon dont je m'imprègne de mes lectures), et que je finis par faire le serpent qui se mord la queue à me retrouver dans un cercle vicieux qui tend à me rendre de mauvaise humeur et à entretenir mon état dépressif.

Concernant les films, je me rends compte que j'évite de les regarder. Je me demande si ce n'est pas une façon de me protéger. Surtout que je regarde rarement un film toute seule, et que je n'aime pas m'imprégner du truc en public (histoire de ne pas avoir l'air trop "folle"). Du coup, je fais en sorte de ne pas rentrer dans le film et j'ai fini par ne plus apprécier d'en regarder (d'où ma pauvre culture sur le sujet).

[Daysofwonder]

Je ne sais pas du tout si c'est lié à la douance (en plus je ne suis pas diagnostiquée...), mais je me retrouve tout à fait dans le caractère obsessionnel oui! Et ça me fait du bien de lire une autre personne qui vit la même chose.

C'est terrible, dès que j'ai une nouvelle idée/activité/lu un livre/vu un film, etc., j'y pense constamment et il faut impérativement que j'en parle, que j'approfondisse. Par exemple actuellement je pense tout le temps à ma future formation où on devra passer entre autres un test de français. Depuis que j'ai appris qu'il fallait passer ce fameux test, je passe mon temps à chercher des sites sur internet pour améliorer mon français, j'ai téléchargé des applications, dès que je lis un livre ou un article je ne me focalise presque plus que sur l'orthographe et la grammaire... Et bien évidemment, du coup, j'en parle énormément.
Cette nuit j'ai même fait une insomnie, pas par rapport au test de français mais à la formation globale, car j'ai de grosses hésitations dessus. Chaque choix que je dois faire d'ailleurs devient une obsession.

Là ce n'est qu'un exemple, mais j'ai eu de mêmes obsessions pour des films (récemment "Gone girl", il m'a fallu lire le livre après avoir vu le film et j'ai forcé des amis à le lire aussi...) ou autres.

Concernant la confusion réalité/fiction, je ne l'ai heureusement pas. Enfin depuis que je suis sous antidépresseurs, je vais des rêves extrêmement puissants et pendant les rêves j'ai beaucoup de peine à me rendre compte que je rêve (of course..) et il me faut un moment d'adaptation au réveil. Cela dit, ça s'arrête là.

[Za]

J'ai ce problème aussi. Lorsque je découvre quelque chose qui me motive vraiment (ou qui m'interpelle en bien comme en mal), ou que je suis sur un projet qui me tient à cœur (souvent créatif), il m'arrive de basculer dans mon côté obscur de la force... C'est bien simple : je ne pense plus qu'à ça, j'en oublie de dormir, boire, manger, faire ce que j'ai à faire, je suis à moitié dans mes pensées au boulot, je suis en monologue interne ininterrompu, j'en parle, j'écris, je crayonne...
Sans cesse je suis à me dire : "Bon, là, j'arrête !"... pour y revenir une demi-minute plus tard.

Ça ne me semble pas lié à la douance, mais le côté turbinage des méninges peut y participer quand même.

[Mei Run]

J'ai ce problème aussi. Lorsque je découvre quelque chose qui me motive vraiment (ou qui m'interpelle en bien comme en mal), ou que je suis sur un projet qui me tient à cœur (souvent créatif), il m'arrive de basculer dans mon côté obscur de la force... C'est bien simple : je ne pense plus qu'à ça, j'en oublie de dormir, boire, manger, faire ce que j'ai à faire, je suis à moitié dans mes pensées au boulot, je suis en monologue interne ininterrompu, j'en parle, j'écris, je crayonne...
Sans cesse je suis à me dire : "Bon, là, j'arrête !"... pour y revenir une demi-minute plus tard.

Ça ne me semble pas lié à la douance, mais le côté turbinage des méninges peut y participer quand même.

Exactement tout pareil...
Obsession, mode ça tourne en boucle, plus rien d'autre n'existe.

Et les bouquins ont aussi cet effet-là sur moi. Je les vis, je suis tellement entrée dans l'univers, les personnages, l'histoire, qu'à chaque fois que le livre se termine, c'est comme un deuil, une horrible sensation de manque qui prend aux tripes, une envie obsédante d'y retourner comme dans une autre réalité, encore et encore, parfois une impression d'inachevé et je voudrais que ça dure encore et encore.

Mais effectivement, je ne sais pas si c'est vraiment lié à la douance...

[W4x]

La douance peut sans doute jouer le rôle de caisse de résonance émotionnelle, lorsque l'on recherche à reproduire, revivre, l'émotion suscitée par tel ou tel stimulus : film, livre, activité etc. et donc accentuer les chances que cela revête un caractère obsessionnel.
Ceci étant je ne crois pas que cela soit l'apanage des surdoués, bien qu'ils y soient peut-être plus enclins. Ça me parait donc difficile de conclure, le comportement que tu décris m'arrive parfois mais j'ai l'impression que surdoué ou non, chacun saura se retrouver dans cette description.

[romu]

J'ai aussi ce côté "obsessionnel", comme dit plus haut par *Za*, j'en oublierais aussi de manger, et toutes les autres activités me paraissent alors très ennuyeuse.
Quand je suis plongé dans un livre, je suis dans mon monde, et je ne peux plus arrêter ma lecture, et lorsque mon entourage parvient à me faire lever la tête du livre où de ce que je fais, il me faut encore dix bonnes minutes pour réintégrer la réalité, mais je reste obsédé par ce que je lisais/faisais...

[Bradeck]

Je rejoins W4X sur l'idée que la douance est peut-être un facteur aggravant, mais il me semble que tout un chacun peut avoir ce travers.

Personnellement ce "léger" côté obsessionnel fait que parfois je m'interdis des choses. Par exemple, lorsque je vois une décalogie dont chaque tome fait 800 pages... Parfois je l'achète (J'en ai trois sur mes étagères), mais je n'ose la commencer, car sinon je sais que je peux dire adieu à mes soirées/nuits, voire mes dîners, pour le temps que je finisse le cycle. A la retraite peut-être ^^

Cela me fait cela pour certaines séries aussi, avec cette manie d'attendre d'avoir la saison complète pour la regarder (les premières saisons de 24h, euh... un week-end chacune. Petit joueur me direz vous, j'aurais pu en regarder deux ^^)
Et breaking bad, je ne commencerais pas, trop dangereux, j'ai l'intégrale

[Za]

Haha ! Trop marrant, moi aussi je m'interdis généralement les séries à cause de ça ! parce que le pire c'est qu'on est deux à fonctionner de la même façon à la maison, et ça devient vite 3 épisodes par soir chaque jour jusqu'à épuisement... et le double le week-end...

[toune-toune]

Dans tous les cas, je suis EPUISEE par ce glissement permanent d'un monde à l'autre. Quand j'étais petite, j'étais Laura Ingalls!!! A fond dans le personnage.

Pour moi les séries, je ne peux pas attendre c'est TOUT DE SUITE, mais quand il faut attendre mois pour avoir la suite, c'est horrible. Et les suites de bouquins, n'en parlont pas s'ils ne sont pas dispos à la Fnac.

Après, j'ose dire à mes enfants qu'il faut savoir attendre et lutter contre sa frustration

Mais si j'aime un film, une série ou un personnage, il faut que je lise tous les articles, livres, interviews, psychologie du personnage, genèse du projet, etc; etc; etc...... C'est dans ce sens que je parlais d'obsession. Tant que je n'ai pas l'impression d'avoir fait le tour, il FAUT que je creuse encore et encore.

[rawlings]

Je me retrouve bien dans toutes vos descriptions. Mais peut-être est-ce l'expression d'un besoin d'aller au bout des choses qui est plus marqué dans la population des surdoués.

J'identifie en ce qui me concerne deux situations assez différentes que je retrouve dans vos messages. Une "obsession" qui prend plutôt un caractère émotionnel (avec une ambiance, une musique..) qui m'habite. Et comme tourne-toune, je peux aller jusqu'à l'indigestion, et en général l'obsession disparait alors comme elle était apparu (celles-ci sont les plus dures à gérer).

Ensuite, j'ai des obsessions disons peut-être plus intellectuelles. Je crois que là en ce qui me concerne c'est la curiosité intellectuelle, la soif d'apprendre qui rentrent en jeu. Le besoin de maitriser un sujet qui m'intéresse, me passionne parfois.

Je trouve que le mécanisme est globalement le même mais mon ressenti est assez différent dans chacune de ces situations.

[Silène]

Oui, je vais répondre un peu comme W4x.

D'une façon un peu similaire, je me demandais s'il y avait une corrélation importante entre la douance et les types de personnalités de la classification Myer Briggs.

En pratique,il y a une prévalence intéressante de certains types de personnalités par rapport à la population moyenne (*) (le caractère obsessionnel étant une caractéristiques de certains types), mais absolument pas une exclusivité.

Je rejoins donc l'idée qu'un caractère obsessionnel ponctuel et/ou permanent (idem angoisse) est peut-être plus prévalant statistiquement dans les populations "surdouées" qu'ailleurs, mais qu'il n'est pas pour autant caractéristique.

(*)http://david.latapie.name/blog/relation ... s-et-mbti/

[toune-toune]

Bonsoir!!!

Si ce n'est pas caractéristique de la douance, c'est en tous cas très envahissant

Depuis 1 mois j'écoute en boucla la même B.O, et l'obsession ne me quitte encore pas.....en attendant la suivante ;-)

En fait, en écrivant ce topic, ce ressenti "obsessionnel" naissant envers un film (B.O, acteurs, ambiance, psychologies des personnages, réalisateur, autres films du réalisateurs, l'idée du film, son tournage, etc.....etc.....) me faisait si peur!!!

Depuis toujours j'ai ressenti de telles émotions (ça a commencé avec "la petite maison dans la prairie"!!!! ne riez pas ça me faisait pleurer!!!!!

Et depuis longtemps je n'avais plus ressenti d'émotions si fortes....c'est comme si je me reconnectais avec moi même depuis le test, mais c'est effrayant.....

[Birdy]

Par rapport aux séries, je pense que l'addiction que l'on ressent tous et qui nous fait enchaîner les épisodes jusqu'au bout de la nuit est quelque chose d'assez universel.

En revanche, en y réfléchissant, j'ai réalisé que ce qui pouvait entrainer ce côté obsessionnel chez moi n'était pas tant l'addiction à la série en elle-même que l'attachement très fort et particulier à un personnage dans la série : dans ces cas-là je vis réellement les choses en même temps que lui, je suis ses rebondissements le coeur battant, et le reste des intrigues m'importe finalement beaucoup moins. Ce processus d'identification est très fréquent dans les séries que j'aime, et lorsque j'arrive à la fin définitive d'une série qui a provoqué ce genre d'émotion, c'est un déchirement, un grand vide, j'ai presque l'impression de devoir faire le deuil d'une partie de moi, tant j'ai eu l'impression de partager de choses avec ce personnage. Et réécouter les BO, c'est revivre tous ces moments, et leur apporter quelque chose d'éternel. Quand j'étais enfant, c'était pareil avec les livres que je dévorais, j'avais l'impression de porter en moi toutes ces vies de roman, comme autant de facettes de moi-même qui comblaient la solitude.

La douance accentuant l'empathie, peut-être que nous aurions tendance à ressentir ce genre d'attachement d'autant plus fort, ce qui pourrait apporter des éléments d'explication à ce côté obsessionnel (ou du moins l'une de ses facettes, dans l'émotion) ? Je serais curieuse de savoir si ce que je raconte vous parle !

[toune-toune]

Oh oui Birdy, ça me parle!!!! Ce que tu décris fort bien est exactement ce que je ressens: un deuil à faire à chaque fois....et si le personnage meurt, alors là, c'est l'horreur ;-)

[Vivine]

Bonsoir à tous

" obsession " est un mot qui correspond à mon quotidien et ces obsessions sont de plus en plus intenses pour tout et même n'importe quoi, l'obsession de faire quelque chose (qui n'est pas du tout urgent comme passer le balais par çe que j'aurai aperçu une toute petite miettes !!) alors qu'il est l'heure de partir pour être à l'heure à un RDV important (j'ai l'impression que cette attitude se résume à un défi contre le temps) je défis le temps !!! c'est chaque jour et ça m'épuise

Pour les séries tv , comme beaucoup d'entre vous j'attends d'avoir la saison complète et quand je commence à regarder c'est d'épuisement que je m'endors même si je travail le lendemain (généralement si je commence à regarder en semaine se sera 2h de sommeil au lieu de 6h habituellement). Pour les films je ressens tous, quand c'est triste eh bien je vais pleurer et dans la pièce je serai généralement la seul ce qui amuse beaucoup de monde

Pareil pour moi concernant les musiques, films, séries en boucles en m'imprégnant de l'ambiance c'est jusqu'à overdose. Quand j'étais petite vers 4 ans je regardais en boucle Rox et Rockie et je me rappel encore de toutes ces émotions si intenses j'en pleurais, aujourd'hui je ne peux pas le regarder, c'est comme si j'appréhendais ce moment de revoir et ressentir à nouveau toutes ces émotions d'autrefois (le DVD est bien en évidence sur l'étagère).

Voilà pour moi toune-toune