Douance et parentalité

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Cadi56
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Re: Douance et parentalité

Message par Cadi56 »

Bonjour à tous (toutes a priori, vu la surreprésentation des mamans lol),

Bon, je suis à la traîne, j'ai 3 ans de retard pour poursuivre ce topic Ahah! :rofl:
Pas grave je m'incruste pour relancer le sujet.

Dans vos messages j'ai relevé de nombreuses difficultés auxquelles je fais face moi-même : besoin de silence, en manque de ma bulle, lassitude/ennui, et bien entendu culpabilisation.

Pour ma part, mon conjoint et moi-même mettons en oeuvre les principes de l'éducation bienveillante telle qu'on en entend de plus en plus parler (lire Filliozat, naviguer sur http://www.les-supers-parents.com/, découvrir la méthode Montessori). Je suis quasi militante contre la fessée, et l'éducation violente de manière globale (physique et verbale).
Je pense que nous avons jusqu'ici très bien réussi notre objectif et avons malheureusement une terrible comparaison possible entre notre fils (généreux, doux, avenant) et ses cousins qui sont éduqués dans la violence physique et verbale permanente (violents, aucune empathie, difficultés sociales). Bref autre sujet. Seulement ce type d'éducation fait appel à beaucoup de patience, de présence, et de gestion de nos émotions en tant que parents. BREF, tout ce que je peux effectuer mais au dépend de ma santé LOL, car je vais à l'encontre de ma nature et bouffe le peu d'énergie qu'il me reste.

Mon fils à aujourd'hui 3 ans et 4 mois. Il est très éveillé, parle beaucoup et très bien, il est extrêmement curieux, il est malin ( la mère qui a la grosse tête lol), je m'interroge d'ailleurs sur son éventuel HP, l'avenir le dira. Je suis fière de ses capacités et c'est top d'avoir un enfant qui aime échanger avec tout le monde et qui apprend et comprend vite. Puis il a baigné dans les livres, adore ça, et ça nous rapproche. Seulement au quotidien, pour ce qui est de mon fils, il y a un revers de médaille...

Il parle en permanence, pose des milliards de questions parfois 6 ou 7 fois la même d'affilé, il raconte des choses insensées pour nous adultes auxquelles il faut faire semblant de s'intéresser, il me sollicite H24 et n'arrive pas à jouer seul tant il se lasse vite de chaque jouet. Il est perfectionniste et perd son calme pour tout et rien ce qui induit cris, chouinemements et étalage d'émotions négatives que je me prends de plein fouet et que je dois apaiser., il ne dort presque pas en plus! En ce moment c'est les vacances, je le garde seule toute la journée et je suis en craquage. TROP de bruits,TROP de contrariétés non gérées, TROP de questions, TROP de "maman", et surtout.... jouer aux jeux d'enfants m'ennuie profondément.

En tant que "maman bienveillante" je suis censée (d'après ce qu'on lit et voit à la télé) aimer passer du temps avec mon fils, faire des activités ludiques, échanger etc.... Mais en fait je m'ennuie. Je l'aime plus fort que tout, j'ai un amour indéfinissable pour mon fils, mais une voix en moi hurle "laissez-moi tranquille!!!!!!!!". J'ai envie de lire, de peindre, de coudre, de dessiner, d'écrire un blog, de reposer mon esprit, de parler avec des adultes de sujets plus complexes etc....

Et voilà comment l'éducation bienveillante se complique. A force, j'en peux plus qu'il m'appelle, qu'il me demande ENCORE la même chose, de sortir au parc, ou de l'assister pendant le coloriage et la pâte à modeler, et lui lire des histoires, et , et,et.... L'éducation bienveillante implique beaucoup de rituels, très bénéfiques pour mon fils je le vois, mais qui sont très chroniphages.

Je culpabilise tellement....

Je me demande si je réagis comme ça parce que je m'écoute trop? Ou pas assez ? Parce que je suis HP? Ou parce que je suis juste une emm**deuse? Parce que je suis humaine et maman? Parce que mon fils est particulièrement fatigant malgré lui (mon pauvre loulou... :'( )? Ou parce que je veux donner une éducation difficile à mettre en oeuvre pour réparer mes propres blessures et n'accepte pas que c'est trop exigeant pour moi?



Vassssste réflexion.

Je pense quand même qu'être HP nous rend plus exposé(e)s au burn-out maternelle.
Comme un arbre dont les branches poussent et s'entremêlent indéfiniment, à moins de lui couper les racines...

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soazic
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Re: Douance et parentalité

Message par soazic »

Je dirais que tu es "humaine et maman". :*
Les miennes sont plus grandes, et je me dis souvent qu'une bonne fessée serait temporairement plus efficace que les mots et négociations, mais...en fait non. Alors à la place je prends ma voiture et vais voir la mer (qui est tout près).

Même en adoptant des principes d'éducation sans violence, même en faisant de son mieux ou comme on peut, je pense qu'élever un gosse/môme/moufflet chiant et phagocytant c'est mettre le pied sur le terrain instable de la perte de maîtrise. Ils feront leur chemin de toute façon et en attendant que les petits vampires viennent prendre une deuxième sucée, il est important de se recharger le capital. Breeef, s' aménager des temps pour soi.

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Niarky
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Re: Douance et parentalité

Message par Niarky »

Je dirai comme Soazic tu es humaine et humaine.

Je suis moi même maman de 2 filles et la grande est celle qui a fait que j'ai fais le premier pas vers le test. Elle est exigeante avec elle mais aussi avec les autres, elle demande énormément d'attention dans ses dialogues mais aussi dans les jeux.
Il faut avoir énormément de patience mais surtout il faut savoir lacher prise avec soi même. Et lui expliquer nos besoins et émotions, il m'arrive de lui dire que je n'ai pas envie sur le moment mais que si elle joue calmement seule je viendrai jouer avec elle plus tard.
Nous avons eu de la chance car depuis toute petite elle s'intéresse à des choses d'un âge plus grands ce qui me complique moins la tâche dans l'ennui. Elle passe des heures à nous solliciter pour qu'on lui parle de la création du monde ou de l'Égypte, c'est fatiguant mais moins que si c'était de lui lire en boucle le même livre comme aime ma 2eme.
Elle a horreur de colorier par exemple mais par contre demande beaucoup à peindre et j'imagine que tu sais à quel point c'est du materiel à mettre en place de faire acitivite peinture :lol: alors à chaque coup c'est une bataille avec moi même pour savoir si je lui dis non ou si je lui fais plaisir et là souvent un coup je dis oui un coup je dis non, je culpabilise moins avec moi et moins avec elle de me solliciter encore.

Niveau astuce il ne faut pas hésiter a lui dire que par fois tu as besoin qu'il joue seul pour pouvoir mieux jouer avec lui après et te trouver du temps pour toi, la communication me parait un point important, je vois qu'avec nos deux on leur parle vraiment tout le temps pour expliquer nos besoins à tous et la plupart du temps on arrive tous à trouver du temps pour chacun .
Est ce qu'il aime apprendre ou découvrir des choses ? Si c'est le cas intéresse son besoin de te solliciter comme ça, les 2 passent des heures dans leur bibliothèque, il suffit de sortir un livre et de leur expliquer le début pour qu'elles regardent la suite seule. (bon la grande revient toujours avec 1000 questions mais après :lol: )

Mais sinon sois plus bienveillante avec toi, être maman c'est beaucoup supporter le blabla extérieur pour toujours mieux faire. Y a pas de recette miracle chaque enfant est différent, je pense qu'il faut savoir lâcher du leste.

Ps : aaaaah répondre du portable c'est vraiment complique :lol:
-"Il ne suffit pas de se mettre une plume dans le cul pour ressembler à un coq."

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lady space
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Re: Douance et parentalité

Message par lady space »

J'opte aussi pour "humaine et maman". ;)

Perso, je suis passée par là avec 3 enfants très rapprochés et c'était rude pour moi pendant un long moment.

En fait, malgré tout ce qu'on peut lire dans les manuels et revues dédiées, être maman n'est pas l'épanouissement total H24. Et malheureusement, on ne développe pas une passion soudaine pour la pâte à modeler ou la lecture 1000 fois d'affilée de la même histoire, juste parce qu'on est passé par la case maternité.

Au contraire : malgré tout l'amour indéniable pour sa progéniture, être parent a un côté usant, ennuyeux, fatigant, de par la répétition de tâches monotones et peu stimulantes. À mon avis, il est inutile, voire contreproductif de se leurrer là-dessus et il vaut mieux regarder le problème en face et se demander comment le surmonter ou au moins y survivre jusqu'à ce que le bout de chou rentre à l'école.

Puis, le concept de non-violence a ceci de compliqué que, en principe, il faudrait aussi éviter se faire violence à soi-même. Difficile à mettre en œuvre avec des tout-petits, pots de colle, insatiables, infatigables poseurs de questions, etc.

Mais on peut au moins s'avouer à soi-même que c'est dur, qu'on est en train de faire un investissement à l'encontre d'une (grande) partie de ses propres besoins pour le bien-être des petits. Nommer lesdits besoins aussi et réfléchir aux possibilités d'y répondre du moins en partie. Bizarrement, il y a une bonne partie de la culpabilité qui s'évapore aussi quand on s'autorise à faire des constats comme "j'accepte des intrusions permanentes dans mon espace vital parce que je sens que mon bébé en a besoin" ou "je mets en suspense mon besoin de silence parce qu'il est encore trop petit pour savoir se taire".

Verbaliser tout ça quand on est en couple, de préférence avant de craquer, peut s'avérer utile aussi, parce que l'autre ne peut pas savoir ce qu'on vit et comment on le vit si on ne dit rien.

En peut ensuite progressivement mettre des mots sur ses besoins vis à vis de l'enfant aussi. Car un enfant n'a pas besoin d'un parent parfait. Un enfant a besoin d'un parent qui l'aime et qui s'assume, par exemple en exprimant ce dont il a besoin. C'est comme ça que l'enfant va progressivement apprendre à identifier ses besoins et à s'assumer lui aussi.

D'ailleurs, un pètage de plomb, ça peut arriver et ce n'est pas la fin du monde, du moment où l'on est capable de reconnaître ses torts et de présenter ses excuses. On est censé permettre à l'enfant de se tromper et d'apprendre de ses erreurs - et ça vaut aussi pour les parents.

Bon courage en tout cas !

:ensoleillé:
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Re: Douance et parentalité

Message par Pénélope »

Bonjour,

Je viens apporter mon témoignage de maman HP. J'ai un garçon de 6 ans et un autre garçon de 4,5 ans diagnostiqué HP il y a deux jours. Je n'ai su que j'étais HP qu'il y a 2 mois et j'ai donc commencé ma vie de maman sans me poser de questions.

Contrairement à certaines d'entre vous, j'ai toujours adoré jouer avec mes enfants, leur lire des histoires, passer du temps près d'eux. Quitte à mettre mes loisirs habituels au placard. Avec mes enfants, je me sens légitime. J'ai confiance en ce que je fais en tant que maman.

Avec eux, pas d'armure, pas de masque. Il n'y a qu'avec eux que je ressens des émotions et que je suis capable de les exprimer. Ils sont en quelque sorte mon refuge.

Là où la douance me rend la tâche plus difficile c'est dans mes réflexions incessantes sur les risques qu'ils encourent. Sans être hypocondriaque, je pense avoir tout de même consulté plus que la moyenne autant durant mes grossesses que pendant leur petite enfance. J'évalue les risques, j'imagine les conséquences. Tout le temps. Ce qui me vaut de fermer les yeux à chaque promenade lorsque le petit vélo commence à osciller. A leur demander régulièrement d'être prudent sur les balançoires alors que les autres parents d'y prêtent même pas attention. Je dois fréquemment prendre sur moi pour les laisser prendre des risques. Pour ne pas hurler à chaque fois qu'ils jouent près des escaliers.

Et puis, je retrouve également cette éternelle insatisfaction de la vie. Si je passe la journée entière avec mes garçons, je regrette de ne pas avoir eu de temps pour moi. Et s'ils partent une moment, je regrette de ne pas avoir plus profité de leur présence. Cette conscience aigüe du temps qui passe et du fait que tout ceci est éphémère est très douloureuse.
Où vais-je trouver un refuge lorsqu'ils n'auront plus autant besoin de moi?

J'ai aussi lu et apprécié les livres de Filliozat. Je les termine pleine de bonnes résolutions et repars très rapidement dans mes vieux travers. Tiens, je vais le relire du coup! :think:

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sandrinef
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Re: Douance et parentalité

Message par sandrinef »

Pénélope a écrit : Là où la douance me rend la tâche plus difficile c'est dans mes réflexions incessantes sur les risques qu'ils encourent. Sans être hypocondriaque, je pense avoir tout de même consulté plus que la moyenne autant durant mes grossesses que pendant leur petite enfance. J'évalue les risques, j'imagine les conséquences. Tout le temps. Ce qui me vaut de fermer les yeux à chaque promenade lorsque le petit vélo commence à osciller. A leur demander régulièrement d'être prudent sur les balançoires alors que les autres parents d'y prêtent même pas attention. Je dois fréquemment prendre sur moi pour les laisser prendre des risques. Pour ne pas hurler à chaque fois qu'ils jouent près des escaliers.
Oh, mais pourquoi mettre ceci sur le compte de la douance? Réfléchir et anticiper les risques n'entraîne pas forcément d'avoir peur que les enfants se blessent.
Personnellement, j'essaie de suivre ma fille dans ce dont elle semble avoir besoin. il se trouve qu'elle veut faire beaucoup de choses qui ne sont pas trop de son âge, et que, si j'appliquais à la lettre tous les bons conseils pour être une maman parfaite, et bien je serais dans l'obligation de lui interdire un bon nombre de choses. Notamment: manger avec une fourchette pour adulte, écrire avec un stylo d'adulte, monter et descendre seule les escaliers, marcher sur le trottoir sans me donner la main, (ça dépend bien sûr de quel trottoir...)
( Elle a aujourd'hui 21 mois.)
Il se trouve que toutes ces pratiques sont accomplies avec des explications de ma part, (qu'elle comprend, je vous l'assure), que cela augmente sa confiance en elle, sa dextérité, son agilité, sa capacité à savoir chuter( compétence très importante à mes yeux, je l'écris sans ironie aucune), mais aussi sa capacité à appréhender le danger. Car elle ne prend en réalité aucun risque, elle est précautionneuse, et jamais téméraire.
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madeleine
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Re: Douance et parentalité

Message par madeleine »

Je pense aussi que la douance n'est pas en cause, dans la mesure où la capacité d'anticiper avec logique certains événements n'induit pas le fait de s'angoisser ; par ailleurs, il y a plein de mères non surdouées qui s'angoissent constamment pour leurs enfants. Lorsque mon fils était petit, tout comme Sandrinef, je l'ai aidé à comprendre les risques puis laissé faire ses expériences, et pareillement, il est un enfant courageux mais pas téméraire.
Et l'angoisse qui parfois me ronge, je peux voir combien elle est, de fait, déconnectée du cours des événements réels et uniquement alimentée par un processus souterrain d'interprétation du monde qui vient de loin, qui parcours mes pensées à des profondeurs variables suivant les jours. Je l'observe depuis plusieurs années maintenant, et il est fortement corrélé à mes variations hormonales - et celles-ci sont particulièrement marquées durant la grossesse et les années qui la suivent - mais également à l'approche de la ménopause ; c'est un domaine de recherche que j'essaie de suivre de près, afin de trouver les moyens qu'il ne pèse pas trop lourdement sur ma vie, avec un succès très relatif.
Je trouve utile de parvenir à dissocier le fait d'être parent du fait d'être anxieux ; les enfants se sentent déjà assez facilement coupables comme ça des souffrances de leurs parents.
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le chemin est long et la pente est rude, oui, mais le mieux, c'est le chemin, parce que l'arrivée, c'est la même pour tout le monde... Aooouuuh yeaah...
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Re: Douance et parentalité

Message par Tiamat »

Et que dire des parents à rayures qui ont eu une enfance traumatisante ?
C’est un sacré sac de nœuds.
Par exemple, les premiers mois, j’ai mal vécu les pleurs de mon bébé. Cela me stressait intensément, j’en étais presque tétanisée. Finalement, au prix d’incroyables efforts, j’arrivais à m’approcher de la petite alarme, qui ne faisait tout simplement qu’exprimer un besoin. Une fois sa demande satisfaite, le calme revenu, je pouvais redescendre sur terre – le ciel ne nous était donc pas tombé sur la tête (?!) – et être vraiment disponible d’esprit. Alors, son contact, l’odeur de ses cheveux, m’offrait une bulle protectrice où j’expérimentais l’apaisement.

Ayant lu, pendant ma grossesse, le livre de Catherine Gueguen (pédiatre), Pour une enfance heureuse (sous l’angle des dernières découvertes sur le développement du cerveau émotionnel), je savais partir avec un handicap : ma propre enfance. J’ai découvert ma douance plus tard, quand mon fils a eu deux ans. De ce fait, aujourd’hui, concernant les pleurs, je me dis que ma réaction peut s’expliquer selon deux axes. D’une part, peut-être que ces pleurs faisaient écho, via l’amygdale (« centre de la peur »), à mes propres cris intérieurs. D’autre part, il me semble que la robe bicolore est plus vulnérable au bruit. D’autant plus que ces pleurs peuvent renvoyer à l’idée (interprétation) qu’il y a un problème, et donc enclencher la machine à culpabiliser (« j’ai sûrement encore commis une erreur » ; « je n’en fais pas assez » ; « il est malheureux à cause de moi » ; « je suis une mère indigne »). Je ne sais d'ailleurs pas quelle machine a le plus tourné ces fameux premiers mois : la machine à laver ou la machine à culpabiliser ? :think:

Ainsi, aurais-je additionné deux handicaps ? Ce n’est pas si simple... Je pense aussi que la capacité de résilience hors du commun attribuée aux équidés indomptables a fait pencher la balance du bon côté. Que les choses se sont ainsi très vite améliorées malgré un entourage peu réconfortant. Je pense aussi à d’autres spécificités, comme cette précieuse capacité à se remettre en question, laquelle m’a sans doute permis d’avoir très clairement conscience de mes difficultés et d’agir en conséquence en faisant appel à des professionnels pour avancer. Mon fils va très bien. :)

Et là, j’ai une pensée particulière pour les parents qui ont été des enfants maltraités, ceux qui aimeraient éduquer, quand ils ont eux-mêmes été dressés, et qui peinent à distancer leurs fantômes, à maîtriser leurs nerfs précocement corrodés, à s’aimer pour mieux prendre soin d’autrui ; je pense qu’ils sont nombreux. Pour cela, l’aide à la parentalité est une mission fondamentale. Et ce soutien peut venir de tout un chacun. La violence physique, comme psychologique, infligée aux enfants n’est pas une affaire privée.

Enfin, sur l’intellectualisation, je dirais, toujours à partir de mon expérience, qu’il s’agit de trouver un juste milieu et que cela dépend de l’histoire de chacun. En effet, un parent qui a vécu une enfance heureuse peut très certainement compter sur des fondements solides et positifs. Quant à celui qui n’a pas connu l’amour inconditionnel, qui emprunte un chemin sans balises, il lui faut tout inventer. Puiser de nouveaux repères là où il le peut, dans les livres ou les échanges, pour s’améliorer. C’est sa responsabilité.

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